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Jean-Noël GOUGEON, prêtre guillotiné à Lorient
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.

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268. — M. Jean-Noël Gougeon naquit à Ploërmel, diocèse de Saint-Malo, le 25 décembre 1742 et fut baptisé le même jour. Son père s’appelait Alexis Gougeon et sa mère Perrine-Thérèse Audeville.

Le jeune Gougeon fit ses premières études à Vannes. Appartenant par son origine au diocèse de Saint-Malo, c’est devant les autorités de cet évêché qu’il subit l’examen pour la tonsure. Il présenta de bonnes attestations de son recteur et du grand vicaire de Vannes, fut noté comme ayant « fort bien répondu » et fut tonsuré le 17 septembre 1763. A la suite, il reçut le même jour les ordres mineurs.

Lors de son examen pour le sous-diaconat, en août 1765, M. Gougeon étudiait au Séminaire de Saint-Méen-le-Grand. Bien que noté comme « présentant de bonnes espérances », on jugea qu’il avait « assez faiblement répondu » en la circonstance. En conséquence, on le retarda jusqu’au 15 mars de l’année suivante pour la réception de cet ordre.

Il subit l’examen pour le diaconat au mois d’août 1767. On jugea que ses réponses déjà faibles dans son précédent examen l’étaient encore cette fois-ci. On lui demanda donc de continuer ses études une nouvelle année. Il reçut cependant le diaconat le 9 septembre 1767 (Arch. I-et-V., G 88 et 89), mais jamais plus le nom de M. Gougeon ne figure désormais sur les registres d’ordination de l’ancien évêché de Saint-Malo. Fut-il rebuté par la difficulté des études ecclésiastiques, c’est vraisemblable. Toujours est-il qu’il ne reçut jamais la prêtrise et vécut désormais à Ploërmel, remplissant les fonctions de diacre d’office à l’église paroissiale et se créant des ressources en donnant aux jeunes enfants des leçons de français et même de latin. Une preuve des excellents sentiments qui ne cessaient de l’animer, c’est qu’en 1773, nous voyons son nom figurer parmi ceux de la pieuse compagnie dite « des prêtres de Ploërmel ».

269. — En 1791, M. Gougeon. n’étant pas fonctionnaire public, n’eut pas à refuser le serment, mais pour bien montrer sa pensée, il cessa ses fonctions de diacre d’office à l'arrivée du curé intrus de l’église Saint-Armel, le 5 juin 1791. Du reste, sa conduite n’avait pas échappé à la scrupuleuse surveillance des jacobins de l’endroit. Un soldat franc-maçon de passage, le citoyen Couture, du régiment de la Guadeloupe, le dénonça à la municipalité, le 31 mars 1792, comme n’ayant pas prêté à titre d’instituteur privé le serment constitutionnel. Les autorités de Ploërmel firent répondre à ce gêneur qu’elles avaient besoin d’un certain délai pour examiner cette question. On ne sait ce qu’il en advint finalement. (Arch. municipales de Ploërmel, reg. n° 7).

La loi rendue le 26 août 1792 contre les ecclésiastiques insermentés n’atteignait pas directement M. Gougeon, mais un arrêté rendu le 14 août précédent par le directoire du Morbihan le gênait bien davantage, en autorisant les administrateurs des districts à faire conduire directement à la citadelle de Port-Louis tous les ecclésiastiques réfractaires. Aussi le diacre ploërmelais crut-il meilleur pour lui de sortir de France, où sa situation spéciale ne lui permettait pas de rendre beaucoup de services à la religion en temps de persécution. Il avait même quitté Ploërmel sans esprit de retour, lorsque le plus malencontreux des contretemps l’arrêta net dans son voyage. Arrivé en effet à la Trinité- Porhoët, où il avait de la famille, on lui fit remarquer que son passeport pour Jersey aurait dû être visé au district de Ploërmel. M. Gougeon s'empressa de l’expédier à cette ville pour les additions nécessaires, mais on perdit du temps, les délais accordés par la loi pour s’expatrier expirèrent et, faute de passeport, M. Gougeon ne put s’exiler. La Providence lui réservait une plus glorieuse destinée.

270. — Pendant deux ans le malheureux diacre vécut donc caché comme les prêtres et sans avoir les consolations de leur ministère. Il n’alla pas loin, tantôt à Loyat, tantôt à Mohon, à proximité de la forêt de Lanouée dont les épais fourrés servirent d’asile à tant de proscrits. Il mendiait son pain, déclare-t-il dans son interrogatoire, il l’achetait quand il pouvait. Il devait aussi dans la mesure de ses moyens se rendre utile aux âmes.

Or, dans la soirée du 14 septembre 1794, il s’était introduit dans la remise à charrettes d’un village de Mohon, la Ville-Jehan, et il y comptait sans doute passer la nuit, quand les aboiements furieux d’un méchant chien de garde le chassèrent de son asile. En même temps la fermière de la maison voisine, Marie Marivin, sortit de chez elle pour voir ce qui se passait. La paysanne le connaissait-elle ? Il n’y paraît pas. Le diacre, sans annoncer qui il était, demanda logement par charité ou pour argent, et la bonne fermière, lui trouvant l’air honnête et sans lui demander son nom, conduisit l’étranger dans un cellier tout proche, où il put se reposer. Il était environ dix heures du soir. Vers les deux heures de cette même nuit, le village de la Ville-Jehan fut cerné par un détachement du 7ème bataillon du Jura, aux ordres du lieutenant Desgoulle ; M. Gougeon était saisi au lit, il déclara son identité et la troupe remmena vers Ploërmel avec le fermier et la fermière, tous les deux accusés de recel, 15 septembre 1794.

271. — Le 19, les prisonniers furent dirigés sous escorte vers Lorient.

Le 3 octobre seulement, ils comparurent devant leurs juges. Tous les trois firent preuve en la circonstance de la plus parfaite loyauté. M. Gougeon, en particulier, après avoir déclaré hautement sa qualité de réfractaire, ne cacha rien de sa vie, tout en se refusant pourtant aux déclarations indiscrètes, qui auraient pu compromettre la vie des autres.

Il fut condamné à mort et ses biens confisqués tout comme les prêtres et pour avoir contrevenu à la loi des 29 et 30 vendémiaire an II, qui n’exceptait aucun ecclésiastique insermenté, son but étant de les exterminer. Il ne peut donc exister aucun doute que M. Gougeon a été mis à mort en haine des lois persécutrices révolutionnaires.

L’exécution eut lieu le lendemain 4 octobre, à Lorient, sur la place de la Montagne. Il avait 52 ans.

M. Gougeon eut l’heureuse fortune de passer sa dernière nuit en compagnie de M. Lévenas, vicaire d’Ambon, qui lui prodigua ses encouragements et toutes les consolations de son ministère, en attendant que le lendemain il le rejoigne dans la gloire, au paradis. On a négligé d’inscrire l'acte de décès du diacre Gougeon sur les registres d’état civil de Lorient, Mais son trépas ne fait pour cela aucun doute : son nom figure aux Archives du Morbihan, sur une liste cotée LZ, dossier 206, parmi les ecclésiastiques de ce département exécutés à Lorient.

Enfin, dans le même dépôt, sous la cote L 1213, on trouve une lettre adressée au directoire du Morbihan à propos de la vente de ses biens qui suivit son exécution. Parmi ces biens, figurait une maison indivise et le propriétaire de l’autre moitié justifiait ses réclamations.

M. le curé de Ploërmel n’a pu répondre que par des points d’interrogation sur les souvenirs laissés dans cette ville par le diacre Gougeon et sur les membres de sa famille tant paternels que maternels qu’il pourrait y avoir encore.

BIBLIOGRAPHIE.Semaine religieuse de Vannes, année 1911. — R. P. Le Falher, Les Prêtres du Morbihan victimes de la Révolution, op. cit. (1921), p. 104-124.

(Sources : Archives départementales du Morbihan, A 9, anciennement Z 500, L 1213).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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