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LES DEMOISELLES DU PERENNO DE PENVERN

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Le château de Penvern est situé à l'ouest de la paroisse de Persquen, à une lieue et demie environ au sud de Guémené, non loin de la route qui conduit vers Inguiniel par Notre-Dame de Penity et le vieux bourg de Saint-Vincent-Miliziac.

Dominé de tous côtés par des mamelons granitiques couverts de bois, de maigres cultures et de landes, il s'élève à mi-côte au dessus d'un vallon humide et frais qui rejoint bientôt la vallée toute proche où coule doucement le Scorff ; au couchant, par delà la gracieuse rivière que franchit le pont du Goscro, s'étendent en la paroisse de Lignol, les hauteurs boisées de Kerouallan.

Penvern est presque en ruine aujourd'hui : la vie l'a déserté avec ses maîtres d'autrefois. Derrière la façade, toujours imposante dans sa nudité triste, le temps a fait son œuvre. Dans les grandes et hautes salles du rez-de-chaussée, plus encore dans les appartements des deux étages, on ne voit guère que boiseries vermoulues, planchers disjoints, escaliers branlants, tentures défraîchies et tombant en lambeaux, quelques rares meubles de rebut : lamentables débris de tout un passé de splendeur.

Tout alentour, les brèches des murs de clôtures et des avenues, les jardins transformés en champs de céréales au de légumes, la chapelle que sépare du corps de logis une vaste cour envahie par l'herbe, tout accuse le délabrement et l'abandon.

En 1801, au moment où se passent les événements que nous avons le dessein de raconter, il en était tout autrement. Si la tourmente révolutionnaire avait dispersé, puis décimé la famille des maîtres, par un concours assez rare de circonstances, elle avait respecté la noble demeure. Le château ne datait que de trente ans. Voici en effet la note consignée par Louis Le Nestour, vicaire de Persquen, dans le registre des baptêmes de la paroisse pour l'année 1771 : « Le 21 février a été rebâti le château de Penvern, tel qu'on le voit aujourd'hui, par le comte François du Pérenno de Penvern, âgé d'environ soixante-quinze ans [Note : Baptisé le 20 octobre 1695 (Arch. de Persquen)] et Monsieur son fils aîné Paul-Romain-Guy du Pérenno, âgé d'environ quarante-cinq ans [Note : Baptisé à Persquen le 8 octobre 1726. Sa mère était Thérèse-Fortunée du Bahuno (Arch. de Persquen)] et noble dame Marie-Bonne-Renée de la Chapelle, sa compagne, âgée d'environ trente-six ans [Note : Paul-Romain-Guy du Pérenno avait épousé Marie-Bonne-Renée de la Chapelle le 4 mai 1761. Il était alors lieutenant des vaisseaux du Roi. (Arch. comm. de Vannes, Etat-civil, par. de Saint-Pierre)]. Il y avait dans le même endroit un autre château de temps immémorial et d'une construction très ancienne ; on en voit encore les vestiges derrière le château ». Messire Le Nestour termine en disant : « Ces messieurs sont reconnus depuis très longtemps pour fondateurs et supérieurs en chef de la paroisse de Penvern ».

En effet, qu'il s'agisse de la restauration de l'église paroissiale, de la chapelle de Penity, de celle de Saint-Vincent, de l'achat de cloches, pour Persquen ou même pour Guémené, partout on retrouve la main généreuse des Pérenno (Arch. de Persquen et de Guémené) et partout aussi leur écusson d'azur à trois poires d'argent fouillées d'or, les pieds en haut, accompagnées d'une fleur de lis de même en abyme [Note : « Alias, fasce ondée (sceau de 1379) ». — « Du Pérenno, en français du Poirier (plus exactement des Poiriers), sr du dit lieu, par. de Bodivit, — de Penvern et de Suillado, par. de Persquen, — de Kermadio, — de Kerduel et de Kerbletérien, par. de Lignol, — de Saint-Germain, — de Coëtcodu, par. de Langoëlan. — de Bodineau. » (POL POTIER DE COURCY, Nobiliaire et Armorial de Bretagne, t. II)], avec supports et couronne de comte.

C'était une famille d'ancienne extraction : à la réformation de 1669, elle comptait dix générations de chevalerie. Elle avait fourni un page du roi au XVIIIème siècle, un chevalier de l'ordre au XVIIème siècle [Note : POL POTIER DE COURCY, Op. cit. — François du Pérenno, inhumé à Persquen le 1er février 1692, était capitaine de la seconde compagnie de gentils-hommes de l'évêché de Vannes (Arch. de Persquen)], et si l'on remonte plus haut on rencontre plus d'un Pérenno, combattant en Bretagne, dans le parti français, à la solde du roi de France, dans la compagnie de Jean de Kergorlay (1356) ou dans celle d'Olivier de Clisson (1375-1380), pendant la guerre de Succession ou celles que déchaînèrent plus tard l'incorrigible anglomanie du duc Jean IV ou les injustes prétentions du roi Charles V (DOM MORICE, Preuves t. I et II). A la même époque l'un d'eux, Guillaume, accompagna Sylvestre Budes dans ses guerres d'au-delà les monts et il est l'auteur d'un roman en vers, composé en 1379, sur les gestes des Bretons en Italie (POL. POTIER DE COURCY, Op. Cit.).

De cette illustre race, apparentée à la plupart des grands noms de Bretagne, il ne restait plus en 1801 que deux filles, Bonne-Françoise-Marguerite et Thérése-Joseph, plus connue sous le nom de Rose dans le cercle de la famille et des amis.

Elle possédaient à Vannes, en la paroisse Saint-Salomon, près du Marché-au-Seigle, un hôtel d'apparence modeste si on le compare au monumental hôtel de Limur auquel il était continu : c'est aujourd'hui le n° 29 de la rue Thiers. Bonne et Rose y étaient nées toutes les deux, l'une le 28 juillet 1763, l'autre, le 14 juin 1767 (Arch. comm. de Vannes, Etat civil). En 1801, Bonne avait trente-sept ans et Rose trente-quatre.

Surprises en pleine jeunesse par la Révolution, Bonne et Rose du Pérenno avaient traversé dix années de mortelles angoisses.

Elles avaient vu mourir leur mère à Penvern le 23 mars 1793 (Arch. comm. de Persquen, Etat civil).

Leur frère unique, Jean-François, qui semblait destiné à perpétuer le nom, avait disparu dans la tourmente de la façon la plus tragique. En 1790, il avait vingt ans [Note : Il était né à Vannes le 15 décembre 1769 (Arch. comm. de Vannes, Etat civil)] et était officier de marine ; comme la plupart de ses pareils, il émigra (Arch. dép., L. 861, extrait des délibérations du district du Faouët).

Rentré en Bretagne au printemps de l'année 1795 [Note : Arch. dép., L. 282 lettre des administrateurs du district du Faouët au représentant du peuple Brüe], il alla au mois de juin rejoindre l'armée royaliste débarquée à Quiberon. Il fut fait prisonnier avec Sombreuil le 21 juillet. Conduit d'abord à Auray, il fut bientôt transféré à Vannes, sa ville natale, conformément à la requête des administrateurs départementaux qui avait demandé que, pour l'exemple, on exécutât à Vannes « les ci-devant nobles qui habitaient cette commune avant leur émigration ». Il fut jugé dans la nuit du 30 juillet, et, le lendemain matin, conduit à la pointe des Emigrés avec soixante-seize autres condamnés pour être passé par les armes. Il subit avec ses compagnons le feu de la troupe chargée de l'exécution et il tomba avec eux, mais sans avoir été atteint. Malheureusement pour lui, dans sa précipitation à fuir, il se releva sans attendre le départ du détachement et voulut gagner la rive opposée ; mais la mer était basse et le malheureux s'engagea jusqu'aux genoux dans les vases qui paralysèrent ses mouvements. Le tambour de la troupe l'aperçut et, saisissant un fusil, il le traversa d'une balle qui l'étendit mort (M. DE CLOSMADEUC, Bulletin de la Société polymathique, 1837).

Leur père, Paul-Romain-Guy, ancien capitaine de vaisseau et chevalier de Saint-Louis, comme leur grand'père, s'était efforcé pendant ce temps de vivre en paix avec les administrations successive, se prêtant avec une apparente bonne grâce aux réquisitions de toute nature, de literie, fourrage, transport, etc., à l'apposition des scellés à Penvern, à la mise sous séquestre et même à la vente partielle de ses biens ou des biens de sa femme, conséquence légale de l'émigration de son fils qu'on l'accusait de n'avoir pas empêchée [Note : Arch. de Guémené, aux Archives départementales. — Les biens confisqués furent vendus le 17 septembre 1798 et le 24 janvier 1799 ; sauf une tenue située au bourg de Persquen, ils furent rachetés par M. du Pérenno et par sa fille aînée (Arch. dép., Q, 28)] ; réclamant d'autre part, avec insistance, auprès du district du Faouët qui ne voulait rien entendre, auprès de celui de Pontivy, bienveillant peut-être mais impuissant, la libre disposition de ses revenus, au moins l'octroi d'une pension alimentaire [Note : Arch. dép., L. 861, extrait delibérations du district du Faouët ; ibid, 1265, Correspondance du district de Pontivy avec le département. Cf. P. NICOL, Corentin Le Floch et les prêtres jureurs de Lagnol, p. 33, note]. Malgré la correction de son attitude, on n'avait sans doute pas cessé de le soupçonner de sympathie pour les ennemis et pour les victimes de la Révolution. Il avait dû subir une surveillance étroite et constante, de fréquentes visites domiciliaires, des aggravations arbitraires de réquisilions (Arch. de Guémené, aux Archives départementales). Il avait été interné trois fois avec ses deux filles, d'abord à Pontivy lors de l'insurrection de mars 1793 [Note : Arch. comm. de Pontivy, lettre de M. du Pérenno aux administrateurs du district de Pontivy, (30 mars 1793), Arch. dép., L. 272. Lettre du même aux mêmes (14 mai 1794) : M. du Pérenno sollicite pour sa fille cadette l'autorisation de se rendre à la campagne poursuivre le régime jugé nécessaire par son médecin au rétablissement de sa santé. Le comte et ses deux filles demeurèrent pendant la durée de cette première détention chez la veuve Galzin : le 14 avril en effet Flore Kerouallan, demoiselle de compagnie dans la famille du Pérenno, déclarait à la municipalité qu'elle se fixait chez Madame Galzin, où demeurait le citoyen Penvern, tant et si longtemps que le dit Penvern y résiderait lui-même (Arch. munic. de Pontivy)], au moment même où mourait sa femme ; puis à Guémené à deux reprises, en octobre-novembre 1794 et du mois de septembre 1795 au mois de mars 1797 [Note : Les Pérenno, les Kerouallan, du Barach, en Ploërdut, furent internés à Guémené au mois de septembre 1795, par ordre du district de Pontivy, pour avoir pris part au printemps précédent à une campagne contre la pacification dont certains chefs chouans réunis à Rennes, discutaient les termes avec Hoche et Canclaux. Pour le même motif le juge de paix de Guémené, Jutart-Lannivon, qui passait pour le principal meneur, fut condamné à quatre mois de prison : on lui attribuait un factum intitulé : Mon opinion sur l'Assemblée de Rennes. [Arch. comm. de Guémené, aux Arch. dép.). Pendant ce séjour forcé à Guémené, le comte de Penvern et ses filles résidèrent chez le notaire Le Cloirec. C'est du moins ce qui ressort d'une lettre adressée le 27 octobre 1795, à Mme Le Cloirec par le citoyen Archin, ancien commissaire de la marine à Lorient, propriétaire de Coetcodu en Langoëlan. (Cette lettre a été obligeamment commmuniquée à l'auteur, par M. Le Gohébel, vicaire à Langoëlan)]. Enfin en août 1799 il avait été inscrit, ainsi que Mlles Bonne et Rose, sur l'odieuse liste des otages (Arch. dép. I . 314). Il mourut à Penvern le 5 mai 1800, à l’âge de soixante-quatorze ans (Arch. comm. de Persquen).

Cependant Bonne et Rose du Pérenno étaient loin de rester seules dans leur vaste demeure. Elles avaient pour demoiselle de compagnie une amie de toujours et une sœur par le cœur. Jacquette-Flore de Kerouallan, née dans le château voisin le 28 décembre 1759 [Note : Arch. comm. de Lignol, Etat civil. Flore de Kerouallan était fille d'écuyer missire Thomas-Francois de Kerouallan, seigneur du dit lieu et de Maria-Anne Chauvet. Voici son signalement en juin 1801 : taille 1.x85 (?), cheveux et sourcils châtains, yeux bruns, nez ordinaire, bouche moyenne, menton rond, visage plein, teint blanc. Interrog. de Flore Kerouallan], n'était guère plus âgée que l'aînée des deux sœurs, et il y avait près de trente ans qu’elle vivait d'ordinaire à Penvern (Interrogatoire de Julien Fily). Elle avait ainsi partagé la bonne et la mauvaise fortune de la famille du Pérenno ; et au moment où nous sommes arrivés, elle était d'autant plus reconnaissante de l'hospitalité dont elle jouissait, qu'elle se trouvait sans ressources et sans abri.

Tel était à peu près le cas de Louis de Normanville. C'était un jeune homme de dix-sept ans, fils d'un receveur des devoirs de Dol mort depuis longtemps. Après bien des traverses, il avait été recueilli par les demoiselles de Penvern, sur des instances de sa mère, au commencement de l'automne de l'année 1800 (Interrogatoire de Louis de Normanville).

Une cousine des demoiselles du Pérenno, Angélique-Jeanne de Derval, était arrivée à Penvern au mois de janvier suivant. Née à Plomeur [Note : La famille de Derval possédait dans la paroise de Plomeur la seigneurie de Kergos], évêché de Cornouailles, Mlle de Derval habitait ordinairement Orléans. Sa sœur, Agathe-Maric-Joseph, et son beau-frere, Louis-Augustin de Martillat, qui résidaient à Chambois, près de Clermond-Ferrand, devaient la rejoindre en Bretagne au printemps, pour visiter avec elle les nombreuses propriétés que possédait sa famille dans la région guémenoise. Tous trois auront une place dans notre récit [Note : Interrogatoires d'Angélique de Derval et de M. et Mme de Martillat. Signalement d'Angélique de Derval : taille 1.652, cheveux et sourcils blonds, yeux bleus, net long, bouche moyenne, menton un peu relevé, front ordinaire, visage ovale].

Outre les châtelaines et leurs hôtes, Penvern était peuplé d'un certain nombre de domestiques des deux sexes dirigés par Bonne Coupé, la femme de charge et par l'homme de confiance, Pierre-Julien Fily. Celui-ci était depuis trente ans au service de la famille du Pérenno [Note : Outre Julien Fily et Bonne Coupé, le personnel domestique du château comprenait Jean-Vincent Anezo, jardirier ; Joseph Nicolo, aide-jardinier ; Pierre Le Dain, dit Pierric, journalier ; Dominique Cavil ; Françoise Le Port, cuisinière ; Bonne (ou Marie-Rose) Cavil femme de chambre ; Jeanne Gibois, fille de basse-cour (Procès-verbal de transport à Penvern, du 14 juin 1801 ; mandat d'arrêt, du lendemain)].

Physiquement, nous ne sommes nullement certain de faire des deux sœurs un portrait ressemblant. Cependant en rapprochant les indications fournies par les deux signalements que nous possédons de chacune d'elles [Note : Interrogatoires subit devant les directeurs des jurys de Pontivy et de Vannes les 17 juin et 5 novembre 1801], nous pouvons constater qu'elles avaient bien des traits communs.

Petites de taille, Bonne un peu plus que Rose [Note : Le premier interrogatoire donne à Bonne 1m 558, et à Rose 1m 571 ; le second donne à la première 1m 490 et à la seconde 1m 503], elles avaient l'une et l'autre les cheveux et les sourcils châtains, les yeux bruns tirant un peu sur le gris chez la cadette, le teint pâle. Chez l’aînée le visage était rond et plein quoique maigre, le menton rond, le nez aquilin ; la cadette avait le visage ovale, le menton légèrement en pointe et le nez bien fait quoique aussi un peu long.

Au moral nous les connaissons mieux.

Les épreuves et le malheur leur avaient donné une grande expérience des hommes et des choses, une maturité précoce et un caractère fortement trempé. C'étaient vraiment, la suite le montrera, des femmes de tête et de cœur, compatissantes à toutes les misères, fidèles à toutes les nobles causes, dévouées à leurs amis ; avec cela douées d'une intelligence remarquable, d'une énergie peu commune, d'une maîtrise de soi dont peu d'hommes à leur place se fussent montrés capables.

Remarquons toutefois que les qualités viriles s'accusent surtout chez l'aînée des deux sœurs. A Penvern, elle parle et agit en maîtresse, elle revendique toutes les responsabilités. A ses côtés, Rose se contente d'une place plus modeste et d'un rôle plus effacé.

A une époque où toutes les calamités s'abattaient sur le pays avec la guerre civile, elles furent la providence visible des pauvres de Persquen, de Lignol, de toute la région environnante. Chaque dimanche elles faisaient distribuer à Penvern, par les mains du maire de Persquen, plus de quatre minots de seigle en grains ou en farine et plus de vingt livres de beurre. Cela ne les empêchait pas de faire elles-mêmes, pendant le cours de la semaine, des aumônes au moins aussi abondantes. C'étaient elles qui fournissaient à tous les malades, à près d'une lieue à la ronde, les secours nécessaires. Tantôt à pied, tantôt à cheval, par les chemins raboteux ou fangeux, elles allaient elles-mêmes porter à domicile, remèdes, bouillons, vêtements, etc., semant partout paroles aimables, consolations, encouragements, bons conseils [Note : Pétition de la municipalité de Persquen demandant la mise en liberté des demoiselles de Penvern (16 juin 1801)].

Cette charité pour le prochain s'alimentait à sa vraie source : une foi vive, une piété profonde et éclairée ; Rose s'était même consacrée à Dieu, sans toutefois quitter le monde [Note : Lettre de Louis Videlo, vicaire de Bubry à Rose du Pérenno].

Telle était aussi l'origine de leur dévouement sans bornes à l'Eglise et à ses ministres. Avec elles Penvern devint le refuge des prêtres proscrits. On y vit passer Maturin Le May, recteur de Guern, ancien recteur de Persquen, Jean-Toussaint Duparc, recteur de Melrand ; Julien Le Saux, vicaire à Inguiniel. On y vit surtout les deux frères Videlo, Benjamin et Louis. Le premier était recteur de Bubry et exerçait d'une certaine manière les fonctions de vicaire général. Le second était vicaire dans la même paroisse, et les deux sœurs, qui l'honoraient d'une particulière confiance, l'avaient choisi comme directeur de conscience [Note : Interrogatoire de Dominique Miller, dit La Bretagne ; sur Benjamin et Louis Videlo, Cf. Les Prêtres de Bubry, par P. NICOL, p 119 et ss., et passim.]. Quant au recteur de Persquen, Pierre-Julien Le Borgne, il fréquentait sans doute assidûment le château depuis son retour d'Espagne (août 1797) ; il en fit sa résidence ordinaire du jour où il obtint du général Debelle une passe qui le mettait en règle vis-à-vis du gouvernement consulaire (30 avril 1800) [Note : Interrogatoire de Pierre-Julien Le Borgne, 17 juin 1801], c'est-à-dire au moment même de la mort du comte de Pérenno. Il devait y mourir lui-même le 6 mars 1806 [Note : Arch. comm. de Persquen, Etat-civil. Pierre-Julien Le Borgne était né à Ploumarzeven, en Ploërdut, le 28 mars 1751 ; il avait eu pour parrain Pierre-Ignace de Kerouallan, seigneur du Barach. (Arch. comm. de Ploëdut, Etat civil). Il avait été pourvu par l’Evêque de la paroisse de Persquen en 1787, en remplacement de Maturin Le May, transféré à Guern (Luco, Pouillé historique de l'ancien Diocèse de Vannes). Signalement de M. Le Borgne d'après son Interrogatoire : taille, « 1m 706, cheveux et sourcils gris blancs, nez gros, bouche moyenne, menton rond, visage plein, teint blanc ». M. Le Borgne avait cinquante ans en 1801].

Moins prudente que leur père, Bonne et Rose du Pérenno ne craignirent pas de soutenir, selon leur pouvoir, la cause royaliste dont dépendait à leurs yeux, comme aux yeux de beaucoup d'autres, le salut de la religion et de la patrie.

Elles ouvrirent leur porte à certains chefs de chouans traqués par la police et par les colonnes mobiles, et mirent à leur disposition les cachettes de Penvern.

Mais cette générosité exposait les deux sœurs à de terribles représailles : un jour ou l'autre elles pouvaient avoir à répondre de l'appui qu'elles donnaient aux révoltés.

(P. Nicol).

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