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VIE DE SAINT-ARMEL et FONDATION DE PLOËRMEL

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Vie de Saint Armel - Fondation de Ploërmel.

Saint-Armel, que la Ville de Ploërmel honore comme son patron et son fondateur, naquit en Grande-Bretagne, dans la province de Pen-Ohen, en l'an 482. Ses parents, nobles et riches en biens temporels, étaient encore plus remarquables par leur piété et leur esprit chrétien. Ils mirent tous leurs soins à bien élever cet enfant, et, aussitôt qu'ils le purent, l'envoyèrent étudier dans un monastère voisin.

Statue de Saint-Armel dans l'église de Ploërmel (Bretagne).

Sous la direction des moines les progrès d'Armel dans les sciences sacrées et profanes furent rapides, mais plus merveilleux encore furent ses progrès dans la vertu. L'humilité, la douceur, la charité, la patience, la modestie, la pureté, l'obéissance brillaient à l'envi dans sa conduite, et le trait suivant nous montre dans quelle estime ce saint jeune homme était tenu par ses condisciples.

L'un d'eux souffrait de la fièvre, et d'une terrible tentation qui résistait à ses prières, à ses larmes, et à ses mortifications. Un jour, en se chauffant avec ses camarades, il lui vint à l'esprit de toucher par dévotion le bord de la robe d'Armel, et il se trouva sur-le-champ délivré et de la fièvre et de la tentation.

Une âme si belle, si pure ne pouvait manquer d'attirer les regards du divin Maître, et, plus courageux que le jeune homme de l'Evangile, Armel fut fidèle à l'appel de Dieu. Il se fit ordonner prêtre ; puis, entendant un jour ces paroles :

" Quiconque ne renonce à tout ce qu'il possède, ne peut être mon disciple ", il résolut d'entrer dans un monastère. Il dit adieu au monde, à sa famille, et un peu plus tard, pour fuir la persécution des Anglo-Saxons, à sa patrie, et avec quelques compagnons s'embarqua pour l'Armorique.

Les fugitifs atterrirent sur la côte ouest du Finistère, près d'un bourg qui aujourd'hui encore porte le nom de Plouarzel [Note : D'après M Loth, le savant professeur de langue celtique, Armel et Arzel sont deux formes du même nom dérivant du breton Arthmael, la première par transcription savante, la deuxième par évolution populaire] Armel y bâtit un oratoire, quelques cabanes pour lui et ses compagnons, et recommença la vie cénobitique qu'il menait dans sa patrie. Mais la vue des païens qui l'entouraient ne pouvait s'accorder avec son zèle pour la gloire de Dieu ; Armel se mit à leur précher, et sa prédication, accompagnée de miracles, lui valut un tel renom de sainteté, qu'après la défaite du roi de Basse-Bretagne par le tyran Comore, Childebert, roi des Francs, lui écrivit pour le prier de venir à sa cour.

Le célèbre et précieux vitrail de Saint-Armel, en l'église de Ploërmel, rappelle cet épisode, et libelle ainsi la lettre de Childebert à Saint-Armel : " Armel, cy vous mande que venies a moy hâtivement, et je vox feré du bien largement, et jé grant désir de vox voir et parler avecques. Et pour ce veues. Le Roe, Sildebert ".

Armel ne crut pas devoir résister à cet appel, il partit pour Paris avec quelques-uns de ses disciples. Aujourd'hui encore nous pouvons presque reconstituer l'itinéraire qu'il suivit. Si Paris n'a gardé aucun souvenir du saint abbé, nous trouvons des traces de son culte sur les deux routes qui menaient des marches de Bretagne à la capitale des rois francs, l'une par la vallée de la Loire, à travers l'Anjou, la Touraine et l'Orléanais, l'autre plus au nord, par la Beauce, le Maine et la Normandie.

Armel passa sept ans à la cour du roi Childebert, et y vécut, dit le Bréviaire de Rennes de 1514, (3ème leçon) " comme un agneau au milieu des loups ". Il édifia les princes par sa vie sainte et mortifiée, en même temps qu'il les émerveilla par les prodiges qu'il opéra devant eux. Le vitrail de Ploërmel reproduit un miracle qui se rapporte à ce séjour de Saint-Armel à Paris " Comment Saint-Armel, en la cour du Roe, en sa veue, guérit un povre ".

A force de supplications, Saint-Armel obtint enfin de Childebert la permission de se retirer ; au lieu de se rendre à Plouarzel, il s'arrêta dans le pays de Rennes, près de la Seiche, dans un territoire que le roi lui avait donné en récompense de ses bons services, et qui depuis s'est appelé Saint-Armel des Bochaux.

C'est là qu'eut lieu le fameux miracle de la guivre qui a donné naissance à l'iconographie des statues de Saint-Armel : le saint est représenté tenant dans sa main droite un goupillon, et dans sa main gauche une étole qui est passée autour du cou d'un dragon. Voici le récit de ce miracle d'après Albert Le Grand [Note : Edition de 1636, page 272] : " Il y avoit en ces quartiers un horrible dragon, qui avoit sa caverne en une petite montaigne près de la rivière de Seiche, lequel faisoit un grand ravage par le pays circonvoisin, Saint-Armel regrettant le dommage qu'en recevoient les pisans, pria Dieu de les vouloir délivrer de cette calamité, et le lendemain ayant célébré la Messe, il déposa son chasuble, puis se fit conduire à la caverne du monstre, auquel il commanda de la part de Dieu de sortir, ce qu'il fit, alors il luy lia son étole au col, et le traîna à travers la dite montaigne jusques sur le bord de la dite rivière, luy commandant de s'y précipiter, ce qu'il fit, et pour mémoire de ce miracle, la route ou sentier par lequel le Sainct traîna le monstre parut sec et aride, sans qu'il y creust aucun brin d'herbe ".

Jusqu'ici nous n'avons pas parlé de la fondation de Ploërmel, et le lecteur se demande sans doute à quel moment de la vie de Saint-Armel il faut la rapporter. Les historiens de notre saint ne sont pas d'accord : M l'abbé Macé, recteur de Saint-Armel des Boschaux la place avant celle de sa paroisse, dans le voyage que fit Saint-Armel pour visiter ses disciples à son retour de Paris : d'autres la considèrent comme la dernière fondation du saint moine. Pour nous, nous préférons à toute autre chose cette page de M. de la Borderie que nous demandons la permission de citer, et dans laquelle le savant historien de la Bretagne essaie de reconstituer les choses.

Armel se trouvait alors au monastère des Boschaux, mais cédant à son amour de la solitude, un beau jour, il laissa ses moines, et s'engagea dans la forêt de Brocéliande. " Une fontaine qu'il fit sourdre, dit la tradition, au lieu appelé aujourd'hui Loutehel marqua sa première étape. Puis il reprit sa course vers l'ouest, et ne s'arrêta que sept lieues plus loin, devant l'obstacle opposé par la rivière d'Ivel, aujourd'hui contenue, emmagasinée dans l'immense nappe d'eau de l'Etang du Duc, mais qui alors libre de tout frein, courait en vagabondant et en inondant ses rives dans la partie basse de son cours jusqu'à l'Oust. Le saint s'arrêta à l'est de l'Ivel, en dehors de la zône inondée, et y établit un monastère où il goûta quelque temps les délices du désert. Mais ce désert il s'en aperçut bientôt, n'était pas aussi désert qu'il en avait l’air. Il y avait dans certains coins de la forêt de Brécélien (ou Brocéliande) des familles gallo-romaines qui s'étaient retirées là au Vème siècle pour échapper aux désastres des invasions barbares, et y étaient restées depuis lors, vivant des maigres ressources que ces bois leur offraient, et continuant de croupir dans leur paganisme. Saint-Armel, chrétien zélé, moine ardent, ne pouvait manquer d'être provoqué à l'action par le voisinage de ces païens. Il attaqua leur idolâtrie, et réussit à les convertir.

Cédant à une attraction très naturelle, ces nouveaux convertis vinrent habiter dans le voisinage de leur apôtre : tous ensemble, ils attaquèrent la forêt, y firent de larges défrichements et en fin de compte, Saint-Armel se trouva avoir fondé non pas seulement une colonie monastique, mais aussi une colonie civile, un plou qui prit le nom de PLOU-ARTHMEL, aujourd'hui PLOERMEL" [Note : Histoire de Bretagne - I. p. 383].

" Plo-Armel, en effet, honorable assistance,
C'est le Pays d'Armel en la langue de France "
.

Cette hypothèse, car ce n'est que cela, ne contredit pas absolument la tradition populaire qui fait intervenir un seigneur du nom de Guy, d'où serait venu Guibourg, nom d'un quartier de la Ville. Ce seigneur, converti lui aussi, ne put que favoriser la prédication de Saint-Armel par l'apport de sa puissance et de ses richesses.

Saint-Armel avait donc fondé trois monastères : Plouarzel, Saint-Armel des Boschaux, Ploërmel, sans parler des nombreux endroits qu'il aurait évangélisés dans ses divers voyages, des fontaines qu'il aurait fait sourdre ici et là, et qui ont perpétué son souvenir jusqu'à nous.

Sa vie, comme le dit Messire Baudeville dans le prologue de sa " Tragédie de Saint-Armel " [Note : Cette Tragédie, composée par Mre Baudeville, prêtre, instituteur à Ploërmel, à été publiée en 1855 par M. Sigismond Ropartz] s'était passée :

" A livrer aux faux dieux une guerre cruelle.
Sa vertu non pareille, et son sublime esprit
Attiraient tout le monde au Sauveur Jesus-Christ.
Sa bouche ne s'ouvrait qu’à de divins oracles.
Il brillait en tous lieux par de puisants miracles "
.

L'heure approchait où ce bon serviteur allait recevoir la récompense de ses travaux. Il fut averti par un Ange de sa mort prochaine, et cette scène fait l'objet du dernier tableau au vitrail de Ploërmel : " Comment lange noncia à Saint-Armel sa mort, et comment il trespassa ".

Saint-Armel se prépara comme il convenait à ce passage terrifiant de cette vie à l'autre.

" Ayant ouï cette révélation, dit le Bréviaire du diocèse de Saint-Malo de 1489. Armel convoqua le peuple à l'église. Il psalmodia d'abord l'office, et célébra la Messe : après quoi, il déclara aux assistants sa mort prochaine. Au jour marqué par l’Ange il émigra vers la patrie céleste ".

C'était au lendemain des fêtes de l'Assomption, 16 Août 552. Saint-Armel avait alors soixante-dix ans.

Sur la date de cette mort pas de discussion possible, elle est admise par tous ; mais sur le lieu, la question n'est pas aussi claire. Les livres liturgiques actuels du diocèse de Rennes affirment catégoriquement que Saint-Armel mourut aux Boschaux, et dans l'église de cette paroisse on vénère encore sa " chasse ", sarcophage en pierre de la taille d'un homme. Il n'en a pas toujours été ainsi, et les vieilles légendes de Saint-Armel ne sont pas aussi précises. Elles font le saint abbé aller et venir des Baschaux à Brocéliande, et de Brocéliande aux Boschaux. " ex uno ad alium monasterium ", et se gardent bien de dire dans lequel de ces monastères il mourut.

C'est peut-être pour concilier tout le monde que Messire Baudeville dit dans le prologue déjà cité :

" C'est où (Ploërmel) mourut le saint, d'où par ordre d'en haut. Son corps, pour inhumer, fut conduit au Boschaud ".

***

Les Ploërmelais sont toujours fidèles au culte de Saint-Armel. Qu'on nous permette, en terminant ce court abrégé de sa vie, d'en donner quelques preuves.

Dans sa Vie de Saint-Armel, M l'abbé Macé rend de cette dévotion le témoignage suivant : " Indépendamment du chef vénérable de Saint-Armel, et d'un superbe vitrail à huit panneaux, représentant les actions les plus mémorables de sa vie, l'église de Ploërmel possède une petite statue qui a presque exclusivement accaparé la confiance des Ploërmelais. Faveurs spirituelles et temporelles, c'est à elles surtout qu'on les demande ; un enfant est-il malade ? la mère court à ses pieds chercher la guérison Le laboureur a-t-il bien vendu ses bœufs, la métayère fait un bon marché ? C'est la petite statue qui en recevra la récompense. Les Ploërmelais savent que le patron d'une paroisse est en quelque sorte l’ange gardien de la paroisse, le saint spécialement chargé par Dieu de veiller sur les intérêts spirituels et matériels de la communauté paroissiale, et ils prouvent par leurs actes que leur patron à eux remplit parfaitement sa triple mission de vigilance sur l'âme, sur le corps et sur les biens de ses confiants protégés " [Note : Vie de Saint Armel, p. 56-57].

Cette dévotion se manifeste encore au jour de la fête de Saint-Armel. Cette fête a toujours été célébrée à Ploërmel le 16 Août, mais la solennité en est renvoyée au dimanche suivant. Ce jour-là a lieu le vrai " Pardon de Ploërmel ". A la Grand'Messe, panégyrique du Saint, et, le soir, après Vêpres, procession solennelle. Porté sur les épaules de deux prêtres en aube et en chasuble, le chef de Saint-Armel parcourt les rues de cette ville qui porte son nom, et qui lui doit l'existence et la prospérité.

Nous passons sous silence les réjouissances profanes que depuis quelques années on a jointes à la fête religieuse, mais nous devons un souvenir à cette " Tragédie de Saint-Armel ", qui de 1600 à 1790 se jouait en public au soir de la fête, et à la représentation de laquelle les habitants des paroisses voisines venaient assister. Cette représentation donnait au Pardon de Ploërmel un caractère spécial que, s'il était possible, nous voudrions voir ressusciter.

(Abbé Marmagnant, 1917).

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