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Le PLESSIS, propriété des Du Breil de Rays et Baude.

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I - Les du Breil de Rays, seigneurs du Plessis.

Le 8 septembre 1612, Guy du Breil de Rays (en Ploubalay), acquit [Note : Bib. Nle., col. Duchesne, Ms. 70, f° 225. — Duchesne rapporte que ce contrat fut passé par G. du B. " en remplacement des terres de C. d'Acigné, sa mère morte en 1602 "] pour 7.000 livres tournois et 600 livres pour les vins et commissions, d'avec René Marec, son cousin par sa mère, les terres. seigneuries et châtellenies du Plessis-Balisson, du Bourbonnier, de Cancaval [Note : Plusieurs notes extraites des Anciennes réformations de l'Evêché de Saint-Malo prouvent que Cancaval, qui fut sans doute possédé primitivement par les vicomtes de Poudouvre, apppartenait depuis longtemps aux sires du Plessis. a) En 1428 : L'hôtel de Cancaval est dit appartenir au seigneur de Quintin (alors Jehan du Perrier, sire du Plessis-Balisson). — b) En 1461, le pâturage de Cancaval alors à Jean V du Perrier, était loué 47 sous par an. — c) En 1513. Le Sr. du Plessis-Baluczon a manoir et emplacement de forteresse sur la rive de mer nommée Cancaval. d) En 1747, Cancaval était afféagé 50 livres par an] et du Bois-Jean.

Le nouveau propriétaire du Plessis appartenait à une illustre et très ancienne famille bretonne. dont le premier membre connu, appelé Guillaume du Breil, exerçait en 1172 la charge de sénéchal de Vitré.

La branche de Rays se trouvait établie à Ploubalay depuis bientôt un siècle lorsqu'elle acheta le Plessis. Sa résidence habituelle fut primitivement le vieux manoir de Rays, puis dans la suite le château de la Mallerie. Les du Breil de Rays ont fourni à la Bretagne des hommes remarquables entre autres Rolland du Breil qui devint président des parlements de Toulouse et de Bordeaux, puis président des Grands Jours de Bretagne en 1495 et 1496. Signalons en passant la devise de cette famille, « Parcere subjectis, debellare superbos », et ses armoiries « d'azur au lion morné d'argent ».

GUY DU BREIL, fils de François du Breil, l'un des chefs de la Ligue en Bretagne, et de Claude d'Acigné, des seigneurs de la Touche à la Vache en Crehen, fut baptisé dans l'église de Pleurtuit le 6 janvier 1587. Il épousa en 1614 Claude de Boiséon, qui lui apporta les terres d'Estuer, de la Granville, de Goudelin et de Beaumanoir, en Plemet. Lui de son côté, en plus des châtellenies du Plessis-Balisson, de Cancaval et du Boisjean, qu'il possédait lors de son mariage, hérita à la mort de son père des seigneuries de Rays, de la Ville-Bonnette, de la Mallerie et du Plessis-Plorec, en Erquy. En 1617, le roi Louis XIII lui donna commission de lever une troupe de cent hommes de pied. Deux ans plus tard, il reçut de ce monarque le collier de son Ordre. Quelques actes donnent même à Guy du Breil le titre recherché de gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi. Il mourut en 1647, à Nantes, durant la tenue des Etats de Bretagne, et son corps rapporté à Ploubalay fut inhumé le 9 mai dans le choeur de cette église.

JEAN DU BREIL, son fils aîné et son héritier principal [Note : Guy du Breil eut neuf enfants. Cf. Registre paroissial de Ploubalay, édités par M. du Guerny. Rennes 1912], naquit le 27 août 1615. Il embrassa de bonne heure la carrière militaire et le 18 juin 1654, Louis XIV lui confiait la charge de capitaine et gouverneur des ville et châteaux de Dinan et de Léhon, « attendu, disent les lettres de ce monarque, que Sa Majesté ne peut faire un meilleur et plus digne choix, vu les preuves qu'il a données en plusieurs occasions de son courage et de son expérience au fait des armes ».

Jean du Breil épousa en 1643 Louise du Quengo de Tonquedec. Devenu veuf, il se remaria à Saint-Lunaire, l'an 1652 [Note : Jean du Breil rendit aveu en 1652 pour la ville et châtellenie du Plessis, avec Haute Justice au Plessis-Balisson, Ploubalay et St-Enogat. (Archives des Côtes-d'Armor, E. 153)], avec Jeanne de Pontual, veuve de Bernardin Poulain [Note : Jean du Breil eut au moins sept enfants de ses deux mariages]. Le châtelain du Plessis reçut en 1660, le collier de l'Ordre de St-Michel et quelque temps après, à propos d'un démêlé avec les Goyon-Matignon, on le trouve cité le 28 mars 1667 « comme un homme d'une grande conséquence en Bretagne ». L'année suivante, à l'occasion de la Réformation, il fit reconnaître sa noblesse comme d'ancienne extraction chevaleresque [Note : Armorial de la Bourdonnais, p. 13. Lafolye, Vannes, 1886]. Comme Jean du Breil habitait plus souvent le château d'Estuer, en Bréhand-Loudéac, que celui de la Mallerie, c'est là qu'il faudrait rechercher la date de sa mort, arrivée, selon M. le Vte P. de Pontbriand, avant le mois de juin 1680.

Son fils aîné, François-Claude, hérita de la châtellenie du Plessis, mais il ne jouit pas longtemps de ce beau domaine. Après avoir fait avec distinction plusieurs campagnes comme aide de camp du maréchal de Turenne, il mourut le 9 avril 1682, au château de la Mallerie, sans avoir été marié. On lui doit d'avoir obtenu de Louis XIV au mois de juin 1680 des lettres patentes érigeant en comté les terres de Rays et du Plessis-Balisson, unies ensemble sous le titre de comté de Rays. Le tout formait alors un revenu de 16.000 livres. (C. f. Vte d'Avenel : Fortune privée à travers sept siècles, p. 37 et 70).

A l'occasion de l'érection en comté de la châtellenie du Plessis-Balisson, nous allons donner ici les grandes lignes de deux aveux rendus l'un en 1684, l'autre en 1712 par le second comte de Rays, Guillaume-Dinan du Breil. Nous puiserons dans ces actes plusieurs détails intéressants sur la seigneurie qui nous occupe [Note : François Dinan, seigneur de Chefdubois, frère puîné de Guillaume a laissé des descendants qui portent encore le titre de marquis de Rays. (Voir Vte de la Messelière, Filiations Bretonnes, 2ème fascicule)].

II - La châtellenie du Plessis aux débuts du XVIIème siècle.

De l'étude des documents [Note : Archives des Côtes-d'Armor, E. 167, et Archives Nationales, P. 1575, f° 175] dont nous allons résumer les principales parties, il semble ressortir que nous touchons aux derniers jours de la féodalité. Si les châtelains du Plessis énumèrent encore avec complaisance les droits considérables qu'ils retirent de la possession de ce fief, on voit qu'ils négligent depuis longtemps d'entretenir les bâtiments qui leur appartiennent en propre et constituaient naguère comme le tréfonds de toute seigneurie un peu considérable.

Ainsi, sans parler du château du Plessis, depuis longtemps détruit, comme nous les avons déjà ; l'aveu de Guillaume du Breil n'énumère que des ruines parmi les constructions qui forment le domaine direct du seigneur du Plessis. Ce sont d'abord « le colombier du château, son jardin, pourpris et clôture, le tout à peu près en ruines et de nulle valeur ; puis les halles dont il n'existe plus que les vestiges, mais dont on mentionne cependant l'emplacement avec droit de cohue, auditoire au dedans et au dehors, bancs et étaux ». Malheureusement, tout cela n'était que sur le papier, et le marché qui se tenait alors au Plessis chaque lundi, s'installait comme il pouvait tout autour de l'église et du cimetière du Plessis-Balisson. Quant aux foires, au nombre de quatre, la première avait lieu le lundi qui suit le mardi du Carnaval ; la seconde le lundi d'après Pâques ; la troisième le jour de la fête Saint-Jean-Baptiste et la quatrième, de beaucoup la plus ancienne, le jour de la fête de la Madeleine.

Le seigneur du Plessis en qualité de haut justicier possédait aussi une prison séparée pour la garde et la sûreté des prisonniers, mais elle se trouvait comme le reste écroulée depuis longtemps.

Les Quatre Pots de sa haute justice continuaient cependant de s'élever « proche la ville du Plessis, vers l'Orient, au haut du vallon, près le grand chemin qui conduit du Plessis au Pont de Dinan, le dit lieu anciennement appelé la Justice ». Quant à la fourche patibulaire [Note : Les fourches patibulaires consistaient en deux piliers de pierre au haut desquels il y avait une pièce de bois en travers, à laquelle on attachait les criminels condamnés à être pendus et étranglés. On appelait ces sortes de piliers fourches, parce que anciennement au lieu de piliers de pierre, on posait seulement deux pièces de bois faisant par en haut la fourche, pour retenir une autre pièce de bois qui se mettait en travers et à laquelle on attachait les criminels. (Note de M. Maheo, de Dinan)] ou potence de la ville, elle se trouvait au côté nord du cimetière, et non loin de là « possédait ledit seigneur une maison de vingt-cinq pieds de long avec perron qui servait d'assise et d'audience pour l'exercice de la juridiction seigneuriale » [Note : Cette maison est encore désignée sur le cadastre sous le nom « d'auditoire »].

Tout un personnel administratif dépendait alors de la châtellenie du Plessis et résidait dans cette ville. En plus du sénéchal, de l'alloué, du procureur fiscal et du greffier attachés à sa cour de justice, le seigneur pouvait aussi créer tous les autres officiers nécessaires au bon fonctionnement de son petit état. C'est ainsi qu'il avait droit « de création de notaires et procureurs, institution de sergents, bannies de contrats, appropriement d'héritages, avec possession de sergents particuliers, chacun an à tour de rôle, pour faire la cueillette des rentes chacun en son bailliage » (Note : Le sergent bailliager du premier bailliage du Plessis était exempt durant l'année de son service de toute contribution roturière].

Si étendus que puissent aujourd'hui nous paraître ces droits, leur nomenclature n'est pas close. Signalons encore ceux « de curatelle de mineurs, de sceaux, de confection d'inventaires, de lods et ventes, de confiscation et amendes, de suite de moulin sous sa banlieue, de gallois, épaves, landes communes, deshérence et succession de bâtards et gens forains qui décédaient sur le territoire de la juridiction du Plessis-Balisson ».

De plus, à cause de son fief du Plessis, Guillaume du Breil pouvait lever un droit de coutume et d'étalage sur les marchandises mortes ou vives qui se débitaient au bourg de Ploubalay le 21 septembre, jour de la foire saint Mathieu et prendre à cette occasion « la langue et un os mouliet » de chaque bête que les bouchers débitaient à cette foire.

Pour être complet, citons aussi les droits « d'aumaille, ajustage et mesurage sur les vins et autres breuvages que l'on vendait en ce jour », durant lequel les officiers seigneuriaux du Plessis avaient « tout droit et connaissance des crimes et délicts qui se commettent en la dicte foire et peuvent mulcter de taux, amendes et confiscations sur tous délinquants, suivant que les cas le requièrent ».

Après cette longue énumération de droits et de privilèges qui subsistaient toujours comme autant de restes d'un lointain passé, le seigneur comte de Rays au siège du Plessis-Balisson ne manque pas de relater dans les deux aveux que nous analysons, les nombreux droits honorifiques dont l'Eglise avait naguère gratifié ses prédécesseurs. Comme fondateurs de la paroisse du Plessis, les seigneurs de l'endroit jouissaient d'ancienneté du droit de présentation du recteur ainsi que du curé ou vicaire du Plessis-Balisson. La chapellenie du Bois-Jean qui se desservait alors dans l'église de Languenan, mais dont le recteur du Plessis était d'ordinaire le titulaire, était également à leur présentation.

Comme seigneur supérieur, le comte de Rays possédait aussi tous les droits et prééminences tant dans l'église de Ploubalay que dans celle du Plessis, ainsi que dans les cimetières et presbytères de ces paroisses. Le presbytère du Plessis conserve d'ailleurs un souvenir de cette époque. C'est un écusson aujourd'hui martelé sur lequel se voyaient naguère les armes du seigneur de la paroisse.

N'est-ce pas du reste un peu le propre de tous les régimes de mettre ainsi partout leur empreinte et d'affirmer leur domination aussi bien sur les personnes que sur les choses. C'est ainsi que le seigneur du Plessis possédait alors le droit de faire courir la quintaine par les nouveaux mariés tant des paroisses de Ploubalay et du Plessis que des chapelles qui en dépendaient. « Les dits nouveaux mariés étaient tenus de comparoir en personne et de rompre leur bois en trois courses de cheval, à faute de quoy ils étaient condamnables de payer sept jallées de vin ; chaque jallée valant trois pots, mesure et apprécis du Plessis-Balisson » [Note : Archives des Côtes-d'Armor, E. 568. Extrait d'un aveu rendu par Ch. du Breil].

Tels étaient, d'après les deux aveux précités de Guillaume du Breil, les innombrables droits attachés à la seigneurie du Plessis. Pour n'être pas interminable, nous n'énumérerons pas ici les rentes et les possessions foncières que relatent ces mêmes titres. A cause de leur proximité du Plessis, nous allons cependant faire une exception pour « les anciens vestiges de la maison noble du Bois Jean » [Note : Cette terre du Boisjean, qui forme au début du XXème siècle (vers 1913) avec ses cent quarante journaux de terre, la plus vaste ferme de Ploubalay, avait été possédée à l'origine par une noble famille qui portait elle aussi le nom de Boisjean et tenait encore ce fief en 1419. La réformation opérée en 1513 nous montre le Bouais-Jouan aux mains de noble demoiselle Esther de Rohan. Un peu plus tard, Pierre Marec, seigneur du Plessis, l'acheta en 1549, d'avec Claude, comte de Maure, fils de François et d'Hélène de Rohan. Cette seigneurie comprenait alors le manoir et métairie du dit lieu avec un assez vaste bailliage sis en Saint-Enogat, lequel rapportait en 1747 quatre livres d'argent et quarante boisseaux de blé. Les anciens actes donnent ordinairement au Bois-Jean le titre de châtellenie et parfois même celui de baronnie, mais nous ignorons l'origine de ces titres], contenant « un court de logements couvert en glé, servant de demeure au métayer, un emplacement de colombier ruiné et refuge à connils, le tout contenant cinq journaux de terre ou environ ».

III - Les derniers du Breil au Plessis-Balisson.

Les biens de François-Claude du Breil décédé sans postérité, vinrent à son frère GUILLAUME-DINAN [Note : Voir sur Guillaume-Dinan, le bulletin de l'Association Bretonne, année 1913], par suite de la renonciation faite en sa faveur par Guy-Sylvestre, abbé de Rays, autre frère de François, né à Goudelin, le 13 mai 1646.

Guillaume, baptisé à Dinan en 1655, fut d'abord capitaine d'une compagnie de dragons, si l'on s'en rapporte à un aveu du 8 juillet 1690 ; plus tard, il obtint l'emploi de capitaine général des garde-côtes « de partie de l'évêché de St-Malo », ainsi que le brevet de lieutenant des Maréchaux de France. Louis XIV renouvela en sa faveur l'érection en comté de la terre du Plessis-Balisson. Le 18 août 1682, il épousa Sylvie-Marie du Quengo de Tonquédec, et le 19 mai 1689, il convola en secondes noces avec Angélique de la Monneraye [Note : Un aveu de Guillaume du Breil à cette époque mentionne parmi ses possessions de langue bretonnante, la seigneurie de Chef au Bois, ayant Haute Justice en Pommerit-Jaudy, Hengoat, Pleudaniel, Belle-Isle, Brelidy et la Roche Derrien. (Archives des Côtes-d'Armor, E. 932). En 1688, Guillaume du Breil vendit à Messire René de la Vallée, sieur du Clos, la maison noble de la Boullays, en Languenan, relevant en proche fief de la seigneurie du Guildo et de Matignon. (Archives des Côtes-d'Armor)].

Il acquit en 1706, par retrait féodal, la terre et seigneurie de la Guéraye, avec droit de basse et moyenne justice s'exerçant en juveigneurie au Plessis-Balisson. (Archives des Côtes-d'Armor, E 167). Mais il la revendit presque aussitôt ainsi que nous le verrons plus loin.

Bien que Guillaume du Breil résidât ordinairement à son château de la Mallerie, en Ploubalay, c'est dans l'église de Bringolo qu'il faut chercher sa sépulture. On y lisait en effet l'épitaphe suivante sur une dalle de marbre noir : « Ici gisent messire Guillaume-Dinan du Breil, vivant chevalier, seigneur comte de Rays, vicomte de Goudelin et Bringolo, baron du Bois-Jean, le Plessis-Balisson et autres lieux, décédé le 20 octobre 1720, âgé de 65 ans, et dame Françoise-Angélique de la Monneraye son épouse » [Note : Répertoire Archéologique des Côtes-d'Armor, p. 91].

CHARLES DU BREIL, marié le 11 octobre 1741 à Vincente-Sylvie de la Bouëxière, en Saint-Nazaire, hérita de la seigneurie du Plessis à la mort de son père [Note : D'après un aveu de Charles du Breil rendu pour le Plessis l'an 1745, cette seigneurie s'étendait alors en sept paroisses. (Archives des Côtes-d'Armor, E. 461)]. Il fut capitaine au régiment de Noailles-Cavalerie et prit part en 1619 à la célèbre conspiration de Pontcallec, l'une des dernières manifestations du patriotisme breton. Finalement, il reçut, en 1724, le brevet de chevalier des ordres de Saint-Maurice et Lazare.

A la suite de son mariage, il habita le plus souvent la ville de Guérande jusqu'au moment où sa fille Yvonne-Sylvie ayant épousé le comte Guy-Auguste de Rohan-Chabot en 1729, il vint se fixer dans la capitale, où il mourut en 1765. Mais depuis longtemps déjà, il ne possédait plus la châtellenie du Plessis.

IV - Les Baude, seigneurs du Plessis.

Le 27 novembre 1747, Charles du Breil vendit à Henry Baude, seigneur de Saint-Père, et associés, la terre et comté de Rays, pour la somme de 307.000 livres, suivant acte passé à Paris devant les notaires du Châtelet.

Nous avons trouvé au dossier E. 175 des Archives des Côtes-d'Armor, l'estimation de chacun des objets qui entraient dans cette vente « suivant les fermes et contrats pour la partie du dit comté qui dépendait du duché de Penthièvre », et que l'on estima 158.000 livres.

HENRY BAUDE, le nouveau seigneur du Plessis, était fils d'Henry Baude, sieur du Val, conseiller du Roi, et de Pélagie-Céleste Picot. Sa famille était tout récemment annoblie ; Etienne-Auguste, l'un de ses frères, ancien officier aux gardes françaises venait d'acheter la terre de Châteauneuf et d'obtenir son érection en marquisat sous le nom de la Vieuville. Un des fils de ce dernier devait se distinguer parmi les chefs de chouans du Clos-Poulet sous le nom de Saint-Thual.

Quant à Henry, né le 6 juin 1711, il épousa en 1742 Françoise Baude, sa cousine ; puis devenu veuf, il se remaria le 17 novembre 1744, à Saint Malo, avec Jeanne-Reine-Félicité Vincent. Dans un aveu du 28 mars 1759, il s'intitule seigneur du comté de Rays, le Bourbonnier, le Bois-Jean et la Mallerie, le Colombier en Lanvallay et la Touche-Baude, seigneur de Saint-Père-Marc-en-Poulet, capitaine garde-côtes du département de Saint-Malo. Un de ses fils appelé Henry, quoique très jeune alors, figure avec lui sur cet acte.

Le 17 janvier 1764, nous voyons sa veuve, dame Jeanne-Reine Vincent, rendre au duc de Penthièvre un aveu fort détaillé pour la terre du Plessis. Elle dit dans cette pièce habiter habituellement soit son hôtel è Saint-Malo, soit son manoir de la Touche, en Lanvallay (Archives des Côtes-d'Armor, E. 167).

Le Plessis ne devait pas demeurer longtemps entre les mains de cette famille. Dès 1783, le troisième fils de Henry Baude, né le 23 janvier 1740 et baptisé sous les prénoms de Jean-Georges-Claude, s'empressa de se défaire de cette terre. Baron de Pont-l'Abbé, mestre de camp d'un régiment d'infanterie et chevalier de Saint-Louis, Jean-Georges vivait le plus souvent à Paris où il possédait un hôtel au faubourg Saint-Germain. Eprouvant comme tant d'autres seigneurs de cette époque, le besoin de se créer des ressources, il afféagea dans ce but la terre du Plessis, autrement dit il en aliéna le domaine utile à Toussaint Briot [Note : Noble homme Toussaint Briot, sieur de la Gautrais, fils de Toussaint, sieur de la Gautrais, avocat au Parlement, et de Marie Savegrand, originaire de la Baussaine, se maria le 26 juin 1759 à Toussainte Pépin, demoiselle de la Ville-Auffray, paroisse du Plessis-Balisson. Il habita assez longtemps comme locataire le château de la Roche, en Lancieux. Nous savons par les registres de cette paroisse qu'il eut douze enfants, sept garçons et cinq filles. La plupart moururent jeunes : Jean-Guillaume, le second de ses fils, né à Lancieux le 5 mars 1764, se maria en 1899 (1799 ?), à Emmanuelle-Jeanne-Angélique Le Roux de Coëtando, fille du dernier seigneur du Bois de la Motte. Il fut anobli en 1823. Quant à Toussaint. Briot, on trouve dans le second semestre de 1787 le procès-verbal de la réception de la présentation de ses lettres de provisions comme conseiller garde des sceaux, en chancellerie. (Archices de la Chambre des Comptes de Nantes. B. 538). Toussaint impliqué dans la conspiration de la Rouërie, fut plusieurs fois inquiété par les Révolutionnaires, qui allèrent même jusqu'à l'emprisonner. Il mourut le 30 août 1812, âgé de 83 ans. Les armoiries des Briot sont d'après Courcy : « de gueules au chevron d'argent, accompagné en chef de deux croix pattées d'or et en pointe d'une tête de léopard de même ». Leur devise : Dei et regis antiquus amor], sieur de la Gautrais, alors résidant à la Ville-au-Prévôt, en Ploubalay, et déjà possesseur dans les mêmes conditions d'une partie du domaine du Pontbriand, en Pleurtuit [Note : Déjà des partages de famille avaient contribué à démembrer la châtellenie du Plessis : c'est ainsi que le 2 mars 1782. Célestine-Félicité Baude, dame de Boisgelin, avait eu le Bois-Jean pour sa part de la succession paternelle. Jean-Georges avait encore trois autres soeurs . Mmes. du Pé d'Orvault, Foucher de Brandois et Thépault du Breignon].

Le contrat fut passé, sous la réserve des droits honorifiques et du droit du seigneur de Rays, sur la foire de Ploubalay et sur les terres vagues, pour une rente féodale de 3.857 livres tournois, plus 428 boisseaux de froment estimés 6 livres la pièce, et 429 boisseaux d'avoine, estimés 3 livres chacun.

Le sieur Briot s'engageait en outre à laisser percevoir au recteur de Ploubalay et à payer au curé de cette paroisse « ce à quoi la dîme se trouvera devoir contribuer à sa portion congrue ». Il promettait aussi d'acquitter la fondation de la chapelle de la Ville-Briand ; cette fondation évaluée à 49 livres par an, y compris la contribution à la portion congrue du curé de Ploubalay (Archives des Côtes-d'Armor, E. 554).

Ce même Jean Baude devint, nous dit Courcy, lieutenant-colonel dans la garde constitutionnelle de Louis XVI et maréchal de camp en 1791. Il émigra [Note : Ce fut au titre d'émigré que l'on saisit sur Jean Baude et que l'on mit en vente le 6 vendémiaire an 6, la maison qui servait au Plessis d'auditoire à la justice, ainsi que l'emplacement de l'ancienne halle du Plessis, lesquels bâtiments Jean Baude avait conservés à cause des droits honorifiques qui y étaient annexés (Archives des Côtes-d'Armor, série Q)] dans la suite et fut fait commandeur de Saint-Louis en 1797. Ce fut le dernier seigneur du Plessis avant la Révolution Française. Ses armes, comme celles de sa famille, étaient « d'argent à trois têtes de loup arrachées de gueules ».

Ici s'arrête l'histoire féodale de la terre et châtellenie du Plessis-Balisson. Sur les entrefaites arriva la Révolution Française ! Titres et droits seigneuriaux, coutumes et franchises immémoriales, organisation séculaire, elle balaya tout en coup de vent. De ce qui faisait alors l'importance de la ville du Plessis, elle ne lui laissa rien, sinon le souvenir d'un nom jadis considérable, mais dont la génération présente ignore presque complètement tout ce qui contribuait à sa réputation et lui procurait sa splendeur (A. Lemasson).

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