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L'église et le prieuré de Saint-Nicolas de Ploërmel

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Un peu en dehors de la ville close de Ploërmel, au Sud-Est des remparts s’élevait au début du XIIème siècle un petit ermitage avec une chapelle qui appartenait à un prêtre nommé Hervé.
Qu’était ce prêtre ? L’histoire ne le dit pas, elle nous apprend seulement qu’il était déjà « depuis plusieurs années » possesseur de ce petit bien lorsque, en décembre 1137, il en fit don à l’évêque de Saint-Malo Danoald ou Donel [Note : Donoald, moine bénédictin du Mont-Saint-Michel, évêque de Saint-Malo de 1120 à 1144] dans le but d’assurer la perpétuité de sa fondation. Celui-ci était bénédictin, religieux profès du Monastère du Mont-Saint-Michel, et il céda l’ermitage de Ploërmel aux religieux de l’abbaye bénédictine de Saint-Martin de Marmoutiers, près de Tours.

Le duc de Bretagne Conan III surnommé Le Gros, approuva cette donation vers 1140, et concéda en même temps aux moines de Ploërmel certains privilèges par la charte suivante que nous traduisons du latin :

« Moi Conan, duc de Bretagne, veux faire connaître à tous, tant hommes d’arme que bourgeois de la ville de Ploërmel que j’ai concédé aux moines de Saint-Martin de Marmoutiers, qui servent Dieu de leur mieux dans la ville de Ploërmel, pour eux et pour leurs gens, de quelque pays qu’ils soient venus sur leurs terres à l’exception des bourgeois de Ploërmel, l’exemption de toute contribution au repas que me doivent mes bourgeois quand j’arrive dans leur ville. J’ai fait ce don pour la rédemption de mon âme, et de celle de mes ancêtres entre les mains de Moyse, prieur de ce lieu dans le cloître de Saint-Martin de Josselin [Note : Moyse, premier prieur de Saint-Nicolas de Ploërmel, ex-moine au prieuré de Saint-Martin de Josselin, fondé en 1105 ; dit « Moysa de Ploarmel ». Il avait été témoin en 1127 de la donation du tiers de l’église de Guer au prieuré Saint-Martin de Josselin] à la connaissance du vicomte Geoffroy, Allain de la Chapelle, Hervé du Breil, Daniel, fils de David. Et parmi les moines furent présents : André prieur, Foucher et plusieurs autres ; Judicaël, fils de Caphin, Payen, fils de Ruault, Moyse, moine, Hervé, moine, Robert, moine et autres ; Jacut, fils d'Enisanus et son frère Robert et plusieurs autres » [Note : Archives départementales du Morbihan, fonds du prieuré de Saint-Martin de Josselin, n° 21].

Quelques années plus tard cette donation fut solennellement reconnue par un successeur de Donoald. Se trouvant en 1172 à Tours avec les évêques de Rennes, de Vannes et de Nantes, Pierre, évêque de Saint-Malo confirma toutes les possessions de l’abbaye de Marmoutiers dans son diocèse, et entr’autres, « l’obédience de Saint-Nicolas de Ploërmel avec cette portion des oblations et des dons qui ont coutume d’être perçus dans les églises de Monterrein et de Saint-Armel, avec la dime de Trevalaon [Note : Travoléon, en Ploërmel], les autres dîmes, et tout ce qui en dépend ».

Cette charte est intéressante parce que c’est le premier document où nous trouvons le prieuré de Ploërmel sous le vocable de Saint-Nicolas. Ce nom, on le voit, lui fut donné de suite et il peut même se faire que la chapelle du prêtre Hervé fut dédiée à ce saint. Elle nous renseigne aussi sur les revenus du prieuré à son origine, ces revenus consistaient surtout en dîmes levées dans la paroisse de Ploërmel et les paroisses environnantes.

Le temps ne changea pas cette situation. Nous le voyons par un aveu du 15 juin 1562 où le prieur Nicolas du Bouays déclarait : « 1° l’église ou chapelle du dit prieuré de Saint-Nicolas, la maison et le jardin contenant environ 5 hommées et un pré en Taupont, jouxte la rivière qui descend du moulin du Duc, contenant environ une hommée et demie ».

« 2° La grande dixme de Ploërmel, valant 30 mines environ, la dixme de Trevallion en Ploërmel, valant 10 mines, la dixme des Alles valant 10 mines, la dixme de Quéhéon ou de Rochefort valant 4 mines, et celle de Monterrein valant 3 mines ».

« 3° Les rentes par deniers dues au fief du prieuré, montant à 3 livres, 1 sol, 1 denier ; le devoir de coutume sur les animaux vendus à Ploërmel le 21 décembre (jour de la foire de Saint-Thomas) valant 20 sols ».

La déclaration du prieur lors de la Réformation du domaine royal en 1680 ne diffère pas de la précédente. Les dîmes restent toujours la principale source de revenus.

Evaluer ces revenus n’est pas chose facile, ils variaient suivant le cours du blé. De plus, on avait de bonne heure réuni au prieuré Saint-Nicolas de Ploërmel, celui de Saint-Nicolas de Guer, et celui de Saint-Martin de Trédion. En 1729 le titulaire n’accusait qu’un revenu brut de 1.091 livres 10 sols, sur lequel il fallait retirer 167 livres 16 sols pour les charges. Cependant à la fin du XVIIIème siècle, l’abbé Bellon qui en jouissait le louait 2.000 livres au sieur Fabre, notaire à Vannes (Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, G. 762), et ne craignait pas de dire que ce prieuré valait 3.000 livres.

C’était un joli revenu pour le peu de charges qui incombaient au prieur. D’après les déclarations de Messire Toussaint Berruyer devant le district de Ploërmel en 1791, ces charges étaient d’une messe par semaine (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, L. 1208).

La chapelle et la maison dont il est question dans les déclarations de 1562 n’étaient plus celles du prêtre Hervé. En venant prendre possession du petit ermitage les moines de Marmoutiers en avaient rebâti et agrandi les édifices.

La chapelle du prieuré était sous le vocable de Saint-Nicolas. Ce saint est le grand archevêque de Myre qui vécut au IVème siècle. Il est considéré comme le patron des petits enfants, en souvenir du miracle accompli en faveur de trois d’entre eux qu’un homme méchant et cruel avait tués et mis au saloir. Son culte était très répandu au moyen-âge, si l’on en juge par les nombreux prieurés qui portent son nom rien que dans les environs de Ploërmel. L’autel de droite était dédié à la Très-Sainte-Vierge ; en effet dans l’acte qui relate la translation des corps inhumés dans la chapelle des Carmes au prieuré en 1593, il est dit que les religieux placèrent les corps des ducs « dans le choeur dudit  prieuré » au devant de l’autel Notre-Dame, et ceux de la famille de Derval « en la neff de la dite église, du côté dextre ». Nous ne connaissons pas le titulaire de l’autel de gauche.

Cette chapelle servait parfois pour les services paroissiaux. Au XVIIème siècle on y célébrait de nombreux mariages. En 1750 elle était en mauvais état, et le prieur M. de la Beauvais, demanda à l'Intendant de Bretagne la permission de la restaurer à ses frais et de la réduire de 28 pieds sur la longueur et de 24 sur la largeur (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, C. 1245).

Devant la chapelle était un cimetière. Ce cimetière n’existait pas primitivement, il fut concédé « vers l’an 1400 à la communauté des habitants de Ploërmel pendant le cours d’une épidémie par un duc de Bretagne » (Archives départementales du Morbihan, L. 1200 n° 15. Lettre du district de Ploërmel au département, 20 septembre 1790). Il n’appartenait donc pas au prieuré, aussi en 1782, lorsque Missire Claude Fauchet, nommé prieur de Saint-Nicolas par Louis XVI, vint prendre possession, le sieur Pringué s’opposa au nom du général à la prise de possession du cimetière, comme appartenant à la paroisse (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, G. 159, folio 296). Ce cimetière servit jusqu’à la Révolution, et ne fut déclassé qu’en 1790.

Attenant à la chapelle s’élevait la maison prieurale. Elle était assez vaste puisqu’elle put contenir les Carmes à la fin du XVIème siècle. Les bâtiments se groupaient autour d’un cloître, ainsi que l’a conservé la tradition. Depuis que ce prieuré mis en commande comme tous les autres bénéfices ecclésiastiques, n’était plus habité par les religieux, ces bâtiments avaient été beaucoup détériorés, et lorsque les Carmes s’y installèrent, ils durent y faire beaucoup de réparations. Au XVIIIème siècle c’était encore bien pis. Le premier étage ne servait plus que de grenier pour ramasser les grains provenant des dîmes, et quelques pièces du rez-de-chaussée étaient occupées par un gardien qui cultivait le jardin, et payait 10 livres de location annuelle (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, G. 141. Prise de possession du prieuré par M. François-René de Beaureue, folio 139, 15 novembre 1700). Le mobilier était à l’avenant. Qu’on en juge par cet inventaire fait le 19 janvier 1701 quand Pierre Rouxel, religieux profès de Cluny vint prendre possession (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, G. 141, folio 150).

Le gardien Rouault présente les objets du prieuré :

« Une chasuble blanche, étole et manipule de serge garnis de galon de soie rouge et vert, plus que demi-usés.

Un vieux Missel, une aube, amict et ceinture.

Un calice et patène d’argent.

Bourse, corporaux, purificatoires et autres ornements pour dire la Messe.

Une chasuble, étole, manipule de camelo rouge, plus que demi-usés.

Bourse et aube, pas d’autres nappes que celles que les trois qui sont à l’autel dont deux sont en grosse toile et une plus fine.

Dans la maison, un vieux coffre de bois fermant à clef pour serrer les ornements, un vieux buffet, deux petites armoires, une vieille table longue, presque de mille valeur ».

Le prieuré de Saint-Nicolas fut occupé d’abord par des moines bénédictins de l’abbaye de Marmoutiers. Il vivaient là en communauté sous l’autorité d’un supérieur portant le nom de prieur. Bientôt, faute de ressources suffisantes, ou pour d’autres raisons, ils abandonnèrent Ploërmel et furent remplacés par un chapelain qui conserva le nom de prieur, bien qu’il n’eût plus personne au-dessous de lui. Ce chapelain ne résidait pas toujours, ainsi en 1295 nous voyons que frère Geffroy Le Ray était prieur de Ploërmel, et résidait à l’abbaye de Lehon près de Dinan. Dans ce cas il se faisait suppléer pour les messes à dire par un prêtre de Ploërmel.

C’est dans une chambre de ce prieuré que logea saint Vincent Ferrier en 1418 lors de son passage à Ploërmel, c’est là qu’il guérit miraculeusement un enfant infirme qui lui fut présenté par le prêtre Robert Juno, bachelier en droit, recteur de Lanrelas, au diocèse de Saint-Malo.

Voici la déposition de ce témoin qui est le 241ème dans l’enquête de canonisation : « Il y a 34 ans, alors que Maître Vincent préchait dans la ville de Ploërmel, un enfant de deux ans environ, fils d’un bourgeois de ladite ville, chez lequel lui témoin était hospitalisé, était malade. Infirme et languissant de naissance, il ne pouvait se mouvoir, et on désespérait de le voir guérir. Alors la mère de cet enfant, ne sachant quel remède employer, et lui Robert Juno causant ensemble se rappelèrent les miracles que le très Haut accomplissait journellement à la prière de Maître Vincent, et résolurent de porter l’enfant au domicile de Maître Vincent, c’est-à-dire au prieuré de Saint-Nicolas, situé dans les faubourgs de Ploërmel. Arrivé là, lui, Robert Juno, tout seul, présenta l’enfant à Maître Vincent, dans une chambre haute du prieuré, où la mère n’avait osé monter, et lui fit connaître l’infirmité de l’enfant. Maître Vincent fit alors le signe de Croix sur l’enfant, et récita une prière les mains jointes, et pendant cette prière, l’enfant commença à aller mieux et à sourire, et depuis ne s’est jamais ressenti, n’a jamais souffert de sa langueur et de son infirmité ; jusqu’ici, il a toujours été bien portant. Robert Juno attribue cette guérison miraculeuse aux mérites de Maître Vincent ». Plus tard, lorsque les Carmes furent chassés de leur couvent par les Huguenots, sous prétexte de défendre la cité, la communauté de ville présenta au Roi, le 18 octobre 1592, une requête pour lui demander de mettre un logement à la disposition de ces religieux. Par son ordonnance du 10 novembre suivant le prince de Dombes, lieutenant « pour le roy en Bretagne », leur donna le choix entre le prieuré de Saint-Nicolas et celui de Taupont. Ils choisirent le premier, et le 22 novembre 1592, ils y furent solennellement conduits par la communauté de ville et la garnison. Là ils recommencèrent à célébrer leurs offices, et à vivre en paix. L’année suivante, ils obtinrent la permission d’y transporter les corps et tombeaux des ducs de Bretagne et des autres personnes qui étaient enterrées dans leur ancienne chapelle. Ils placèrent le tombeau des ducs dans le choeur, les corps de la famille de Derval dans le transept droit, et ceux de Philippe de Montauban et de sa femme dans celui de gauche. Il réédifièrent les monuments qui existaient dans leur prieuré et continuèrent à desservir les fondations pieuses dont ils étaient les bénéficiaires.

Ils restèrent dans le prieuré Saint-Nicolas une vingtaine d’années environ, jusqu’au jour où ils purent rentrer dans leur couvent reconstruit par la générosité du roi et des Ploërmelais. Ils emmenèrent avec eux naturellement tous les dépôts sacrés qu’ils avaient transportés à Saint-Nicolas. Ce transfert eut lieu en 1620.

Après le départ des Carmes le silence se fait sur le prieuré Saint-Nicolas pendant tout le XVIIème siècle.

Au début du XVIIIème en 1700, il y eut compétition entre deux prêtres pour savoir qui obtiendrait ce prieuré. A la mort du sieur Nicolas Thomas, l’abbé de Marmoutiers, Paul de Léonne désigna comme prieur le 9 novembre Messire François-René de Beauvau, prêtre, docteur en Sorbonne, abbé de Saint-Victor et autres lieux, celui-ci en prit possession de son bénéfice le 15 du même mois.

Le mois suivant, un religieux profès de Cluny, Pierre Rouxel, prêtre, bachelier en droit canon, écolier juré de l'’Université de Paris, demeurant au prieuré de Saint-Denis de la Chartre, écrivit à l’abbé de Marmoutiers pour lui demander le prieuré de Saint-Nicolas de Ploërmel, affecté aux gradués. L’abbé lui répondit que ce bénéfice était déjà conféré, et que d’ailleurs il n’était pas réservé aux gradués pas plus que les autres bénéfices de Bretagne. Rouxel ne se tint pas pour battu ; le 30 décembre, il établit procureur pour réclamer auprès de l’évêque de Saint-Malo et prendre possession du bénéfice. Il envoya en même temps un certificat de bonne vie et moeurs, signé du prieur de Cluny. L’évêque lui donna gain de cause, lui accorda provision du prieuré le 19 janvier 1701 ; et Rouxel s’empressa de prendre possession trois jours après (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, G. 141, folio 139, 149-150, 156).

Au mois de février suivant Rouxel entamait un procès contre les héritiers du dernier titulaire, et obtenait des lettres du roi contre eux (Archives départementales du Morbihan, H).

Malgré tout cela, nous ne ferons pas figurer Rouxel parmi les prieurs. Il nous semble qu’il ne fut jamais véritable titulaire du bénéfice, nous n’avons pas trouvé qu’à sa mort il fut remplacé, tandis que son concurrent Messire de Beauvau eut un successeur, lorsqu’il démissionna en 1717.

A la fin du XVIIIème siècle, il fut encore question du prieuré Saint-Nicolas, mais à un autre point de vue.

Les administrateurs de l’hôpital de Ploërmel, voyant l’état précaire de leur établissement, crurent qu’on pourrait y remédier en lui annexant le prieuré de Saint-Nicolas. Ils adressèrent une pétition dans ce sens à l'Intendant de Bretagne, faisant valoir l’importance de l’hôpital tant au point de vue des militaires de passager qu’au point de la douceur du climat de la ville (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, C. 762).

Le titulaire du prieuré était favorable au projet, et il écrivait aux administrateurs à la date du 23 décembre 1775 : « Je n’ay rien oublié, pour que mon prieuré fut uni à votre hôpital, j’ay en conséquence fait très souvent ma cour à S. A. S. Mgr le duc de Penthièvre, je lui ay même offert de lui remettre ma démission pure et simple. Il l’a refusée en me disant que M. le Cardinal de la Rocheaimont s’y opposait ; on espère, et le bruit court, qu’il n’aura plus la feuille des bénéfices après la fin de l’assemblée du clergé, ce qui pourrait espérer plus facilement notre projet, pour moy, je le souhaite de tout mon coeur » (Archives départementales du Morbihan, hôpital de Ploërmel. E - 9).

L’année suivante, il écrit qu’il n’admet pas que son fermier retienne 200 livres par an, pour payer un nouveau curé pour lequel il n’a aucun droit de présentation, et il envoie à l’économe une procuration générale pour réclamer à son fermier cette somme qu’il déclare abandonnée aux pauvres de l’hôpital.

Malgré cette bonne volonté de l’abbé de Bellon, malgré toutes les démarches faites de tous les côtés par lui, par le sénéchal de Ploërmel, par les administrateurs, le projet n’aboutit pas, et l’hôpital tourna la difficulté en devenant lui-même, en 1777, locataire du prieuré pour la somme de 2.000 livres. Comme le rapport était supérieur à cette somme, les pauvres avaient encore quelque bénéfice.

A la révolution le prieuré Saint-Nicolas fut pris comme les autres biens ecclésiastiques. Les dîmes furent supprimées, la chapelle fut fermée, les ornements furent confisqués, la cloche descendue et envoyée à Nantes, le 18 octobre 1791, elle pesait 57 livres. La maison prieurale, la chapelle et le jardin furent mis en vente. Les enchères définitives eurent lieu le 15 mars 1791, sur une mise à prix de 3.127 livres et ces immeubles furent achetés par J.-P. Fabre, de Vannes, pour la somme de 5.425 livres (Archives départementales du Morbihan, Q. 180, n° 112). Quant au pré de Taupont, il fut payé par R. Robert 2.217 livres, le 11 août 1798.

L’année suivante, l’administration municipale songea à louer les bâtiments pour y loger la gendarmerie nationale. MM. Maillart et Tellier, délégués pour les visiter les déclarèrent convenables « à cet établissement moyennant les réparations et augmentations que le propriétaire s’engageait à faire » (Archives municipales. 17, 11 mars 1792). Pour cette location M. Fabre demandait 300 livres, somme que le Conseil général de la commune ne trouva pas exagérée.

Ceci se passait le 11 mars 1792. Le directoire du département donna un avis favorable le 12 avril suivant et ordonna à l’ingénieur Boulé de dresser état des réparations nécessaires (Archives départementales du Morbihan. L. 1192 n° 99). Les lenteurs administratives et le peu d’empressement de M. Fabre à exécuter les travaux firent si bien que deux ans après, au mois d’août 1794, les réparations n’étaient pas encore finies (Archives municipales. 19, folio 129). La gendarmerie dut d’ailleurs rester peu de temps dans cet endroit, quelques années plus tard, en 1798, nous la trouvons installée dans l’ancien couvent des Carmélites.

Au XIXème siècle le prieuré Saint-Nicolas, ou du moins ce qui en restait eut plusieurs destinations successives et différentes. Des mains de M. Fabre, il passa d’abord entre celles d’un nommé Rouault, et c’est à celui-ci que M. de la Mennais l’acheta en 1832 pour en faire un collège communal, et l’échangea avec la ville le 5 août 1832 contre une partie de l’ancienne communauté des Ursulines.

L’acte de vente passé devant Maître Rouillé, notaire à Josselin, le 10 juillet 1832, ne donne aucune indication sur l’état et la grandeur des bâtiments ; les documents concernant la construction du collège sont plus intéressants. La description du devis (Archives municipales, cas-15, collège communal) et le plan nous montrent que le bâtiment fut élevé non pas sur les dépendances du prieuré, mais sur un pâtis communal situé par derrière ; que les restes de la maison prieurale furent démolis pour agrandir le champ de foire ; seul un bout de jardin fut conservé pour le collège.

D’après la place du puits qui existe encore, et peut nous servir de point de repaire, il résulte que le prieuré Saint-Nicolas s’élevait au milieu de la place actuelle. Le cimetière était situé par devant et avait été transformé en champ de foire en 1790.

Aujourd’hui donc il ne reste plus de ce prieuré que le souvenir. Heureusement il se perpétue par le nom de la place et par ceux des rues adjacentes qui devaient s’appeler « Grande rue Saint-Nicolas et petite rue Saint-Nicolas ».

Pour compléter cette étude, il nous reste à donner une liste des prêtres ou des clercs qui dans le cours des siècles ont porté le nom de prieur de Saint-Nicolas. Jusqu’en 1739, ce prieuré était à la présentation de l’abbé de Saint-Martin de Marmoutiers, mais à partir de cette date, la mense de l’abbaye ayant été réunie à la mense archiépiscopale de Tours, il fut nommé par le roi. A part les deux premiers et autres nous avons pris tous ces noms dans les registres d’insinuations ecclésiastiques du diocèse de Saint-Malo.

Le premier prieur fut Moyse qui paraît dans l’acte de fondation et est qualifié du titre de « prieur de ce lieu ».

Dans une chartre de 1295, concernant un emprunt par Raoul de Coëtquen, aux religieux de l’abbaye de Léhon, ceux-ci sont représentés par Geffrey Le Rey, « priour de Ploarmel ».

Il nous faut ensuite descendre jusqu’au XVIème siècle pour trouver d’autres titulaires.

Frère Pierre de la Motte résigne le prieuré de Saint-Nicolas en faveur du suivant, 16 janvier 1556.

Frère Pierre de la Motte, jeune, religieux de Saint-Mélaine de Rennes, 16 janvier 1556 — 29 mars 1566. Il résigne en faveur du suivant.

Frère P. de Bruz, 1555.

Maître Nicolas du Bouays, 1562.

Pierre Allain, prieur de Saint-Nicolas, mort en 1581.

Mathurin Dalois, prêtre religieux profès du monastère de Marmoutiers, 16 mai 1581 — 19 juin 1581.

Missire Emerie de Vaulx, prêtre du diocèse de Poitiers, 1er juillet — 12 juillet 1582.

Missire Etienne Bert, prêtre de Clermont, 17 septembre 1582 — février 1584.

Missire François Falaiseau, clerc du diocèse de Tours, 24 février 1584, résigne en juin 1602.

Cependant pendant cet intervalle de 1584 à 1602, nous trouvons deux autres prieurs, Jean du Boisberanger, prêtre religieux de Saint-Mélaine de Rennes en 1594.

Pierre Bocquého, prêtre de Ploërmel en 1600. Celui-ci signe encore sur les Registres prieur de Saint-Nicolas jusqu’en 1620, et en 1621 réclame une pension de 300 livres du prieur Charles de Bréhault.

Ambroise Lesmoais, prêtre moine de Marmoutiers, prend possession en 1602.

Jean Guillemot, prêtre de Vannes en 1603 après l’avoir obtenu du Pape.

Comme il y avait dispute entre ces deux titulaires survient un troisième Julien Delivilien qui obtient le prieuré du Pape en 1904 et en prend possession le 13 mars 1605.

Jean Guillemot reparaît en 1607.

François de la Fayette, sous-diacre de Clermont, 6 mai 1621 — novembre 1621.

Charles Bréhault, de Ploënnel, novembre 1621, mort en décembre 1655.

François Hallice de Chartres, docteur en Sorbonne, archidiacre de Saint-Malo, décembre 1655 — juillet 1658.

Auguste Thomas, prêtre du diocèse de Rouen, l’obtient de Rome et prend possession en janvier 1659.

Nicolas Thomas, mort en octobre 1700 [Note : Nicolas Thomas, sgr. des Roncières, de la Guichardais, aumônier de la Reine, chanoine de l’église de Tours, y demeurant, et prieur de Saint-Nicolas de Ploërmel en 1680].

Missire François- René de Beauvau, prêtre docteur en Sorbonne, abbé de Saint-Victor et autres lieux, prend possession le 15 novembre 1700. Devenu archevêque de Toulouse, il résigne en 1717.

Missire Ignace Chauvel de la Boulais du diocèse d'Angers, octobre 1717, résigne en septembre 1732.

Missire Célestin de la Gorge, du diocèse de Saint-Malo, sieur de la Beauvais en Piré, prend possession en décembre 1732, mort en 1758 [Note : Il fut autorisé en 1750 par les Etats à restaurer la chapelle Saint-Nicolas de Ploërmel, en la réduisant de 28 pieds sur la longueur et de 24 pieds sur la largeur (Archives d'Ille-et-Vilaine. C. 1245)].

Missire Dominique Bellon, prêtre du diocèse d'Aix, abbé de l’abbaye du Val-Chrétien et chapelain du Roy, prend possession en 1758, mort en 1782 [Note : Dominique de Bellon, chanoine de l’église cathédrale de Chartres, aumônier du Roi, abbé du Val-Chrétien, nommé abbé de Saint-Nicolas de Ploërmel et de Saint-Martin de Trédion, le 14 janvier 1758 ; mort à Paris; le 30 avril 1782, âgé de 88 ans].

Missire Claude Fauchet, prédicateur ordinaire du roi, vicaire général de Nevers, prend possession en 1782. Il vécut jusqu’à la Révolution mais le roi de France en même temps avait accordé une pension de 720 livres sur ce prieuré à Missire François Dardan, prêtre du diocèse de Bayonne résidant chez les Eudistes à Paris, qui vivait également en 1790 (Extraits d’articles de l’abbé L. Marmagnan, parus dans « le Ploërmelais »).

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