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Les DU PERRIER, seigneurs du Plessis.

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I - Alain du Perrier.

Le premier des du Perrier que nous voyons qualifié du titre de seigneur du Plessis-Balisson, est Alain, sire du Perrier, lequel parut, l'an 1387, vers la veille de la Nativité de Saint Jean-Baptiste, aux Etats convoqués à Vannes par le duc Jean IV. La Chronique de Saint-Brieuc, reproduite par Lobineau (tome II, col. 816), lui donne à cette occasion le titre de Maréchal de Bretagne. Une chartre de 1392, que nous avons trouvée au tome 70, [Note : Il est à noter que ce Manuscrit est écrit de la main même de Duchesne] folio 249, de la collection Duchesne, à la Bibliothèque Nationale, est également très affirmative à ce sujet. Voici cette pièce qui rectifie plusieurs assertions des agents du duc de Penthièvre, mentionnées aux Archives des Côtes-d'Armor, lesquelles attribuent à Jean IV du Perrier le mérite d'avoir obtenu pour le Plessis la création de la foire de la Madeleine.

Sceau d'Alain du Perrier d'après D. Lobineau.

« Jehan, duc de Bretagne et conte de Richemond, à tous ceulx que ces presentes lettres verront ou oirront, Salut. Comme à nous de nos droitz, souveraineté et nobleces apartiengne et non à autre l'institution, ordenance et donnaison des foires et marchiez en nostre duchié. Scavoir faisons, que a la supplication, contemplation et requeste de nostre très bien aimé et feal Alain, sire du Perié, nostre mareschal, a icelui avons donné et octroié par ces présentes, donnons et octroions de nostre certaine science et grace especial une foire par chacun an, à la avoir et tenir en ses fiez et héritages jouxte la Chapelle de la Magdelaine et landes de Beaucellier, en la paroisse de Ploeballa, et en l'évesché de St-Malo et à mettes au jour de la Magdelaine. Donné à Rennes, le 15 décembre 1392. Sous nostre grand scel en lacz de soie rouge et verte ».

Grâce à Dom Lobineau nous possédons le sceau d'Alain du Perrier. Il figure au tome II de son Histoire de Bretagne, sous le numéro CCXXXI. Après lui, D. Morice l'a représenté au tome II de ses Preuves, sous le numéro CCLXXXI. Voici sa description : on pourra la comparer avec la reproduction que nous en donnons précédemment : Alain du Perrier est représenté debout, armé de toutes pièces, l'épée à la main, la gauche appuyée sur un écu contenant 10 billettes, 4, 3, 2 et 1. A ses pieds, deux léopards accroupis tiennent chacun une bannière carrée. La première représentant deux léopards et la seconde semée d'hermines. Derrière la tête des lions sont placés deux écussons, l'un à dextre, vairé d'azur et d'argent, et l'autre à sénestre, semé d'hermines. Pour légende, ces mots : « Sceau d'Alain, sire du Perrier, et du Pleseiz-Baliczon et de Questambert ». Le tout porte la date de 1387.

Cette légende et cette bannière armoriée, de même que la chartre que nous venons de citer, ne peuvent laisser de doute sur les liens qui existaient entre Alain du Perrier et le Plessis-Balisson : mais à quel titre possédait-il cette châtellenie ? Etait-ce par héritage, acquêt ou mariage... voilà ce que nous n'avons trouvé nulle part et nous en sommes réduits à former des hypothèses. Peut être Alain du Perrier tenait-il le Plessis du chef de sa femme PLEZOU DE QUINTIN ? En ce cas, voici comment la chose aurait pu se produire.

Les d'Avaugour et leurs puînés les Botherel ont eu au XIIème et XIIIème siècle plusieurs alliances et partages soit avec les Dinan, soit avec les vicomtes de Poudouvre. C'est ainsi qu'Henri II, comte de Goëllo, dit d'Avaugour, aîné des Botherel de Quintin, épousa Marguerite, dame de Mayenne et de Dinan. Alain II d'Avaugour, comte de Goëllo, épousa Clémence de Dinan et Jehanne leur fille se maria à son tour avec Geoffroy de Dinan-Montafilant. Plus tard, Jean Botherel II, seigneur de Quintin, branche cadette des d'Avaugour, épousa, l'an 1328, Philippine de Dinan-Poudouvre, vicomtesse de la Bellière. Quelque temps après, on voit cette dernière, procuratrice de Geoffroy III, son fils, terminer les différents de sa famille avec les moines de Saint-Aubin-des-Bois [Note : Nous devons à M. le Comte Le Noir de Tournemine la bienveillante communication du détail des alliances des Botherel avec les Dinan].

Or, Geoffroy III mort vers 1381, laissa deux fils : Jean III et Geoffroi IV, qui furent successivement seigneurs de Quintin et finirent sans postérité, le dernier en 1428. Mais Geoffroy III avait aussi une fille, dame Plezou de Quintin, laquelle épousa, avons-nous dit, Alain, sire du Perrier. Si comme il est possible [Note : Nous disons possible, car nous ne regardons pas du tout la chose comme certaine], le Plessis, par suite de l'extinction des mâles de la branche aînée des Baluçon, avait passé dans la branche des Botherel-Quintin, grâce aux alliances de ces derniers avec les Dinan-Poudouvre, on peut supposer que Plezou de Quintin ayant eu le Plessis pour sa part d'héritage, l'ait ensuite porté aux du Perrier du fait de son mariage.

Nous avons dit que Plezou de Quintin épousa Alain du Perrier : en cela nous allons contre le sentiment habituellement reçu et d'après lequel cette noble dame aurait épousé Geoffroi, sire du Perrier. Mais à cela s'oppose à notre avis une grosse difficulté : On ne trouve pas trace de ce Geoffroy, ni dans les Preuves de Lobineau, ni dans les Preuves de dom Morice à l'époque vers laquelle il faudrait justement situer son existence, c'est-à-dire de 1370 à 1390 ; tandis qu'à ces dates, les mêmes Actes rapportent constamment les faits et gestes d'Alain du Perrier, ainsi qu'on pourra s'en convaincre plus loin par le relevé que nous avons fait de ces pièces.

Du reste les généalogies que l'on a données de la famille du Perrier, et sur lesquelles on s'appuie, paraissent bien fantaisistes, à commencer par celle de La Chesnaie des Bois, qui fait d'Alain du Perrier, déjà cité comme chevalier en 1374, un fils de Plezou de Quintin !. Quant aux auteurs des Anciens Evêchés, ils écrivent tout simplement que Plezou apporta le Quintin à Jehan du Perrier. Enfin Courcy, dans son Armorial, indique Geoffroy du Perrier comme épousant en 1400, Plezou de Quintin, et d'après ses dires, ce Geoffroy aurait été le fils de Juhel du Perrier et d'Havoïse de Quintin. Quant à Alain du Perrier lui-même, Courcy n'en souffle mot. Ce sont là, croyons-nous, de grosses erreurs dont la paternité primitive incombe à La Chesnaie des Bois, ainsi qu'aux faiseurs de généologies du XVIIème et du XVIIIème siècle. Aussi jusqu'à preuves démontrées du contraire, regarderons-nous désormais Alain du Perrier, sire du dit lieu et du Plessis-Balisson, comme l'époux de Plezou de Quintin et le père de Jean du Perrier dont nous allons tout-à-l'heure étudier les faits et gestes.

 

II- Alain du Perrier et les Actes de Bretagne.

Alain du Perrier ne nous étant connu que grâce aux Actes de Bretagne, nous croyons faire oeuvre utile en réunissant ici ce que nous avons relevé dans ces Actes concernant ce personnage, qui jusqu'ici nous semble avoir été presque ignoré.

Alain du Perrier, chevalier, paraît à une montre de Bertrand du Guesclin tenue à Caen le 1er octobre 1371, et à une autre tenue dans la même ville le 1er novembre de la même année (Morice, Pr. I, 1657 et 1658).

Alain, sire du Perrier, fait partie de l'association de la noblesse bretonne formée pour empêcher l'invasion du pays, le 25 avril 1379 (Morice, Pr. II, 214 ; Lobineau, Preuves II, 592).

Alain, sire du Perrier, ratifie à Guingamp, le traité de Guérande, le 30 avril 1381 (Morice, Pr. II, 278).

L'an 1384, le 13ème jour de may, la cause de dame Alienor de Kergolé par Guillaume Le Leonnais, son procureur, vers messire Alain, sire du Perrier, en cause d'appeau fait de la partie d'icelle dame, et contre le dit sieur du Perrier, d'un jugement fait en cours de Rennes pour lui et contre elle, en demande d'un doaire, selon leur procès, est remuée et continuée d'assentement de partie jusqu'au prochain parlement (Morice, Pr. II, 461).

L'an MCCCXCIV, Clisson fit le siège du Perrier et de Saint-Brieuc et les prit (Lobineau, Pr. II, 753).

Le 13 mai 1386, lors de la session du Parlement, Dame Aliénor de Kerguolé, dame du Boais de la Motte [Note : A rapprocher de cet acte, l'acquisition par retrait féodal du grand bailliage du Bois de la Motte, dit bailliage des Nobles, opérée au XVIIème siècle par les du Breil de Rays pour le compte du Plessis-Balisson. D'après du Paz, p. 717, Alienor de Kergolay était l'épouse de Jean de Beaumanoir], présentée par Jehan du Recoudeboing, son procureur, en cause d'appeau, faite en la partie de la dite dame contre le sire du Perrier (Morice, Pr. II, 513).

Alain, seigneur du Perrier, comparait en 1388, (Lobineau dit en 1389), à une assemblée de barons convoquée à Nantes par le duc, pour les entretenir de ses plaintes contre Clisson et les Penthièvre (Morice, Pr. II, 557).

Alain du Perrier, maréchal de Bretagne, assiste aux Etats de Vannes tenus en 1387 (D'après la Chronique de Saint-Brieuc) (Lobineau, I, 457 ; Morice, Histoire de Bretagne, I, 398).

En 1393, Alain, sire du Perrier, fait serment de fidélité au duc de Bretagne avec plusieurs autres seigneurs (Lobineau, Histoire de Bretagne, I, 486 et Morice Pr. II, 622).

Note d'Ogée, II, p. 900. A propos de Squiffiec : On y remarque les ruines du château du Perrier, famille qui a fourni un maréchal à la Bretagne en 1387, nous dit M. de Blois. Ce château fut assiégé et pris le 1er juin 1393 par Olivier de Clisson, connétable de France, qui le fit démolir.

 

III- Le Plessis sous l'administration des du Perrier, sires de Quintin.

C'est par erreur, avons-nous vu tout à l'heure, que l'on attribue ordinairement à Jean IV du Perrier la création de la foire de la Madeleine. Ce Jean du Perrier, fils et héritier d'Alain et de Plezou de Quintin, fut sans aucun doute seigneur du Plessis-Balisson, mais nous n'avons trouvé à son actif aucun geste favorable à cette seigneurie.

Nul auteur à notre connaissance ne relate la date de la naissance de Jean IV du Perrier. Par contre, nous savons qu'il épousa l'an 1400, Olive de Rougé, sa première femme, fille du seigneur de Bourg d'Iré, en Anjou.

Deux enfants naquirent de cette union : Marie du Perrier, qui épousa Rolland V, sire de Chateaubriant et de Dinan-Montafilant, l'un des principaux barons de Bretagne, décédé en 1419 sans postérité, et Geoffroy du Perrier, qui continua par son fils Tristan, la lignée des seigneurs de Quintin.

Pour son malheur, Jean du Perrier devenu veuf, se remaria en 1423, avec Constance Gaudin, fille du seigneur de Martigné-Ferchaud. Cette nouvelle épouse lui donna quatre enfants : Jehan, dont nous allons avoir à nous occuper bientôt, Guillaume, puis Jehanne, qui se maria avec Bertrand Gouyon, et Anne, qui devint l'épouse du sire de la Feuillée.

Ambitieuse et intrigante, Constance ne rêvait rien moins que de deshériter les enfants du premier lit au profit des siens propres. Déjà, lors de son mariage en 1423, elle avait obtenu de son mari la cession à son profit de la terre du Plessis-Balisson, pour lui tenir lieu de ses deniers dotaux, qui avaient été employés à payer les dettes de son dépensier de mari. Dix ans plus tard, du consentement de celui-ci, elle transportait à Jehan du Perrier, son fils aîné, la possession de la seigneurie du Plessis-Balisson [Note : Consulter sur ce sujet : LA BORDERIE, Histoire de la ceinture de la Sainte Vierge conservée à Quintin, pages 243, 248, 265 et 273. De nombreuses pièces justificatives accompagnent cette étude (Mémoires de la Société Archéologique des Côtes-du-Nord, t. III, 2ème série)].

Mais si Constance Gaudin savait acquérir des domaines, elle n'entendait rien à les administrer, et son mari prodigue et dissipateur était encore moins qualifié qu'elle pour gérer ses affaires. Aussi durant la minorité du fils aîné de Constance, le Plessis eut-il beaucoup à souffrir de l'incurie de Jean IV du Perrier, devenu seigneur de Quintin, à la mort de son oncle arrivée en 1428.

La chose devint même à un tel point que le duc de Bretagne dut évincer Jean IV de l'administration de ses biens et la confier à son fils aîné, Geoffroy du Perrier, lequel fut en fait seigneur de Quintin depuis 1437, jusqu'à sa mort arrivée en 1444 ; Geoffroy du Perrier, sire de Quintin [Note : Ces lettres furent confirmées en 1443 et 1444 par le successeur de Jean V. (Archives des Côtes-d'Armor, E. 568)], témoigna quelque bonne volonté envers le Plessis-Balisson. C'est ainsi qu'il obtint à la date du 14 octobre 1441 [Note : La décharge du compte de P. Paindavoine, receveur des fouages en 1441, porte expressément que le « duc a fait grâce et rabat à la requeste du sire de Quintin pour les demeurans au Plessix-Balliczon ». (Archives des Côtes-d'Armor, E. 568)], des lettres patentes du duc Jean V, « rabattant cinq feux aux paroissiens de Ploubalay, pour les demourans au Plessis-Balliczon, afin que le dit lieu, auquel Monseigneur avait ordonné réparations et fortification de chasteau put être mieux habité, garni et peuplé de gens qui y habitassent et demourassent pour le temps de lors et advenir ».

Malheureusement, tout cela finalement demeura lettre morte. Geoffroy du Perrier dut à la réflexion se soucier assez peu de remettre en état un château sur lequel il n'avait aucun droit. Si bien que le 13 juin 1444, le connétable de Richemont, tuteur de Tristan du Perrier, fils de Geoffroy V, signale dans une longue requête au duc de Bretagne, « que lez chasteaux du Perrier et du Plesseiz-Baluczon éstoint cheuz et ruyneux et ne seroient pas reparés et rédiffiés pour le nombre de vingt mille escuz d'or ».

Pour la même cause, les receveurs des fouages du duc de Bretagne faisaient des difficultés de consentir à l'exonération d'impôts accordée aux habitants du Plessis, parce que disaient-ils, « le rabat de cinq feux estoit faict en faveur de ce que le sire de Quintin debvoit rédiffier le chastel du Plessix-Balliczon, ce qu'il n'a pas fait » (Archives des Côtes-d'Armor, E. 568).

 

IV- Jean IV du Perrier et les Actes de Bretagne.

Les raisons qui nous ont fait consacrer un paragraphe spécial à reproduire les Actes de Bretagne qui se rapportaient à Alain du Perrier, nous engagent à faire figurer ici les Actes concernant Jean IV du Perrier. Voici ces pièces :

Le 15 mai 1405, Jean du Perrier, héritier présomptif de Geoffroy de Quintin, signe avec lui sur l'acte de fondation de la Collégiale (Morice, Pr. II, 754).

Le sire du Perrier signe sur une ambassade envoyée au duc de Bourgogne, en 1408 (Lobineau, Pr. II, 830).

Le sire du Perrier, avec les principaux seigneurs de Bretagne, fait partie des Etats assemblés à Vannes pour aviser au moyen de lutter contre les Penthièvre. (Déc. 1408.) (Lobineau, Hist. I, 515).

Le sire du Perrier assiste aux Etats tenus en 1420 dans la ville de Vannes (Lobineau, Hist. I, 553).

Le 30 septembre 1420, le duc de Bretagne accorde plusieurs droits féodaux importants, à son ami et féal Jean, seigneur du Perrier, et « même eu égard à ce que le père du dit seigneur fit à notre très rebdouté seigneur et père et en especial, pour le très singulier plaisir et service que nous a fait de nouvel, le dit seigneur du Perrier en la poursuite et délivrance de notre personne » (Morice, Pr. II, 1048).

Le 16 octobre 1420, le sire du Perrier fait alliance avec le duc et de nombreux seigneurs contre les Penthièvre (Morice, Pr. II, 1060).

Le sire du Perrier signe sur le traité d'alliance conclu entre le duc de Bourgogne et les Etats de Bretagne, le 18 avril 1423 (Morice, Pr. II, 1127).

Le 9 septembre 1427, Jehan, sire du Perrier, figure parmi les membres des Etats de Bretagne qui ratifient le traité de Troyes de leur signature (Morice, Pr. II, 1201).

 

V- Jean V du Perrier, Seigneur banneret du Plessis [Note : Les chevaliers bannerets étaient des seigneurs assez puissants pour entretenir à leurs frais au moins 25 hommes d'armes et qui possédaient d'autre part de droit héréditaire la faculté de lever bannière. Cette bannière était carrée et les distinguait des simples chevaliers qui ne pouvaient porter qu'un pennon à queue, à l'extrémité de leur lance. Les montres des XIVème et XVème siècles nous font voir que les chevaliers bannerets de Bretagne avaient le plus souvent sous leurs ordres plusieurs chevaliers et un nombre considérable d'écuyers, sans compter les archers à cheval et les coustillers].

Il était grand temps qu'une main ferme vint prendre l'administration du Plessis. Cette main, ce fut JEAN DU PERRIER, le fils aîné de Constance. C'est, croyons-nous, aux environs de 1450 qu'il faut placer la prise effective de possession du Plessis-Balisson par son nouveau seigneur.

Nous ignorons pour quel motif il ne donna pas suite aux projets de restauration de la vieille forteresse qui devenait chaque année plus ruineuse. Mais si Jean du Perrier ne fut pas un bâtisseur, du moins s'employa-t-il activement à conserver à ses vassaux l'exemption de cinq feux, que leur avait accordée le duc Jean V, exemption qui équivalait en pratique à la suppression complète de cet impôt pour la ville du Plessis. Ce fut l'origine d'une longue procédure avec les paroissiens de Ploubalay, procédure qui dura jusqu'au milieu du XVIème siècle et dont les péripéties se trouvent racontées dans de poudreux parchemins conservés maintenant aux Archives des Côtes-d'Armor, E. 568.

D'après un compte de la châtellenie du Plessis datant de 1461 [Note : « 1° Acquest que fit J. du Perrier avec Jean Le Roy et sa femme Jeanne du Plessis, sieur et dame de la Ville-Asselin, de la quarte partie des rentes dues en la ville du Plessis. (Archives des Côtes-d'Armor, E. 568). - 2° Nota que la femme de Robert de Trécesson qui autrefois fut mariée à Jehan du Plessis, à present jouist des dites choses à cause de douaire, par raison du décès dit defunt Jehan du Plessis, et après le décès d'icelle douairière, Jehan du Perrier enjouira » (Archives des Côtes-d'Armor, E. 568)], il paraît bien que Jean du Perrier acheta, les unes après les autres, toutes les parcelles qui avaient été distraites de la terre du Plessis et qu'il s'efforça de redonner [Note : Jean V du Perrier obtint du duc François II des lettres confirmant si besoin était le droit de menée aulx plaids de Lamballe pour la chatellenie du Plessis. (Archives des Côtes-d'Armor, E. 568)] un lustre nouveau à cette antique chatellenie. La haute situation qu'il occupait à la cour de Bretagne, dut lui faciliter cette entreprise. C'est ainsi qu'il était dès 1451, l'un des chambellans du duc Pierre II, et nous savons qu'il conserva cette charge auprès d'Arthur III et de François II ses successeurs (LOBINEAU, II, col. 1187, 1258 et 1372). D'ailleurs le nom de Jean du Perrier figure sur de nombreux documents de cette époque : Nous le voyons convoqué comme banneret aux Etats de Vannes de 1451 et de 1455 (LOBINEAU, II, col. 1143 et 1230. — MORICE, Preuves, II, col. 1673 ; Preuves, III, col. 7), et c'est encore en cette qualité qu'il figure aux Etats de 1462. Une preuve de la considération dont jouissait en Bretagne le seigneur du Plessis, c'est que son scel figure parmi celui des principaux seigneurs bretons réclamés par le roi de France pour être apposés en 1476, au bas du traité de Senlis (LOBINEAU, I, col. 724).

En 1488, le seigneur du Plessis-Balisson, lieutenant du duc de Bretagne, dans la ville de Rennes, fut l'un des trois courageux citoyens qui portèrent aux Français vainqueurs à Saint-Aubin-du-Cormier, la réponse des Rennais, qui refusaient aux envahisseurs l'entrée de leur cité. Voici ces fières paroles, bien dignes d'avoir été enregistrées par l'histoire : « Le Roi n'a aucun droit sur ce duché ni sur cette ville... Le grand nombre des combattants ne donne pas toujours la victoire... Souvenez-vous de Crécy et de Poitiers ! Si le seigneur de la Trémoïlle et son armée viennent assiéger cette ville, autant y gaigneront-ils, comme ils ont gaigné devant la ville de Nantes. Nous ne craignons le roi, ni toute sa puissance. Et pour ce, retournez au seigneur de la Trémoïlle et faites lui rapport de la joyeuse réponse que nous vous avons faite, car vous n'en aurez autre chose pour la présente. » (LOBINEAU, t. Ier, p. 787).

 

VI- Les Revenus du Plessis au XVème siècle.

Un compte [Note : Archives des Côtes-d'Armor, E. 568] de la seigneurie du Plessis fourni en 1462, par Jehan Ferron, sieur des Donnelayes, en Ploubalay, et receveur de la dite terre, nous donne le chiffre de ses revenus à cette lointaine époque. Les droits sur les foires et marchés de la chatellenie étaient alors affermés par an 7 livres, 10 sols. Les rentes en froment se montaient à 86 mines [Note : D'après le Livre des mesures de Bretagne, cité par les auteurs des Anciens Evêchés de Bretagne, tome III, Prolégomenes, p. CCXXIII, la mesure du Plessis-Balisson était pareille à la mesure de Lamballe. « Elle valait 7 à 8 boisseaux à la mine et les 3 mines font le tonneau et les 2 quarts font la perrée ». Or la perrée de Lamballe contenait 2 boisseaux ou 4 quarts et le quart se décomposait en 4 godets. Chaque perrée de Lamballe contenait 11 décalitres 856 de froment. M. Dubreuil, dans son ouvrage sur la Vente des Biens Nationaux dans les Côtes-du-Nord, page 661, écrit que la mesure de Ploubalay valait 5 décalitres 733 le boisseau, et 2 décalitres 866 le quart], 4 boisseaux, 6 godets, le tout estimé 5 sous, 8 deniers le boisseau l'an 1461. Les rentes en avoine menue s'élevaient à 10 mines, 7 boisseaux, 9 godets par année et l'avoine valait alors 5 sous, 8 deniers les 3 boisseaux. Les divers vassaux de la seigneurie devaient fournir 25 poules par année et l'on comptait chaque poule à 10 deniers monnaie. Signalons aussi parmi les redevances quatre paires de gants en peau de cerf.

Quant aux moulins banals, ils étaient loués 47 mines de blé et 47 chapons. Il existait alors dans le ressort de la seigneurie un moulin à fouler, mais nous n'avons pas trouvé l'indication de son revenu.

L'acte que nous analysons, nous donne aussi le nom et les émoluements des principaux officiers du fief du Plessis-Balisson. Bertrand Millon était pour le temps sénéchal de la cour du Plessis et recevait 10 livres par an pour ses gages. Rolland du Breil exerçait alors les fonctions d'alloué avec les mêmes appointements. Quant à Jehan La Choüe, lieutenant d'icelle cour, son modeste traitement ne s'élevait qu'à 60 sous chaque année. Par contre, le receveur Jehan Ferron, en sa qualité d'homme de finances, touchait 15 livres par an. Ces sommes n'étaient pas si minimes qu'elles nous paraissent maintenant. Nous nous contenterons de rappeler pour preuves, qu'en 1540, les gages de Jean Glé, sénéchal de l'importante juridiction de Dinan, ne montaient qu'à 40 livres par an, et celle de François Glé, son alloué, à 15 livres seulement (Annuaire des Côtes-du-Nord, année 1858, p. 68).

Disons pour finir et afin de donner une idée de la valeur de l'argent vers cette fin du XVème siècle, que les chapons ne coûtaient alors que 15 deniers la pièce. A ce compte les revenus de la seigneurie du Plessis qui pouvaient s'élever à 5 à 600 livres environ, représentaient une fortune considérable pour l'époque.

 

VII - Jehan V du Perrier et les Actes de Bretagne.

Lobineau, II, 1184. Le sire du Plessis-Baluczon figure sur un état de solde comme ayant accompagné le duc de Bretagne dans un voyage à Tours, en 1451. Il reçoit 30 livres comme traitement.

Lobineau, II, 1188. Le sire du Plessis Baluczon, gentilhomme de la maison du duc accompagne celui-ci dans un voyage en Guyenne en 1452.

Lobineau, II, 1187. Jehan du Perrier, seigneur du Plessis-Baluczon, chambellan, reçoit 60 livres pour ses gages durant les mois de mars, avril et mai 1452.

Lobineau, II, 1190. Le sire du Plexeis-Baluczon fait partie des trente lances que le sire de Derval a sous ses ordres dans la ville de Saint-Malo, l'an 1453.

Lobineau, II, 1194 et 1195. Jehan du Perrier, seigneur du Plexis-Baluczon, figure dans un compte dressé en 1455, en qualité de Lieutenant du sire de Malestroit, maréchal de Bretagne et reçoit 80 livres pour ses gages.

Lobineau, II, 1258. Sur l'état de l'an commençant le 1er janvier 1459, le feu duc Arthur avait donné 450 livres au sire du Plessis-Baluczon, son chambellan.

Lobineau, I, 675. Le sire du Plessis-Balisson est chargé de faire tous les préparatifs des joutes auxquelles le duc de Bretagne doit assister à Chollet, en février 1460.

Lobineau, I, 696. En 1465, Jehan du Perrier est l'un des seigneurs qui conduit l'arrière-ban du duché de Bretagne durant la Ligue du Bien Public.

Lobineau, II, 1369. Dans les comptes des guerres pour l'année 1465, Jean du Perrier, seigneur du Plessix-Baliczon, figure comme ayant servi durant sept mois, avec 8 hommes d'armes et 205 archers.

Lobineau, II, 1372. Dans les comptes de Landoys, le sire du Plessis-Baluczon reçoit 320 livres pour sa charge de chambellan, du 1er octobre 1465 au 1er octobre 1466.

Lobineau, II, 1634. Gilles de la Clartière, seigneur du dit lieu et capitaine de Fougères, donna pleges Jean du Perrier, seigneur du Plessis Baliczon et Guillaume Le Moine, seigneur de Beauregard, le 21 août 1471.

Lobineau, II, 1584. M. du Plessis-Balliczon voit sa pension diminuée de 85 livres par ordre du roi Charles VIII, pour sa contribution aux frais de la conquête du royaume de Naples. (A. Lemasson).

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