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CAHIER DE DOLÉANCES DE PLÉSIDY

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Subdélégation de Guingamp. — Département des Côtes-du-Nord, arrondissement de Guingamp, canton de Bourbriac.
POPULATION. — En 1789, environ 100 feux, les trèves non comprises (Procès-verbal) ; — en 1793, 1.494 hab., les trèves non comprises (D. TEMPIER, Rapport... au Préfet, dans le volume du Conseil général des Côtes-du-Nord, session d'août 1891, 3ème partie, p. 161).
CAPITATION. — Total en 1770 (y compris les trèves de Saint-Fiacre, Saint-Péver et Senven-le-Hart), 3.273 l. 7 s. 11 d., se décomposant ainsi : capitation, 2.182 l. 10 s. ; 21 d. p. l. de la capitation, 190 l. 19 s. 4 d. ; milice, 291 l. 5 s. ; casernement, 533 l. 13 s. 7 d. ; frais de milice, 75 l. (Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 3981).
VINGTIÈMES. — En 1788, 1.791 l. 17 s. 3 d.
FOUAGES. — 18 feux 1/6 (y compris les trèves). — Fouages extraordinaires, 362 l. 9 s. 4 d.

OGÉE. — A 8 lieues au S.-S.-E. de Tréguier ; à 25 lieues de Rennes ; à 2 lieues 3/4 de Guingamp, — 3.300 communiants, y compris les trois trèves. — Ce territoire, arrosé des eaux de la rivière de Trieux et de plusieurs petits ruisseaux, renferme des pâturages abondants, des terres en labour et beaucoup de landes. Il se tient deux foires par an dans l’endroit.

PROCÈS-VERBAL. — Assemblée électorale le 1er avril, à la sacristie, lieu ordinaire des délibérations, sous la présidence de Jean Rannou, notaire à la résidence du bourg de Plésidy, en l'absence des juges et du recteur. — Comparants : Maître Olivier Le Lepvrier ; René Le Cairre ; Jean Leblois ; Jean Le Cocquen ; Joseph Le Corre ; Yves Le Corre ; Jean Lautour ; Henri Le Corre ; Yves Le Cabellec ; Henri Le Pape ; Joseph Lozach ; François Thoraval, membres du général de la paroisse ; Adrien Thoraval et René Connan, trésoriers en charge ; Joseph Piriou, syndic du grand chemin ; autre Jean Lozach ; Yves Le Pape ; Guillaume Le Pape ; Marc Le Diouron ; Olivier Le Diouron ; François Lellys ; Guillaume Ogel ; Guillaume Levreau ; Yves Le Gallo ; Francois Poëssel ; Francois Le Gousse ; Jacques Leprete ; J.-N. Trouël. — Députés : Jean-Noël Trouël et François Thoraval.

 

Plaintes et doléances de la paroisse de Plésidy.
(Insérées dans le corps du procès-verbal).

1° — Supplient humblement Sa Majesté de supprimer le franc-fief et les huit sols pour livre, tailles, touages ordinaires et extraordinaires, garnisons de mars (?), nouvel acquêt, vingtième, rachats, qu'on paye au décès du propriétaire, et sa grande dîme de blé de huitième gerbe l'une, la rente au seigneur en argent dans la même année du dit décès, ou lorsque l'on se fait un (?), se paient le franc-fief et les huit sols pour livre et le rachat, de sorte que les impositions emportent plus de deux années du revenu, sans que les héritiers ou l'acquéreur en profitent rien.

2° — Sur les terres relevant de l'abbaye de Coëtmalloen et dépendant de cette paroisse, se perçoivent un boisseau de seigle par an de rente de sur chaque journal de terre et prés, la grande dîme de huitième gerbe de blés de chaque espèce l'une, un boisseau de seigle de prémices de sur chaque convenant, douze boisseaux avoine et une mine en sus à la dite abbaye de Coëtmalloen de sur chaque convenant, sans comprendre le franc-fief, qui se paie sur partie de la dite terre, et sur le tout les vingtièmes, fouages et corvées ordinaires et extraordinaires; que les dîmeurs affectent de ne pas dîmer les blés dans un temps convenable, quoique avertis de le faire, ce qui cause souvent des dommages.

[Note : Une déclaration des domaniers de la tenue « du Corre » ou « Jean Le Blais ». dépendant de l'abbaye de Coëtmalouen, en 1761, indique qu'ils devaient payer une rente convenancière de 6 sommes 1/2 de seigle, 6 boisseaux d'avoine menue, mesure racle du Roi, une poule et 6 s. 4 d. monnaie, « avec le devoir de dîme auxdites terres arables, lors de la gaignerie, à raison de 8 gerbes une, fors et à l'exception de celles ci-devant déclarées exemptes en trois seillons sous gagnerie de seigle et en trois seillons sous gagnerie d'avoine... » (Arch. des Côtes-du-Nord, série H, fonds de Coëtmalouen). D'autres déclarations (Ibid.) mentionnent la dîme au huitième, y compris la dîme rectoriale ; une pièce non datée, mais que son écriture désigne comme devant être du début du XVIIIème siècle, contient l'essai d'un état des pièces de terre dépendant de l'abbaye et exemptes de dîmes, essai tenté à l'aide d'aveux du XVIIème siècle. En ce qui concerne la ferme des dîmes seigneuriales possédées par l'abbaye dans le village du Garsmeur, en Plésidy. — En 1790, les dîmes de l'abbaye de Coëtmalouen étaient ainsi affermées : celles de l'Etang-Neuf, 183 l. ; celles du bourg de Saint-Conan, 400 l. ; celles de Coldabric et de Kerhellec, 160 l. ; celles de Bossan et Jarnay, 90 l. ; celles de Coldalbeleguez 200 l. ; celles de Kerdran, 76 l. ; celles de Kerhoué, 120 l. ; celles de Galbouan, 380 l. ; celles de Senven, 270 l. ; celles de Guerneucaro, 40 l. (Arch. des Côtes-du-Nard, Lv 15) — Notons enfin que les tenanciers de domaines congéables dépendant de Coëtmalouen avaient, en 1714, à la suite de longues difficultés avec les religieux, envahi et brûlé l'abbaye ; la reconstruction des bâtiments n'était pas encore achevée en 1789 (J. GESLIN DE BOURGOGNE et A. DE BARTUELEMY, Anciens évêchés de Bretagne, t. V, pp. 134-135)].

3. — Les héritages afféagés, sujets à lods et ventes, rachat, chambellenage, rentes en seigle, avoines, chapons, corvées et vingtièmes et cependant aussi sujets à franc-fief, et la grande dîme de huitième gerbe l'une, avec la dîme rectoriale.

[Note : C'est dans la paroisse de Plésidy que se trouvait le château d'Avaugour, siège de la seigneurie de Goëllo-Avaugour (Voy. A. DE LA BORDERIE, Géographie féodale de la Bretagne, p. 59 et 63 ; A. LESORT et G. MACON, Les archives bretonnes du Musée Condé, à Chantilly, dans les Annates de Bretagne, t. XXVII, 1911-1912, pp. 154-157, et à part [Publications du Comité départemental d'Ille-et-Vilaine pour l'histoire économique de la Révolution, fasc. II, pp. 6-9]). Les mouvances de la paroisse se partageaient entre cette seigneurie et le duché de Penthièvre (Voy. J. GESLIN DE BOURGOGNE et A. DE BARTHÉLEMY, Anciens évêchés de Bretagne, t. V, p. 63, n. 2). Divers aveux nous renseignent sur le fonctionnement du régime seigneurial à Plésidy. Dans celui que rend, le 17 mars 1738, écuyer Ch. Le Gonidec, sieur de Kerloc, à François de Bretagne, baron d'Avaugour, pour un canton de terre, partie prés, partie bois taillis, faisant en tout 93 journaux, dépendant de la forêt de Léhart et concédé à son aïeul, en 1642, moyennant 22 l. 3 s. de rente féagère, l'avouant reconnaît qu'il doit à son suzerain foi, hommage, chambellenage, lods et ventes, cour et moulin, « dîme de douze gerbes l'une des blés ensemencés, le droit du recteur y compris » (Arch. du Musée Condé, F 83) ; beaucoup d'aveux des années 1738-1739 (Ibid.) contiennent des clauses analogues, mais quelques-uns mentionnent formellement l'exemption du rachat. En 1766, un grand nombre d'aveux furent rendus à la baronnie d'Avaugour : celui (6 décembre) de Jean-Pierre et Marguerite Le Goregues et d'Yves Le Lay, mari de cette dernière, concerne une parcelle de terre de 25 journaux 1/2 dépendant de l'ancien bois de Léhart ; cette parcellle devait , à la Saint-Michel, 4 boisseaux 1/6 1/12 de seigle, mesure de Goëllo racle, de rente féagère, rendible en grenier, laquelle rente double de dix ans en dix ans ; en outres, la dîme au douzième « lors de gagnerie » et, « au cas de logement distroit du moulin de la seigneurie lorsqu'il y en aura d'édifié à la banlieue » (Ibid.). Le Rentier de Goëllo (Ibid., 106b 4) mentionne les redevances dues par les tenanciers ; ces redevances sont en argent ou en seigle. Pour ce qui est des dîmes appartenant au duché de Penthièvre, celle de la trève de Trévelot fut affermés 220 l. le 1er janvier 1775, et celle de Kerseyer 180 l. le 1er janvier 1784 (Arch. des Côtes-du-Nord, E 1214) ; le Rentier de M de Bégaignon pur sa seigneurie de Sullé, en 1736 et annés suivantes, mentionne des dîmes en blé noir et en seigle perçues à Plésidy (Ibid., E 2767). Il semble, d’après ce qu’on a vu dans la présente note et dans la note précédente, que la dîme rectoriale était compris dans celle que percevaient les divers seigneurs laïcs ou ecclésiastiques].

4. — L'abolition des terres ou domaines congéables, qui bien souvent causent des ruines dans les familles, et les commissions exorbitantes que les seigneurs exigent pour les baillées et permissions de congédier.

[Note : En adhérant, le 8 septembre 1790, à la pétition du district de Guingamp qui demandait la suppression du domaine congéable, la municipalité de Plésidy observait que ce mode de tenures est « la cause de la ruine des colons, occasionne des malheurs à l'infini, des incendies, des haines, des inimitiés implacables et des procédures et chicanes inouïes… » (Arch. Nat., D XIV 3). Pour ne citer qu'un exemple, nous résumerons ici les clauses du bail convenancier passé le 15 octobre 1773 par Pierre Courson, sieur du Maugoüer, à Louis Penro, laboureur et ménager : celui-ci prend « à titre de convenant et domaine congéable, aux uz et coutumes du canton et terrain de Goëllo, avec assurance de neuf ans », le lieu et manoir noble de Coalantiec, trêve de Saint-Fiacre, paroisse de Plésidy, composé de terres et prés décrits en détail et d'un « courtil planté d'arbre fruitiers, quitte de dîmes, mais sujet à prémices... ; à la charge audit Penro de payer audit sieur de Maugouër Courson par chacun an, jour et terme de Saint-Michel, la somme de de 172 l., rente foncière et convenancière » et un boisseau de seigle, mesure de Quintin ; « auront les preneurs la faculté de disposer de tous les pieds d'arbres étant tant au devant et au joignant du mur de la cour dudit lieu... que sur les terres en dépendantes, parce qu'ils planteront le double des pieds d'arbres qui existent » et dont inventaire sera dresse dans l'acte de prise de possession ; « auront les preneurs la faculté de bâtir, augmenter et améliorer et d'y faire telles augmentations qu'ils verront bonnes être sur les anciens fondements des logements existants, de tailler et fossoyer lesdites terres, liberté de faire un four pour cuire pain et une galerie sur l'aire sur pilotis…., desquelles réparations, augmentations et améliorations ils seront remboursés, en cas de congément, à dire d'experts priseurs amiablement convenus ou autrement » ; les preneurs devront payer au bailleur 700 l. de commission et de deniers d'entrée (Arch. du Musée Condé, à Chantilly, F 83)].

5° — L'affranchissement et suppression de toutes banalités et suites de fours et moulins, attendu la vexation que des meuniers font du droit de moute en contrevenant aux dispositions de la Coutume, qui ne leur accordent qu'un seizième des grains qu'on porte au moulin.

[Note : La baronnie d'Avaugour avait à Plésidy le moulin à eau des Forges, qui fut baillé « à convenant et domaine congéable », en 1766, à Henriette Philippe, avec le moulin à vent de Ploumagoar, avec les mouteaux et détraignables de ladite seigneurie dans lesdites paroisses et trêves en dépendant. En 1773, ce moulin des Forges était occupé par Michel Dollo, et une sentence, rendue le 7 avril par le sénéchal du comté de Goëllo et baronnie d'Avaugour, au siége de Châtelaudren, condamna Prigent Berthelot à payer à ce meunier, pour droit de moute, 6 boisseaux de froment, autant de blé noir, de seigle et d'avoine, combles frottes, mesure de Saint-Brieuc, ou, à son choix, la somme de 36 l. ; une enquête avait prouvé que la maison de Berthelot était dans la banlieue du moulin et que les chemins allant de chez lui au moulin étaient praticables ; le procès-verbal de cette enquête contient des renseignements très précis sur l'état des chemins dans la contrée et il constate « qu'il manque vingt cordes de la lieue de la demeure du défendeur, par le chemin ordinaire » (Arch. du Musée Condé, à Chantilly, F 83). — Le moulin du Roi appartenait au duché de Penthièvre ; il fut afféagé, le 18 août 1730, à J. Cormier, sieur des Longrais, avec les mouteaux et détraignables, moyennant le paiement annuel, à la Saint-Michel, de « 80 boisseaux de seigle, mesure de Guingamp, de rente féodale et seigneuriale, bon blé, sec, loyal et marchand, rendu dans la ville de Guingamp », et à charge de le tenir noblement « à devoir de foi, hommage, chamhellenage, ventes et rachats et autres devoirs seigneuriaux..., sera loisible audit sieur Cormier, ajoutait l'acte d'afféagement, de faire démolir ledit moulin et la chaussée de l'étang et d'attacher les mouteaux et détreignables à son moulin du Meidic, autrement dit du Parc, et rebâtir un nouveau moulin dans le distroit d'icelui et y assujettir les mouteaux comme bon lui semblera, sans qu'en aucun cas il puisse rechercher ni inquiéter en garantie S. A. S., qui lui cède et transporte tous el tels droits qu'elle a dans ledit moulin..., lesquels [mouteaux] il ne pourra appeler pour la suite du moulin que par la cour et juridiction de Guingamp » (Arch. des Cotes-du-Nord, E 1067 et 2390). Dans un bail de ferme de 1781, il est encore stipulé que le fermier devra suivre « le distroit du moulin du Roi » (Ibid., E 2390). En 1774, le duc de Penthievre afféagea roturierement à Guillaume Gautier, moyennant 12 boisseaux de seigle, mesure de Guingamp, payables à la Saint-Michel, le droit de construire un moulin dans une issue nommée le coteau de Lanvaneil, avec « tous les mouteaux étagers et détraignables, non afféagés à autres, dudit duché en ladite paroisse de Plesidy sous la banlieue dudit moulin, aux villages de Lannaret, Saint-Evoarenec, Kerveno, Le Guern, Guesnoignou, Le Rummenel, etc...., à la charge de servir les vassaux et percevoir le droit de moûte à la coutume » (Ibid., E 1067). — Du manoir noble du Toulborzo dépendait le moulin de Cohat, « avec mouteaux et détraignables, qui sont les habitants des villages de Toulangolot, de Tananguen. etc.. » ; le propriétaire avait le « pouvoir de les contraindre aux corvées pour réparations dudit moulin, bieds et chaussée, à l'usement » ; ce moulin était « chargé de 20 boisseaux de seigle, mesure de Guingamp, chef rente, rendible à grenier à la Saint-Michel à la seigneurie de Minibriac » (Ibid., E 1069)].

6° — La plus grande partie des terres de cette paroisse et des environs est sous landes, rochers pierreux, terres maigres et gélives ; après le prélèvement des dîmes et payement des rentes, il ne demeure presque pas de grain pour ensemencer, ce qui cause la disette et la cherté des blés dans le canton.

7° — Cette paroise est de plus imposée d'une somme de 1791 $, capitation, et de 641 $ pour les tailles ordinaires et extraordinaires, par commune année, et la réparation du grand chemin sans aucune récompense.

[Note : La tâche de cette paroisse de Plésidy (sans compter celle de ses trois trèves), sur la route de Guingamp à Corlay et Pontivy, était, en 1788, longue de 1.210 toises ; elle avait son centre à trois quarts de lieue du clocher (Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 4883)].

8° — L'adhésion absolue aux autres réclamations que pourraient avoir fait ou pourraient faire, outre celles ci-devant, le Tiers Etat et les municipalités en Bretagne ; qu'au surplus les délibérants, fabriques et habitants de cette paroisse se réfèrent à la bonté paternelle et clémence de Sa Majesté et déclarent tous se résigner à sa volonté.
[31 signatures, dont celle du président Rannou].

(H. E. Sée).

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