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LA PAROISSE DE PLOEMEUR

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Du doyenné des Bois, à collation libre, une des plus grandes et des plus anciennes du diocèse, cette paroisse de Ploemeur, située sur le rivage de l’Océan et bordée à l'est par la rivière du Blavet, avait, dans les temps reculés, outre son recteur, plusieurs autres décimateurs, tels que les abbés de Sainte-Croix de Quimperlé et de Saint-Maurice de Carnoët, les prieurs de Lannenec et de Saint-Michel-des-Montagnes [Note : Formes anciennes de Ploemeur : Pluemeur, plebs, XIIème siècle (Dom Morice, P. I. 181.) — Plœmer, ecclesia, apud Kermenetheboy, 1287 (chapit. de Vannes). — Pleumour, 1370 (Dom Morice, P. I. 1641). Il est visible que ce mot, composé de Plou et Meur, signifie la grande bande, le grand peuple, la grande paroisse]. Dès 1595, son vaste territoire se trouvait partagé entre les 15 frairies suivantes : Locunolay, Saint-Phelan, Damany, qui s'étendaient de la rivière du Ter jusqu'aux limites de la paroisse de Quéven, Kerguélen [Note : Au XIIème siècle, d'après le cartulaire de Quimperlé, il y avait là un village de Kercuelen, appartenant à l'abbaye de Sainte-Croix. Jusqu'en 1790, il y eut une seigneurie.], allant du village de Larmor à celui de Lomener, Le Bourg, Saint-Laurent Kervagam, Larmor, Kermeur, Kerveneus, Keréven, Travalaïn, Lannenec, Brenzent et Pennonen [Note : Un document de 1777, qui est un aveu du prieur de Lannenec, donne des noms différents à ces frairies]. A la même date, il est fait mention d'une division purement ecclésiastique et en fractions plus considérables, c'est-à-dire en quatre trèves ; mais les noms de ces succursales ne sont malheureusement point donnés, et il faut venir jusqu'en 1666 pour rencontrer la qualité de trève, attribuée à Saint-Phelan, et jusqu'en 1726 pour trouver la dénomination de trève de Keranhoët, qu'on ne sait, d'ailleurs où placer et auxquelles il faut ajouter celle de Larmor. Quoi-qu'il en soit de cette dernière division, il est certain que le prieur de Saint-Michel-des-Montagnes dîmait seul sur son propre terrain et sur les quatre premières frairies citées plus haut, qui étaient les plus riches et embrassaient près d'un quart de la paroisse. La part du recteur était néanmoins belle encore et tellement importante qu'elle eut le malheur d'attirer sur elle les regards de l'administration ecclésiastique, et voici à quelle occasion. Les revenus de la mense capitulaire de Vannes se trouvèrent réduits au point que, les chanoines ne pouvant plus vivre dans la cité épiscopale, se faisaient conférer d'autres bénéfices et s'y retiraient. Pour les retenir à Vannes et soutenir l'office canonial, l'évêque Henri Tors, par un décret de 1287 et daté du jeudi après la fête de Saint-Luc qui se célèbre le 18 octobre, annexa à leur mense dîmes rectoriales de Plœmeur (Ploemeur) et laissa au titulaire du bénéfice les autres fruits pour lui tenir lieu de portion congrue. Le 24 août 1319, cette union fut approuvée et confirmée par l'archevêque de Tours comme métropolitaine On verra, au catalogue des titulaires, le motif probable de cette confirmation.

Les conditions établies par le décret de 1287 se modifièrent souvent par la suite. Ainsi, en 1493, le chapître percevait les dîmes et les prémices, à la place du recteur, et fournissait annuellement à celui-ci six tonneaux et quatre perrées et demie de froment, avec deux tonneaux de seigle. Un siècle plus tard, recteur et chapître eurent, en 1595, un long procès sur la même question et sans qu'on en sache l'issue, à moins de supposer, comme c'est vraisemblable, qu'il donna lieu à une nouvelle convention, en vertu de laquelle, le recteur dîmait seul, dans le premier quart du XVIIème siècle, sur les frairies de Kervagam, de Kermeur et de Kerveneus. Il en était encore autrement, en 1726. Alors, en effet, levées à la 11ème gerbe, les dîmes des frairies de Locunolay, Damany et Keranhoët, cette dernière se confondant peut-être avec celle de Kerguélen, se partageaient entre le prieur de Saint-Michel et le recteur, le prieur en prenant les deux tiers et laissant le reste au recteur pour sa portion congrue. Au commencement du XVIIIème siècle, l'érection de Lorient en paroisse démembrée de celle de Plœmeur (Ploemeur) vint encore diminuer les revenus de ce recteur, bien que, sur le nouveau bénéfice, une rente annuelle de 60 livres lui eût été assurée. Aussi, lorsque la Révolution éclata, le titulaire de Plœmeur n'avait-il, suivant sa déclaration de 1791, que 1.245 livres, produit de ses dîmes, auxquelles venaient s'ajouter les 60 livres de la pension sur la paroisse de Lorient pour former un total de 1.305 livres ; mais les charges étant de 549 livres 14 sols, il ne lui restait définitivement, des gros fruits de son bénéfice, que la modique somme de 795 livres 6 sols. Il convient toutefois d'ajouter qu'il trouvait un supplément considérable dans son casuel et dans sa part aux oblations faites aux nombreuses chapelles qui s'élevaient sur le territoire de sa paroisse.

Cependant il n'avait pas l'avantage ordinaire de se voir toujours logé gratuitement, dans un presbytère, parce que, détruit pendant les guerres de la Ligue, celui de Plœmeur (Ploemeur) ne se trouva rebâti et habitable qu'en 1702, comme on va le dire : « Dans le même temps, (mars 1590), se trouvant en expédition sur la paroisse de Plœmeur, une troupe de royaliste de Blavet y surprit seigneur de Kerouzéré, qui fut poursuivi jusque dans le bourg et se réfugia dans le presbytère. Kerouzéré s'y défendit longtemps. Camors (qui était à Hennebont) averti vola à son secours ; mais il arriva trop tard : Kerouzéré, forcé de se rendre, fut emmené prisonnier au château de Guémené. Le presbytère de Plœmeur souffrit tellement de cette espèce de siège, qu'y soutint Kerouzéré, qu'il cessa d'être habitable. Les recteurs de cette paroisse logèrent dans des maisons particulières. En 1641, le recteur Richard Esvan, fatigué de cet état de choses, assigna le général de la paroisse devant la juridiction royale d'Hennebont, qui le condamna à verser entre les mains dudit recteur une somme de 60 livres destinée à payer les frais de lettres-patentes de la Chambre de Bretagne autorisant une levée de deniers sur la paroisse pour reconstruire le presbytère. Par acte du 23 mai 1641, passé à Plœmeur (Ploemeur) devant Y. Melou, notaire de la Rochemoysan, les fondés de pouvoirs du général de la paroisse s'engagèrent à payer annuellement à leur recteur une somme de 40 livres jusqu'à l'achèvement du presbytère: ce qui n'eut lieu que bien des années après, en 1702. En 1699, la paroisse de Plœmeur (Ploemeur) intenta un procès aux principaux décimateurs : les Pères de l'Oratoire de Nantes, prieurs du prieuré de Saint-Michel-des-Montagnes ; aux abbés de Saint-Maurice et de Quimperlé ; au prieur commendataire de Lannenec et au chapître de Vannes, pour les contraindre à contribuer aux frais de reconstruction du presbytère, et il obtint gain de cause par arrêt du 23 avril 1700, rendu par le Présidial de Vannes. Enfin, le 24 août 1700, plus de 110 ans après le combat que nous venons de citer, messire Buléon, recteur de Plœmeur, et le général de la paroisse arrêtèrent, avéc le sieur Jean Le Moigno, architecte, les conditions de reconstruction du presbytère, qui fut enfin terminé en 1702 » (Article de M. Jégou sur le Port de Blavet et Jérôme d'Arradon, seigneur de Quinipily). Pendant tout ce temps, les recteurs successifs de Plœmeur (Ploemeur) ne continuèrent pas moins à jouir comme ils purent des dépendances de ce presbytère, qui se composaient d’un jardin, d'une cour, d'un verger et d'un pré, dont les revenus annuels devaient être assurément bien médiocres.

Quant à l'église paroissiale, placée sous le double vocable des saints apôtres Pierre et Paul, elle menaçait ruine, en 1666. Vingt ans plus tard, on se contenta cependant de rebâtir sa tour sur le portail occidental. La preniière pierre en fut posée, le 1er juin 1686, date qui s'y lit encore. Les pierres, qui servirent à l'édifier, furent extraites de la métairie du Merdy, sur la frairie du Brenzent. A quelques années de là, cette tour reçut quatre cloches qui, fondues à Plœmeur même, dans la nuit du 29 au 30 décembre 1725, par Joseph Le Beurrier, fondeur à Vannes, furent bénites le 13 janvier suivant. Deux d'entre elles, la deuxième et la troisième, durent être remplacées par des nouvelles, dont la bénédiction eut lieu le 21 juillet 1783. Dans cette même année, on refit le chœur et le rétable, et l'on plaça, dans ce chœur, un maître-autel à la romaine, avec neuf stalles semblables à celles de Notre-Dame du Mené, à Vannes. Dès 1667, cette églisé renfermait une chapelle du Rosaire.

Plusieurs chapelles, avons-nous déjà dit, s’élevaient sur le territoire de Plœmeur (Ploemeur). Elles y étaient, en effet, au nombre de vingt-huit au moins.

Pour commencer par la plus remarquable, c'était d'abord celle de Notre-Dame de Larmor [Note : Formes anciennes de Notre-Dame de Larmor : Locmaria-Annarvor, 1430 (seigneurie de Coatdor). — Locmaria-Larmor, 1477 (Ibid.) — D'après le Dictionnaire topographique de M. Rosenzweig, Larmor aurait été trêve de Plœmeur]. Dans l'intérieur de l'édifice, on voit encore un blason aux armes de la famille de Chef-du-Bois, avec une inscription portant la date de 1506. Sur son côté septentrional, il porte une large tour carrée en pierre, surmontée d'une flèche également en pierre. Une inscription extérieure indique que la première pierre de cette tour fut posée en 1615. Elle reçut une nouvelle cloche, dont la bénédiction eut lieu le 8 juin 1784. Cette chapelle fut autrefois très fréquentée, et des fidèles nombreux s'y rendaient de loin en pèlerinage ; mais la découverte, en 1625, de la statue miraculeuse de sainte Anne et l'établissement de son pèlerinage vinrent, détourner ce courant et tarir la source des oblations considérables qui tombaient dans cette chapelle, comme nous l'apprend, en ces termes, une déclaration faite, le 19 avril 1640, par le procureur de la fabrique de Larmor : « Le casuel du revenu de laquelle chapelle consistant à présent en fort peu d'oblations, les dévotions étant diverties par l'église et chapelle de Sainte-Anne, en la paroisse de Pluneret, près Auray ; en laquelle chapelle de Notre-Dame de Larmor est requis de faire de grandes réparations des ruines qui y arrivent journellement, étant située sur le bord de la mer » (Renseignements extraits des Annales Lorientaises, publiées par M. Jégou, années 1866 et 1867). Elle renfermait les tombeaux de plusieurs familles nobles du pays et des environs, tels que ceux des seigneurs du Ter, de Kermassonnet, de Kérivilly, de Chef-du-Bois, de Kervégan en Arzanno, de la Saudraye en Guidel. Ce dernier y avait même droit de chapelle prohibitive, comme il résulte d'un aveu au roi, du 29 novembre 1519, dans lequel se trouve ce passage : « Pareillement à luy apartient et est en pocession d'avoir une chapelle prohibitiffve à tous autres en l'esglise et chapelle Nostre-Dame de Larmor située en la paroisse de Plœmeur au costé de l'épistre et ses armes en la vitre du pignon et en costé en plusieurs endroicts de ladite chapelle ». On y voit encore, paraît-il, servant de dallage, dans ce côté de l'épître, deux pierres tombales portant des armoiries à peu près frustes. Pour leur droit d'enfeux et de bancs dans cette chapelle, les susdits seigneurs payaient certaines redevances annuelles au procureur qui, en retour, était tenu de fournir à chacun deux cierges d'une livre de cire, à la fête de la Chandeleur. Mais, imitant les pèlerins qui se dirigeaient vers Sainte-Anne, les seigneurs se mirent, eux-mêmes, à abandonner cette chapelle et, par suite, cessèrent de payer les rentes qui lui étaient dues, comme nous l'apprend ce passage d'une déclaration faite par le trésorier, le 5 juillet 1689 : « Il estoit dû quantité d'autres rentes pour les tombes et bancs de la noblesse, mais qui ne se payent plus ». Peut-être en souvenir d'un passé lointain et trouvant leur chapelle suffisante, les frairiens de Larmor s'adressèrent, le 27 décembre 1790, au directoire du district d'Hennebont, pour le prier de faire ériger leur quartier, sinon en paroisse, du moins en trève, et de leur accorder deux prêtres. Après avoir pris l'avis de la municipalité de Plœmeur (Ploemeur), ce directoire leur répondit qu'on verrait lors de la nouvelle circonscription des paroisses. On ne vit rien, et la frairie de Larmor resta ce qu'elle était auparavant.

Les autres chapelles, qui relevaient du recteur et appartenaient à la paroisse, étaient celles de Saint-Bieuzy, au village de ce nom, pour laquelle une nouvelle cloche fut bénite, le 5 juillet 1734, et qui existait encore, en 1791 ; de Saint-Thuriau, comme celle de Saint-Léonard, en un lieu inconnu, et existant aussi toutes les deux à la fin du XVIIIème siècle ; de Saint-Maudé, qui, en 1791, se voyait encore au hameau de ce nom et siège d'une seigneurie ; de Saint-Mathurin, au hameau auquel elle donna son nom ; de Saint-Tugdual, qu'il était question de détruire ou d'aliéner, mais qu'une réclamation de la fabrique de Plœmeur (Ploemeur) fit, en 1812, conserver comme chapelle de secours ; de Saint-Simon et de Saint-Jude, aussi au village de ce nom ; de Saint-Germain , en un lieu inconnu ; de Saint-Adrien, sans doute aussi au village qui porte son nom ; de Saint-Laurent, en un lieu qu'on ne peut indiquer, mais pour laquelle une nouvelle cloche fut encore bénite, le 14 juillet 1736 ; de Sainte-Anne, au village de ce nom, auprès du bourg ; de Notre-Dame-de-Pitié, aux village de Locmaria ; de la Madeleine, au village de Poulorio, maintenant en la paroisse de Lorient, et dans laquelle le cordier Pierre le Meur fut encore inhumé, le 8 avril 1668 ; de la Vraie-Croix, au village de Kergroise qui fait aussi partie de la paroisse de Lorient et se trouve mentionné, dès le commencement du XIIème siècle, sous le nom de Kerancroës, c'est-à-dire de village de la Croix.

Voilà déjà une longue énumération, et cependant ce n'est point encore tout. Plusieurs manoirs avaient aussi leurs chapelles domestiques. Ainsi, celui de Brenzent-Goudallou possédait encore en 1790, la sienne placée sous le vocable de saint Quintin ? A la même date, on rencontre auprès du village auquel elle avait donné son nom, la chapelle de Saint-Armel qui, au XVIème siècle, dépendait du château de Tréfaven, ainsi que celle de Saint Christophe de Scorff, située, à Kerentrech et démembrée aussi de Plœmeur (Ploemeur), pour faire partie de la nouvelle paroisse de Lorient, en attendant qu'elle devint elle-même église paroissiale. L'existence de celle de Saint-Jean-l'Évangéliste, dans la cour du château de Saint-Uhel (Judicaël), nous est révélée par la bénédiction, le 7 août 1783, d'une cloche destinée à cette chapelle. Il paraît que le manoir de Kergazer avait eu aussi la sienne, disparue peu avant 1666 et probablement ruinée pendant les guerres de la Ligue. Dans ses Annales lorientaises, déjà citées, M. Jégou mentionne, en outre, les chapelles de Keroman, au hameau de ce nom, qui fut une seigneurie, et de la Croix-Neuve, que je ne sais où placer, pas plus que je ne connais leurs titulaires respectifs. Enfin, on présume que le village de Saint-Déron, ancienne seigneurie, avait eu jadis un manoir et, celui-ci, sa chapelle domestique.

Malgré cette addition, la liste des chapelles comprises sur le territoire de Plœmeur (Ploemeur) est loin d'être complète. Il reste encore à indiquer ceux de ces édifices qui appartenaient à des établissements monastiques.

Ici, la plus ancienne chapelle de ce genre devait être celle de Sainte-Ninnoc. L'histoire, la tradition et les légendes rapportent qu'une princesse cambrienne, du nom de Ninnoc, fuyant la fureur des Anglo-Saxons qui ravageaient la Grande Bretagne et traversant la mer, à la tête d'un groupe nombreux de chrétiens comme elle, vint débarquer en ce point de l'Armorique, vers le milieu du Vème siècle, et y fonda le premier monastère de femmes connu en Bretagne. Elle mourut dans ce couvent et lui laissa son nom. Ruiné par les Normands du IXème ou du Xème siècle, l'établissement de Lannenec [Note : Lan-Ninnoc, XIIème siècle (Dom Moriee, P. I, 182). Cet historien ne donne que des extraits des actes de cette sainte, rédigés peu de temps après son bienheureux trépas, comme il résulte de l’asaertion de Gurhédin, auteur du cartulaire de Quimperlé, au XIIème siècle, et affirmant que le manuscrit, dans lequel il les avait lus, était déjà fort ancien], dont je ne veux point ici faire l'histoire, ne fut point, au XIème, restitué à sa destination primitive, mais réduit à l'état de prieuré d'hommes et annexé, a une date inconnue, à l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé, dont il est resté membre jusqu'à la Révolution. Ce groupe considérable de chrétiens des deux sexes, que conduisit en ce lieu sainte Ninnoc, ne serait-il pas le grand Plou auquel il faudrait rapporter l'origine de la paroisse de Plœmeur (Ploemeur) ? Il serait, je crois, bien difficile de contredire l'assertion qui l'affirmerait. Quoiqu'il en soit, traversant les siècles, la chapelle de cette sainte, pour laquelle une nouvelle cloche fut bénite, le 31 mai 1718, existait encore en 1791.

Plœmeur (Ploemeur) renfermait un second établissement monastique. C'était le prieuré de Saint-Michel-des-Montagnes, fondé, en 1037, par l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé avec la terre des Montagnes, déjà possédée par elle sur le continent, et l’île de Tanguethen, à la rencontre du Blavet et du Scorff, que venait de lui donner, en cette année même, Huélin, seigneur d'Hennebont. Sur un tumulus, situé dans cette île, s'élevait une chapelle placée sous le vocable de l'Archange qui aime les hauteurs ; et c'est du titulaire de cet édifice que, changeant son vieux nom, l'île de Tanguethen prit celui de Saint-Michel. Après la suppression de la conventualité dans ce petit monastère, avant et après son union au collège des oratoriens de Nantes, en 1615, la chapelle de Saint-Michel, comme les autres chapelles relevant de ce prieuré, fut desservie, pendant plusieurs siècles, par des chapelains que rétribuait le titulaire du bénéfice. Cet état de choses dura jusque vers 1640, époque à laquelle le chapelain Jacques Grandin, qui habitait la maison prieurale située au lieu susdit des Montagnes, fut tué, sur le chemin, en se rendant de sa demeure à cette chapelle, d'un coup d'arquebuse, tiré, pensa-t-on, par le fermier du prieuré, qui pouvait avoir intérêt à se débarrasser de ce témoin de ses malversations. Le service y fut fait ensuite par le clergé de Plœmeur (Ploemeur) jusqu'en 1645. Alors on cessa d'y célébrer la messe, à cause du mauvais état de l'édifice. Quoique chargé par son bail d'y faire acquitter le service divin, le fermier, au lieu de réparer la chapelle, comme c'était aussi son devoir, trouva beaucoup plus simple et surtout doublement économique d'en faire murer les ouvertures, sous le singulier prétexte de vouloir préserver l'intérieur contre toute profanation. Rebâtie plus tard à neuf, elle fut toujours, ainsi que l'atteste un document de 1726, le but d'un grand Pardon, à chaque fête de Saint-Michel, qui se célèbre le 29 septembre. Vers 1830, cet édifice du XVIIème siècle se vit remplacer, à son tour, par un nouveau, destiné à servir de chapelle au lazaret qu'on venait d'établir sur l’île.

Ce même îlot renfermait une seconde chapelle : celle de Notre-Dame de Plascaër, bâtie, à une date inconnue, par les moines de Quimperlé. En 1650, il n'en restait plus debout que des pans de murailles. Le susdit fermier du prieuré les fit abattre. Les pierres de taille qu'il en put extraire furent, par ses ordres, embarquées sur des chaloupes et transportées au manoir du Plessix, en Caudan et appartenant à son frère, pour être employées à bâtir des écuries. Le directeur de la Compagnie des Indes fit, en 1720, enlever les autres pierres qui servirent à faire les quais de Lorient.

Auprès de la maison des Montagnes, en terre ferme, il y avait la chapelle de Saint-Christophe des Montagnes, qui passait pour avoir été la première chapelle prieurale. Elle existait encore en 1765, et un bail de cette année chargeait le fermier du prieuré de l'entretenir en bon état de réparation.

Ce prieuré possédait également celle de Saint-Gabriel, qui s'élevait dans le champ encore connu sous le nom de Ar Gorlannau, auprès du moulin à vent de Bec-er-Groix. Comme plusieurs des autres, elle fut ruinée pendant les guerres de la Ligue. En 1650, il n'en restait plus debout que des pans, de murailles. Le fermier, le plus cruel ennemi qu'ait rencontré cet infortuné bénéfice, les fit aussi abattre et en transporter les pierres de taille au château du Plessix, où elles reçurent la destination ignoble que sait.

Relevant aussi de ce prieuré de Saint-Michel et située non loin du village de Kervenannec, la chapelle de Saint-Nicolas ne montrait pareillement, en 1650, que des pans de murailles. Le même vandale les fit raser et en employer les matériaux à construire le moulin à vent des Montagnes. Les oratoriens de Nantes nourrirent toujours le projet de la rebâtir, comme il résulte d'une clause insérée au bail du 28 juin 1765, et chargeant le fermier de ses réparations, lorsqu'elle aurait été réédifiée.

Enfin, à ce prieuré appartenait également la chapelle de Saint-Antoine, qui devait s'élever dans les environs du village de Kermelo et dont on ne connaît plus la moindre trace.

En terminant avec ces édifices, religieux, je ferai encore remarquer que la paroisse de Ploemeur (Plœmeur) renfermait jadis des localités, villages ou seigneuries, qui, comme Moustoir-Berhiet, Moustoir-Phelan, Locqueltas et Lomener, portaient des noms significatifs et trahissant d'ordinaire une origine monastique ou l'existence d'un monument consacré à la religion.

Que les deux premières aient, avant les ravages des Norrnands, possédé des monastères, on n'en peut guère douter. Il est de même très permis de supposer que les dernières eurent chacune sa chapelle [Note : C'est aussi l'opinion exprimée par M. Jégou dans ses Annales lorientaises. Je me fais un devoir de reconnaître que j'ai puisé dans ce travail, la majeure partie de mes renseignements sur les chapelles de Plœmeur].

Outre son rectorat et les deux prieurés d'hommes de Lannenec et de Saint-Michel-des-Montagnes, la paroisse de Ploemeur (Plœmeur) renfermait plusieurs autres petits bénéfices secondaires. A lui seul, le pouillé de 1516 en mentionne trois : la sacristie de l'église paroissiale, sacristia de Plœmeur, une chapellenie qui n'a laissé de traces de son existence que dans ce document, capellania per Dominum du Vere fundata et enfin une autre chapellenie de Saint-Judicaël, dite aussi chapellenie de Tréfaven [Note : Mentionné dès 1218 (Dom Morice, P. I, 709), sous le nom de Treisfaven, ce manoir devint, au XVème siècle, le chef-lieu de la juridiction ou de la seigneurie de la Roche-Moisan. Detruit en partie, il sert à la fin du XIXème siècle de poudrière à l'arsenal de Lorient], manoir noble et siège primitif de la seigneurie des fiefs-de-Léon, capellania de Trefaven, seu sancti Juzeti.

Il y avait ensuite la chapellenie de Jean Jégo ou du Pavillon, fondée, le 26 juin 1667, par Jean Jégo et Bertrand Garro, membres de la communauté des prêtres de Plœmeur (Ploemeur), qui en réservèrent la présentation au général de la paroisse, en attribuèrent la collation à l'Ordinaire, la chargèrent de 12 messes basses à célébrer, par an, à l'autel et chapelle du Rosaire, dans l'église paroissiale. Sa dotation se composait d'une maison avec pavillon, au bourg, et d'une rente annuelle de 62 livres 10 sous, assise sur quatre maisons situées au même lieu. A la fin du XVIIIème siècle, elle avait encore un titulaire.

Dans la chapelle de Locmnaria devait, sans doute, se desservir la chapellenie de Notre-Dame-de-Pitié de Locmaria, en Plœmeur, préséntée, en 1699, par un brevet royal, à Antoine Lhermite, secrétaire de l'évêché de Vannes, qui en prit possession le 2 décembre de la même année. Comme, c'est là l'unique renseignement qu'il ait été donné de rencontrer sur ce bénéfice, l'existence canonique de cette chapellenie reste fort douteuse. Au XVIIème siècle encore, surtout dans les premières années, on ne se gênait pas toujours pour inventer des titres de bénéfices qui n'avaient jamais été ni fondés, ni canoniquement érigés.

Le cas s'est précisément présenté ici. Tenté par les riches oblations, qui tombaient dans la chapelle de Notre-Dame de Larmor et dont une partie tournait au profit du recteur, tandis que le reste se consacrait aux réparations et à l'entretien de l'édifice, un prêtre du nom de Lucas ou Luc Le Leslé invente le titre d'une chapellenie de Notre-Dame de Larmor, qu'il dit desservie dans cette chapelle et depuis longtemps abandonnée, et ose adresser une supplique au Saint-Siège, pour se la faire conférer. Comme on sortait à peine des commotions et des graves désordres produits par les troubles de la Ligue, les assertions de ce postulant ne furent point examinées d'assez près, et, en conséquence, le 22 février 1613, des provisions lui furent délivrées en Cour de Rome pour ce prétendu bénéfice, dont il se hâta de prendre possession le 18 juin suivant. Informé de ce qui venait de se passer, le recteur, peu fidèle observateur des canons sur la résidence, ne voulut point consentir à être victime d'une pareille supercherie. Croyant avoir parfaitement réussi dans son projet, le prétendu chapelain, de son côté, ne se décidait point à lâcher prise. Pour vider le différend, il fallut recourir aux tribunaux. Il s'engagea donc un procès, qui fut porté à la barre du Présidial. Conforme à la justice, une sentence du 30 août 1614 vint donner raison au recteur, débouter Luc Le Leslé de ses extravagantes prétentions et le condamner aux frais. Ce dernier dut alors comprendre, mais un peu tard, que, loin de lui procurer un bénéfice, avec ses beaux revenus, son expédition lui avait coûté de nombreux écus.

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Recteurs de Ploemeur.

1287… Nicolas de Redené, prêtre et chanoine de Vannes, consentit et prépara même, peut-être, l'union des dîmes de sa paroisse à la mense capitulaire. Il fut probablement titulaire de ce bénéfice jusqu'en 1319, et ce fut vraisemblablement à sa mort ou à sa résignation que, par précaution et pour mettre le décret d'annexion plus à l'abri contre les attaques d'un nouveau recteur, cet acte se trouva, le 24 août de cette année, corroboré par la confirmation du métropolitain.
....1322..... Jean de Brembis.
....1389.... Nicolas Rouxic ou Rouzic.
1488… Jean de Kerbescat.
1493… Pierre de Trévégat, chanoine de Vannes.
1493-1502. Olivier de Kerbescat.
1549. François Millau, résigna, peut-être plusieurs années avant son décès, en faveur du suivant, mais en se réservant tous les fruits ou revenus rectoriaux jusqu'à sa mort.
1549-1551. Eutrope Colin, pourvu en Cour de Rome dès avant 1549, ne survécut que deux ans à son prédécesseur.
1551-1568. Jacques Fabri ou Le Fèvre, chanoine de Vannes et recteur de plusieurs autres paroisses.
1568-1583. R. Jean Gardie, pourvu par l'Ordinaire, résigna entre les mains du Pape en faveur du suivant.
1583-1594. Jean Balgor, pourvu en Cour de Rome, mourut en janvier.
1594. R. Louis Le Pipe, prêtre et originaire de Plœmeur, pourvu, le 14 février 1594, par le Légat du Pape à Paris, prit possession le 24 avril et résigna entre les mains de l'Ordinaire, le 16 décembre de la même année.
1594-1596. R. Claude de Chef-du-Bois, prêtre du diocèse et recteur de Plouhinec, pourvu par l'évêque, le jour de la résignation du précédent, prit possession le 17 du même mois. Ayant déjà résigné, lui aussi, il mourut en 1597. Comme il conserva, presque jusqu'à la veille de son décès, le rectorat de Plouhinec, il ne fut pas régulièrement recteur de Plœmeur, à cause de l'incompatibilité de ces deux bénéfices à charge d'âmes : mais il ne faut point oublier que nous nous trouvons ici au milieu des agitations de la Ligue dans ce pays.
1597. R. Nicolas N.... résigna, le 15 juillet 1597, entre les mains du Pape en faveur du suivant.
1597-1602. R. Jean Ézanno, originaire de Belz, pourvu en Cour de Rome, le jour même de la cession de son prédécesseur, résigna, lui-même, entre les mains de l'Ordinaire, le 8 novembre 1602. Son rectorat d'ici fut aussi irrégulier ; car, de 1589 à 1614, il posséda la paroisse de Mendon. Il trouvait que deux bénéfices valent mieux qu'un seul.
1602-1630. R. Henri Lennes, originaire de Plœmeur et recteur de Plouhinec, pourvu par Jean Juhel, vicaire général de Vannes, le jour de la cession faite par Ézanno, prit possession le 23 février 1603. Avancé en âge, il résigna entre les mains du Pape, le 4 octobre 1630, en faveur du suivant avec réserve d'une pension annuelle de 200 livres.
1630-1670. R. Richard Esvan, aussi originaire de Plœmeur, pourvu en Cour de Rome, le jour même de la cession de son prédécesseur, prit possession le 16 février 1631. En 1670, il résigna, à son tour, en faveur du suivant, et ne mourut qu'en 1686. Moins d'un an après son décès, le général de la paroisse intenta à ses héritiers un procès pour les sommes recueillies par lui en vue de la réédification du presbytère.
1670-1695. François Pittu, pourvu en Cour de Rome, à une date inconnue, mourut, le 10 janvier 1695, et fut inhumé, le 12, dans son église paroissiale.
1695-1703. Olivier Buléon, recteur de Lescoët, pourvu par l'Ordinaire, le 23 juin 1695, prit possession le 28. Il décéda dans le mois de septembre 1703 ; mais l'acte de son-décès ne se trouvant point aux registres de la paroisse, il est à présumer qu'il ne finit pas ses jours à Plœmeur (Ploemeur).
1704-1718. R. Thomas Morphy, prêtre du diocèse de Cornouaille, pourvu par le Pape, le 16 février 1704, prit possession le 9 août. Il résigna en Cour de Rome, le 8 octobre 1718, pour permuter avec le suivant et passer au diocèse de Nantes.
1718-1726. R. Yves Le Fraper, originaire de Landévant et recteur de Rouzé, auprès de Châteaubriant, dans le diocèse de Nantes, pourvu par le Pape, le 8 octobre 1718, prit possession le 11 mars suivant. En 1726, il dut résigner entre les mains de l'évêque et devint recteur de Melrand.
1726-1730. Guillaume Leziart, prêtre à Plœmeur et dit abbé du Terre, mourut, à l'âge de 62 ans, le 30 janvier 1730, et fut inhumé, le 1er février, dans son église.
1730-1755. R. Jean-Fleury Cauzer, prêtre du diocèse, se trouvait à Rome, lorsque, le 19 juillet 1730, le Pape lui conféra cette paroisse dont il vint prendre possession, le 2 mars de l'année suivante. Inexactement renseigné, sans doute, sur la date précise du décès de Léziart, l'évêque avait, dès le 25 mars 1730, donné des provisions pour Plœmeur à Jacques-Joseph Le Clerc, recteur de Saint-Jean-Brévelay, qui en avait pris possesssion le 5 avril. A son, retour de Rome, Cauzer le débouta de ses prétentions et resta seul paisible possesseur. Vieux et infirme, il résigna en Cour de Rome, le 14 février 1755, en faveur du suivant, avec réserve d'une pension annuelle de 600 livres pour le reste de ses jours.
1755-1760. R. Marc Le Rieux, originaire de Brech et curé de Lorient, pourvu par le Souverain Pontife, le 14 février 1755, prit possession le 13 avril. S'étant démis entre les mains de l'évêque, le 22 août 1760, il devint ensuite recteur de Pluneret.
1761-1778. R. Hyacinthe-Marie de Livoys, recteur de Cléguer, pourvu par l'Ordinaire, le 6 janvier 1761, prit possession le 9. Il donna procuration, le 2 octobre 1778, pour résigner en faveur du suivant, avec réserve d'une pension de 500 livres.
1778-1779. R. Jean-Louis Le Molgat, recteur de Landaul, pourvu par l'évêque, le 22 octobre 1778, et par le Pape, le 16 novembre suivant, l'Ordinaire n'ayant pas la faculté d'accepter les résignations in favorem qui sont réservées au Saint-Siège, résigna, à sers tour, entre les mains de l'évêque, le 3 février 1779, pour rester à Landaul, laissant son successeur chargé de fournir au précédent la susdite pension de 500 livres.
1779-1795. Marc Guillevic, prêtre du diocèse, originaire de Redon ou des environs et curé de Saint-David, trêve de Rédéné, pourvu par l'Ordinaire, le 4 février 1779, prit possession le 7. D'une grande activité et ayant refusé de prêter le serment prescrit par la Constitution civile du clergé, il ne pouvait manquer d'attirer sur lui l'attention des administrateurs de l'époque. Ce fut bien ce qui arriva, et cela sans tarder. Dès le 15 août 1791, la municipalité de Lorient écrivit, en effet, au directoire du district d'Hennebont, pour lui demander son prompt éloignement de Plœmeur (Ploemeur). Il était allé lui-même au-devant de cette mesure ; car il avait disparu et avait fait croire à son départ de sa paroisse, le 24 juin précédent. Il n'en était, sans doute, rien, et il se tenait soigneusement caché. Il fut cependant découvert et arrêté, on ne sait où ; car, le 21 août 1792, le directoire du département avise celui du district d'Hennebont, qu'il le dirige sur Port-Louis. Détenu dans la citadelle de cette localité et âgé de 43 ans, il déclare, le 9 septembre suivant, son intention de se déporter dans la partie septentrionale de l'Espagne. Sorti de cette forteresse, le 18, il se rendit à la baie de Cardelan, en Baden, et s'embarqua sur la goëlette La Flèche, coemandée par le capitaine Joseph. Petit. Il s'y trouvait, dans la soirée du 24, avec 25 autres ecclésiastiques que, comme lui, devaient, le lendemain, dire adieu à la patrie et se diriger, avec ce navire, vers les côtes espagnoles. Il en revint bientôt, puisqu'il se recontre ici, en 1795, accompagnant les chouans de Georges Cadoudal. Plus tard, il passa en Angleterre et stationnait encore à Londres, le 25 avril 1802. Aussi tenace dans ses opinions qu'ardent dans son zèle, il ne se soumit point aux conséquences du Concordat et eut le malheur de s'obstiner et de mourir à Paris, dans le schisme de la Petite-Église.

Pendant son absence, la paroisse de Ploemeur (Plœmeur) eut un recteur constitutionnel. Louis Esvan, originaire de Plœmeur même et desservant jusque-là le prieuré de Lannenec, refusa, une première fois, le bénéfice de sa nomination, le 3 avril 1791, par l'assemblée électorale du district d'Hennebont ; mais réélu, le 5, il finit par accepter. Avec la prétendue institution canonique accordée, le 25 juin, par Le Masle, qui se disait évêque du Morbihan, il s'installa, le 3 juillet, à Ploemeur (Plœmeur), où il se trouvait, encore en avril 1794, avec le titre de recteur et au traitement annuel de 2.400 livres. L'ordonnance épiscopale du 6 septembre 1802 nous le montre recteur de Brandérion.

(Abbé Luco).

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