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ECOLE SAINT-JOSEPH DE PLESTIN-LES-GREVES

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Un chroniqueur a parlé de l'ignorance de la population bretonne comme d'une véritable plaie, tableau pas tout à fait réaliste : à Plestin en effet dès la révolution, le 26 avril 1794, une école communale mixte fut ouverte.

«Tant valent les filles, tant valent les ménages ! » disait le vieux curé Le Graet, qui s'inquiétait fort de l'absence d'éducation chrétienne des filles. C'est ainsi qu'après de nombreuses démarches, un petit noyau des Filles de la Croix, vint s'installer le 5 juillet 1859, dans l'actuel Hôtel des Voyageurs (Place du Martray). L'année suivante, l'effectif de leurs élèves ayant décuplé, ce local devint trop exigu. Enhardie par ce succès, elles commencèrent l'édification de l'école Notre Dame dans la lande de Creac'h Querault.

Le Marquis de Bizien du Lezard, voulut procurer aux jeunes garçons l'avantage de l'enseignement chrétien dont jouissait déjà les jeunes filles depuis une vingtaine d'années.

Or, Monsieur Le Vot, le vieil instituteur de l'Empire commençait à se faire vieux et son remplacement était à envisager dans un avenir très proche. Et à l'instigation du Marquis qui se proposait de prendre à sa charge tous les frais d'instruction des garçons, le Conseil Municipal approuva après 4 délibérations consécutives et à une grande majorité la prise en charge de l'éducation des jeunes garçons, le jour de la mise à la retraite du père Le Vot, par les Frères des Ecoles Chrétiennes. La population entière approuvait ses élus puisqu'une pétition signée en masse appuya les délibérations du Conseil.

Mais cette décision prise par le bon sens breton, ne tenait pas compte du sectarisme qui agitait les politiciens de la capitale. C'est ainsi que malgré l'avis favorable prononcé par le Conseil Départemental, le Préfet fit acte d'autorité, et imposa une institution Laïque à Plestin.

Ecole Saint-Joseph de Plestin-les-Grèves (Bretagne).

Ecole Saint-Joseph de Plestin-les-Grèves (Bretagne).

Quelques paroissiens virent dans ce refus préfectoral, une manifestation de l'enfer : « On ne peut pas concevoir ce que l'Enfer a fait et fait encore pour arracher l'enfant à son Dieu ! ».

Alors la famille de Bizien du Lézard, fait la fondation des frères que Plestin va posséder durant des années. Elle donna le terrain « Park ar Guerec » pour y entreprendre la construction de l'école.

Il fut aidé dans sa tâche, par Monsieur François Le Treut, qui fit don d'une importante somme d'argent, par Mgr. David, évêque de Saint-Brieuc et de nombreux paroissiens ; beaucoup de cultivateurs s'offrirent pour assurer les charrois des matériaux nécessaires à la construction.

Tout allait donc pour le mieux ? Rebondissement dans la situation : une difficulté à laquelle on ne s'attendait guère surgit.

Ecole Saint-Joseph de Plestin-les-Grèves (Bretagne).

Laissons la parole à un témoin :

« Les Frères de la doctrine chrétienne effrayés peut-être par la guerre que leur avait fait le Préfet, déclarèrent, qu'ils n'étaient pas en mesure de donner des prêtres à Plestin. Monsieur le Curé et Monsieur Jégou, l'un de ses vicaires, se décidèrent à aller à Paris, trouver le Supérieur Général des Frères. Monsieur Le Bivic plaida sa cause, et soit dit en passant, Monsieur Le Bivic, savait parler ! et sa cause était bonne... Monsieur Jégou l'appuya et je dois dire, qu'il n'était pas maladroit !... Le Frère Supérieur resta inébranlable : pour lui le moment de la " Providence " n'était pas venu. Eh bien ! Dois-je le dire ? Oui, parce que c'est sublime ! Digne de tout éloge : Monsieur Le Bivic, se jette aux genoux du Frère Supérieur, et lui dit : " J'ai prômis des frères à ma population, ma population les attend ! Mon Frère, vous-même les avez promis ! Vous ne pouvez les refuser, ou bien je suis perdu aux yeux de ma population ". Le Bon Frère, se hâta de relever M. Le Bivic, en lui disant : Eh quoi ! Un prêtre à mes genoux ! Vous aurez des frères... vous aurez des frères !... Levez-vous, je vous en pris. Il se leva. Ils étaient dans les bras de l'un de l'autre ». (sic).

Les trois premiers frères arrivèrent à Plestin en septembre 1879. Pendant les trois années que durèrent les travaux de constructions et d'aménagement de leur école (1879-1882), ils s'installèrent dans une maison au crépissage défraîchi au village du Pont-Blanc, qui servit successivement de fabrique de chapeaux d'auberge, et qui sera plus tard après le départ des Frères la première maison des haras de Plestin.

Ecole Saint-Joseph de Plestin-les-Grèves (Bretagne).

Les conditions y étaient précaires : les salles étaient petites, basses et peu éclairées. La route étroite et en pente servait de cour de récréation. Cependant, le succès fut immédiat : à la première rentrée scolaire, les frères durent refuser 61 enfants, le nombre de places étant strictement limité à 99 scolaires.

Pendant ce temps, à Park ar Gwerek, les travaux avançaient.

Signalons pour les amoureux de vestiges antiques, que lors du creusement des fondations de la future école, on y découvrit, le « plan d'une habitation romaine. On mit à jour des piles construites en briques superposées et placées de distances en distances. Ces piles soutenaient un dallage cimenté. Ce sont sans doute des vestiges d'un fourneau hypocauste. On sait que les romains faisaient pénétrer, dans leurs maisons le calorique,au moyen de cette substruction » (Extrait du journal Ar Wirionez à Morlaix. 29.09.83).

Cette découverte ainsi que celle des urnes du chateau de Coat-Carric laissent penser que sur l'emplacement actuel du site de Plestin, il y avait soit un camp ou un établissement romain où les légions séjournaient.

Septembre 1883 : l'école est en partie achevée. La direction est assurée par le Frère Domnin-Marthyr (François-Marie Quemener) ayant toujours dans sa poche 2 sous de tabac à priser.

Il était secondé par le frère Dosithe, à la figure ravagée de marque de petite vérole, le frère Dominateur : un de ses élèves le décrit de grande stature, corpulent et bien étoffé, comme le sont la plupart des Cornouaillais. Et le quatrième, Frère Colm, qui délaissa bien vite ses fourneaux, pour faire la classe aux tous petits.

Dans cet établissement scolaire qui accueillait plus de 150 élèves, dont 30 à 40 pensionnaires, la distribution des pièces était à peu près celle décrite :

Ecole Saint-Joseph de Plestin-les-Grèves (Bretagne).

Au réfectoire, les tables étaient disposées en fer à cheval, celle du fond, recouverte d'une toile cirée en couleur, était réservée aux maîtres. Par une sorte de tradition, chaque paroisse avait des droits de place : ainsi pendant longtemps longtemps les Plufuriens furent fidèles à l'extrémité de la table qui avoisinait la porte de communication de la 3ème classe, alors utilisée, comme salle d'étude par les internes. Dans le mur une cheminée qui ne connut jamais de flambée et un placard dont le bas était réservé aux quelques rares bouteilles de cidre qui avaient droit de paraître sur la table le dimanche ou le jeudi (un litre entre cinq au repas de midi !).

Dans chacune des ailes, deux classes séparées par une cloison vitrée.

A la charnière du XIXème et du XXème siècle, l'anticléricalisme est à nouveau à l'ordre du jour : Si Waldeck-Rousseau en 1901 veut simplement limiter la puissance des congrégations religieuses (Loi de 1901 sur les associations) son successeur Emile Combes, applique la loi avec la dernière intransigeance. Les remous de cette politique se firent sentir profondément à Plestin ; et en 1906, les frères se virent obligés d'abandonner leur école. Ils partirent fonder d'autres écoles en Afrique du Nord.

Malgré le dévouement de l'un d'entre eux, qui se laïcisa, l'école déclina.

Vers 1911, on peut dire qu'elle est entièrement tombée.

Ecole Saint-Joseph de Plestin-les-Grèves (Bretagne).

Il ne pouvait pourtant pas être question de laisser mourir une école supérieurement organisée qui avait tant d'efforts, et une oeuvre dont l'influence devenait de jour en jour si nécessaire.

L'Evêque de Saint-Brieuc, désigna alors un prêtre pour reprendre en main l'école ; mais les efforts de ce jeune directeur ne furent pas couronnés de succès.

La guerre éclatait d'ailleurs en 1914, et il fut remplacé dans sa direction par un jeune Plestinais, l'Abbé Henri Mercier. Il restaura vite l'école et dés 1919, cet établissement placé sous le patronage de Saint Joseph retrouvait son éclat d'autrefois.

Ecole Saint-Joseph de Plestin-les-Grèves (Bretagne).

Bien que loin des tranchées, la vie à l'école Saint-Joseph prit quelque peu une couleur militaire.

Monsieur l'Abbé Chobé, garde souvenir des rentrées de classe digne d'une revue militaire :

« A droite, droite »,
Chapeau à la main droite.
« Entrez ». Et sous cet appel martial de l'Abbé Mercier, les élèves sagement s'exécutaient.

Comment ne pas oublier les cours de gymnastique dispenses par un militaire qui en guise d'épreuves faisait défiler ses élèves sur ce long mur qui abritait la cour. Comme il paraissait haut et étroit, alors à ces jeunes enfants !

Mais la guerre ne fut qu'un épisode de la vie scolaire à Saint-Joseph.

Et la vie d'un élève, à Plestin, ressemblait, sans doute, fort à celle de n'importe quel autre gamin en pension :

« Il y avait la messe tous les matins, pour les pensionnaires, cinq jours sur six, sûr ! ». « C'était le réveil, le lavabo et puis tu partais à la messe, puis on descendait déjeuner, et on montait en classe ». Le week-end à la maison ? Une fois tous les 3 mois, même habitant Plestin. Mais les parents venaient nous voir : « ils amenaient le linge tous les samedis... ». « Le dimanche on allait en promenade, le jeudi aussi... ».

Ecole Saint-Joseph de Plestin-les-Grèves (Bretagne).

Monotone et triste la vie à Saint-Joseph ? Certes pas ! Ceux qui y ont vécu quelques années de leur jeunesse, n'ont gardé dans leurs souvenirs que de bons moments... parfois brûlants...

On se souvient de l'institutrice Melle Mercier qui apprenait à lire et à écrire, et en pensant à l'année passée dans cette troisième classe certains ne peuvent s'empêcher de frotter leur oreille :

« Tu ne te rappelles pas tes oreilles ? elle te pinçait là avec ses ongles... elle ne t'a jamais fait ça ? »...

« Non. Mais un jour Anna Mercier m'avait mis en pénitence sous l'escalier, et les autres sont allés manger, et moi, je suis resté là, elle m'avait oublié ... ».

Monsieur l'abbé Le Bouffant, savait diriger aussi ses pensionnaires avec une rudesse dont on n'a gardé que le côté anecdotique. « Quand on faisait une bêtise, comme punition on restait à genoux dans les chambres, et on avait la fessée le soir... Il fallait baisser la culotte, et il tapait dessus... où il avait sa fessée à donner. Et devant toute la chambrée dis donc ! ».

Tout le monde n'avait pas le toupet de Jean Daniel, qui savait s'esquiver, les 300 ou 400 lignes de pénitence... en passant par la fenêtre.

On reconnaît cependant que l'on était un tantinet garnement surtout avec Anne Marie, la cuisinière : comme le jeudi inoubliable où elle fut enfermée sous l'escalier. Bien sûr elle a eu sa revanche quand l'abbé Thos est rentré... « Bien sûr elle a raconté, bien plus qu'on avait fait ».

Mais la vie d'un écolier n'était pas seulement faite de « brimades » : Il y avait les nombreux divertissements.

En 1922, pour la première fois beaucoup des enfants faisaient la découverte du cinématographe. On était au début du septième art, et le film « était muet bien sûr et écrit en dessous ... ».

Saint-Joseph était reconnu aussi pour sa musique, de création ancienne d'ailleurs. Ce fut en 1885 que Mme La Marquise du Bizien dotait l'école d'une musique avec une vingtaine d'instruments. La première fois qu'elle se fit entendre fut lors d'une procession de minuit : le 31 mai de cette même année sous la direction de l'abbé Le Roux, vicaire de la paroisse.

A la musique succéda une clique. On se rappelle des répétitions de clairon après la classe sous la direction des abbés Thos, qui rassemblaient élèves et les « anciens » ... d'aucuns s'accordent pour reconnaître que la meilleure clique fut entre les années 1932-1934. Et sans vanité, on admet que Saint-Jo était, oh oui facilement champion de Bretagne. Ce fut la seconde guerre mondiale qui mit une sourdine à cette activité, qui reprit vie à l'occasion du défilé de 1945 sous la direction de l'abbé Le Bouffant.

Il y avait aussi un théâtre. Le décorateur était l'abbé Thos : il peignait avec la main gauche, mieux qu'avec l'autre, cependant il n'était pas gaucher...

Ecole Saint-Joseph de Plestin-les-Grèves (Bretagne).

Et pour contenter tout le monde, fut créée, l'Etoile Sportive de St-Efflam, préfiguration de l'association sportive de l'Ecole Saint Joseph.

Mais certainement pour tous ces écoliers, le jour attendu avec le plus d'impatience était celui qui clôturait l'année scolaire : le jour de la distribution des prix. Tous les parents d'élèves étaient là, il y en avait plein la cour. Les efforts d'une année bien remplie étaient récompensés : tout le monde avait un prix... même le dernier. 1er prix de lecture, accessit de français... ou premier prix de clairon... pourquoi pas ? chacun recevait un magnifique livre. Mais pour ceux qui avaient décroché le prix d'honneur, il y avait l'honneur de recevoir la couronne de laurier... Plus que des livres peut être on se souvient de Monsieur le Curé Houérou-Kérizel qui pour ce beau jour avait deux bocaux de bonbons, un sous chaque bras et embrassait tous les gosses.

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Note : Liste des directeurs qui se sont succédés à la tête de l'Ecole Saint-Joseph : Frère Dominique-Marthyr (octobre 1879 à mai 1888), Frère Donat Emilien (mai 1888 à mars 1889), Frère Domice Sylvain (mars 1889 à novembre 1895), Frère Clovis-Benoît (novembre 1895 à avril 1898), Frère Corbre Marie (avril 1898 à septembre 1904), Frère Constant Joseph (septembre 1904 à août 1909), l'abbé Masson, l'abbé Mercier, l'abbé Francis Thos, l'abbé Le Tarain, l'abbé Le Bouffant, l'abbé Chapelain, l'abbé Henri le Brizaut, l'abbé Pavec.

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