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PLEURTUIT.

Le château du Pontbriand au XVIIIème siècle.

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Le touriste qui, poussé par la curiosité, s'en va jeter un coup d'oeil sur les deux hauts portiques à pilastres et à frontons que l'on distingue assez mal de la route nationale de Quiberon à Saint-Malo, à travers les frondaisons des arbres, se doute-t-il de l'imposant, château féodal qui s'élevait en ce lieu il y a à peine un peu plus d'un siècle ?

Nulle description bien complète ne nous en a du reste été conservée (du moins à notre connaissance), et le plan de 1781 qui ligure dans la Vie de la comtesse de Pontbriand, publiée en 1896 par le Père Chapotin, nous paraît mal s'accorder avec les détails sommaires que nous en ont laissés ses anciens propriétaires, tant sur leur déclaration de 1682 que sur leur aveu rendu en 1710 (Archives de la Loire-Inférieure, B 1313 et 1272).

D'après ces documents, le château de Pontbriand était composé de trois bâtiments principaux. L'un, dit « le grand corps de logis » construit en pierres de taille et flanqué de deux tours, était aspecté au midi. « Au côté occident » de celui-ci, s'élevait « autre corps de logis », dit « le vieux château » avec trois tours, l'une au devant, les deux autres derrière. Enfin, un « autre corps de logis, se dressait de l'autre côté de ladite cour », c'est-à-dire à l'orient. En outre deux tours fortifiées, encore armées de petits canons en 1704, protégeaient le pont-levis. A l'entour s'étendait une enceinte carrée d'environ 100 pas de côté, bastionnée aux angles et protégée par de vastes fossés à fond de cuve « revêtus en quelques endroits de contrescarpes », avec une chapelle s'élevant sur les bastions et un colombier, le tout contenant environ 85 ares de superficie. Cette belle demeure a subsisté telle jusqu'à la fin de la Révolution, mais alors les démolisseurs acharnés de l'époque s'acharnèrent sur elle et la firent disparaître, à l'exception du bâtiment de beau style que nous avons signalé et qui sert aujourd'hui d'habitation au fermier. Seules à présent, les douves desséchées et à demi comblées, marquent encore l'emplacement du vaste quadrilatère où fut autrefois le château fortifié du Pontbriand.

Tout auprès de l'enceinte seigneuriale se trouvait naguère « la basse-cour, fermée de murailles en quelques endroits et close ailleurs par lesdits fossés et contrescarpes », l'ensemble contenant environ 30 ares. Rien n'en subsiste présentement, pas plus que du « grand jardin et enclos, sis à l'est des fossés du château, avec au milieu un autre jardin clos de murailles », contenant un hectare et demi. A l'opposé de celui-ci, un troisième jardin, mesurant 35 ares seulement, était placé à l'ouest des fossés et contrescarpes.

Les arbres clairsemés, malingres et étriqués qui entourent le Pontbriand actuel, ne peuvent donner idée des trois hectares « de bois de haute futaye et de décoration » qui servaient de parc aux châtelains et s'étendaient vers la vallée du Frémur dans laquelle en 1710 la mer remontait alors librement. La hache du bûcheron a couché par terre leurs puissantes ramures ainsi que les grands chênes qui ombrageaient la rabine et avenue du Pontbriand, de même aussi la grande allée de « charmiers » qui traversait d'un bout à l'autre les champs Normand et celui de la Croix.

Aujourd'hui que les nécessités de ce que l'on est convenu. d'appeler le Progrès, ont créé tout autour du Pont-Tavet, récemment reconstruit, une vaste pièce d'eau avec usine de stérilisation, peut-être s'intéressera-t-on à ce que pouvaient être ces fraîches vallées voilà plusieurs années.

Depuis la grande chaussée (route nationale actuelle dont on doit la construction au duc d'Aiguillon dans la seconde moitié du XVIIIème siècle), l'aveu que nous utilisons nous apprend que s'étendait vers le sud la grande prairie du Pontbriand. Celle-ci bordait la rivière du Frémur, jusqu'au village du Pont-aux-Omnès, le tout contenant 35 journaux 65 cordes de terre (presque 18 hectares d'un seul tenant).

Au nord de la grande chaussée précitée, au-dessous de la maison ou « mesnagerie » de Beauregard, s'étendant jusqu'au Moulin-aux-Filles, alors affermé 285 livres à François David, la vallée se continuait, embrassant « le fond d'un vieil étang », le tout mesurant environ 7 journaux et demi de terre (presque 4 hectares).

Après le Moulin-aux-Filles, jusqu'à et par delà la vieille digue de la Gaultraie, se trouvaient les Grèves « ou pastures, sur lesquelles (s'exprime l'aveu que nous utilisons), la mer s'étendait toutes les grandes marées ; mais présentement (1710) que l'ancienne digue (de la Gaultraie) est réparée de l'année passée, on les met en labour, lesquelles grèves sont encore de nulle valeur jusqu'à quelques années » ; l'ensemble joignant au sud l'ancienne chaussée du fief du Moulin-aux-Filles et vers l'est aux terres de la Gaultraie ; le tout contenant 29 journaux 7 cordes de terre (presque 15 hectares) sis dans les paroisses de Pleurtuit, Ploubalay, Saint-Briac et Lancieux.

A l'extrémité de ces grèves, un sieur Recoursé (cf. Archives d'Ille-et-Vilaine, C 1928) obtint en 1772, au lieu dit les Roches-Gourdes (titre de 1632) (dont on a fait par corruption Roche-Gooud, appellation franco-anglaise qui ne rime à rien), un sieur Recoursé obtint, disons-nous, l'autorisation de construire une digue que le cataclysme de septembre 1929, a rompue en deux endroits. Ainsi est devenue à nouveau stérile pour une période indéfinie, grâce à l'inertie et à la passivité initiale des autorités locales, un vaste terrain rendu très productif grâce au labeur acharné de ses exploitants, lesquels, n'étant pas des bords de la Garonne n'ont reçu aucune indemnité des lourdes pertes éprouvées du fait de la reprise par la mer de leurs cultures. Qui fera revivre un Recoursé ou un Le Dos, individus d'activité et d'initiative, pour reconstituer à notre siècle de la vapeur et de l'électricité, la digue qu'édifia en 1774 avec les faibles moyens dont on disposait à cette époque, François du Bois-Gentry, qui dirigeait les travaux de la chaussée des Roches-Gourdes.

Il est vrai qu'il reste aux propriétaires, si gravement lésés, la ressource d'utiliser leurs terrains en marais salants. Au XVIIème siècle, alors que la Bretagne était exempte de l'impôt de la gabelle, nombreuses étaient les exploitations de sel sur nos côtes quand la configuration du terrain s'y prêtait. Tant du côté de Saint-Briac que de celui de Lancieux certaines pièces de terre comprises sous la dénomination générique de marais de Roches-Gourdes, portent encore aujourd'hui le nom spécifique de Salines ou de Salinettes. Nous possèdons dans nos archives plusieurs documents qui relatent l'existence de marais salants en ces endroits, entre autre un partage du 14 février 1632 qui parle « d'une salyne bastie et construite de pierres et maçonnal, couverte de glé et scittuée au marais du Frommutz (sic) [Note : Aujourd'hui on écrit Fremur], contenant ladite salyne 31 pieds de long (presque 8 mètres) et 19 pieds de large (6 mètres 33), avec ses grefves, marests, mondins, issues et déports mesurant 76 cordes (environ 45 ares), et 4 poëles de plomb y estant, servant à faire le sel menu et autres ustensiles servant à serrer le sablon ». Un partage encore antérieur comme date (il est du 24 octobre 1627), décrit une autre saline sise au marais de Fromeutz (sic), dépendante de la succession d'Olivier Marabœuf, en des termes à peu près identiques.

Mais c'est assez parlé de l'industrie du sel qui s'excerça autrefois dans les grèves des Roches-Gourdes, reprenons maintenant notre description des domaines des comtes de Pontbriand, en Saint-Briac et des droits féodaux qui y étaient attachés. (A. Le Masson).

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