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LA PAROISSE DE PLAUDREN

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Du territoire de Vannes, cette paroisse de Plaudren se trouve mentionnée, en 1391, dans les archives du duché de Rohan-Chabot, sous le nom de Plœaudran, c'est-à-dire de Plou Audran. Si, avec les nouveaux éditeurs du Dictionnaire de Bretagne, par Ogée, on prétend que cet Audran est notre roi breton Audren, fondateur de Châtel-Audren et mort vers 464, il faut, comme eux aussi, lui attribuer l'établissement de cette paroisse et en faire remonter la fondation au-delà de l'érection du diocèse de Vannes, rapportée par des auteurs, les modernes surtout, à l'année 465. J'avoue, bien volontiers, que cette dernière conséquence ne me paraît plus, aujourd'hui, constituer un obstacle très sérieux à la vraisemblance d'une pareille antiquité, tant me paraît ébranlée l'opinion précitée sur la date qu'elle fixe à l'établissement de ce diocèse. Mais à cette antiquité de la paroisse, on pourrait opposer une objection plus spécieuse, déduite du nom même du titulaire de son église. Depuis plusieurs siècles, cette église est, en effet, placée sous le vocable de saint Bili, évêque de Vannes, au moins de 892 à 913, et qui dut cueillir la palme du martyre sous le fer des Normands. Si donc ce saint prélat a été le premier titulaire de cette église, il faut rapprocher de nous la fondation de la paroisse et la fixer à la grande restauration civile et religieuse des premières années du XIème siècle. Mais la valeur de cette difficulté se trouve, elle-même, singulièrement atténuée par notre connaissance du grand bouleversement qui fut, pendant la moitié environ du Xème siècle, la conséquence naturelle des ruines accumulées sur ce pays par l'occupation normande. On sait, en effet, que les barbares du Nord promenèrent, à cette époque, le fer et le feu depuis la Loire jusqu'au Blavet et firent de cette région un vaste désert. Après avoir été la proie des flammes, les églises devinrent des repaires d'animaux sauvages. Les habitants, qui avaient pu échapper à la mort, s'étaient éloignés de ce pays désolé. Il en mourut un grand nombre dans l'exil, et rares furent ceux qui retournèrent à leurs anciennes localités. Il en résulta naturellement que plusieurs paroisses du passé ne se rétablirent point ; que, dans un bon nombre, les centres paroissiaux se déplacèrent ; enfin, que, sur d'autres points, les églises paroissiales réédifiées perdirent leurs titulaires primitifs et en prirent de nouveaux. Supposer, que ce dernier cas fut celui de Plaudren, ce serait, tout à la fois, lui laisser l'antiquité que semble réclamer le Plou de son nom, et donner un motif, vraisemblable et peu contraire au droit liturgique, de la substitution de saint Bili à l'ancien titulaire de son église. Cette substitution paraît, d'ailleurs, d'autant plus naturelle, que ce saint avait, comme on le verra bientôt, fait bâtir, sur le territoire de Plaudren, une chapelle ou une église qui renferma probablement son tombeau.

Quoiqu'il en soit du fondateur de Plaudren, que ce soit le roi Audren, ou un chef de ce nom conduisant une bande ou un plou de bretons insulaires émigrés et fixés dans ce quartier, ou enfin tout autre sur lequel l'histoire se tait, cette paroisse fut unie à la mense capitulaire de Vannes, vers le commencement du XIVème siècle. Dès les premières années du siècle suivant, au lieu de percevoir l'intégralité des gros fruits du bénéfice, les chanoines n'en recueillaient, néanmoins, qu'une pension annuelle de 40 livres monnaie, grâce, sans doute, à une transaction intervenue, dans l'intervalle, entre ce corps et le titulaire de la paroisse. D'autre part, bien que plusieurs documents donnent à ce dernier le titre de vicaire, il est cependant certain que l'annexion susdite n'avait point attribué au chapitre le droit de patronage sur cette paroisse. La preuve s'en trouve dans les provisions connues des XVIème et XVIIème siècles, qui ne font aucune mention de ce privilège et montrent, au contraire, ce bénéfice soumis, en ce point, au droit commun ou à la collation libre, telle qu'on l'entendait dans les pays d'obédience. Mais comme la question des revenus, nous allons voir bientôt celle de la collation se modifier.

Pour les motifs et suivant les procédures déjà exposés, à l'article Béganne, la susdite pension, de 40 livres fut remplacée par les deux tiers des gros fruits, en vertu d'une ordonnance épiscopale, par laquelle, le 22 janvier 1453 (n. s.), Yves de Pontsal annexa au chapitre cette partie des revenus, et en réserva l'autre tiers au titulaire, pour lui tenir lieu de portion congrue. Le presbytère, avec ses dépendances et sa belle métairie, fut aussi abandonné à ce dernier [Note : Les dépendances de ce presbytère consistant en un verger, un taillis, un pré nommé le Grand-Pré, un clos sous lande, une pâture un pré dit Prat-Bihan, un clos sous labeur et lande, une pâture appelée Prat-Nehué, un pré nommé Pont-Colain, un semis de prusse et une avenue autrefois plantée de bois, furent vendues, le 7 avril 1801, au profit de la caisse nationale. Le premier acquéreur les revendit, le 23 du même mois de l'année suivante. Moyennant le prix de 600 francs, la fabrique les racheta, le 19 janvier 1806, et les rattacha de nouveau au presbytère]. Pendant de longues années, les choses restèrent en cet état, comme le constatent un procès de 1580, perdu par le recteur qui voulait empêcher le chapitre de percevoir les deux tiers des dimes, et les fermes de ces dîmes, consenties séparément, en 1612 et 1617, par le recteur et par les chanoines. A la première de ces deux dates, celui-là retirait 320 livres de son tiers, et, à la dernière, ceux-ci s'assuraient, pour leur part, un revenu annuel de 87 perrées de froment rouge. Plus tard et en vertu d'un nouveau concordat entre les intéressés, ces conditions se modifièrent encore temporairement, Au milieu du XVIIème siècle, le recteur prenait la moitié des dîmes, levées par le chapitre à la 33ème gerbe, et percevait, en outre, la totalité des novales, même sur le territoire du prieuré de Saint-Bili. En retour de ces avantages, il devait fournir, seul, les pensions de ses trois curés. Lorsque la Révolution éclata, les conditions fixées par l'ordonnance de 1453 se trouvaient rétablies, avec cette simple différence, toutefois, que, resté novaliste, le recteur continuait à être chargé de la pension de ses curés. On verra, plus bas, que le chapitre et le recteur n'étaient point ici décimateurs uniques ; puisque le prieur de Saint-Bili percevait, à la 11ème gerbe, le même droit sur le terrain de son bénéfice, et même le champart sur toutes les terres de la seigneurie de Kervasy.

D'autre part, dans la notice historique sur la paroisse de Notre-Dame du Mené, on a déjà vu pareillement que, pour se faire indemniser de la perte de ce bénéfice, dont il était recteur-primitif et qu'on détachait de sa mense pour l'unir au séminaire, le chapitre de la cathédrale demanda et obtint la présentation de Plaudren, dont il était déjà gros décimateur. L'ordonnance épiscopale, portant annexion du Mené au séminaire et accordant au chapitre le droit de patronage sur Plaudren, est du 31 décembre 1706, et non du 31 juillet de la même année, comme je l'ai dit par mégarde, dans la notice précitée.

Avant d'en finir avec les renseignements généraux, j'ajouterai encore deux faits. Le premier concerne une épidémie qui décima les paroissiens de Plaudren, au commencement de l'année 1453. Chaque jour y voyait mourir cinq, six, sept, huit et même jusqu'à neuf personnes. Un homme, qui avait déjà perdu sa femme, ses enfants et toutes les autres personnes de sa maison, moins un fils atteint lui-même et tombé en frénésie par suite de sa maladie, eut la bonne inspiration de se transporter à l'église paroissiale, pour y demander la guérison de l'infirme. Là, il le voua à la sainte Vierge et à Vincent Ferrier, dont la canonisation était alors si ardemment désirée par la nation bretonne, promettant de le conduire, nu-pieds et tout habillé de blanc, au tombeau, de ce dernier, au cas où la santé lui serait rendue. De retour à la maison, il retrouva en meilleur état son fils, qui, au bout de quinze jours, était parfaitement guéri. Ce miracle inspira aux autres paroissiens la pensé de se rendre en procession au tombeau du même saint, pour demander la cessation du fléau qui les désolait. Ils vinrent donc à la cathédrale et implorèrent avec foi la puissante intercession du serviteur de Dieu. Pendant les cinq semaines qui suivirent, ils n'eurent que trois morts à déplorer (Vie de Saint Vincent Ferrier, par l'abbé Mouillard, p. 264).

L'autre événement, presque aussi triste que le premier, est relatif aux guerres de la Ligue, Venus au secours du duc de Mercœur, qui les avait appelés, les Espagnols passèrent au bourg de Plaudren et probablement y stationnèrent. Le clergé de l'endroit avait, sans doute, embrassé le parti royaliste ; puisque, le 5 janvier 1595, veille de la fête des Rois, ces étrangers incendièrent la maison d'Alain Le Hen, curé de la paroisse, et celle du prêtre Jean Le Chapperon. La première renfermait malheureusement le plus ancien registre des baptêmes de la paroisse, commencé en 1591, avec d'autres registres plus vieux encore et contenant des actes de mariage. Le tout fut brûlé, ainsi que plusieurs ouvrages, qui appartenaient au recteur. Il faut croire que les prêtres avaient jugé prudent de chercher le salut dans la fuite ; car, à cette époque, un fils du seigneur de Kergolher, manoir noble de cette paroisse, dut être, à cause de la guerre, porté à la chapelle de Notre-Dame dans la tour d'Elven, pour recevoir le saint baptême (Note écrite par le recteur de l'époque sur le registre des baptêmes de 1595). Une autre fois encore, les archives de Plaudren eurent à souffrir de la présence des soldats au bourg. En septembre 1794, on constata officiellement que des détachements de troupes avaient brûlé les anciens registres de l'état civïl de la paroisse et ceux de Locqueltas, sa trêve. Cette dernière perte fut encore plus déplorable que la précédente.

L'ancienne église paroissiale avait sa tour sur le chœur. Tombée en 1731, cette tour endommagea notablement l'édifice. Elle ne fut pas réédifiée à sa place primitive mais au-dessus du portail d'entrée. Le 8 juillet 1785, une ordonnance épiscopale érigea, dans cette église, la confrérie de la Sainte-Croix, à laquelle des indulgences furent accordées par le souverain Pontife Pie VI. Il y avait aussi une confrérie du Saint-Sacrement établie à une date inconnue et dont l'érection fut renouvelée en 1813.

La paroisse de Plaudren possédait deux trèves et ce n'était pas sans raison ; car, à sa vaste étendue un seul centre eut été insuffisant et trop onéreux pour le service religieux. Chacune avait son curé, nommé et rétribué par le recteur de la paroisse, qui en avait, au bourg, un troisième dans les mêmes conditions.

C'était d'abord Monterblanc [Note : Formes anciennes de ce nom Monterblanc : Monsterblanc, 1455 (abb. de Lanvaux). — Moustœrblanc, XVIème siècle (Registres de cette trève et archives du château de Kerleau). En breton, ce lieu s'appelle, Sterhuen, abréviation de Moustoer huen, monastère blanc], dont le nom trahit une origine monastique et dont l'église se trouvait placée sous le vocable de l'apôtre saint Pierre. En 1702, il y eut, devant l'officialité de Vannes, un procès intenté par les tréviens de Monterblanc au recteur de Plaudren, qui refusait de leur donner un curé, comme il le devait, et qui perdit sa cause. La chapelle remarquable de Notre-Dame de Mangolérian s'élevait sur le territoire de cette trève [Note : Formes anciennes de Mangolérian : Macœr-Aurilian, villa, 852 (Cart. de Redon). — Marc-Aurélien, 1772 (Présidial de Vannes)]. Les sablières de ce dernier édifice portent une double inscription en lettres gothiques et en relief. Celle de gauche nous apprend que le bois de la charpente fut commencé le 8 décembre 1464 et mis en place au mois de septembre suivant. Sur celle de droite, on lit que la perrée de blé (sic), de froment et d'avoine se vendait alors 2 sous 4 deniers, 4 sous, 20 deniers. Élevé sur le pignon occidental, le clocheton en pierre porte la date de 1565. Une autre inscription, dominant le rétable, montre que cette pièce se posa, en 1720, sous le rectorat d'Alexis Brochereul de Rosmoilien. Cette trève est devenue paroisse depuis le commencement du XIXème siècle.

La seconde trève était celle de Locqueltas, dont l'ancienne église, maintenant remplacée par une nouvelle, avait pour titulaire le saint abbé Gildas, fondateur de l'abbaye qui porte son nom, dans la presqu'île de Rhuys. Après avoir été annexée à Locmaria, trève de Grand-Champ et érigée en paroisse, après le Concordat, le quartier de Locqueltas en a été détaché plus tard, pour former lui-même une nouvelle paroisse.

Partagé entre les frairies du Bourg, du Mortier, du Chevil, de Bonnet, de Trescoët, de Penderff, de Locqueltas et de Lesbin, le territoire de Plaudren, en dehors des édifices religieux déjà cités, portait les chapelles suivantes : de la Magdeleine, au village de ce nom encore habité, à la fin du XVIème siècle, par des cordiers, qui descendaient des anciens cacous et dont les actes de baptême s'inscrivaient au revers du registr e; de Notre-Dame-des-Fleurs ou de Chaupas, qui existe encore, dans un lieu isolé ; de Saint-Jacques-Le-Majeur, à l'Hermitage ; de la Sainte-Famille, au château de Kergolher, bâtie, peu avant 1688, par Louis Le Clerc, seigneur dudit lieu, et qui se voit encore ; enfin de Saint-Pierre, bâtie, en 1688, dans l'enclos du Nédo, par Pierre Gicquel, seigneur du Nédo et chanoine de Vannes. Un document de 1669 mentionne l'existence alors, dans le château de Camzon, d'une autre chapelle, dont le vocable est ignoré et qui ne tarda probablement pas à disparaître. Dans la cour du manoir de Penvern, il y en avait une seconde, aussi sous un vocable inconnu, en ruine, vers 1750, ét ne servant plus au culte en 1762.

Avec le temps, plusieurs bénéfices secondaires s'établirent dans cette ancienne et grande paroisse.

La chapellenie de Trévégat ou du Hayo, ainsi nommée du nom de son fondateur et de celui du village ou était sa dotation, avait été fondée par René de Trévégat, recteur de Plaudren (1653-1664), qui, réservant la présentation à ses successeurs dans ce rectorat, en attribua la collation à l'Ordinaire. Chargée d'une messe à dire, chaque lundi, à l'autel de la chapelle de Saint-Joseph, dans l'église paroissiale, et desservie, eu 1768, à l'autel de Sainte-Anne, dans la même église, elle était dotée des revenus de la moitié de la tenue Guyot ou du Hayo, située dans le village de ce dernier nom, auprès du bourg et sous le fief de Kergolher. En 1790, elle avait pour titulaire le recteur même de la paroisse.

Le 19 avril 1661, le prêtre Pierre Jéhanno et Perrine Jéhanno fondèrent la chapellenie de Saint-Jean l'Évangéliste, présentée d'abord par le seigneur de Penvern, plus tard par le recteur, et conférée par l'évêque. Ses charges sont inconnues; mais on sait que le service en messes s'en faisait dans la chapelle domestique du château de Penvern, tant que celle-ci fut dans un état convenable pour le culte divin. Quand les ruines eurent gagné cet édifice, le service de la chapellenie fut transféré à l'église paroissiale, au maître-autel et à celui du Rosaire. La dotation était une rente annuelle de 74 livres 2 sous, fournie par un habitant du village de Penvern.

La chapellenie de la Sainte-Famille, desservie d'une messe, chaque dimanche et chaque jour de fête, célébrée, à 7 heures et demie, dans la chapelle domestique du château de Kergolher, à la présentation des propriétaires de ce manoir noble et à la collation de l'évêque, eut, le 27 avril 1688, pour fondateurs Louis Le Clerc, seigneur de Kergolher, et Renée Gondelin, son épouse. Sa dotation consistait en deux perrées de seigle sur le moulin à eau de Kergolher, et en diverses rentes sur plusieurs tenues situées au village de Talhouet et sur une maison du bourg. En 1790, toutes ces tenues étaient réunies en une seule métairie, qui dépendait de ladite seigneurie et s'affermait 10 perrées de seigle, une perrée de froment rouge et 6 livres en argent, le tout au profit du chapelain. A cette date, ce titulaire continuait à jouir des deux perrées de seigle sur le susdit moulin, et d'une rente de 5 livres sur une maison du bourg.
Le prêtre Augustin Le Bidre fonda, dans le courant du XVIIème siècle, la chapellenie de Kerplan, desservie d'une messe, chaque vendredi, à l'autel du Rosaire, dans l'église paroissiale. Réservée à ses héritiers, la présentation passa, plus tard, au recteur de la paroisse ; la collation en appartint toujours à l'Ordinaire. La dotation de ce bénéfice me reste inconnue, bien qu'il ait eu des titulaires jusqu'à la Révolution.

Sur la chapellenie fondée par Jean Bégault, dont elle portait le nom, et desservie dans l'église paroissiale, il n'a été trouvé d'autres renseignements que des provisions délivrées, en 1695, par l'évêque, sur une longue vacance, réputée un abandon.

Le 20 décembre 1710, Michel Le Penven et Guillemette Le Turnier, sa femme, fondèrent une chapellenie, connue sous le nom du premier, aux héritiers duquel en fut réservée la présentation passée ensuite au recteur. Ils la chargèrent de 35 messes, par an, à célébrer dans la chapelle de Notre-Dame-des-Fleurs de Chaupas. Transféré à l'autel de la Sainte-Vierge, dans l'église paroissiale, le service était retourné à la susdite chapelle, avant la fin du XVIIIème siècle. Le temporel du bénéfice se composait du pré de la Rivière, situé auprès du village de Cosquer ; du Clos Mahéas, et enfin d'une parcelle de lande entre ce clos et la chapelle.

La chapellenie du château du Nédo, fondée, le 7 juillet 1716, par François Gicquel, seigneur du Nédo, à la présentation des successeurs de celui-ci dans cette terre et à la collation de l'Ordinaire, se desservait d'une messe chaque dimanche et chaque jour de fête, dans la chapelle domestique du manoir dont elle portait le nom. Sa dotation consistait en une rente annuelle de 60 livres, assise sur une maison située à Vannes.

Sur ta chapellenie de Laurence, on sait seulement qu'elle avait des titulaires, dans le 2ème quart du XVIIIème siècle.

La chapellenie de Kerdramel, ainsi appelée du nom du village autour duquel était située sa dotation, se desservait, en 1772, à l'autel de Saint-Joseph, dans l'église paroissiale de Plaudren. Ses charges devaient être peu considérables ; puisque son temporel ne consistait qu'en quelques petites parcelles de terre, disséminées dans le voisinage du village de Kerdramel, en Saint-Jean-Brévelay, et affermées 15 livres par an.

Il y avait enfin la chapellenie de la Magdelaine, dont on n'a trouvé que le nom et celui d'un titulaire pourvu par l'évêque, en 1777.

Quant à l'ermitage de Saint-Jacques-Le-Majeur, je crois qu'il fut jadis un bénéfice. Ce qui m'induit à le penser, c'est qu'il fut, au XVIème siècle ou antérieurement encore, annexé à perpuité au prieuré bénédictin des Saints, en Grand-Champ. Or, toute annexion suppose généralement l'existence de deux bénéfices ; c’est, du moins, le sens de ce terme de droit. Cette condition, qui priva ce petit établissement de sa vie propre, l'a fait passer presque inaperçu à travers les derniers siècles. Il en résulte que les renseignements font presque totalement défaut à son sujet. Nous savons cependant que le prieur des Saints fit encore, en 1603, réparer sa chapelle et ses maisons.

Enfin, sur cette paroisse de Plaudren, il'y avait encore un autre établissement religieux d'une haute antiquité et d'une importance relativement considérable. C'est à dessein qu'il n'en a point été question plus haut. Il s'agit du prieuré de Saint-Bili, qui a toujours porté ce titre durant les derniers siècles, et qui pourtant figure aussi parmi les paroisses dans les pouillés de 1516 et 1580, bien qu'il ne soit pas fait mention de son recteur dans la liste des bénéficiers à charge d'âmes, dressée pour le synode de 1579, et qu'on connaisse des prieurs de Saint-Bili à partir de 1538. Il faut ajouter encore que le village de Saint-Bily porte, dans les archives du château de Kerfily, à la date de 1549, le nom de Bourg de Saint-Bily. D'autre part, dans son Dictionnaire de Bretagne, Ogée dit que « la chapelle ou prieuré de Saint-Bili fut fondée par saint Bili, évêque de Vannes, en 892 », et les Bollandistes ajoutent, dans leurs Acta Sanctorum que la paroisse de Plaudren possède une petite chapelle placée sous le vocable de ce saint prélat, qui, vraisemblablement, la fit bâtir, la choisit pour lieu de sa sépulture et y eut, peut -être jadis, son tombeau vénéré par les populations [Note : « Parochia autem de Plandreh, ubi sacellum ejus habetur, et ubi olim fortassis etiam corpus honorabatur ; ideo verosimiliter, quia ecclesiam ipse fundaverit, in eaque legerit sepulturam ; videtur in topographicis Atlantis Sansoniani et Blaviani tabulis (ubi vitiosè scripta multa) nominari Plandran, 4 leucis supra urbem Venetensem versus Boream » (Notes sur saint Bili, 23 juin, au t. IV de juin, p. 607)].

Voilà, en n'oubliant pas que saint Bili est titulaire de l'église de Plaudren, tous les éléments connus de la question à résoudre et consistant à savoir, s'il a réellement existé ici une paroisse de Saint-Bili. Quant à moi, je ne le crois pas, malgré les raisons qui militent en faveur de l'affirmative ; ou bien il faudrait supposer, tout-à-fait gratuitement, que l'ancienne-paroisse de Plaudren n'aurait point été rétablie au XIème siècle ; que, pour la remplacer, on aurait alors érigé celle de Saint-Bili ; et enfin que, reconstituée plus tard, la première aurait, à son tour, absorbé la seconde, tout en lui prenant le titulaire de son église, au lieu de revenir à celui de la sienne, que le grand nombre des années aurait fait oublier. Pour échapper à la série de ces hypothèses que rien ne justifie, il n'est pas, d'ailleurs, permis de penser à la résurrection de Plaudren et de l'érection de Saint-Bili, à la même époque, ou à la co-existence de deux paroisses, si voisines et démembrées l'une de l'autre, avec le même titulaire de leurs églises. Dans ce cas, en effet, on n'eut assurément point placé le nouvel édifice de Plaudren sous le patronage de saint Bili. Y aurait-il plus de vraisemblance à supposer postérieure l'érection d'une nouvelle paroisse de Saint-Bili ? Je ne le pense pas davantage ; car, alors il faudrait admettre un grand accroissement de la population, — ce qui eut demandé un temps fort notable et laissé, dans des villages nombreux ou considérables, des traces qui n'existent point, — et rapprocher de plusieurs siècles cette nouvelle érection destinée à devenir si promptement inutile.

Si, en effet, cette paroisse s'est jamais ainsi créée elle n'a pu avoir qu'une très courte existence et n'a pas davantage pu être, peu après son établissement, annexée à sa mère ; puisque les documents nombreux, qui nous restent des XIVème siècle, XVème siècle et XVIèm siècles, ne nous ont transmis le nom d'aucun de ses recteurs et ne font nulle mention de cette prétendue annexion, silence d'autant moins explicable, que Saint-Bili est à une faible distance de la cité épiscopale et que le nombre des pièces qui, à cette époque, mentionnent les paroisses voisines, celle de Plaudren surtout, est relativement considérable. Contre son existence, plusieurs autres raisons pourraient encore être alléguées ; mais, outre que les précédentes paraissent plus fortes et suffisantes, il faut se borner.

Quant aux documents qui ont soulevé cette question et fait croire à l'existence d'une paroisse de Saint-Bili, ils peuvent, semble-t-il, s'expliquer, sans être taxés d'erreur. Les deux pouillés de 1516 et 1580, qui renferment le nom d'un bénéfice sous le vocable de saint Bili, sans le qualifier autrement, sont des listes de tous les bénéfices du diocèse, à charge d'âmes et autres, soumis à la taxe dont le chiffre est donné pour chacun. Saint-Bili devait donc s'y inscrire, puisqu'il y avait certainement un prieuré de ce nom, benefice secondaire qui n'y figure sous aucune autre appellation. Mais il existe un autre pouillé de 1422 et ne renfermant que les bénéfices sur lesquels le chapitre de la cathédrale percevait les questaux, redevances imposées aux seuls bénéfices à charge d'âmes, c'est-à-dire aux paroisses seulement. Or, le nom de saint Bili est absent de ce pouillé, comme il l'est de la liste des recteurs que devaient assister au synode de 1579. Pour ce qui est de l'appellation, en 1549, du Bourg de Saint-Bily, ce qui précède doit la faire considerer comme impropre ou ne désignant que le chef-lieu d'une simple trêve.

Comme, malgré son titre de prieuré, il est impossible de le prendre pour un bénéfice régulier, cet établissement de Saint-Bili doit trouver ici place à une petite notice historique. A la présentation du seigneur de Kervasy manoir et terre noble en Plaudren, et à la collation de l'Ordinaire, il était chargé de trois messes par semaine, celle du dimanche comprise, à célébrer dans sa chapelle. Son temporel se composait de cette chapelle, d'une petite maison couverte en chaume, avec cheminée au pignon occidental, d'un petit courtil à chanvre au midi de la maison et cerné de murets, d'un pré au nord de la chapelle et aussi cerné de fossés, enfin de deux autres petits prés situés non loin de la maison et donnant sur un chemin. Mais en cela ne consistait point la meilleure partie de sa dotation : elle se trouvait dans la dîme à la 11ème gerbe, perçue, comme on l'a dit plus haut, par le prieur sur son terrain, et dans le champart sur toutes les terres qui relevaient de la seigneurie de Kervasy. Dès 1538, comme il a été dit aussi, on lui connait des titulaires dont le dernier fut Jacques-Vincent Dufoussé, qui résigna, en 1781, le rectorat de Plaudren.

J'ajoute, en terminant, que le territoire de cette paroisse possède encore un village, portant le nom significatif de Moustoiric et dans lequel il y eut autrefois une seigneurie, et enfin qu'une demoiselle Rose-Isidore du Vergier, dame du Poüe, fonda, en 1769, moyennant un capital de 2.000 livres, à l'hospice Saint-Yves de la Garenne, à Vannes, un lit, à la présentation du recteur de Plaudren pour les pauvres de sa paroisse.

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Recteurs et Vicaires perpétuels de Plaudren.

1340-1349. Guillaume Le Sergent, prêtre. Cependant, à la première de ces dates, j'ai cru lire Guillaume Brant.
1426. R. Guillaume Morgas résigne en Cour de Rome, pour permuter avec le suivant contre la paroisse de Ploërdut.
1426-1432. Guillaume Gouzio, chanoine de Vannes.
...1436... Yves de Villejacques.
1483. Guillaume de Kerveno, simultanément recteur aussi de Radenac.
1529. R. Jean du Maz, recteur aussi de Saint-Congard, résigna entre les mains du Pape en faveur du suivant. On l'a déjà trouvé comme recteur de Molac.
1529… Jean Le Géloux, pourvu en Cour de Rome.
1565-1581. Yves Le Goff. Ce fut lui qui perdit, en 1580, un procès contre le chapitre de Vannes auquel il prétendait refuser la perception des deux tiers des dîmes.
1584… André Inizano.
1589-1598. Jean Bocher, originaire de cette paroisse, dut céder, vers le milieu de 1598, son bénéfice au suivant, qui l'avait obtenu par dévolut sur lui.
1598-1610. R. Jean Gicquello de Plumelec, pourvu en Cour de Rome, le 4 mai 1595, ne prit possession que le 29 octobre, et ne parvint à débouter définitivement son prédécesseur que trois ans plus tard. Il faillit, lui-même, subir la peine du talion ; car, le 23 décembre 1604, Julien Le Guen, prêtre originaire de Plaudren, obtint aussi du Pape des provisions par dévolut sur lui, comme ignorant la langue bretonne. Mais, malgré sa prise de possession du 20 mars 1605, cep compétiteur ne put l'évincer. Le 16 juin 1610 Gicquello résigna entre les mains du Pape en faveur du suivant.
1610-1614. Jean le Gallo, prieur de Cadoudal et prêtre à Plumelec, sa paroisse natale aussi, pourvu en Cour de Rome, le jour même de la résignation de son prédécesseur, prit possession le 21 novembre de la même année.
1615-1619. Guillaume Boulho, originaire et prêtre de Berric. La possession de ce bénéfice lui fut disputée par Antoine Héon, qui avait, le 2 juillet 1616, obtenu des provisions en Cour de Rome. Dès 1622, il se trouve avec le titre de sous-curé de sa paroisse natale.
1623… Julien Héruso. Cet ecclésiastique et les deux suivants pourraient bien n'avoir été que de simples compétiteurs. Cependant, je les place ici, leur ayant trouvé le titre de recteurs.
....1625.... Mathurin Le Breton, qui devint ensuite recteur de Plouhinec.
....1625… Gilles Bonnier.
1628-1630. Joseph Rouxain, notaire apostolique.
1630-1640. Mathurin Horvaye, recteur de Meucon, pourvu par l'évêque, le 16 septembre 1630, prit possession le 29.
1647-1651. Jean Berthelot devint, plus tard, recteur de Goudelin, dans le diocèse de Tréguier.
1653-1664. R. René de Trévégat permute avec le suivant contre la paroisse d'Elven.
1664. R. Julien Guillemin, recteur d'Elven, ne fit que passer ici ; car, l'année même de son arrivée, il devint recteur de Brech.
1669-1695. Julien Burguing mourut en mai 1695.
1695-1714. Laurent de Kersivien prêtre du diocèse de Saint-Pol de Léon et âgé de 40 ans, pourvu en Cour de Rome, le 22 novembre 1695, prit possession le 25 décembre suivant et mourut, le 28 avril 1714, ayant résigné peu de jours auparavant.
1714. R. Henri Jeanno, vicaire perpétuel de Noyalo, pourvu par l'Ordinaire, le 24 mai 1714, prit possession le 28 et fut le premier vicaire perpétuel de Plaudren ; mais il n'y resta que quelques jours, attendu que, le 22 juin de la même année, il résigna entre les mains du chapitre pour retourner à Noyalo.
1714-1716. François Le Marouil, vicaire perpétuel de Noyalo, pourvu par l'Ordinaire, le 23 juin 1714, sur la présentation du chapitre, qui avait admis la permutation déguisée avec Jeanno, prit possession le 26. Il mourut le 12 février 1716.
1716-1719. R. Jean-Joseph Boutouillic, prêtre du diocèse, pourvu par l'évêque, le 19 février 1716, sur la présentation du chapitre, prit possession le 23. Devenu chanoine de Vannes, il résigna Plandren, le 16 février 1719, entre les mains du Pape en faveur du suivant.
1719-1730. R. Alexis de Brochereul de Rosmoilien, prêtre du diocèse de Cornouaille, pourvu en Cour de Rome, le 16 février 1719, prit possession le 19 mai. Il résigna entre les mains de l'Ordinaire, le 11 avril 1730, pour passer à Plouharnel.
1730-1742. Vincent Le Mezec, recteur de Belz, présenté par le chapitre, malgré la susdite résignation de son prédécesseur, et pourvu par l'évêque le jour même de cette cession, prit possesion le 12. Décédé, à l'âge de 51 ans, le 3 avril 1742, il fut inhumé, le 5, dans le cimetière.
1742-1758. Mathurin Talhouet, de Guern et recteur de Saint-Avé, pourvu, le 18 juin 1742, sur la présentation du chapître, par un des vicaires-capitulaires, prit possession le 10. Mort, à l'âge de 46 ans, le 21 février 1758, il fut enterré, le 23, dans le cimetière.
1758-1765. R. Joseph-Marie de Livoys Keralvé, originaire de Kervignac, présenté par le chapître, pourvu par l'évêque, le 7 mars 1758, prit possession le lendemain. Le 5 décembre 1765, il résigna entre les mains de l'Ordinaire, pour passer à Inzinzac, paroisse qui lui avait déjà été conférée dès le 19 du mois d'octobre précédent. Il devint ensuite scolastique de la cathédrale.
1765-1781. R. Jacques-Vincent Dufoussé d'Auzon, Sr du Grazic, originaire de Saint-Patern, présenté par le chapître et pourvu par l'Ordinaire, prit possession, le 8 décembre 1765. Il donna procuration, le 12 octobre 1781, pour résigner entre les mains du Pape en faveur du suivant. Avec la pension de 300 livres, qu'il s'était réservée, et les fruits du prieuré de Saint-Bili dont il était aussi titulaire, il se retira à Vannes. Obligé, lors de la Révolution, de quitter le sol français, il se déporta en Espagne, sur la fin de 1792. Rentré en France, il revint à Vannes, où il décéda, à l'âge de 91 ans, le 11 mai 1828. Il fut, le 13, sur son désir, inhumé dans le cimetière de Plaudren, au pied de la croix, où se voit encore sa tombe.
1781-1822. Julien-Marie Marzant, natif et curé de Plaudren, pourvu en Cour de Rome, le 14 novembre 1781, prit possession le 21 janvier suivant, Il refusa de prêter le serment prescrit par la Constitution civile du clergé, dut s'éloigner de son troupeau et se réfugier en Espagne. A son retour, maintenu à la tête de son ancienne paroisse, il prêta, le 20 octobre 1802, serment entre les mains du préfet. Mort, à l'âge de 82 ans, le 16 mai 1822, it fut enterré, le 18, au pied de la croix du cimetière, où se voit aussi sa tombe, à côté de celle de son prédécesseur.

(Abbé Luco).

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