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Penmarc'h, ville maritime, au XVème et XVIème siècles.

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Quelle était à cette époque l'importance de Penmarc'h, soit comme ville maritime, soit comme port commercial ? Sur cette question les historiens ne sont guère d'accord. Tous cependant reconnaissent que c'était un des principaux ports de pêche et de commerce de la Bretagne.

D'après les anciens portulans et routiers, par exemple le routier de la mer de Garcie dit Ferrande, composé entre 1483 et 1500, la presqu'île de Penmarc'h était le point d'atterrissage remarquable que venaient reconnaître dès le moyen-âge, les bateaux à destination des ports du golfe de Gascogne.

C'était une ville importante, dit le chanoine Moreau. Penmarc'h pouvait fournir 2500 arquebusiers. En 1595, La Fontenelle vint assiéger la ville et s'empara par surprise des deux principaux forts, celui de l'église paroissiale et celui de Kérity, malgré les retranchements et les palissades qui les défendaient. Plus de 300 navires, bateaux et barques de tous volumes transportèrent son butin à l'île Tristan, son fort de Douarnenez.

Bertrand d'Argentré qui écrivait au XVIème siècle rapporte que Guillaume de Wilford, amiral d'Angleterre, « prit sur mer un grand nombre de vaisseaux jusqu'au nombre de quarante, venant de La Rochelle, chargés de vin, fer et huile jusqu'au nombre de mille tonneaux, brûla les vaisseaux, puis prit terre à Penmarc'h et entrant au pays de Bretagne, brûla et pilla environ six lieues de pays et en iceluy la ville de Saint-Mahé ». A quel port appartenaient ces navires ? On peut, avec dom Lobineau, croire sans invraisemblance qu'ils étaient de Penmarc'h, car à cette époque ce port possédait une nombreuse flottille marchande, mais comme le texte de Bertrand d'Argentré garde le silence sur ce point, il est permis, avec d'autres écrivains comme C. Vallaux, d'admettre une opinion différente.

Dom Taillandier (1750), continuateur de dom Maurice, affirme comme le chanoine Moreau que les habitants de Penmarc'h étaient riches et formaient une espèce de république. Voici ce qu'il écrit au sujet de la reprise de Penmarc'h par Sourdéac en 1597 :

« Sourdéac se détermina à attaquer le château de Penmarc'h. Ce bourg, l'un des plus considérables qui soient en France est composé en quantité de hameaux de soixante à quatre-vingts maisons qui ne sont distants les uns des autres que de la portée de l'arquebuse. Avant que La Fontenelle l'eût pris c'était le plus riche bourg de Bretagne. Les habitants avaient plus de cinq cents bateaux, sans compter ceux qui portaient du poisson sur les cotes du Royaume. Avant la guerre, on complait dans Penmarc'h dix mille matelots bien armés et bien équipés ».

Ogée, dans son Dictionnaire géographique de Bretagne, et Cambry, dans son livre Voyage dans le Finistère en 1794, parlent de Penmarc'h comme d'une ancienne ville florissante.

Le chevalier de Fréminville, dans ses Antiquités du Finistère, explique ainsi l'importance de Penmarc'h :

« Qui peut avoir porté à bâtir une si grande ville dans un lieu si écarté, si solitaire ? Voici comment nous répondrons : Les habitants de Penmarc'h étaient, dans des temps déjà fort éloignés, d'intrépides et hardis marins. Leur habileté, leur expérience de la mer leur attira la confiance, et tous les riches propriétaires de Cornouaille leur confièrent, de préférence à tous les autres, les marchandises dont ils voulaient trafiquer. Un établissement maritime se forma donc à Penmarc'h et la ville se forma et s'accrut progressivement. Dès le XIIIème siècle, elle était déjà très populeuse. Une circonstance particulière augmenta la source de ces richesses. A trente ou quarante lieues, dans l'ouest de la pointe de Penmarc'h, se trouvait, à certaine époque de l'année, un banc considérable de morues. La pêche de ce poisson devint l'objet principal des spéculations des armateurs de Penmarc'h. On en voit la preuve dans un titre de l'an 1266 publié dans les Anciens jugements de la mer [Note : Article 26, page 87, des Constitutions du duché de Bretagne]. En outre, la ville de Kérity-Penmarc'h faisait, aux XIVème et XVème siècles, un commerce très étendu de grains et de bestiaux, toiles, chanvres, avec les ports espagnols de la Galicie et des Asturies. L'appât des bénéfices immenses qui en résultaient, séduisit tant de monde que les laboureurs des paroisses environnantes négligeaient la culture des terres pour accourir à Kérity-Penmarc'h et s'y livrer au trafic. Une ordonnance du roi Henri II, datée de 1556, accorda aux arquebusiers de Penmarc'h le privilège du papegai ou papegaut [Note : Tirer le papegaut consistait à abattre d'un coup d'arquebuse un oiseau de carton ou de bois placé comme cible au bout d'une perche. L'adroit tireur, comme récompense, pouvait débiter jusqu'à 45 tonneaux de vin, exempts de tous droits], privilège qui n'était pas accordé aux localités de minime importance ».

Si même, l'on s'en rapporte à la tradition, dit Souvestre, Penmarc'h fut autrefois aussi considérable que Nantes. Dans un mémoire présenté au Congrès de géographie de Nancy, M. le lieutenant Devoir écrivait : « La ruine de la populeuse cité de Tréoultré-Penmarc'h est un fait historique ».

Tout, dit M. C. Vallaux, à qui nous devons la plupart de ces détails, tout n'est pas faux dans ce tableau, mais la fantaisie et la légende y ont aussi une large part. Pour le prouver, il s'appuie sur l'article publié par M. Trévédy en 1891 dans le Bulletin de la Société archéologique du Finistère. Cet article combat quelques-uns des arguments invoqués en faveur de la grandeur passée de Penmarc'h.

« Le privilège du papegaut, y lisons-nous, était souvent octroyé à des localités de minime importance ». Mais était-il refusé à des paroisses plus florissantes ? « L'article 26 des Anciens jugements de la mer », ajoute M. Trévedy, parlant de la pêche de la morue, ne fait nullement mention de Penmarc'h, et la Constitution ducale de Jean V, en 1424, interdisant l'exportation de certaines denrées alimentaires et des matières premières nécessaires à l'industrie régionale ne cite pas d'une façon spéciale cette dernière localité.

Nous montrerons nous-même, à l'aide de documents, qu'à défaut de morue, le port de Kérity faisait un important commerce de merlus qui suffisait à sa prospérité. Quant à l'ordonnance de Jean V, elle n'avait pas à désigner expressément tel ou tel port, puisqu'elle visait dans leur ensemble tous les ports de la Bretagne. « Faisons expresse défense a tous et chacun subjects de non tirer et mettre hors par eux, ne par aultres, ne bailler à estrangers pour les tirer ne mettre hors, nuls ne aulcuns des dicts vivres, denrées ne aultres choses quelconques... et ce soubs le congé et licence de nous ».

Cette défense atteignait Penmarc'h comme tous les autres ports de la province, puisqu'il est hors de conteste, comme nous le prouverons plus loin, que Kérity-Penmarc'h était au XVème siècle un port important de pêche et de cabotage.

Enfin, il reste encore le chiffre de dix mille matelots bien armés et bien équipés, dont parle dom Taillandier, et que M. Trévedy qualifie d'hyperbolique et d'improbable. Ici, nous serons sans peine de son avis. Admettre l'exactitude de ce chiffre serait accorder à la population entière de Penmarc'h une paroisse qu'on pourrait évaluer à plus de 40.000 habitants, car outre les marins qui se livraient à la pêche ou au cabotage, il faudrait compter les femmes et les enfants, ainsi que les personnes qui s'adonnaient au négoce ou aux travaux des champs. Cette paroisse aurait eu à elle seule plus de la moitié de la population départie en 1794 aux deux arrondissements ou districts réunis de Quimper et de Pont-Croix. D'après Cambry qui nous donne le chiffre officiel de la population du département du Finistère, ces deux districts n'avaient que 78.062 habitants. Réduisons, si l'on veut, au tiers le chiffre de dom Taillandier, il nous restera encore plus de 3.000 marins à Kérity-Penmarc'h, nombre assez considérable pour faire de ce port l'un des plus importants de la Bretagne. Quels étaient dans la province aux XVème et XVIème siècles les ports qui pouvaient armer plus de 3000 matelots ? Aussi l'on comprend que, vu son importance et son activité commerciale, Penmarc'h ait eu le droit d'envoyer en 1571 un député aux Etats de Bretagne.

Quel était à cette époque le chiffre de la population de Penmarc'h ? L'absence de documents officiels ne permet guère de le fixer d'une façon certaine, mais certains détails significatifs nous autorisent à croire que cette paroisse était l'une des plus populeuses de la Basse-Bretagne. Les ruines éparses en si grand nombre sur le territoire de Kérity et de Saint-Pierre, ainsi qu'en différents endroits de Tréoultré, attestent que Penmarc'h eut autrefois une population beaucoup plus dense que de nos jours. Les 2.500 arquebusiers de cette paroisse, et les 300 ou 500 barques ou navires que possédait le port de Kérity nous permettent, avec la plupart des historiens, d'évaluer la population globale de Penmarc'h à dix ou douze mille habitants. Nous allons, à notre tour, après tant d'écrivains qui l'ont si diversement jugée, étudier à la lumière dès faits, l'importance de cette paroisse, au temps de sa grande prospérité, c'est-à-dire aux XVème et XVIème siècles. (F. Quiniou).

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