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L'INSURRECTION de PLABENNEC en 1793.

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SOULÈVEMENT DE PLABENNEC DU 17 AU 21 MARS 1793.

La loi de recrutement rencontrait la même opposition dans le bas Léon que dans les environs de Saint-Pol, et les administrateurs du directoire du district de Brest écrivaient le lundi 18 mars 1793 à leurs collègues de Landerneau (L. 168) :

« Nous venons de recevoir la nouvelle qu'il arrivait demain à Brest trois voitures chargées de fusils et qui partent de votre ville. Les mouvements de sédition qui ont lieu dans les diverses communes de notre ressort nous feraient craindre que les malveillants instruits de ce passage ne s’en emparassent.

En conséquence nous vous prions et requérons de vouloir bien ordonner que ces voitures soient escortées par cinquante hommes de votre garnison, et nous dépêcherons en même temps cinquante hommes de la nôtre qui reprendront les voitures à Guipavas pour les reconduire à Brest ».

Signé : Le Breton, président, Mével, Laligne et Berthomme.

Le lendemain, 19 mars 1793, les mêmes administrateurs rendaient compte au département du mouvement insurrectionnel dans le district (L. 18).

« Citoyens, le temps et nos occupations pressantes ne nous permettent pas de remplir envers vous toutes les formalités que nous prescriraient dans un autre moment et notre devoir et le désir de vous instruire dans tous leurs détails des événements qui se sont rapidement succédé depuis notre dernière lettre.

A cette époque deux cent cinquante hommes et une pièce de canon étaient à Ploudalmézeau, cent hommes et une pièce d'artillerie à Lannilis, huit cents hommes avec deux pièces de campagne étaient sortis de nos murs pour aller secourir le département du Morbihan.

Dimanche (17) l'assemblée avait eu lieu à Goueznou pour l'enrôlement, mais il n'avait pu s’effectuer par les cris tumultueux d'un grand nombre d'hommes qui s'y étaient transportés de plusieurs paroisses voisines et les habitants de cette commune refusaient d'y procéder, sous le prétexte que Plabennec chef-lieu du canton ne l’avait pas fait.

Hier (lundi 18) était le jour fixé pour l'enrôlement de Plabennec. A 3 heures de l’après-midi, un cavalier national de Lesneven, venant à Brest, rencontra à quelque distance de la première ville le curé constitutionnel [Note : M. Jacques Le Caill élu curé de Plabennec le 27 mars 1791] de Plabennec qui lui dit qu'il avait fui de sa maison, les scélérats attroupés s'y étant portés, l’ayant pillée et dévastée, il ajouta que le citoyen Bergevin, commissaire départi pour le canton de Plabennec, avait été forcé de fuir également à travers champs pour échapper à la fureur de ces brigands.

Deux soldats du 109ème régiment, que le dragon ci-dessus avait rencontrés sur le grand chemin, témoins des mêmes faits, vinrent nous les confirmer et ajoutèrent qu'on leur avait tiré quelques coups de pistolets et fusils, mais qui ne les avaient pas atteints.

Dans cet état, assistés des citoyens Malmanche et Bergevin administrateurs du département, nous primes une délibération portant qu'il serait sur-le-champ envoyé à Plabennec une force armée de trois cents hommes avec une pièce de canon, aux ordres de deux commissaires civils, à l'effet de dissiper l'attroupement et d'arrêter les auteurs du désordre dont nous présumions bien que plusieurs par ivresse seraient forcés de rester là.

Nous leurs avons donné l'ordre de faire assembler sur-le-champ le conseil général de la commune, de se faire représenter le rôle de population et de faire procéder en leur présence au tirage pour le recrutement, nonobstant l'absence des intéressés.

Nous les avons autorisés de plus à prélever sur-le-champ les frais de l'expédition, ainsi que d'une autre expédition qui avait eu lieu au mois de mai 1791 [Note : Expédition pour l'installation du curé constitutionnel] et pour laquelle il reste dû une somme de quinze à dix-huit cents livres aux vivres de la marine. Nous avons cru que c'était le moment de réunir les deux objets.

A 6 heures du soir est arrivé le citoyen Olivier Bergevin, commissaire pour le canton de Plabennec, qui nous a certifié le récit que nous avons fait des dangers qu'il a courus, puisqu'obligé de fuir a Lesneven il a cru devoir prendre la route de Landerneau pour venir à Brest.

Il m'a confirmé dans les dispositions que nous avions prises, relativement à l'envoi d'une force armée et elle est partie à sept heures environ.

Ce matin, des patriotes de Goueznou sont venus nous annoncer que le rassemblement se renouvelait encore dans les paroisses de Goueznou, Guipavas et autres voisines, qu'on menaçait hautement d'incendier le bourg de Goueznou, que cet attroupement se dirigeait vers Plabennec. Des hommes du dernier détachement m’ont dit que le tocsin sonnait dans toutes les paroisses, que de tous les points les paysans accouraient armés de fusils, de bâtons, de fourches, etc.

Les commissaires Sévellec et Bernard le Jeune m'ont mandé de Ploudalmézeau leurs inquiétudes à raison des rassemblements considérables qui se faisaient aussi de leurs côtés. On a observé qu'à Lannilis nous n'avions que cent hommes, que demain était le jour du marché, que les paroisses voisines du ressort de Lesneven menaçaient de quelque mouvement.

Sur ces récits affligeants et dans cet état de crise, réfléchissant qu'il fallait sur-le-champ prendre une grande mesure, telle qu'elle puisse foudroyer tous ces conspirateurs, mais qu'il fallait aussi pourvoir à la tranquillité de notre ville et à la sûreté de ses habitants, nous avons résolu d'envoyer sur-le-champ deux cents hommes à Plabennec avec une caronade. à la disposition du citoyen Belval, commissaire institué à cet effet et adjoint aux citoyens Perrot et Picard.

Le général Canclaux arrivé en ce noment, nous lui avons communiqué nos dispositions qu'il a trouvées conformes aux circonstances. Nous avons ensuite décidé que cent cinquante hommes en cantonnement à Lesneven partiront demain matin pour Lannilis, pour protéger notre premier détachement ; que dans la crainte qu'il ne s'élevât quelque mouvement vers la ville de Lesneven, cent hommes de la force de Plabennec s'y transporteraient et qu’ainsi tous les points importants seraient garantis sans occasionner trop de fatigue à des hommes qui auront déjà passé deux nuits en marche ou à bivouaquer.

Ces deux cents hommes avec la pièce d'artillerie viennent de partir à deux heures, munis de leurs subsistances ; nous venons également d'en fournir à la troupe de Lannilis.

Dans ce moment, les nouvelles des attroupements se confirment du côté de Guipavas et Goueznou. Les dragons de Brest ont pris huit hommes cachés dans la paroisse de Plabennec et les ont transférés dans nos prisons. Nous allons faire procéder à leur interrogatoire, par le juge de paix de notre ville car dans cette affaire extraordinaire on est obligé de s'écarter des formalités reçues ; nous ne pouvons établir notre confiance dans le juge de paix du canton de Plabennec ; nous n'avons pas à notre portée d'officiers de gendarmerie pour faire les fonctions d'officiers de police de sûreté, et le juge de paix de Brest se trouve par ce défaut être le plus voisin du lieu du délit.

Nous oublions de vous dire que ce matin, vu le dénuement de force dans lequel nous risquons d'être, nous avons requis le commandant d'armes de faire descendre à terre la moitié de la garnison des vaisseaux qui ne sont pas sur leur départ ».

Les administrateurs du directoire du district de Brest, LE BRETON, Président.

Avant d'apprendre, par le récit des mêmes administrateurs, le sort de la colonne expéditionnnire, nous pouvons connaître d'après l'interrogatoire de quelques uns des prévenus, ou le rapport de quelque patriote, les moyens employés pour attirer à Plabennec les paysans des environs afin d’en imposer au moins par leur grand nombre à la force armée qu'on s'attendait à voir paraître.

« Ce jour 19 mars 1793 (L. 143) quatre heures de relevée, a comparu au directoire du district de Landerneau Louis Castel demeurant au Quénquis lec'h sur la paroisse de Landerneau, juge de paix de la campagne du canton, lequel a déclaré que Françoise Colin, sa belle-fille, lui a rapporté que quatre personnes dont l’une nommée Simon Tanguy de Penquelen et la femme d'Hervé Bervas de Quinquis-Marc, paroisse de Landerneau, et deux autres dont il ne sait pas le nom, se sont présentées en sa demeure et ont dit à ladite Colin qu'ils voulaient que son mari et son beau-père eussent marché avec eux jusques en la paroisse de Plabennec, faute de quoi ils eussent su comment se pourvoir à leur retour. Sur quoi la dite Colin leur ayant répondu que son mari, fils dudit Louis Castel, n’aurait en nul façon marché sans le consentement de son père, Simon Tanguy, en sortant de la maison, a répliqué que si un chef comme son beau-père refusait de marcher, attendu que toutes les cloches sonnaient le tocsin, toute personne pouvait le faire - et a ledit Castel signé sa déposition.

Ce jour, le 20 mars 1793, à neuf heures du matin a été conduit par la garde devant les administrateurs du directoire du district de Landernenu, le nommé Nicolas Cuciat, du lieu du Linguer de la ci-devant paroisse de Beuzit, lequel âgé de 46 ans déclare avoir entendu dire que quelques personnes qu'il ne connaît point et par la veuve Daullou demeurant à Penbouillen et qui vit de charité, qui vint demander l’aumône chez lui hier matin, que tout le monde se rendait à Plabennec des villages voisins, qu'il ne quitta pas sa maison pour y aller voir ce qui s'y passait et qu'il resta à son travail toute la journée ; qu'il n'a vu personne revenir de Plabennec, qu'il a été arrêté chez lui, qu'il n'a point de domestiques, qu'il a deux enfants, l'un de 18 ans, l'autre de 15 ans, qu'ils ne sont point allés à Plabennec et ont toute la journée travaillé chez lui, qu'il n'est pas ennemi de la Révolution et que, pour cette raison, il est détesté des autres habitants de Beusit, parce qu'il se charge ordinairement des perceptions des contributions et autres opérations que lui délègue le district ».

Son fils Nicolas Cuciat dépose « que depuis plusieurs jours il avait entendu dire que la paroisse de Plabennec devait se révolter et qu'elle demandait du secours de toutes les autres paroisses ; que dans la matinée du jour d'hier (le 19), il entendit dire par ses voisins que toutes les paroisses couraient à Plabennec, mais qu'il n'y fut point ».

François Mignon, domestique du ci-devant recteur de Beuzit, âgé de 70 ans « déclare qu'à trois heures du matin il est venu quelqu'un frapper à la porte du ci-devant presbytère, qu'il ne connaît pas ce particulier ; qu'on appela Nicolas Castel, fils de Jean, qui couche avec lui ; que le dit Nicolas se leva et sortit sans qu'il l’ait vu dans le courant de la journée, ni même cette nuit ; que depuis plusieurs jours il avait entendu dire qu'il devait y avoir une révolte à Plabennec ; que tous les dimanches matin environ les huit heures, ses voisins se rassemblent chez lui pour dire leurs prières, qu'ils sont au nombre de six à huit, mais qu'il n'y est jamais question de propos contrerévolutionnaires ».

Dès le 20 mars plusieurs individus furent arrêtés comme prévenus de s'être rendus à l'attroupement de Plabennec ; voici les dépositions de quelques-uns d'entre eux reçues par Charles le Bourg, officier municipal de Landerneau (L, 143).

« François Camus, âgé de 40 ans, originaire de La Martyre, domestique d'Yves Cloarec à Goré-Beuzit, paroisse de Landerneau dit qu'il partit de chez son maître hier (19), à 6 heures du matin pour aller à Plabennec, son maître l’ayant menacé de le chasser s'il n'y allait pas, qu'on lui dit que c'était pour aller à la guerre, il n'était armé que d'un mauvais pistolet.

Il partit avec Jean Cloarec, fils de son maître, François Le Hir, maître valet, et Jean-Marie Kerdélan laboureur audit Goré-Beuzit, Yves Kerdélan, frère de Jean-Marie, Germain Madec, domestique chez Ollivier Pelligaut, et Jean Roguer tailleur, ils n'allèrent qu'à moitié chemin au bourg de Kersaint. Ses compagnons étaient armés de deux fusils et de quatre pieds de fouet et un peu de munition, c'est-à-dire que leurs fusils étaient chargés et qu'il ne croit pas qu'ils eussent ni poudre ni balles séparément ». Ils revinrent du reste à Goré-Beuzit sans avoir su ce qui s'était passé à Plabennec.

Alain Romye ou Rome, 54 ans, sachant qu'il y avait du trouble à Plabennec, partit le 19 à midi armé d'un bâton. A demi quart de lieue il rencontra François Créachcadic et Donnou de Beuzit, Créachcadic armé d'une fourche et Donnou d'un fusil qu'il avait essayé de faire partir, chemin faisant, sans pouvoir réussir à le décharger.

Il s'est rendu à Plabennec parce qu'on avait dit qu'on ferait un mauvais parti à ceux qui ne s'y rendraient pas et que leur objet était de s'opposer au tirage au sort.

Il n'alla pas jusqu'à Plabennec, mais a entendu hier tirer des coups de fusil sans qu'il ait vu aucune troupe, mais il a vu plus de six cents paysans les uns ayant des fusils, les autres des fourches et autres armes ; il rétrograda ainsi que d'autres de Beuzit et ils avaient déjà fait un quart de lieue lorsqu'ils furent rencontrés par beaucoup de gens de Guipavas qui les forcèrent de retourner ; que rendus près le bourg de Plabennec, les habitants de Guipavas qui avaient des fusils, prirent la tête et lui resta à la queue et qu'alors il se retira et se rendit chez lui entre huit et neuf heures du soir ».

Ives-Marie Le Boulch, 25 ans, laboureur au bourg de Beuzit, déclare que hier (19 mars) « il ouït le tocsin sonner au bourg de la forêt et avoir ouï dire qu'on l’avait acessé sonner à Saint-Divy, que c'était pour appeler le peuple pour se rendre à Plabennec qu'il ne pouvait en douter parce que quelques jours auparavant les habitants de Plabennec et de Guipavas avaient fait dire aux gens de Beuzit qu'il fallait s'y rendre ou qu'on leur casserait la tête ».

L'avertissement se faisait d'ordinaire de nuit par des gens qui frappaient sur les portes en disant que celui qui manquerait de se rendre à l'appel serait connu et « qu'on mettrait le feu sur lui ».

On peut facilement se convaincre par ces dispositions que, si l'attroupement des paysans à Plabennec était considérable, il était du moins fort mal pourvu d'armes et de munitions ; il fit cependant battre en retraite les deux cents hommes envoyés de Brest pour le disperser. Voici comment les administrateurs du directoire du district de Brest en rendaient compte aux administrateurs du département (L. 18).

Brest à minuit le 20 mars 1793.
(C’est à dire dans la nuit du dix-neuf au vingt).

« Citoyens administrateurs, à peine hier terminions-nous notre lettre, que les nouvelles les plus affligeantes venaient navrer nos coeurs de douleur et rallumer le feu de notre courage. Le sang de nos frères a coulé et les scélérats s'applaudissent peut-être à l'instant même de leurs forfaits. Nous ferons cependant que force reste à la loi et que les rebelles soient livrés au glaive exécuteur.

Il est difficile que nousvous retracions, dans la fidélité de la tradition, les événements qui se sont passés à Plabennec.

Sur les dix heures du soir, un citoyen qui était parti de Brest à cheval pour rejoindre le détachement mis à la disposition du citoyen Belval, est venu nous aviser qu'à un quart de lieue au de là de Gouesnou, sans avoir encore atteint ce détachement, il avait rencontré un homme de la campagne qui l'avait instruit d'une fusillade entre ce détachement et des paysans embusquiés et de la mort de quelques hommes. Déjà nos sentiments étaient retenus dans la crainte d'apprendre la perte de quelqu'un de nos frères.

Nous n'avons pas tardé à recevoir la lettre du citoyen Picard, l'un de nos commissaires, qui nous annonçait l'attaque du détachement de Plabennec par plus de quatre mille hommes et un grand nombre de blessés, entre autres le citoyen Perrot, son collègue, et enfin nous demandait un renfort de mille deux cents hommes.

Nous étions au milieu de toutes les autorités constituées, qui à Brest n'en font qu'une seule ; l'indignation était générale et à l'instant nous prenons l'arrêté d'envoyer à Plabennec les mille deux cents hommes demandés et le général Canclaux est destiné à les conduire contre les rebelles.

Plusieurs lettres se succèdent alors coup sur coup. Les citoyens Julou et le Guével, nos commissaires à Lannilis, nous marquent par une lettre écrite à onze heures du matin que sur les neuf heures et demie les révoltés, s'étant montrés à l'entrée du bourg par différents chemins, avaient été vigoureusement repoussés par le détachement et qu'ils s'étaient déterminés à demander du renfort à Lesneven. Par une lettre écrite à une heure après midi, ils annoncent que le détachement a été assailli par les rebelles réunis au nombre de deux ou trois mille et qu'après deux injonctions de se retirer, à leurs faites par les officiers municipaux, une décharge de mousqueterie les a repoussés ; qu'à la suite de cette décharge ils ont demandé à entrer en explication, où on a convaincu les parlementaires par la réprésentation du tableau de répartition, qu'on ne les demandait pas pour aller aux frontières, ce qui a paru les apaiser et déterminer leur dispersion.

Les commissaires font les plus grands éloges de la bravoure du commandant et du détachement et préviennent que les attroupés étaient de Plouguerneau, Tremenach, Plouvien et Bourgblanc.

Une autre lettre du directoire du district de Lesneven nous annonce le départ de cent cinquante hommes pour aller secourir le détachement de Lannilis.

Le général est informé de son côté par une lettre du commandant d'un détachement, qui, à la nouvelle de l'insurrection de Guipavas, s'y était porté contre les rebelles, dont il a capturé huit.

Toutes ces nouvelles ne font que nous confirmer de plus en plus dans la résolution de nos mesures et dans la nécessité de balayer toute la campagne dans les lieux désignés. En conséquence nous persistons à ce que la générale batte à trois heures pour prendre dans le rassemblement des citoyens les mil deux cents hommes qu'il est important de faire marcher.

A dix heures et quart, quelle est notre joie et notre étonnement de voir arriver au milieu de nous les citoyens Perrot, Picart et Belval ! Les insurgés auraient-ils été victorieux ? Non, citoyens administrateurs, la prudence seule a dicté une retraite de précaution sur le bourg de Gouesnou. Au milieu d'une nuit obscure il eut été trop dangereux de rester à la merci des embuscades.

Ces commissaires ne nous ont fait qu'un récit succinct et verbal des événements. Il en résulte que les rebelles s'étaient retranchés derrière les fossés et qu'ils se sont ainsi avancés de fossé en fossé pour attaquer et fusiller le détachement qui était dans le bourg de Plabennec. Il n'y a eu qu'un cri général pour courir aux armes. On se met en bataille, les commissaires eux-mêmes sont à la tête et le citoyen Perrot reçoit une très forte contusion au-dessus de l’oeil droit. Les échanges de mousqueterie redoublent, mais elles sont sans effet par le retranchement que forment les fossés et la caronade ne devient pas moins inutile. Il faut fondre sur ces malheureux qui se replient sur le fossé le plus voisin.

Cependant on leur fait plusieurs prisonniers dont les commissaires ont bien soin de s'assurer en même temps que de plusieurs membres de la Municipalité, et ainsi ils se déterminent à la retraite ; mais, sur la route, ils essuyent une seconde attaque, dont les coups de feu se font entendre au détachement arrivant à la disposition du citoyen Bélval qui se porte à pas redoublé à la tête de quarante hommes. La fusillade est terminée quand il se trouve à portée pour reconnaître le détachement de Plabennec continuant paisiblement sa retraite.

Ils se replient de concert sur Goueznou, où ils laissent trois cent cinquante hommes, tandis qu'ils viennent à Brest escorter les prisonniers avec le superflu.

Ces capturés viennent d'être enfermés au château. Du nombre des détenus arrivés dans le jour, est, suivant la relation du citoyen Belval, un domestique de l'émigré Cadeville, que ce citoyen commissaire a arrêté portant un sac de six cents et quelques livres en numéraire et trente assignats de cent sous, tout dégoûtant de sueur et armé d'un pistolet qu'il avait en poche. Une arrestation importante pourrait bien nous découvrir le bout du fil moteur.

Le citoyen Belval dont le zèle infatigable et les talents distingués sont trop connus pour être loués, ne nous a détaillé que des mesures sages, fermes et vigoureuses par lui prises pour la marche de ses détachements, pour les patrouilles qu'il a faites lui-même en allant, pour le maintien d'une discipline républicaine, et pour le retranchement des hommes qui sont restés à Goueznou.

Nous ne pouvons qu'en dire autant des citoyens Perrot et Picard, dont l'intrépidité a dû servir d'exemple aux militaires. La représentation de leurs procès-verbaux nous rendra les faits avec plus de clarté que ces récits accélérés par l'état de ces citoyens et la blessure du citoyen Perrot qui saignait encore.

Nous attendons maintenant l'heure de la générale, l'heure où nos frères vont se mettre en marche pour aller dissiper le moindre essaim des factieux. Le citoyen Belval va retourner avec eux venger la mort des quatre hommes du détachement de Plabennec et porter secours aux blessés, il ne faut pas douter qu'il n'y en ait un grand nombre parmi les insurgés, mais il est probable que nous ignorerons le résultat.

Ces cruelles positions nous font sentir le besoin que nous aurions maintenant des hommes sortis de nos murs pour voler au secours de nos frères du Morbihan. Si le calme se rétablit au milieu d'eux, si leurs besoins sont moins pressants, nous espérons que vous ne tarderez pas à les faire rétrograder ».

Les administrateurs du directoire du district de Brest en permanence : MÉVEL, LALIGNE, LE HIR, fils, BERTHOMME, LE BRETON, président.

Cette fois la force armée fut confiée au général Canclaux qui dès le lendemain 21 mars rendait ainsi compte de sa mission au district de Brest (L. 168).

Landerneau, 21 mars 1793.
« Citoyens administrateurs, vous êtes instruits de tout ce qui s'est passé dans ces environs depuis quelques jours ; vous savez ma marche avec une force considérable ; (1200 hommes) il ne la fallait peut-être pas moins, pour venir la nuit dernière vers le poste de Plabennec qui avait été insulté la veille et qu'on avait été forcé d'abandonner en se repliant sur Goueznou. C'est alors que j'ai marché et qu'après m’être avancé hier à une lieue en avant de Plabennec, j'ai fait tirer quelques coups de canon sur des attroupements qu'ils ont dissipés, malheureusement pas assez tôt pour que les rebelles n'aient tué deux malheureux dragons de Brest qui revenaient de Lannilis. La nuit a été tranquille.

Ce matin je me suis transporté ici (Landerneau) avec 500 hommes ; la position est centrale pour votre ville, Saint-Pol et Lannilis.

Les nouvelles que je recevrai demain décideront de mes opérations ultérieures dont j'aurai soin de vous informer, devant, citoyens administrateurs, avoir part à ma sollicitude, comme vous l'avez à mon entier dévouement » Le général CANCLAUX.

La position du général était en effet excellente à Landerneau et allait lui permettre d'arriver à temps à Saint-Pol, où l'indiscipline du régiment de Calvados laissait la ville dans le plus grand danger d'être envahie par les paroisses soulevées.

Dans le bas Léon l'apparition du général avait déjà imposé le respect et il ne nous reste plus qu'à relever quelques détails de l'émeute dans un premier, interrogatoire des prisonniers fait le 21 mars par les autorités constituée de Landerneau (L. 143).

Le premier interrogé, un instituteur ambulant, était soupçonné d'avoir, sous prétexte d'exercer ses fonctions, répandu l'alarme dans plusieurs villages de Dirinon. Ses explications nous font connaître un mode d'instruction, alors assez en vogue dans nos campagnes, et qui même encore remplacerait avantageusement et plus économiquement les écoles de hameaux.

« A été amené Claude Cloarec, dit Pasloric, maître d'école du bourg de Dirinon, il a déclaré faire des écoles ambulantes, allant de maison en maison, qu'il a 42 écoliers de huit à quinze ans, il leur apprend à lire et le catéchisme, que plusieurs de ses écoliers vont en outre au catéchisme du vicaire constitutionnel, qu'il connaît Paul grenadier de la marine qui travaillait comme maçon, il y a trois ans passés à Losquivit et que lui alors était manoeuvre, qu'il a vu ce grenadier les jours gras derniers à la danse dans l’aire du vicaire, que Paul lui demanda ce qu'il était à présent ; il répondit qu'il pensait comme auparavant, que quand les écoliers lui demandaient s'ils pouvaient aller à la messe, il leur répondait qu'ils y allassent s'ils le voulaient, a déclare enfin qu'il cesserait ses écoles et tâcherait de gagner sa vie d'une autre manière ».

Le 21 mars une patrouille amène au Comité de Sûreté dix particuliers à neuf heures du soir.

« Michel Kerbaol, domestique chez Tanguy le Roux de Kérolland en Plouedern, qui a déclaré qu'hier environ deux cents personnes de Plounéventer tous armés de fusils ou de faucilles, en passant par Kérolland l'avaient forcé à se mettre en route avec eux pour aller à Plabennec, mais qu'il n'était allé que jusqu'au moulin du Luchan, ayant trouvé moyen de s'échapper, parce qu'on marchait sans chef et sans surveillans, qu'il s'était armé d'un fusil parce qu'on le lui avait commandé ».

« Nicolas Keruzoré, domestique de Pierre Kermarec de Veleinen en Ploudaniel, dit qu'hier à onze heures du matin il vit plus de trois cent cinquante personnes dans le chemin dont cinquante sautèrent dlans le champ et l'obligèrent à quitter son ouvrage et à s'armer de la pelle avec laquelle il tirait des panés, qu'il ne les accompagna que jusqu'au moulin du Luchan ».

« Gabriel Gestin, du Rest en Ploudaniel, dit que plus de trois cents personnes passèrent devant sa maison ; elles étaient, dit-on, de Plounéventer, Saint-Servais, Plougar, que plusieurs entrèrent chez lui et le forcèrent à les suivre et à s'armer de sa faucille sous peine d'être tué. Qu'il est patriote car il a tiré aujourd'hui pour le service du roi (sic). A lui demandé s'il servirait la république, a répondu qu'il était content de servir le maître quel qu'il soit, qu'il n'a été que jusqu'au Luchan, il a entendu des coups de canon et est rentré chez lui à cinq heures et demie du soir ».

Le comité se consulte ensuite s'il y a lieu de faire abattre les clochers des communes où le tocsin a sonné — on ajourne la question, mais l'on constate que Plouedern n'a pas sonné. « Jacques le Guen de Kéranbloch a voulu forcer la municipalité à sonner ; une multitude de personnes avait forcé les municipaux à partir pour Plabennec en les prenant au corps et en menaçant de les incendier ; du nombre était Pierre Bourellec, aubergiste du bourg, qui prit le maire par le bras pour le faire marcher à Plabennec. La fille de Lesvern, appelée Marie du Bourg, avait pris la corde de la cloche pour sonner le tocsin, elle en fut empêchée par la municipalité ».

« Le citoyen Bodros, entrepreneur, est venu hier et avant-hier déclarer que les ouvriers employés à la réparation de la route de Lesneven et travaillant entre Ploudaniel et le moulin Neuf, furent menacés par les cultivateurs armés de fusils, de fourches et de bâtons aboutés de faucilles, dont le nombre grossissait et qui voulaient les forcer à marcher avec eux, ils disaient entre autres choses en breton : " il faut raser et couper le cou à ces petites culottes ", désignant par ces expression les habitans des villes ».

Le 22 mars (L. 143) interrogé par le directoire de Landerneau, « Yves Jézequel âgé de 43 ans, demeurant à Kerandraon en Guipavas auprès de Beaurepos, déclarait que lundi (18) il chargeait du goësmon chez le Billan son voisin demeurant au lieu du Cloatre, qu'il entendit environ 10 heures du matin le tocsin sonner à Guipavas, Saint-Divy et la Forest, qu'il fut en même temps instruit par les enfants que tous ses voisins étaient partis pour Lannilis, vu que les Anglais étaient descendus depuis trois ou quatre jours suivant la commune renommée et sans qu'il sache qui a répandu le bruit. On disait dans son canton qu'il y aurait une guerre dans ces parages, que les jeunes gens étaient ceux qui confirmaient cette nouvelle avec plus de force ; que vers les deux heures, épouvanté par la crainte de voir incendier ses propriétés au retour de ses voisins s'il ne les suivait à Lannilis, il se détermina à y aller accompagné de Billan son fils, Nicolas Lohan et Jacques Guivarch, armés ainsi que lui de bâtons, qu'ils prirent leur route par Kerandré, qu'ils surent d'un garçon meunier du moulin de Kerarfur que le rassemblement se tenait dans la lande des Trois Pierres ou de tri min en Plabennec qu'ils s'y rendirent et n'y trouvèrent personne, ils furent jusques à un quart de lieu de la chapelle de Lannoster éloignée de Plabennec d'environ une demi-lieue, là ayant rencontré Jean Lamandour de Kergompres de Guipavas, François le Gouorener et son frère de Kereller en Guipavas et Yves Doursal maréchal du du bourg, ceux-ci leur apprirent qu’il n'y avait à Plabennec que de la Foutaise et une espèce de guerre civile occasionnée par les bourgeois de Brest en garnison, parce que les jeunes gens ne voulaient pas tirer au sort, qu'alors ils s'en retournèrent mais entendirent tirer plusieurs coups do Canon et de fusil pendant qu'ils se rendaient chez eux ».

« Philippe le Billant âgé de 44 ans, demeurant au Cloatre en Guipavas, déclare que mardi sur les six heures du matin il se rendit chez Salauri, son parent, demeurant à Penfrat, qu'il ne le trouva pas mais que sa femme lui dit que tous les hommes de la paroisse s'étaient rendus depuis le matin du dit jour à la montagne des Trois Pierres où il devait y avoir une assemblée de paysans, sans lui en dire le motif ; qu'il partit aussitôt vers midi, armé seulement d'un bâton, qu'étant arrivé il trouva de trois à quatre cents paysans rassemblés tant de Guipavas, Kersaint, Gouesnou et autres, tous armés de fusils, fourches et autres instruments aratoires, qu'il n'y reconnut que Piton fils, boucher de Guipavas qui y faisait beaucoup de bruit et lui parut ivre ; que sur les trois heures toute la troupe se mit en marche pour le bourg de Plabennec, que lui déclarant, se retira quand la fusillade commença, que Jean Saliou, boulanger du bourg de Guipavas, était à la dite montagne où il vendait du pain aux paysans attroupés ».

Les prisonniers furent conduits à Brest le 22 mars, partie par terre, partie par mer sur un bateau frété à cet effet. Les Archives départementales possèdent (L. 18), une liste de 146 prisonniers internés à Brest à l'occasion du soulèvement de Plabennec et du bas Léon, tous sont des cultivateurs à l'exception de quatre membres de la famille Barbier de Landerneau et Ploudalmézeau, de Jacques-Marie Le Borgne, et Jean-Guillaume Moucheron de Landerneau. Deux seuls sont étrangers au pays, Jacques-François Lantivy et Laurent Renaud, tous deux de Languidic près d'Hennebont.

La lettre suivante adressée au département par le directoire du district de Brest nous montre l'embarras de l'administration qui se demande comment on pourra observer les formes légales pour le jugement d'un si grand nombre de coupables.

Brest, le 26 mars 1793 (L. 19).

« Sans la mesure vigoureuse que nous avons prise pour l'envoi de 1200 hommes à Plabennec, nous devions craindre les plus grands malheurs, L'audace des révoltés n'avait fait que s'accroître par les petites mesures ; il a fallu que la force restât à la loi et ce n'est qu'ainsi que les contingents se fournissent. Les détachements ont le soin d'exiger le départ des soldats de la patrie sur-le-champ et nous les font conduire.

Le détachement de Ploudalmézeau vient de remonter à Saint-Renan où 150 hommes seulement restent provisoirement, pour surveiller la tranquillité dans ces parages. Les commissaires Le Sevellec et Bernard ont opéré avec succès et activité.

Barbier, ex-maire de Ploudalmézeau, qui comme tant d'autres scélérats usurpait le masque de la loi pour la sapper plus sûrement, vient de nous arriver dans les prisons en vertu d'un mandat d'arrêt lancé contre lui par le juge de paix, sur la poursuite des commissaires. Une correspondance de sa main, avouée par lui, trouvée chez le frère de l’ex-vicaire de Landunvez, offre une prévention bien grave contre lui. Le chevalier de la Croc au Sel écrit à son correspondant : " Tenez-vous coi et tranquille. Quand j'arborerai la cocarde sans tache, quand je donnerai le signal et que je crierai : Alerte ! Alerte ! nous serons maîtres des patriotes etc… ". Jugez de la force d'une telle prévention. Notre embarras ne réside que dans la compétence du tribunal qui jugera ces prévenus ; nos prisons en regorgent et chaque jour il nous en arrive au point que nous ignorons quand en sera le terme.

Depuis ces moments de crise nous n'arrêtons presqu'aucune mesure importante sans l'assentiment et la conférence des autorités constituées. Dans leur assemblée qui se tient au directoire, on a beaucoup agité l'article de cette compétence. Un premier décret du 19 mars prononça que tous les prévenus seraient jugés par le tribunal révolutionnaire, mais cette mesure est impraticable dans le cas de cette affaire immense : difficulté de translation des témoins et des accusés, difficulté d’acquérir des preuves à une distance aussi éloignée, paraissent produire des obstacles insurmontables. Les autorités constituées, frappées du danger de cette exécution, ne trouvèrent d'autre remède que dans la mission de deux députés extraordinaires à Paris pour soumettre les détails de cette affaire à la convention, et les inconvénients majeurs de faire prononcer à Paris sur le sort de tant d'accusés et demander qu'un tribunal sur les lieux soit autorisé à juger souverainement. D'autres objets non moins importants déterminèrent cette résolution ; ces circonstances n'ont pas peu contribué à nous désiller les yeux sur les besoins de notre place.

Pour faire sortir tant de citoyens armés il nous a bien fallu recourir à la marine pour avoir des vivres et la circonstance nous a fourni l'occasion de nous faire connaître l'état de situation de l'ordonnateur. Croyez-vous que nous ayons pu voir sans étonnement que Brest n'ait pas une perspective d'approvisionnement de deux mois ? L'ordonnateur n'a cessé d'en réclamer et auprès du ministre et auprès des commissaires de la Convention pendant leur séjour dans nos murs. Il n'a pour garant que des promesses dont l’effectuation ne peut dissiper toutes les craintes, quand elle tient aux dangers de la guerre et à l'inconstance d'un élément perfide. Il est certain qu'il ne suffit pas d'avoir des vivres pour l’arsenal, il faut encore que les habitants en cas d'attaque ou de désertion des marchés, comme maintenant, ne soient pas exposés à la disette.

D'ailleurs une place aussi importante exige en temps de guerre une garnison importante, et d'après ces considérations qu'on a représentées diverses fois par lettres mais en vain, les autorités constituées ne peuvent plus attendre le succès de cette mesure décidée.

Le départ des députés extraordinaires, qui sont les citoyens Bergevin et Gesnouin, n'a été retardé que par la connaissance d'un nouveau décret du 19 mars. Une commission militaire prononçant souverainement sur le sort de tant d'hommes sans autre formalité que l'audition de deux témoins uniformes, a effrayé beaucoup de membres, si elle se réalisait contre les prévenus que sont dans les prisons. Le nombre des hommes qui ont suscité ou pris part à la révolte n'est malheureusement que trop grand ; si le glaive frappait tous les complices, il en résulterait une dévastation sanguinaire de nos campagnes qui ont besoin d'agriculture ; aussi plus une loi est sévère, plus il faut dans son application consulter les droits de l’homme dont un article veut qu'aucun citoyen ne soit jugé que d'après une loi promulguée antérieurement au délit ; d'ailleurs les formalités exigées par ce décret n'ont pu être observées à l'égard des prévenus et si la rigueur des mesures ne s'adopte qu'après ce préalable, il ne faut pas l'invoquer. Il n'y a donc pas lieu d'appliquer le décret du 19 mars, et ainsi l'ont pensé les membres de la conférence. Restent donc aussi dans toute leur force, les inconvénients que fait naître le décret du 19 attribuant cette connaissance au tribunal révolutionnaire, reste donc également l’urgence de réclamer la décision de la Convention.

Ces motifs pressent les autorités de ne pas perdre un instant pour l’envoi de ces commissaires extraordinaires. Ils partent demain et tout ce que nous eussions désiré, c'eût été de pouvoir vous consulter auparavant, mais quand toutes les autorités d'une ville jugent que sa sûreté en dépend, nous pensons qu'il est difficile que vous puissiez avoir un avis contraire et nous nous persuadons d'avance que, dans une circonstance aussi pénible, vous serez loin de désapprouver la mesure adoptée, car vous ne doutez pas avec quelle force on réclame ici la punition des coupables. Le bien public exige même qu'ils reçoivent la peine due à leurs crimes ; le sang de nos concitoyens a été inhumainement répandu, il faut nu moins qu'il soit véngé par l'effusion de celui des chefs et des auteurs de ces malheurs. Il faut que la société n'ait plus à s'alarmer de leur funeste influence : nous disons plus, nous disons qu'il y aurait peut-être des dangers si cette expiation n'avait pas lieudans nos murs, il faut donc qu'on aille la demander à la Convention. Quoi qu'il en soit, vos observations nous seront précieuses dans ces conjonctures pénibles, ne les retardez pas, nous vous en supplions.

Nous répondons que la compétence pour la première instruction appartient aux municipalités en vertu de la loi du onze août, mais que nous craignons aussi ses effets.

Le courrier nous presse, les affaires se multiplient à chaque instant pour nous ; dans ce moment nous sommes occupés de plusieurs dénonciations contre un fonctionnaire militaire, des citoyens portent des plaintes de suspicion contre le directeur de l'artillerie ».

Les administrateurs composant le directoire du district de Brest : MEVEL, LALIGNE, BERTHOMME, DUBOYE, secrétaire.

(abbé Peyron).

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