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LES MOINES DE SAINT-TUGDUAL AU COZ-WENARC'H

LE MINIHY DE PLESTIN

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Quelques années après la mort d'Efflam, les derniers éléments de la vague sainte débarquèrent sur la côte armoricaine ; ceux-ci furent cette fois reçus cordialement et aucune histoire de lutte contre le dragon ne vint le caractériser ; car l'influence de Rome était bien morte et le royaume breton commençait à s'asseoir.

A ces éléments appartient Saint-Tugdual (ou Tuwal) qui vint débarquer à la pointe du Conquet avec 72 disciples et qui couvrit pendant près de vingt années tout le Léon, le Trécor, le Penthièvre et le Goëlo d'une maille serrée de monastères dont le rôle colonisateur fut extrêmement important et tout un réseau d'organisations hospitalières pour venir en aide aux maux dont souffrait le pays.

C'est lui qui à la demande générale de tout le pays du nord de l'Armorique dont il était l'idole, fut nommé évêque du Yaudet en 532 et qui réussit enfin à faire admettre cette petite église, d'origine apostolique, au sein des autres églises de la Bretagne et de l'ouest de la Gaule.

On le connaît surtout dans la région sous les noms de Sant Tual ou mieux encore Sant Pabie ou Pabu.

[Note : Fondateur de l'ancien évêché de Tréguier, Saint Tuwal (ou Tugdual, Tudal, Tual) est né au IVème siècle dans l'actuel Devon (anciennement Devonshire) comté du sud-ouest de l'Angleterre en Cornouailles. De sang royal, il se consacra très jeune à Dieu. Sa vie exemplaire et sainte l'avait désigné à ses frères qui l'élirent comme abbé. Selon la légende, sur les injonctions d'un ange vu en songe, il émigra en petite Bretagne avec 72 de ses plus fervents disciples. Parmi eux, il y avait Sainte Pompeia, sa mère, Saint Sena (ou Sève) sa soeur et Maelhen une pieuse veuve. La petite compagnie arriva sur la côte du Léon en la baie des Blancs Sablons. Saint Tugdual établit son premier ermitage à une demi-heure de la baie au lieu-dit : lann pabu aujourd'hui Trébabu].

Dans notre région, les monastères fondés par Tugdual s'alignent surtout sur la route romaine de Brest à Erquy par Pont-Menou et Lannion ; ce sont ceux de Lanmeur (Kernitron), de Locquirec, du Coz-Wenac'h en Plestin, du Mouster aux abords du hameau de Kericy. Le plus connu des autres monastères qu'il fonda est celui de Traou Trécor qui devait donner naissance à Tréguier. 

Parmi les disciples qui l'aidèrent dans cette tache, Guirec est celui qui joua dans le pays plestinais et ses environs le rôle le plus important.

Guirec avait été envoyé par Tugdual pour fonder Kerfeunteun (Lanmeur) avec 14 religieux et aller ensuite ériger le monastère de Locquirec où il resta 6 ans avant d'être appelé à Saint-Pol-de Léon.

Sur les ordres de Tugdual, Guirec étendit son installation jusqu'au pays de Plestin où il fonda le monastère du Coz-Wenac'h, dans la région de Tréharan, suivant les déclarations mêmes des archives de la Fabrique de Plestin.

Le Coz-Wenac'h présente en effet les caractères d'une antique organisation, révélant un travail de défrichement et de colonisation très considérable.

L'ancienne organisation a naturellement disparu ; mais les preuves de l'existence du vieux monastère restent dans les dénominations cadastrales, dans les ruines encore sur place et surtout dans les archives de la fabrique.

Toute cette agglomération qui se scinda en plusieurs fragments par le développement de la propriété, dut s'appeler à l'origine le Wenac'h (ou monastère) et s'étendre jusqu'au Gernevez où existait anciennement une chapelle aujourd'hui transformée en grange et un puits surélevé au-dessus de la route contigüe. Le puits, dont la construction en pierres plates venant de Locquirec présente un cachet de très haute antiquité, constitue le seul spécimen de vieille construction de cette espèce dans toute la région de Plestin.

Une partie de l'agglomération du Wenac'h, plus ancienne que les autres encore, s'est appelée le Coz-Wenac'h.

Tout à coté, entre Gernevez et le Coz-Wenac'h, une parcelle de terre possède encore le nom de Balleastre (altération de Bale Aotro, promenade des maîtres), allée conduisant de la demeure des moines à la partie sur laquelle s'étendait l'installation hospitalière.

A côté même, des maisons en ruines portant les inscriptions de "Garion Jean-1721-1771" se trouve une maison d'un cachet tout particulièrement ancien. Les fenêtres et les portes portent auvents en pierres plates de Locouirec et la porte d'entrée de cette masure abandonnée a son entourage fait moitié en pierres plates de même origine, moitié en boiseries finement sculptées. Le hameau où se trouvent ces maisons anciennes s'appellent Convenant-Taldu.

Le Convenant Gueguen, situé à côté, possédait encore, il n'y a pas bien longtemps, au milleu, de ces maisons en ruines, un édifice nommé Lazare-Goz qui servait de léproserie et qui possédait comme fenêtres de minuscule ouvertures à travers lesquelles on donnait à manger aux lépreux.

De l'autre côté de la route, en face du groupe de maisons, devait s'élever une tour depuis longtemps détruite ; toutes les parcelles avoisinant le Convenant Gueguen portent le nom de Tachen-an-Tour (pièce de la tour).

En face du hameau du Wenac'h et de celui de Coz-Wenac'h existent des pièces dénommées Coz-Tier (vieilles maisons), indice d'une agglomération plus étendue et plus vieille encore que celle de nos jours.

L'organisation générale réalisée par les moines de Tugdual et de Guirec, comportait donc en principe un monastère, celui de Gernevez, ferme dont le propriétaire Mr Fournis, enleva, il y a quelques années (au début du XXème siècle), les fenêtres de la chapelle et la porte d'entrée, pour s'en servir dans la construction de sa villa proche de la Chapelle Saint-Efflam ; ensuite venaient les dépendances et toute l'organisation hospitalière, du Taldu au Wenac'h.

Ces dépendances formaient une organisation hospitalière complétant celle installée par les moines de Guirec à la maladrerie de Saint Colembern qui est devenue l'hôpital de Lanmeur, au Minihy et à l'Hopital-Pell situés sur la route de Lanmeur à Pont-Menou avec leur léproserie du Laourou (laour = lépreux) et enfin à l'Hôpital, hameau de Plestin situé sur la même route.

Cette organisation comportait enfin avant d'atteindre la vallée du Leguer à Lannion, un autre monastère et une autre léproserie, au Mouster et au hameau de Saint Jean. La fontaine de Saint Sylvestre à Plouzélambre, réputée pour posséder une eau miraculeuse pour la lèpre, était située à quelques kilomètres au Sud de ce centre hospitalier.

En organisant ainsi le lutte contre les maladies endémiques et surtout la lèpre, les moines de Tugdual et de Guirec ont rendu un immense service au pays ; mais en outre, ils ont aidé à son défrichement et à sa mise en valeur. Leur influence s'est faite sentir sur une grande étendue de terrain, sur la rive droite de la Blanche jusqu'à Ker-ar-manac'h et au Sud de la grand'route de Plestin à Lanmeur, jusqu’aux bois de Coat-ar-manac’h.

Les noms significatifs de Coadic-ar-manac'h et de Prat-ar-manac'h rappellent indubitablement le domaine où s'exercèrent les travaux des moines.

Après la disparition de ces moines, qui eut lieu vraisemblablement vers le VIIème siècle, leur organisation hospitalière n'en subsista pas moins et prit le nom de Minihy de Plestin. Sur la zone du Minihy, qui ne comportait pas moins de cinq Kms. de tour, s'éleva bientôt le manoir de Lanharan où vivait la famille Derrien, une des plus anciennes du pays, famille dont la souche irlandaise ne fait pas de doute, tout comme celle des Garion, des Biron, des Speran et dont la venue en pays plestinais doit remonter au temps de Tugdual et même d'Efflam.

Biens et terres du Minihy devinrent propriété des Derrien. A la fin du XVème siècle, Alain de Pontmenou se maria à Guillaumette Derrien, dernière héritière du nom de Minihy et fit don de ses biens à l'église de Plestin, à charge pour elle de faire célébrer un service à chaque jour et fête de Saint-Efflam.

La fabrique prit donc à partir de ce moment la charge du Minihy et continua l'œuvre commencée par les moines de Tugdual, l'œuvre de la lutte contre la lèpre, jusqu'au XVIIIème siècle, époque où cette terrible maladie disparut de la contrée, grâce aux procédés sévères employés pour la combattre.

Ces moyens de lutte consistaient dans l'isolement le plus complet, même à l'église, où un local était réservé sous la tour. Dès qu'un ladre était signalé, des médecins de Morlaix étaient appelés pour venir constater la maladie. Aussitôt on aménageait la léproserie de Lazare-Coz pour éviter tout contact avec les autres habitants et on achetait un habit de bure (17 livres), des gants (5 sous), de la grosse toile (30 sous), un chapeau (3 livres) ; puis on fournissait au lépreux une cruche (5 sous), une poêle d'airain (3 livres), un trépied (10 sous), et un coffre (50 sous).

On procédait alors à l'isolement du malade. Le recteur arrivait avec un représentant de la Fabrique, apportant les habits et ustensiles et le capuchon noir marqué d'une croix rouge ; au moment de fermer la porte le recteur lisait le règlement : " Le lépreux ne doit plus sortir sous le capuchon noir qu'il va mettre. Il n’ira plus ni au moulin ni au four banal. Il ne lavera ni ses mains ni ses habits dans l'eau commune. Il ne paraîtra ni aux fêtes ni aux pardons. Il ne pourra plus ni embrasser ni caresser les enfants. Il ne répondra que sous le vent et n'errera pas le soir dans les chemins creux. Par ordre royal. Ainsi-soit-il ".

C'était, on le voit, un véritable enterrement.

Le médecin venait alors visiter le malade : deux fois, au début de la maladie et une fois par semaine par la suite.

On apportait régulièrement la nourriture au malade et on la lui passait au bout d'une baguette blanche par une petite fenêtre de Lazare-Coz.

Grâce à ces mesures énergiques d'isolement, la lèpre disparut de Plestin au début du XVIIIème siècle.

L'organisation monastique du VIème siècle, réalisée par les moines de Tugdual et de Guirec, qui est à l'origine de toutes ces mesures, rendit donc au pays un bienfait considérable et prolongea l'œuvre de fondation et de constitution commencée par Gestin et par Efflam, quelques années avant l'arrivée de Tugdual et de Guirec. Ceux-ci ont droit dès lors de compter pour une honorable part dans l'histoire de la fondation de Plestin.

(M. S. J.).

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