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LE GENERAL ET LES TRESORIERS DE LA PAROISSE DE PLENEUF

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Le Général de la paroisse : Anciens Trésoriers. Les grandes assises : Un incident. — A propos de « l'escarpement des rochers de Dahouët ». Trois affaires contentieuses : Trésoriers infidèles. — Chapelle de la Ville-Brexelet. — Les religieux Carmes du Guildo. — L'activité vigilante du Général. Une opposition du Général à la vente des biens du Guémadeuc en 1781.

Le Général de la paroisse.

La loi administrative des communes dans les siècles antérieurs à la Révolution était différente de celle qui nous régit actuellement. Elle était calquée sur la loi de l'ancien Bourg (lex veteris Burgi) ; sans doute, elle relevait, pour une bonne part, du seigneur principal, qui était, à Pléneuf, le seigneur du Guémadeuc, mais tous les actes devaient être contrôlés au siège officiel de la juridiction du duché de Penthièvre, d'où dépendait la Baronnie. Pendant longtemps, ce fut le château même de la Hunaudaye, puis le chemin Chaussée, puis Lamballe. Un acte du Général de la paroisse reconnaît cette situation subordonnée, lorsqu'il déclare (séance du 15 août 1679) " qu’il n'a fait aucune aliénation, usurpation, ni bail des biens d'église ni de communauté, en cette paroisse, au préjudice des habitants d'icelle et qu'il n'a été vendu aucun bien de laditte fabrice, déclare pareillement que le tout de l'enclave de cette paroisse relève en supériorité du Duché de Penthièvre ".

« Les Bretons avaient accepté la Féodalité ; mais ils en ont modifié l'esprit et l'ont humanisée. C'est ainsi que la condition des paysans bretons fut toujours différente de celle des autres paysans de France et très supérieure. Le servage n'était pas dans les moeurs celtiques, aussi il dura peu. Le paysan était libre ; il possédait champs et maisons, affermait ses terres, testait et pouvait aller en justice, même contre ses seigneurs. Paysans et Nobles vivaient d'ailleurs en bonne intelligence. Ils étaient de même race et avaient les mêmes intérêts ». (Donnio, Histoire de Bretagne).

Les paroisses jouissaient d'une autonomie assez étendue. L'état des dîmes (1) prouve qu'il y avait à Pléneuf beaucoup de petits propriétaires.

Elles s'administraient elles-mêmes par l'organisme d'une institution nommée Général de la paroisse qui se réunissait à des époques régulières, deux fois par an, le dimanche de Quasimodo, et le dernier dimanche de l'année. Nous verrons dans la suite qu'il tenait parfois, en dehors de ces dates, des séances extraordinaires.

On ne pensait pas que le civil pût être séparé du religieux ; aussi le Général, composé de notables et d'un choix nombreux de paroissiens, quelquefois de la presque totalité, traite-t-il en présence du Recteur tant des affaires temporelles que des affaires spirituelles.

Dans ces assemblées, auxquelles assistaient aussi de droit le juge local et le procureur fiscal, le Recteur avait la place prépondérante. Il signait le premier et donnait son avis immédiatement avant le Président. Celui-ci devait opiner le dernier et recueillir les suffrages.

Les attributions du Général de la paroisse sont très étendues.

Il veille à l'entretien de l'église, des chapelles, de leur mobilier, du presbytère, dresse des inventaires, collectionne les archives, reçoit et enregistre les fondations pieuses.

Il nomme des égailleurs pour la répartition des fouages, dixième, capitation, suivant les règlements de l'Intendant.

Il gère les comptes de la paroisse, vérifie les comptes des trésoriers, juge les réclamations des contribuables, s'occupe de la corvée des chemins et prescrit des mesures de police. Il nomme aussi le garde-bois et deux syndics ; l'un pour diriger la corvée des chemins, l'autre pour le service du passage des troupes. Il soutient, discute ses droits et les fait valoir en justice, s'il le faut contre le recteur, les seigneurs et les ordres religieux décimateurs.

A Pléneuf, les réunions se tenaient quelquefois à l'église ou à la sacristie, souvent à l'auditoire et étaient toujours annoncées au prône, le dimanche précédent, ou avant les dernières oraisons de la grand'inesse, à l'endroit appelé « postcommunion ».

La formule habituelle était celle-ci :

Le dimanche d'avril 1733 à l'issue de la grand'messe, célébrée à l'église paroissiale, le Général de la paroisse s'est assemblé à la sacristie en corps politique pour nommer deux trésoriers et les égailleurs des fouages, de la capitation et du dixième ; pour délibérer ensuite sur les sujets exprimés par M. le Recteur le dimanche précédent lors de la convocation qu'il fit de la dite assemblée ; au surplus toutes les autres formalités prescrites par les avertissements et règlements de la cour étant observés. Étaient présents : M... M... M... Il a été remontré que...

Ensuite on procède aux nominations pour les diverses charges et les questions inscrites à l'ordre du jour sont tranchées après examen et discussions ; suivent toujours les signatures des délibérants.

L'assistance aux délibérations était obligatoire. Toute absence, lisons-nous à la séance du 1er janvier 1741, sera condamnée à une amende de 10 livres applicable aux pauvres de la paroisse.
Pour la répartition et la « Collecte » des différents impôts, fouages, dixième, capitation, la paroisse était divisée en quatre quartiers. Le Bourg, les Monts Colleux, la Ville Berneuf et un autre quartier dénommé L'aleau (L'Alto ou Lallo).

Malgré nos recherches et nos consultations nous n'avons pu réussir à préciser le sens de ce dernier mot : L'aleau se rapporte-t-il aux aleux, anciennes terres franches ? Ou bien cette appellation ne s'appliquait-elle pas aux quartiers de Dahouët, Vaumadeuc, Bruère, Vaubelet, Val André, voisins de l'eau : la mer ?

Cette opinion est d'autant plus vraisemblable que la plupart des noms figurant, au rôle des fouages pour le quartier de l'Aleau se rapportaient à des habitants de Dahouët, le Vaumadeuc, le Val André. Tels les Hourdin, Haudrère, Bertrand, Bouguet, Croslais, Cornillet.

Anciens Trésoriers.

1655. Guillaume Solfier, Sieur de la Chapelle et Pierre Guéret.
1656. André Rauh et François Huet.
1657. Rolland Rozé et François Barbedienne.
1658. Jean Le Chantoux et 0llivier Pansart.
1659. Pierre Bardedienne et André Lévêque.
1661. Guénin Grascœur et Jacques Renault.
1662. Nicolas Tostivin et Rolland Gilles.
1663. Jacques Mulon et Rolland Eveillard.
1664. Jean Bertrand et Jacques Lévêque.
1665. Jean Rozé et Jean Salmon.
1666. François Merpault et Rolland Froment.
1667. Rolland Gauthier et Gilles Bouquet.
1668. Jean Rouexel Sieur des Chatelets et Mathurin Rideuc.
1669. Mathurin Bourdonnais et Louis Lévêque.
1670. Julien Bailler et Rolland Le Touzé.
1671. Laurent Le Touzé et Jacques Bourgault.
1672. Toussaint Carlat et Mathurin Barbedienne.
1673. Mathurin Renault et Gilles Gour.
1674. Pierre Marjot Sieur du Clos et Mathurin Thomas.
1675. Gilles Pansart de la Croix Baudot et François Gautier.
1676. Jean Gouezin et François Guinard.
1677. Jean Rozé et Jean Renault.
1678. Antoine Le Sage et Mathurin Nabucet.
1679. Jean Poignant et Jacques Rouinvy.
1680. Jean Gour et François Lévêque de la Jeannette.
1681. Charles de la Goublaye Sieur du Tertre Pépin et François Merpault.
1682. Alexandre Hervé et Jacques Haudrère.
1683. Joseph Guichard Sieur de Quenrouët, et François Quintin.
1684. La Salle-Chouesmel et Dominique Ruellan.
1685. Jacques Thomas des Landes et Mathurin Rouinvy.
1686. Ollivier Lévêque et Jacques Gouezin.
1687. Jacques Grascoeur et Mathurin Hourdin.
1688. Jacques Gollet et François Lévêque de Peillac.
1689. Gilles Gour et Noël Grimaud.
1690. Gilles Michel et Pierre Rozé.
1691. François Barbedienne et Jean Ruellan.
1692. Jacques Chandoisel et Jules Houdu.
1693. François Salmon et Charles Trottin.
1694. Julien Lévêque et Charles Houdu.
1695. Pierre Pansart et François Lévêque.
1696. Charles Le Barbu et François Rozé.
1697. Sébastien Barbedienne et Antoine Lévêque.
1698. Louis Bouguet et Martin Rozé.
1699. Gilles Bahier et Toussaint Carlat
1700. Dominique Lévêquei et Nicolas Mulon.
1701. Alexandre Ruellan et Mathurin L'Hotellier.
1702. Julien Gour et Mathurin Crolais.
1703. Julien Gouezin et Jean Guinard.
1704. Jean Bahier et Louis Le Chantoun.
1705. Jean Gillet et Ollivier Bourdonnais.
1706. François Barbedienne et Charles Crolais.
1707. Laurent Rozé et Jean Gour.
1708. Jacques Le Chantoux et Jacques Mulon.
1709. Jean Ruellan de Dahouët et François Grimault.
1710. Jacques Renault et Jacques Barbedienne du Vaumadeuc.
1711. Charles Crolay et François Barbedienne.
1713. Allain Lévêque et Ollivier Guignard.
1715. Jacques Rozé et Ollivier Morin.
1716. Jacques Haudrère et Toussaint Carlat.
1729. Gabriel Merpault et Jacques Le Sage.
1730. Jean Michel et Louis Gautier.
1731. Julien Grimaud, et François Quintin fils.
1734. Mathieu Crolay et Noel Quintin.
1735. Julien Gouesin et Jean Gour.
1736. Mathurin Bahier et François Le Sage.
1739. Jean Lévêque, fils de François du Minihy et Pierre Pansart du Val-André.
1742. Gilles Bahier et Jacques Pansart.
1746. Jacques Lévesque et Jean Renault du Frèche.
1748. Le sieur René Lévesque et Claude Chandoisel.
1749. Mathurin Rouinvy et Mathurin Lévesque.
1751. Jean Rozé, ville Berneuf et Joseph Houdu.
1759. Jacques Lévesque fils et François Barbedienne.
1761. Jean Le Sage et Jean Cornillet.
1767. Joseph Dayot et Guy Le Vannier.
1773. Pierre Barbedienne fils de Jean et Jean Rozé fils de Jean.
1774. Pierre Barbedienne fils de Pierre et Jacques Michel.
1775. Mathurin Guinard et Jean Rouinvy.
1776. Jacques Mulon et Jacques Lévesque fils.
1777. Gilles Hingant et Ollivier Hourdin.
1778. Jean Renault et François Crolais.
1780. Gilles Bahier et Pierre Le Dosseur.
1781. Julien Quintin et Jean Rideuc.

Furent nommés, le 8 décembre 1754 :

Égailleurs des Fouages : Gilles Michel, pour le quartier de Laleau ; Jean Rondel, pour les Monts-Colleux ; René Eveillard fils, pour le quartier du Bourg ; Louis Millet pour le quartier de la Ville-Berneuf.

Égailleurs de la Capitation : Jean Lévêque, fils de Daniel ; Fiacre Dayot.

Collecteur du Vingtième : Jean Carla.

Écrivain des rôles : Maître Noël Quintin.

La fonction d'écrivain des rôles était mise en adjudication. En 1729, elle fut adjugée à Louis Hinault qui s'en chargeait pour le prix de 15 livres pour tous les rôles, parce qu'on lui fournira le papier timbré, sur lequel il marquera son reçu de ladite somme.

Il fallut bientôt élever ce salaire et le porter à 3 livres par rôle, papier outre, que perçurent, en 1739, Noël Quintin, en 1749 Pierre Croslais, en 1761 Toussaint Gicquel.

Furent syndics : en 1713 : Durocher d'Argaray; en 1761 : Jean Ruellan.

Députés aux Chemins, en 1742 : Joseph Bahier et Mathurin L'Hotellier.

 

Les Grandes Assises du Général de la Paroisse au XVIIIème siècle.

Nous grouperons sous ce titre, en les résumant, les délibérations qui nous paraissent les plus importantes.

Il était du devoir du Général de veiller au bon ordre des finances de la Fabrique et à une équitable répartition des impôts. Or il est arrivé que certains collecteurs se sont oubliés jusqu'à se rendre coupables de partialité, ou d'abus d'autorité, d'où contestations qui se terminent par des procès devant la juridiction compétente.

Un incident de ce genre, un peu antérieur au XVIIIème siècle, puisqu'il eut lieu en l'année 1680, est à noter : Antoine Bougault et François Salomon étant égailleurs (répartiteurs) se sont permis de faire des changements aux rôles des louages, des tailles et de la capitation, et surcharger le quartier de la Ville-Berneuf en haine de deux particuliers qui y habitaient et charger les quartiers où ils demeuraient.

De plus, ils avaient nommé Louis Gautier collecteur du rôle pour trois quartiers. Le tout s'était accompli dans le cabaret du bourg, et ils avaient refusé la présence du Recteur de la paroisse, ce qui était contre les arrêts de la Cour.

Cette affaire fut jugée grave et les délinquants subirent une sévère condamnation.

Le deuxième incident, qui est une affaire contentieuse, est inscrit à la date du 7 février 1717. Deux trésoriers dont nous taisons les noms avaient émis la prétention de conserver perpétuellement leurs fonctions, dont ils s'acquittaient d'ailleurs fort mal, s'appropriant même les biens de l'église et de la Fabrique « qu'ils auraient dû régir en bon père de famille, comme tout homme de bien était obligé de faire ».

L'un d'eux, d'un caractère irascible et violent, proféra injures, menaces contre la juridiction du Guémadeuc et les délibérants qui ne pouvaient approuver l'irrégularité de cette conduite.

Il entraîna dans sa révolte son consort, plus faible que coupable. Bientôt après, à la requête de Julien Lévêque, procureur fiscal de la juridiction du Guémadeuc, « fondatrice et patronne de l'église de la paroisse de Pléneuf », un dossier fut présenté au Parlement de Rennes, qui, en connaissance de cause, prononça la sentence suivante :

La Cour enjoint et fait ordonnance aux Recteur, prêtres, anciens marguilliers de laditte paroisse de Pléneuf, et d'autres qui ont droit d'entrée et voix délibérative, de s'assembler inclusivement et délibérer sur la nomination et « élection » d'autres trésoriers au lieu et place de... ; fait défense à ceux ci, et gens de la part de l'un d'eux et à tous autres d'apporter aucun trouble et empêchement, à peine d'être procédé contre eux extraordinairement ; fait pareille injonction auxdits trésoriers sortants de remettre à leurs successeurs tant les clefs des archives dont ils peuvent être saisis, que les ornements et autres choses ; et au sénéchal et officiers de la juridiction du Guémadeuc de tenir la main à l'exécution des arrêts et règlements de la Cour, afin qu'ils soient bien et dûment exacts suivant leur forme et tenue ; sans souffrir qu'il y soit contrevenu, à peine de répondre personnellement de tous événements, dommages et intérêts. Fait en Parlement de Rennes le 28 avril 1718. Signé : J.-M. LE CANIER.

Une question fréquemment débattue fut celle des réparations à l'église et au presbytère. En plus des délibérants officiels, étant donné l'intérêt général, la séance du 12 février 1713 réunit tous les prêtres et les habitants de la paroisse.

Il y est déclaré, devant l'assemblée, que des travaux seront faits à l'église, à la journée, et non autrement, par des ouvriers maçons, charpentiers, couvreurs et autres artisans, que les trésoriers en charge, Georges Haudrère et Jacques Barbedienne, « veilleront en bons pères de famille aux dites réparations par des gens de bien et d'honneur et toujours par l'avis du sieur Recteur ».

Cette affaire a été exposée par ailleurs dans tous ses détails sous le titre : « Importantes réparations à l'église ».

Nouvelle réunion semblablement composée le 8 septembre 1720. Il y a urgence. Il faut mettre hache en bois.

La main-d'œuvre ne manquera pas : Gilles Bahier, des Rochers, maître maçon « architèque », et Pierre Pansart ont présenté des devis.

Beaucoup plus tard, à l'arrivée de Messire Bertrand, Recteur, le presbytère est reconnu inhabitable, « en état de vétusté ».

Des travaux nécessaires doivent y être faits « incontinent ».

Des délibérations analogues s'échelonnent au cours du XVIIIème siècle dans ce sens, ayant en vue la réparation de ces deux bâtiments. Et toujours appel est fait à la charité : suivant la vieille maxime que l'on invoque : « le fort devant aider le faible ».

 

Les Rochers de Dahouet.

Il en est qu'il faut « extirper », d'autres auxquels il ne faut pas toucher. Lesquels ?

Grave avertissement de Messire Boullaire, député de la Ville de Lamballe. L'opinion du Général de la Paroisse et des maîtres de barque de Pléneuf en 1776.

Les projets d'amélioration à nos petits ports ne datent pas d'aujourd'hui. En 1776, on s'était préoccupé de travaux à effectuer au havre de Dahouët.

Notamment, on avait constaté que des rochers nombreux en gênaient l'entrée et d'aucuns songeaient à les « faire escarper ».

Prévenues de ce dessein, les autorités de l'époque, en la personne de Messire Boullaire, député aux États de la Province, intervinrent officiellement, recommandant de n'agir qu'avec une excessive précaution. Or dans une lettre adressée au sieur Recteur, Messire Boullaire exposait que les rochers en question sont nécessaires pour la conservation du port ; que, si on les faisait « extirper », « le courant deviendrait trop violent, charrierait des sables et comblerait l'entrée du port ».

Ce grave avertissement fut l'objet d'une délibération du Général de la paroisse, le dimanche 24 novembre 1776.

Le Recteur avait donc réuni, pour lui servir de conseil dans cette affaire toute spéciale, les maîtres de barques les plus expérimentés de la paroisse.

C'étaient : Louis Bourdonnays, Jean Rozé, Toussaint Carla, Jean Bouguet, Julien Hamonet, Pierre Renault, Georges Haudrère et François Barré. - Aujourd'hui nous aurions, en cette profession, un choix non moins aussi facile.

Voici, en tout cas, le résultat de cette délibération, tenue en présence de M. le Procureur fiscal, le Sénéchal absent.

Il serait imprudent d'extraire la totalité des rochers qui se trouvent à l'entrée du « port de Dahouët ». Une semblable opération, bien loin d'être avantageuse, serait très nuisible à cause des inconvénients qui en sortiraient. Mais il est de la plus grande utilité et même de toute nécessité qu'on fasse sauter, aux deux principaux passages de l'entrée du port, la prolongation des roches que la mer couvre à toutes les marées ; par exemple : toutes les roches basses du Rocher de la Muette, et celles qui sont à la côte vis-à-vis nommée la Mine d'or, qui se prolonge dans la grande entrée de la Vivrance, de même que les autres vis-à-vis, dans la côte des Eaux. La raison en est que ces prolongations forment des écueils presque inévitables pour les bâtiments qui abordent dans ce port, surtout quand il survient quelques « raffales ». Il ne faut alors qu'un coup de barre « donné à faux » pour faire briser un bâtiment. Cela est arrivé plusieurs fois et même récemment, en 1770. Il s'agit de la barque « Le Baron », montée par le sieur Gicquel, maitre de barque, de la ville Ernée, en Erquy. Celle-ci fut totalement fracassée. « On ne put sauver que les débris, François Brouard, de la même paroisse d'Erquy, capitaine de la barque, et François Michel ». Peu de temps après, la barque « Marie de Grâce », capitaine Laurent Renault, était exposée au même sort et faillit l'éprouver effectivement. Elle ne réussit à passer sur les roches, par marée, que grâce aux secours qui lui furent portés. Il n'y a pas plus de trois ou quatre mois la patache de Portérieux (Portrieux) pensa faire naufrage et « resta une marée avant d'être hors de danger ». Tous ces exemples, et d'autres que l'on croit inutile de détailler, prouvent la nécessité d' « extirper » ces roches. A condition qu on le fasse dans la proportion indiquée, il n'y aura aucun risque à courir pour le « remblaye du port, ou autre inconvénient, les sommités qu'on laissera dans l'état actuel, aux différents passages étant suffisantes pour rompre la vague et la violence du courant. Délibéré à la sacristie le 24 novembre 1776. Suivent les signatures des huit maîtres de barque, plus celles de Jacques Lévêque, F. Guinard, François Hourdin, Jacques Thomas, Henri Renault, Joseph Dayot, François Le Monier, Ange Bahier, Jean Bertrand, François Barbédienne, Blanchardin, procureur fiscal.

Quel fut le sort de cette délibération ?

La communauté de Lamballe s'intéressait au port de Dahouët qu'elle considérait comme sien. Elle prit l'affaire en mains et par M. Boullaire-Duplessix, maire de Lamballe et député aux Etats de Rennes, demanda à ceux-ci de prendre sur les fonds du commerce 10.000 livres afin d'entreprendre ces travaux et, de plus, de faire pratiquer un « quay ».

D'autre part, Baudouin, seigneur du Guémadeuc, s'engageait à donner à Mgr. le duc de Penthièvre et aux Etats 3.000 livres sur ses revenus de l'année si les Etats voulaient accorder la subvention de 10.000 livres. Il fallut attendre jusqu'en 1779 pour obtenir des Etats un premier versement de 3.000 livres. Cette somme fut employée à l'escarpement de certaines parties des rochers les plus périlleux. Vu l'insuffisance des fonds, la grande Muette avait été épargnée. Le rasement de cet écueil qui fut seulement entrepris en 1850 se termina en 1851 et occasionna une dépense de 29.500 francs d'après Pelaud, cité par A. Botrel : Dahouët.

Une autre affaire contentieuse.

Le 5 mars 1780, le Général de la paroisse était assemblé au lieu ordinaire de ses délibérations pour aviser aux mesures à prendre dans le but d'obliger les gros décimateurs aux réparations du chœur et de la toiture de l'église, qui, sur ces points, menaçait ruine.

Les Carmes du Guildo, d'abord prévenus, voulaient se dérober à cette charge, prétendant qu'ils étaient inféodés. Il fallait une prompte solution. Le soin de l'affaire fut confié à un avocat de la cour, noble M. Jean Le Restif, résidant à Lamballe.

Dans cette séance, mission lui fut donnée de requérir l'avis de trois anciens avocats au Parlement de Rennes sur la marche à suivre pour obtenir satisfaction. Il devait dire si besoin était d'assigner un seul décimateur, le seigneur du Guémadeuc, qui appellerait les deux autres, ou s'il faudrait les appeler tous ensemble et par quelle juridiction.
Signé : Jean Bouguet, Jacques Lévêque, Olivier Hourdin, Joseph Mulon, Mathurin Guinard.

Le 2 avril suivant, le même Général est à l'unanimité d'avis d'assigner au présidial de Rennes les Révérends Pères Carmes du Guildo pour « s'ouir » condamner à.faire les réparations et les constructions précitées nécessaires à l'église de Pléneuf.

Le 9 septembre de la même année il est annoncé que les Carmes du Guildo sont condamnés « par provision, par sentante » du Présidial de Rennes (10 août 1780) aux dites réparations. Dès lors, procuration est envoyée à M. Piolaine, procureur audit Présidial, de choisir un expert pour la visite du chœur et du chanceau, et de faire exécuter la sentence de la Cour à ce sujet.

Les délibérants nomment pour agents les trésoriers en charge, les sieurs Pierre Le Dosseur de Dampierre et Gilles Bahier. M. Piolaine pourra écrire à l'un ou à l'autre et est prié de donner connaissance de tout ce qui est susceptible d'intéresser le Général de la Paroisse dans cette affaire.

Le 13 janvier 1782 le Général, constatant que les Carmes ne s'exécutaient toujours pas, prend toutes dispositions utiles pour les contraindre :

Julien Quintin et Jean Rideux, trésoriers actuels, feront diligence auprès de M. Piolaine. Celui ci fera une « levée » de la sentence et la notifiera aux parties condamnées afin qu'elles n'en ignorent pas, et qu'elles aient à y déférer.

Les Carmes ont interjeté appel. Aussitôt connu ce recours, le Général, dans une séance en date du 24 mars 1782, délègue les trésoriers pour choisir trois avocats de Rennes en vue de la défense. L'affaire se corse et devient l'objet d'une grande assise, le 10 mai 1782.

Y étaient présents : Messire Bertrand, Recteur ; M. Johannier du Haut Champ faisant fonction de juge, attendu l'absence de M. le Procureur fiscal du Guémadeuc ; François Hourdin; Jacques Lévêque, des Vallées ; Noble homme Jean-Baptiste Guichard, Sieur de Quenrouët ; Jean Bouguet, Jean Gour, Jean Rouinvy, Julien Grimault, Pierre Rouinvy, Mathurin le Chantteux, Joseph du Temple, Pierre Lévêque de la Vallée, tous anciens trésoriers ayant rendu leurs comptes.

L'impression qui se dégage du document où elle est décrite est celle d'une attitude courageuse et nettement décidée. La voici dans tous ses détails :

1° Maître Piolaine est autorisé à appeler par requête et par lettre de commission M. Hennequin de Blessi qui est aux droits du Seigneur de Guémadeuc comme syndic de ses créanciers représentant le décimateur en sa partie et la personne du fermier des dîmes, cela dans le cas où la Cour réformerait sa sentence (ce qui n'est pas à supposer).
2° Le Général de la Paroisse déclare que les créanciers du Guémadeuc sont condamnés « de faire faire » les réparations de l'église, d'acquitter, libérer et indemniser la paroisse des condamnations que les Carmes du Guildo pourraient obtenir contre elle.
3° Le dit sieur Piolaine n'appellera le dit sieur de Blessi qu'aux périls et « fortune » des Pères des Carmes conformément à l'avis des trois avocats.
4° Le même sieur Piolaine est aussi autorisé à « mettre » requête pour demander qu'il soit permis au Général de faire étayer l'église qui est en très mauvais état. Le Général en paiera les frais, sauf reprise en définitive.
5° Celui-ci approuve le voyage et le séjour de M. Gollet à Rennes, relativement à cette affaire, et recommande au sieur Piolaine de se conformer exactement à la consultation des avocats et lui donne tous pouvoirs « pertinents » à ce qui précède
.

Les dites réparations furent autorisées par un arrêt de la Cour du 10 août 1782.

Le Général de la Paroisse, réuni à nouveau le 8 septembre suivant, nomme comme architecte ou maître charpentier Francis Hourdin qui reconnut le besoin urgent de quatre « étays » et d'une croix de bois pour soutenir la charpente de la costale, côté nord. Le tout, en bois de chêne, montera à la somme de 75 livres.

Selon la coutume, les travaux furent mis en adjudication trois dimanches consécutifs, les dimanches 15, 22 et 29 décembre 1782.

Jacques Lévêque soumissionna pour 70 livres, François Hourdin pour 72 livres, Jean-Baptiste Guichard pour 66 livres. L'entreprise fut adjugée à ce dernier qui commença immédiatement les travaux.

Le manque de documents ne nous permet pas de savoir quelle fut exactement la suite de cette affaire. Mais il faut retenir que le Général de la Paroisse avait du cran, qu'il savait défendre, gérer les intérêts de l'église, et croire qu'il ne manqua pas d'opérer une « reprise en définitive » contre les décimateurs débiteurs, les Carmes du Guildo, le seigneur du Guémadeuc et le Comte de Rieux.

 

Rien n'échappe à l'attention vigilante du Général de la Paroisse.

Conformément aux arrêts de la Cour du 29 avril 1716, il prescrit, le 29 février 1717, un inventaire détaillé des « Hardes, Ornements, Matériel, Objets du culte » de l'église et des chapelles de Pléneuf.

Cet inventaire est fait régulièrement, le 1er décembre 1718, par les Trésoriers, avec l'aide du Recteur, en présence du Procureur fiscal et des juges. Les réparations à l'église et au presbytère sont fréquemment à l'ordre du jour.

A la séance du 22 juillet 1715 des protestations s'élèvent contre maître Jacques Gillet qui a perçu de la part des habitants de la paroisse des « sommes considérables » destinées aux réparations du « presbitaire ».

Les travaux ont été effectués, et les entrepreneurs Pierre Pansart et Gilles Bahier n'ont rien touché. Le Général décide de leur « faire tenir compte, et déclare ledit Gillet responsable de tous dépense dommages et intérêts ».

Il est arrivé, le 21 décembre 1721, que les délibérants se soient fait attendre longtemps pour se rendre à la séance après la Grand'Messe. Où étaient-ils passés ? En tout cas, afin de prévenir ces retards, et aussi afin d'obtenir la régularité, il est décidé plus tard, le 1er février 1724, qu'ils seront « condamnés à une amende de 10 livres » applicable aux pauvres de la paroisse.

Le 10 décembre 1729 est ordonné un nouvel inventaire des hardes et ornements de la fabrique et de « pourvoir à ce qu'il soit établi un rentier par double des rentes de la fabrique ».

Le 30 avril 1730, M. le Recteur demande que l'on achète une pièce de damas rouge de Chine pour faire une chasuble, qu'on remplace la vieille armoire à ornements, que l'on commande trois escabeaux pour le célébrant et ses assistants. Les trésoriers (Jean, Michel et Louis Gautier) voudraient qu'on abatte plusieurs vieux ormes du cimetière, et qu'on y plante des jeunes à la place. (Accordé).

Le dimanche 2 décembre 1730, Louis Gautier, prévost de la Confrérie du Saint-Rosaire, est invité à faire rentrer les rentes de « ladite Confrérie ».

Le programme de la séance du 3 décembre 1735 est très chargé :

1. Il faut rehausser les autels de Notre-Dame, de Saint-Sébastien, de Notre-Dame des agonisants.
2. Acheter une chaire (à prêcher) qui sera placée du côté de l'évangile.
3. Dorer une patène, et continuer les réparations aux chapelles.
4. Pourvoir l'église de linges nécessaires pour le service de l'église.

Le tout suivant l'ordonnance de Mgr l'Évêque de Saint-Brieuc lors de sa visite le 1er septembre 1733. Enfin est approuvé l'achat d'une statue de sainte Marguerite : 29 livres.

Le 18 octobre 1734, M. le Recteur « représente » qu'il soit convenable donner plus de jour au chœur. Pour cela il est nécessaire d'ouvrir une fenêtre dans le lambris de l'église donnant sur le retable du « grand autel ». (Approuvé). Différents particuliers ont porté plainte contre François Piloyet, sonneur de cloches et fossoyeur. Le Général fixa un règlement à ce sujet (séance du 29 décembre 1738).

Dorénavant lui sera payé chaque année la somme de 10 livres suivant l'ancien usage. Pour les enterrements dans l'église, ouverture de terre et tuillage et son des cloches il ne pourra exiger plus de 18 sols. Pour les inhumations du grand corps dans le cimetière, façon de la fosse et son des cloches, 12 sols. Pour inhumation des enfants, ouverture de la fosse et son des cloches : 6 sols.

Pour chaque sonnée de l'avant (le glas) : 4 sols. Au cas où il voudrait exiger plus il sera destitué. Il est aussi entendu qu'il sonnera pour les inhumations et services aux heures, à la manière et pendant le temps ordinaire.

Il devra enfin continuer de sonner pour les affaires publiques, aux heures et à la manière que lui indiquera M. le Recteur, et lorsqu'après le tuillage des fosses dans l'église, s'il manque quelques tuiles, il sera obligé de les remplacer.

Conformément à un Règlement de la Cour du 19 août 1689, la Fabrique percevait un droit pour les sépultures dans l'église et dans le chœur.

Le dimanche 27 septembre 1739, plusieurs décisions sont prises concernant : 1° les archives, dont on fera un tri ; celles qui seront jugées inutiles disparaîtront ; 2° concernant le choeur qu'il faudra lambrisser, les fonts baptismaux qui ont besoin de peinture. Une quête a été faite pour subvenir aux frais de ces décorations.

L'achat d'un soleil (ostensoir) pour exposer le Saint-Sacrement est décidé l'année 1741.

Le 9 septembre 1742, Joseph Bahier et Mathurin L'Hotellier, députés à la Corvée des grands chemins, sont priés de se rendre demain chez L'Hostellier, de Morieux, pour prendre les ordres de l'ingénieur, et voir où il faudra travailler, et sur son rapport recourir aux mesures nécessaires.

Le 12 décembre 1745, à la demande de M. le Recteur, on convient de changer les six chandeliers de cuivre du « grand autel », de faire une barrière à l'entrée du cimetière, de vendre plusieurs arbres qui sont « déprés », de remplacer la table de communion dont tous reconnaissent la difformité, d'enlever deux relais de pierres qui règnent des deux côtés de la nef, attendu qu'elles sont « indécentes » et qu'à leur place on mette des sièges de bois en forme « de bancs jolis » confectionnés avec les arbres du cimetière.

Mgr l'Évêque de Saint-Brieuc a, en cours de visite à Planguenoual, arrêté les comptes des trésoriers de Jean Ruellan et de Joseph Bahier à la somme de 1.500 livres 10 sous 11 deniers. L'argent sera déposé dans l'armoire à trois clefs.

Le 26 novembre 1746, Claude Gouranton demande à être déchargé des aumônes de la Confrérie de Saint-Sébastien et s'élevant à la somme de 57 livres 6 deniers.

Jacques Rouinvy et Mathurin Lévêque font observer que la croix d'argent risque de « casser » lorsqu'on la porte pour les morts « dans les différents endroits de la paroisse ». En conséquence les délibérants, parmi lesquels : Gilles Bahier, Gilles Pansart, Antoine Lesage, François Lévêque, Gilles Pansart de la Croix-Baudot défendent auxdits trésoriers de la donner dans la suite « à qui que soit » à peine d'en répondre personnellement s'il lui arrivait quelque accident (7 décembre 1749).

En vertu d'une ordonnance de Mons. l'Intendant il sera fait un Rôle des hommes mariés et des garçons de la paroisse de Pléneuf. Ce rôle sera signé par dix des principaux habitants (1759). Cette liste fut établie en vue de la conscription militaire. Tout jeune homme qui n'était pas marié à 20 ans était astreint au service militaire.

Sébastien Lévêque, sonneur de cloches, est remplacé dans ses fonctions par Ollivier Eveillard, 10 mars 1762.

Les tempêtes ont accumulé autour de l'église une quantité d'ardoises tombées de la couverture. Comme personne ne prend le soin de les ramasser, ce sera désormais le devoir du sonneur, sous peine de destitution (19 décembre 1762).

Le procureur fiscal présente un arrêté de la Cour du 19 novembre 1776 enjoignant aux Généraux de toutes les paroisses de la province de s'assembler pour charger le sacristain de coucher dans l'église à partir du 1er novembre jusqu'au 30 avril de chaque année, à raison de 3 livres par mois.

En cas de refus du sacristain ils nommeront d'autres particuliers qui voudront « souscrire les dittes conditions ». Faute d'avoir établi un gardien, les délibérants des paroisses où il y aura eu effractions seront condamnés « jointement et solidairement sans répétition » aux frais des réparations occasionnées et de ceux de la descente des juges et experts.

Cet arrêté est basé sur ce que des malfaiteurs se sont introduits dans plusieurs églises, notamment dans celle de Corps-Nuds, nuit du 31 octobre au 1er novembre 1776 ; du Foëil, nuit du 7 novembre ; de Saint-Étienne de Rennes le 10 novembre, et ont emporté les vases et ustensiles d'argent.

En conséquence, le Général de la paroisse réuni en assemblée extraordinaire le 19 février 1777, après avoir fait les bannies nécessaires à cette fin et ayant par la suite constaté que personne ne s'était présenté, charge M. le Procureur fiscal d'envoyer à M. le Procureur du roi copie de la délibération « pour être statué par lui ce qu'il verra bon être ».

Nous ne connaissons pas la suite de cette affaire qui dut vraisemblablement se terminer par l'exécution de l'arrêté de la Cour.

Toutefois nous savons qu'antérieurement, il y avait de temps en temps un gardien dans l'église de Pléneuf. Un compte de fabrique de l'année 1770 nous apprend en effet (chapitre des dépenses) que Marc Hamon a touché 3 livres pour avoir couché deux nuits dans l'église et l'avoir gardée, et que François Gouret a reçu 4 sols 6 deniers pour y avoir été gardien trois nuits.

Le 9 décembre 1779, les délibérants achèvent de procéder à la nomination des Collecteurs, Égailleurs, Trésoriers, Écrivains des Rôles pour l'année suivante, quand tout à coup se présentent Françoise Pilorget et Marie Briend ; ce sont les deux sacristines.

Elles ont l'air plutôt mécontentes. Que va-t-il se passer ? Elles font valoir que leur salaire n'est pas suffisant pour la charge qu'elles ont « de fermer et ouvrir l'église, la balayer, laver son linge fournir le pain à chanter (pain d'autel), éclaircir les chandeliers, allumer la lampe ». Ce salaire en 1765 était de 30 livres 16 sols 9 deniers.

Le Général examine cette réclamation et accorde une augmentation qui consistera en un quart de froment en sus de leur traitement. Françoise Pilorget et Marie Briend s'en retournent avec le sourire. Enfin à la même séance, il est ordonné que « tous ceux qui ont des places dans l'église paieront à l'avenir 5 sols pour chacun des petits escabeaux qui sont à leur place. Ceux qui n'ont point de banc attitré paieront 10 sols par place pour les petits escabeaux ».

On le voit, le Général exerce une attention vigilante sur toutes choses soumises à sa gestion. Rien ne lui échappe. C'est un exemple de conscience professionnelle.

 

Chapelle de la Ville-Brexelet (du Rosaire). — Le Général de la Paroisse. — Le Seigneur de la Goublaye de Nantois. — Opposition du Seigneur du Guémadeuc.

Nous sommes en l'an 1777. L'avant du chœur de l'église est bien obscur, ainsi que la chapelle de la Ville-Brexelet, dont la croix du fond est cachée par le tableau du Rosaire, a dit l'un des délibérants, à la séance du 14 décembre.

Il y a moyen d'y remédier, a-t-il ajouté. Perçons une fenêtre dans la costale de la même chapelle, nous emploierons la taille de la croisée inutile. Chapelle et chœur deviendront ainsi plus clairs. Il n'y a pas à craindre l'opposition du sieur de la Goublaye de Nantois qui verrait ainsi sa chapelle améliorée. Sur cette « remontrance » le Général de la paroisse a déclaré se prêter à l'exécution et perfection de cet ouvrage sans préjudice des droits du seigneur du Guémadeuc. Informé de ce projet, le sieur de la Goublaye de Nantois étant entré au lieu de la délibération a, devant le Général, donné son plein consentement qu'il a « à l'endroit signé ».

Les frais ne seront pas considérables, d'autant plus que Gilles Bahier et Louis Deron, Bâtonnier de la Confrérie du Rosaire, ont bien voulu se charger gratuitement de faire exécuter le travail. Toutefois le Général réserve « tous les droits qu'il peut avoir pour cause de réparation dans laditte chapelle ».

L'année suivante, 10 mai 1778, le Général fait parvenir à M. de la Goublaye de Nantois une copie de la délibération avec prière de la communiquer à Mme de Nantois, sa mère. Le préambule a le caractère d'une lettre :

A Monsieur,
Monsieur de la Goublaye de Nantois, chevalier, seigneur de la Ville Brexelet et autres lieux vous supplient respectueusement les délibérants soussignants de la paroisse de Pléneuf, assemblés en corps le 3 mai 1778, de leur permettre non seulement de tirer du pignon de votre chapelle du Rosaire la pierre de taille qu'y forme une croisée aujourd'hui inutile pour en faire une seconde croisée ou fenêtre dans la costale de la même chapelle, mais encore de descendre une moyenne pierre de taille placée dans la « maçonnaille » au-dessus de la même fenêtre ou était gravé un écusson, mais presque totalement effacé par le laps de temps.

En reconstruisant la fenêtre on aura soin de replacer l'écusson tel qu'il est ; également que celui qui est en vitrage de la même fenêtre et qui est aussi presque totalement effacé, d'exhausser de 20 pouces ou 2 pieds la costale ci-dessus qui est si basse que les enfants peuvent porter la main au vitrage et le casser. Le tout devant se faire des deniers de la Confrérie du Rosaire ; et vous obligerez vos très humbles et obéissants serviteurs.

Signé: J. Dutemple, Jacques Lévêque, Jean Bertrand, Laurent Pansart, Pierre Pansart, Joseph Houdu, François Mathurin Guinard, François Guinard et Jean le Sage, Louis Gaultier, François Lévêque.

Et pour expédition est écrit : « Nous Rodolphe, Emmanuel de la Goublaye, chevalier, seigneur de Nantois, de la Ville Brexelet, du Pont Rouault et autres lieux, « voulons nous prester aux vues du Général de la paroisse de Pléneuf pour l'embellissement de son église et la plus grande commodité du service divin dans la chapelle de la Ville Brexelet qui nous appartient dans laditte église à cause de notre terre et seigneurie de la Ville Brexelet.

Nous déclarons permettre et permettons que ledit Général tire du pignon de notre chapelle où est placé l'autel du Saint-Rosaire la pierre de taille qui forme une ancienne croisée ».

La suite conformément aux termes de la demande exprimée plus haut.

« Les travaux à faire seront exécutés dans un an à commencer de ce jour aux frais et deniers de la confrérie du Rosaire sans que la présente puisse par la suite porter atteinte à nos droits de propriété exclusive de laditte chapelle... Et pour que le présent témoignage de notre affection pour le Général reste à jamais dans les archives, nous exigeons qu'il y soit déposé après avoir été enregistré tout au long sur son registre de délibérations, en présence de Mme de Nantois ma mère »...

L'an 1778, 20 décembre, le Général, assemblé en séance extraordinaire, reprend l'affaire pour mise à exécution. Mais il y a, est-il dit, un fait nouveau.

« A l'endroit de la postcomme de la grand'messe de ce jour, le seigneur du Guémadeuc a, par le ministère de M. Cornillet, Général d'Armes, fait sommer le Général dans les personnes desdits deux Trésoriers (Gilles Hinzan et Olivier Hourdin) de s'abstenir de placer ou faire placer lesdits nouveaux écussons aux dits lieux, à peine de tous mauvais événements, dépens, dommages et intérêts ».

Dès lors, nouvelle délibération ainsi conclue : « A la requête unanime du Général, et à la diligence des nouveaux Trésoriers Jean Renault et François Crolais qu'il nomme ses procureurs, la copie de sommation dont il s'agit sera portée au seigneur de Nantois et de la Ville-Brexelet, à ce qu'il aura à faire pour lever l'opposition du seigneur du Guémadeuc, fondateur de cette église et cimetière, si bon lui semble, et avec dénonciation. Attendu l'empêchement qui en résulte, s'abstiendra de faire travailler aux nouveaux écussons, jusqu'au levé de la même opposition à lui notifiée. Si suivant la permission qu'il a eue des « changements » et réédification de la chapelle de la Ville-Brexelet, ledit Général a engagé des frais, il n'entend pas par là se charger à l'avenir de l'entretien et des réparations de la même chapelle, qui ne peuvent désormais concerner que les propriétaires de la terre et seigneur de la Ville-Brexelet, à moins que M. De Nantois ne préfère faire abandon dès à présent de la même chapelle. Telle est, en effet, l'actuelle et formelle délibération du Général à ce sujet et sans qu'aucune des précédentes délibérations y puisse aucunement ni en aucun temps préjudicier. Arrêté que la présente délibération sera aussi par exploit notifiée au dit seigneur de la Ville-Brexelet, et qu'elle sera, à cette fin, controllée ».

Mêmes signatures que précédemment. Nos archives sont muettes sur la solution de ce conflit.

 

Une opposition au sujet de la vente des biens du Guémadeuc.

Les trésoriers en charge, Gilles Bahier et Pierre Le Dosseur, ont alerté, 1er mai 1781, le Général de la paroisse relativement à la vente des biens du Guémadeuc.

Ils demandent instamment que l'on agisse avec célérité, pour y faire mettre opposition, soit à l'adjudication, soit à l'appropriement.

La raison en est que les termes de l'affiche sont équivoques, et que n'y sont pas mentionnées « trois pérées de froment et deux pérées de seigle que ladite seigneurie doit de rente annuelle et foncière à la fabrique de Pléneuf sur ces terres. Gilles Bahier, l'un des trésoriers, est chargé de faire lever cette équivoque, avant l'appropriement ».

Au besoin, il présentera les titres de fondation. De plus, Messire Pierre Bertrand, Recteur, donne commission audit Bahier de réclamer la reconnaissance de son droit, à la jouissance de « trois closseaux ou jardins autour de son presbytaire et du droit qu'il a sur les beurres donnés à la chapelle Saint-Sauveur, le jour de la Trinité ». Cette condition est exprimée dans la transaction passée entre Monseigneur le Duc de Richelieu, alors propriétaire de la terre du Guémadeuc, et Messire Mathurin Nicolas, Recteur (date de la transaction : 1677). Ledit Bahier réclamera en outre que le sieur Recteur actuel et ses successeurs continuent de recevoir annuellement de la même seigneurie six pérées d'avoine, « aux fins de la susdite transaction, obmise aussi dans l'affiche de publication de vente ». Il y a des titres qui justifient ces revendications.

(E. Joly).

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