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Hôpital et Aumônerie de Saint-Jean de Villenart en Ploërmel

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L’aumônerie, ou hôpital de Saint-Jean de Villenart fut fondée au commencement du XIIème siècle par les Templiers, au village de Villenart, à 4 kilomètres à l'Est de la ville de Ploërmel. Elle dépendait de la commanderie du Temple de Carentoir, possédait droits de haute justice et avait comme succursale l’hôpital de Bezon, et comme dépendance les terres nobles de Crancastel et de la Bretonnière en Ploërmel.

Dans l’acte de protection, donné en 1160 aux Templiers par le duc de Bretagne Conan. IV, il est fait mention de l’aumônerie de Saint-Jean de Villenart, dite « Eleemosina de Plouarthmaël », en même temps que de celle de Guillac, dite « de Goholac ».

L’ordre militaire et religieux des Templiers avait été fondé à Jérusalem en 1118 par neuf chevaliers français afin de défendre contre les Musulmans le sépulcre du Christ et la Terre Sainte reconquise. Les Templiers, comme costume, portaient l’habit blanc avec une croix rouge sur le manteau ; d’où le nom de « Moines Rouges », que leur donna le peuple. L’ordre du Temple fut d’abord fidèle à sa pieuse et sainte mission ; mais, pervertis par l’orgueil de leurs richesses, par le contact avec les sectes manichéennes et par les moeurs de l'Orient, les Templiers devinrent infâmes dans leur conduite et renégats de leur foi ; et formèrent une sorte de société secrète, origine de la franc-maçonnerie et de ses Temples. Accusés de vols, d’assassinats, de mensonges, d’impiété et d’immoralité, et étant surtout très riches, ils furent condamnés en 1312 ; leurs biens furent confisqués et donnés aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem.

L’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, dits chevaliers à partir de 1213, avait été fondé à Jérusalem en 1104, pour soigner les croisés et garder les lieux saints. Forcés de quitter Jérusalem après la dernière croisade, les chevaliers de Saint-Jean s’établirent en 1310 à l’île de Rhodes, qu’ils venaient de conquérir et où ils restèrent jusqu’en 1522, date à laquelle cette île fut livrée aux Turcs par la trahison d’un chevalier portugais. Ils allèrent peu après se fixer à l’île de Malte, que le roi Charles-Quint leur donna en 1530, et ils furent appelés depuis « Chevaliers de Malte ». Ils avaient pour costume un habit noir avec sur le manteau noir une croix blanche à huit pointes ou pattée, dite depuis « Croix de Malte ».

Lors de la destruction de l’ordre des Templiers, en 1312, les chevaliers de Saint-Jean reçurent l’aumônerie Saint-Jean de Villenart et les terres que possédaient les Templiers dans les paroisses de Guillac et de Saint Servant.

L’aumônerie de Saint-Jean de Villenart n’était pas d’un rapport considérable ; dès le XVème siècle les terres nobles de la Villenart et de Crancastel en avaient été distraites ; et, en 1643, ses revenus consistaient en petits fiefs, situés dans les paroisses de Ploërmel, de Monterrein, de Guillac, de Saint-Servant et de Néant, et affermés 45 livres par an et en 25 livres environ de redevances dues par les vassaux.

Il est fait mention de cette aumônerie, ou abbaye, dans des actes de 1574, 1621, 1643, 1667, 1679, 1740 et 1755.

L’acte de 1667 le décrit ainsi : « L’abbaye de Saint-Jean de Villenart, membre du Temple de Carentoir, situé en la paroisse de Ploërmel, consistant en une chapelle fondée de M. Saint-Jean-Baptiste, en laquelle tombent quelques aumônes et oblations que le commandeur prend et perçoit, ou son chapelain pour luy ; et à cause du dict fief sont dubs nombre de rentes et de debvoirs seigneuriaux par les hommes et subjets demeurant tant au village du dict Saint-Jean que de la Villenart, la Bretonnière, l’hôpital Bezon et Crancastel ; une maison au village de Loyat en la paroisse de Néant, et un autre village appelé l’hôpital de Néant ».

En 1680, le commandeur du Temple de Carentoir, frère René Chevrier, se plaint de ce que le seigneur de Quéheon, Pierre Picaud, s’était emparé par violence et sans droit du fief de Saint-Jean de Villenart ; usurpation qui occasionna un procès, lequel durait encore en 1780.

En 1755, l’hôpital Saint-Jean de Villenart est dit : « Petit membre du Temple de Carentoir ».

Nous avons vu qu’à l’aumônerie était jointe une chapelle dédiée à « M. Saint-Jean-Baptiste ». En 1680, les seigneurs de Quéheon déclarent qu’ils en sont prééminenciers, et qu’ils y possèdent un enfeu prohibitif. Si nous comparons cette déclaration avec celle du Commandeur de Carentoir, nous voyons que celui-ci conteste le bien fondé de ce droit de prééminence puisqu’il accuse Pierre Picaud de s’être emparé par violence et sans droits du fief de Saint-Jean de Villenart.

Au XVIIème siècle cette chapelle fut détruite par un incendie, et rebâtie par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, comme le prouve cette déclaration faite en 1643, par le commandeur Gilles du Buisson : « A Villenart, il y a une chapelle fondée de Saint-Jean-Baptiste sur la grande porte de laquelle il y a un chapitret refait tout de neuf par ledit du Buisson, en laquelle il y a une garniture d’autel pour y faire le service divin avec une cloche dans un arbre au devant d’icelle chapelle, autour de laquelle est un cimetière tourné de murailles, la dite chapelle couverte d’ardoises, carrelée et vitrée est en bon et neuf estat, il y a un coffre à serrer les ornements acheptés par le dit du Buisson ». On le voit, c’était une reconstruction complète, et le commandeur avait bien fait les choses, il ne manquait qu’un clocheton pour mettre la cloche.

Cette chapelle nous est signalée dans divers documents postérieurs et notamment en 1667, et en 1755 ; à cette dernière époque elle nous est dépeinte « étayée au dedans et au dehors ». C’est alors sans doute qu’elle fut rebâtie, mais au lieu de la rebâtir à la Villenart, elle fut transportée à Saint-Jean dans l’emplacement actuel. A la Villenart il y a un moulin qu’on appelle « moulin de la chapelle », et qui doit marquer à peu près l’endroit où s’élevait la première chapelle.

Elle était desservie par un chapelain, désigné sans doute et entretenu par le commandeur de Carentoir. Cependant le seigneur de Quéheon n’était pas étranger à cette désignation ; car en 1701, dans son testament, Pierre Picaud, seigneur de Quéheon, laisse une certaine somme à ses chapelains et entr'autres à Messire Mathurin Chommaux, chapelain de Saint-Jean de Villenart.

Comme chapelain nous pourrions peut-être encore citer Messire François Mallinge qui vivait vers 1670, car nous le voyons souvent remplir les fonctions curiales dans cette chapelle. Mais à cette époque la chapelle Saint-Jean servait déjà de chapelle frairienne, et rendait de grands services aux personnes qui habitaient ce côté de la paroisse. En 1754, un état de la paroisse de Ploërmel dit que « les tréviens payaient l’honoraire d’une Messe dimanche et fêtes ». Elle resta frairienne jusqu’à la Révolution, et même elle fut une des dernières fermées, parce qu’elle était une des plus éloignées. En 1791, la municipalité de Ploërmel demandait qu’on la laissât ouverte et à la disposition des prêtres insermentés, parce qu’elle était une des « mieux situées pour la commodité des habitants de la campagne ». Son tour vint cependant ; elle fut fermée sous la Terreur et ne fut rouverte qu’après le Concordat.

La chapelle Saint-Jean de Villenart, comme la plupart de celles des établissements appartenant aux Hospitaliers, avait « droit d’asile ». Les lieux qui bénéficiaient de ce privilège étaient appelés « Minihys ». Là, jour et nuit, le malfaiteur ou l’opprimé trouvait un refuge et un abri. « Asile ! », « Asile ! » criait le malheureux innocent ou coupable en s’accrochant à l’anneau sauveur scellé dans le mur d’une chapelle ou dans la croix d’un cimetière ; et, si redoutable que fût le poursuivant, si avéré que fût le crime du poursuivi, la force ou la justice des hommes reculait, impuissante et désarmée, n’osant franchir ce seuil ou fouler ce sol qui appartenait au Dieu Rédempteur et qui était sanctifié par la charité. Le fier chevalier bardé de fer, ou l’humble soldat du guet, s’arrêtait devant cette limite sacrée, comme sur les grèves de l'Océan le flot furieux ou tranquille s’arrête au grain de sable marqué par l'Eternel. Et, derrière ce rempart inexpugnable, élevé par la faiblesse pour protéger la faiblesse, l’hôte du Dieu de Miséricorde trouvait un abri inviolable, et le pêcheur, après l’aveu de ses fautes, le repentir, le pardon et la paix.

Ce droit d’asile exista jusqu’en 1453, époque à laquelle une ordonnance ducale le réserva seulement à certaines églises.

Au XIXème siècle la chapelle Saint-Jean de Villenart resta chapelle frairienne. Elle fût rebâtie vers 1875 par M. l’abbé Lagrée, curé de Ploërmel, et restaurée en 1902, lorsqu’elle devint le chef-lieu d’une trève de Ploërmel, petite paroisse, avec presbytère et maisons d’école. Les vitraux qui décorent la chapelle ont été offerts par des propriétaires de terres du voisinage, les du Breil de Pontbriant, du Boisbaudry, Peschart, Guillou et Boucher. Ils portent des écussons armoriés : « Mi-partie : fretté d’argent et de gueules au chef de même chargé de trois trèfles d’or (Picaud de Quéheon) ; et : écartelé, aux 1 et 4 d’azur au lion d’argent, et, aux 2 et 3, d’azur au pont de trois arches d’argent (du Breil de Pontbriant) ». — (Du Breil de Pontbriand de la Caunelaye, propriétaires de Quéheon par alliance avec les Picaud vers 1801). — « Mi-partie : d’or à deux fasces, de sable, chargées de trois et de deux besants d’or » (du Boisbaudry) ; et « d’argent au chevron d’azur, accompagné de trois merlettes de sable » (armes des la Haye de Vaux). (Du Boisbaudry propriétaire, depuis 1889, de la Villenart et de la Garoulaie).

L’antique statue de Saint-Jean, patron de la chapelle et de l’aumônerie, était l’objet de pèlerinages : on venait à ses pieds prier pour avoir une bonne récolte de pommes. Le curé de Ploërmel, trouvant que ce pieux usage était un abus ou une superstition, fit vers 1880 enlever cette statue, qui gît au début du XXème siècle dans un coin d’un grenier dans le presbytère de Ploërmel.

La chapelle Saint-Jean de Villenart possède encore dans son trésor deux reliquaires, qui rappellent bien son origine. Ils sont remarquables par leur antiquité et par les reliques qu’ils contenaient ; ils auraient donc dû être profondément respectables. Le cadre, en bois de chêne, est en forme de coeur ; il a environ 0.15 cm. de large et est soutenu par un ange dont on n’aperçoit que la tête et les mains. Le dos est droit ; le devant est incliné en forme de pupitre, et l’intérieur, qui est creux, forme la boîte du reliquaire. Sous la vitre, qui occupe la face principale, est une feuille de papier fort ancienne, sur laquelle on lit : au premier reliquaire : « Vraie croix de N.-S. Jésus, la robe de N.-D. et la haire et vestement de Mgr Saint-Jean-B., le chapeau de M. Saint-Jacques ; un des trente deniers, dont Notre-Seigneur fut vendu ».

Au second reliquaire : « De la vraie croix de N.-S. ; d’un caillou dont M. Sainct-Etienne fut lapidé ; d’une pierre de la porte Saint-Pierre de Rome ; un Agnus Dei ».

En 1866, Monseigneur J.-M. Bécel, évêque de Vannes, étant en tournée de confirmation, ouvrit ces reliquaires, et en brisa les sceaux, sans faire mention de ceux existants. Il trouva à l’intérieur tous les objets indiqués, à l’exception du « denier de Judas » ; il cassa « la pierre qui avait servi à lapider M. Saint-Etienne » et en donna un morceau à M. l’abbé le Guénégand, alors curé de Carentoir ; il lui donna aussi un « morceau du chapeau de M. Saint-Jacques » et un morceau « du voile de la Sainte-Vierge », dont il conserva pour lui aussi des morceaux. Le procès-verbal constatant l’ouverture, que je ne veux pas qualifier, de ces reliquaires n’est pas à la sacristie de Saint-Jean ; il existe peut-être à la cure de Ploërmel.

(Abbé Marmagnan et M. de Bellevue).

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