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LA RÉVOLUTION A PLEYBER-CHRIST

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Les prêtres de Pleyber-Christ (Pléiber-Christ), au moment où s’ouvre la Révolution, étaient Jean Grall, recteur, et Hervé Le Veyer, vicaire.

Le premier, natif de Plouzévédé, après avoir été professeur de rhétorique au Collège de Léon, fut vicaire de Santec dès 1776. Recteur de Pléiber, il prit part, comme électeur non jureur, à l’élection qui donna Expilly comme évêque au Finistère (Peyron, Documents …, I, 14).

Ayant refusé le serment (Peyron, Documents ..., I, 96), il fut remplacé le 27 Mars 1791, par le constitutionnel Lefebvre, ancien vicaire de Saint-Melaine de Morlaix, qui fut installé le 17 Avril suivant (Archives de la Bibliothèque municipale de Morlaix). Voici le bel éloge que lui décerne le Conseil général de Pléiber (aujourd'hui Pleyber-Christ), dans une délibération lue au prône de la grand'messe, le dimanche 10 Avril 1791 : « Sensiblement affligé des changements des pasteurs dans notre paroisse, que nous désirions conserver ; dont la vie exemplaire est suivie par ses prêtres qui sont de très bonnes moeurs, qui travaillent avec édification sous ses ordres ; désirants et souhaitants de conserver un si bon pasteur qui a toujours mené une vie édifiante tant par ses instructions que prédications, et qui n’a jamais déclamé contre la Constitution, nous prions et supplions tous ceux qui doivent l’être de vouloir bien nous être favorables. Ce sont les voeux, souhaits et désirs des paroissiens de Pléiber-Christ ! De cette délibération le Conseil demande qu’une copie soit envoyée au district de Morlaix, au Département et même à l'Assemblée nationale » (Registre de délibération de la Municipalité du 9 Mai 1790 au 6 Messidor an IV, fol. 8).

Le 14 Mai M. Grall quitte le presbytère, pour se retirer dans une ferme de la paroisse, et l’abbé Lefebvre en prend, ce jour même, possession (Registre de délibération de la Municipalité du 9 Mai 1790 au 6 Messidor an IV, fol. 9). Ce dernier s’est joint alors en qualité de vicaire, le conformiste J. Cloastrou, ancien prêtre de Lannéanou. Le 2 Juin, en la fête de l'Ascension « les sacristes avaient sonné les cloches, comme à l’ordinaire pour la messe matinale, et le nouveau vicaire ne vaint pas la dire sans prévenir auparavant ». Dans l’après-midi, les vêpres furent supprimées et le nouveau clergé s’en alla au pardon de Saint-Donat.

Désirant faire connaissance au plus tôt avec ses nouveaux paroissiens, l’abbé Lefebvre les pria, le dimanche 6 Juin, à la messe matinale comme à la grand'messe, de venir lui donner leurs noms. Le Conseil municipal en prit ombrage et lui demanda de quel droit il agissait ainsi. Le curé l’ayant menacé de la venue de commissaires, il n’osa pas insister (Registre de délibération de la Municipalité du 9 Mai 1790 au 6 Messidor an IV, fol. 10).

Le soir de ce même jour se passa une scène assez curieuse.

Vers les six heures et demie, Pierre Maguet, du Moulin-Neuf, vint au presbytère demander un prêtre pour baptiser une petite fille. L’abbé Cloastrou le suivit à l’église et commença la cérémonie. Se trouvant en état d’ébriété, il ne pouvait articuler les paroles du Rituel. Ce que voyant, Yves Lancou et François Guiader, sacristains, allèrent en référer aux Conseillers municipaux, réunis au bourg pour dresser le procès-verbal de leur séance du matin. Ceux-ci, ceints de leur écharpe, se rendirent à l’église, où le sieur Cloastrou leur déclara qu’il n’était pas en état d’administrer le baptême et qu’il fallait appeler le curé Lefebvre. Celui-ci, à son tour, se rendit aux fonts baptismaux et voulut remplacer son confrère. Mais, hélas ! lui aussi se trouvait hors d’état de lire et de prononcer. L’ayant remarqué, les Municipaux interpellèrent à ce sujet les nombreux assistants qui d’une voix unanime, répondirent que l’abbé Lefebvre ne pouvait faire le baptême. Force fut de quérir, sur le désir du père, l’abbé Croguennec, qui, assisté de MM. Grall [Note : Le 3 Octobre 1792, M. Grall s’embarquera à Roscoff pour l'Angleterre (Peyron, Documents …, I, pp. 317-318). On le retrouve prêtre habitué à Pleiber, vers 1804-1806] et Le Veyer, fit décemment la cérémonie devant un grand nombre d’assistants, malgré les protestations de M. Lefebvre (Registre de délibération de Pleyber-Christ... fol. 11).

L’abbé Cloastrou fut remplacé au mois d'Août 1791 par Jean Laizet, et vicaire de Plougonven, lui aussi constitutionnel.

Une pénible aventure arriva au nouveau vicaire le 4 Octobre suivant.

Vers les cinq heures du soir, François Lever, du village de Kervern, lui présenta un enfant mâle à baptiser. A peine eut-il commencé les prières que les deux sacristains et les autres personnes présentes s’aperçurent qu’il ne pourrait continuer, par suite d’ébriété. On manda donc les officiers municipaux, que l’on mit au courant de l’événement. Ceux-ci, sur le désir de Lever, firent venir l’abbé Croguennec, qui se rendit à l’église. Laizet lui déclara qu’étant imprimé (sic) il allait se coucher, et encore une fois le prêtre assermenté tira d’embarras un prêtre conformiste, en administrant le baptême.

Ennuyés de ce nouvel incident, les Municipaux décidèrent d’adresser au district de Morlaix une copie de leur délibération à ce sujet, « pour mettre ordre aux scandales et troubles que de pareilles circonstances occasionnent à la paroisse de Pléiber-Christ » (Registre de délibération de Pleyber-Christ... fol. 18).

Quant au curé Lefebvre, il n’était pas sans tribulations.

Dès le début mois d'Août 1791, les bedeaux font la grève du chant, et laissent leur pauvre curé chanter seul les services et les enterrements, la grand'messe ; aux processions nul ne se présente pour porter la croix. L’abbé Lefebvre, dans une lettre du 7 Août s’en plaint amèrement aux Conseillers municipaux. Ceux-ci mandent aussitôt les sacristains, qui déclarent nettement que leurs fonctions sont rétribuées « sauf le chant qui est à leur volonté ». Un compte rendu de la séance est rédigé, et copie en est présentée au sieur Lefebvre (Registre de délibération de Pleyber-Christ... fol. 15,30).

Celui-ci engagea alors un enfant de choeur comme chantre, et le 17 Juin 1792, il demandait pour lui une indemnité aux Municipaux. Il réclamait en même temps, avec constance, un vespéral, un missel à chant et deux processionnaux. Le Conseil de la commune renvoya l’affaire au district.

Lefebvre, qui signe aux registres jusqu’au 10 Novembre 1792, renonce à sa cure le tridi pluviôse an II (22 Janvier 1794), pour se conformer à la loi de l'Assemblée nationale en date du 2 frimaire précédent (22 Novembre 1793). Il protestait, au surplus, de se conformer à tous les décrets de cette Assemblée (Registre de délibération de Pleyber-Christ... fol. 80).

Au cours de la réaction thermidorienne, une proclamation du représentant Bruc, datée de Vannes, 19 ventôse an III (9 Mars 1795), invitait les prêtres réfractaires cachés dans les campagnes à se montrer sans crainte et à comparaître devant les autorités.

Le 16 germinal (5 Avril), trois ecclésiastiques, domiciliés dans la commune, se présentèrent au bureau municipal de Pléiber, déclarant vouloir « paraître paisiblement dans la société » : Toussaint-Yves Costiou, ci-devant scholastique de Léon, son oncle Toussaint-Yves Le Floc’h, ci-devant recteur de Sizun, tous deux originaires de Lesneven, puis Hervé Le Veyer, ci-devant curé de Pléiber (aujourd'hui Pleyber-Christ), natif de Carantec. Voici leur âge et leur signalement : Costiou, « 30 ans 6 mois et quelques jours, ayant la taille de cinq pieds, cheveux et sourcils châtain, yeux bruns, gros nez, bouche moyenne, menton rond, front large, visage ovale » [Note : Il mourra chanoine de la cathédrale de Quimper le 29 Mars 1819. Ses reliques sont dans la chapelle du cimetière Saint-Louis (H. Pérennès)]. — Le Floc'h, « âgé de 58 ans 3 mois et 5 jours, ayant la taille de cinq pieds quatre pouces et demi, cheveux et sourcils gris, front large, nez aquilain, yeux roux, bouche moyenne, menton rond, visage ovale » (Abbé Le Roux. Prêtres et laïcs guillotinés, pp ; 126-127). — Le Veyer, « âgé de 52 ans 1 mois, ayant la taille de cinq pieds, cheveux et sourcils gris, front large, nez moyen, yeux bruns, bouche moyenne, menton rond, visage ovale » (Registre de délibération …, fol. 117).

Le 21 messidor (9 Juillet 1705), MM. Costiou et Le Veyer se présentèrent au bureau municipal pour y faire la déclaration suivante : « Les ennemis des ministres du culte catholique romain, ci-devant détenus et cachés à raison du refus du serment, ne cessent de nous imputer d’être réfractaires à la loi, et d’insinuer que nous sommes en révolte contre le gouvernement ».

« Les dits ministres ne sont point et n’ont point été réfractaires à la loi. Une loi prescrit aux fonctionnaires publics de jurer la ci-devant constitution du clergé ou d’abandonner leurs bénéfices. Nous n’avons point fait le serment, mais nous avons abandonné nos bénéfices, nous avons donc obéi et n’avons point été réfractaires. Nous ne sommes point, nous n’avons point été et ne serons jamais en révolte contre le gouvernement.

Disciples d’un Dieu de paix et d’amour, nous sommes par principe et par état soumis aux gouvernements de tous les pays où nous habitons.

Lorsque Jésus-Christ a envoyé ses apôtres prêcher l’évangile dans tout l’univers, il les envoya dans les républiques comme dans les monarchies, et telle est l’existence de cette religion toute divine qu’elle s’adapte à toute forme de gouvernement. Dire que le culte catholique romain ne peut s’exercer dans les républiques comme dans les monarchies, c’est calomnier ce culte et ses ministres ».

Le 15 thermidor (2 Août 1795), Toussaint Le Floc'h souscrit à cette déclaration, puis le 1er vendémiaire (23 Septembre), l’abbé Alain Le Roux, natif de Bodilis, qui fixe son domicile sur le territoire de la paroisse (Registre de délibération …, fol. 128, 131, 133).

Par la loi du 7 vendémiaire an IV (29 Septembre 1795), la Convention exigeait des prêtres la déclaration suivante : « Je reconnais que l’universalité des citoyens français est le souverain et je promets soumission et obéissance aux lois de la République » (Daniel Bernard, Documents et Notes sur l’histoire religieuse du Finistère sous le Directoire, pp. 34 ss.).

L’ayant prononcée au bureau municipal de Pléiber le 10 Novembre 1795, l'abbé Costiou ne tarde pas à la rétracter « reconnaissant qu’elle est un sujet de scandale et de division et que ses conséquences peuvent être dangereuses » (Registre de délibération …, fol. 134).

Lors de la dispersion des Ursulines de Saint-Pol-de-Léon, vers le début de 1796, neuf d’entre elles, originaires de Pléiber (aujourd'hui Pleyber-Christ), retournèrent dans leur paroisse natale. Ayant vécu d’abord dans leurs familles, elles purent bientôt se grouper dans une maison du bourg autour des Mères Marie-Anne Corre et Saint-Alexis Pape, et y instaurèrent une école qui ne tarda pas à prospérer.

On peut lire dans l’ouvrage de M. le chanoine Mesguen, ancien évêque de Poitiers, tous les services que Marie Pape, soeur de l'Ursuline, rendit aux prêtres cachés dans sa ferme de Kergoat-Vihan, à deux kilomètres et demi, Sud-Ouest du bourg (Trois cents ans d’apostolat (1629-1929). Les Ursulines de Saint-Pol-de-Léon, pp. 88-93).

Signalons enfin un document intéressant pour l’époque révolutionnaire : c’est un manuscrit rédigé par un nommé Gigant, de Pleiber-Christ (Pleyber-Christ). Ce cahier contient la généalogie de la famille Gigant et reproduit un assez grand nombre de chansons bretonnes hostiles aux prêtres assermentés.

(Archives de l'Evêché de Quimper et Léon)

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