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LES DEBUTS DE LA RELIGION BRETONNE A PLESTIN

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Lorsque, sur la plus haute des collines qui constituent le mont des Oliviers à Jérusalem, Jésus, au milieu de ses disciples, s'apprêtait à monter vers les cieux, il ordonna à ces disciples d'aller évangéliser tous les peuples de la terre.

Quarante jours plus tard, réunis au Cénacle, aujourd'hui propriété religieuse des arabes, non loin de l'église allemande de la Dormition où mourut la Vierge, les Apôtres reçurent le Saint-Esprit et, abandonnant toute idée de crainte et de pusillanimité qu'ils avaient eue jusque là, ils se lancèrent, pour prêcher l'évangile, à travers tout le monde connu à l'époque, sans se laisser arrêter par les plus grandes difficultés.

Saint Pierre fut le plus fougueux d'entre eux et avant de mourir crucifié à Rome sous Néron en 62, il avait effectué trois grands voyages à travers la Grèce, l'Italie, la Gaule, et tout le nord de l'Afrique. Dans son voyage en Gaule, il traversa la Manche et vint en Grande-Bretagne, où il laissa St Aristobule comme chef du groupe chrétien naissant. Celui-ci se heurta à la haine combinée du druidisme ancestral et du paganisme romain installé en Angleterre par le conquérant romain, et fut martyrisé à Gladstone.

La tradition anglaise est formelle sur ce point et l'historien latin Tacite du début du IIème siècle est non moins formel sur l'existence de l'évangélisation de ce pays, dès la fin du Ier siècle.

Saint Pierre ne se découragea pas et dirigea sur la Grande-Bretagne 14 disciples sous le direction de l'apôtre Philippe : la thèse anglaise, la thèse maronite et syriaque sont non moins formelles sur ce point.

Philippe installa en Angleterre ses disciples pour en entreprendre l'évangélisation en dépit de toutes les difficultés jusque-là rencontrées et revint ensuite en Asie-Mineure.

Or à la tête de ces disciples, se trouvait Joseph d'Arimathie, ce fameux publicain qui offrit son tombeau personnel pour y déposer le corps de Jésus après sa descente de la Croix et qui obtint de Pilate de conserver la coupe dans laquelle il s'était lavé les mains après le jugement du Christ et dont un soldat romain s'était servi pour recueillir le sang de Jésus, lorsqu'il le frappa au côté d'un coup de lance. Joseph d'Arimathie amenait avec lui cette fameuse coupe et, lorsque, une dizaine de siècles plus tard, se constitua en Grande-Bretagne, la Chevalerie de la Table Ronde, ces chevaliers se donnaient pour mission de la retrouver.

C'est l'origine de l'épopée bretonne de la Table Ronde, dont les récits légendaires ont hanté les esprits du Moyen-Age, en Angleterre, en France et en Allemagne.

Nous la connaissons encore dans notre Bretagne et la dite coupe porte le nom de "Ar Graal santal".

Joseph d'Arimathie, que la tradition anglaise considère comme le premier chef de son église, fait l'objet en ce pays de nombreuses légendes, qui, si elles ne sont pas vraies, n'en diminuent point l’importance du rôle qu’il y joua.

Avec lui, Joseph d'Arimathie avait un autre figurant du drame de la Passion : Nicodème, ce membre du sanhédrin qui avait condamné Jésus chez Caïphe et devant lequel, il n'avait pas hésité à prendre la défense de ce juste. Nicodème est avec Joseph d'Arimathie l'objet d'une très grande vénération en Angleterre ; on l'y représente tenant une couronne d'épines et trois clous alors que Joseph d'Arimathie porte la même couronne d'épines avec la coupe de St Graal.

C'est sous cette forme, absolument identique, que nous les retrouvons dans le Léon et dans le Trécor, tout autour du centre du Yaudet, soit idolément soit dans les groupes de la Passion qui existent à Brélévenez, à Servel, à Locquirec, à Saint-Thégonnec : ils portent dans le pays les noms de Sant Joseph Arimathie et Sant Nigoudem.

Comment donc leur souvenir et leur vénération sont-ils ancrés dans notre pays ? Car ils y ont été très fortement en honneur puisque les statues de ces deux saints peuplent bon nombre de nos églises et de nos chapelles et que plusieurs chapelles ont été spécialement élevées de longue date à leur dévotion : à Servel, dans la vallée du Léguer, à Ploumilliau et au Minihy-Tréguier.

Il y a une raison pour que ce souvenir se soit perpétué non pas dans les documents écrits, mais dans les monuments de la piété du peuple et dans sa tradition.

C'est en effet qu'ils y ont été connus par une prédication directe de leurs disciples et qu'ils furent cités par eux comme la preuve de la Passion et de la Résurrection du Christ, au cours de leurs prédications.

C'est là en effet l'histoire de l'évangélisation de notre pays, avec le Yaudet comme centre, 40 années à peine après la mort du Christ, aussi rapidement qu'elle ne fut faite dans tout le reste de la Gaule.

Ayant réussi en effet à asseoir la religion chrétienne dans les Iles britanniques, Joseph d'Arimathie voulut étendre son rayon d'action en envoyant vers la Petite Bretagne qui était alors en rapports presque continuels avec la Grande Bretagne, un groupe de disciples sous la direction de Drennalus.

De nombreux historiens ont traité de légende invraisemblable et fabuleuse cette histoire de Joseph et de Drennalus, la disant impossible dans le temps et dans l'espace, sans se douter que nous autres, bretons de l'Armorique, nous avons autrefois été en continuelle relation avec les Iles, que nous avons gardé de ces faits à travers les âges une tradition que les générations actuelles ont peut-être oubliée, mais que les générations précédentes eurent en honneur et mirent par écrit, et qu'enfin nous avons toujours sous les yeux, les monuments de pierre qui, mieux que tout document écrit, nous ont conservé le souvenir de toute cette histoire. Parti d'Angleterre avec douze disciples, Drennalus aborda à Porz-Léogan, près du Conquet ; il traversa tout le Léon en prêchant la foi chrétienne, passa à Morlaix où il y avait encore au XVIIème siècle trace de son souvenir et de son passage, et s'en vint au Yaudet, au point le plus important à l'époque de toute la région.

Il y installa le centre de son groupement de chrétiens, qui est à la naissance de l'évêché de Tréguier.

Drennalus n'est pas pour nous un inconnu : il est connu dans tout le Léon et le Trécor sous le nom de St Drenold ou St Drel et il a eu des chapelles dans notre région : l'une qui a disparu, près de Kerici, sur la route de Saint-Michel-en-Grève à Lannion, et une autre qui existe toujours, mais en ruines, au Minihy-Tréguier.

Les débuts de ce groupements de chrétiens du Yaudet durent être durs : il avait à lutter contre le druidisme invétéré dans l'âme populaire, contre la haine que lui affichaient les ovates, les bardes et les druides dont l'un d'entre eux, Gwenc'hlan clamait du haut du Grand Rocher :

Neo ket kig brein chass pe denved
Kig kristen a renkah Kawet
.

Il avait à lutter aussi avec un autre ennemi : le romain qui venait d’installer ses troupes au Yaudet et qui tenait à la maîtrise de son paganisme officiel. Toutefois, dans les rangs des troupes romaines, beaucoup étaient gagnés à la nouvelle religion et nombreux étaient les paysans et les habitants de la ville gagnés par la douceur du christianisme et surtout par les récits privés du drame de la Passion et de la naissance d'un Dieu né d'une vierge mère.

C'est de cette époque que date la représentation naïve de la Vierge couchée dans son lit avec l'enfant Jésus qui existe au Yaudet et que le Moyen-Age nous a transmise d'une façon plus naïve encore.

La petite église du Yaudet n'en exista pas moins malgré la lutte dont elle fut l'objet. Ses progrès furent lents, mais effectifs, quoique son existence n'ait pas été officiellement reconnu par l'organisme religieux de Tours dont elle aurait du dépendre ; mais il y a à cela une raison bien simple : c'est qu'elle était bretonne, de tempérament têtu et indépendant et elle n'admettait pas ou ne se souciait pas d'être reconnue par l'évêque métropolitain de Tours dont l'église n'avait peut-être pas des droits d'ancienneté plus grands que les siens.

Au IVème siècle, vers 323, l'empereur de Rome Constantin le Grand se convertit au christianisme et déclara la religion chrétienne religion officielle de l'Empire.

Aussitôt, au Yaudet, le prélat Guennalus releva la tête, fit détruire toutes les idoles paiennes, et construire un peu partout des églises chrétiennes.

Il poussa ses prêtres dans la direction de Lannion mais aussi sur celle du pays des bords du Yar et du ruisseau de Lancarré qui allait donner naissance au pays de Plestin.

L'armée romaine avait à cette époque un détachement de troupes qui occupait le camp situé sur la colline du Brelan, près de Tréduder.

Sous la protection de ce détachement, les premiers éléments chrétiens partis du Yaudet s'en vinrent sur les hauteurs de Pen-an-Nec’h et y bâtirent la première église du pays plestinais appelée encore de nos jours Cozilis.

Elle était faite en briques romaines dont on peut à foison ramasser aujourd'hui des morceaux dans les fondations qui existent toujours.

Et, comme dans le pays, on ne se servait pas de briques pour la construction des maisons, on peut par là affirmer qu'elle est due à un travail romain, dont l'idée est certainement venue du Yaudet.

Voilà sommairement racontée, l'histoire de la naissance de la religion chrétienne dans notre pays ; on peut constater par là qu'elle y est installée depuis bien longtemps et que l'îlot formé par Cozilis, le Beuzit et le Launay, est en somme le berceau de Plestin.

Là, la Brique romaine foisonne : les paysans de la région le savent bien ; là, de vieilles dénominations restées aux parcelles de terre rappellent toute une organisation de vieilles voies depuis longtemps disparues. C'est de là que Plestin est venu.

Quelques années, un siècle à peine après la construction de cette église de Cozilis, qui donc était le pasteur du groupement de chrétiens plestinais ? Sans nul doute c'était Jestin. Il devait avoir des attaches romaines du fait que la légende, déformant les renseignements de la tradition, parle d'un voyage qu'il fit à Rome ; or à cette époque de l'histoire, on ne faisait pas de pélerinage à Rome ; cela n'est venu que plus tard au Moyen Age.

Mais il a suffi qu'à l'occasion de Jestin, l'on ait retenu qu'il avait des attaches avec Rome, puisqu'il était envoyé par le Yaudet, centre sous l'influence romaine, pour qu'à tort, on avance pareil fait inexact.

Jestin était donc le pasteur de Cozilis ; là était sa demeure d'où il rayonnait pour évangéliser la contrée.

Il était déjà vieux, dit la légende, lorsque en 470 Saint Efflam se présenta à lui.

(M. S. J.).

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