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PLEUDIHEN : la crise économique et financière

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§ 1. — LES NOMBREUSES RÉGLEMENTATIONS OFFICIELLES, ENTRE AUTRES DU MAXIMUM.

Après les biens de l'Église et de la noblesse, le gouvernement en désarroi, dit révolutionnaire, s’appropria bientôt d’une façon indirecte, mais réelle, une partie de la fortune de tous les propriétaires sans exception, de façon à remplacer les impôts, qui ne rentraient plus du tout.

Déjà l'Assemblée Constituante, pour faire face aux dépenses publiques croissantes, avait exigé le versement du quart du revenu de chacun. C’est ce qu’on appela la contribution patriotique, dont le Directoire du district invitait le recteur de Pleudihen (aujourd'hui Pleudihen-sur-Rance), M. Georgelin, à payer le premier terme, s’il voulait toucher la pension de l'État, le 30 décembre 1790.

Survinrent diverses guerres, notamment à l’intérieur l’invasion des Vendéens, que Michel de la Morvonnais alla en vain combattre à Fougères, avec Bernard-Ponthaye, Boudrot et des gardes nationaux de Pleudihen, qui, du 17 au 20 brumaire 1793, occupèrent Dol, et contre les éclaireurs desquels on dut maintenir les routes de Saint-Hélen barrées avec des arbres, jusqu’en messidor et vendémiaire 1794.

Dès la fin de 1792, pour repousser les Prussiens de la frontière de l'Est, on avait dû enrôler des volontaires, dont, le 2 septembre, trois de Saint-Hélen, l’un, René Lardou, de la Bégaudière, et quinze de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance), le 14 septembre, à chacun desquels la municipalité remit 50 livres.

Les conseillers municipaux ne furent pas les plus ardents à s’engager. L’un d’eux fit constater par les médecins Cloutier et Harouard qu’il était atteint de convulsions et ne pouvait rejoindre son régiment à Nantes, le 14 mars 1793.

Le 9 septembre de la même année, deux autres conseillers se plaignirent que Perdriel les traitait de pleurs et de lâches, prêchant aux autres le départ pour l’armée, quittes à rester chez eux, et valant moins que les aristocrates. Ils font citer le coupable à Dinan, le 10 octobre suivant.

Plus tard, le 23 vendémiaire 1794, on nomme des commissaires pour rechercher les conscrits réfractaires. Ménage était délégué pour Mordreuc.

Dès le 19 septembre 1792, pour parer aux dépenses militaires et autres, le chirurgien Pierre Cloutier, commissaire pour le bourg, Pierre Tréhen et Armand Boudrot, acadien de la Coquenais, puis de Quincoubre, pour Mordreuc, Joseph Roger, pour le Châtelier, Malo Cordier, pour le Vilou, François Grison, pour le Breil, furent chargés de faire, avec des visites domiciliaires, des réquisitions en nature, notamment en vivres, le 2 juillet 1793.

Le 14 mai précédent, on avait réquisitionné le bois de la Chesnais, près de la Ville-Boutier, pour palissader le fort de Châteauneuf.

Dans ces réquisitions, on payait les propriétaires, mais en assignats, en papier-monnaie, qui achevait de rendre l’indemnité dérisoire ; on soldait à un taux qui ne dépassait pas le prix officiel ou maximum, relativement infime, fixé par l’administration.

D’ailleurs on finit bientôt par vouloir tout surveiller et réglementer.

Le 3 nivôse 1794,1a municipalité de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) fixa le prix de la journée à 30 sous, au lieu de 20, pour les ouvriers se nourrissant eux-mêmes et à 12 sous pour les ouvriers nourris par les employeurs. Au premier cas, il fut décidé, le 23 prairial, que la femme toucherait 16 sous par jour.

D’autre part, le 26 ventôse, la municipalité enquête sur la façon dont les meuniers peuvent moudre le blé ; car on veut le pain de l’égalité. Le 9 frimaire, elle décide de surveiller les dits meuniers, qui prennent un prix excessif pour la mouture.

Le 12 brumaire, a lieu une enquête curieuse du maire de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance), du secrétaire de mairie et de deux officiers municipaux, chez un révolutionnaire avancé, qui a vendu au-dessus du maximum à un domestique deux cuirs pour deux paires de souliers, et à qui le maître de celui-ci reproche de l’avoir injurié et d’avoir dit qu’il se moquait du maximum.

Aux interrogations, de la municipalité, l’enquêté répond qu’il a été lui-même mordu au doigt, frappé à coups de bâton par ses adversaires, qu’on lui a demandé du cuir de qualité supérieure, qu’il l’a vendu le prix d’achat, qu’il ne reconnaît pas d’ailleurs, dans celui qu’on exhibe, ce cuir tête-de-boeuf, vendu par lui, qu’enfin il ne s’est jamais permis de railler, soit le maximum, soit la municipalité.

 

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§ 2. - LES MULTIPLES RÉQUISITIONS FAITES EN 1794-1796.

Voici la liste très longue de ces réquisitions, d’abord et surtout pour l’année 1794 :

1° La réquisition, le 5 pluviôse 1794, de cent brasses de bois pour la première marée, et cent autres pour la suivante, à destination de l’hôpital militaire de Saint-Servan ;

2° La réquisition, le 7 ventôse, de douze charpentiers et six tonneliers, sur l’ordre de Laignelot et Jean Bon Saint-André, à Saint-Hélen, où l’on doit aussi participer à la levée de 300 000 hommes ;

3° La réquisition, le 4 germinal, de 25 boisseaux de blé, pour le recouvrement desquels on recourt à la taxation et aux visites domiciliaires ;

4° La réquisition, le 27 germinal, sur l’ordre de Le Carpentier, d’une certaine quantité de bois, que le Directoire du district enjoint à la municipalité de faire porter à Saint-Malo ou plutôt à Port-Malo ;

5° La réquisition, le 1er floréal, par Lemoine encore au nom de Le Carpentier, de huit barriques de cidre chez Beaugrand, à la métairie de la Petite-Touche, et autant chez Rucet au Pont-Hougat ;

6° La réquisition, le 27 floréal, de cent autres barriques de cidre pour la marine, toujours exigées par Le Carpentier, conventionnel en mission à Port-Malo ;

7° La réquisition, le 23 floréal précédent, de 80 boisseaux d’avoine, sur un ordre venu de Dinan, après recensement des grains, fait le 19 par Hinel et par Louaisel ;

8° La réquisition, le 27 floréal ci-dessus, par deux commissaires de Dinan, de 600 quintaux de grains, à savoir 400 de blé, ou orge, 200 de blé-noir, avec des attelages pour les transporter, en vertu d’une commission signée des membres du Directoire du district, sous la rubrique « Liberté, égalité, fraternité ou la mort » ;

9° Une réquisition, le 11 prairial, par la veuve Ruel de Port-Malo, avec autorisation de Le Carpentier, de bois de chauffage pour la fabrication du savon ;

Par une légère compensation à tant de réquisitions, sur 22.000 livres de secours accordées par l'État au district, le Directoire du district de Dinan donne 1.100 livres aux 4.260 habitants de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) le 7 prairial 1794. Le 14 brumaire de la même année, la municipalité put aussi faire distribuer 83 livres de savon aux sections de Pleudihen. A Mordreuc la distribution fut faite par Pierre Tréhen ;

10° Une réquisition de chevaux, le 12 prairial. Un rapport au Directoire du district, envoyé de Plouer, chef-lieu de canton, constate que trois commissaires, dont Jean Fauvel de Pleudihen, ont été envoyés dans cette commune, réquisitionner les chevaux de Pierre Hervé, que celui-ci a refusé de les reconnaître pour officiers municipaux, et a déclaré se moquer de leur écharpe. Jean Langlais, domicilié dans la maison, a même appelé Jean Chauvel andouille. Il est cité pour cela avec ledit Hervé, devant le juge de paix de Dinan ;

Le rapport ayant ajouté que, malgré la réquisition, Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) n’a pas présenté ses chevaux à Dinan, place de la Liberté ou du Champ, la municipalité de ladite commune, le 22 prairial, proteste devant le Directoire du district contre cette allégation. Les chevaux, sauf ceux de Méhouas, ont été présentés le 29 floréal, et encore le 2 prairial, sauf 36 en service national à Rennes ;

11° Une réquisition, le 14 prairial, de blé-noir. Port-Briac se plaint de ce que, requises de lui en envoyer 150 quintaux, la commune de Pleslin refuse net et celle de Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) ne veut en fournir que 15 quintaux ;

12° La réquisition à la date ci–dessus de quatre charpentiers de Pleudihen : Jean Ameline, Pierre Pommeret, Jacques Olivier et François Ridé, par Le Carpentier et le Directoire du district de Dinan, pour réparer les moulins de Gilles et Claude Méhouas, l’un de la Tourniole en Pleudihen, moulins réquisitionnés eux-mêmes pour le service de l'État ;

13° Une réquisition, le 24 prairial, de blé-noir de semence, au sujet duquel la municipalité fait enquêter dans la commune ;

14° Une réquisition, le 2 messidor, de cordonniers pour fabriquer aux soldats des souliers avec huit cuirs, sur 48 confiés pour cela au district ;

15° Une réquisition, le 13 messidor, de 150 quintaux de grains, sur 4.000 quintaux que le Directoire du district a répartis entre les communes, au prorata de leur population ;

16° La réquisition, le 18 messidor, des bateaux de Thomas Bouestard, Joseph Briand et Alain Forêt de la Vicomté, qui déclarent être requis par le syndic François Graffard d’aller à Port-Solidor ;

17° La réquisition, le 29 messidor, par Pluet, maire de Saint-Samson, de 26 barriques de cidre sur les 1.500 imposées au district par le Directoire, sur ordre de Le Carpentier ;

18° La réquisition, le 29 thermidor, de 500 quintaux de blé, 30 d’avoine, 110 de foin, 400 de paille, alors que le district en devait fournir 6.000, 1.000, 3.500 et 3.500 de chaque sorte. Lors de la répartition des 500 quintaux de blé ci-dessus entre les habitants de Pleudihen, on impose, pour 40 quintaux chacun, Guillaume Hamon de la Petite-Tourniole, la veuve La Salle de la Coquenais, Jean Néel du Pont-de-Cieux, Alain Michel de la Villeger, Jacques Salmon des Clos-Olivier, enfin Ameline, Ménage et Souquet, tous trois de Mordreuc ;

19° La réquisition, le 21 fructidor, du moulin de Mordreuc par le Directoire du district de Dinan, pour le service de la marine ;

20° La réquisition, le 6 vendémiaire, de divers articles accordés par ce même Directoire à celui de Port-Malo, seulement dans neuf communes, dont Plouer et Pleudihen (aujourd'hui Pleudihen-sur-Rance) ;

21° La réquisition, à la date ci-dessus, par ordre du susdit Directoire, de 150 boisseaux de grains, à répartir entre les gens de Pleudihen, par la municipalité, pour l’approvisionnement du marché de Dinan ;

22° La réquisition, le 13 vendémiaire, de 28 autres boisseaux, dans le même but ;

23° La réquisition, le 12 vendémiaire, de 10.000 livres de paille réclamées de Dinan pour les casernes. Aussi le lendemain la municipalité nomme des commissaires pour recenser les grains et fourrages dans chaque quartier : à Mordreuc, Hue et Pierre Tréhen ; — à la Vicomté, Pierre Delatouche et Thomas Junguené ; — à la Helluais, Jacques Salmon...

Le 16, la municipalité décide même que toute fausse déclaration entraînera la confiscation ;

24° La réquisition, le 23 vendémiaire, de chevaux pour transporter à Paris le contre-amiral Bouvet avec deux compagnons ;

25° La réquisition, le 14 frimaire, de 160 quintaux de blé, 90 de seigle ou orge, sur 3.000 quintaux que le district doit fournir à Port-Malo et à Port-Solidor ou Saint-Servan ;

26° La réquisition, le 3 nivôse, de 16 quintaux de grains effectuée par Jacques Leforestier, qui est payé 6 livres par jour, et commandée par le Directoire du district, sous la rubrique « Liberté, égalité, humanité ».

On trouve ainsi le chiffre énorme de 26 réquisitions différentes au moins, faites en la seule année 1794 à Pleudihen.

On en compte encore une dizaine en 1795 et 1796, à savoir :

1° La réquisition, le 10 pluviôse 1795, par ordre du Directoire du district, de 1.500 cordes de bois à Pleudihen, pour l’approvisionnement de Dinan et Châteauneuf.

Les réquisitions étaient tellement fréquentes que des escrocs eurent l’idée d’en effectuer frauduleusement pour leur compte personnel. Le 7 ventôse 1795, il résulte de divers rapports adressés à Dinan qu’un individu de Port-Malo, depuis 8 à 10 mois, réquisitionne indûment toute sorte de choses à Pleudihen, qu’il l’a fait récemment en insultant les gens réunis pour les instructions décadaires, en disant que, malgré la chute de Robespierre, il est encore jacobin, qu’il s’en fait honneur et qu’il restera tel, tant qu’il vivra ;

2° La réquisition, le 8 ventôse, ordonnée par le conventionnel Boursault, de 300 quintaux de blé et 50 de seigle ou orge, que fixe le Directoire du district, sans trop connaître le rendement des récoltes, tout en sollicitant une décharge, en raison de l’épuisement des campagnes. Michel et Bouvet exerceront à Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) et à Saint-Hélen la réquisition des charrettes et des grains, en pénétrant au besoin dans les maisons. Les récalcitrants subiront la confiscation de leurs grains et seront arrêtés ;

3° La réquisition, le 30 pluviôse 1796, de trois voitures dans le canton, que forment Pleudihen, Saint-Hélen et Saint-Solen, pour aller porter du bois d’Evran à Dinan ;

4° La réquisition, à la même date, de blé à fournir dans trois jours, savoir : 1.309 quintaux par Pleudihen, 266 par (S.) Hélen, et 60 par (S.) Solen ;

5° La réquisition, le 25 ventôse, des maisons de Gernigon et de Raoul Champmanoir au bourg de Pleudihen, pour loger 50 soldats de Châteauneuf ;

6° La réquisition, le 12 germinal, de six veaux de cent livres dans le canton, trois à Pleudihen, deux à Saint-Hélen et un à Saint-Solen ;

7° La réquisition, le 5 messidor, — sous peine de contrainte militaire et sur l’ordre du commissaire des guerres de Saint-Malo et du général Verger — de 300 quintaux de blé, orge ou seigle, à fournir par le canton, dont 85 par Pleudihen, 10 par Saint-Hélen, 5 par Saint-Solen, qu’on impose de préférence aux riches, quitte à leur laisser le fragile espoir d’un remboursement dans l’avenir ;

8° La réquisition, le même jour, de huit moutons et de cinq vaches, une chez Gaudin, fermier à Marival, pour fournir les 12.000 livres de viande réclamées par le général Valletaux et le commissaire des guerres de Saint-Brieuc ;

9° La réquisition, le 6 fructidor, de bestiaux pour la sixième fois.

 

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§ 3. — LES EMPRUNTS FORCÉS.

Un autre moyen, que l'État aux abois employa, avec ces réquisitions sans nombre, pour parer aux dépenses publiques, ce fut l’emprunt forcé, d’abord celui d’un milliard en 1794, pour lequel le maire Bernard-Ponthaye fut seul taxé et le fut à 348 livres, ensuite celui de 1796, qui frappa également les anciens nobles et les enrichis de la Révolution, qui protestèrent particulièrement avec énergie.

Parmi les protestataires, nommons : le 10 germinal 1796, le médecin Raoul Champmanoir, beau-père de Jacques Salmon des Clos et du notaire Delarocheaulion, puis l’autre chirurgien Cloutier, qui se dit chargé de l’entretien d’une ancienne religieuse, sa belle–soeur, enfin Louaisel, lieutenant de vaisseau de Saint-Hélen, qui prétend ses ressources réduites du fait de la réquisition des deux barques de sa femme, appartenant à la famille de la Vieuxville.

Citons encore, le 30 prairial, la réclamation de Nicolas Mousson, François de Beaumont, Saint-Meleuc, Leforestier, Veuve Guitton, Jean et Pierre Delatouche, et, le 30 brumaire, la protestation de Colin du Boishamon, époux de Dlle. Girault de la Bellière, qui à nouveau réclama, le 10 floréal 1797.

Les administrations communales rechignaient elles-mêmes. Le 10 nivôse 1796, Julien Duval, Mathurin Souquet, François Duval et Nicolas Ferrard, ci-devant maire, procureur-syndic et les deux derniers officiers municipaux de Saint-Hélen, déclarèrent à Pleudihen (Pleudihen-sur-Rance) que Lemeur-Kernéven et Quéré refusaient les fonctions d’agent et d’adjoint municipaux. Les premiers continuèrent donc à faire la perception de l’emprunt forcé, qui semble avoir motivé le refus ci-dessus.

Les faits de ce chapitre confirment l’opinion de plusieurs historiens, à savoir que la Révolution gaspilla les richesses du pays, l’épuisa en hommes, en argent, en denrées, en ressources de toute sorte. On se demande quand la France a pu se remettre de cet épuisement, accru par les guerres répétées du premier Empire, qui, après une ère de victoires inouïes, aboutit à une double occupation et mutilation du pays, en 1814 et 1815, par les armées étrangères, définitivement triomphantes, grâce à une supériorité numérique écrasante.

(abbé Eugène Brébel).

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