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LE CHATEAU DE GUEMADEUC A PLENEUF-VAL-ANDRE

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Le Vieux Château du Guémadeuc et le Domaine.

Il est difficile de préciser l'époque de sa construction. Toutefois, par le genre de son style, il est à croire qu'il devait dater au plus tard de la fin du XIIIème siècle, puisque nous trouvons, d'autre part, le nom de Rolland Madeuc comme propriétaire de cet édifice en l'an 1300.

Il s'élevait sur l'emplacement actuel du hameau, dans un nid de verdure, au milieu d'une forêt de peupliers, de chênes et de sapins verts, au pied du coteau de la Garenne.

C'était bel et bien une forteresse (Archives départementales L. E.) avec ses douves, ses fossés, son pont-levis et, ses hautes tours. Le château du Guémadeuc était non fieffé, c'est-à-dire que son domaine était absolument indépendant, non grevé d'obligations vassales. Le parc était clos et fermé de hautes murailles avec un colombier par terre surmonté de quatre tourelles. La propriété tant arable que non arable comprenait garennes et refuges à connils (gibiers et lapins), montagne, gravier, côtière et aussi la ferme de la porte.

Le domaine global était aussi vaste que parfaitement situé. Il s'étendait, d'un côté, jusqu'au clos de Jeannette et, de l'autre, jusqu'au Château Tanguy, où il y avait encore, en 1759, une muraille, un emplacement de château et des ruines de forteresse.

En faisait aussi partie la pièce dite de la Fosse qui avait été tirée des graniers du Guémadeuc. L'ensemble mesurait 250 journaux de terre joignant le midi jusqu'au chemin de Pléneuf et le septentrion à la plage et grève de la Noë. On ne sera pas sans remarquer le nom ancien de cette partie de la plage actuelle du Val-André.

D'autre part, cette même propriété bornait le champ des Censies et divers en prochaine mouvance (dépendance) la Seigneurie du Guémadeuc. Y appartenaient aussi : 1° les maisons, manoirs et domaines nobles du Vaumadeuc (sans comprendre le château Jolly et les Nosdelais) avec verger, chapelle domestique, Saint-Sauveur, colombier par terre, clôture et garenne, l'ancien étang Ménard, avec sa retenue d'eau et sa chaussée. 2° Le Cloître ; 3° la Ville Nihon ; 4° Paillac ; 5° la Motte (près Saint-Mathurin) (Minée par sieur Baudouin 1759).

La Chapelle Saint-Symphorien attenant au château ainsi que ces diverses maisons seront l'objet d'une étude spéciale.

Le Domaine demeura dans la famille jusqu'en 1679, époque à laquelle Armand-Jean, duc de Richelieu, fils de Marie-Françoise, Marquise de Pont-Courlay, le vendit à François Berthelot, Conseiller aux Conseils du Roi.

Il convient de noter que la famille du Guémadeuc, tout en conservant ses propriétés à Pléneuf, n'y habitait plus depuis la destruction du château en 1590.

Les possesseurs successifs furent :

Etienne Berthelot, Directeur général de la l’artillerie (Donation de son père par contrat de mariage, 1689).

Agnès Rioult Douilly, femme d'Etienne Berthelot (Acquêt, de son mari, 1717).

Armand Baudouin, Maître des Requêtes de l’Hôtel de Roi (Héritier d'Agnès Rioult, son aïeule maternelle, 1759).

Etienne Baudes, marquis de la Vieux-Ville (Acquêt des Créanciers unis de Armand Baudouin, 1784).

Elisabeth, marquise de Talhouet (An VI, 13 Fructidor. Licitation avec la Nation à cause de l’émigration de ses frères).

Marquis de Talhouet, Comtesse de la Grande Baronnie de Courteleux de Cantaleu (Héritiers de leur mère, 1814).

Pierre Tueux, depuis député (1820. Acquêt 1820).

Fanny Tueux, dame Julou (Héritière de son père 1832).

Monsieur Julou, son fils (Héritier de sa mère).

Monsieur le Comte Louis d'Aubert (Acquêt 1800).

Actuellement le domaine est divisé et appartient à divers acquéreurs.

 

Les Seigneurs du Guémadeuc.

Malgré son antiquité et sa célébrité dans l'histoire de notre pays, cette famille qui pourtant présente un grand intérêt est très peu connue. Un auteur la fait descendre de la branche cadette de l'illustre maison de Dinan, sous le nom de Maday, devenu Madeuc, qui veut dire en breton : bon, bienfaisant. Elle remonte authentiquement à l'an 1100 ou 1200. (Archives du Hourmelin).

La maison du Guémadeuc, dit le P. du Paz, est très noble, très grande et très ancienne. Le duc Pierre avait longtemps donné ce certificat de haute noblesse lorsqu'en 1451 il créait Banneret le seigneur du Guémadeuc. « Yssu et extroit de grande et noble lignée et ancessorie (Lobineau Pr. Col. 1150, cité par Jean Trévédy) ». Son blason est de sable, au léopard d'argent, accompagné de six coquilles de même : 3. 3. d'après un sceau de 1272.

La généalogie des Madeuc part de l'an 1300 commençant à Rolland Madeuc, Chevalier, Seigneur du Guémadeuc, de la paroisse de Pléneuf, Diocèse de Saint-Brieuc.

Le nom patronymique est Madeuc. Gué désigne le château de Madeuc, d'où est venu en 1451 : Guémadeuc.

On compte 14 générations.

Le premier du nom qui apparaît dans l'histoire de Bretagne est Thomas Madeuc, déjà seigneur suzerain en 1526. Toutefois à partir de l'année 1300, la Réformation indique huit Madeuc, fils l'un de l'autre et portant le prénom de Rolland devenu chez eux comme héréditaire (Renseignements fournis par M. Frotier do la Messelière). Le dernier, Rolland VIII, avait épousé Demoiselle de Coëtquen, fille de Jean III, Grand Maître de Bretagne et Chambellan du Roi de France, Charles VIII. Sa mère s'appelait Dame Jacquemine Tournemine de la Hunaudaye.

Jacques du Guémadeuc, sire Banneret du Guémadeuc, époux de Dame de Trévicar, mort en 1524, avait sa pierre tombale dans l'ancienne église.

Thomas, sire et Baron du Guémadeuc, Blossac et Québriac, Vicomte de Rezé ; député de la noblesse de l'Evêché de Saint-Brieuc à la Réformation de la Coutume en Bretagne, en 1580. Il mourut à Rennes, le 15 juillet 1592, des suites de ses blessures à la bataille de Loudéac, 1591, où il combattait pour la cause du Roi.

Georges du Guémadeuc, seigneur de Trévécar, en Escoublac, gouverneur de Ploermel, époux, 1584, de Suzanne de Sévigné, dame des Châtelets, fille de Charles de Sévigné, seigneur des Rochers, beau-frère de Mme de Sévigné.

Amador-Jean-Baptiste-Mathurin du Guémadeuc, chef, et nom d'armes, baron de Callac, seigneur de Trévécar, Boisfeuillet et Cadoual, marié en 1673 à Marie-Françoise de la Villéon, Dame de Boisfeillet en Pluduno, fille de Mathurin de la Villéon, chevalier, seigneur de Boisfeillet et d'Anne Visdelou du Hilgret.

Parmi les derniers noms, dans la branche cadette, nous trouvons : Armand-François-Jean, fils de Amador et de Françoise de la Villéon, mort à Namur, en 1693, des blessures reçues à Nervinde.

Marie-Anne-Joseph, baronne de Callac, morte à la Trinité de Rennes, 1775.

Joseph-Amador, inhumé à Saint-Malo, 1707.

Angélique, inhumée à Saint-Malo, 1707.

Julie-Eléonore-Adélaïde, épouse, en 1726, de Guy-Jules, comte de Goujon, seigneur de Kercadio, Lieutenant du Roi en Haute-Bretagne.

Marie-Françoise du Guémadeuc, fille de Thomas du Guémadeuc. Elle épousa en 1609 François Vignerot, marquis du Pontcourlay, gouverneur du Havre de Grau, Général des Galères, neveu du grand Cardinal de Richelieu.

De ce mariage est né un fils, Armand-Jean, Duc de Richelieu, qui devint, par sa mère, le seul héritier de tout le domaine.

C'est la même Marie-Françoise du Guémadeuc et les autres descendants des Guémadeuc qui produisirent à la dernière Réformation, 1670. Par arrêt du 26 juillet de la même année, les du Guémadeuc furent déclarés nobles d'ancienne extraction et maintenus en leur qualité de Chevaliers (M. de Brehand, rapporteur).

Thomas du Guémadeuc, baron de Blossac, Gouverneur de Fougères.

Aux Etats généraux de Vannes, 1616, le deuxième rang dans l'ordre des prééminences lui fut attribué. Il venait donc, dans la baronnie, après le baron de la Hunaudaye.

Il est pénible d'avoir à relever une tache sur ce nom illustre des Guémadeuc qui reste néanmoins respecté et honoré en Bretagne et en France.

C'est, en effet, ce Thomas du Guémadeuc qui s'étant rendu coupable du meurtre de Jacques de Nevet, pour une question de préséance, fut condamné à mort par ordre de Louis XIII, 27 septembre 1617.

Pour toutes les supplications de ses amis et de sa femme éplorée qui alla se jeter aux pieds de Sa Majesté « dez qu'elle sceut son arrêt », demandant miséricorde. « Elle n'eut d'autre réponse du Roy sinon : C'est la justice qui fait régner les roys. Je la dois à mes subjects et en cet endroit je dois la préférer à la miséricorde ».

L'exécution eut lieu, et la tête du supplicié fut plantée à la porte principale du château de Fougères. Son corps fut enterré aux Cordeliers.

Dans son étude sur l'histoire de la Maison du Guémadeuc le docte M. J. Trévédy constate le silence des Bretons historiens sur le dernier des seigneurs du Guémadeuc. Ni le Président Habarque, ni l'abbé de Garaby ne l'ont même mentionné. Cet oubli, M. Trévédy l'explique, et en montre la cause dans la conspiration du silence de ses amis contemporains. Qu'on se figure, écrit-il, l'émotion des campagnes à ces horribles nouvelles. Le seigneur a tué un gentilhomme à Rennes, il est rebelle au roi, il est en prison à Paris. Il a eu la tête tranchée. Après la consternation le sentiment unanime se produisit par ce mot d'ordre : Taisons-nous.

Et le silence s'est fait, comme il se fait dans une famille sur la vie d'un enfant coupable.

C'est ainsi que les vassaux du Guémadeuc payèrent leur dette de respect et de reconnaissance aux ancêtres du condamné de 1617. Et voilà comment le nom du Guémadeuc a pu venir jusqu'à nous paré de son antique auréole de justice et de charité.

 

Un Abbé et un Évêque du Guémadeuc.

Pour ne pas finir sur une note douloureuse, relevons dans la famille deux autres noms qui méritent d'avoir leur place dans ce tableau. D'abord un Religieux, fils de Jacques du Guémadeuc, dont la pierre tombale était dans l'ancienne église, et de Dame Françoise de Trévécar : Georges du Guémadeuc, abbé de Saint-Jacut de la Mer. Il reçut la bénédiction des mains de Mgr François de Mauny, en l'année 1546.

Puis, un Évêque : Mgr Sébastien du Guémadeuc, né en 1627, du mariage de Thomas, seigneur de Cadoudal, et de Dame Gillette de la Fresnaye.

D'abord archidiacre du Désert, au diocèse de Rennes, aumônier de la reine mère, Anne d'Autriche, docteur de la Maison de Navarre, il fut, en 1670, nommé évêque de Lavaur, et, en 1672, transféré à Saint-Malo.

Il siégea à l'assemblée gallicane de 1682, et présida l'ordre du Clergé en 1685. On lui reprochait d'aimer la chasse et les chevaux. Mme de Sévigné, avec qui il était en relations de parenté commune, le plaisantait avec toute sa finesse d'esprit sur ses goûts giboyeux qui étaient peu compatibles avec les obligations de son état. A part cette concession faite aux habitudes de l'époque, il ne cessa d'être un évêque digne du plus profond respect.

En 1676, il avait fondé une abbaye de Bénédictines au mont Cassin, à Josselin. Sa sœur Suzanne en fut la première abbesse.

Il mourut à Saint-Malo-de-Baignon, manoir des Évêques de Saint-Malo, le deuxième jour de mars 1702, et fut inhumé dans le chœur de l'église de Saint-Malo-de-Baignon.

L'on y voit encore son tombeau avec son écusson de sable, au léopard d'argent, accompagné de six coquilles, trois en chef, trois en pointe, et cette épitaphe : Ci-gît : Sébastien du Guémadeuc, en son vivant Évêque de Saint-Malo, lequel a décédé le 2 mars 1702. Priez Dieu pour lui.

Le sceau de Mgr Sébastien du Guémadeuc se compose d'un écu portant ses armoiries surmontées d'une mitre et d'une crosse tournée en dehors, timbrée d'un chapeau épiscopal à six glands. (GallIa Christiana).

 

Le duc de Richelieu et les du Guémadeuc.

Le dimanche 17 et le lundi 18 juillet 1932 des fêtes somptueuses avaient lieu en Touraine dans la ville de Richelieu. On y inaugurait, sous le haut patronage du Président de la République, une statue en l'honneur du grand Cardinal.

Prélats, ecclésiastiques, ministres, académiciens et parlementaires ont à juste titre, à des points de vue divers et avec éloquence, mis en relief l'illustre figure de l'homme d'Église et du grand ministre de Louis XIII.

Si, comme on est en droit de le penser, les orateurs ont fait mention des principaux membres de la famille de Richelieu, le nom de Armand de Vignerod, marquis du Pontcourlay, aura dû être évoqué. Ce dernier, en effet, touchait de très près le Cardinal dont il était le neveu préféré. Aussi, aux termes de son testament, Richelieu, qui mourut à Paris le 4 décembre 1642, léguait-il son duché-pairie, à Armand de Vignerod. Or par son mariage avec Marie-Françoise du Guémadeuc, ce même Armand de Vignerod, duc de Richelieu, devenait le propriétaire de tout le domaine du Guémadeuc, sa femme, fille de Thomas du Guémadeuc, étant seule héritière.

Il ne garda pas longtemps ces possessions lointaines que, sans doute, il n'a jamais vues.

Le duc de Richelieu ne fut seigneur du Guémadeuc que le temps de poser à la principale vitre de l'ancienne église de Pléneuf les armes de Vignerod et de Plessis-Richelieu.

L'écusson d'or à trois hures de sanglier était de Vignerod et l'écusson d'argent à trois chevrons brisés de gueules était de Plessis-Richelieu.

Par un contrat de vente, vers 1689, Armand de Vignerod, duc de Richelieu, aliénait le Guémadeuc à Etienne Berthelot, directeur général de l'artillerie de France. Ce simple fait n'intéresse pas évidemment la grande histoire, mais il montre le lien qu'il y eut autrefois entre le duc de Richelieu et Pléneuf. A ce titre il méritait d'être mentionné.

 

La Dame de Pléneuf.

C'est ainsi qu'était couramment appelée, dans le milieu du XVIIIème siècle, la propriétaire du château. Cette personnalité désignée sous ce titre dans les archives paroissiales n'avait aucune parenté avec la famille du Guémadeuc. Elle était l'épouse de M. Armand Baudouin, Maître des Requêtes, devenu propriétaire du domaine, par acquêt. Elle dut mourir en 1758.

Ce fut M. de Saint-Vreguet qui fut chargé de faire fructifier le domaine et d'en recueillir les revenus. Il proposa une solution à l'amiable comme droit à payer au trésor royal.

Cette démarche était motivée par les circonstances suivantes : Il fallait éviter les pertes et « dépérissements » des fruits et « levées » vers le temps de la mort de la Dame de Pléneuf qui se trouvait dans une situation critique, pour sauver les biens de la terre, surtout dans une année aussi pluvieuse. Il fallait aussi se soustraire au pillage qu'auraient pu faire les ennemis de l'État, prêts à se répandre dans ladite paroisse de Pléneuf où tout le monde cachait et emportait ses effets çà et là pour les mettre en sûreté.

 

Droits des seigneurs du Guémadeuc et la seigneurie de Lamballe.

Les seigneurs du Guémadeuc possédaient certains droits que nous trouvons ainsi exprimés dans les archives départementales :

1° Dans l'église : droit d'avoir à l'entour, au dehors, à l'intérieur, une ceinture aux écussons et armoiries de leurs armes et alliances de leurs prédécesseurs, tant en pierre qu'écussons en bois, tant en bannière qu'autrement. Le même privilège s'étendait à la grande vitre du maître autel et les autres où se trouvaient les armes, écussons et alliances de leurs ancêtres.

2° Droit et propriété de tout le chanseau et de la nef de l'église.

3° Droit de sépulture, labes hautes et cercueil vis-à-vis le chœur où en effet était « élevé » le portrait et la figure de Jacques du Guémadeuc, avec banc et accoudoir.

Le tout était prohibitif à tout autre, à l'exception de Monseigneur le duc de Penthièvre, leur supérieur. Et encore fallait-il leur « permission et consentement ». De tout quoi, ils étaient en bonne possession, de tout temps immémorial, sans contradiction de personne.

Un arrêté du 22 octobre 1585, rendu à la seigneurie du Duché de Penthièvre, justifie que le seigneur du Guémadeuc est fondateur et patron de l'église.

4° Étaient dans la directe de ladite seigneurie du Guémadeuc :

L'église paroissiale, son cimetière, maison presbytérale, cour, jardin, ainsi que les chapelles de saint Symphorien, saint Sauveur, saint Briac, saint Mathurin, avec son cimetière. Ces droits ont été reconnus par une sentence du 29 mai 1747. Les titres de propriété ont été incendiés par les ligueurs.

5° Droits de bouteillage ou de potelage à raison de neuf pintes ou une chopine sur tout navire apportant vin ou autre boisson dans le port de Dahouët.

La propriété de l'île et du rocher du Verdelet, où il y avait autrefois une forteresse, avec droit de pêche et de havage sur les pêcheurs.

Les prééminences dans les églises de Pléneuf et de Lamballe, sauf la supériorité du duc de Penthièvre.

Ferme des dîmes de l'Isle-en-Pléneuf et du Guémadeuc pour leurs propriétés en Saint-Alban. On signale que l'état du produit de la grande dîme du Guémadeuc montait à 150 livres environ par an, à la fin du XVIIIème siècle.

La seigneurie du Guémadeuc s'étendait dans les paroisses de Pléneuf (chef-lieu), de Hénansal et de Saint-Alban.

Elle relevait du duché de Penthièvre « au membre » de Lamballe et de la Hunaudaye, pour quelques « Bailliages » dans les paroisses de Saint-Alban et de Hénansal.

De plus, la tenue et censive des Galimènes, le fief, tenue et censive du Chesnay, le fief et censive de Fleur d'Aune possédé par Julien Denis, une maison appelée salle Baratoux au village du Minihy, la maison et tenue de la Croix Baudot, de la Croix Bily, doivent des rentes en espèces, censives et seigneuriales.

Les droits de fiefs, juridiction, moulins et autres prééminences ayant été disputés dans le passé entre 1583 et 1588 à la maison du Guémadeuc, il y eut une procédure à la Cour de Lamballe, dont l'objet était l'impunissement de trois aveux de ladite maison. (Arch. dép. L. E. 317).

La seigneurie de Lamballe avait aussi, dans la paroisse de Pléneuf, certains droits de rentes, lods, etc.

Certains ont été l'objet de revendications par actes judiciaires. Ainsi le 13 février 1585 une assignation est envoyée à Messire Thomas du Guémadeuc, sergent féodé en la paroisse de Pléneuf, pour faire l'exhibition de tous les mémoires, papiers et enseignements faisant mention des rentes de toutes qualités dues en la paroisse de Pléneuf à la seigneurie de Lamballe et se purger par serment qu'il a maintenu la seigneurie des rentes qui lui sont dues.

Le 13 septembre 1585 une assignation semblable est donnée à honorables et puissants François de Coligny et Jehanne de la Motte, seigneur et dame de Rieux et du Vauclerc, pour fournir aveu et ouïr « ajuger » la saisie des moulins du Vauclerc et de la Vigne.

Autres assignations :

à Jan de la Houssaye, sieur de la Ville Brexelet, 3 octobre 1585 ;

à Guyon Dobet, de Pléneuf, 8 décembre 1585 ;

à Jan Labbé de Pléneuf, 6 octobre 1585 ;

à Antoine Héliguen, 8 octobre 1585 (il avait une maison à Dahouët) pour « ouïr, ajuger la saisie féodale de leurs biens au profit du duc de Mercœur, faute d'aveu ».

De 1655 à 1657 une procédure est engagée entre Messire Jacques Paulinier, prêtre, appelant, aux risques de Guillaume Gravier, d'une sentence de Lamballe, et dame Marie-Françoise du Guémadeuc (aveu de 1656).

Il était question de la mouvance, de la tenue, des forges dépendant de la métairie de Trégo.

Mme du Guémadeuc prétendait que cette tenue relevait d'elle. Jacques Paulinier soutenait qu'elle relevait de Lamballe, au service et fortune dudit Gravier qui la lui avait vendue pour relever cette seigneurie.

 

Destruction du château du Guémadeuc.

Par sa position le château du Guémadeuc gênait les Malouins qui voyaient en cette forteresse une entrave pour leurs relations avec Saint-Brieuc.

Aussi vers Pâques 1590, Michel Frotet de la Bardelière arriva-t-il par mer avec 300 royaux, ses compagnons d'armes, de la poudre, des boulets et les deux plus grosses pièces de la ville de Saint-Malo.

D'autre part, Mercœur envoya un nombre égal de ligueurs lamballais, sous le commandement du capitaine Roy, pour agir de concert contre le château.

Ils établirent leurs positions sur le lieu dit Tertre du Minihy, Tertre Mulon, et de ce point dominant la forteresse ils la battirent en brèche.

Les assiégés ripostèrent par un grand feu de mousqueterie. Mais les trois ou quatre premières volées de canon ouvrirent une brèche dans le corps de logis oà ils étaient enfermés. Comme les assiégeants s'y précipitaient, la garnison y mit le feu et, gagnant un édifice bien retranché, elle se défendit avec énergie et bravoure. Foudroyée de nouveau par le canon, elle se rendit à la seule condition de conserver la vie.

Quelques gentilshommes de la dépendance de cette seigneurie furent pris, et l'un d'eux, Gilles de Visdelou, seigneur de la Goublaye et du Colombier, paya une rançon de 800 écus, d'après d'Hozier, 2.000 d'après Dom Morice (voir Bertrand Robidou : Histoire et Panorama d'un beau pays, page 191). Ce fait est aussi relaté dans l'Histoire de Bretagne de la Borderie, par Barthélémy Pocquet, page 144.

Il ne reste plus aujourd'hui aucun vestige de l'antique château. Une certaine quantité de ses pierres sont entrées dans la construction des vieilles maisons de Dahouët et du nouveau château du Cloître. Une autre part a servi à la réparation de la vieille église.

 

Note : Prise de possession de la Seigneurie de Guémadeuc (25, 26, 27 octobre 1689).

Nous, M. Micault, notaire royal à Lamballe, et Jacques Gillet, notaire de la juridiction et baronnie de la Hunaudaye, Montafilant et du Vauclerc.

Au nom de Estienne Berthelot, escuyer, sieur de Pléneuf, demeurant à Paris, au petit arcenal, paroisse Saint-Paul, à présent propriétaire de la terre et seigneurie du Guémadeuc, par transport et donation luy faite par messire François Berthelot, conseiller du roy en ses conseils, secrétaire des commandements de Mme la Dauphine, et dame Anne Renault, son épouse, ses père et mère, en faveur de son mariage avec dame Marie-Henriette Galand, à présent son épouse, par le contrat de mariage passé... à Paris, le 22 mars 1689... insinué à Lamballe...

Aux fins de la procuration donnée par le dit seigneur de Pléneuf à noble homme Ollivier de la Goublaie, sieur de Lihernoué, demeurant en sa maison noble de Brannais, paroisse de Hénansal, en date du 6 de ce mois... et requis de nous transporter aux dites terres et seigneuries du Guémadeuc, eu la paroisse de Pléneuf et autres paroisses où la dite seigneurie s'étend et auxquelles elle a fiefs et juridiction, pour les mettre, induire et installer au dit nom et qualité qu'il procède en la réelle et actuelle possession, etc...

A quoy inclinant, nous nous sommes accordés et estant allez à cette fin au dit bourg de Pléneuf ; duquel bourg et en présence du dit sieur de Lihernoué, nous nous sommes transportez au lieu où estoit anciennement le chasteau de la dite seigneurie du Guémadeuc, en la dite paroisse, ou estant avons entré dans les cours, murailles et ruines du dit château, avons remarqué entrant dans la basse-cour, au-dessus de la petite porte d'icelle, deux écussons en relief de pierres de taille portant les armes plaines de Guémadeuc et au second écartelé des armes des de Guémadeuc, de Beaumanoir, de Québriac et de Pont-Labbé ; circuit et environné le tout dedans et dehors, donne apparence de pont levis et forteresse ; mesme la chapelle de Saint-Symphorien estant au proche et en dépendance de la métairie noble de la Porte du dit de Guémadeuc, coulombier, à quatre tourelles estant au derrière ; et en icelle métairie, avons trouvé Jacques Renault, sous-fermier en icelle sous le départ du sieur de Quenrouet, fermier général de la dite seigneurie. Dans laquelle métairie nous avons entré et fait sortir le dit Renault et mis la clef de la porte principale en la main du sieur de Lihernoué, lequel a fermé et ouvert la porte et l'avons mis en possession de la dite maison et métairie mesme des ruisnes et, emplacement du dit château, coulombier à quatre tourelles avec les terres en dépendances, et pour marque de la dite posssession, avons beu et mangé en icelles maison et demeurances, fait feu et fumée en icelle, et fait tous autres signes et intersignes d'une bonne et vraie possession.

Ensuite, nous sommes tous de compagnie transportez au manoir noble de la Ville-Nihon... où nous avons trouvé le sieur de Quenrouet, fermier général...

Et, en conséquence, l'avons fait sortir de la maison avec ses gens et domestiques, etc. (Même cérémonie et description que ci-dessus).

Et avons remarqué sur le portail de la cour du dit lieu un écusson des armes plaines du Guémadeuc surmonté d'un casque avec une forme de mitre au-dessus, au milieu de laquelle paraît une teste d'homme pour timbre.

Ce fait, nous sommes transportés dans l'église paroissiale de Pléneuf où estant, après avoir pris de l'eau béniste, nous estre mis à genoux, salué le Très Saint Sacrement, fait prier de sonner et fait sonner les cloches d'icelle par le sieur de Lihernoué au dit nom, l'avons pareillement mis en possession des droits de fondation honorifiques, prééminences de la dite église et de tous autres droits atribués en icelle et appartements à la seigneurie du Guémadeuc.

Et dans la dite église nous a été fait voir au plus haut de la grande vitre un écusson party au premier d'or à trois hures de sanglier de sable, à la deffense d'argent, qui est de Vignerot, au second d'argent à trois chevrons brisés de gueules, qui sont du Plessis de Richelieux, et l'autre écartellé au premier de sable au léopard (leoné) d'argent et accompagné de six coquilles, trois en chef et en trois en pointes, qui est du Guémadeuc, au second... au cheff de gueules chargées de... fleurs de lys d'or, qui est du Quelenec ; au troisième de Bretagne à trois fasses de gueules, qui est de Rostrenen ; au quatrième d'assure, à trois fleurs de lys d'argent, qui est de Québriac, et sur le tout d'or ou lion de gueulles, qui est du Pont-Labbé, avec la couronne ducale, collier de Saint-Michel et du Saint-Esprit ; au soufflet de dessous paroist un vieil écusson, portant les armes du Guémadeuc plaines et au-dessous, du mesme costé des Evangilles, paroist autre vieil écusson party des armes du dit Guémadeuc d'argent au lion de gueules qui est Gouyon ; au-dessous, autre écusson des armes du dit Guémadeuc-plaines ; du costé des épistres de la dite vitre, autre écusson party au premier du Guémadeuc et au second de Rostrenen, et au-dessous autre écusson écartellé au premier du Guémadeuc et au second d'azure à onze billettes d'argent, qui est de Beaumanoir, au troisième de Québriac, au quatrième de Pont-Labbé, sans qu'il ait paru autres armes dans les vitres.

Comme aussi avons vu quatre tombes au pied du grand autel ; la première desquelles du costé de l'Evangile y paroist un écusson fort vieil, party au premier du Guémadeuc, au second de Rostrenen ; à la seconde portant les armes du Guémadeuc fort effacées ; sur la quatrième paroist la figure d'un homme armé, avec un grand écusson des armes du Guémadeuc, sans qu'il nous ait paru autres tombes dans le cœur de la dite église.

Dans les deux montants d'une grande fenêtre, du costé de l'Evangile, vers le presbitère, avons veu deux écussons en pierre et relief des armes plaines du Guémadeuc, un chaque côté.

Et au joignant du balustre de la dite église est un banc portant écusson plain des armes du Guémadeuc, dont il est dépendant, au dossier duquel banc est un écusson écartellé des armes du Guémadeuc, de Beaumanoir, Québriac et du Pont-Labbé.

Et au proche du dit banc, au milieu du cœur, et au proche du balustre, est un tombeau élevé avec la figure d'un homme en relief où sont les dites armes du Guémadeuc, et au costé vers l'épistre, autre tombe non élevée, avec la figure d'un homme dessus, armoiée des armes de Guémadeuc, plus du costé vers Evangile, un autre écusson dans le milieu de la costalle, estant en relief, ayant d'un costé les armes du Guémadeuc plaines, de l'autre costé party du Guémadeuc et de Rostrenen, lesquels écussons imprimez en pierre paroissant avoir servy de soubassement d'une niche où l'on nous a dit avoir esté autrefois plassée une image de Saint Michel ; au-dessus de la mesme costalle, vers le milieu, paroist un autre écusson en relief portant les armes des du Guémadeuc et sur le haut de la voulte de la dite église du costé du coeur paroist un vieil écusson un peu effacé, néanmoins y paroissent les armes du dit Guémadeuc, sans que nous ayons vu d'autres armes dans l'étendue du cœur de la dite église.

Dans la chapelle Saint-Sébastien sont deux anciens écussons des dites armes plaines sur l'entrée de la dite chapelle ; dans la vitre d'icelle, esta, dans la costalle joignant le cimetière, est un écusson des dites armes plaines, et au-dessus de l'autel avons vu trois écussons en relief de pierres de taille au premier party du Guémadeuc et bandée de six pièces qui est de Coetquen, au second du Guémadeuc plaines et au troisième party du Guémadeuc et de Trévéquat (lire sans doute Trévécar, seigneurie entrée dans la maison de Guémadeuc par le mariage de François, au milieu du XVIème siècle), plus deux tombes devant le dit autel portant les armes des seigneuries du Guémadeuc plaines ; autre tombe devant l'autel Notre-Dame, joignant icelle chapelle de Saint-Sébastien au dehors de la dite église.

Ayant entré dans le cimetière avis de la chapelle de Saint-Sébastien et dans les deux montants de la fenestre d'icelle, un de chaque costé sont deux écussons ; un d'iceux portant les armes du Guémadeuc plaines et l'autre vieil effacé ; dans la mesme costalle au-dessus de la fenestre du bas de la neff de la dite église vers midi est un écusson en relief portant les armes du dit Guémadeuc plaines, et au-dessus du portail des Innocens, vers le cimetière, il y a un vieil écusson effacé du haut duquel paraît un timbré pareil à celui dessus le portail de la Ville-Nihon et au dehors de la costalle de la dite église, vers le presbitère, paroist en quelques endroits apparans y avoir eu autrefois une ceinture, sans y avoir remarqué aucunes armoiries ni écussons.

Continuant sommes entrés dans l'auditoire de la dite seigneurie du Guémadeuc sis près le cimetière de la dite église de laquelle avons pareillement mis le sieur de Lihernoué au dit nom en possession avant pris place en icelle, fermé et ouvert la porte et remis après la clef entre les mains de François Merpault, proche voisin.

Ce fait, nous sommes transportés aux métairies. (Suit la description des lieux dont voici l'énumération).

Métairie de la Ville-Nihon.
Métairie du Clouestre.
Métairie du Peillac.
Maison, métairie, colombier de Vaumadeuc.
Chapelle de Saint-Sauveur en dépendant.
Métairie de la Motte.
Métairie de la Ville-Blanche, proche de la chapelle Saint-Jacques, en Saint-Alban.
Moulin à eau et à vent du Guémadeuc.

Enfin, les notaires arrivent à Dahouët : Ensuite, nous nous sommes transportez au havre de Dahouët où estant avons pareillement installé ledit sieur de Lihernoué au nom en possession du droit de cep et colier y estant plassé avec les armoiries de la dite seigneurie apliquées à un pilier en bois y estant ; et revenant avons vu et remarqué la haute justice à quatre pilliers de taille size sur le haut de la costière du val en la dite paroisse de Pléneuf, et retournant au bourg de Pléneuf au devant de la porte de l'auditoire, avons trouvé et vu un post et pilier en haut duquel est un écusson plain des armes de Guémadeuc.

En l'endroit ont comparu : des habitants de Pléneuf, hommes et vassaux au bailliage de Pléneuf ; d'autres au bailliage de Saint-Alban ; d'autres au bailliage de Hénansal ; d'autres au bailliage de Planguenoual. Lesquels ont déclaré estre vassaux de la dite seigneurie du Guémadeuc, chacun dans leurs bailliages, aux charges des ventes et devoirs déclarez par leurs aveux et tenues.

Eu conséquence de quoy avons dabondant raporté du tout acte pour valloit de possession au dit sieur de Lihernoué au dit nom, etc.

Les 25, 26, 27 octobre 1689, tant avant que puis midi. La minute est signée Ollivier de la Goublaye, Micault, notaire royal (à Lamballe), et Jacque Gillet, notaire de la Hunaudaye, demeurée au dit Micault, notaire royal.

(E. Joly).

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