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NOTICE HISTORIQUE DE LA VILLE DE PLOËRMEL |
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NOTICE HISTORIQUE DE LA VILLE DE PLOËRMEL.
Le plou fondé par Saint-Armel sur les bords de l'Ivel ne tarda pas à prendre de l'importance.
Au cours du VIème siècle, il fut évangélisé par Saint-Malo, puis par Saint-Méen. Ces deux apôtres parachevèrent l'œuvre religieuse de Saint-Armel, et ainsi se dessina la paroisse de Ploërmel qui nous apparaît comme très vaste dans les chartes du Cartulaire de Redon.
L'importance civile du plou marcha de pair avec celle de la paroisse. Au IXème siècle, M. de la Borderie nous apprend que Ploërmel était gouvernée par un Mach-tiern, seigneur délégué du Comte, et qui administrait au nom de celui-ci une partie de ses domaines. Grâce à la position géographique de Ploërmel, à peu près à mi-chemin entre les villes de Vannes et de Rennes, cette importance ne fit que s'accroître.
Au Xème siècle, le Comte de Rennes, voulant féodaliser ses domaines, fit de Ploërmel le chef-lieu d'une baillie importante comprise entre celles de Gaël et de Malestroit, et dont il se réserva la suzeraineté. Cette baillie prit le nom de Poutrocoet ou de Porhoet. Plus tard, à cette baillie de Ploërmel on adjoignit celle du Broerech, en sorte qu'à la Révolution le sénéchal de Ploërmel n'avait pas moins de deux cents paroisses sous sa juridiction.
La Ville de Ploërmel resta toujours propriété du Duc de Bretagne et ne fut jamais le chef-lieu d'un fief secondaire ; ce qui ne l'empêcha pas d'être fortifiée de très bonne heure, ainsi que nous le montre une charte de Conan III, datée de 1116, et relative au prieuré Saint-Nicolas. Cette charte est adressée aux soldats et aux bourgeois " de castello Ploërmel ", de la place-forte de Ploërmel.
A partir du XIIème siècle, le nom de Ploërmel se trouve souvent mêlé à l'histoire du duché de Bretagne.
C'est à Ploërmel, qu'en 1270, le comte de Richemont (plus tard Jean II, duc de Bretagne) installa les religieux Carmes qu'il ramena de Palestine. Il leur bâtit un superbe couvent, un des premiers de France, qui fut démoli pendant les guerres de la Ligue.
Les ducs de Bretagne affectionnaient leur bonne ville de Ploërmel. Ils y avaient un hôtel où ils résidaient fréquemment. Jean II et Jean III se firent enterrer au couvent des Carmes : le premier en 1305, le second en 1341.
Ils y réunissaient souvent les états généraux de leur province. Quelques-unes de ces réunions sont historiques : celles du 10 Avril 1240, où le duc Jean I proclama l'édit, qui chassait les Juifs de Bretagne ; de 1309 où le tiers état fut représenté pour la première fois par des bourgeois députés des principales villes ; de 1315 où fut rédigé le code connu sous le nom de " Coutumes de Bretagne " ; de 1580 où fut sanctionnée la réformation de la coutume, et rédigée " la Nouvelle Coutume ".
Pendant la guerre de succession entre Blois et Montfort. Ploërmel fut l'objet de deux sièges en 1341 et 1346, et resta pendant longtemps au pouvoir des Anglais. C'était même un des points d'appui de leur armée, et de cette ville partirent les trente Anglais qui se firent battre le 26 Mars 1351 sur la lande de Mi-voie par les trente chevaliers bretons de Beaumanoir.
Faut-il attribuer à ce long séjour des Anglais à Ploërmel la présence d'un léopard dans le blason de la Ville ? Certains le pensent. Cependant, en 1815, lorsque le Maire de Ploërmel demanda à Louis XVIII l'autorisation de reprendre les anciennes armoiries, il les fait remonter à Jean II, duc de Bretagne. Quoiqu'il en soit, voici la lecture de ce blason, d'après les Lettres-patentes de 1816 : " D'hermines au léopard lionné de sable, couronné d'azur, tenant à sa patte gauche un drapeau du même, chargé de cinq mouchetures d'hermines d'argent " [Note : Arch. municipales de Ploërmel, reg. 22, f. 39]. La devise est " Tenax in fade ".
Au début de la lutte qui devait amener la destruction de la nationalité bretonne, en 1487, Ploërmel fut assiégée par l'armée française. La ville était défendue par le capitaine Arthur Gruel, qui fit vaillamment son devoir, et résista longtemps.
Après de longues privations et de nombreux combats, ne se voyant pas secouru par le duc François II, le gouverneur fut obligé de se rendre ; et, d'après la chronique d'Allain Bouchart, contemporain et presque témoin de ces évènements, " la ville fut pillée, et ceulx qui dedans estoient, furent prisonniers et mis à rançon ".
Devenue ville royale après l'annexion de la Bretagne à la couronne de France, Ploërmel eut un siècle de paix pour se remettre de ces désastres, et c'est à cette époque que fut achevée l'église Saint-Armel. Elle resta chef-lieu de l'une des plus grandes sénéchaussées de l'ancien duché ; en 1551 même, Henri II décida d'y établir un présidial, qu'il supprima l'année suivante. Un peu plus tard, en 1564, elle reçut la visite de Charles IX, accompagné de sa mère Catherine de Médicis. Le roi fut logé chez les Carmes, et la communauté de ville lui fit une réception somptueuse.
Les horreurs de la guerre ne tardèrent pas à revenir, et Ploërmel eut beaucoup à souffrir pendant la Ligue. Elle fut assiégée plusieurs fois, et notamment en 1589 par le duc de Mercœur. Cinq ans après, elle serait tombée entre les mains des ligueurs sans la présence d'esprit de Jean Perret, sieur du Pas-aux-Biches, lieutenant de Ploërmel. Le jour du Vendredi-Saint, ayant quitté le sermon pour une affaire pressée, Jean Perret aperçut de chez lui dans le jeu de Paume des paysans d'allure suspecte, et d'autres hommes cachés aux alentours. Il donna aussitôt l'alarme ; avec le concours du sénéchal Pierre Perret, sieur des Croslais, et du peuple accouru en masse, il empêcha les soldats d'entrer, et permit à la garnison de revenir de sa surprise et de repousser l'ennemi. En reconnaissance de cette victoire, le clergé et le peuple improvisèrent une procession autour de la ville, et cette cérémonie se renouvela chaque année jusqu'à la Révolution.
Ce que Ploërmel eut le plus à regretter pendant ces guerres, fut la ruine du Couvent des Carmes. En 1592, les huguenots qui commandaient la ville le firent démolir sous prétexte de rendre la défense plus facile. Les religieux se réfugièrent au prieuré Saint-Nicolas, mis provisoirement à leur disposition par le Roi . Ce prieuré avait été créé au XIIème siècle en faveur de l’abbaye bénédictine de Marmoutiers ; il comprenait une maison principale avec cloître, chapelle et cimetière.
Quand la paix fut rétablie, le couvent des Carmes fut rebâti à son ancienne place Le 28 mai 1601, la première pierre de la chapelle fut solennellement bénie par le recteur entouré du sénéchal et des autres autorités locales ; et les habitants furent si heureux de cette reconstruction qu'ils s'imposèrent volontairement des sacrifices pécuniaires pour en couvrir les frais.
Bientôt après se fondèrent les monastères des Ursulines (1624), et des Carmélites (1626), qui avec l'Hôpital formèrent à la ville close une ceinture de maisons religieuses.
A part ces fondations pieuses, peu d'événements marquent l'histoire de Ploërmel au XVIIème siècle. Notons cependant la visite qu'y fit en 1690 le roi exilé d'Angleterre, Jacques II.
Au XVIIIème siècle, on commença à démolir les murs de la ville, qui menaçaient ruine, et à combler les fossés avec les matériaux. C'est ainsi que fut faite une grande place à l'endroit où avait lieu le jeu de Paume. Appelée d'abord Place d'Aiguillon, elle porte aujourd'hui le nom de Place d'Armes. Quelques pierres furent données à l'Hôpital, et servirent à la reconstruction entreprise vers 1745 par Mlle Delourme.
Depuis la Révolution, Ploërmel est devenue chef-lieu d'arrondissement, et est surtout connue par la Communauté des Frères de l’instruction Chrétienne, que l'Abbé Jean-Marie Robert de la Mennais est venu y fonder en 1824.
On y trouvait aussi des établissements d'instruction primaire et secondaire, que les lois contre les Congrégations et de Séparation ont frappés en pleine prospérité.
Ploërmel est aujourd'hui une petite ville de 5400 habitants. L'absence de grandes industries la rend peu mouvementée ; par contre, on y rencontre presqu'à chaque pas de nombreux vestiges du passé ; et cela lui donne un cachet d'antiquité bien propre à chanter ceux qui la connaissent, et ceux qui la visitent.
(Abbé Marmagnant, 1917).
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