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PLEUDIHEN-SUR-RANCE au XVIIème siècle, sous Louis XIV

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§ Ier. — UN PLEUDIHENNATS MIRACULÉ DE NOTRE-DAME DE NAZARETH EN 1644.

Après la découverte définitive, le 3 octobre 1644, de la statue vénérée de Notre-Dame de Nazareth, près de Plancoët, plusieurs miracles opérés aussitôt par son intercession et attirant déjà la foule des pèlerins à son sanctuaire provisoire, furent, les 14, 15 et 16 novembre de cette même année 1644, constatés par deux prêtres, l'un official, l'autre greffier ou secrétaire de l'évêque diocésain de Saint-Malo, après une enquête locale, dans un procès-verbal, dont la copie, dûment authentiquée, a été retrouvée aux Archives d'Ille-et-Vilaine (G, 101), par M. l'abbé Lemasson, vicaire à Saint-Jacut-de-la-Mer.

Or, parmi les miraculés se trouvait un Pleudihennais, souffrant de la vue, Pierre Bazire, dont la guérison, attestée à Nazareth même par lui et par deux de ses voisins, est consignée en ces termes :

Déposition de Pierre Bazire. — Pierre Bazire, laboureur, demeurant en la paroisse de Pleudihen, évesché de Dol, âgé de trente ans ou environ, par serment fait jurer de dire vérité et enquis, a dit qu'il y a environ cinq ou six ans, qu'il perdit entièrement la veüe et fut six semaines en cet état et du depuis sa veüe s'éclaircit quelque peu et néantmoins ne pouvait voir que de bien près et avec grande peine, nonobstant les saignées, remèdes et tresttements qu'il se faisait faire pour tascher de recouvrer sa veüe, ce que n'ayant peu faire et ayant eu advis, depuis les quinze derniers jours, qu'il se faisait tout plein de miracles à N.-D. de Nazareth, près Plancoët, il s'y serait voué et promis faire ce voyage, lequel il est venu présentement accomplir, que incontinent son voeu fait, il ressentit sa veüe estre grandement esclarcye et fortifiée.

Dit qu'il est venu de sa paroisse de Pleudihen, le jour d'hier, en ce lieu du Bas-Plancoët, sans s'égarer ny mesprendre son chemin, quoy qu'il n'y fust jamais venu et qu'encore ce jourd'huy estant allé visiter ladite chapelle où ladite image de Notre-Dame est posée, il luy semble encore voir plus clairement et qu'il y a mesme en ce lieu de ses voysins qui peuvent attester l'avoir veu aveugle. Et est ce qu'il a dit sçavoir ; lecture luy a été faite de sa déposition, a dit contenir vérité, y persiste et ne sçavoir signer. Signé : Duruau, official et Guyonne, greffier.

Déposition de Guyonne Bart, voisine Bazire. — Guyonne Le Bart, femme en secondes noces de François Samson, demeurant à présent à l'abbaye du Bas-Plancoët, âgée de 50 ans environ, autre thesmoinne par serment, faite jurer dire la vérité et enquise, a dit avoir bonne cognoissance que six ans sont ou environ, comme elle demeurait à Pleudihen, proche ledit Bazire, elle l'a veue entièrement aveugle et que son fils, Henry Soulabaille, le conduisait au bourg de Plouer, pour chercher des remèdes pour sa veue, depuis lequel temps sa veue luy revint quelque peu, lequel Bazire vint le jour d'hier en ce lieu pour y faire son voeu et à présent voit très bien. Et est ce qu'elle a dit sçavoir ; lecture luy faite de sa déposition, a dit contenir vérité et ne sçavoir signer. Signé : Charles Duruau, officiai, et Guihommatz, greffier.

Déposition de H. Soulabaille, voisin de Bazire. — Henry Soulabaille, filz de ladite Le Bart, précédante thesmoinne, et avec elle demeurant audit Bas-Plancoët, âgé de 15 ans ou environ, autre thesmoing par serment, fait jurer dire la vérité, et enquis, dépose avoir veu ledit Bazire, comme il demeurait à Pleudihen, qui ne voyait goutte, il y a environ six ans et l'avoir mesme conduit à Plouer, pour chercher des remèdes ; et quelque temps après, la veüe lui revint tant soit peu et luy avoir ouy dire qu'il s'estait voué à N.-D. d'auprès Plancoët, où le jour d'hier, il est venu faire son voyage et qu'il luy avait grandement amandé. Et est ce qu'il dit scavoir ; lecture luy faite de sa déposition, a dit contenir vérité et ne scavoir signer. Signé : Charles Duruau, official et Guilhommatz, greffier.

On voit avec quelle précaution l'autorité ecclésiastique fait affirmer, par des témoins dûment assermentés, l'état du malade avant et après le miracle, pour constater le caractère extraordinaire et surnaturel de la guérison réalisée.

 

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§ 2. — UNE PRISE DE POSSESSION D'IMMEUBLE EN 1674 A MORDREUC ET UNE DOUBLE TENTATIVE DES DINANNAIS CONTRE LA FRANCHISE DE CE PORT EN 1644 ET 1698.

Un de mes ancêtres maternels, Marc Junguené, époux de Bertranne Pommeret, gabarier à Mordreuc et acquéreur d'immeubles en 1674, procéda, suivant la coutume du XVIIème siècle, à la prise de possession effective, qui est intéressante en ce qu'elle rappelle un peu l'installation des recteurs.

En présence des vendeurs et de l'abbé Antoine Ferrard, procureur au bourg de Pleudihen, il prit possession de la maison acquise par lui à Mordreuc « en y entrant, en ouvrant et fermant les portes et fenêtres, en faisant faire fumée, boire et manger, en montant dans le grenier, en allant dans le jardin et les clos achetés, bêcher, caver, couper et planter bois sur bout en forme de plant, circuiter et environner de bouts et orées, aux uns et aux autres..... et généralement en faisant tous actes dénotant due et vraie possession, sans trouble ni empiètement de personne ». D'ailleurs, suivant l'usage, affiché à la porte de l'église, le contrat avait été, de plus, publié par un sergent ou huissier de Châteauneuf « à haute et intelligible voix, au bourg de Pleudihen, au lieu accoutumé à faire bannies et exploits publics, à l'issue de la grand'messe paroissiale, le peuple sortant d'icelle ».

Voici un second souvenir du XVIIème siècle, concernant Mordreuc, mais intéressant la paroisse entière de Pleudihen.

Tel a été de tout temps le commerce fait dans les havres de la Rance, qu'à l'exemple de Saint-Malo, la ville de Dinan percevait des droits d'octroi importants des deux côtés de la rivière, jusqu'au port d'Establehon ou Saint-Jean.

Sans parler de ceux perçus à Dinan même, ces droits étaient de 5 sous par charretée de bois merrain de 35 pieds cubes, de 45 sous par tonneau de toile, de 20 sous par tonneau de vin ou de fer, de 15 sous par tonneau de sel, d'après un arrêt du 17 février 1761, consigné aux Archives d'Ille-et-Vilaine. En 1773 il y eut même augmentation d'un tiers.

Aussi, à la veille de la Révolution de 1789, dans un cahier de doléances ou réclamations, rédigé à Châteauneuf par M. Jacques Michel de la Morvonnais, on constatera que « cette paroisse et plusieurs autres, voisines du bras de mer navigable entre Saint-Malo et Dinan, souffrent d'une extension abusive et vexatoire des droits d'octroi de ces deux villes, droits perçus sur les bois, cidres, vins et autres objets embarqués ou débarqués sur les deux rives, quoiqu'elles n'aient jamais fait de dépenses aux abords ni aux quais, et aux havres qui s'y trouvent ». On demande donc que les octrois soient limités aux villes et à leurs banlieues.

Déjà en 1698, en vertu d'une sentence de leur sénéchal, les Dinannais ayant établi au port de Mordreuc un bureau avec des commis, pour percevoir des droits sur les marchandises embarquées ou débarquées en cet endroit, le général ou corps des notables de Pleudihen avait pris, le 11 janvier 1699, une délibération pour s'y opposer ; et, de concert avec le recteur et le trésorier, avait chargé de la défense des intérêts communs Joseph Bouvet de la Maisonneuve, marchand de bois à Mordreuc, dont le père avait, dès 1644, fait débouter les Dinannais de pareille prétention, et qui réussit lui-même à les en faire débouter à nouveau, au moins pour un certain temps.

Nous allons bientôt voir que, pour cette intervention, Joseph Bouvet adressa ensuite à la commune de singulières réclamations.

 

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§ 3. — REMPLACEMENT DU PRESBYTÈRE (1696-1703).

En 1696, dans un procès-verbal de visite, pour terminer le procès intenté aux notables par le recteur M. François Gautier, l'évêque de Dol impose aux paroissiens de Pleudihen l'obligation de rebâtir ou de remplacer par un autre plus rapproché de l'église, le presbytère inhabité depuis 200 ans, réduit à l'état de masure, avec des murs n'ayant plus que trois pieds de haut, éloigné de mille pas, situé le long du chemin qui conduit du bourg à la Fontaine des Nöes, dans le fond d'un vallon humide, au nord, au bord de la mer, près la Gravelle, au bas des Champs Brunes.

Par délibération du 9 septembre 1696, le général ou assemblée des notables de la paroisse vote une imposition de 6.300 livres, de plus décide d'emprunter et d'accorder 2.000 livres à Bouvet-Maisonneuve, de Mordreuc, pour rebâtir ailleurs le presbytère.

Mais le roi rejeta cette imposition pour une bâtisse qui ne lui paraissait pas nécessaire. Son intendant en Bretagne, M. de Nointel — à peine de 500 livres d'amende pour les trésoriers et de la perte de leur argent pour les prêteurs — défendit de passer outre à l'emprunt et au marché conclu. Le procureur fiscal de la Bellière mit en demeure le général de Pleudihen d'enregistrer cette décision, communiquée aux trésoriers et lue en chaire. On dut s'exécuter et chercher une autre combinaison.

Alors, le 2 avril 1702, par acte passé devant M. Burgot, notaire de l'évêché de Dol, le général de Pleudihen achète pour 3.400 livres à Servan Lebret, sieur du Haut Rocher, la maison du bourg appartenant aujourd'hui à M. le Docteur Botrel et offrant un bas-relief de cheminée remarquable. Cette maison, située au bourg au sud de la rue Saint-Gilles, fut transférée de la juridiction de la Bellière à celle de Coëtquen, dont relevait le presbytère en ruines.

Le 15 mai 1703, l'intendant de Bretagne autorise la paroisse de Pleudihen à s'imposer 3.440 livres pour solder, avec les frais, l'immeuble ainsi acquis et encore connu sous le nom de Vieux Presbytère.

 

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§ 4. — LES PRÉTENTIONS ET LES PROCÈS DE BOUVET, DE MORDREUC, CONTRE LA PAROISSE, 1711.

Les deux difficultés ci-dessus mirent l'assemblée de la paroisse en rapport avec Joseph Bouvet-Maisonneuve, de Mordreuc, arrière-grand-père des deux amiraux Bouvet, dont il sera question par ailleurs.

D'où un double procès, raconté avec esprit dans les archives du presbytère. « Pour faire pressentir de quel procédé est capable le sieur Bouvet » devant le Présidial de Rennes, le trésorier de Pleudihen Bitebois rappelle que d'un premier procès, au rapport de Ninet, il résulte que « ledit demandeur est d'un peu de fortune acquise en son commerce de bois. Ne voulant plus paraître un homme du commun, il s'est mis en tête d'avoir un banc clos et prohibitif pour lui et les siens à perpétuité dans l'église dudit Pleudihen, pour s'y donner en public des airs de distinction les dimanches et fêtes. Il prétend même être exempt de contribution au paiement d'une maison acquise pour servir de presbytère, ce qu'aucun autre ne prétend — sans à ce sujet aucun titre qu'une délibération de la paroisse, portant un acte de marché, par lequel Bouvet s'oblige de faire bâtir et achever un presbytère pour 6.300 livres, parce que, en cette considération, il serait exempt d'y contribuer et aurait un banc prohibitif ».

Or le roi, par son intendant, a annulé cette délibération, dont Bouvet ne peut plus se prévaloir, sans esprit de révolte, pour réclamer le banc et l'exemption en cause.

Intenté par requête et procuration du 13 février et du 15 mars 1711, le second procès ne se soutient pas plus, au rapport de Lemoine. Bouvet, en effet, demande le remboursement de frais faits par lui, pour le compte de la paroisse, dans le procès gagné contre les Dinannais, qui voulaient établir des octrois à Mordreuc en 1699. Sa demande tardive n'est pas fondée.

En réalité, Bouvet, dans cette seconde instance, a surtout en vue la réussite de son premier procès fort risqué ; et il est prêt à renoncer à tout dommage-intérêt, moyennant la concession d'un banc à l'église de Pleudihen et l'exemption de contribuer au paiement du nouveau presbytère, « faveurs bien dues au défenseur de la patrie, pense sans doute Bouvet, se donnant de l'encens par sa demande ».

Le présidial est prié de débouter Bouvet, pour la raison qu'il a rendu peut-être service au recteur, aux trésoriers et au procureur de la localité, mais sans avoir obtenu aucune délibération de l'assemblée même de la paroisse ; — qu'il aurait dû, en tout cas, réclamer à temps les frais aux Dinannais et ne doit s'en prendre qu'à lui-même de sa négligence à cet égard, qu'en toute hypothèse, le délai de trois ans, écoulé depuis l'affaire, suffit à la prescription.

On déclare à nouveau, dans le Mémoire conservé au presbytère, que Bouvet n'a intenté le second procès que « par chagrin du premier procès, dont il parle avec un vif ressentiment, dans un écrit du 10 avril 1711, ce qui montre son mauvais procédé et sa passion dans les deux cas ».

Autres procès pour impôts en 1678 et 1679. — Avant Bouvet, d'autres montrèrent à Pleudihen l'esprit chicanier. Macé Cohue, sieur de la Préjentaie (endroit de Dinan d'où ce nom semble avoir passé à Pleudihen), et Joseph Cohue, sieur de la Pépinière, banquiers à Saint-Malo, à propos de leurs fouages à Pleudihen, introduisirent devant le Présidial de Rennes une première instance en 1678, contre Lorant Saiget et Bertrand Colombel, trésoriers de l'église et de la paroisse, et une seconde instance en 1679, contre les collecteurs Jan et Lorant Saiget, qui réclament une partie de leurs fermages du Pont-de-Cieux et du Val.

Les collecteurs ripostent qu'ils n'ont fait qu'exécuter le rôle dressé par les égailleurs ou répartiteurs, pour ne pas perdre les sommes réclamées, comme plusieurs collecteurs s'y sont résignés, par crainte de mauvais traitements et sous le coup de menaces.

(abbé Eugène Brébel).

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