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Mathurin LE BRETON, prêtre guillotiné à Lorient
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.

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254. — M. Mathurin Le Breton naquit au village de Priziac en Pleucadeuc, le 18 mai 1749, du mariage de Pierre Le Breton et de Jeanne Aoustin. Tonsuré le 3 décembre 1769, minoré le 16 mars 1771, sous-diacre titulo patrimonii le 4 avril 1772, diacre le 19 septembre suivant, M. Le Breton fut ordonné prêtre à Vannes, le 18 septembre 1773, par Mgr de Bertin. Il remplit ensuite les fonctions de vicaire à Ruffiac où on relève sa première signature le 29 octobre 1774 et sa dernière le 13 octobre 1780. On retrouve ensuite sa présence à Pleucadeuc comme « curé d’office » le 20 octobre 1783. Mais les registres de catholicité ayant disparu dans cette paroisse à partir de 1791, on ne peut préciser l’époque à laquelle ce prêtre cessa d’y faire officiellement du ministère.

255. — M. Le Breton souffrait d’un tempérament maladif, une surdité quasi totale s’ajoutait à ses autres infirmités. C’était un vieillard avant l’âge ; il puisa cependant dans sa Foi assez d’énergie pour refuser tous les serments inventés à cette époque, et, quand parut la loi du 26 août 1792, qui l’atteignait directement, il prit un passeport pour l’Espagne et partit. Malheureusement ce ne fut pas pour longtemps. Arrêté à la côte d’Ambon par des vents contraires, son navire vainement essaya trois fois de lever l’ancre. Découragé, M. Le Breton rentra dans son pays.

256. — On ne sait comment il s’y terra pendant près de deux ans. Les documents et la tradition veulent qu’il se cachait au village de la Grenouillière, à cinq cents mètres de son lieu natal. La sécurité dont il y jouissait devait être fort précaire, car le 29 mai 1794, ayant eu connaissance de la loi du 22 floréal an II (11 mai de cette année), qui réglait le sort des ecclésiastiques sexagénaires ou infirmes, M. Le Breton ayant su la venue d’un commissaire expédié par les autorités de Rochefort, pour procéder à la vente de ses meubles, s’en fut se présenter à lui, muni d’un certificat médical, se fit connaître et le pria de lui procurer un cheval pour l’accompagner à Rochefort. Les administrateurs de ce district, qui devaient connaître quelle existence misérable traînait l’abbé Le Breton, accédèrent, à sa demande de le faire conduire à Vannes et l’expédièrent sous escorte vers cette ville le 31 mai suivant (12 prairial an II). Ils poussèrent même l’humanité jusqu’à faire remarquer à leurs collègues du département « que ses infirmités connues depuis longtemps, jointes à la considération qu’il s’était présenté volontairement, semblaient l’exempter de la peine de mort et même de celle de la déportation » (Arch. Morbihan, L 1359).

Le 1er juin 1794, on écroua M. Le Breton à l’ancien couvent de la Retraite pour les femmes à Vannes, alors transformé en prison. Puis, comme il était toujours intéressant pour un jacobin d’exterminer un prêtre quand la chose était possible, on décida de faire comparaître l’ex-vicaire de Pleucadeuc devant le tribunal criminel du Morbihan. Dans ce but, on l'expédia sur Lorient le 5 juillet 1794, et dès le lendemain l'accusateur public s’occupait de son cas.

257. — Lors de son interrogatoire, M. Le Breton, comme tous ses collègues, après avoir déclaré sans hésiter sa qualité de prêtre réfractaire, nia avoir connu l’arsenal de lois qui enserraient de mailles de plus en plus étroites les malheureux ecclésiastiques insermentés. Ils étaient sincères en cette réponse. Tous en général ne connaissaient qu’imparfaitement la législation persécutrice révolutionnaire, laquelle au fond ne présentait que trois perspectives au clergé catholique romain : l’exil pour le plus grand nombre, la prison perpétuelle pour les sexagénaires et les infirmes et l’échafaud pour tous les autres ; à l’exception de ceux, très rares, qui, considérés comme intransportables, avaient été autorisés par délibération spéciale à demeurer chez eux, sous la surveillance des municipalités.

C’est à ceux-là seulement qu’en Bretagne, on appliqua la partie favorable de la loi du 11 floréal an II. Par suite, M. Le Breton, n’ayant jamais fait connaître à temps ses graves infirmités, avait donc commis une grosse erreur en se livrant, lui, prêtre réfractaire, entre les mains des acharnés destructeurs du clergé catholique. Le tribunal criminel du Morbihan l’en châtia en lui faisant l’application de la loi exterminatrice des 29-30 vendémiaire an II, aggravée de celle du 22 prairial même année. Tant et si bien que le pauvre prêtre, auquel on ne pouvait reprocher, en somme, que d’avoir obéi à sa conscience et à sa Foi en refusant un serment schismatique en 1791, périt sur l’échafaud le soir du 7 juillet 1794. Son acte de décès fut rédigé sept jours après à la mairie de Lorient. Plusieurs personnes représentent encore le nom du serviteur de Dieu dans la paroisse de Pleucadeuc.

BIBLIOGRAPHIE. — Guillon, Les Martyrs de la Foi, etc., op. cit. (1821), III, p. 492. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution révolutionnaire, etc., op. cit. (1845), II, p. 39. — R. P. Le Falher, Les Prêtres du Morbihan, etc., op. cit. (1921), p. 91, a publié p. 95 l’interrogatoire et le jugement de M. Le Breton.

(Sources : Archives départementales du Morbihan, A 14, anciennement Z 501, L 1353, 1359).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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