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L'ANCIENNE EGLISE DE PLENEUF-VAL-ANDRE

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Extérieurement l'ancienne église de Pléneuf-Val-André ressemblait à toutes les églises du littoral breton. Basse, pieusement assise au milieu du cimetière, avec son toit unique en grosses ardoises, descendant à quelques mètres du sol, elle n'attirait guère d'autre attention que celle de la famille paroissiale assidue à venir y prier.

Pléneuf-Val-André (Bretagne) : l'ancienne église.

Cette forme écrasée était voulue autant pour la protection contre la violence des vents du large, que par l'effet d'une ordonnance royale. Il s'agissait, en effet, d'éviter que les édifices religieux situés sur la côte fussent, par l'élévation du clocher, un point de repère dangereux, en raison même des incursions fréquentes des Anglais dans notre région.

Son emplacement était le terrain compris entre l'église actuelle et le mur de la cour du presbytère d'où l'on communiquait par un petit couloir avec une porte ouvrant sur son passage pour l'entrée et la sortie des fidèles.

A l'endroit même où se trouvait le portail a été érigé le Calvaire de Nantois, proche l'entrée de l'ancien cimetière.

Comme pendant, M. le Chanoine Jaffrain, recteur, fit dresser, côté midi, une colonne formée des piliers de l'ancienne église et surmontée d'une statue de la Sainte Vierge.

Pénétrons maintenant à l'intérieur, et en religieux pèlerins d'un sanctuaire qui a été le centre et l'âme de la piété de nos pères, agenouillés en esprit de foi, observons avec une religieuse attention.

Nous remarquons d'abord, adossé à un retable Renaissance, le maître-autel, en bois, avec ses deux anges adorateurs.

Du côté de l'Évangile, c'est l'autel Notre-Dame, connu dans les siècles passés sous le nom de chapelle du Rosaire ou de la Ville-Brexelet, à proximité du banc et de l'enfeu des seigneurs du Guémadeuc. Du côté de l'Épitre, c'est l'autel Saint-Sébastien, tout imprégné de la piété des générations qui, de tout temps, sont venues confier à l'intercession de ce saint leurs vœux et leurs supplications. En haut, c'est la voûte s'allongeant en plein cintre, dans sa partie inférieure, tandis que la partie supérieure se distingue par un lambris laborieusement raccommodé. En bas, c'est un dallage inégal, où entrent la tuile rouge et de nombreuses pierres tombales à même le sol.

Des relais de pierres forment des sièges autour des murs de la nef. Ils seront enlevés en 1745, pour y mettre, lisons-nous dans une délibération du Général de la paroisse, « des bancs jolis ».

Dix piliers en maçonnerie divisent et soutiennent l'édifice. Ils seront remplacés en 1713 par autant d'autres, en beau granit bleu, à forme arrondie. Travail qu'exécutera le maître maçon Gilles Bahier. Deux bas côtés latéraux seront ajoutés plus tard, en 1827, avec les matériaux provenant de la démolition des chapelles Saint-Sauveur au Vau-Madeuc, et Saint-Symphorien au Guémadeuc.

Les statues ont leur place tout indiquée dans les temples destinés au culte. Elles n'y figurent pas seulement comme une ornementation appropriée. Les fidèles y découvrent, sous leur enveloppe de pierre ou de bois, une sorte d'âme qui parle à leur âme et favorise les élans de leur piété. De plus, elles ont une signification. N'expriment-elles pas les courants des dévotions favorites à travers les âges ? Or, elles tapissaient l'intérieur de la vieille église de Pléneuf.

Voici donc, au premier plan, de chaque côté de la balustrade, les saints Patrons de la paroisse : saint Pierre et saint Paul ; puis sur divers piliers : sainte Marguerite, sainte Philomène, saint Vincent-Ferrier, sainte Barbe invoquée contre la foudre, saint Michel, Notre-Dame de Bon-Retour, Notre-Dame d'Espérance, Notre-Dame des Sept-Douleurs face à la chaire, Notre-Dame des Doms, adossée à un pilier, à proximité de la chaire également. C'est au pied de cette Madone que les fidèles venaient chaque dimanche déposer leurs offrandes en nature : beurre, lard, lin, pour être vendus après la grand'messe par les soins des trésoriers.

Enfin, au centre de l'église, du côte de l'Épître, se détache un banc spécial : c'est le banc des Fabriciens et Notables de la paroisse.

Puissent ceux d'entre vous, assez nombreux encore, qui ont vu l'ancienne église, la reconnaître sous cette description ! Les autres, les générations postérieures, se la représenteront à peu près telle qu'elle était. Tous la regarderont avec amour, dans leur esprit, comme le portrait d'une commune et vénérable ancêtre qui n'est plus.

Importantes réparations.

Au commencement du XVIIIème siècle, le vieil édifice menaçait ruine. Le Général de la paroisse s'en émut et avisa à y remédier. Témoin une délibération du 12 février 1713.

Tant, sur la proposition de noble homme discret Missire Mathurin Rouault, sieur recteur de ladite paroisse de Pléneuf, que par noble homme Pierre d'Argaray, sieur du Rocher, faisant fonction de syndic d'icelle, et Allain Lévêque à présent trésorier en charge, le Général, assemblé en corps politique, délibère entre autres choses au sujet de réparations à l'église.

On fait observer :

Que la « costale » vers le midi menace ruine totale, est en hazard de tomber et avecque elle toute la charpente, le lambris, la couverture, de même tout ce qu'elle soutient. Il apparaît donc nécessaire d'abattre ladite « costale » et la refaire à neuf, avec les fenêtres, les vitrages.

De plus, le pignon vers l'Occident et la costale vers le septentrion de la nef de ladite église sont un peu affaissés et penchent en dehors. Pour les appuyer et prévenir la chute, il est nécessaire de faire des piliers autant qu'il en faudra pour empêcher le pignon et ladite costale de tomber.

Le 8 septembre 1720, on reprend les délibérations du 12 février 1713 et du 20 août 1720 concernant la réparation et le rétablissement du pignon occidental de l'église.

Les travaux commencèrent en 1720 et furent ordonnés par le Général de la paroisse, sous le rectorat de Messire Mathurin Rouault, recteur.

M. et Mme de Pléneuf, est-il dit (délibération du 8 septembre 1720), ayant eu la bonté de consentir à ladite réparation, étant fondateurs et patrons de ladite Église, ont donné à cette fin : 10 « chartées » de pierres de taille et 25 « chargées » de pierres de « coignage » et de pierres communes à prendre dans les ruines du château du Guémadeuc. C'est par là qu'il faut commencer, en fournissant, par les trésoriers, des journaliers à faire le triage desdites pierres, en présence d'un homme de métier, qui feront charroyer et amener sur le lieu avec 20 barriques de chaux, taudis qu'ils feront picotter et tailler les pierres.

Ils prendront ou emprunteront suffisamment du bois ou prendront alouage et bois suffisant pour étayer la charpente et la couverture de la nef, et le feront faire par de bons artisans, connue aussi fourniront le bois requis pour les échaffaudages et pignon.

Les délibérants insistent sur les précautions à prendre pour la bonne exécution du travail et songent aux moindres détails.

Les choses ainsi disposées, les trésoriers se pourvoieront par emprunt ou par alouage de grandes voiles pour faire une séparation au bas de l'église afin de mettre les autels et tout le dedans à couvert de la poussière et des injures de l'air, et ayant fait bien faire ladite réparation, ils feront travailler à la démolition du vieux pignon et à la réediffication du nouveau par de bons artisans, sous la conduite d'un capable et bien expérimenté.

Puis l'on se préoccupe de la qualité des matériaux. Il faudra « de bons bois de chêne » pour faire la carrée, et les carettes de la fenêtre du pignon, et des gaulettes de fer. On prévoit aussi de bonnes serrures pour les fenêtres et les portes, etc...

Le Général nomme enfin pour directeur de tout l'ouvrage Gilles Bahier des Rochers.

Lequel ouvrage sera fait à la journée conduite à la perfection. Signé : Messire Rouault, recteur de Pléneuf. Noble homme René de la Villestienne, sieur de la Motte, sénéchal et juge ordinaire de la Juridiction.

Dans la suite et au cours du XIXème siècle, diverses réparations d'entretien furent effectuées tant à la toiture qu'aux murailles et à l'intérieur, jusqu'au jour où après avoir été maintes fois dénoncée comme insuffisante et irréparable son remplacement fut décidé.

La démolition commença fin juin 1891. Le travail dura quinze jours; après quoi, le vieux sanctuaire avait disparu avec ses souvenirs sacrés.

(E. Joly).

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