Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LES DEBUTS DE LA REVOLUTION A PLEUDIHEN

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Pleudihen-sur-Rance   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

§ 1. - LE PILLAGE DE LA TOUCHE-PORÉE EN 1789.

Dans les cahiers de doléances, rédigés pour toutes les paroisses, même les plus petites de France, le peuple avait tant entendu parler de réformes, qu'impatient il se mit bientôt à tenter lui-même de réaliser ces réformes, ces innovations, par la voie violente, révolutionnaire.

C'est ce qui est prouvé une fois de plus par les faits suivants de l'histoire de la Révolution à Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance), consignés principalement dans un registre municipal de la localité et enfin dans les registres de délibérations et autres du District de Dinan, que détient la mairie de cette ville.

Dès le 21 août 1789, le chanoine Deslandes, trésorier du chapitre de Dol, se plaignait à Dinan de ce que, dans la paroisse de Pleudihen, personne ne voulait plus payer les dîmes.

Ce fut la question toujours angoissante des subsistances, qui agita d'abord le peuple, et le porta à la violence.

Le 6 août 1789, sur l'avis que des tas de grains peuvent être détenus à la Bellière, par Mme du Pont-de-Cieux, née Marie Girault, et à la Touche-Porée par M. Magon de la Villehuchet, le Comité permanent de l'assemblée communale de Dinan demande à Beslay, commandant de la garde nationale, d'envoyer un officier, Carpentier, avec quatre hommes, faire une enquête, qui se poursuit au bourg de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) et chez Salmon des Clos.

Suivant le rapport fait après l'expédition, le détachement, reçu avec honnêteté à la Bellière, et gratifié d'un verre de vin par Mme du Pont-de-Cieux, parlementa en vain, avec une fille de chambre, pour entrer à la Touche-Porée vers les huit heures du soir. Comme un soldat voulait franchir le fossé à l'aide d'une échelle, un coup de feu tiré de l'intérieur tua le milicien Labbé.

De Dinan, le lendemain, 7 août, on envoie encore à la Touche-Porée deux cents hommes, moitié de la milice et moitié du régiment de Penthièvre, qui s'emparent du château et font prisonniers cinq hommes et deux femmes. Carpentier, officier de la milice, qui était retourné à la Touche, y est tué par un soldat dans une rixe. La maison est incendiée et pillée. Une charretée de butin est conduite à Dinan et déposée dans la cour des Cordeliers.

Le 8 août, les autorités de Dinan décidèrent de mettre en liberté les domestiques de la Touche, mais écrivirent à Saint-Malo, pour faire arrêter M. de la Villehuchet, supposé en train de filer vers Jersey. Elles reçurent le 9 de Beslay un calice et les ampoules des Saintes Huiles, provenant du pillage, au cours duquel on avait brisé les vitraux et les tableaux de la chapelle, descendu la cloche, arraché et porté, au bourg de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance), la grille du château. Un détachement fut envoyé à la Touche, pour faire cesser les déprédations.

Le 2 octobre, on vendit à Dinan pour 160 livres de grains et le 9 novembre pour 40 livres d'objets pris à la Touche-Porée.

Le 23 août précédent, le Comité permanent de Dinan avait renvoyé à l'Assemblée Constituante, qui en fit accuser réception par son président Le Chapelier et qui la retourna au Garde des Sceaux, une lettre de M. de la Villehuchet fils, réclamant l'ensemble des objets saisis au château.

Celui-ci, le 7 septembre, dans un plaidoyer imprimé à Saint-Malo, affirme que l'escouade de Carpentier s'est présentée à la Touche-Porée seulement à dix heures du soir, qu'on l'a prise pour un groupe de brigands embusqués dans les taillis voisins, que la domestique Angélique Simon l'a engagée à revenir le lendemain ; et comme on avait tiré sur un chien, elle a fait observer que, tuant un animal, on pourrait tout aussi bien tuer des personnes, que seulement après la mort du vitrier Labbé, on avait soupçonné avoir affaire à une patrouille de Dinan, ou de Saint-Malo, que M. de la Villehuchet avait quitté son château le lendemain à huit heures du matin, prenant la route de Saint-Malo, où il avait un domicile, qu'il avait chez lui à Pleudihen au plus huit boisseaux de blé, lors de la perquisition, à peine la consommation de la maison, le reste ayant été notoirement vendu.

A ce plaidoyer, Beslay et les officiers de la ligue patriotique de Dinan opposèrent une réfutation signée de leurs noms et imprimée chez Huart, citant comme témoins des gens de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance), entre autres les aubergistes du bourg.

Plus tard, en 1794, au fort de la Révolution, la pénurie croissant, les simples particuliers eux-mêmes, après les châtelains, furent poursuivis pour accaparement. Le 2 ventôse, on confisqua au Châtelier deux poches de blé, que Lemonnier avait cachées et à la Cour-Porée, 53 godets de blé, que Souquet portait au moulin de la Roche.

Le 21 floréal, on dénonce Patrice Desvaux de l'Hôpital, qui a refusé de vendre du blé-noir à plusieurs personnes. Les membres du Comité de surveillance de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) confisquent les 40 boisseaux qu'il détient et deux d'entre eux reçoivent trois livres par jour, pour les faire passer au crible.

Le 26 messidor, François Huet, laboureur, ayant refusé de livrer un quart de mouture à une personne, qui exhibait un bon de la municipalité, les autorités de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) perquisitionnent chez lui et confisquent sa farine. Le produit de la vente est encaissé, le 16 fructidor, par le trésorier municipal.

 

§ 2. - L'ÉQUIPÉE CONTRE CHATEAUNEUF EN 1791.

Une autre équipée eut lieu contre un château plus considérable, contre Châteauneuf, dont M. Baude de la Vieuxville était marquis, en même temps que propriétaire de Coetquen. C'était la principale seigneurie du pays.

Déjà, le 16 octobre 1789, Beslay et Dugage-Samson, colonels en premier et en second de la milice dinannaise, avaient reçu du Comité permanent de Dinan l'ordre d'aller chercher des canons à Châteauneuf ; et le 19 octobre, ils en ramenèrent deux, avec deux caissons d'artillerie et huit livres de balles, que leur avait remises le propriétaire du château.

Un an après, le 23 janvier 1791, le Directoire du district de Dinan reçoit un rapport, accusant une expédition populaire contre Châteauneuf. Le Meur de Kernéven et deux de ses compatriotes y déclarent que la veille ils ont été pris, l'un sur la route de Dinan à Dol, les deux autres à domicile, par 15 et bientôt 400-500 hommes de Saint-Hélen et des paroisses voisines, réunis au Tertre à Saint-Hélen, puis au Calvaire et au bourg de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance).

Ces hommes arrivèrent tambour battant, vers midi, à Châteauneuf. Ils pénétrèrent dans le château par une porte dérobée. Sans pouvoir aborder le maître, M. de Baude, ils parlementèrent avec Jeannot, fils du garde-forestier de Coetquen, qui, tout effrayé, leur remit un trousseau de clefs.

Avant d'utiliser ces clefs, Le Meur, chef de la bande armée, réclama la présence du maire et du procureur syndic de Châteauneuf. Devant ces derniers, on fit dans les appartements une perquisition minutieuse, qui n'aboutit qu'à la saisie des titres apportés de Coetquen et de ceux de Châteauneuf, trouvés çà et là.

On remplit trois tonneaux de ces titres, et le tout fut chargé sur une charrette, qu'on devait d'abord emmener sous bonne garde. Par malheur, on ne put, au dernier moment, trouver la clef du portail. Les conjurés, à qui le maire avait annoncé obligeamment la prochaine arrivée d'un détachement militaire de Saint-Malo demandé par la municipalité de Dinan, entraînèrent la voiture au bas du jardin, entassèrent en hâte les papiers sur les bords du vivier et y mirent le feu à coups de fusil, en dansant à la ronde.

Ensuite Le Meur de Kernéven eut beau faire battre le rappel. Il ne put rallier et ramener à Saint-Hélen que 50 hommes après cet autodafé.

Déjà des incursions analogues avaient eu lieu aux environs de Dinan, contre la Mettrie-Brunet en Evran, le 25 décembre 1790, contre les châteaux du Chêne-Ferron et de Beaumanoir, le 18 janvier 1791, contre le manoir de la Rouvraye au bord de la forêt de Coetquen, le 22 janvier suivant.

Dès le 3 janvier, le maire et les habitants de Pleslin étaient allés notifier au Directoire du district de Dinan que leur paroisse et d'autres ne paieraient plus les rentes féodales et que, si on voulait les exiger, il y aurait bien des têtes à sauter.

La violence et l'anarchie commençaient à régner avec le déchaînement des passions populaires.

(abbé Eugène Brébel).

 © Copyright - Tous droits réservés.