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LA SEIGNEURIE DE KERMARTIN

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Kermartin, haute justice, relevait de Lanvollon pour la partie en Pléguien, et de la Roche-Suhart pour la partie en Plourhan.

Je vois en une transaction du 19 janvier 1409 (V. S.) que, dans la fin du XIVème siècle, Kermartin était à 0llivier de Kermartin, qui épousa Constance Péan, dont il n'eût que deux filles, Catherine, morte sans hoirs, et Jeanne, qui épousa Thébauld Berard. La transaction de 1409 rapporte qu'à la date du 25 juin 1401, Messire Rolland Péan, seigneur de Grandbois, avait reconnu tous droits à Catherine, puis à Jeanne de Kermartin, ses nièces, filles de sa soeur, Constance Péan, « à la seigneurie et ramage sur les héritages, qui furent Etienne de Beaurepaire, en Pléguien et Plourhan, Tréguidel et Pludual, à cause de sa seigneurie de Kermartin, avecques les prééminences d'église en la paroisse de Pléguien et de Plourhan et le Rochat [Note : Notre-Dame du Rohat, sur les limites de Pléguien et de Plourhan] ». Puis, le même Roland Péan s'était obligé à faire assiette de sept vingt dix livres de rente, pour remplir sa nièce de la part de sa mère dans les successions de Geffroy Péan et de Sibille Madec, ses père et mère.

On avait choisi les priseurs : « Eon Le Maistre, Alain Gouriou et Guillaume Le Personnec, et au cas que le dict Allain Gouriou n'y pourroit vaquer, Jehan Le Normant, de la chatelenye de Pempoul ; et si débat, est entre eux sur le faict de l'emplacement d'icelle assiepte en sera l'emplacement faict à l'esgard et ordonnance de Messire Rolland Madeuc, chevalier, seigneur du Guémadeuc, tout ainsi que lui en plaira ordonner en un lieu ou plusieurs, en Gouello ». Mais « Messire Rolland Madeuc étoit décédé, sans aucunement avoir ordonné ; et dempuis tout ce et le décez dudit Messire Rolland Madeuc, pour aucunes causes, toutes et chacunes les terres, rentes et richesses que le dit Messire Rolland Péan avoit, tenoit et possédoit au temps de paravant la dite accordance avoient esté confisquées et acquises en la main du duc mon souverain seigneur pour en ordonner et disposer à son vouloir ; lequel mon dit souverain seigneur par aucune causes, à ce le mouvant auroit donné et donna à Jehan Péan, fils aîné, héritier principal présomptif de son père toutes et chacunes les terres et richesses confisquées de par mon dit Seigneur ».

En conséquence l'assiette promise et réservée, du reste, par les lettres ducales de donation à Jehan Péan, fut retardée de plusieurs années. Enfin elle eut lieu en 1409, de la part de Jehan Péan, qui proposa certains héritages ; mais elle ne fut définitivement acceptée par les époux Berard que beaucoup plus tard, puisqu'en 1423 on expertisait encore les terres proposées vingt ans auparavant, et que ce fut seulement par acte du 19 janvier 1423 (vieux style) que ce long procès fut terminé.

Il resta à Jehanne de Kermartin, d'une part « la seigneurie de ramage et tout et tel droit de seigneurie de ramage comme au dit Jehan Péan appartenoit, en quelque main de qui ce soit sur et autour des héritages, terres, rentes et seigneurie qui furent à Estienne de Beaurepère, en la paroisse de Pléguien », et d'autre part, « les terres, rentes, héritages, juridiction, fermes, droits, obéissances, manoirs, moullins, landes, prés, fruits, estangs, garennes, bois et autres choses qui autrefois furent et appartinrent aux feux Messires Geffroy Péan et Rolland Péan, ès paroisses de Saint-Michel, près Guingamp ; Plélo, Tréguidel, Plouagat ; - Item, la seigneurie de ramage, qui audit Jehan appartenoit, sur les terres, rentes et héritage, seigneurie et obéissance appartenant aux enfants et héritiers Messire Jan Le Nevou, en la paroisse de Ploumagoar...... Item, en la paroisse de Ploumagoar, la tenue de la Villeneuve, sur Trieu ...... et sont sous la charge de la dite rente plusieurs héritages, appartenant à Philippe de Coatgourden, à maître Raoul Parthevaux..... et plusieurs autres ».

Il y a quelques remarques très-importantes à faire sur cette pièce.

D'abord, je trouve, à partir du XVIème siècle, à l'extrémité occidentale du Goëllo, un fief du nom de Kermartin, qui est ainsi décrit dans un aveu du 6 septembre 1659 : « Seigneurie de Kermartin, en Plouagat et Ploumagoar, ès villages de la Villeneuve sur Trieu, Kergabel, etc.... où sont compris le sieur du Rumain Begaignon, le sieur de Locmaria, le sieur de la Fontaine-Platte, de Kerbolle, de Kerilly et plusieurs autres ».

Or, nous savons que, jusqu'à la seconde moitié du XVème siècle, Lokmaria était aux Coatgoureden. Il ne peut donc y avoir l'ombre d'un doute, le petit fief, en Plouagat et Ploumagoar, concédé par Jehan Péan et Jeanne de Kermartin, en 1409, a pris son nom de sa première propriétaire après les Péan.

Or, je crois qu'il en est de même du fief qui fut à Etienne Beaurepaire, en Pléguien, je crois qu'il ne prit le nom de Kermartin qu'après le mariage d'0llivier de Kermartin avec Constance Péan. D'où donc 0llivier de Kermartin prenait-il son nom ? Précisément du petit fief, en Minihy-Tréguier, qui fut à saint Yves. En effet, l'abbé Tresvaux, que j'ai suivi sur ce point, parce qu'il est évident qu'il écrivait sur des notes trouvées dans les papiers de Mgr. de Quélen, propriétaire du manoir de saint Yves, l'abbé Tresvaux, dis-je, écrit que ce manoir resta dans la famille du saint jusqu'au commencement du XVème siècle, époque où Jeanne de Kermartin, petite-fille d'Olivier de Kermartin (fille d'autre Olivier d'après notre titre), épousa Thébaut Bérard, dont la descendance féminine fit passer la terre de Kermartin dans la famille des Quélen, sieurs de Locquevel.

Il demeure parfaitement clair, ou que mon hypothèse est vraie, et que les trois fiefs de Minihy, de Pléguien et de Ploumagoar, dont les deux derniers tiraient leur nom du premier, justement illustré par saint Yves, eurent les mêmes propriétaires et la même destinée ; ou que l'abbé Tresvaux, égaré par de simples notes généalogiques, a confondu les Kermartin de Pléguien avec les Kermartin du Minihy.

Une autre conséquence non moins vraisemblable, c'est que les Péan, seigneurs de la Villemario, étaient, avant le traité de 1401, seigneurs directs de tout Pléguien, sauf la partie dépendant du Plessix, fief du prévôt féodé de la Villemario.

Quoiqu'il en soit, il est certain qu'en 1480, Kermartin de Pléguien appartenait à Jean Bérard ; qu'il passa, au XVIème siècle, dans la maison de Quélen, et qu'il en sortit le 15 avril 1600, pour passer aux mains de François Le Chaponnier, sieur du Bois de la Salle, qui l'acquit par échange, de Françoise de Quélen, veuve d'écuyer Yves de Kerespertz, sieur dudit lieu, en Trédarzec.

Kermartin était presque ce qu'on appelait un fief en l’air. Il n'avait ni château, ni manoir pour chef-lieu, et n'avait de signe apparent que son moulin Quinard et ses fourches patibulaires, plantées à Kerlan.

Mais, si le fief de Kermartin n'avait ni girouettes, ni créneaux à son castel, il était largement pourvu d'avocats et de notaires. Qu'on en juge, par le tableau suivant dressé pour satisfaire à la fantaisie qui passa, en 1664, par le cerveau. centralisateur de Monseigneur Colbert, de dénombrer et recenser tous les avocats, procureurs, notaires et sergents de France et de Navarre. « Déclaration que fait à sa savance et cognoissance, maistre Guillaume Thomas, procureur fiscal des jurisdictions de Kermartin, Kergollot, appartenant à Messire Jan Le Chapponnier, seigneur du Bois de la Salle et des dites jurisdictions, dont l'exercice d'icelle se fait en l'auditoire de la jurisdiction de la chastellenie de Lanvollon, première chastellenie du compté de Gouellou, pour fournir à Monsieur le Procureur du Roy, au siége royal de Saint-Brieuc, conformant à l'ordonnance y rendue le neuvième octobre présent mois, et en conformant à la volonté du Roy notre Sire que Dieu conserve. Et premier, les advocats qui exercent en icelle jurisdiction : Me Thomas Talibart ; Me Guillaume Monjaret ; Me Guillaume Nicol ; Me Guillaume Raoul ; Me Guillaume Le Saux ; Me Guillaume Morrel ; Me Nicolas Noël ; Me Julien de Leau ; M. Pierre Hamet ; Me Jean Sallou et le soubs signant. Notaires. Noble Me Claude du Bourné ; noble Me Pierre 0llivier ; Me François Morrel ; Me Pierre Hamet ; Me Yves Hellou ; Me Guillaume Le Roy ; Me Jan Carrel ; Me Thomas Talibart ; Me Jacques Menier, et le soubs signant. Sergents. Me Yves Hellou ; Me Jean Carrel ; Me Jacques Menier. Tel est mon rapport subsdict procureur fiscal, quy contient vérité à ma dicte cognoissance. - Faict ce 28e dudict mois d'octobre 1664 ».

On voit que la plupart des membres de ce luxueux barreau cumulaient les fonctions de notaire, et que les autres notaires ne dérogeaient pas en remplissant celles de sergent ou huissier ; pas n'est besoin d'ajouter que cette légion d'hommes de chicane occupait aussi devant les autres juridictions qui s'exerçaient à Lanvollon et même dans les auditoires voisins (S. Ropartz).

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