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LA CONSTRUCTION DES CHAPELLES ET LE PATRONAGE DES FRAIRIES

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Asseoir solidement la tradition dans l'âme populaire, c'était pour le clergé de Plestin, donner à chaque groupement du pays un esprit de corps, constitué par un patronage donné à ces groupements et par un édifice religieux élevé en l'honneur des saints patrons choisis.

Les groupements existaient ; ils reçurent une consécration officielle par délibération de la municipalité de Plestin en 1791 ; ils se sont toujours maintenus.

Ils étaient au nombre de dix : les frairies de La Haye et de l'Armorique (Trew-an-Haye, Trew-Arvor ou Trévroz) ; celles de Tréardin, ou pays du dragon ; de Treolen ou Tre-aw-len (le pays des marais), de Trémel (pays des soldats), de Tredillac (pays des ormes), et de Trespernen (pays des ronces et des épines) ; et enfin celles de Trémeur (le pays haut ou principal), de Tréharant (pays de Harant), et de Treoustad (pays des pères ou des aïeux).

Dans chacune de ces frairies fut élevée une chapelle destinée à être l’âme de la frairie, nantie de sa fabrique particulière, autour de laquelle s'assemblait une foule immense pour le pardon du saint.

Toutes ces chapelles, plusieurs fois réparées au cours des siècles, parfois rebâties, sont origimirement du XIème eu XIIème siècle.

La frairie de la Haye se donna Saint Efflam comme patron ; et comme il ne pouvait plus être question de lui bâtir un édifice à Cozilis, trop éloigné, on l'éleva au bord de la grande artère de communication Morlaix-Lannion, non loin de l'endroit témoin des opérations de débarquement de la vague insulaire.

Peu éloignée de l'église paroissiele, de la chapelle Saint Efflam et de la chapelle du vieux monastère de Guernevez ou du Coz-Wenac'h, chapelle dont on ne connait pas le vocable, mais qui vraisemblablement était consacrée soit à Guirec, soit à Saint Tugdual soit à Saint Samson, la frairie de l'Arvor se rattacha seule comme patronage à Saint Efflam : ce n'est que trois siècles plus tard, lors de le création des compagnies de canoniers garde-côtes, qui tenaient par leurs batteries, Saint-Michel-en-Grève, Kerdahoret et le Varcq, qu'une chapelle devait être élevée en l'honneur de leur patronne Sainte Barbe, non loin du confluent du ruisseau de Traoudour.

La frairie de Tréharant prit le patronage de Harant, le compagnon d'Efflam. La chapelle de Saint Harant qui actuellement tombe en ruines, est une reconstruction du XVIIIème siècle ; mais les actes de la Fabrique sont formels à son sujet et déclarent qu'elle fut rebâtie à l'emplacement d'une autre chapelle de la plus haute antiquité, construite à l'emplacement réputé avoir été celui de la logette de Harant.

Treoustad, qui avait déjà l'église paroissiale, établit pour sa frairie le patronage de Gestin auquel on éleva une chapelle sur l'emplacement de le lande de Lanscolva où la tradition le disait avoir vécu et être mort ; mais cette frairie prit en outre un autre patronage : celui de Sainte Hénora, l'épouse d'Efflam, à laquelle fut élevée une chapelle près de Pontbouillen, sur le lieu où elle avait passé quelques temps avant d'aller en Cornouailles.

La frairie de Trémeur avait son patronage tout indiqué : celui de Saint Jagut, dans le monastère des moines de Saint Jagut ; il fut doublé de celui de Notre-Dame de Pitié comme à Saint Carré et à Trémel pour Notre-Dame de Merci.

Tous ces patronages étaient d'une façon caractéristique un hommage aux saints locaux qui avaient joué un rôle dans la fondation du pays.

Mais pour les autres frairies, peuplées de gens dont la souche était quelque peu draconaire, le patronage choisi fut comme un mot d'ordre, un hommage à un saint romain, soldat ou officier des légions romaines.

De même qu'à Tréduder, le principal pays draconaire, on choisit Théodore le soldat recrue d'une légion romaine martyrisé à Amasée, de même dans le pays de Plestin, on porta ses préférences sur des soldats romains.

A Tréardin, ce fut Saint Sébastien, l'officier légionnaire martyrisé deux fois ; à Tréolen, ce fut Saint Claude, chef de la milice, martyrisé à Terné au IIIème siècle ; à Trédillac ce fut Saint Maurice, officier des légions romaines que l'on voit encore dans sa chapelle portant le casque à chenille, la tunique longue et s'appuyant sur son épée de le main droite pendant que sa main gauche porte une croix.

A Trémel seulement fut conservé le souvenir des moines de Saint Jagut sous la forme de la dévotion à la Vierge qui était leur marque principale, à Notre-Dame de Merci.

Le choix des patrons fait par tout le haut pays de Plestin où l'influence romaine s'était le plus développée, est vraiment typique et symptomatique d'un esprit bien particulier et de tendances toutes différentes de celles du reste du pays.

Toutes ces chapelles de frairies que le clergé du Xème siècle donna l'idée de construire pour asseoir la tradition, restèrent très vénérées et la tradition à leur sujet fut ancrée si profondément dans l'âme du peuple que, même sous la Révolution, en pleine Terreur, au plus fort de la tourmente révolutionnaire, la Municipalité de Plestin maintint l'entretien de ces chapelles à l'exclusion de toutes autres.

Le Xème siècle avait daté solidement la tradition. Notre XIXème siècle l'a tuée ; il a laissé s'effondrer, tomber en ruines ce souvenir de nos aïeux : ce n'est, ni à sa gloire, ni à son honneur.

(M. S. J.).

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