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PLEUDIHEN : le Directoire (1795-1799)

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Le Directoire du 5 brumaire 1795 au 18 brumaire 1799 et la Fin de la Révolution.

 

§ 1. — LA DÉTENTE.

Le 12 pluviôse 1795, on avait bien refusé de livrer à l'abbé Thivent, de Saint-Hélen, et à l'abbé Gautier, ancien curé de Saint-Malo, la chapelle de l'Hospice de Dinan pour y célébrer la messe, et le 30 nivôse on enquêtait encore à Saint-Hélen contre les prêtres réfractaires.

Mais le 17 pluviôse 1795, le conventionnel Boursault, chargé de renouveler les administrations terroristes, avait maintenu à Pleudihen (aujourd'hui Pleudihen-sur-Rance), comme agent national, l'ex-détenu de la Terreur, François Michel de la Morvonnais, nommé un instant le 20 nivôse, membre du Conseil du district, à la place de Launay-Blondeau, décédé. C'était l'inauguration d'un régime plus modéré, d'une détente même pour la religion.

Le 12 floréal, en effet, François Béziel, Jean Desvaux, Pierre Pommeret, Joseph Desvaux, Malo Briand, Yves Rouxel, Jacques Hulaud, Julien Flaud, François Saiget et François Noury demandent à louer l'église et à l'affecter librement au culte. Le Directoire du district de Dinan acquiesce à cette demande. Mais la municipalité de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) exige préalablement qu'on dresse un état des lieux.

Le 20 floréal, de l'avis du Directoire du district et de l'agent national de Dinan, devant qui se sont présentés les prêtres réfractaires Mathurin Josse, natif de la Boussac, et Thomas Gillot, tous deux cachés à Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) et aux environs, la municipalité autorise leur ministère, leur promet même aide et protection.

Un autre prêtre, l'abbé Jean Olivier, aurait alors contribué également à desservir la paroisse. Deux anciens vicaires de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance), MM. Briand et Legaignoux, devaient revenir de Jersey, l'un en avril 1796, l'autre en janvier 1797.

D'autre part, le 5 prairial 1795, Vallet, chef d'une colonne mobile envoyée par le général Mathelon, de Port-Solidor ou Saint-Servan, va avec Jacques Salmon, après avoir exhibé sa commission, désarmer trois terroristes de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance), ex-membres du Comité révolutionnaire. Il saisit chez l'un un fusil et un sabre, chez un autre deux pistolets, un fusil et un sabre à poignée d'acier, qui sont remis au magasin d'armes d'Aubry à Dinan.

Le 5 pluviôse 1796, on refusera de rendre ses armes à un terroriste qui les réclame, Le 30 pluviôse, on portera même à Dinan toutes celles du canton.

Le 10 prairial qui suit, la municipalité de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) écrit cependant à Saint-Brieuc qu'elle ne connaît au pays aucun de ces prêtres ou congréganistes insermentés, toujours assez mal vus, dit-on.

Le quatrième jour complémentaire 1796, à la requête de ses parents, on fait lever le séquestre et dresser l'inventaire des biens de M. Julien Souquet, prêtre déporté, qui n'a quitté le pays que forcé par les lois de 1792. Les 2 et 10 vendémiaire suivants, on agit de même pour les biens des abbés Louis Noury, Jean Lemée et Michel Briand, prêtres déportés dans des conditions analogues.

Quant aux biens de l'abbé Marie, inscrit sur la liste des émigrés, on n'en restituera la jouissance que sur avis conforme du garde des sceaux.

Le 10 ventôse 1797, vu l'arrêté du Directoire départemental en date du 12 nivôse, on accorde aux parents de M. Henry Ameline, prêtre déporté, sur ses biens naguère séquestrés, la somme de 2.042 livres, provenant de la vente de son mobilier, et payables par le séquestre en bons ou mandats qui sont acceptés pour l'achat des biens nationaux.

Malgré un avis contraire donné le 15 brumaire 1794 par le Directoire de Dinan, sur une instance de la famille en date du 17 messidor 1797, établissant qu'elle a nommé les trois derniers chapelains, le Directoire du département reconnaît à Étienne Grison, à Jean Pacarin, mari de Jacquemine Grison, à Olive Pacarin, veuve de François Grison, ainsi qu'à Jacques Vanier-Saurais, mari de Marie Barré, la propriété de la chapelle de la Grande-Tourniole, dotée sur leurs biens patrimoniaux et située dans l'enceinte de leur cour.

D'un autre côté, au point de vue civil, les nobles peuvent revenir et rentrer en possession de leurs biens. Nous avons déjà vu en effet, le 30 prairial 1796, François de Beaumont, de Saint-Meleuc, Leforestier et la veuve Guitton réclamer au sujet des impôts et taxes, qu'on voulait leur imposer.

Le 18 messidor, Pierre Boulleuc père, des Vallées en Saint-Hélen, ayant un fils émigré, présente l'état de ses propriétés, qu'il revendique.

Le 12 fructidor 1796, M. Colin de la Bellière et le 30 thermidor 1797, Mme veuve Baude de la Vieuxville et de Talhouët, rentrée aussi en possession de ses biens, font agréer à la municipalité des gardes particuliers, Jean Brindejonc et Jean Vermet, dit du Clos, qui seront aussi gardes champêtres de leurs communes respectives, Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) et Saint-Hélen, sans autre traitement que les amendes encourues.

Le 30 brumaire 1796, Pierre Mourin d'Arfeuille, résidant à la Guerche en Saint-Hélen, qui, dès le 12 pluviôse 1795, avait recouvré ses armes enlevées en 1792, réclame une créance de 12.475 livres, capital et intérêts compris, à lui due par son frère Yves, émigré, et remontant à 1785. Il invoque en sa faveur un arrêté du département de la Creuse.

Bientôt même, le 30 pluviôse 1797, il est employé pour une enquête au sujet de déprédations commises dans la forêt de Coetquen, et le 10 thermidor suivant, il est appelé, avec deux autres cultivateurs, à collaborer à la répartition de la contribution foncière dans le canton.

 

§ 2. — LES ADMINISTRATEURS DE PLEUDIHEN.

Pendant la Révolution, des maires eurent l'autorité nominale, pendant qu'auprès d'eux l'autorité effective était possédée et exercée par des représentants directs du gouvernement, appelés d'abord procureurs-syndics, puis, sous la Convention, agents nationaux.

Furent ainsi maires de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) : 

1° du 12 mars 1790 au 17 novembre 1793, René Bernard de Ponthaye, précédemment secrétaire du roi à Dinan. Ledit Bernard eut successivement à ses côtés comme procureurs-syndics Alain Michel Villeblanche, Michel Gernigon, Jacques et Pierre Delatouche ;

2° Du 15 ventôse 1794 au 20 nivôse 1795, Jean Hinel, avec les agents nationaux Claude Péan, dit Ducine, et François Michel de la Morvonnais ;

3° De 1795 au 20 nivôse 1796, Thomas Hinel, avec l'agent national ci-dessus, François Michel de la Morvonnais, qui deviendra, à la suite de l'élection de Lamballe l'un des administrateurs du département, de brumaire 1795 à germinal 1796.

De 1796 à 1800, la commune fut administrée par Jacques Michel, l'aîné des de la Morvonnais, époux de Jeanne Ferrard, de Mordreuc, échappé à la guillotine, comme son frère, le 9 thermidor, trésorier municipal depuis le 11 vendémiaire 1794, de plus président élu, le 22 brumaire 1795, du canton comprenant Pleudihen (aujourd'hui Pleudihen-sur-Rance), Saint-Hélen et Saint-Solen. Il fut assisté du commissaire du pouvoir exécutif Le Boullanger du Porche, puis Thomas Salomon, agriculteur à Saint-Hélen, enfin Louis Bourgaux, de Saint-Malo, fixé à la Ville-Bodin.

Thomas Hinel, alors agent municipal, est de plus nommé trésorier de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance). Tous ces fonctionnaires jurent n'être pas proches parents d'émigrés.

Ambroise Roger, ci-devant commis du Directoire du district à Dinan, devient secrétaire-greffier du canton de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) le 10 pluviôse 1796. D'après des comptes du 20 frimaire suivant, il toucha 1.000 livres d'honoraires, plus 40 livres pour le transport de son mobilier de Dinan à Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance).

Olivier Hinel, commis de l'administration, recevait 300 livres, les percepteurs de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance), Saint-Hélen et Saint-Solen respectivement 150 livres, 30 livres et 10 livres, une fois les impôts perçus. Le 30 nivôse 1797, Olivier Hinel encaissa 450 livres pour la perception des impôts de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) et Saint-Hélen réunis.

 

§ 3. - LES FÊTES DE LA RÉVOLUTION.

Le 20 pluviôse 1796, on décide de célébrer après coup l'anniversaire de la juste punition du dernier roi des Français. Le président prononce un discours analogue à la circonstance, en présence de Thomas Hinel et Jacques Salmon, l'un agent municipal, l'autre adjoint de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) ; de François Lemarié et Jean Hamoniaux, aussi le premier agent municipal, le second adjoint de Saint-Solen ; d'Olivier Hinel, commis de l'administration cantonale ; de Le Boullanger, juge de paix ; de René Bouvet, greffier ; de Pierre Cloutier, Joseph Delatouche, Olivier Biard et Jean Houitte, assesseurs du juge de paix ; de François Graffard, syndic ; de Pierre Delatouche et François Gautier, notaires respectivement à Pleudihen et à Saint-Solen, et de Pierre Davy, huissier, rétribué 200 livres l'an et marié à Françoise Mancel, qui était institutrice en prairial 1794.

Le 17 prairial 1796, est célébrée la fête de la Victoire, avec le même concours de fonctionnaires. On se rend à Garo, où le président Jacques Michel prêche au peuple assemblé l'amour de la république, la pratique des vertus et la reconnaissance envers l'armée.

Le 5 thermidor, on reçoit avec honneur, comme portant intérêt au canton, François Michel de la Morvonnais, l'un des administrateurs du département, chargé de visiter les administrations cantonales, de les régulariser au besoin et de réformer les abus militaires.

Le 10 fructidor, pour la fête des Vieillards, le président fait l'éloge de l'âge avancé.

Le 1er vendémiaire, au son de la cloche de l'église, on se réunit pour la fête de la fondation de la République et le président recommande l'amour du régime.

Le 30 brumaire, on décide d'ailleurs de s'assembler pour lire les lois, tous les décadis, qui étaient censés remplacer les dimanches. Pour cela, on dut, le 20 frimaire, payer un abonnement échu de 36 livres aux Nouvelles Politiques.

Le 30 pluviôse 1797, la municipalité de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance), sur la proposition d'Ambroise Roger, charge Boutin, de Dinan, beau-frère de celui-ci, moyennant 24 livres par an, de retirer sa correspondance à la poste de cette ville. En ce temps-là, les particuliers, les fonctionnaires eux-mêmes ne recevaient pas, au moins dans les campagnes, leurs lettres à domicile.

Le 2 pluviôse, avait été solennisé encore le jour anniversaire de la juste punition du dernier des rois, en présence des mêmes autorités, moins François Graffard, gravement malade, plus en revanche Gilles Ruaut et La Rocheaulion, notaires, ce dernier ayant préféré Pleudihen à la juridiction de Cameroc et du Hac en Le Quiou ; plus aussi Vanier, chef de la garde nationale, et Gougeard, commandant du cantonnement. Après un discours du président, on jure haine à l'anarchie et à toute espèce de tyrannie.

Le 10 germinal, célébration officielle de la fête de la Jeunesse.

Le 30, Pierre Cloutier la Noe, officier de santé, et Jacques Gaudin, élus agents municipaux à Pleudihen et à Saint-Hélen ; Julien Adam et Jean Hamoniaux, adjoints à Saint-Hélen et à Saint-Solen, jurent haine à l'anarchie et à la royauté et affirment n'être pas proches parents ou alliés d'émigrés.

Le 25 messidor, on décide qu'on sonnera les cloches le soir et à 9 heures le lendemain pour la fête du 14 Juillet. Les autorités, en la célébrant, jurent de vivre libres ou de mourir.

Le 10 thermidor, discours du président pour la fête de la Liberté.

Il est à noter que toutes ces fêtes, à part celles de l'anniversaire du régicide, tendaient à faire oublier les souvenirs sanglants de la Terreur. Mais écartant systématiquement les idées et les pratiques religieuses, avec la force morale qu'on y puise comme à sa principale source, les fêtes profanes ci-dessus ne pouvaient faire pratiquer sérieusement et généralement la vertu ni dès lors ramener l'ordre et le calme dans le pays troublé.

 

§ 4. — LE DÉSARROI PERSISTANT.

Cependant le désarroi persistait. De là la taxation exhorbitante du nouvel emprunt forcé, qui souleva tant de réclamations.

Pour remédier à la pénurie d'argent, après les assignats, on avait créé les mandats territoriaux, qui permettaient d'obtenir, sans adjudication, une partie équivalente des biens nationaux.

Le 25 prairial 1796, on fit savoir à Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) que, jusqu'au 1er fructidor suivant, les contribuables pourraient, en donnant huit pour un, payer leurs impôts avec les mandats territoriaux.

Cela montre combien ces mandats étaient dépréciés eux-mêmes.

Les plus humbles fonctionnaires ne pouvaient faire régler leurs honoraires. Le 5 pluviôse, outre des indemnités pour avoir fourni l'huile de l'église et pour avoir sonné la retraite à 10 heures du soir durant le régime militaire, pour avoir aussi monté et réglé l'horloge municipale, le bedeau Valentin Miniac, qui avait été élu à la place de son frère le 24 septembre 1792, réclama ses gages, montant à 100 livres en assignats pour l'an III de la République. La municipalité décida de le payer sur le pied de 30 livres, en numéraire, pour les deux années arriérées et les années à suivre.

La sécurité laissait aussi fort à désirer. Le 4 thermidor 1795, la municipalité constate que l'arbre de la Liberté a été coupé, avec une scie très douce, à trois pieds au-dessus du sol.

Déjà le 15 mars 1793, un citoyen un peu gai, cité devant la municipalité et privé de son fusil, avait déclaré, en blasphémant, que si on ne lui rendait pas cette arme, il prendrait sa hache pour abattre l'arbre de la Liberté. Pour ce propos, en décidant que le jugement serait affiché audit arbre, on le condamne à être conduit, sous l'escorte de dix hommes, à Dinan, où il sera détenu en prison huit jours, réduits à trois, et à douze livres d'amende.

Le 15 thermidor 1795, les administrateurs de Saint-Brieuc envoient à l'adjudant général Mathelon une lettre de la municipalité de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) signalant les exactions des volontaires.

Le 30 germinal 1796, nous avons vu un acquéreur de biens nationaux se plaindre de ne pouvoir exploiter une coupe de bois à Coetquen, devant les menaces des émigrés. Le même, plus tard, le 30 floréal 1797, prétendra que le canton de Pleudihen est soulevé et son dit bois de Coetquen ravi par les Chouans. Il y avait bien eu le pillage accusé, mais c'était le fait des soldats du casernement de Saint-Pierre de Plesguen, comme la municipalité le constata le 25 messidor suivant.

Les Chouans, de leur côté, ne restaient pas inactifs et tranquilles. Le 10 thermidor 1796, François Bréginal, Pierre Bouillon, gabariers, et autres habitants de la Gravelle signalent en effet le retour dans ce village de Charles Landry, acadien, de Pierre Duval et de Michel Jouguet, tous trois absents depuis 4 ou 5 mois, qui disent avoir été entraînés de force par les Chouans.

Aussi, le 10 frimaire, réalisera-t-on le projet formé dés le 30 pluviôse de réorganiser à Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) une garde nationale, une colonne mobile composée de trois compagnies. Chaque compagnie devra compter 60 à 80 hommes, répartis en 32 pelotons, 16 sections et 8 escouades. Les quartiers réunis du bourg, de la Helluais, des Villes-Morvues et de Mordreuc formeront une compagnie. On emploiera cette force dans la commune à réprimer les délits « qui depuis quelque temps se multiplient d'une façon effrayante dans le canton, les coupables restant souvent impunis ».

Le 25 pluviôse 1797, à la suite de tapages nocturnes, le commandant de la garde nationale organisera à la caserne de la maison Cocart une garde de six hommes avec un caporal, laquelle sera en activité de 6 heures du soir à 6 heures du matin, à qui on délivrera, outre des chandelles et du bois, sept fusils et deux douzaines de cartouches. On essaiera de faire revenir les armes de la commune, portées à Dinan par Jacques Salmon, le 20 prairial 1796.

L'ordre dans le pays, en France, ne devait être rétabli qu'après le 18 brumaire 1799 par Bonaparte, sous le Consulat, qui valut à Jacques Michel de la Morvonnais une place au Conseil général du département des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor).

Pour compléter cet aperçu de la période révolutionnaire, nous aurions à rappeler la biographie, déjà donnée, du dernier sénéchal de Saint-Piat, Jean Coupard, qui, après 1789, entre autres places, occupa celles de représentant de la Sénéchaussée de Dinan à la Constituante, puis de suppléant et finalement de député des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) à la Convention.

Après les trois Michel de la Morvonnais ci-dessus, qui dans la localité jouèrent un rôle politique important et dont le cadet François fut aussi député à la Législative, nous aurions encore à citer les deux amiraux Bouvet, également originaires de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) par leur famille, qui s'illustrèrent dans la marine et dont l'un a déjà été mentionné par ailleurs.

 

Les autres Pleudihennais remarquables du XIXème siècle.

§ 1. — L'AMIRAL BOUVET DE PRÉCOURT.

La famille Bouvet, originaire de Pleudihen (aujourd'hui Pleudihen-sur-Rance), a donné son nom au manoir de Mordreuc, occupé par la famille Marion, et, après des hommes de loi aux XVIIème et XVIIIème siècles, elle a produit au XIXème des marins célèbres, dont deux amiraux.

Tous sont sortis de la branche de Mordreuc, dite de la Maisonneuve, représentée au XVIIème siècle par Jean Bouvet, fils d'un procureur fiscal de la Bellière et époux de Guillemette Bourdelais. Un de ses enfants, Joseph Bouvet, comme lui, resta marchand de bois à Mordreuc et s'opposa à l'établissement de l'octroi de Dinan dans ce village, ainsi qu'on l'a dit par ailleurs.

Le petit-fils de ce dernier, René-Joseph, naît à Mordreuc en 1715. Enseigne en 1733, puis après un voyage aux Indes Australes capitaine de vaisseau en 1750, enfin, pour sa participation glorieuse au combat du 3 août 1758 sous le comte d'Aché, chevalier de Saint-Louis en 1760, il s'unit à Marie Dordelin. Il en a le premier amiral François Bouvet, né à Lorient le 23 avril 1753, qui navigue dès l'âge de douze ans, sous le nom de Bouvet de Précourt.

Enseigne en 1779, dans l'escadre de Suffren, il prit part, en 1782, à divers combats et au siège de Trinquemalè, dans l'île Ceylan. Capitaine de vaisseau en avril 1793, il devint contre-amiral le 16 novembre suivant. Le Directoire du district de Dinan, le 23 vendémiaire 1794, réquisitionna des chevaux pour le transporter à Paris avec deux compagnons.

Il se distingua sur l'Intrépide en prairial et commanda en 1796 l'escadre de l'expédition d'Irlande. Mais sa flotte fut dispersée par la tempête, le 1er nivôse.

Destitué par le Directoire et mis en réforme, il fut, sous le Consulat en 1802, rétabli dans son grade et nommé, en 1804, commandeur de la Légion d'honneur. Il fut mis à la tête d'une division chargée de porter des troupes à la Guadeloupe, puis devint, en 1813, préfet maritime de Brest.

Sous la Restauration, il fut créé baron le 9 juillet 1814, vice-amiral en juillet 1816, et entra en retraite le 20 octobre suivant. Il est mort à Brest, le 21 juillet 1832, ne laissant qu'une fille, mariée au capitaine de vaisseau Lettré, qui fut maire de Brest en 1839.

§ 2. — L'AMIRAL BOUVET DE MAISONNEUVE.

Joseph Bouvet de Maisonneuve, le marchand de bois ci-dessus qui, après s'être opposé efficacement à l'établissement des octrois de Dinan à Mordreuc en 1699, procéda contre la fabrique de Pleudihen (aujourd'hui Pleudihen-sur-Rance), eut un autre fils, Pierre, qui s'établit marinier à Saint-Servan et dont le prénom passa à ses descendants, notamment à son petit-fils Pierre-Servais Bouvet, successivement ingénieur de la marine, capitaine au longcours, lieutenant de frégate auxiliaire, puis en pied, en juin 1778, capitaine de brûlot en 1781, chevalier de Saint-Louis, et enfin lieutenant de vaisseau en 1784.

En 1793, capitaine de vaisseau dans la flotte de Toulon bloquée par les Anglais, il refusa de rendre à ceux-ci les quatre navires de sa division, ce qui lui valut à Brest les félicitations du conventionnel Jean Bon Saint-André, mais ne l'empêcha pas d'être destitué et incarcéré jusqu'au 9 thermidor. Réintégré dans son grade le 3 mars 1795, il mourut trois semaines plus tard, laissant de Marie-Etiennette Périer, qu'il épousa à Saint-Servan en 1780, un fils né à Bourbon, Pierre-François Bouvet, le deuxième amiral de ce nom.

Ce fils, engagé dès onze ans dans la marine, aspirant en 1792, incarcéré lui-même à Brest en 1793-1795, lieutenant de vaisseau en 1801, prisonnier de guerre en 1805-1807, se fit corsaire et devint la terreur du commerce anglais dans l'Inde.

Capitaine de frégate en 1809, de vaisseau en 1810, il prit sa retraite en 1822 comme contre-amiral honoraire et grand officier de la Légion d'honneur. En 1858, alléguant son grand âge de quatre-vingt-trois ans, il refusa la place de sénateur que l'empereur Napoléon III lui offrit spontanément lorsqu'il passa à Saint-Servan.

Son buste orne la place de cette ville, en raison des services qu'il lui a rendus.

Son fils Pierre-Auguste Bouvet, colonel d'infanterie de marine, décédé à Cherbourg en 1864, est le père de Mme Carette, lectrice de l'impératrice Eugénie et lauréat de l'Académie Française pour ses trois volumes de Souvenirs des Tuileries.

Ces vies sont tirées du Répertoire bio-bibliographique de Kerviler et des anciens registres paroissiaux de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) et de Saint-Servan.

Les armoiries des Bouvet portent : De sinople, au boeuf d'or, au chef d'azur chargé d'un coeur d'or.

En souvenir des amiraux ci-dessus, deux navires de guerre français ont successivement reçu le nom de Bouvet. Le premier, en 1870, le seul de nos vaisseaux ayant pu livrer combat, lutta glorieusement contre un aviso allemand près de l'île de la Havane, en Amérique. Le second, au cours de la présente guerre en 1915, a coulé avec tout son équipage, en majeure partie breton, sous l'action d'une torpille turque, dans une tentative héroïque pour forcer le détroit des Dardanelles, avec une escadre anglo-française.

§ 3. — LES OFFICIERS DE LA MARINE DE L'ÉTAT ET LES CAPITAINES DE LA MARINE MARCHANDE.

Au tout début du XXème siècle, Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) possède encore plusieurs officiers de la marine de l'État, la plupart en retraite : MM. Renouard, pilote major ; Busnel, lieutenant de vaisseau ; Bigeard et les deux frères Ferragu, mécaniciens principaux.

On y compte en plus une quinzaine au moins de capitaines de la marine marchande : MM. Hippolyte Briand, de la Touche-aux-Bégasses ; Noury, de Cains ; Simon, de Panlivard, fixé à Plouer ; Picard, de la Vicomté ; Gruénais, du Val, devenu maître de port à Dinard ; François Hervé, du Buet ; Ribault, de Livet ; François Flaud, du Bas-Champ ; les trois frères Julien, Joseph et François Fermine, de la Chapelle de Mordreuc ; Vétier, de Cains ; Chollet, du Val ; Simon, du Buet ; Furet, de Mordreuc ; René Rouxel, de la Coquenais ; Célestin Hulaud, du Bas-Champ ...

De ces commandants de navires marchands, ceux qui pratiquent le long cours et sont pour cela astreints à des examens plus difficiles, gagnent aussi des pensions plus fortes. En revanche, ceux qui font la grande pêche touchent peut-être des rétributions plus élevées, dépassant, dit-on, annuellement 20.000 francs par campagne.

§ 4. — LES MÉDECINS DE L'ARMÉE DE TERRE OU DE MER ET AUTRES : MM. OHIER, MATHURIN NOURY, BOTREL.

Riche en prêtres, en médecins des âmes, Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) a été aussi, au XIXème siècle, une pépinière de docteurs-médecins. Citons dans l'ordre chronologique :

M. Hippolyte Briand, de Garo, médecin à Pleudihen ;

M. Jacques Botrel, des Rouchiviers, chirurgien distingué, longtemps médecin de l'Hôpital de Saint-Malo, chevalier de la Légion d'honneur, ayant pour maison de campagne le vieux presbytère de Pleudihen ;

MM. Ohier, de Plouze, père et fils, médecins militaires d'un grade élevé ;

M. Mathurin Noury, de Mordreuc, médecin principal de la marine, retiré et décédé à Nantes, qui consacrait ses vacances à Mordreuc à soigner gratuitement les maladies de la vue ;

M. Noury, fils du précédent, médecin civil ;

M. Marie Noury, son neveu, chirurgien de la marine, puis docteur-médecin à Saint-Malo, chevalier de la Légion d'honneur ;

M. Olivier Bourdelais, de la Tourniole, médecin à Pleudihen, dont le second fils a aussi embrassé la carrière médicale ;

M. Pierre Flaud, de la Coquenais, chirurgien de la marine, puis docteur-médecin à Châtelaudren ;

M. Pierre Trichet, de la Vicomté, décédé médecin à Ploubalay, dont il était maire ;

M. François Noury, du Bas-Champ, médecin à Pleudihen ;

M. Lebret, de la Vicomté, aussi médecin à Pleudihen.

Lucrative, honorable, relativement indépendante, permettant de rendre des services signalés à l'humanité souffrante et d'acquérir ainsi une légitime influence, la carrière de médecin est encore ambitionnée, recherchée actuellement par plusieurs jeunes gens de Pleudihen-sur-Rance, qui font des études dans ce but et veulent continuer des traditions de famille.

La position plus sédentaire et non moins avantageuse de pharmacien tente aussi quelques étudiants de Pleudihen-sur-Rance, comme elle a déjà tenté M. Pépin, qui a fixé son officine au pays natal même. Deux de ces élèves en pharmacie ont, comme lui, été employés dans le service de santé, durant la guerre 1914-1917, à savoir : MM. Paul Briand et François Desvaux.

D'autre part, M. Marie Briand, qui allait terminer ses études médicales, a été mobilisé comme médecin de l'armée, ainsi que MM. Noury et Lebret, les deux docteurs, exerçant leur art à Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance). Enfin, M. Jean Trichet, professeur de littérature au collège Stanislas de Paris, a fait la campagne comme capitaine de réserve, tandis que M. Charles Jallot, élève-ingénieur de l'École centrale des Arts et Métiers, et M. Albert Renouard combattaient au front, l'un comme lieutenant, l'autre comme sous-lieutenant d'artillerie.

(abbé Eugène Brébel).

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