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LE PARDON DE PENVENAN

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Le pardon de l'île Saint-Gueltas en la paroisse de Penvénan est une des plus intéressantes fêtes de ce genre. Cette île très sauvage ne renferme qu'une chapelle et une maison ; la tradition veut que saint Gildas — appelé Gueltas ici — ait vécu en solitaire pendant quelques années sur son sol, avant de se retirer à Rhuys. Des dolmens, une pierre branlante, d'immenses blocs de granit se dressent en cette île au milieu de quelques arbres verts. Dans un de ces rochers est une cavité formant un réservoir d'eau douce, nommé Fontaine de saint Gildas ; non loin on voit creusée dans le granit derrière la chapelle l'empreinte d'un corps humain désigné sous le nom de Lit de saint Gildas.

La chapelle est d'une grande simplicité, mais semble fort antique ; elle est construite en galets unis par une sorte de ciment rongé par les vents de la mer ; elle ressemble beaucoup à la chapelle Saint-Broladre à Jersey, qu'on regarde comme étant extrêmement ancienne.

Chapelle de Penvénan (Bretagne)

C'est au Port-Blanc que nous nous embarquons le dimanche de la Pentecôte pour assister aux premières vêpres du pardon de l'île Saint-Gueltas. En tête des embarcations se trouve celle qui conduit le clergé de Penvénan ; de nombreux bateaux suivent, occupés par les paroissiens et les gens d'alentour.

A peine débarqués les pèlerins s'acheminent vers la chapelle : ils en font d'abord le tour extérieur en priant, achètent des petits pains dans une des boutiques improvisées çà et là et entrent dans le sanctuaire. Là à genoux devant la statue de saint Gildas représenté ayant un chien à ses pieds, ils font dévotement leurs oraisons et présentent leurs pains au gouverneur ou trésorier de la chapelle ; celui-ci frotte les pains à la statue du saint et les rend aux pèlerins : ces pains passent dès lors pour avoir la vertu de préserver de la rage, aussi sont-ils précieusement conservés. Cependant les pèlerins se relèvent, baisent les pieds de la statue, déposent leurs offrandes dans un tronc voisin et se retirent, tandis que le gouverneur dit à haute voix à chaque aumône versée : sant Gueltas d'ho peau ! c'est-à-dire : que saint Gildas vous paie !

Ces premières vêpres du pardon sont suivies d'une procession parcourant toute l’île ; puis clergé et fidèles se rembarquent et regagnent gaiement le Port-Blanc. Les pèlerins ne manquent point d'emporter comme souvenir quelques fleurs sauvages croissant dans les rochers de l'île et appelées fleurs de saint Gildas [Note : Voy. Revue des Traditions populaires, III, 106].

Le pardon de l'île Saint-Gueltas ne se termine pas le dimanche de la Pentecôte ; il se continue le lendemain d'une façon très originale. Ce jour-là on célèbre la messe dans la chapelle, autant que possible vers l'heure où, la mer se retirant, l'île ne se trouve plus séparée de la terre ferme que par une sorte de gué assez facile à franchir. Or de même qu'on va le dimanche en bateau aux vêpres de saint Gildas, de même il est d'usage qu'on aille à cheval à la messe du lundi. Dès que la marée baisse sensiblement, des centaines de cavaliers descendent vers les grèves, venant de Plougrescant, Penvénan, Camlez et Plouguiel : arrivés sur la plage, ils n'attendent point que les flots se soient complètement retirés ; c'est à qui briguera l'honneur d'arriver le premier dans l'île : tous se lancent à la mer et rien n'est plus pittoresque que cette course effrénée des paysans bretons dont beaucoup mettent leurs cheveaux à la nage au risque de se noyer avec eux.

Mais nul ne craint pareil accident, saint Gildas ne les protège-t-il pas ? Arrivé dans l'île chaque cavalier descend de sa monture et va faire ses dévotions dans la chapelle. Quand la mer est complètement retirée les femmes arrivent elles-mêmes en voiture ou même à pied, quitte à se déchausser pour traverser le gué.

(Abbé Guillotin de Corson, 1902).

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