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Penmarc'h au XVIème et XVIIème siècles.

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I. — LE TERRITOIRE DE PENMARCH ; SES DESTINÉES POLITIQUES. INSTABILITÉ DE SES CHEFS-LIEUX.

Il est naturel de penser qu’une grosse agglomération existant sur le territoire de Penmarch eût fixé à elle, comme à un pôle d’attraction, toute l’histoire politique du pays. Sa présence eût réglé d’une manière durable les divisions territoriales, religieuses et politiques, qui lui auraient été naturellement subordonnées.

L’absence les fixité de ces divisions, dans la période historique, est déjà une raison de croire qu’un tel centre d’attraction n’existait point. Au point de vue religieux, avant 1790, le territoire de Penmarch était divisé en deux sections. La première formait une paroisse et comprenait la plus grande partie de la commune de Penmarch elle avait son chef-lieu au bourg actuel. La seconde, Saint-Guénolé, était une trève ou succursale de la paroisse voisine de Beuzec Cap-Caval, aujourd’hui supprimée. Remarquons que Penmarch et Cap-Caval ont le même sens, et que ces deux mots étaient souvent employés l’un pour l’autre, au XVIIème siècle, pour désigner d’une manière un peu indéterminée soit toute la presqu’île, soit la lisière maritime et surtout ses ports.

La paroisse de Penmarch elle-même avait changé de nom au cours des temps. Au XIVème siècle, dans le cartulaire de Quimper, elle s’appelle Tuorte-n-Abad [Note :  Communiqué par M. LE Coz, recteur de Penmarch]. Ce nom est une forme corrompue de celui de Trégostré-Nabbat qui se trouve dans un aveu du 24 septembre 1414, et qui se change en Tréoultre-Nabbat dans presque tous les documents du XVème siècle (Archives du Finistère, E. 152 et A. 39). En 1498 Bécam Guillaume est simplement qualifié recteur de Tréoultré. L’adjonction Nabbat disparaît au XVIème siècle, et jusque vers 1700 le nom de Tréoultré est uniquement employé pour désigner la paroisse, tandis que celui de Penmarch désigne tantôt le port de Kérity, tantôt celui de Saint-Guénolé, tantôt toute la côte. Au XVIIIème siècle, les ports de Penmarch ont dépéri ou ont disparu ; le nom de Penmarch reflue, en quelque sorte, vers l’intérieur ; la paroisse s’appelle Tréoultré-Penmarch, et enfin, à partir de 1783, le nom de Tréoultré cesse d’exister sur la liste des recteurs où ne figure plus que le nom moderne. Ces fluctuations de la toponymie sont une image de la destinée changeante de Penmarch.

Saint-Guénolé et Beuzec Cap-Caval ont subi des variations d’un autre ordre. Beuzec était une paroisse, comme Tréoultré ; l’église, qui existe encore, est du XVIème siècle, comme celle de Penmarch. Saint-Guénolé fut érigé en trève de Beuzec par une bulle d'Innocent VIII, du 11 octobre 1489 [Note : D’après les registres paroissiaux. Bull, de la Soc. arch. du Finist..., 1904, p. 18] ; à la même époque, on construisit la vaste église inachevée qui a tant frappé l’imagination des chercheurs de ville. Mais cette église, faute d’avoir été achevée, tomba en ruines au XVIIème siècle : c’est pourquoi, le 23 octobre 1722, l’évêque de Quimper en prononça l’interdiction qui fut maintenue malgré les plaintes des habitants : « Tous les intersignes, s’écriaient-ils, comme le port de mer qui a été conservé, doivent convaincre que le bourg de Saint-Guénolé a été autrefois plus considérable qu’aucune des petites villes de la province » [Note : Archives de la paroisse de Penmarch]. La paroisse de Beuzec Cap-Caval fut elle-même supprimée en 1790, et son territoire démembré passa aux paroisses voisines : Beuzec fut annexé à Plomeur, Saint-Guénolé à Penmarch.

Si nous nous plaçons au point de vue de la propriété du sol et des droits qui entraînaient avec eux la souveraineté entière ou partielle, le fractionnement nous paraît plus grand encore, et il s’y ajoute, comme nous le verrons pour les sécheries et les pêcheries, de la confusion et de l’incertitude dans les droits de chacun.

Il convient de distinguer, dans l’étude historique de Penmarch, d’un côté la propriété de la terre, de l’autre les droits de sécherie et de pêcherie, qui représentaient les deux sources de revenus des habitants.

Les terres et les maisons de Penmarch dépendaient en grande partie, soit comme propriétés directes, soit comme tenures féodales, de la baronnie du Pont, comme le montrent les aveux conservés aux archives du Finistère. Nous avons étudié cent de ces aveux, qui vont de 1462 à 1790 et que s’appliquent à presque tous les villages du territoire actuel de Penmarch et de Saint-Guénolé ; ils montrent que le baron du Pont tenait une grosse partie du pays. Cependant il convient de remarquer que dans ses propres aveux, « à Penmarch le baron du Pont ne réclame pas clairement la supériorité sur la paroisse, qui paraît avoir relevé du roi » (J. TRÉVÉDY, ouvr. cit., p. 141, note).

Il y avait en effet à Penmarch et à Beuzec-Cap-Caval un « fief du roi », dont il est difficile de fixer l’importance territoriale, mais qui venait sans doute, au moins pour une partie, de rachats opérés au temps des ducs de Bretagne et annexés au domaine ducal, puis royal de Quimper. Nous trouvons la trace de ces rachats en 1426, 1466 et 1475 (Archives du Finistère, A. 39), et il est à remarquer que ces opérations portent non seulement sur des terres, mais sur des sécheries de poisson, ce qui montre que la véritable importance du « fief du roi », au Cap-Caval, était dans les pêcheries et dans les sécheries, et non dans la possession du sol.

Les droits de pêcheries et de sécheries étaient partagés comme la seigneurie de la terre.

Au moyen âge, la pêche était fort active sur toutes les côtes de Basse-Bretagne, aussi bien en Léon qu’en Cornouaille, et les sécheries des congres, juliennes et merlus étaient des industries florissantes et prospères, Ces poissons servaient de poissons de carême dans l’intérieur du pays ; ils jouaient alors dans la consommation un rôle identique à celui que tient aujourd’hui la morue d'Islande et de Terre-Neuve. Sur certains zones l’industrie des sécheries tendait à se concentrer, comme vers 1925 l’industrie sardinière : ces zones étaient les environs du Conquet et de Saint-Mathieu, Pont-Croix et Audierne, Doëlan, et surtout le Cap-Caval.

Les pêcheries et sécheries du Cap-Caval étaient une source d’abondants revenus pour les barons du Pont, qui revendiquent dans leurs aveux, dans leurs écrits et dans leurs lettres, ces redevances, dont nous ignorons le taux au moyen-âge ; au XVIème siècle, elles furent fixées par un arrêt du Parlement de Bretagne du 24 octobre 1564 (Voir Mémoire de D’ERNOTHON, baron DU PONT, 1710. Archives des Côtes-d'Armor, E. 1481).

Mais à côté de la « sécherie du Pont », existait au XVIème et au XVIIème siècle, dans toute l’étendue du Cap-Caval, sans que les droits respectifs de l’une et de l’autre fussent délimités, la « sécherie du duc », c’est-à-dire du duc de Penthièvre, héritier du domaine royal qui avait hérité lui-même du domaine ducal de Bretagne. Aussi la sécherie ducale de Penthièvre et le « fief du roi » se confondent. En récriminant contre l’un, les barons du Pont récriminent aussi contre l’autre.

Outre leurs vastes territoires, les domaines de Penthièvre comprenaient les pêcheries et sécheries du Couesnon et de l’Arguenon, et les sécheries de Cornouaille ; ces dernières étaient à Doëlan, à Pont-Croix et au Cap-Caval. En 1465. à la suite de la ligue du bien public, le duc François II avait confisqué les domaines de la quatrième maison comtale de Penthièvre, qui cessa de les posséder pendant plus d’un demi-siècle, malgré l’annexion de la Bretagne à la couronne en 1491. C’est seulement en 1536 que le petit fils de la dernière comtesse de Penthièvre, le duc d’Etampes, obtint par le traité de Crémieu la reconstitution et la restitution de la Penthièvre comme duché. Devenue duché-pairie en 1569, la Penthièvre passa successivement à la maison de Luxembourg, à Mercoeur, aux maisons de Vendôme et de Conti, au comte de Toulouse (Voir GESLIN DE BOURGOGNE, Anciens évêchés de Bretagne, histoire et monuments, Saint-Brieuc, 1879, tome V. p. 35-45). Au milieu de tous ces changements, les droits de sécherie en Cornouaille furent souvent oubliés et tombèrent même en désuétude ; mais la maison de Penthièvre ne les laissa pas entièrement périmer, puisqu’elle les réclamait encore à Penmarch en 1710.

Au point de vue politique comme au point de vue religieux le territoire de Penmarch ou du Cap-Caval a donc suivi des destinées assez incertaines et variables. Ces destinées se reflètent dans les oscillations des chefs-lieux de groupement.

Pays agricole et maritime, le Cap-Caval a eu des chefs-lieux maritimes et des chefs-lieux continentaux. Le centre de pêche et de commerce de la contrée et son centre agricole ont été l’un et l’autre sujets à variations.

L’importance ancienne de la paroisse de Beuzec, ainsi que le nom de Cap-Caval qui était à la fois celui de cette paroisse et du pays entier, montrent bien que Beuzec Cap-Caval a été longtemps le véritable chef-lieu continental, et due Tréoultré, devenu plus tard Penmarch, n’a supplanté Beuzec que peu à peu.

Une oscillation du mème genre s’est produite entre les deux bourgades maritimes, Saint-Guénolé et Kérity [Note : Le port de Saint Guénolé est constitué par un léger retrait de la côte, au S. de l’anse de la Torche, à la limite de la côte rocheuse et de la Palue. L’île Conqc et les rochers qui l’entourent le protègent contre les vents du large ; un môle complète cette protection. Le port n’est accessible qu’aux bateaux de pêche ; il assèche de 1 m. 60 aux plus basses mers d’équinoxe. Le port de Kérity est situé sur la Palue du Sud ; il ne se compose que d’un môle et de quelques murs de quai ; il assèche de 3 m, aux plus basses mers. Mais la rade de Poul-Bras, au Large de Kérity, protégée par les Etocs, forme un mouillage sûr en eau profonde (5 m. 70 à basse mer dans les marées moyennes de morte eau) ; c’est le havre dont parle Toussaint de Saint-Luc (v. § 6)]. Il semble qu’à une époque antérieure, — peut-être au XVème siècle où l’on construisait l’église — Saint-Guénolé ait été la capitale maritime. « Le roi, écrivait le baron du Pont, le 10 novembre 1710, n’a le droit de percevoir ses droits [ceux du duc de Penthièvre] que dans la trève de Saint-Guénolé qui est dans la paroisse de Beuzec Cap-Caval, laquelle trève joint le lieu de Penmarch et s’appeloit autrefois l’ancien Penmarch, tandis que Penmarch d'à présent est entièrement dans la paroisse de Tréoultré » (Archives des Côtes-d'Armor, E 1481). Les plaintes des habitants de Saint-Guénolé, du 16 avril 1768 (Archives de la paroisse de Penmarch), quoique entachées d’exagération, montrent aussi que cette bourgade avait été un petit chef-lieu maritime, et qu’elle était bien déchue au XVIIIème siècle.

Dès le XVIème siècle, comme nous le prouverons, le chef-lieu maritime et commercial du Cap Caval s’était certainement transporté à Kérity. C’est à Kérity ou près de cette localité que l’en trouve aujourd’hui le plus de traces d’un ancien petit port et d’une agglomération au moins semi-urbaine : jetées en pierres de taille, maison seigneuriale à Kérity, maison dite des « dimes » à Kervellec, près de Kérity, rues rappelant par leurs noms des métiers urbains. Le seul port mentionné par Toussaint de Saint-Luc, en 1664 sur cette côte, est sans le moindre doute celui de Kérity, quoiqu’il ne soit pas expressément nommé.

Ainsi tandis que le chef-lieu agricole émigrait, aux XVIème et XVIIème siècles, de Beuzec-Cap-Caval à Tréoultré, le chef-lieu maritime se transportait très probablement de Saint-Guénolé à Kérity. Il y a donc eu une sorte de déplacement lent et graduel vers le sud des centres politiques et économiques du Cap-Caval. Quelles que soient les causes fort mystérieuses de ce mouvement, dû peut-être à un effort des barons du Pont pour attirer sur leurs terres la population rurale et maritime que ne retenait pas la main trop lointaine du duc de Penthièvre, le seul fait de la mobilité des chefs-lieux rend très problématique l’existence d’une importante agglomération urbaine, car une agglomération de ce genre ne se serait pas déplacée si aisément.

 

II. — HYPOTHÈSE D’UN MOUVEMENT POSITIF SUR LA CÔTE.

L’instabilité des groupements et la décadence des anciens ports du Cap-Caval ont été attribués en 1901 par M. le lieutenant de vaisseau Devoir, dans le mémoire dont nous avons déjà parlé, à un mouvement de lente submersion qui serait général sur les côtes de Basse-Bretagne, mais qui ferait sentir particulièrement ses effets sur les horizons bas du Cap Caval, où l’altitude moyenne n’est quede 3 à 5 mètres entre Penmarch, Kérity et Saint-Guénolé. M. Devoir ne reconnaît pas l’effet de la seule érosion marine dans les indéniables emprises de la mer sur la côte ; il y voit un phénomène de plus grande envergure, qui sûrement aurait eu sa forte part dans la ruine du vieux Penmarch. Nous devons donc étudier de près les déplacements de ce rivage sans cesse menacé.

On ne relève de trace d’un recul ancien de la ligne des côtes que sur la lisière S. W., entre la pointe de Penmarch et le môle de Kérity. Sur cette zone s’avance jusqu’au chenal de la Jument, à 1.200 mètres de la laisse des plus hautes mers, le plateau de roches de Villers-Bras, que continuent au delà du chenal, presque jusqu’aux Etocs, les récifs du Poul-Bras, Villers-Bras. Poul-Bras et les Etocs sont un plateau arasé où pointent encore 20 têtes de rocher au-dessus des plus grandes marées. C’est une sorte de large jetée qui protège à basse-mer le port de Kérity. Or c’est en cette partie de la lisière maritime de Penmarch que des traces de substructions anciennes ont été relevées, et que M. du Châtellier a trouvé un vase gallo-romain qui figure aujourd’hui aux collections de Kernuz (Lettre de M. du Châtellier à l’auteur, du 21 novembre 1904). La zone alternativement découverte et recouverte par la marée à Villers-Bras atteint une largeur inaccoutumée sur les côtes granitiques de Bretagne. Cette zone a 1.200 mètres de large contre 450 à Saint-Guénolé, 400 a l’anse de la Torche et 300 à peine au Guilvinec, Villers-Bras porte donc la trace visible d’un arasement d’origine marine. Mais cet arasement, bien limité à un horizon particulier, est en effet d’érosion d'autant plus explicable que le plateau qui va de la pointe de Penmarch aux Etocs est exposé de plein fouet à l’effort des vents et des courants du S. W.

En dehors de la destruction pièce à pièce du môle de résistance de Villers-Bras, le littoral de Penmarch porte la marque d’oscillations qui se compensent et qui tendent nettement vers un profil d’équilibre définitif.

De l’anse de la Torche au port du Guilvinec, le rivage présente deux types bien distincts. Le premier, qui forme la pointe de Saint-Guénolé, la pointe du phare d’ Eckmühl et la côte d'Eckmühl à Kérity, est un type de côte rocheuse composée de granulite en masses, traversée çà et là de filons de quartz. Le second, qui va de Saint-Guénolé à Eckmühl et de Kérity à la pointe de Men-Meur, au Guilvinec, est la Palue, c’est-à-dire une côte de dunes basses de sable qui font cordon à la limite d’un horizon de terres plus basses encore.

Or les matériaux de transport arrachés aux masses granulitiques érodées contribuent, avec les efforts des hommes, à regulariser et à fixer les lignes de côtes de la Palue. A l’état naturel, les dunes de la Palue séparaient de la mer des zones d’inondation intermittente, sortes de vasières marines que l’océan envahissait lors des grandes marées et des violentes tempêtes. Aujourd’hui, ces vasières intérieures ont disparu, soit d’elles-mêmes par la consolidation des dunes, soit par suite des travaux d’assèchement. La terre ferme a donc regagné largement dans la Palue ce que l’effort de la mer lui faisait perdre dans la masse granulitique et même sur la ligne des dunes.

Si nous consultons la carte de Cassini (n° 170), nous constatons qu'à son époque la ligne de côtes était sensiblement identique à la ligne moderne, à Villers-Bras comme ailleurs. En revanche, la carte de Cassini indique à l’intérieur des surfaces isolées, recouvertes par les eaux, qui n'existent plus aujourd'hui. Ce sont trois étangs situés, le premier entre Kervilon et Lescors, le second à Kerguidan, le troisième (Toul-Aster suivant Cassini, en réalité Toul-ar-Ster ou « fond des marais »), à l'E. de Kérity. D'après le plan cadastral, ce dernier communiquait avec la mer par un étroit chenal pratiqué dans la dune, au S. de Langourougan ; Cassini et la carte marine n° 125, levée en 1818 et 1819, confirment cette indication.

Le premier étang, dont la superficie atteignait environ cent hectares, est qualifié de « maréquage » et appelé « Loch Lescors » dans un aveu du 2 mai 1722 (Archives du Finistère, E. 152). Il semble que depuis longtemps il n'avait plus, à cette époque, de communication permanente avec la mer, non plus que le second, beaucoup plus petit, situé près de Kerguidan. Les dunes de la Palue avaient fait leur œuvre d’isolement des marais et de fixation de la côte. Cette œuvre a été complétée, au commencement du XIXème siècle, par l'assèchement des marais, opéré au moyen d'une rigole qui va de la Madeleine à Saint-Guénolé.

Le troisième étang de formation marine, Toul-ar-Stern, plus jeune peut-être que les autres puisque sa formation ne se place sans doute qu'après l'arasement de Villers-Bras, a disparu plus tard, sans que la main de l’homme ait aidé en quoi que ce soit sa disparition. Un pêcheur de Kerfézet a affirmé que vers 1860, les bateaux venaient encore charger dans le bassin de Toul-ar-Ster ; il s'agit sans doute des bateaux goémoniers si nombreux sur cette côte. Il est certain que la carte marine n° 125, ainsi que la carte géologique détaillée n° 87, faite sur les premières éditions de la carte au 1 : 80.000, portent le tracé très net du bassin de Tout-ar-Ster ; la carte marine indique même d'une façon indiscutable sa communication avec la mer. Ici encore, La Palue a fait son office : elle a commencé par isoler complètement Toul-ar-Ster qui ensuite s'est rapidement comblé, et qui est devenu ce qu'il est aujourd'hui, une étendue sablonneuse livrée à la vaine pâture.

L’examen détaillé des modifications subies par le rivage depuis l'établissement du cadastre (24 décembre 1832), c'est-à-dire depuis près de deux siècles, montre la vraie portée de ces modifications et les effets de l'érosion marine.

Cinq sections du plan cadastral de Penmarch touchent à la mer : ce sont les sections A, H, G, F, E. Notons que les limites des terres cadastrées sont celles des hautes marées d'équinoxe ordinaires.

La section A, de l'anse de la Torche à la limite méridionale du port de Saint-Guénolé, est une Palue au fond de l'anse de la Torche, et une côte rocheuse à Saint-Guénolé. Elle n'a subi aucun changement constaté.

La section H va de Saint-Guénolé au phare d'Eckmühl. C’est une Palue où se font sentir les effets de l'érosion. Le plan cadastral portait une lisière de terres vaines et vagues qui furent partagées par jugements successifs du tribunal de Quimper, dont le dernier est du 12 décembre 1896. Mais ces jugements laissèrent expressément de côté une lisière de 16 à 17 mètres de largeur que la mer et les sables avaient envahie. C'est à ce chiffre qu'on peut évaluer, sur ce point, le recul de la côte, que rend tangible la position avancée de la chapelle Notre-Dame-de-la-Joie, bâtie en 1588, dont les grandes marées envahissent aujourd'hui le choeur.

Sur la section rocheuse G, d'Eckmühl au môle de Kérity, des travaux de soutènement ont été exécutés mais le plan parcellaire du cadastre est toujours exact. Il n'en est pas de même sur la section F, du môle de Kérity au droit de Kersinal.

Cette section F est la Palue de Toul-ar-Ster ; plusieurs parcelles s'appellent simplement ar Palud. C'est une côte mobile, où le comblement du marais intérieur a été accompagné d'un déplacement des dunes. A l'E. de Kérity, le n° 349, ar Palud, d'une étendue de 4 hectares en bordure de la mer, a complètement disparu, et le n° 348, Toul-ar-Ster, a été quelque peu écorné. Sur cette zone, le recul de la côte atteint une largeur de 50 mètres. A l'E. du n° 349, le n° 1791, nommé également ar-Palud, a disparu aussi tout entier avec ses 2 hectares 84 ; mais ensuite le recul fait place à une ligne stable (n°s 1792 et 1793), et enfin à des progrès sur la mer (n°s. 1794 et 1795, jusqu'à la limite de la section E). C'est entre 1793 et 1794 qu'existait à l'établissement du cadastre le canal, aujourd'hui comblé, qui faisait communiquer Toul-ar-Ster avec la mer.

Quant à la section E, la dernière de la côte de Penmarch, on n’y remarque aucun changement jusqu'à la limite du Guilvinec.

Cette analyse montre le véritable caractère des déplacements de la côte de Penmarch. C'est un travail de fixation qui s'y opère ; sous l'effort de l'érosion marine, le littoral cherche son profil d'équilibre que lui fera trouver l'évolution de la Palue. Celle-ci, au prix d'un léger recul de la lisière marine, comble et assèche les anciennes zones d'inondation et les protège, par la consolidation progressive des dunes, contre les retours offensifs de la mer.

L'oeuvre est maintenant assez avancée pour que la tempête du 4 décembre 1896, qui a représenté dans ces régions le maximum connu de l'effort de la mer, n'ait eu d'autres résultats qu'un bouleversement partiel de la côte sur trois points, au S. du port de Saint-Guénolé, à Notre-Dame de la Joie et à l'W. du môle de Kérity. La tempête de 1896 n'a pu reprendre ni le Loch-Lescors, ni l'étang de Kerguidan, ni Toul-ar-Ster. Et ce ne sont pas les minces murailles de protection existant en 1896 qui l'ont arrétée.

Nous ne pouvons donc apercevoir la trace d'aucun mouvement positif sur la côte de Penmarch ; nous n'y voyons que les effets régulièrement rythmés de l'érosion marine avec comblement compensateur. Sans doute, la masse granulitique a été rongée sur plusieurs points : la terre a perdu, à une époque antérieure, les plateaux de Villers-Bras et de Poul-Bras, aujourd'hui arasés et recouverts par la marée. Sans doute aussi, la ligne des dunes a été rongée sur deux zones, à Notre-Dame de la Joie et à l'E. de Kérity. Mais ces pertes ont été largement compensées par la disparition des trois vasières marines et par la régularisation en avancée du dessin de la côte, à l'E. de Toul-ar-Ster. En tout cas, ces modifications locales ne suffisent point à expliquer la ruine de l'hypothétique ville de Penmarch : elles l'expliquent d'autant moins que les deux ports de Penmarch, Kérity et Saint-Guénolé, sont tous les deux, le second surtout, à l'abri des emprises marines et de l'invasion de la Palue mobile, et que les ruines et les édifices considérés comme des vestiges de la « grande ville » se trouvent tous, sauf Notre-Dame de la Joie, fort loin des zones maritimes exposées.

 

III. — PÊCHERIES DU CAP-CAVAL AUX XVIème ET XVIIème SIÈCLE.

C'est dans l'histoire des pêcheries et du commerce de Cap-Caval que nous trouverons la solution vainement demandée à la géographie physique.

Comme nous l'avons dit (§ 2) les pêcheries et les sécheries de congres, de juliennes et surtout de merlus étaient fort actives an moyen âge sur les côtes de Bretagne. Celles de Saint-Mathieu, dans le Léon, étaient affermées par le duc, dès le 4 mai 1279, à sept marchands de Bayonne (A. DE LA BORDERIE, Recueil d'actes inédits des ducs et princes de Bretagne, 1898, p. 264-265). Les pêcheries du Cap-Caval sont au moins aussi anciennes : mais nous ne trouvons de traces continues de leur existence qu'à partir du moment où commencent les actes de la quatrième maison de Penthièvre et les aveux de la baronnie du Pont.

Les « pêcheries et sécheries de Cornouaille » faisaient partie, comme nous le savons, du domaine de Penthièvre, dont elles suivirent la destinée. Confisquées par le duc en 1465, elles tombèrent en 1491 dans le domaine royal, et le traité de Crémieu les rendit, en 1536, à la maison de Penthièvre. Elles occupaient les trois régions de Doëlan, de Pont-Croix et du Cap-Caval. Au Cap-Caval, elles s'étendaient sur les paroisses de Tréoultré, de Plomeur, de Treffiagat, de Loctudy « au fief du roy », de Beuzec-Cap-Caval, et sur la trêve de Saint-Guénolé.

Les barons du Pont, de leur côté, revendiquaient les droits de pêcheries et de sécheries sur les « provinces maritimes de leur fief, qui sont Loctudy, Plonivel, Treffiagat, Tréoultré et Combrit » (Mémoire du baron du Pont, 1710. Archives des Côtes-d'Armor, E. 1481). On sait qu'à Tréoultré-Penmarch, en particulier, leurs droits venaient se superposer à ceux du domaine de Penthièvre. Les droits des deux maisons s'ajoutaient-ils ou se neutralisaient-ils ? Les uns étaient-ils perçus aux dépens des autres ? Pour le XVIème siècle, nous n'en savons rien c'est aux siècles suivants que nous voyons les prétentions rivales tantôt se neutraliser, tantôt se combattre.

Ce qui est certain, c'est que l'antique prospérité des pêcheries, qu'elles fussent de Penthièvre ou de la baronnie du Pont, prit fin avec le XVIème siècle. Deux causes amenèrent leur décadence : la première fut la découverte et l'exploitation des bancs de Terre-Neuve ; la seconde, que nous regardons comme la principale, fut l'état de guerre maritime avec l'Espagne, presque permanent pendant tout le XVIème siècle.

Dès le commencement du siècle, les habitants de Bréhat faisaient la pêche de la morue en Islande et à Terre-Neuve, comme le montre une transaction du 14 décembre 1514 passée entre eux et les moines de Beauport (TRÉVÉDY, ouv. cit., p. 210). Leur exemple dut être suivi par de nombreux marins d'Armorique. On nous raconte que pendant son gouvernement de Bretagne, de 1542 à 1565, le duc d'Etampes, pour répondre aux incursions anglaises sur le littoral, s'empara des bateaux destinés à la pêche de Terre-Neuve, les arma en corsaires et fit subir aux Anglais de grosses pertes (GESLIN DE BOURGOGNE, ouvr. cit., t V, p. 35-45), La morue qui venait de Terre-Neuve fit aux merlus séchés de Penmarch une rude concurrence.

Mais peut-être cette concurrence n'eût-elle pas entraîné un désastre complet pour les pêcheurs du Cap-Caval, si ceux-ci n'avaient pas eu à subir les maux d'une guerre maritime continuelle faite de chicanes, de surprises et de débarquements à l'improviste, comme celle qui dura depuis les guerres de Louis XII jusqu'au traité de Vervins (1502-1598), avec de rares intervalles de paix. Cette guerre, avec des ennemis comme les Espagnols qui possédaient alors la première marine de l'Europe, était d'autant plus redoutable que la France n'avait ni marine de guerre, ni défense des côtes organisée. La position avancée de Penmarch, traditionnel point d'atterrissage et de reconnaissance pour les bateaux qui s'élevaient du golfe de Gascogne vers la Manche, exposait tout particulièrement les pêcheurs de ce territoire aux coups de l'ennemi. Il n'est pas surprenant que les ravages des Espagnols, et surtout le sentiment d'une constante insécurité, aient fini par ruiner les pêcheries et par disperser en grande partie la population maritime.

C'est dans les archives de Penthièvre que nous trouvons des traces de cette déplorable situation. Dès le 1er octobre 1509, Charles Rolland, « fermier du debvoir des pêcheries et sécheries de Cornouailles » se plaint au sujet des bateaux pêcheurs qui ont cessé d'aller en mer par crainte des ennemis. En 1527, les fermiers font requête « au roy et à Messieurs de son conseil », parce que plusieurs pêcheurs refusent de payer le droit. En 1551, les débiteurs passent du refus à la révolte ; les fermiers s'adressent au duc d'Etampes, qui envoie aux rebelles Jean de Rosmadec pour tâcher de les ramener par la douceur. De Tréoultré, Jean de Rosmadec écrit au duc d'Etampes (août 1553) : « Je montrai aux paroissiens le tort qu'ils avoient de vous nier le droit de pêcheries ; ils commencèrent à crier après moy, disantz qu'ils étoient fort pauvres et que les Espaignolz leur faisoient ordinairement ennuy ». Remarquons ces cris de misère, à Tréoultré-Penmarch, à une époque où, d'après la légende, la « ville » de Penmarch devait encore jouir d'une fabuleuse prospérité. Jean de Rosmadec ne réussit pas à enrayer le mouvement : en 1555, les pêcheurs de Treffiagat nièrent à leur tour le droit de pêcheries ; le 19 décembre 1556, les habitans de Saint-Guénolé ne le contestèrent pas, mais ils réclamèrent parce que les fermiers le portaient à trop haut prix, et surtout ils se défendirent de la solidarité qu'on voulait leur imposer pour le paiement intégral des taxes [Note : Tous ces documents (1509-1556) sont aux Archives des Côtes-d'Armor, E. 1481].

Tant de difficultés, qui ne firent assurément qu'augmenter pendant les troubles de la Ligue, diminuaient dans de fortes proportions la valeur des droits du domaine de Penthièvre et le revenu qu'il était possible d'en tirer. Aussi les redevances imposées par les baux aux fermiers baissent rapidement au XVIème siècle, pour tomber presque à rien au XVIIème siècle, comme le montre le tableau suivant, qui indique les redevances des seuls baux que nous ayons conservés (Archives des Côtes-d'Armor, E. 1481). Ces baux se renouvelaient en général de trois ans en trois ans :

Baux des propriètaires de bateaux à Penmarc'h (Bretagne).

C'est dans la période trouble de 1548 à 1585, sur laquelle les renseignements précis nous manquent, que commença la décadence de la ferme des pêcheries ; au XVIIème siècle, malgré un effort pour se relever, elle tomba définitivement. Donc le recouvrement des droits avait d'abord été difficile et était devenu, en fin de compte, tout à fait illusoire.

C'est pourtant au moment même où commençait la crise, en 1557, que fut fixé par le roi, à la reformation du domaine de Penthièvre, le taux des redevances que devaient payer les pêcheurs, et ces redevances, comme nous allons le voir, étaient assez élevées. Les barons du Pont suivirent cet exemple ; ils obtinrent, le 24 octobre 1564, du Parlement de Bretagne, un arrêt qui déterminait sur leurs domaines le devoir de pêcheries (Mémoire du baron du Pont, 1710. Archives des Côtes-d'Armor, E. 1481).

Les pêcheurs qui dépendaient de la seigneurie de Penthièvre sont divisés, au point de vue des droits, en maîtres, compagnons, pages et vaccanteurs, Les trois premiers mots n'ont pas besoin d’explication ; quant au vaccanteur, qui a exercé jusqu'ici la sagacité des historiens locaux (Voir Trévédy, ouvr. cit., p. 147), une pièce conservée aux archives du Finistère nous semble montrer clairement la signification de ce terme, Le vaccanteur était, en quelque manière, le marin qui avait un rôle de navigation, mais non un rôle de pêche ; il ne payait pas pour pêcher, mais pour naviguer au commerce ou dans tout autre but.

A Plomeur et à Tréoultré, suivant les tarifs établis en 1557, qui ne furent jamais modifiés depuis, les pêcheurs, maîtres et compagnons, paient chacun 63 sols 9 deniers, plus quatre merlus, les pages 25 sols, les vaccanteurs 25 sols ; à Saint-Guénolé, les tarifs sont respectivement de 70 sols et 4 merlus, 25 sols et 25 sols ; à Beuzec-Cap-Caval, les tarifs sont les mêmes qu'à Tréoultré. Ainsi les pêcheurs de Saint-Guénolé étaient les plus fortement taxés, ce qui semble indiquer que ce port était le principal centre de la pêche ; d'autre part, la médiocrité des droits imposés aux vaccanteurs prouve que la prospérité du pays reposait avant tout sur la pêche et non sur le commerce, ce qui est un nouveau coup porté à la légende qui nous montre Penmarch rempli de l'or des trafiquants.

Si les taxes exigées des misérables pêcheurs du Cap-Caval nous paraissent lourdes, les formalités qu'on leur impose sont assez rigoureuses, ce qui nous permet d'apprécier à leur juste valeur les assertions du chanoine Moreau et de dom Taillandier qui nous représentent Penmarch comme une sorte de république se gouvernant elle-même. Chaque maître doit comparaître chaque année, pour s'enrôler, devant le juge de la pêcherie, « au havre du Cap-Caval » ; il s'oblige à payer les taxes en deux termes, sous peine de confiscation ; il nomme « fidèlement et sans fraude » ses compagnons et ses pages ; il ne peut admettre dans son bateau que 4 pages ou mousses pour le bateau de 9 à 12 pêcheurs, 5 pour le bateau de 12 à 16 pêcheurs, 7 pour le bateau de 18 à 20 pêcheurs ou au-dessus. Ces dernières prescriptions sont remarquables. Elles nous donnent une idée de l'importance et même du tonnage des bateaux de pêche de Penmarch au XVIème siècle. Evidemment, ces bateaux étaient beaucoup plus forts que les légers esquifs sardiniers de nos jours, qui ne portent que 4 ou 5 hommes et qui ne peuvent servir qu'à la pêche côtière. La flottille penmarchaise était composée d'assez grosses barques dont les plus faibles devaient avoir 15 à 20 tonneaux, les plus fortes 35 à 40. De tels bateaux pouvaient fort bien se livrer, non seulement à la pêche, mais au commerce de cabotage sur les côtes bretonnes dans les intervalles des saisons de pêche, et c'est là l'origine véritable de l'importance commerciale de Penmarch.

Les barons du Pont, en suivant, en 1564, l'exemple de la Penthièvre, ne taxèrent pas aussi rigoureusement leurs vassaux. A Tréoultré-Penmarch, le droit était de 45 sols par maître et par compagnon pour les pêcheurs qui demeuraient au-dessous du pont Ninon [Note : Ce pont est à proximité immédiate du bourg de Penmarch], c'est-à-dire plus près de la mer, et de 35 seulement pour ceux qui demeuraient au-dessus [Note : Mémoire du baron du Pont, 1710. Archives Côtes-d'Armor, E. 1481]. Cette douceur relative des droits exigés par la baronnie du Pont explique peut-être pourquoi les pêcheurs soumis aux taxes plus dures de la Penthièvre se montrèrent, dès le XVIème siècle, si indociles. Les formalités prescrites semblent avoir été à peu près les mêmes dans le domaine du Pont que dans celui de Penthièvre.

Nous avons des motifs de croire, au moins pour le domaine de Penthiévre, que les droits établis en 1557 ne furent jamais intégralement perçus. Leur établissement avait coïncidé avec la décadence des pêcheries, que ces taxes n'étaient pas faites pour arrêter, bien au contraire. Nous avons vu avec quelle rapidité baissèrent les redevances fixées par les baux des fermiers. Même avec ces réductions successives, les possesseurs de la Penthièvre eurent beaucoup de mal à trouver des gens qui voulussent bien prendre à ferme leurs pêcheries. Ainsi le sieur Péchin, conseiller et intendant, fait une vaine tentative pour renouveler le bail, le 26 mai 1607, à Quimper ; il en fait une autre aussi inutile, le 4 juillet, à Penmarch. Cela s'explique aisément. Les fermiers avaient toutes les peines du monde à recouvrer les droits fixés par les ordonnances. En 1618, les vaccanteurs refusent de les payer, et il faut instrumenter contre eux. Un fragment de compte nous donne une idée de la manière dont furent acquittés les droits de 1628 à 1630. Le 20 novembre 1628, à Tréoultré, 4 maîtres de bateaux se libèrent des taxes, pour eux et pour leurs compagnons ; le 13 janvier 1629, à Saint-Guénolé, 3 maîtres, 9 compagnons et 2 vaccanteurs s'y soumettent ; à Plomeur il n'y a que 2 vaccanteurs. Au 1er avril 1630, 4 maîtres de Tréoultré et 7 compagnons de Saint-Guénolé acquittent les droits. Il est évident que presque toute la population maritime refusait tout paiement. Nous ne sommes pas surpris de trouver, au 7 avril 1630, un avis comminatoire aux pêcheurs de Tréoultré d'avoir à « s'enrôler et à bailler leurs noms, sous peine de voir leurs bateaux saisis » ; mais il n'y a aucune témérité à penser qu'ils demeurèrent sourds à toutes les menaces (Archives Côtes-d'Armor, E. 1481).

Tandis que les droits de la Penthièvre s'évanouissaient avec les pêcheries elles-mêmes, ceux de la baronnie du Pont s'en allaient aussi par lambeaux. Il est à peu près certain que les barons du Pont, plus proches de Penmarch, se firent payer pendant plus longtemps que les ducs de Penthièvre et d'une manière plus suivie ; mais ils ne recouvraient qu'en partie leurs droits, qui étaient pourtant moins lourds que ceux de la Penthièvre. A mesure que le rendement diminuait, les chances de conflit augmentaient entre les deux autorités qui percevaient des taxes au Cap-Caval, et qui devaient en venir à se disputer jalousement les débris des redevances anciennes. Le conflit éclata en 1710. A cette date, le domaine de Penthièvre cherche à rentrer en possession de ses vieux droits, pour lesquels il obtient des juges de l'amirauté, le 14 juillet, une ordonnance confirmative. Le baron du Pont, d'Ernothon, que avait déjà beaucoup de mal à se faire payer une partie de ses redevances à Penmarch, prend feu à cette nouvelle ; il proteste avec énergie, et en fin de compte, le domaine de Penthièvre recule et renonce à recouvrer son droit de pêcherie (Archives Côtes-d'Armor, E. 1481).

Cette querelle nous a valu quelques détails curieux sur les vieilles pêcheries du Cap-Caval à cette derniùre période de leur existence. Un mémoire du 31 octobre 1710 nous montre que le baron du Pont n'a perçu cette année à Tréoultré que 63 liv. 16 s. 6 d., qui ont été payés par 33 maîtres, compagnons, pages et vaccanteurs. « Les pêcheurs de Tréoultré, écrit le 28 septembre d'Ernothon à Planche, sénéchal de Lamballe, sont si gueux et si misérables, et par dessus tout si mutins et si portés à la révolte, que loin de pouvoir réussir à faire payer les droits de pêcherie au duché de Penthièvre, qui sont de moitié plus forts que ceux qu'ils me doivent, je ne Peux qu'avec beaucoup de peine recevoir une partie des miens. Il est à craindre que les pêcheurs et habitants de Tréoultré ne quittent et abandonnent entièrement la pêche, dont ils font de continuelles menaces ». Et dans une autre lettre du 29 octobre : « Les pêcheurs de Tréoultré sont très-mutins et fort révoltés ; ils ont maltraité mes sergents que j'y envoyais pour la perception de mes droits qu'ils ont toujours payés, et qu'ils menacent de jeter dans la mer quand j'y en enverrai ». D'autre part, le 9 octobre 1710, les représentants du duc de Penthièvre reconnaissent eux-mêmes que « si les habitants de Tréoultré étaient gens raisonnables avec qui l'on pût traiter, il serait assez à propos d'aller sur les lieux et de leur faire voir les titres pour les porter à payer volontairement ce qu'ils doivent, mais ce sont des gens brutaux avec lesquels il ne faut pas espérer terminer par les voies de la douceur » [Note : Toutes les citations ci-dessus sont extraites de pièces de E. 1481, des Archives des Côtes-d'Armor]. Les anciennes pêcheries et sécheries de merlus du Cap-Caval agonisaient ; l'activité et la vie ne devaient renaître sur cette côte qu'un siècle et demi plus tard, avec la pêche et l'industrie de la sardine.

 

IV. — PORT DE COMMERCE DE PENMARCH AU XVIème SIÈCLE.

L'activité commerciale de Penmarch était liée à celle des pêcheries. Les bateaux penmarchais n'axaient guère, comme fret de sortie, que les congres, les juliennes, les merlus, les sardines et les maquereaux. Comme nous l'avons dit, la barque de pêche de Penmarch était assez forte pour naviguer à ce que nous appellerions maintenant le bornage et le cabotage. Le bateau et l'équipage qui péchaient pendant la saison favorable étaient le même équipage et le même bateau qui allaient de port en port avec des marchandises, sur la côte de Bretagne, pendant le reste de l'année. Cela distingue nettement Penmarch, le Douarnenez et le Concarneau du XVIème siècle, du Douarnenez et du Concarneau modernes, où la flottille de pêche sert à la pêche seulement. Cela nous montre aussi qu'au Cap Caval le négoce et la pêche étaient étroitement liés, car les pêcheurs étaient en même temps trafiquants et commerçaient au loin, tandis que rien de pareil n'existe aujourd'hui sur cette côte.

Dès la fin du XVème siècle, nous pouvons apprécier l'importance relative du port marchand de Penmarch au moyen des textes relatifs aux droits de coutume payés au port de Royan, que fréquentaient alors beaucoup de bateaux bas-bretons. « De 1478 à 1483, un dixième environ des 600 navires qui passèrent à Royan appartenaient à des ports bas-bretons : 9 venaient de Penmarch, 12 d’Audierne, 6 Bénodet ; les autres ports n'envoyérent que deux ou trois navires » (Bulletin de la Soc. Archéol. du Finistère, 1904. Procès-verbal de la séance du 24 nov. 1904, p. X). Cette proportion nous montre bien dans Penmarch, non pas un Nantes comme le disait hyperboliquement Souvestre, mais tout au moins un Concarneau ou un Douarnenez, c'est-à-dire un petit port de cabotage assez actif.

Au XVIème siècle, malgré le déclin commençant des pêcheries, le centre commercial de Penmarch se maintint assez longtemps ; il eut même sans doute une heure de prospérité factice qui précéda immédiatement sa ruine. Car la flottille déjà construite, précisément parce qu'elle était de moins en moins employée à la pêche, servit davantage aux transactions commerciales, jusqu'à la disparition graduelle des barques qui la composaient. C'est peut-être à cette heure d'éclat fugitif qu'il faut rapporter l'envoi par Penmarch, en 1571, d’un député aux Etats de Bretagne (J. Trévédy, Liste des villes ayant député aux Etats (Bull. de la Soc. arch. du Finistère, 1898, p 212) ; il est vrai que Penmarch, qualifié ville en cette circonstance, partage cet honneur avec de petits bourgs comme Saint-Renan et Châteauneuf-du-Faou.

Les registres des droits perçus sur les navires à l'entrée et à la sortie du port de Nantes, dont une série ininterrompue a été conservée du 1er octobre 1554 au 1er octobre 1557 (Archives d'Ille-et-Vilaine, C. 3260 à 3262), nous donnent une idée exacte du commerce maritime de Penmarch, juste à l’époque où les commissaires de réformation fixaient les droits de pêcheries, peu d'années avant les désordres de la Ligue, la décadence des pêcheries et le dépérissement du commerce maritime. Nantes était la capitale commerciale de toute la côte sud et ouest de la Bretagne: les relations entre ce port et Penmarch étaient certainement aussi fréquentes qu'elles pouvaient l'être, et la flottille penmarchaise trouvait un de ses principaux emplois, le plus important peut-être, aux transactions avec le grand port de la Loire.

Du 1er octobre 1554 au 30 septembre 1555, sur 1.711 bateaux de mer qui sortent de Nantes, 36 appartiennent au port de Penmarch. Sur 36 bateaux, 15 sont « venus vuydes », sur lest ; les autres ont apporté des sardines, des merlus et des maquereaux ; un seul est arrivé chargé de froment. Presque tous repartent avec des barriques de « vin nantoys » ou de « vin d'amont » pour Penmarch, Brest, Saint-Malo, Quimper et Lannion. — La même année, le petit port voisin de Loctudy est représenté à Nantes par 20 bateaux qui arrivent et qui partent chargés de même (Archives d'Ille-et-Vilaine, C. 3260).

Du 1er octobre 1555 au 30 septembre 1556, le nombre des bateaux penmarchais n’est plus que de 12 sur 1660 ; encore faut-il remarquer que sur ces 12, 10 viennent à Nantes du 1er octobre au 30 avril, et 2 seulement pendant le fort de la saison de pêche d'été. 3 arrivent sur lest ; les autres apportent des merlus, de la sardine, de la « morue parée », du poisson frais ; un bateau débarque en outre « deux peaulx de vache ». Ils repartent presque tous avec du vin, principal fret de sortie de Nantes à cette époque, pour Penmarch, Quimperlé, Quimper et Saint-Brieuc. La même année, Loctudy est représenté par 13 bateaux, Concarneau par 10, Audierne par 1 seulement (Archives d'Ille-et-Vilaine, C. 3261).

Du 1er octobre 1556 au 30 septembre 1557, le trafic de Penmarch se relève vigoureusement : 41 bateaux sur un total de 1.903 ; mais 35 bateaux sur 41 avaient déjà fait leur voyage au 30 avril 1557. Donc, comme les années précédentes, le négoce avait lieu surtout pendant l'hiver. Dans la seule journée du 14 novembre 1556, 5 bateaux de Penmarch quittèrent Nantes ; il y en eut 9 du 10 au 12 février 1557. La proportion des bateaux venus sur lest était considérable : on en compte 32 ; les autres arrivèrent chargés de harengs, d'avoine, de merlus et de maquereaux. Les bateaux reprirent la mer avec des chargements de vin pour Penmarch, Saint-Brieuc, Pontrieux, Portrieux, Landerneau, Quimper, Lannion, Morlaix. Un seul, de plus fort tonnage, porta en Ecosse 53 tonnes de vin et 7 tonnes de pruneaux, Le commerce de Loctudy se chiffra cette année à Nantes par 24 bateaux, celui de Concarneau par 7, celui d'Audierne par 11 (Archives d'Ille-et-Vilaine, C. 3262).

Penmarch était donc, de 1554 à 1557, le plus actif des petits ports de cabotage de Cornouaille, et ses marins ne se contentaient pas d'aller et de venir de Penmarch à Nantes : ils étaient en quelque sorte les « routiers des mers » qui transportaient les produits nantais sur toute la côte ouest et nord de Bretagne, de Quimper à Saint-Malo, et quelquefois plus loin. Un centre commercial s'était greffé sur le centre de pêcheries du Cap-Caval. Des deux petits ports de la côte, Saint-Guénolé et Kérity, un, Kérity, était devenu une bourgade marchande en même temps qu'un port de pêche.

C'est à Kérity qu'il est possible de retrouver des traces du port de commerce. Ces traces sont d'abord les noms de rues indiqués par Fréminville. Deux noms seulement subsistent aujourd'hui dans la tradition orale ; encore cette tradition ne vit-elle plus que chez les vieilles gens ; c'est un vieillard de quatre-vingts ans qui nous a donné les noms de deux sentiers situés en face de l'église ruinée le Kérity, la rue du Marché au Blé et la rue des Orfèvres. Comme nous l'avons indiqué, ce n'est pas la qualification de rue donnée à ces sentiers qui peut établir l'existence d'une ville à Kérity (Trévédy, ouv. cit., p. 205). Les rues ne sont au Cap-Caval que des sentiers ruraux. Un aveu de terres et de maisons situées à Kérity, du 16 novembre 1641, nous parle « d'un bout de maison faisant la moitié de la rue Ruaillan, contenant de longueur trente et un pieds » (Archives du Finistère, E. 154). On voit ce que pouvaient être des rues semblables. La qualification de ville elle-même, appliquée à Kérity dans les aveux, ne prouve rien non plus, puisqu'un aveu du 24 septembre 1414 entre autres, parle des « héritages, possessions et saesines que Riou a, doit, et peut avoir en la ville de Kerfrès, son terrouer... » (Archives du Finistère, E. 152) ; or Kerfrès n'a jamais été qu'un groupe de deux ou trois maisons. Mais les noms de rue du Marché aux Blés et de rue des Orfèvres prouvent l'existence de commerces qui ne pouvaient guère prospérer que dans une bourgade de caractère urbain.

Ce qui montre encore mieux l'existence d'un noyau comercial à Kérity, ce sont les noms de personnes qualifiées de marchands que nous avons retrouvés dans les aveux fournis au baron du Pont. Ces marchands sont rares ; trois seulement sont nommés dans cent aveux ; mais ils demeurent tous les trois au même endroit, à Kérity (Archives du Finistère, E. 135, E. 152). Le 14 août 1588, il y a un aveu fourni par « Guillaume Rouzault, merchant, demeurant au, bourg de Kérity » ; le 20 juin 1590, aveu de « Guillaume Pochin, merchant, demeurant au bourg de Kérity » ; le 19 septembre 1599, aveu de « Pierre Toulellan, merchant, demeurant au village de Kervilly », et Kervilly n'est que le faubourg occidental du Kérity. Ainsi, c'est bien à Kérity-Penmarch que se trouvait le port de commerce du Cap- Caval.

 

V. — DÉCADENCE ET RUINE DE PENMARCH AU XVIIème SIÈCLE.

Quand la production des pêcheries du Cap-Caval s'arrêta tout à fait, les commerçants émigrèrent et le commerce disparut. Un demi-siècle après l'époque où nous venons de voir des négociants installés à Kérity, le vieux Penmarch avait péri sans laisser même un souvenir. Voici comment s'exprime Toussaint de Saint-Luc, décrivant en 1664 les côtes de Bretagne [Voir TOUSSAINT DE SAINT-LUC, l'Histoire de Conan Mériadec qui fait le premier régne de l’histoire generale des Souverains de la Bretagne Gauloise, dite Armorique, avec la première partie des recherches générales de cette province (Paris 1664, reimprimé en 1879 par L. PRUDHOMME, à saint-Brieuc). — p. 245)].

« D'Audierne, on tourne la coste sans trouver aucun port ou ancrage considérable, iusques à la pointe de Penmarch, sous laquelle il y a l'espace de bien vne lieuë du costé du sud des escueils et des roches fort à craindre ; mais du costé de l'est, on entre aussi seurement que facilement dans le haure [de Kérity], les plus grands vaisseaux peuvent y estre en toute marée sur dix brasses d'eau. On trouve ensuite la pointe de Loctudy, où l'ancrage peut estre sur 10 et 12 brasses d'eau, et puis on entre dans la manche qui conduit au port de Pont-l'Abbé, qui est peuplé de riches marchands ».

Remarquons que Toussaint de Saint-Luc, qui donne une mention au commerce de Pont-l'Abbé, passe entièrement sous silence celui de Penmarch. La vie commerciale de Penmarch était donc éteinte en 1664.

Cependant, la ruine des gros villages pêcheurs et marchands du Cap-Caval ne fut point soudaine. La classe des négociants se dispersa peu à peu : ce ne fut pas La Fontenelle qui l'extermina, selon toute vraisemblance. Les familles nobles qui existaient à Penmarch abandonnèrent et vendirent leurs terres ou ne résidèrent plus. On ne relève aucun cas de noble résidant dans les aveux rendus, au XVIème et au XVIIème siècles, à la baronnie du Pont. Un cas nous permet même de penser qu'il y eut des mésalliances, et que des familles nobles tombèrent en roture. Dans un aveu fourni le 23 avril 1644, par des habitants de Kerbézec qui exposent leur filiation et leurs héritages et qui sont de simples roturiers, un nom noble apparaît à la deuxième génération (Archives du Finistère, E. 152). Les petits groupes de nobles et de bourgeois commerçants du Cap-Caval disparurent, et il ne resta plus au cap que la foule misérable des pêcheurs et des paysans.

Ce sont les aveux réunis par les barons du Pont qui nous donnent le tableau le plus expressif de la ruine de Penmarch. Les maisons bourgeoises et nobles, les manoirs ruraux et les boutiques de Kérity furent délaissés et tombèrent chevron par chevron, pierre par pierre ; les paysans se nichèrent dans ces ruines sans les réparer, et beaucoup de bâtiments finirent par devenir des tas de pierrailles, au point qu'Ogée put écrire au XVIIIème siècle : « Le territoire de Penmarch est plein de démolitions ». (OGÉE, Dict. de Bret. 1769 t. III, p. 338- 339). Sans doute, quand les documents nous parlent de masures, de « vieilles mazières », il n'y a rien là qui se rapporte particulièrement à la ruine de Penmarch, car il y a toujours des masures dans les exploitations rurales, Mais il n'en est pas de même quand les aveux signalent d'anciens emplacements de maisons ou des débris de constructions importantes. Ainsi le village de Kerdunez « autrefois hébergé de maisons et crèches, à présent ruiné et en mazières » (17 mars 1707) ; ainsi « une vieille mazière et applacement de maison à présent en ruine et découverte avec son aire » (Kerguidan, 5 mai 1672) ; « une maison à cheminée toute découverte avec son aire devant » (Kerguidan, 11 février 1628) ; « un applacement de maison sur les bords de la mer, — une autre entièrement en ruine dont les dimensions sont inconnues, sans qu'on puisse sçavoir d'où elle avoit ses ouvertures ; l'applacement d'une grange à présent ensemencé de filasse » (Kervilly, 17 novembre 1786) ; « une apparence de maison à cheminée à raz de terre et les pierres toutes transportées de dessus les lieux » (Kerlourn, 6 septembre 1759) ; « un applacement de maison avec son pourpris et yssues sous le midy » (Kergarrien, 15 avril 1594). La date de ce dernier aveu prouve bien que l'abandon et la ruine des édifices de Penmarch avaient commencé avant les ravages de la Fontenelle (Archives du Finistère, E. 135, E. 152, E.154).

Au point de vue de cette destruction lente et progressive, les cent aveux que nous avons consultés pour Tréoultré et Saint-Guénolé, et qui vont de 1462 à 1790, se divisent de la manière suivante :

 

Ce tableau nous montre que la destruction n'est pas encore générale au XVIIème siècle, où les maisons et les manoirs abandonnés subsistent, en grande partie intacts ; mais au XVIIIème siècle, le temps a fait son oeuvre, et les descriptions de ruines se multiplient. De nos jours, les ruines elles-mêmes ont disparu ; elles n'ont laissé d'autres traces que les substructions parfois visibles à ras de terre, et les innombrables pierres de grand appareil employées à édifier les muretins qui divisent les champs de Penmarch.

VI. — CONCLUSIONS.

Notre étude nous a conduit aux conclusions suivantes :

La légende a exagéré l'importance du vieux Penmarch et s'est trompée souvent sur les causes de sa ruine. Le territoire Cap-Caval n'a jamais eu de grosse agglomération urbaine, comme le prouve la dispersion des centres de groupement. Aucune cause physique ne peut expliquer la dévastation de ce coin de terre. La prospérité du Cap-Caval était fondée sur les pêcheries et sur les sécheries de « poissons de carême », auxquelles la découverte de Terre-Neuve et surtout les guerres espagnoles du XVIème siècle ont porté un coup dont elles n'ont pu se relever. Le commerce de Penmarch dérivait de la pêche, et la flottille penmarchaise transportait sur toutes les côtes de Bretagne les produits de la pêche et d'autres marchandises, ce qui avait fait de Kérity-Penmarch un centre actif de cabotage et une petite agglomération urbaine. Mais le négoce s'appauvrit à mesure que les pêcheries déclinèrent, et au XVIIème siècle, pêcheries et commerce avaient totalement disparu. Les édifices laissés à l'abandon, non seulement à Kérity, mais sur tout le territoire du Cap-Caval, tombèrent pierre par pierre, et deux cents ans suffirent à les anéantir tout à fait. A côté du vieux Penmarch ainsi effacé naquit, avec l'industrie sardinière, le Penmarch moderne.


DOCUMENT N° 1.

Liste des bateaux de Penmarc'h (Bretagne) - liste 1.

Liste des bateaux de Penmarc'h (Bretagne) - liste 2.

Liste des bateaux de Penmarc'h (Bretagne) - liste 3.

Liste des bateaux de Penmarc'h (Bretagne) - liste 4.

Liste des bateaux de Penmarc'h (Bretagne) - liste 5.

Liste des bateaux de Penmarc'h (Bretagne) - liste 6.

 DOCUMENT N° 2.

Pêche à Penmarc'h (Bretagne) - liste 1.

Pêche à Penmarc'h (Bretagne) - liste 2.

Pêche à Penmarc'h (Bretagne) - liste 3.

DOCUMENT N° 3.

Propriètaires de bateaux à Penmarc'h (Bretagne) - liste 1.

Propriètaires de bateaux à Penmarc'h (Bretagne) - liste 2.

 (Camille Vallaux).

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