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LES BALUCON, seigneurs du Plessis.

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I- Le Père de Geoffroy Baluçon.

C'est dans une charte d'Alain Brient, vicomte de Poudouvre, que nous voyons mentionné pour la première fois le nom de Baluçon.

Voici la traduction de cette charte, faite d'après le texte que nous en donne dom Morice (Preuves, I, col. 701 ; extrait des titres de Marmoutiers) : « Moi, Alain [Note : M. A. de Barthélemy croit devoir faire remarquer à propos de cette charte que si Alain, fils de Brient, non plus Geoffroi Baluçon ne prennent dans cet acte les titres de vicomte de Poudouvre, c'est qu'ils ne sont ni l'un ni l'autre les aînés des possesseurs de cette seigneurie. (Mélanges historiques et archéologiques sur la Bretagne, Ière série). Peut-être cet historien se fait-il illusion ? Nous voyons en effet qu'au cours de cette charte, Alain Brient parle des vicomtes de Poudouvre, ses prédécesseurs], fils de Brient, je fais savoir que la difficulté qui s'était élevée entre les religieux de St-Magloire de Lehon et les Télonéarii [Note : Les Telonearii à cette époque étaient des agents fiscaux chargés de lever les droits dits de Tonlieu. Ces droits, dit La Borderie, Histoire de Bretagne, t. III, p. 118, étaient des droits de toute espèce, qu'on levait n'importe où, sur les marchandises] de Corseul touchant la dîme que ces religieux possèdent dans la paroisse de Corseul, au fief de la vicomté, par suite du don de mes prédécesseurs les vicomtes de Poudouvre, a été justement résolue par l'adresse et la sollicitude du comte de Bretagne, Geoffroy, fils du roi d'Angleterre. En conséquence, la dîme reste aux moines de Corseul. J'approuve cette solution, d'accord avec mon fils Baluçion, en présence de Geoffroy d'Aucaleuc, Hingand, doyen de Corseul, et de Robert de Calorguen, l'an de l'Incarnation du Seigneur 1184 » [Note : Le M. fr. 22.322 conservé à la Bibliothèque Nationale, contient une copie beaucoup plus complète de cette charte que celle reproduite par D. Morice].

 

II - Geoffroy Baluçon, seigneur du Plessis. Ses fondations pieuses.

Ce Geoffroy Balucion ou Baluçon, fils du comte Alain et de Muliel, est, d'après les actes que nous allons citer tout à l'heure, le premier seigneur du Plessis dont l'histoire fasse mention. Mais, ne connaissant de ces temps reculés que ce que nous en racontent les chartriers des monastères, nous ne savons de Geoffroy que ses donations et fondations pieuses qui témoignent du grand esprit de foi de leur auteur. Son épouse, d'ailleurs, partageait ses sentiments à ce sujet, ainsi qu'en fait foi la charte suivante dont voici la traduction :

« Qu'il soit connu de tous, présents et futurs, lisons-nous dans cet acte reproduit par Geslin de Bourgogne, au tome III des Anciens Evéchés de Bretagne [Note : Voir page 43 : extrait des titres de Saint-Aubin-des-Bois, conservés aux Archives des Côtes-d'Armor], que moi, Geoffroy Baluçon, ai donné et concédé en pure aumône à la Bienheureuse Marie de St-Aubin-des-Bois, avec l'assentiment de mon fils Alain, une mine de froment sur la ferme de la Rogerais et une autre mine sur la dîme du Trèfle [Note : L'original porte « decima Deltreif ». Peut-être s'agit-il ici de l'ancienne seigneurie du Treff, autrefois moyenne justice, maintenant connue sous le nom de ferme du Grand Trait, sise en Nazareth de Plancoët], en Corseul, pour la rédemption de mon âme et de l'âme de mes prédécesseurs, à la condition spécifiée aux moines de St-Aubin de faire brûler nuit et jour une lampe devant le corps de Notre-Seigneur. De plus, le susdit Baluçon donne à la susdite abbaye, à prendre sur son printêt (primtuarium) une mine de froment, qu'Alain son père de bonne mémoire, avait déjà donnée. Que tous ceux qui verront cette même charte, sachent aussi qu'A..., épouse de Geoffroy Baluçon, confirme la donation d'une mine de froment sur sa terre de Talva, qu'Alain son père, fils de Jordan, avait déjà donné avant elle à perpétuité, et, de sa part, une autre mine de froment sur sa métairie de Querhien (Crehen) pour la rédemption de son âme et de celle de ses ancêtres ».

Parmi les témoins de cet acte, nous relevons les noms de Hamon, doyen de Corseul, de Guillaume et de Jocius, chapelains, ainsi que de Faudomer, juge [Note : Le terme latin praetor ou prætor, employé dans cette charte, était au moyen-âge une expression équivalente à celle de prévôt. (LA BORDERIE, ouvrage cité, t. III, p. 114). A cette époque, écrit le comte Beugnot, les prévôts étaient au sein des villes et des campagnes les représentants des seigneurs hauts justiciers, à ce titre ils levaient les impôts et rendaient la justice dans les causes ordinaires] de la terre du Plessis [Note : Cette charte est aussi reproduite par Dom Morice, Preuves, I, col, 1140, d'après le Cartulaire de St-Aubin-du-Bois, du XIIIème siècle].

Geoffroy Baluçon ne se borna pas à ces libéralités ; quelque peu après, il faisait écrire encore : « Qu'il soit connu de tous, que moi, Geoffroy Baluçon, seigneur du Plessis Raheli, ait donné et concédé, en pure aumône à Dieu, à l'abbaye de St-Aubin-des-Bois, le sixième de la dîme de blé du Treff (del Tref), avec le consentement et la bonne volonté des hommes-liges de ma terre, pour que ce don soit possédé en paix. Pour ratifier et confirmer cet acte, j'y ai opposé mon sceau en présence des témoins », parmi lesquels nous remarquons les noms de Guillaume Boterel, doyen de Corseul, Jocius, prêtre. Geoffroy d'Aucaleuc, chevalier [Note : Anciens Evêchés de Bretagne, t. III, p. 44, d'après le Cartulaire de l'abbaye de Saint-Aubin-des-Bois, p. 178].

 

III - Résumé de ce que nous savons sur les origines du Plessis-Balisson.

En résumé, les documents que nous venons de citer nous apprennent que Geoffroy Baluçon, fils d'Alain Brient, vicomte de Poudouvre, reçut en apanage le fief du Plessis, démembrement de la vicomté paternelle, et c'est du surnom de son premier seigneur que le Plessis s'est appelé dans la suite le Plessis-Baluçon ou Balisson.

Il semble bien aussi ressortir des chartes que nous avons consultées, que le Plessis n'était alors qu'une juveigneurie du Poudouvre. Geoffroy dut donc avoir un frère aîné dont l'histoire nous tait le nom, mais qui mourut sans laisser d'autre postérité qu'une fille appelée Muliel, comme sa grand'mère. Cette héritière porta, par son mariage avec Geoffroy II, seigneur de Dinan, la vicomté de Poudouvre dans cette puissante maison. (Cf. Les Dinan et leurs juveigneurs, p. 36).

Voilà pourquoi nous voyons, peu avant 1199, Olivier III, seigneur de Dinan, fils de Geoffroy II et de Muliel, confirmer comme seigneur supérieur les fondations de Geoffroy Baluçon, donations confirmées encore une seconde fois, en 1199, par Pierre Giraud, évêque de Saint-Malo. (Anciens Evêchés de Bretagne, t. III, p. 44 ; DOM MORICE, Preuves, tome Ier, col. 579. — Les Dinan et leurs juveigneurs, p. 40) [Note : Nous citerons ici pour être complet et simplement à titre de mémoire, l'opinion de l'auteur de la Généalogie de la Maison de Brehant, Paris, 1867, un vol. in-8, d'après laquelle la seigneurie de Brehand-Moncontour aurait fait partie à une époque reculée de l'ancienne vicomté de Poudouvre, dont les premiers seigneurs auraient été des Brehant et auraient, indifféremment porté le nom de Briendit, Brientii, Brehentii, Brehendii, Brihentensis de Brientii. En conséquence, Alanus Brientii, qui en 1184 approuvait l'accord conclu entre les religieux de Lehon et les telonearii de Corseul, aurait été un Brehand... D'autre part, Courcy, dans son Armorial, fait des Balucon un ramage de Porhoet...].

 

IV - Construction du château féodal du Plessis.

Bien qu'aucun document positif ne nous le dise, tout porte à croire que ce fut Geoffroy Balucon qui construisit dans son fief du Plessis, le château-fort dont il ne subsiste plus aujourd'hui que l'emplacement. C'est autour de cette forteresse que se groupèrent les éléments constitutifs d'une grande seigneurie au Moyen-Age, c'est-à-dire une justice avec un tribunal et ses juges, des finances avec des officiers fiscaux, enfin une organisation militaire à peu près complète [Note : Voir sur l'organisation d'une seigneurie à l'époque féodale, LA BORDERIE, Histoire de Bretagne, t. III, p. 114]. C'est de la réunion de ces divers rouages d'administration féodale qu'est né le bourg du Plessis-Balisson. C'est à sa chatellenie que cette minuscule paroisse, peut-être unique en France [Note : La paroisse du Plessis, entièrement enclavée dans celle de Ploubalay, n'a que huit hectares et quelques centiares de superficie], par sa situation singulière, doit non seulement son existence, mais toute l'importance dont elle jouissait autrefois [Note : Voir DE CAUMONT, Abécédaire d'Archéologie civile et militaire, p. 343, sur les conséquences économiques de l'établissement des forteresses au Moyen-Age].

D'ailleurs, écrit M. Fustel de Coulanges, « six siècles plus tard, les hommes n'avaient que haine pour les forteresses seigneuriales, mais au moment où elles s'élevèrent, ils ne sentirent qu'amour et reconnaissance. Elles ne s'étaient pas faites contre eux, mais pour eux. Elles étaient le sûr dépôt de leurs récoltes et de leurs biens. En cas d'incursion, elles donnaient un abri à leurs femmes, à leurs enfants, à eux-mêmes. Chaque château-fort était le salut d'un canton ».

Bâti sur un mamelon situé au confluent de petits ruisseaux dont la réunion, formant un assez vaste étang, permettait aux défenseurs de se couvrir d'eaux pour empêcher l'abord de la forteresse, la forme de celui du Plessis était triangulaire. De profonds fossés, maintenant plantés d'arbres, l'entouraient aux trois quarts ; l'étang [Note : L'étang du Plessis est aujourd'hui transformé en prairie] dont nous avons parlé, alimentait ces fossés et constituait le reste de sa défense. Malheureusement, les démolitions ont été telles qu'il est impossible de fixer le nombre et la place des tours qui devaient par endroits flanquer son enceinte. Un puits profond, creusé au milieu d'une tour construite là où devait être la cour d'honneur, demeure maintenant le seul vestige conservé d'un passé disparu [Note : M. P. Sébillot nous a écrit qu'il s'était trouvé passer au Plessis peu de temps après la mise à jour des substructions de l'ancien château. La base des tours montrait qu'elles avaient dû être moins grosses que celles du Guildo. On lui dit qu'on avait trouvé beaucoup d'ossements de chauves-souris en les déblayant. La base d'une des tours qui n'avait plus que quelques assises lui avait fait songer à celles du château de Léhon].

 

V - La descendance de Geoffroy Balucon et la fondation du Collège du Plessis.

GEOFFROY BALUCON, seigneur du Plessis et fondateur de sa maison n'a point laissé, avons-nous dit, l'histoire de tous ses faits et gestes. Les vieilles chroniques ne relatent point sa mort. Grâce aux chartes que nous avons citées, nous savons qu'il laissa après lui un fils qui s'appelait ALAIN. Malheureusement les descendants de Geoffroy Balucon n'ayant pris dans les actes publics d'autre titre que celui de seigneur du Plessis, il est impossible de les distinguer parmi la multitude des individus portant ce nom en Bretagne.

Cependant M. de Courcy (COURCY, Armorial de Bretagne) et après lui M. Couffon de Kerdellech (COUFFON DE KERDELLECH, Recherches sur la Chevalerie de Bretagne, p. 91, t. I.) sont d'avis que c'est un Balucon, ce GUILLAUME DE PLESSIS, que la Roque, dans son Traité du Ban et arrière-ban, cite sous le nom de Guillelinus de Plessiaco, parmi les trente-huit bannerets bretons qui accompagnèrent Philippe-Auguste en 1214, à la bataille de Bouvines. Il est vrai que la terre du Plessis fut autrefois un fief de bannière et que l'on ne connaît pas d'autre bannière de ce nom en Bretagne, mais c'est le seul argument que l'on puisse apporter à l'appui du sentiment de MM. de Courcy et Couffon.

C'était encore un Balucon, ce GEOFFROY DU PLESSIS qui devint chancelier de l'Eglise de Tours et protonotaire apostolique. S'il n'est pas sûr qu'il naquit au Plessis, il est au moins certain qu'il appartenait à la famille de ses seigneurs et c'est lui qui a attaché à sa race le plus durable renom. Comme secrétaire du roi Philippe le Bel, il fut mêlé à l'expédition des plus grandes affaires de son temps. Le pape Clément V le chargea même de plusieurs missions importantes qui témoignent de l'estime de ce pontife pour sa personne. En 1311, Geoffroy ajouta à tous ses autres titres celui d'archidiacre de Vire en Normandie. Comme tel il fut chargé concurremment avec l'évêque de Coutances de rechercher s'il était vrai qu'Arthur II eut épousé sans dispense du Saint Siège sa parente Yolande de Dreux. (Archives Loire-Inférieure, E. 37).

Vers la fin de sa vie, Geoffroy se retira dans l'hôtel qu'il possédait au haut de la rue Saint-Jacques à Paris. Il acheva alors de transformer cet hôtel en collège, sous le nom de Saint-Martin-au-Mont de Paris, oeuvre qu'il avait déjà entreprise quelques années auparavant. Il fonda dans ce but les rentes nécessaires [Note : Geoffroy du Plessis, écrit M. Joüon des Longrais, donnait deux sols par semaine à chaque petit boursier, ce qui représentait au XVIIème siècle, d'après un calcul de M. Hevin, une somme de 422 livres 10 sous par an. Les philosophes avaient le double et les théologiens le triple. Ainsi les 25 bourses définitivement fondées par Geoffroy du Plessis-Balucon, auraient monté au XVIIème siècle à 22.000 livres de rente. Si l'on y joint les sommes accordées pour l'habillement des boursiers prêtres, ainsi que les logements et le fond du collège du Plessis, on voit que la fondation de Geoffroy pouvait représenter de 30 à 40.000 livres de rente au XVIIème siècle] à l'entretien de quarante boursiers et d'un grand maître. Le pape Jean XXII approuva cette donation le 30 juillet 1326.

C'est alors que Geoffroy, sans abandonner la direction de l'établissement qu'il avait fondé, se retira à l'abbaye de Marmoutiers où il mourut en 1332, après avoir fait profession religieuse.

Il confirma dans son testament la fondation de son collège du Plessis ; mais comme les divers autres établissements qu'il avait fondés avaient absorbé ses revenus, il réduisit le nombre des boursiers à 25, dont 6 devaient être du diocèse d'Evreux, 6 du diocèse de Saint-Pol-de-Léon, 6 de la métropole de Tours et 7 de celui de Saint-Malo. Ces derniers devaient autant que possible être choisis parmi ceux de ses parents qui seraient jugés propres aux études.

L'abbé de Marmoutiers fut déclaré par ce testament chef de ce collège, et les abbés de ce monastère ont gouverné le collège du Plessis durant plus de trois cents ans.

Mais en 1646, J.-B. de Vignerod, alors abbé de Marmoutiers, jugeant ce collège d'un entretien trop onéreux, le céda à la Sorbonne aux trois conditions suivantes : remplir les intentions des fondateurs, prier pour eux et réparer les édifices.

Malgré la quasi disparition de cet établissement, les seigneurs du Plessis-Balisson se paraient encore au XVIIIème siècle du titre de fondateurs du collège du Plessis, et, vers la même époque, Mme de Launay du Pontcornou, en Ploubalay, faisait de nombreuses démarches pour que son fils, en qualité de descendant d'une branche puînée des Balisson, obtint une bourse à ce collège [Note : Consulter la question du Collège du Plessis : Dom MORICE, Histoire de Bretagne, t. Ier, p. 234. Ce savant, en qualité de défenseur de Mme de Pontcornou, avait eu des raisons particulières d'étudier la fondation de cet établissement. En outre, voir sur Geoffroy Balucon l'étude très documentée de M. Joüon des Longrais dans les Mémoires de la Société d'Ille-et-Vilaine, année 1908. Enfin comme pièces justificatives, l'on peut se référer à Dom Morice, Preuves, t. I. col. 1318 : approbation par le pape Jean XXII de la fondation du Collège du Plessis-Balisson en 1326 ; col. 1351 : Fondation du Collège de Marmoutiers par Geoffroy du Plessis ; col. 1362 : Testament de Geoffroy du Plessis-Balisson ; col. 1366 : Confirmation de ce testament par l'abbé de Noirmoutiers, l'an 1332. Voir aussi les Archives des Côtes-d'Armor, C. 127. — Archives d'Ille-et-Vilaine : C. 2723. — C. 3.713].

 

VI - Extinction de la famille Baluçon au Plessis. Ses branches cadettes.

Nous avons déjà eu lieu de regretter l'absence de documents permettant d'établir la succession des Baluçon dans la seigneurie du Plessis. Nous trouvons encore la même pénurie de renseignements pour expliquer de façon adéquate le passage de ce dernier débris de l'antique vicomté de Poudouvre dans la maison des du Perrier.

Nous savons seulement que les du Perrier ne possédèrent primitivement qu'une partie du fief du Plessis ; le reste de la châtellenie, le quart, paraît-il, continuait d'appartenir aux descendants des anciens seigneurs en la personne de JEAN DU PLESSIS, fils de Bertrand, pour lequel Phelipot Labbé, son tuteur, rendait aveu [Note : Déjà Phelipot Labbé, garde de Jean du Plessis, avait fourni minu pour son pupille le 24 septembre 1428. (Archives Côtes-d'Armor, E 568). L'aveu qu'il rendit le 28 décembre suivant nous énumère les principaux droits seigneuriaux du Plessis à cette lointaine époque. " Droit de justice haute et basse et moyenne, marché ordinaire chacun jour de lundi en la ville et chastellenie du Plessis-Balisson, avec droit de faire tenir 2 foires l'an, aux jours et restes de St-Jean-Baptiste et de la Magdeleine, droits de patronage et de fondation des églises de Plouballay et de la dite ville du Plessix-Ballisson " (Col. Duchesne Mss. 70)] au comte de Penthièvre, le 6 décembre 1428 (Bibl. Nle. C. Duchesne. Mss 70).

C'est aussi vers cette époque qu'il faut placer la ruine du château féodal du Plessis-Balisson. Peut-être eût-il à souffrir durant les guerres que se firent vers 1390 et les années suivantes, le connétable de Clisson et le duc Jean IV de Bretagne, pour lequel tenait Alain du Perrier, pour lors seigneur du Plessis. Mais, ainsi que nous le verrons plus loin, la fin prématurée de cette forteresse s'explique surtout par l'extinction de la branche aînée des Baluçon et le passage de leur château à des étrangers, qui, résidant loin du Plessis, négligèrent d'entretenir ses murailles, les quelles finalement s'effondrèrent à la longue.

Cependant la race des Baluçon, les fondateurs du château du Plessis, ne disparut pas aussi vite que croulaient les murs de leur forteresse. Des branches cadettes de cette famille figurent encore, nous dit Courcy dans son Armorial de Bretagne, aux réformations et montres de la noblesse de 1423 à 1479, aux paroisses de Ploubalay, Trigavou, Plancoët et Saint-Potan. Notamment Jean Baliczon qui vivait en cette dernière paroisse, lors de la réformation de la noblesse en 1427, et Guillo Baluczon qui parut « en brigandine, salade, espée et jusarme », parmi les nobles de Saint-Pôtan appelés en 1469, à Moncontour, pour une revue d'armes. (Annuaire des Côtes-du-Nord, année 1855) [Note : Les Baluçon avaient dû posséder, non loin du château actuel du Val de l'Arguenon, un vieux manoir transformé en métairie et qui n'a laissé de souvenir qu'un champ appelé aujourd'hui le Domaine, mais que l'un connaissait encore au XVIIIème siècle sous le nom de Domaine du Vau-Balisson. (Cf. E. Tréguy : Le Guildo, page 84 et 85). Nous relevons encore le nom de Baluzzon donné à un moulin près de Morieux dans un acte de Judicaël, évêque de Saint-Brieuc, qui mourut en 1163. (Guimart : Histoire des Evêques de Saint-Brieuc, p. 163-164)].

A Ploubalay même, Olivier du Plessis possédait Karpostan en 1448 et y avait métayer (Réformation de l'Ancien diocèse de Saint-Malo, édit. des Salles). Pareillement l'an 1527, Olivier Balliczon figurait avec sa femme parmi les vassaux nobles du deuxième bailliage de la châtellenie du Plessis.

Nous savons aussi qu'en 1419, le receveur du comté de Penthièvre, s'appelait Rolland Balliczon et habitait Lamballe. (Archives des Côtes-d'Armor, E 493). Le compte de Jehan Ferron, receveur du Plessis, signale un autre Rolland Balliczon qui vivait à Crehen en 1461.

Enfin Courcy dans la seconde édition de son Armorial, tome II, p. 267, cite Renée du Plessis-Balisson, laquelle épousa l'an 1500, Guillaume, fils de Laurent de Plancoët.

Nous nous demandons même si maître Guillaume Balisson, sieur de Champcabart, qui vivait à Plouër en 1588 et dont on trouve encore des descendants dans cette paroisse en 1657, n'aurait pas appartenu lui aussi à la race des Baluçon ? (Cf. Rég. parois. de Plouër, éd. du Guerny, p. 8).

Du reste des branches cadettes des Baluçon se sont même perpétuées jusqu'à notre époque, en autres les Launay du Bois-ès-Lucas, dont Maxime, le dernier représentant, a dû récemment aux ouvrages de Le Nôtre et de M. Herpin un regain d'actualité. Ces Launay n'étaient rien autre que des descendants des Launay du Pont-Cornou et de Launay-Comats, en Ploubalay, puînés des Baluçon.

La Roche, en Lancieux, fut aussi, semble-t-il, la résidence d'autres cadets [Note : Une charte du roi Philippe de Valois reproduite dans l'Histoire manuscrite du monastère de St-Jacut, par D. Noël Mars. (Bibl. Nle. Mss L. 12780 ; Guyon, éditeur, St-Brieuc, 1912) cite les noms de quelques seigneurs de la Roche, entre autres Guillaume et Godefroy qui vivaient en 1345. M. le comte de Laigue identifie ce dernier avec Geoffroy de la Roche qui fut armé chevalier au milieu de la mêlée du combat des Trentes. (Cf. Revue de Bretagne, juin 1913)] qui prirent le nom de cette terre et l'illustrèrent ensuite sur maints champs de bataille. Ce sont les membres de cette famille que Courcy signale, à tort croyons-nous, comme habitant Cuguen, près de Combourg, à la fin du XVème siècle. Comme le vieux tronc dont ils étaient sortis, ils s'armaient de gueules à deux léopards d'or ; mais en qualité de cadets, ils écartelaient parfois leur écusson d'une « bande brochant ». (Courcy, Armorial, 2ème édition).

La Guérais et l'Argentais, en Ploubalay, cette dernière terre située dans les environs de la propriété actuelle de Brenan, furent également des juveigneuries des Baluçon, mais nous ignorons le nom de leurs premiers seigneurs [Note : En 1431, La Guérais appartenait à Jehan Robert, qui la tenait de Guillaume, son père. Quant à l'Argentais, elle était en 1496 à Jacques Le Noir, qui la tenait du chef de sa femme, dont on ne dit pas le nom. (Archives des Côtes-d'Armor, E 568). Duchesne signale aussi au Ms. 70 de la collection qui porte son nom, « une Marguerite de l'Argentaie, dame de Plorec et de la Roche qui rendit aveu le 6 juin 1454 à Jean du Perrier, pour la terre de Pontcornou »]. (A. Lemasson).

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