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La trève de Saint-Guénolé en Penmarc'h.

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L'emplacement sur lequel s'élève le bourg actuel de Saint-Guénolé s'appelait jadis Enez Raden (île fougère), sans doute parce que ce terrain sablonneux, dominant les marécages d'alentour, produisait en abondance le jonc et la fougère. C'est le nom qu'on lui donne encore aujourd'hui. Ce quartier était, de temps immémorial, une trêve de la paroisse de Beuzec ; mais au XVème siècle, il avait, grâce aux pêcheries, acquis une telle importance qu'il fallut bientôt songer à remplacer par un édifice plus vaste la petite chapelle de Saint-Fiacre devenue insuffisante pour les besoins du culte. Les tréviens ne tenaient pas à faire une lieue et demie pour entendre la messe dominicale, alors que leurs ressources leur permettaient de bâtir une église dans leur localité. S'il faut en juger par son emplacement encore visible, cet édifice devait être de dimensions assez considérables. La croix élevée à l'Est de la tour, marque les limites du sanctuaire. La tour, bâtie à l'extrémité Ouest de l'église, n'a jamais été terminée. Elle subsiste actuellement telle qu'elle a été construite à l'origine, et sa masse imposante finement ouvragée est une preuve indiscutable de la richesse des habitants de Saint-Guénolé au XVème siècle.

Ville de Penmarch (Bretagne) : la jetée de Saint-Guénolé.

L'église fut achevée en 1488. C'est alors que les tréviens, avec le consentement de Ronan du Pont, recteur de Beuzec Cap-Caval, s'adressèrent au pape Innocent VIII pour obtenir l'érection de leur église en église succursale de la paroisse de Beuzec. La bulle pontificale en date du 11 octobre 1489 fit droit à leur demande et établit le modus vivendi de la trêve à l'égard de l'église mère. Gilles de Kersulguen, prêtre du diocèse de Léon, fut chargé, à titre de notaire apostolique, de vérifier l'authenticité de cette bulle.

Les tréviens devaient : 1° construire un logement convenable pour le prêtre desservant et pourvoir à tous les frais de réparation ; 2° demeurer toujours soumis à l'église matrice ; 3° payer à leur recteur et à ses successeurs, à chaque fête de Pâques, deux pièces d'or et six deniers par an, avec un merlus bon, loyal et marchand, par chaque ménage, à chaque premier jour du mois d'août ; le tout apprécié trente livres par an, de la monnaie qui avait alors cours.

Ville de Penmarch (Bretagne) : Saint-Guénolé.

En retour, le recteur était tenu à certaines obligations. Il s'engageait à accorder aux tréviens toute commodité pour l'accomplissement de leurs devoirs religieux. Lui-même, ou un autre prêtre idoine et capable, en vertu d'une délégation de sa part, devait pourvoir à l'administration des sacrements ; per se aut capellanum idoneum, selon les termes mêmes de la bulle. Les dimanches et fêtes, excepté les principales fêtes et solennités désignées par le rescrit pontifical, une messe devait être célébrée dans la nouvelle église.

Pour les baptêmes et les enterrements, les tréviens n'avaient plus à faire le trajet de l'église paroissiale.

Pendant plus de deux cents ans, la Trêve de Saint-Guénolé fut desservie par un prêtre résidant. Chaque année, on nommait un fabricien pour l'église, et un autre pour la chapelle de Saint-Fiacre et de Saint-Sébastien située à une centaine de pas, à l'ouest de la grosse tour. Le plan de l'architecte dût être défectueux, ou peut-être fut-il mal exécuté par l'entrepreneur, puisqu'à l'encontre de l'église de Saint-Nonna bâtie quelques années plus tard, celle de Saint-Guénolé ne sut pas résister à l'action du temps. Nous serions plutôt porté à croire que les ressources de cette fabrique tréviale ne furent pas toujours suffisantes pour le bon entretien des édifices religieux.

Ville de Penmarch (Bretagne) : Saint-Guénolé-Penmarc'h.

L'église de Saint-Guénolé était à moitié en ruines en 1716. Une expertise faite à cette date établit « que la tour et le mur du côté Sud sont encore solides. Le mur de la partie Nord demande à être un peu exhaussé, et le pignon absidal est à rebâtir ». Les tréviens eurent un moment l'idée de reconstruire leur église, afin d'obtenir de nouveau un prêtre à demeure pour l'exercice du culte ; mais cette idée ne fut jamais réalisée. Cependant les dépenses prévues n'étaient pas exagérées, et n'excédaient pas les ressources des habitants.

Ville de Penmarch (Bretagne) : Saint-Guénolé-Penmarc'h.

En 1722, l'église était dans un tel état de délabrement qu'on ne pouvait plus décemment y célébrer le service divin. L'évêque de Quimper, par mesure de prudence, ordonna de transporter le Saint-Sacrement dans la chapelle de Saint-Fiacre. Cette chapelle elle-même ne tarda pas à être négligée, et bientôt la trêve ne fut plus desservie que par les prêtres de Beuzec-Cap-Caval qui y venaient dire la messe deux fois par an, le jour de la fête patronale de saint Fiacre, et le jour des Morts. Cet état de choses dura environ vingt-cinq ans.

Depuis longtemps les paroissiens de Saint-Guénolé souffraient de leur isolement religieux. Ils ne pouvaient guère songer à relever les ruines de leur ancienne église ; mais peut-être serait-il possible en faisant appel à la générosité publique de restaurer la chapelle de Saint-Fiacre pour la restituer au culte ? Le 16 août 1768, une quarantaine d'entr'eux se réunissaient pour délibérer à ce sujet. Ils nommèrent deux délégués, Michel Le Cosquéric et Alain Le Carval, pour présenter leur requête à l'Evêque de Quimper. Il s'agissait à nouveau d'obtenir l'érection de la chapelle de Saint-Fiacre en église succursale, avec prêtre résidant à Saint-Guénolé.

Ville de Penmarch (Bretagne) :église de Saint-Guénolé-Penmarc'h.

Les raisons alléguées en faveur de cette demande méritent d'être signalées. Le bourg de Saint-Guénolé, lisons-nous dans ce rapport, a été plus considérable qu'aucune des petites villes de la province. C'est là un fait indéniable, lorsqu'on considère les ruines accumulées en si grand nombre sur ce territoire, depuis l'église jusqu'à la mer. Ce quartier a joui d'une grande prospérité dont témoignent encore la grande étendue de terres à blé actuellement en friches, et les dimensions considérables de l'église paroissiale. Un pays pauvre ne se serait pas payé le luxe d'un édifice religieux dont la richesse et la beauté architecturale pouvaient soutenir la concurrence avec celles des principales églises de la contrée. Le port de mer, autrefois si fréquenté, est aujourd'hui presque abandonné.

Ville de Penmarch (Bretagne) : Saint-Guénolé-Penmarc'h.

Quelle serait donc la cause de cette prospérité et plus tard de cette décadence ? Tant que la trêve a été régulièrement desservie, la population y était nombreuse et riche ; mais depuis de nombreuses années, par suite de la négligence apportée à la célébration du service divin, les habitants se sont vus dans l'obligation de quitter le pays pour pratiquer plus aisément ailleurs leurs devoirs religieux. C'est la seule raison que donnent de leur départ plusieurs des tréviens de Saint-Guénolé qui habitent actuellement Penmarc'h et les paroisses voisines. Si le culte était de nouveau rétabli, ces déserteurs ne tarderaient pas à réintégrer leur ancien domicile, entraînant beaucoup d'autres personnes à leur suite.

Les tréviens seraient ainsi plus nombreux pour contribuer au paiement des impôts, subsides, louages et autres charges dont le montant n'a pas diminué avec le nombre des habitants. La côte de la trève de Saint-Guénolé est restée sensiblement la même dans la répartition des impôts faite par la paroisse de Beuzec-Cap-Caval. La localité paie encore séparément les fouages et autres impositions royales. La dîme y est même plus forte que dans le reste de la paroisse. Elle est à la vingt-septième gerbe à Saint-Guénolé, tandis qu'elle ne se paie à Beuzec qu'à la trentième gerbe. Le gros décimateur et le recteur de Beuzec-Cap-Caval devraient donc logiquement fournir et entretenir un prêtre pour desservir la trêve.

Nous devons reconnaître que les paroissiens de Saint-Guénolé jonglaient avec la logique comme avec l'histoire. Ils prétendaient en 1768, que leur pays n'avait perdu sa prospérité que depuis une cinquantaine d'années et attribuaient cete décadence à la cessation du culte. Saint-Guénolé avait suivi Penmarc'h dans sa chute. Le commerce et l'industrie étaient les mêmes dans les deux localités, et ce qui avait entraîné la ruine de cette dernière paroisse avait également occasionné la déchéance de la première. Si le recteur de Beuzec-Cap-Caval ne déléguait plus l'un de ses vicaires pour exercer les fonctions curiales à Saint-Guénolé, c'est que cette trêve ne pouvait plus subvenir à l'entretien d'un prêtre et ne réussissait même pas à mettre à sa disposition un édifice religieux convenable. La disparition du culte n'avait donc pas eu pour effets la ruine du commerce et la désertion des campagnes. C'est l'inverse qui eut lieu (Voir : Décadence de Penmarc'h).

Ville de Penmarch (Bretagne) : port de Saint-Guénolé-Penmarc'h.

Toutefois, comme les paroissiens s'engageaient à réparer leur petite chapelle de Saint-Fiacre, et à fournir un logement convenable au prêtre, l'Evêque de Quimper, « pour le bien de la religion et le salut des âmes », autorisa l'exercice du culte à Saint-Guénolé.

En 1845, cette chapelle restaurée, vaille que vaille, s'était écroulée. Les temps meilleurs qui, selon les désirs des anciens habitants permettraient de relever l'ancienne église de ses ruines ne sont pas encore révolus.

Saint-Guénolé a acquis au début du XXème siècle, grâce à l'industrie sardinière, un développement que, selon toute probabilité, il n'eut à aucun moment dans le cours de son histoire. Vers 1925 plus que jamais, la création d'une paroisse y aurait rendu les plus grands services. Là vivait à cette époque une population d'environ 2.300 âmes qui n'avait d'autre local pour l'exercice du culte que l'église paroissiale, éloignée de trois à quatre kilomètres, et la chapelle de Notre-Dame de la Joie, distante de quinze cents à deux mille mètres, où se dit tous les dimanches une messe basse à huit heures.

Ville de Penmarch (Bretagne) : port de Saint-Guénolé-Penmarc'h.

Il est à désirer que les habitants de Saint-Guénolé comprennent les sacrifices qu'il faut s'imposer pour obtenir l'érection d'une localité en paroisse. Qu'ils prennent exemple sur leurs devanciers du XVème siècle qui n'ont pas reculé devant les dépenses qu'entraîne la construction d'une église et d'un presbytère (Archives paroissiales). (F. Quiniou).

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