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PLONÉOUR-LANVERN DURANT LA RÉVOLUTION

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Au moment où s'ouvre la Révolution, M. Morvan, recteur de Plonéour, âgé de trente-sept ans, a comme vicaires MM. Mével et Follic.

Après avoir écrit le 31 janvier 1791 au district de Pont-Croix que jamais il ne ferait un serment qu'il estimait schismatique, il eut le 20 mars suivant la faiblesse de le prêter en chaire (Peyron, Documents... I, p. 108-109).

Le 1er janvier 1792, au prône de la grand'messe, il adresse ses vœux à ses paroissiens « même, à trois ou quatre qu'il connaissait très bien pour n'être pas de ses amis ». Se sentant visé, le maire Bouédec s'empressa de le dénoncer au district de Pont-Croix, pour avoir dit en chaire « qu'il n'y avait pas deux dieux, qu'il n'y avait pas deux lois, qu'il fallait vivre et mourir dans la bonne loi ». Le maire ajoutait que le recteur était en bons termes avec certains prêtres non conformistes.

Nouvelle, dénonciation, le 16 janvier, cette fois au Département.

Le dimanche 22 janvier M. Morvan se plaignit aux paroissiens de ces mauvais procédés, et il termina en disant que ces dénonciations « ne lui feraient pas plus peur que n'en pourraient faire à la tour de Plonéour six ou sept mouches qui essayeraient de la renverser ». Bouédec l'interrompit, fit scandale et sortit de l'église. Le lendemain il courait à Quimper pour y dénoncer une fois de plus son recteur.

Arrêté le 25 janvier, et aussitôt libéré, arrêté encore le 22 février et relâché le 29, le recteur fut condamné le 4 mars par le juge de, Plonéour à 500 livres d'amende et un an de prison.

Il est encore dans sa paroisse, le 4 juin, mais il fut arrêté quelques jours plus tard et conduit au Château de Brest où nous le retrouvons à la date du 14 juin (Cognec, Plonéour-Lanvern, p. 132 ss.). Il partit pour l'Espagne le 12 août et résida à Santiago.

Le 23 septembre 1800, sa famille obtint de la municipalité de Plonéour un certificat aux termes duquel « le dit Morvan n'a jamais cessé de nous prêcher la voie de la droiture, du salut et de l'honneur » et elle fit une pétition en faveur de son retour en France. Instruit de la chose, celui-ci quitta l'Espagne et aborda à Noirmoutiers. Il promit fidélité à la Constitution, et le maire de l'île lui délivra un passeport pour Plonéour, où il arriva le 4 juin 1801.

Mis au courant de l'événement, le Préfet du Finistère écrivit le 4 juillet au ministre de la Police pour lui demander la conduite, à tenir à l'endroit de M. Morvan. Voici son appréciation sur le recteur de, Plonéour : « Les renseignements que j'ai pris sur la moralité de ce ministre du Culte auprès de plusieurs personnes recommandables s'accordent à me le représenter comme un homme excessivement entêté dans ses opinions religieuses, et qui ne reconnaîtrait jamais que ses anciens Supérieurs ecclésiastiques, mais, d'ailleurs, incapable de troubler la tranquillité publique ni par ses conseils ni par ses exemples » (Le Courrier du Finistère, 8 décembre 1938).

M. Morvan fut remplacé en 1802 comme, recteur de Plonéour par Yves Follic son ancien vicaire, revenu lui aussi d'Espagne.

Quant à MM. Mével et Follic, tous deux refusèrent de prêter serment. Ils signent au registre de la paroisse jusqu'au 3 juillet 1792. Puis, devant la menace révolutionnaire, s'en vont chercher un abri chez leurs parents du Cap-Sizun ; le premier était de Plogoff, le second de Primelin.

Interné à Quimper en 1793, M. Mével fut conduit de Landerneau vers les pontons de Rochefort, le 9 juillet de l'année suivante (H. Pérennès, Les prêtres du diocèse de Quimper... déportés ... II, p. 35-3). Revenu d'exil il rentre à Plonéour, en mai 1795. Arrêté à nouveau en novembre de la même année il fut interné à Quimper, puis passa au Château de Brest, au début de l'année 1796. Libéré le 31 décembre, il resta quelques mois à Nevez, et s'embarqua pour l'Espagne en décembre 1797. Trois ans plus tard il rentra à Plonéour, et devint en 1804 Recteur de l'Ilede-Sein [Note : Ibid, p. 60-65. — D. Bernard. Documents et Notes sur l'histoire religieuse du Finistère sous le Directoire, p. 65-65, 116].

Tôt après le départ des vicaires de Plonéour, arriva dans cette paroisse Pierre Roignant, originaire de Plonévez-du-Faou, pour exercer le ministère comme curé constitutionnel.

Des scènes scandaleuses s'étant déroulées dans l'église le 2 décembre 1792 à l'occasion de l'élection d'un juge de paix, il s'en plaignit le lendemain au district de Pont-Croix, réclamant deux gendarmes pour l'assemblée suivante.

Le 11 juin 1794 il s'oublie jusqu'à épouser Agathe-Julie Le Boedec, fille du maire. Tous deux allèrent habiter Kermorvan où Roignant établit son presbytère.

Le 19 octobre 1795, Agathe se présenta dans l'église comme marraine pour un baptême qu'allait conférer M. Mével. Celui-ci, en bon théologien, refusa de l'agréer. D'où protestations du citoyen Roignant près du district de Pont-Croix, et lettre, à ce sujet au département de Tréhot procureur-syndic du district [Note : Cognec, op. cit., p. 144-146 — Pérennés Les prêtres déportés II, p. 63].

Le 28 décembre 1796, en qualité d'agent national, Roignant agrée dans la commune les citoyens Conan et Huitric, venus pour y exercer le culte catholique. Le 13 octobre 1797 Germain Le Meunier se présente comme ministre du culte pour Saint-Honoré. Le 6 mai c'est au tour de Pierre Colen de se fixer à Plonéour pour y exercer les fonctions du culte.

Dans la nuit du 3 au 4 février 1798, M. Kerdréac'h, vicaire de Pouldreuzic, célébra la messe en cachette au village de Tréluan, sur les confins de Tréguennec, chez Henri Riou. Assistaient au Saint Sacrifice Jacques Le Gall, sous-diacre, et plusieurs personnes de Plonéour, Tréguennec, Saint-Jean-Trolimon, Penmarc'h, Plomeur, Beuzec-cap-Caval, Pouldreuzic, Peumerit, Landudec.

Le tribunal correctionnel de Quimper, à la date du 13 février suivant, condamna M. Kerdréac'h et Jacques Le Gall à 300 francs d'amende et un an de prison, Henri Riou et Henri Carrot de Beuzec, qui avaient prêté les ornements, à 200 frs et un mois de prison, les 24 personnes qui avaient assisté à la messe à 100 francs et un mois de prison (Peyron, Documents... II, p. 407-408).

En contraste avec le culte catholique, le culte, révolutionnaire avait ses fêtes nationales. Une grande fête patriotique fut célébrée à Plonéour le 30 nivôse an VI (19 janvier 1798) en l'honneur des victoires du général Bonaparte.

Portant en mains des branches de lauriers, les membres du corps constitué se rendent avec la garde nationale devant la porte principale de la mairie et y en tonnent l'hynme de la liberté. Précédé de sonneurs, le cortège s'avance aux acclamations des spectateurs. On parvient à l'arbre chéri de la liberté. Un feu de salve ; un discours du président, qui fait lire par l'agent du chef-lieu et explique en breton les deux traités de paix. Encore une salve, puis les cris de : « Vive la République, Vive Bonaparte ! ». Après avoir chanté la strophe « Amour sacré de la Patrie », on se rend au Temple de l'Etre Suprême, (l'église). Le Président entonne le Te Deum. Un repas digne de vrais républicains suivit la cérémonie, puis l'on dansa jusqu'au crépuscule [Note : Cognec, op. cit., p. 149-150. Nous savons qu'une fête semblable en l'honneur de Bonaparte eut lieu à Plomeur et à Plogonnec].

(H. Pérennès).

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