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Le couvent et l'église des dominicains de Notre-Dame de Nazareth

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Du 17 mars 1647 au 6 juillet 1688, Nazareth ne fut point un couvent proprement dit, se gouvernant de lui-même sous l'autorité du vicaire général de Bretagne et représenté aux Chapitres de la Congrégation par son prieur ou un député élu. Ce fut tout simplement durant cette période un simple vicariat relevant de Saint-Jacques de Dinan. Le 6 juillet 1688, cette maison fut canoniquement érigée en prieuré et le P. Georges Simon, vicaire de N.-D. de Nazareth, en devint le premier prieur et fut réélu de nouveau après le terme de son office avec l'autorisation du P. général. M. le chanoine René Pavy a relevé un certain nombre de cérémonies paroissiales qui furent faites à l'église des Dominicains en 1666, 1680, 1682, 1684, 1685, 1686, 1690, 1691. Mais presque tous ces actes, baptêmes aussi bien que mariages, concernent la noblesse des environs : les Brehand de la Villehatte, les Gaultier de la Boullais, les Tranchant de l'Evinais. Signalons aussi quatre personnes inhumées dans la chapelle : Jeanne Marabœuf, ensépulturée le 18 novembre 1686 en présence d'un nombreux clergé ; écuyer Claude de la Chapelle, le 11 janvier 1693 ; Jeanne de la Vallée, dame de l'Evinais, le 25 février 1695, et Jeanne-Renée Le Bouetoux, dame de l'Evinais, le 25 août 1700. En 1768, au commencement où la Commission des Réguliers commençait son œuvre, le couvent de N.-D. de Nazareth, aux termes de l'édit royal devait disparaître, mais le pays opposa à la suppression de la Communauté une résistance unanime ainsi que le prouve la pièce suivante. Nous reproduisons cette lettre intéressante à cause de la pénurie de vocations ecclésiastiques qu'elle signale dès cette époque et que nos recherches nous ont permis de constater : 

A Nosseigneurs les Commissaires commis par le Roy pour l'examen des constitutions et état de chaque communauté

«  Supplient humblement le clergé, la noblesse et autres habitants bourgeois et notables des paroisses de Corseul, Languenan, Plancoët, Bourseul, Plorec, Saint Michel, Saint-Méloir, Pluduno, Saint-Lormel, Landebia, Pléven et Plédéliac. Disons que l'arrest du conseil du Roy du 3 avril, qui soumet à vos lumières, nosseigneurs, la suppression des communautés qui ne seraient pas dans le cas, par le nombre de dix religieux, de satisfaire à l'Office suivant les constitutions et premières observances desdits Ordres, souffrent des exceptions. La Communauté de Nazareth semble être dans ce cas. On y a toujours fait l'Office avec la plus grande édification, ce que les suppliants attestent. Ce n'est pas une communauté fondée pour un grand nombre, et à présent négligée. L'acte de fondation du 27 août 1647 et les lettres-patentes qui l'autorisent, données par le grand roy Louis XIV, au mois de janvier 1648, portent expressément de recevoir les dons qui seront faits pour introduire les religieux que sera besoin. Depuis ce temps la maison n'a jamais été plus nombreuse, mieux composée, ni si nécessaire par (à cause du) le petit nombre de prêtres qui se trouvent aujourd'hui dans douze paroisses da campagne et dont sept n'ont d'autre prêtre que leur recteur, et par conséquent qu'une seule messe. Ces paroisses sont : Plancoët, Plorec, Saint-Michel, Saint-Méloir, Saint-Lormel, Pleven et Landbia (Landebia). Il ne se passe pas de dimanche que quelqu'un des religieux ne soit à desservir de ces paroisses, dont les pasteurs, écoutant plus leur zèle que leurs forces, succombent de fatigue et n'ont d'autres ressources que ces religieux pour les seconder. Le couvent de Nazareth se trouve à l'extrémité de la paroisse de Corseul, à cinq quarts de lieue du clocher. Le peuple du Bas-Corseul, de Plancoët, de Saint-Lormel et du Bas-Bourseul seraient sans espoir d'avoir la messe du matin festes et dimanches, s'ils perdaient Nazareth. De toute nécessité, il faudra donc abandonner enfants, bestiaux, et ménages sans gardiens, ou que quelques uns se passent de messe les jours d'obligation. Les seigneurs de Rieux, supérieurs de tout le pays et fondateurs dudit couvent, ont si bien senti l'utilité de ce monastère que, dans l'exposé des susdites lettres-patentes, ils ont porté qu'ils ont sollicité l'établissement d'un couvent trouvé être fort nécessaire audit lieu à cause d'un grand concours de peuples qui y viennent chaque jour en dévotion. Dans le temps les campagnes abondaient en prêtres ; il y en avait jusqu'à dix-huit en Corseul, treize en Bourseul, quatre en Plancoët, cinq en Saint-Lormel et aux autres paroisses en proportion. Aujourd'hui le nombre en est bien petit et l'esprit d'irréligion a fait tant de progrès, qu'il est du plus grand danger de diminuer les moyens de vocations, les ressources et les encouragements. Les villes abondent en clergé, les couvents leur sont à charge ; les campagnes demandent des secours spirituels. Nous nous adressons avec confiance à votre tribunal, nosseigneurs, pour obtenir la continuation du couvent de Nazareth. Que quelques abbayes soient supprimées : les religieux de ces riches monastères ne prêchent ni ne confessent ; les pauvres y perdent beaucoup, mais la religion en souffre peu. Il n'en est pas de même des ordres mendiants ; les riches et les pauvres puisent chez eux des secours d'un plus grand prix. Ce considéré, vous plaise, messeigneurs, d'accorder aux suppliants la conservation du monastère de Nazareth en Bretagne. La mère de Dieu y est particulièrement honorée ; nous invoquerons son secours pour la conservation de vos illustres personnes. Signé : Du Breil, comte de la Caunelaye-Pontbriand ; l'abbé de Pontbriand ; Lesquen de Largentaye ; Olivier Le Moin ; de Saint-Méloir ; le chevalier de Pontbriand ; de Touraudais-Rouxel ; Colin de Vaulambert ; Guionnois ; Delaunay-Duperron ; Pinel du Chesnay ; Bameulle de Lantillais, sénéchal de Plancoët ; De Trégouet ; Jullien Hérisson ; Gallet, procureur fiscal de Plancoët ; C. Cousin, procureur fiscal de Saint Postan ; Dudemaine-Nicolas ; Jean-Baptiste Minier, sous-diacre ; Gouyon des Briants ; Le Breton, greffier à Corseul ; messire Maraboeuf, prêtre de Corseul ; Lesquen de la Garde ; de la Villeneuve-Malapert ; Lecrubier ; Joseph Chénu ; P. Felen ; Toussaint Guiomard ; Louis-Armand Minet, prieur du Saint-Esprit, recteur de Pledeliac ; Yves-Joseph Lemoine, recteur de Pleven ; Frostin, recteur de Saint-Meloir ; Hesry, recteur de Plorec de Lescouet ; Desjardins ; de Bedée-Bouetardaye, sieur de Monchoix en Pluduno »

A cette pièce, ajoute le P. Chapotin, auquel nous l'empruntons, étaient annexées d'autres pétitions du même genre, une notamment du « général » de Corseul du 8 juin 1768.

 

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Etat des meubles et immeubles du couvent de Nazareth en 1790

Nous commençons par la publication de l'inventaire que fournirent les Dominicains de Nazareth le 22 février 1790 en conformité avec la loi du 12 février 1790. Nous en empruntons le texte à une copie collationnée que nous a passée autrefois feu le chanoine René Pavy, qui fut naguère l'un des prêtres les plus distingués du clergé briochin : « Cette communauté, écrit-on, est petite, ne consistant guère qu'en deux chambres d'hôtes ou infirmeries, quatre cellules pour les religieux, deux chambres pour les domestiques et une autre destinée à renfermer les livres et les archives. Elle n'a ni cloître, ni parloir et sa pauvreté répond à sa petitesse. Dans chaque chambre d'infirmerie, il y a un lit fort vieux et très simple, une table, une petite armoire et quelques chaises. Les cellules des religieux ne sont pas plus riches et plus somptueuses et les chambres des domestiques sont la pauvreté même. Dans l'embas, il y a cinq appartements, tous exposés au nord également que les chambres, la sacristie, un salon où il y a deux tables, quelques chaises, une petite armoire qui renferme deux ou trois douzaines d'assiettes de faïence, sept couverts d'argent et une cuillère à ragoût de même métal ; une salle un peu plus grande, mais très humide qui servait autrefois de réfectoire, et dans laquelle, il y a purement et simplement deux grandes tables et deux armoires où est renfermé le linge de la maison ; une cuisine assez petite garnie uniquement des meubles et des ustensiles qui y sont absolument nécessaires, un autre petit appartement qui sert de décharge pour la cuisine. Nous avons encore une petite buanderie, une petite étable, deux greniers, un pressoir, un cellier. L'église, quoiqu'elle ne soit pas achevée, est susceptible d'accroissement et d'embellissement. La tour, près de laquelle est notre petit choeur, sans stalles, est élevée et renferme trois cloches, dont la plus grosse peut peser 400 l. et la plus petite, qui est cassée, 40 l. L'enclos, consiste dans une cour et trois jardins, l'un grand et les deux autres petits, peut contenir un jour et demi de terrain. Au midi et au couchant du terrain, près de l'Eglise, est un autre petit terrain autrefois planté d'arbres et où il s'en trouve encore quelques-uns, lequel terrain peut contenir un demi-journal. A l'entrée de la rue de l'Abbaye de Plancoët, on en rencontre un autre planté de mauvais arbres, appelé la Motte-Saint-Jacques, qui appartient également à cette communauté, avec un petit fief du même nom qui s'étend sur quelques champs voisins »

Suivent l'énumération des revenus et des charges. Celles-ci déduites, il ne restait pour vivre aux religieux que 675 livres annuelles de rentes fixes. « La sacristie, continuent-ils, n'est pas bien riche, surtout en argenterie. D'abord, nous n'avons pas de croix d'argent. Nous n'avons de ce métal qu'un petit soleil, un petit ciboire ; trois calices, dont le plus petit est doré en dehors et en dedans ; une petite lampe, deux burettes et un plat ; un encensoir passable avec sa navette ; un petit reliquaire en forme de croix. Quant aux ornements, nous avons quinze chasubles, tant bons que mauvais, deux dalmatiques, huit chappes ; six de couleur et deux mauvaises noires. Quant au linge, nous avons sept aubes qui ne sont pas des meilleures, quatre rochets qui ne sont pas mauvais, quatre nappes pour le grand'autel et deux pour les petits autels. Nous n'avons aucun devant d'autel de prix et les chandeliers de médiocre grandeur, sont en cuivre. La Bibliothèque est si pauvre qu'il faut y être forcé pour en faire mention. Il n'y a presque aucun ouvrage de complet et plus des deux tiers des volumes, de différent format, sont écrits en caractères gothiques et reliés en parchemin. Les plus nouveaux, couverts en veau, sont au nombre de 20 in-folio, de 16 à 17 in-4°, et d'une cinquantaine d'in-12 et d'in-8°. Quant aux manuscrits, je n'en connais pas, si ce n'est deux, dont l'un à moitié déchiré, rapporte les miracles opérés par l'intercession de la sainte Vierge, dont nous avons une statue miraculeuse dans notre église et l'autre, écrit par un religieux présent à la fondation du couvent, parle de cette fondation et de ses fondateurs. Voilà, Messieurs, l'état, la situation, les richesses de cette petite maison, qui est sans doute inutile, funeste même à la société et à la Religion, mais qui cependant, également que tant d'autres répandues dans la France, n'a cessé depuis son établissement de rendre au public les services qui ont été en son pouvoir, surtout relativement au ministère, prêchant, confessant, disant la messe, non à sa commodité, mais à celle de ses voisins, qui sont si éloignés (des églises paroissiales) et si éloignés de solliciter sa suppression, qu'il n'en est peut-être pas un seul qui ne soit sensiblement touché de sa prochaine disparition... »

A côté de cet inventaire, écrit dans un style naïf et simple, qui ne permet pas de mettre en doute la sincérité de ses auteurs, voici celui qui fut rédigé le 7 décembre 1791 par Joseph Hamon, architecte expert, et que l'on conserve à la série Q aux Archives des Côtes-d'Armor : « 1° L'église, dit-il, en forme d'église paroissiale, a 70 pieds de longueur, y compris le sanctuaire et la nef, sur 23 pieds de large ; 2 collatéraux aux deux côtés de la nef, dont ils sont séparés par les pieds droits des arcades qui forment les deux côtés de la nef. Cette église est très propre ; les gros ouvrages qui la composent en assez bon état ainsi que la couverture, laquelle a néanmoins besoin d'être réparée. 2° Un terrain ou déport à l'entrée vers midi et au côté occident de cette église, planté en quelques jeunes arbres, contenant environ 50 cordes y compris le fond de l'église, joignant du midi au chemin de Plancoët à Corseul ; le tout ensemble estimé en capital valoir 2.400 livres. 3° La maison conventuelle, aspectée au midi, a de longueur 126 pieds sur 23 de largeur, consistant au rez-de-chaussée dans un dégagement, sacristie, cellier, salon, réfectoire, cuisine et autre cellier au bout orient. Le premier étage divisé en plusieurs chambres, cellules et un cabinet de latrines, autre cabinet à la hauteur des greniers pratiqué dans le plan et au-dessus de la cage du grand escalier, greniers sur le tout. 4° Autres bâtiments en retour d'équerre vers le nord au bout orient du précédent, de 52 pieds de longueur sur 18 et 1/2 de large, y comprenant : 2 celliers au rez-de-chaussée et grenier avec grand ravallement au-dessus (Cet article fut vendu le 27 mai 1791). 5° Un hangar au nord du dernier bâtiment, se prolongeant de 67 pieds de longueur vers occident, renfermant un pressoir, un four, fournil et une étable, tous lesquels bâtiments couverts d'ardoises et en assez bon état. Toujours au nord, une grande cour en laquelle est un puits et un tour en son moulard de pierre de tailles pour écraser les pommes ». Après l'énumération de diverses pièces de terre que nous retrouverons plus loin, mentionnons « une petite chapelle, située au milieu du chemin de Plancoët à Corseul, vis-à-vis le déport de l'église, que l'expert juge nuisible au peuple pour la circulation, et qui, déjà en ruines, doit être abattue »

Voici maintenant comment l'expert Laurent Bourguignon-Renaudière, peintre-sculpteur et surtout excellent révolutionnaire, apprécia les objets d'art qui se trouvaient dans l'église de Nazareth à la date du 2 août 1791 : « Trouvé au maître-autel un tableau sur toile de 7 pieds sur 11, qui a pour objet l'Assomption de la Vierge, mal dessiné et mal peint. (Ce tableau se voit encore en 1926 en l'église de Nazareth). Deux figures en bois, grandeur naturelle, dont l'une représente saint Dominique et l'autre sainte Catherine, mal faites. (Elles y sont encore en 1926, mais sainte Catherine s'appelle maintenant sainte Philomène). Une petite figure d'une Vierge en pierre, d'un pied et demi ; au côté de la Vierge, deux coeurs en argent, l'un de 3 pouces de haut et autant de large, l'autre de 4 pouces, sur lequel se lit l'inscription « Mar ». Au-dessus de la tête de la Vierge, une couronne d'argent de 6 pouces de haut, 4 de diamètres, fort légère et mal ciselée. A gauche, un autel, entre les colonnes, un mauvais tableau sur toile, de 3 pieds 1/2 sur 5 pieds 4 pouces, représentant une figure armée avec l'inscription « saint Florian » (Ce tableau se voit encore en 1926 dans l'église de Nazareth). Deux figures en bois, petite nature, dont l'une est une Vierge, l'autre saint Joseph, mal traitées. — Un Christ en os, de six pouces, fort mauvais. A droite, un autel, entre 2 colonnes de bois, un tableau sur toile de 5 pieds 1/2 sur 3 1/2, figurant une sainte Rose, mal peinte (Ce tableau se voit encore en 1926 dans l'église de Nazareth). Un Christ d'ivoire, de 4 pouces, mauvais. — Une Vierge en bois, passablement traitée et dorée à la colle, haute d'un pied et demi. Un tableau sur toile, au-dessus de la porte, de 3 pieds 1/2 de haut, ayant pour sujet le Rosaire, au bas duquel est écrit « Voeu fait à N.-D. de Nazareth ». Dans le panneau du milieu de la chaire à prêcher, se voit un bas-relief dont le sujet est un saint Dominique avec ses attributs. Dans la chapelle du chemin, se trouve une Vierge en marbre blanc avec son enfant, de 2 pieds 2 pouces 1/2 de haut, mal traitée. Un tableau d'un pied et demi sur deux. Le sujet est une Vierge qui ne vaut rien. Au bas de ce tableau, il y a un écusson qui est de « gueules chargé de 6 molettes d'or, une bande d'argent en pâle herminée ». Un autre tableau représentant un religieux dominicain avec cette inscription « Vera eff. Sti Lud. Bert ». Un autre petit tableau sur lequel est une Vierge  et c'est tout ce que l'inventoriateur déclare avoir trouvé dans la dite communauté » (Archives des Côtes-d'Armor, série Q, églises et chapelles). 

 

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Vente des propriétés du couvent de Nazareth

La vente du mobilier de cette maison eut lieu le 25 août 1791. Elle produisit 777 livres seulement. Quant aux bâtiments d'habitation, ils firent l'objet de plusieurs adjudications successives. La première eut lieu le 27 mai 1791, elle portait sur les « logements et la cour au nord de la maison principale de Nazareth, le grand jardin au midi des logements et cour ci-devant. La grande pièce des Rochettes d'A-Haut contenant 5 journaux au nord des deux articles ci-dessus, la pièce des Rochettes d'A-Bas contenant 6 journaux située à l'occident de la précédente, la pièce de la Porte-Allain-Jan contenant 5 journaux au nord de la dernière, séparée par l'ancien chemin du Plessis-Balisson et un petit canton de terre appelé La Motte-Saint-Jacques planté de ragots de chênes, contenant 6 cordes, le tout situé en la paroisse de Corseul et dépendant de la ci-devant communauté des Dominicains de Nazareth. Guillaume Robinot de la Pichardais, demeurant à Plancoët, en demeura adjudicataire comme biens nationaux au Directoire du district de Dinan pour la somme de 12.200 livres payables aux termes des décrets et aux conditions de l'adjudication... ; lequel subrogea et céda le tout aux sieurs Michel Autier, du bourg de Pléboule et à Françoise Merdrignac de Plancoët, qui s'obligèrent au lieu et place du dit Robinot, d'exécuter en leur entier et d'effectuer à son lieu et place les paiements dans les délais prescrits... sauf aux dits Autier et Merdrignac à partager entre eux et pour moitié, les biens compris en la présente subrogation comme bon leur semblera... Signé : Guillaume Robinot, M. Autier, Nicolas et Hannelais, notaires ». La dite Merdrignac a déclaré ne savoir signer. 

(Copie collationnée, prise ainsi que la pièce suivante sur des minutes appartenant naguère à feu M. Joseph Dubois, ancien notaire à Plancoët). Le 29 thermidor an IV (16 août 1796), eut lieu une nouvelle estimation des bâtiments non vendus. Elle fut faite par M. Gilles Guérin et Carillet. Ces deux officiers ministériels certifient « qu'ayant été chargés comme experts par le citoyen Michel Autier, demeurant à Port-Malo, soumissionnaire des logements, église et terres dépendantes de la communauté des cy-devant Jacobins de Nazareth, non vendus, conformément à l'instruction du 6 floréal sur la loi du 28 ventôse dernier (18 mars 1796), ils se sont transportés à Nazareth, où ils ont trouvé le dit Autier et le citoyen Laurent Chas, agent municipal de Corseul, lequel avant que nous vacquions à nos opérations, nous a remontré que de tout temps, il a existé une succursale au dit quartier de « l'Abaie », et que le mauvais état de cette église la rendant incapable de servir, le culte s'est exercé en la dite église de Nazareth (en 1791), que même le gouvernement semble avoir spécialement désigné cette église en la laissant ornée d'une chaire, du maître-autel et autres objets du culte, une cloche, une horloge nécessaire au canton ; pourquoi, il a requis que la dite église, la tour ou clocher, l'avant-cour de la dite église avec les murs de clôture d'icelle, fussent réservés et que le soumissionnaire (futur acquéreur) souffre par chès lui le passage pour pénétrer dans le clocher, jusqu'à ce que les habitans aient établi un passage ou escalier du jubé au dit clocher, s'ils l'estiment convenable. A quoi le dit Autier a déclaré consentir et ajouté qu'il avait manifesté sen intention qu'au cas où il fut déclaré adjudicataire, cette église eût néanmoins resté pour l'exercice du culte, sans autre sujettion que l'entretien des dites église et tour. En conséquence, procédant à notre opération et à la description des dits objets, avons vu qu'ils consistaient dans un corps de logis servant de demeure aux cy-devant religieux, contenant 132 pieds de long sur 23 de laise, composé au rez-de-chaussée d'un embas, caveau sous l'escalier, 8 cellules et une chambre au premier étage, grenier sur le tout, se desservant par un escalier en pierres au bout duquel sont une petite chambre et un cabinet sous une couverture en ardoises. Cour en avant, dont partie est en jardin, le dit espace, autrefois réservé pour faire un cloître, un jardin au midi du dit cloître, les dits logements ayant corne sur une cour appartenant au citoyen Hannelais, avec droit de puiser de l'eau au puits, sans préjudice des autres vues y establies, joignant vers midi au chemin de Plancoët à Dinan, dans lequel chemin sont trois jeunes chênes émondables, d'orient et nord à jardin, logements et cour du dit Hannelais et vers occident à l'église ci-après. Une petite quantité de terre, mesurant avec le fond des maisons et jardin cy-devant un grand journal, sur lequel sont plantés 67 arbres émondables ; la majeure partie petits chesnes, hêtres et ormes, joignant vers orient à la dite église et au jardin cy-devant, vers midi au dit chemin, vers occident au soumissionnaire et vers nord au dit Hannelais... Attendu que la dite quantité de terre est assujettie au passage nécessaire pour parvenir à l'église, et au desservice des logements, que les dits logements sont en mauvais état et peu susceptibles de location attendu leur éloignement de Plancoët, etc., etc., est d'avis d'estimer les logements 2.400 frs et les bois à 35 frs ce qui fait un total de 2.435 frs... Signé : Autier, Chas, Guérin ». En conséquence de sa soumission, le dit Michel Autier demeura adjudicataire définitif de la totalité du couvent de Nazareth, à l'exception de l'église, le 26 frimaire an V (16 décembre 1796). Une maison, dite Maison Notre-Dame, avec jardin derrière et dépendances, le tout situé rue de l'Abbaye, appartenait aussi à la communauté des Dominicains de Nazareth, lesquels en avaient passé bail pour 6 ans le 27 septembre 1787 à Françoise Tranchant pour 57 livres par an. Pierre Tranchant en devint propriétaire définitif par suite d'une vente consentie par l'administration le 27 thermidor an VI (14 août 1798). Trois ans plus tôt, le 17 fructidor an III (5 septembre 1795) la pièce Saint-Jacques contenant un journal de terre, autre propriété du couvent ; avait été liquidée pour 6.300 livres d'assignats sans valeur, au sieur Jacques Hingand de Corseul. 

 

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Les vicissitudes de l'église de Nazareth. 

L'étendue très considérable de Corseul d'autrefois, ainsi que le voeu de la population très attachée à un sanctuaire particulièrement vénéré, firent souhaiter de bonne heure par les autorités locales la conservation de cette église. Le 4 août 1790, le Directoire du District de Dinan, sollicitait du Directoire du Département l'autorisation de faire de la chapelle de N.-D. de Nazareth une église paroissiale, ainsi que celle de vendre les trois statues de la sainte Vierge, de sainte Anne et de sainte Rose qui se trouvaient dans cet édifice, à une personne qui désirait les acquérir pour les offrir ensuite à la future paroisse (Registre de délibérations du District de Dinan). Deux mois plus tard, le 6 octobre, les mêmes autorités demandaient au Directoire des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) la permission de conserver les cloches de Nazareth, dont l'église, disent-elles, semble destinée à devenir paroisse, ainsi que l'autorisation de ne pas se gêner des livres des Dominicains, « dont la vente ne paierait pas le prix de location de la chambre où on les renfermerait ». C'est, vraisemblablement à cette décision, que l'on doit avoir perdu le précieux registre où les religieux consignaient les guérisons miraculeuses qui se produisaient à Nazareth. (Même source que l'alinéa précédent).

Le 7 janvier 1792, on projetait de réparer de concert avec la municipalité de Corseul l'église de Nazareth.

Enfin, le 9 mai de cette année, le Directoire des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) après entente avec l'évêque Jacob, décidait d'appliquer une nouvelle délimitation paroissiale, aux termes de laquelle « l'église des ci-devant dominicains de Nazareth serait érigée en église paroissiale, la maison des religieux en presbytère ; la pièce de terre dite la Motte-Saint-Jacques en cimetière et le futur curé jouirait des deux petits jardins sis au-devant du couvent ». C'est du reste cette nouvelle destination qui explique que les bâtiments du couvent ne furent pas liquidés dans leur ensemble en 1791 et que l'église elle-même, quoi qu'on en ait pu dire, ne fut pas vendue durant la Révolution.

Mais s'il ne fut pas mis en adjudication, cet édifice eut à souffrir toutes sortes de dégradations non seulement dans son mobilier, mais vraisemblablement dans son gros oeuvre, ainsi que nous allons le voir.

Le 3 octobre 1794, la municipalité de Corseul adressait en effet au Directoire du District la lettre ci-dessous que nous reproduisons d'après L. Dubreuil : L'extraction du Salpêtre dans le district de Dinan, in-8°, Paris, 1913, p. 27 : « Dans notre commune, nous avons toujours été tranquilles, mais il semble que les citoyens agents des salpêtres à l'atelier établi dans cette commune, sont las de notre tranquillité... Hier à la nuit tombante, ils s'ingérèrent de descendre le battant de la cloche de Nazareth, laquelle a été conservée comme nécessaire. Cette nouvelle cause de la rumeur... Un officier municipal leur commanda de le reporter ; on ignore s'ils ont obéi. Enjoignez-leur de le remettre, de se borner à leur ouvrage et d'y travailler, plutôt que de passer du temps à tracasser des citoyens et une municipalité paisibles... ».

A ces observations pleines de sens, Queillé, professeur au collège municipal de Dinan et directeur de l'exploitation du salpêtre, répondit par l'élucubration suivante : « Mort aux Tyrans et aux Fanatiques ».

Dinan, le 15 vendémiaire, an III républicain (4 octobre 1794). Aux administrateurs du district de Dinan. « Citoyens, je vous suis dénoncé pour avoir dépendu le battant de la cloche du couvent de Nazareth... Mes accusateurs sont sans doute basés par des vues d'utilité publique... Je me bornerai seulement à prouver que le son régulier de l'Angelus ne sert à rien la patrie et que la dénonciation faite contre moi est videuse dans sa source et tient à un système qui s'est introduit dans maintes communes du district de Dinan... Le soleil, cet astre sans qui les travaux du laboureur sont inutiles, ne lui marque-t-il pas par son lever et son coucher le commencement et le terme du travail ? Le soleil est le moniteur du marguillier qui sonne la cloche, il doit l'être également du cultivateur ! Mais, me dira-t-on, les ennemis peuvent paraître et qui avertira, qui réunira les patriotes ? — Ce ne doit pas être encore la cloche du couvent, car outre que ce couvent est isolé et ne peut servir qu'aux brigands de lieu de rassemblement ; c'est du bourg de Corseul, c'est du sein de la municipalité que doit être un toscin (sic)...... L'acharnement de quelques fanatiques contre moi, n'a pour base que mon dévouement à vos ordres, que mon zèle à brûler les saints de bois et à renverser quelques croix qui empêchaient les ouvriers de manoeuvrer dans le cimetière de l'abbaye. Les uns me menacent par ce que je veux leur faire restituer, pour les livrer aux fourneaux du salpêtre, des saints de bois qu'ils ont escamotés, les autres par ce que je leur ai dit que je vous avertirai du son de la cloche pour l'angelus, pour les agonies, pour les enterrements (Note : Lire que l'on faisait sonner la cloche à l'occasion des agonies, etc.) ; que je vous prierais de faire sortir de la sacristie de Nazareth une barrique d'eau bénite qui infecte par sa vétusté et de faire conduire à l'arsenal des armes une grille en fer (la grille de la sainte Table) qui est dans la même église, ainsi que les rideaux de l'autel ; en un mot, je suis tranquille, par ce que j'ai affaire à des républicains... par ce que l'an IIIème de la République le règne des calotins est anéanti ainsi que l'angélus ».

C'est à ces événements que se rapporte la tradition consignée sur les registres paroissiaux de Plancoët, suivant laquelle le meunier Louis Cocheril, passant par le grand chemin près de l'église de Nazareth, conduisant de la farine, vit un groupe d'hommes armé de pioches et de barres de fer qui creusaient tout autour des murs de l'édifice sacré pour y rechercher du salpêtre. Ces individus fortement surexcités, apportaient une telle ardeur dans leur tâche qu'ils semblaient vouloir saper jusqu'aux fondations mêmes de l'église. Louis Cocheril, homme universellement estimé dans le pays, s'arrête, juge la situation, s'approche de ces exaltés, calme leur colère par des paroles conciliantes et appuyant ses raisons par un argument convaincant pour des gosiers de sans-culottes, les invite à venir boire quelques bolées chez la « Chuppée ». Il s'en tira pour 24 sous de cidre et les fondations de l'église N.-D. ne furent pas d'autre entamées.

Du reste, une lettre du maire de Corseul, écrite à cette époque, confirme assez bien cette dévastation, car il rapporte que l'église de Nazareth fut alors complètement dépavée et que le tumulte qu'y s'y faisait, obligea la municipalité à faire ramasser dans la sacristie, les statues des saints, ainsi que leurs reliquaires, à tel point qu'une pieuse fille nommée N. Cochet, pour soustraire ces pieux restes à des profanations à prévoir, prit le parti de pénétrer nuitamment dans la sacristie et d'emporter chez elle les précieux restes du martyr saint Florian, qui, depuis la Révolution furent remis à l'église de Plancoët où ils sont encore visibles en 1926.

Sur pétition de sept habitants de Corseul, l'église de Nazareth fut rendue au culte le 13 floréal an III.

Disons pour finir qu'un état du 4 octobre 1796, donne 35 pieds de long à cette église et prétend qu'elle est louée pour le culte, alors qu'un autre état du 10 novembre suivant assure qu'elle ne sert à aucun usage.

Personnel. — En 1790, le couvent de Nazareth comprenait deux religieux dominicains et un frère convers dont voici les noms : 

René Chauvière, 41 ans, profès depuis 1767, prieur.

Marc Civelle, 37 ans, profès depuis 1783.

Ces deux religieux déclarèrent alors vouloir sortir du cloître. Quant à Nicolas-Louis Guernier, 51 ans, frère convers depuis 1762, originaire de la Moselle, il était sorti le 15 août 1790, jour du grand pardon annuel de Notre-Dame de Nazareth.

(abbé Auguste Lemasson)

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