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PLEUDIHEN : le régime de la terreur (1793-1794)

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§ 1. — LES DEUX AFFAIRES DE GILEAU ET DE SAINT-PIAT.

Dès le 15 août 1792, à la veille de la dissolution de l'Assemblée législative, au moment où les Prussiens envahissaient l'Est, la patrie étant déclarée en danger, le conseil municipal de Pleudihen (aujourd'hui Pleudihen-sur-Rance) avait chargé des commissaires de rédiger un cahier de références sur chaque citoyen, dans les dix sections de la commune.

La Convention, qui siégea du 21 septembre 1792 au 27 octobre 1795, inaugura définitivement contre les suspects, même laïques, un régime qu’on a justement appelé la Terreur, et qui fut marqué par des affaires impliquant des dénonciations, des enquêtes, des arrestations, sinon des exécutions capitales, à Pleudihen et aux environs.

Ainsi en 1793, du 30 mars au 2 avril, à Gileau près de Saint-Piat, Mathurin Desvaux, commandant de la garde nationale de Pleudihen, fait arrêter chez Félicissime Belhôte et conduire à Dinan un jeune homme, Jean Cocheril, venu de Médréac, qui, quoique ayant une cocarde tricolore à son chapeau, déclare avoir été enrôlé parmi les chouans par le maire de la susdite commune, moyennant 20 sous par jour, avec 500 hommes armés moitié de fusils, moitié d’instruments agricoles. Cette troupe serait allée à Plouasne, chez MM. de Saint-Pern et Caradeuc, qui ont promis de se mettre à sa tête, avec deux prêtres réfractaires, MM. Simon et Laviée, ce dernier rencontré à Caradeuc.

Cocheril, qu’on croit être l’abbé Belan, se dit filassier. Trouvé porteur de pains d’autel, il affirme que ce sont des pains à cacheter, qu’il n’est pas prêtre, quoique ayant un bréviaire, qu’il n’est pas non plus maire de Saint-Juvat, malgré un ruban tricolore reçu, déclare-t-il, du maire de Langrolay.

Le 22 avril, François Pommeret, laboureur à Villedé en Plouer, dit avoir vu Jean Cocheril écolier chez l’oncle de celui-ci, M. Guérin, recteur de ladite paroisse, et sa déposition est confirmée par Alexandre Brien, de la Renaudais, et Joseph Coupeau, des Landes. L’inculpé se serait seulement donné comme prêtre aux dévots et aux aristocrates, notamment à Mme Guitton, quand il logeait chez Félicissime Belhôte.

Le 30 frimaire 1793, le Directoire du district de Dinan interrogea un Georgelin de La Boussac, occupé encore à Gileau en Pleudihen, chez le fermier, à arranger de la filasse et allant en acheter à Plancoët.

L’affaire de Saint-Piat intéresse presque moins Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) que Saint-Hélen, commune voisine. Le 7 floréal 1794, le Comité de surveillance de Dinan renvoie à celui de Pleudihen une dénonciation au sujet de propos contraires à l'Unité républicaine et du refus de porter la cocarde tricolore, constatés dans la maison de Loisel, aubergiste à Saint-Piat.

Le Comité de surveillance de Pleudihen défère à celui de (S.) Hélen le propos de l’inculpé, Jean Robert.

Plus tard, le 12 thermidor, à la suite d’une nouvelle dénonciation, le Comité de surveillance de Dinan enquête encore auprès de celui de (S.) Hélen sur Boulleuc.

 

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§ 2. — LES DEUX AUTRES AFFAIRES FERRON DE LA VAIRIE ET FERRON DE LA SIGONNIÈRE.

Le 22 brumaire 1793, de Dinan on envoie perquisitionner et saisir, en la Vairie en Saint-Solen, canton de Pleudihen, le fils Ferron, émigré, dont un conseiller municipal de Léhon a signalé la rentrée en France. Le lendemain on fait transporter ses effets à Dinan.

Le 19 pluviôse 1794, vu le rétablissement de sa santé et la création d’une prison plus spacieuse au chef-lieu du district, on incarcère Henry Ferron, fils, Le 23, on le met à la conciergerie avec Auguste Ferron, pour le reconduire, le 4 ventôse, à la maison d’arrêt.

Le 23 germinal, la citoyenne Ferron de la Vairie, détenue elle-même à Dinan dans la maison de Plouer, près des Cordeliers, est appelée à fournir divers renseignements sur la citoyenne Danjou, chez qui on a perquisitionné.

Enfin le 23 thermidor, de cette même année 1794, on vend aux enchères la récolte de la métairie du bourg de Saint-Solen, appartenant à Ferron de la Vairie, père d’un émigré.

L’affaire Ferron de la Sigonnière regarde la commune même de Pleudihen. Le 13 messidor 1794, le Comité de surveillance de Dol signale à celui de Dinan la citoyenne Modeste Ferron, fille du propriétaire de la Villegiquel, comme étant en correspondance avec les émigrés, et demande qu’on la conduise de (S.) Samson à la prison de Dinan, où elle a déjà été détenue, en novembre 1793, lors de l’invasion des Vendéens en Bretagne.

Le 14, six canonniers de Dinan et deux commissaires vont chercher en vain l’accusée à la Mettrie en (?) Taden. Le 19, on la trouve enfin à Dinan, et quoique munie de deux passeports des municipalités de Roz-sur-Couesnon, son domicile, et de Dol, elle est arrêtée avec une ex-religieuse, sa soeur, et le 23 conduite à Dol, après un interrogatoire et après une perquisition, faite à son domicile de Taden, par deux membres du Comité de surveillance de cette dernière commune et par deux de celui de Dinan, qui ne trouvent rien.

Aussi, traduite devant le tribunal révolutionnaire de Paris, elle fut acquittée, et le 14 nivôse 1795 elle demandait au Directoire du district la permission de revenir à Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance), son pays natal.

 

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§ 3. — LA TERREUR ET LES PLEUDIHENNAIS AU PAYS MALOUIN.

Les détails suivants sont empruntés à l’ouvrage de Bertrand Robidou, intitulé : Histoire et panorama d’un beau pays, aux Grandes Recherches de l’abbé Manet de Saint-Malo, enfin aux listes et fiches des détenus malouins de la Terreur conservées à Rennes chez M. le conseiller Saulnier.

Le 15 floréal 1794, fut guillotiné à Rennes Baude de la Vieuxville, marquis de Châteauneuf, qui avait été désarmé comme suspect le 11 octobre 1792, parce qu’il avait chez lui des armes et quelques canons en fonte. L’accusateur public de Rennes, avec deux commissaires qu’il avait demandés le 7 prairial au Comité de surveillance de Port-Malo, vint à Châteauneuf lever les scellés mis sur les papiers du condamné, cherchant, sans résultat d’ailleurs, à compromettre, entre autres, son ancien homme d’affaires, Jacques Michel de la Morvonnais (Saint-Pierre-de-Plesguen), installé le 24 décembre 1790 au tribunal de Saint-Malo, comme juge.

Le jeune frère de celui-ci, François Michel, avocat, puis, en juin 1790, procureur syndic à Saint-Malo, enfin député à l'Assemblée législative, répondait à une plainte de ses électeurs malouins contre les prêtres réfractaires, le 13 octobre 1791, en expliquant, le 10 novembre, la difficulté inouïe qu’on avait à appliquer la Constitution civile du clergé.

Le 21 août 1793, Carrier, survenant à Saint-Malo, fit désarmer M. Nicolas de la Villehuchet père, négociant, âgé de 67 ans, ayant environ 10.000 livres de revenu avant et 6.000 livres depuis la Révolution, chez qui, le 17 frimaire suivant, les scellés furent apposés et qui, le 10 pluviôse 1794, fut, par ordre de Le Carpentier, arrêté avec son fils, qui avait 36 ans.

Les deux frères Michel de la Morvonnais furent aussi désarmés et, le 28 ventôse 1794, une lettre du Comité de surveillance de Port-Malo au député Chaumont témoigne qu’ils sont détenus « comme pourris d’aristocratie, quoique s’estimant plus purs que l’agneau ».

Le 28 germinal, le Comité de sûreté générale de Paris ordonna d’arrêter les suspects malouins, et, dès le 22 du même mois, il avait enjoint de rédiger à leur sujet des fiches ou tableaux, pour la confection desquels six membres du Comité de surveillance et deux membres du Directoire du district de Port-Malo lancèrent un appel pressant aux dénonciateurs, les 5 et 14 floréal, en faisant entrevoir la guillotine pour les détenus.

Le 29 germinal, deux agents du Comité de sûreté générale, venus à Saint-Malo même, font incarcérer Michel Marion et Louuel, fils du premier maire de Port-Malo.

Dès 1793, avait été arrêté M. de Saint–Meleuc, demeurant à la Limonnaie, district de Port-Malo, mais originaire de Pleudihen (aujourd'hui Pleudihen-sur-Rance) ou Puldihen, ainsi que porte le procès-verbal de sa comparution prochaine devant le tribunal révolutionnaire. Comme M. Magon de la Villehuchet père (n° 105), son compatriote, il figure sur la liste des détenus politiques malouins du 5 prairial 1794, avec le n° 97 et la fiche suivante :

« Henry-Blaise-Jean-Joseph de Saint-Meleuc domicilié à Port-Malo, âgé de 36 ans, ex-noble, marié, ayant deux enfants de cinq et trois ans à Port-Malo, cy-devant commissaire aux requêtes du cy-devant Parlement de Bretagne et depuis sans profession, ayant avant la Révolution 4.000 livres de revenu et depuis 1.000 livres ; liaisons avec les cy-devants et agents secrets ; d’un caractère fier ; d’opinion royaliste, mis en détention le 5 vendémiaire par le citoyen Fabre, revêtu des pouvoirs du représentant du Peuple Carrier, et dont le Comité de Port-Solidor doit rendre compte au Comité de Salut public. Il est à notre connaissance seulement qu’il a émigré dans le commencement de la Révolution et est rentré avant le décret qui frappait ses compagnons de mort ; pour cette cause qu’il a montré de la joie aux nouvelles des troubles qui agitaient l’intérieur de la France et qu’au contraire il était triste et rêveur, lorsqu’il apprenait que les républicains avaient des avantages, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ».

Le Carpentier décida que vingt-neuf de ces détenus malouins, dont douze femmes et parmi lesquels MM. de Saint-Meleuc et Magon de la Villehuchet occupaient les 14ème et 15ème rangs sur la liste, seraient, le 13 prairial, menés à Paris et traduits devant le tribunal révolutionnaire. Cet ordre leur fut notifié, la veille du départ, à midi, dans leur prison, par le Comité de surveillance de Port-Malo.

Quelques-uns ayant demandé des vêtements pour faire un voyage qu’ils supposaient devoir être long, on leur répondit ironiquement qu’ils n’avaient nul besoin d’un gros bagage, et, dans l’après-midi, on leur fit signifier que, s’ils mettaient chacun plus de 20 à 25 livres pesant dans leurs paquets, on les leur arracherait au dernier moment.

Certains réclamèrent les pièces écrites qui pouvaient établir leur innocence. — Vous trouverez là-bas tout ce qu’il vous faudra, leur répliqua-t-on cyniquement. — Quelques pièces furent cependant accordées par le Comité, qui les supposait sans doute illusoires et qui resta toute la nuit en permanence, faisant surveiller étroitement l’intérieur et les abords de la prison.

Le lendemain, de 4 à 5 heures du matin, on fit les prévenus monter dans de mauvaises charrettes, entourées d’une escorte. C’est ce que le Comité de surveillance malouin appelait un échantillon de ce qu’il y avait à faire.

Un des inculpés s’évada en route. Les vingt-huit autres comparurent, le 2 messidor, devant le tribunal révolutionnaire, présidé par Coffinhal, et l’accusateur public Fouquier, dans son réquisitoire, se borna à résumer la fiche rédigée contre chacun d’eux. Tous, sauf un, acquitté, furent condamnés à mort et guillotinés dans les vingt-quatre heures, sur une place de Paris.

Plus heureux furent les frères Michel de la Morvonnais, aussi détenus à Port-Malo, avec les fiches suivantes :

« Michel de la Morvonnais, Jacques-Julien, de S. Malo, h. de loi, ex-président du tribunal du district, 50 ans, détenu depuis le 28 pluviôse (1794) ; relations avec tout le monde..., ayant adroitement ménagé les deux partis jusqu’au 31 may, qu’il propagea le fédéralisme ; président de la Section du Nord et du Comité central ..., il accepta l'Acte Constitutionnel avec cette restriction qu’il y aura au moins les 3/4 de changés ; suspect de correspondance avec Lanjuinaie et Defermont ».

« Michel de la Morvonnais, François-Julien, de Saint-Malo, h. de loi, 40 ans, détenu depuis le 22 pluviôse (1794), frère du précédent, lié avec les aristocrates et les fédéralistes ; ... opinions secrètes, fin politique, ayant été membre de l'Assemblée législative ; un bruit sourd a couru dans nos murs, qu’il était le 10 août aux Tuileries ; fédéraliste au 31 may, où il présida la Section de l’Est. Expulsé, dans le temps, de la Société populaire, pour sa conduite à la Législative, membre du Comité central de cette commune, pour la correspondance aristocratique de Caen ».

Ainsi accusés de modérantisme, les deux Michel de la Morvonnais furent compris dans la nouvelle fournée de victimes, dont parlait Le Carpentier, ignorant encore la fin de la Terreur, dans sa lettre du 9 thermidor au Président de la Convention :

« Citoyen président, je viens de rentrer à Port-Malo, où j’ai laissé plusieurs choses à faire, entre autres la révision du tableau des détenus. Il résulte de ce nouvel examen que 55 individus sont dans le cas de suivre les précédents au tribunal révolutionnaire. Cette quantité, jointe aux 29 premiers partis de cette ville, aux 14 autres qui ont été envoyés à Dol, aux 131 que j’ai expédiés des différentes parties de la Manche, que je viens de parcourir, forme un total de 229 prévenus, qui y ont rendu ou vont rendre compte de leur conduite à la justice du peuple. Salut et fraternité. — LE CARPENTIER ».

Les 55 prévenus sus-indiqués, dont 10 femmes et 45 hommes, entre autres Jacques et François de la Morvonnais, dirigés sur Paris, apprirent à Avranches la chute de Robespierre. Conduits néanmoins dans la capitale, ils furent relâchés en septembre suivant, après comparution et acquittement devant le Comité de sûreté générale.

Le 18 germinal 1795, deux cents Malouins, dont le dernier est Claude Louuel, signent une adresse à la Convention et, à l’appui de leurs plaintes, lui envoient « le Précis du proconsulat de Le Carpentier à Port-Malo, où ce député s’est montré le digne émule des Carrier, Lebon, Maignet ... Ils demandent justice et osent l’espérer ».

M. Alain Colin du Boishamon, époux de Mlle. Girault de la Bellière, s’était tiré plus facilement des périls de la Terreur. Avec ses deux filles Bonne et Marie, celle-ci veuve de M. Magon de Lespinay, il fut bien, sur l’ordre de Le Carpentier, en date du 17 ventôse 1794, incarcéré le 28 germinal. Mais le Comité de surveillance de Saint-Jouan-des-Guérets lui rendit le témoignage avantageux suivant, qui le préserva d’un plus grand malheur et hâta sa mise en liberté :

« Colin du Bois-Hamon, Alain, de Saint-Malo, ex-noble, capitaine de la Compagnie des Indes, chevalier du ci-devant ordre de S. Louis, 66 ans, arrêté le 28 germinal..., modéré dans les circonstances critiques, n’ayant pris aucune part à la Révolution. On soupçonne qu’il a été incarcéré à cause de Jean du Boishamon, son fils aîné, émigré. Il n’a point de relations en apparence suspectes. Ses filles, détenues comme lui, se faisaient une occupation charitable de panser les blessures des habitants de notre commune. Le caractère apparent du citoyen et des citoyennes ne fait voir que des gens paisibles, se prêtant à tout ce qu’on leur a demandé. Ils passaient l’hiver à la ville et l’été à la campagne ».

(abbé Eugène Brébel).

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