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Penmarc'h et la préhistoire.

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La Bretagne, terre privilégiée de l'archéologie préhistorique pour le second âge de la pierre et l'époque du bronze, dit Déchelette, est fort pauvre en gisements quaternaires (Déchelette. Manuel d'archéologie - Paris, 1908, tome I, p. 186). Il n'y a guère qu'en Guiclan que l'on rencontre dans la grotte de Roch-Toul, dominant la Penzé, des traces à peu près certaines du magdalénien. Peut-être les fouilles exécutées par le Groupement Finistérien d'Etude Préhistorique, tout particulièrement à Saint-Urnel, non loin de la Torche, permettront-elles d'affirmer l'existence, sur cette partie de la côte, de populations pouvant se rattacher à cette première civilisation paléolithique. Mais rien, jusqu'à présent, n'autorise une affirmation sur ce point.

Si les peuplades de cette époque reculée ont laissé dans notre pays peu de traces de leur existence, en revanche les monuments de l'époque néolithique ou de la pierre polie abondent dans la région. Les fouilles pratiquées sous ces mégalithes ont mis à jour des urnes funéraires, des débris organiques de corps humains mêlés à des poteries et à des instruments de silex et de bronze. La perfection apportée dans l'exécution de ces divers objets permet de suivre les progrès de la culture et de la civilisation chez ces anciennes peuplades, bien qu'il ne soit pas toujours facile de tracer des limites exactes entre les périodes de la pierre polie et celle des métaux, en particulier du bronze. Une période ne disparaît pas subitement pour faire immédiatement place à une autre. Les instruments de métal apportés par le progrès n'ont pas détrôné le silex en un jour. Ce n'est qu'à la longue, après un intervalle de temps qu'il serait téméraire de vouloir fixer, que la dernière civilisation a fini par dominer et supplanter la première.

Les plus anciennes traces humaines que l'on rencontre dans ces terrains, en dehors de la nécropole de Saint-Urnel qui n'a pas encore livré tous ses secrets, sont les Kjoekken-moedding, ou amas de débris, de rejets de cuisine, véritable dépotoir laissé par nos aïeux à la base de la presqu'île de la Torche. Ony retrouve le mobilier rudimentaire de ces peuplades, tels qu'éclats de silex plus ou moins retouchés, instruments en os etc..., les reliefs de leurs repas : coquilles de patelles, d'huîtres, démoulés, coquilles de Saint-Jacques, vertèbres de congres et quelques restes de cerf et de sanglier. La base offre un néolithique primitif sans traces de poterie. Au fur et à mesure qu'on s'élève, on trouve le néolithique à céramique abondante et finalement un Kjoekken-moedding de l'âge de bronze à peine effleuré jusqu'ici et susceptible de fournir des documents importants à la préhistoire armoricaine. Le squelette humain dont le crâne, seul encore exhumé, se trouve au musée de Penmarc'h, appartient à cette couche supérieure de l'âge du bronze. Les hommes qui ont laissé ces traces devaient constituer des tribus ayant leurs centres d'habitation, véritables refuges plus ou moins défendus contre les attaques possibles de leurs voisins. Penmarc'h possède un de ces centres les plus typiques qui, malheureusement, disparaîtra bientôt si l'on ne prend soin d'en protéger les derniers vestiges contre les flots. C'est l'enceinte fortifiée de Pors-Carn. Il faut aussi mentionner l'enceinte rectangulaire de Pors-Dibor, parfaitement conservée, avec ses circonvallations orientales au-dessus du ruisseau.

Dans la région de Penmarc'h se rencontrent aussi quelques beaux spécimens de dolmens et de tumulus, dont les uns remontent à cette même époque néolithique, les autres à l'âge de bronze. Constitués par de grandes dalles plantées sur deux lignes plus ou moins parallèles, et recouvertes d'autres dalles horizontales qui forment plafond, les dolmens présentent ainsi des chambres d'une superficie variable, avec une hauteur moyenne sous voûte de 1 m. 20 à 1 m. 30. Quand des éléments nombreux leur donnent une longueur notable, ils forment ce qu'on appelle des allées couvertes. Tout au moins partiellement enfouis à leur origine, parfois entièrement recouverts par des amas de pierres et de terre, ils constituent alors des tumulus pouvant atteindre des proportions considérables et renfermer en dehors même du dolmen des chambres ou sépultures adventices, souvent d'âge plus récent.

Ces dolmens ont livré aux archéologues un mobilier présentant le plus haut intérêt scientifique, objets de pierre, haches, grattoirs, percuteurs, grains de collier, armes et parures de bronze.

Les débris de tumulus couvrent, pour ainsi dire, toute la région du Cap-Caval. Deux grands tumulus voisinaient à Pors-Carn, dits tumulus de Rosmeur. Dans l'un presque entièrement disparu, M. du Châtellier recueillit jadis de belles poteries caliciformes et des lissoirs en pierre ponce. L'autre dégagé de sa chappe de pierres et de terre présente encore une partie du mur intérieur en pierres sèches qui, probablement, l'enfermait tout entier. Des monnaies de Trajan, de Dioclétien et de Constantin ont été recueillies dans sa galerie.

Comment expliquer sous ces mégalithes la présence de monnaies romaines ? Quelques-uns de ces dolmens dateraient-ils de l'époque des Romains ? Il n'y aurait là rien d'invraisemblable. De l'avis de M. Al. Bertrand, l'un des plus zélés défenseurs de l'antiquité préhistorique des dolmens français, les monuments mégalithiques d'Algérie ne peuvent être de beaucoup antérieurs à l'ère chrétienne ; quelques-uns même lui seraient postérieurs. L'on a en effet trouvé sous l'un d'eux une médaille à l'effigie de l'impératrice Faustine et sur la table d'un autre, une inscription latine. Pourquoi n'en seraient-ils de même de certains dolmens armoricains (Voir la Revue La Controverse. Année 1881. tome. II. p. 485. art. La Civilisation préhistorique par Hamard, de l'Oratoire de Rennes) ? Quelques archéologues modernes donnent de la présence de ces monnaies romaines une explication pour le moins ingénieuse. Ils prétendent que leurs confrères de ces temps anciens ont voulu, eux aussi, ravir à ces tumulus leurs secrets, et que c'est en y opérant des fouilles qu'ils ont dû égarer quelques pièces de monnaie.

Malgré des dégradations irréparables, le tumulus de Poulguen est un des plus beaux de toute la région ; aussi a-t-il été classé parmi les monuments historiques. Haut encore de six mètres avec une circonférence de quarante mètres, il recouvre une galerie courbe qui aboutit à une superbe chambre. Fouillé en 1867, il a donné des vases en forme de pot à fleurs déposés près de restes incinérés.

On croit généralement que les dolmens, qu'ils soient à ciel ouvert ou recouverts d'un amas de terre, sont de véritables tombeaux. Quant aux menhirs, blocs de pierre de dimensions souvent considérables et aux cromlechs, assemblages de menhirs disposés en forme circulaire, il serait imprudent de se prononcer d'une façon catégorique sur leur sens et la date de leur origine. Ils appartiennent à des époques très variables et n'ont pas tous la même destination. Les uns, les plus nombreux peut-être tout au moins en Bretagne, ont pu servir de repères, de jalonnements astronomiques ; d'autres peuvent avoir été plantés comme monuments commémoratifs, comme stèles funéraires, comme indicateurs de points importants, comme symboles religieux peut-être. Diverses étaient donc les destinations de tous ces mégalithes comme étaient différentes les époques qui en ont vu l'érection.

Sans vouloir rivaliser avec les alignements de Carnac, ceux de Lestriguiou sont cependant des plus remarquables. Ils mesurent environ un kilomètre de longeur et comprennent quatre rangs de menhirs. Ces pierres ont une hauteur variant entre 3 m. 50 et 0 m. 50. Comme à Carnac un cromlech occupe une des extrémités des alignements vers La Madeleine, qui semble avoir été un centre mégalithique considérable. Ces alignements ont dû constituer autrefois un ensemble imposant ; mais aujourd'hui la moitié ou les deux tiers de ces menhirs ont disparu ; d'autres sont brisés ou renversés et enfouis profondément dans le sol. « Si le monument de Carnac, dit M. du Chatellier, fut une belle cathédrale, celui de Lestriguiou, entre Plomeur et Penmarc'h fut, sans contredit, une belle église ». Mais qui pourra dire si ces monuments rappellent un souvenir religieux ou militaire, ou s'ils furent une commémoration funéraire ? Si vous demandez aux habitants du pays ce que peuvent être ces pierres, ils vous répondront naïvement [Note : La naïveté n'est pas la caractérisque des Bigoudens. La légende que rapporte M. du Châtellier n'a jamais passé dans le pays pour une histoire véridique] : « Quand Notre-Dame Marie Madeleine vint s'établir dans le pays, elle y trouva le diable qui avait tout empoisonné de ses mensonges. Elle résolut de le chasser, ce qu'elle fit en le poursuivant et en lui jetant ces pierres que vous voyez alignées et qui sont restées la trace du mauvais esprit. La Madeleine pour poursuivre le diable, portait ces pierres dans son tablier et les lui jetait au fur et à mesure de sa fuite ».

Penmarc'h possède de très beaux menhirs, notamment celui de Kerscaven, et celui qui se trouve au fond du vallon, dans l'angle formé par l'intersection des routes de Plomeur de Loctudy. Le menhir de Kerscaven haut de six mètres, se trouve tout près de ce village, dans un champ bordant la route. On l'appelle dans le pays l'Evêque, parce que, vu de certains côtés, il représente un évêque portant la mitre et revêtu de la chape.

La façon dont ces grands monolithes ont été dressés est assez originale. M. du Châtellier nous en donne cette description : « La place où le menhir devait s'élever était choisie ; on creusait une excavation assez profonde pour enterrer la base du monument. Le bloc destiné à être érigé était amené sur des rouleaux, jusqu'au lieu de l'érection. Rendu sur place, on le mettait sur une claie posée au bord du trou devant le recevoir. La tribu entière, avec des liens attachés à cette claie, le dressait, et, à un moment donné, la base du menhir glissant dans le trou, il se trouvait debout. Les couches de terre remaniées, que l'on rencontre contre l'une des faces de la base du menhir, tandis que de l'autre côté elles sont en place, vierges de tout maniement, sont la preuve de ce que nous avançons ».

C'est probablement à cette époque néolithique qu'il faut rattacher le grand menhir anthropomorphe renversé de Kervédal, et tous ceux qui pouvaient avoir une origine religieuse, toutes les traces d'un culte naturaliste que l'on rencontre disséminées dans la région. Peut-être pourra-t-on affirmer un jour que ce culte s'est continué, stylisant ses symboles sous forme de lechs, c'est-à-dire, de véritables menhirs de dimensions moins importantes, taillés, les uns lisses, les autres cannelés, et rencontrés souvent par couples, par exemple en face de la fontaine de la Madeleine. Mais ici encore, il faut, semble-t-il, ne pas généraliser et reconnaître dans certains lechs de véritables stèles funéraires. Mentionnons aussi, pour cette même époque, la vasque de Kerlégristy, les deux cachettes de haches en pierre polie, l'une dans la grève de Kérity, l'autre au sommet d'une carrière, à deux cents mètres à l'ouest de Kerscaven.

Si la Bretagne est pauvre en gisements de l'époque paléolithique ou de la pierre taillée, elle n'est guère plus riche en gisements de l'époque du fer. On possède en effet peu de renseignements sur cette période. Peut-être les fouilles opérées dans les nécropoles souterraines donneront-elles à ce sujet de meilleurs résultats que n'ont procurés jusqu'ici les découvertes faites dans les tumulus. Il paraît difficile d'identifier dans la région de Penmarc'h et même dans l'Armorique, une civilisation du premier âge du fer. Seul peut-être le monument de Kerbescat en Tréguennec, exploré par Mr du Châtellier, pourrait appartenir à cette époque.

Le second âge du fer est mieux connu. Ce sont probablement ses traces que les cultivateurs rencontrent au cours de leurs travaux, un peu partout, dans ce qu'ils nomment, « des petits pots avec des os de chat ». En tout cas, c'est cet âge qu'il faut reconnaître dans les grandes nécropoles de Roz-an-Trémen, de Kerviltré, de Tronoën, et aussi dans une des couches archéologiques de Saint-Urnel. La nécropole de Roz-an-Tremen (butte du passage ou de la mort) renferme deux types de sépulture, — l'incinération et l'inhumation.

Les premières sépultures sont les plus anciennes et ont été pratiquées dans la couche de sable éolien qui recouvre toute la surface de la Palue. Les résidus des incinérations ont été soit enfermés dans des coffres de pierre ou des vases d'argile, soit déposés directement dans le sable. Ils ont ainsi constitué par îlots une première couche archéologique. Les différents îlots devaient être signalés par des lechs dont la plupart ont depuis disparu, mais dont les soubassements subsistent encore. Les populations postérieures, pour ensevelir leurs morts par inhumation ont dû percer cette couche en certains endroits, bouleversant ainsi coffres et vases dont les débris se trouvent épars dans le sol.

C'est une portion de cette nécropole qui a été reconstituée au musée de Penmarc'h, avec ses coffres, ses vases, son lech et, brochant sur le tout, ses deux squelettes [Note : Le musée de Penmarc'h est l'oeuvre de M. le Commandant Bérard]. Deux des squelettes de ce musée, homme et femme reposant côte à côte, rappelleraient un trait représentatif des moeurs de l'époque, la monogamie, preuve d'une civilisation avancée. Ces genres de sépulture appartiendraient plutôt à la deuxième ou à la troisième phase du second âge du fer. Les populations qui ont laissé ces traces seraient donc celles qui auraient vu arriver les conquérants romains.

Il est certain que la presqu'île de Penmarc'h fut habitée dès les temps les plus reculés, et qu'elle était même très peuplée, s'il faut en juger par le nombre de menhirs, de dolmens, de tumulus et d'allées couvertes que l'on rencontre dans cette région. Plusieurs siècles avant l'ère chrétienne, les habitants de ce pays comme ceux de la Grande-Bretagne échangaient des produits avec les Phéniciens et les Carthaginois. Ces navigateurs allaient jusqu'en Cornouailles chercher l'étain nécessaire à la fabrication du bronze (Diodore de Sicile, v. 38). Au retour de leurs voyages, ils achetaient sur nos côtes bretonnes du poisson salé qu'ils transportaient dans leurs pays d'origine. Il est fait mention de ces relations commerciales, nous dit P. de Ritalongi, dans les fragments qu'on a retrouvés des voyages de Pythéas.

Le marseillais Pythéas, à la fois voyageur, géographe et astronome, fut l'une des illustrations de son époque. Ce fut vers l'an 340 avant Jésus-Christ, qu'il s'aventura avec un seul vaisseau au-delà des Colonnes d'Hercule ; mais au lieu de suivre au sud la côte africaine, il remonta au nord en longeant les rivages de l'Ibérie et ceux de la Celtique jusqu'aux points avancés qui forment actuellement le Finistère, puis il embouqua la Manche et accosta l'Angleterre, cette île d'Albion, dont il allait devenir le premier explorateur. Il débarqua, en effet, sur divers points de la côte et entra en relation avec ses habitants qui faisaient un grand commerce d'étain (Jules Verne. Histoire des Grands Voyages et des Grands Voyageurs, tome I, p. 7).

Il n'est guère facile de fixer, même de façon approximative l'époque où vécurent les différentes peuplades qui ont laissé sur le sol et dans les couches souterraines de Penmarc'h tant de traces de leur existence. Pour trancher cette question, il faudrait connaître les époques des migrations successives qui, partant des contrées asiatiques ou des régions orientales de l'Europe, sont venues peupler les côtes d'Armorique. Ces races d'origines différentes ont dû d'ailleurs fusionner, et leurs rites se mêler sans toutefois se confondre. Les Celtes, à leur tour, vinrent vers le Vème siècle avant notre ère et apportèrent à tous ces éléments divers l'appoint de leur civilisation et de leurs croyances particulières. Devant ces obscurités qui planent sur la préhistoire, nous pouvons dire que pour tout ce qui regarde les périodes antérieures à l'occupation romaine, une grande réserve s'impose. (F. Quiniou).

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