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Naufrages à Penmarc'h.

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Penmarc'h a une attirance irrésistible pour le touriste amateur de larges horizons. C'est surtout par une mer démontée qu'il faut contempler ces côtes entourées d'une ceinture de roches que des vagues monstrueuses viennent couvrir d'écume. Nulle part, sur les côtes de France, la mer soulevée par la tempête n'offre de spectacle aussi impressionnant.

« Tout ce que j'ai vu dans mes longs voyages, dit Cambry : la mer se brisant sur les rochers d'Altavelle et les côtes de fer à Saint-Domingue, les longues lames du détroit de Gibraltar, une tempête qui combla sous mes yeux le port de Douvres en 1787, la Méditerranée près d'Amalfi ; rien ne m'a donné l'idée de l'Océan frappant les rochers de Penmarc'h.

Ces rochers noirs et séparés se prolongent jusqu'aux bornes de l'horizon ; d'épais nuages de vapeur roulent en tourbillons ! le ciel et la mer se confondent. Vous n'apercevez dans un sombre brouillard que d'énormes blocs d'écume ; ils s'élèvent, bondissent dans les airs avec un bruit épouvantable ; on croit sentir trembler la terre. Vous fuyez machinalement ; une frayeur, un saisissement inexplicable s'emparent de toutes vos facultés ; les flots amoncelés menacent de tout engloutir. Vous n'êtes rassuré qu'en les voyant glisser sur le rivage et mourir à vos pieds... ».

Parfois cependant comme en 1888, 1896 et tout dernièrement le 9 janvier 1924, la mer franchit le frêle rempart qui la sépare de la terre. Ses flots démontés débordent les dunes, projettent au loin les bateaux qui se brisent en s'entrechoquant, inondent les maisons et font disparaître les chemins et les rues sous une épaisse couche de sable. Malheur aux bateaux que la tempête surprend au large.

Au XVème et XVIème siècles, comme nous l'avons vu précédemment, l'Océan était loin d'offrir toute sécurité pour le commerce. Les navires-marchands qui avaient pu se soustraire à la poursuite de l'ennemi, venaient parfois, poussés par la tempête ou égarés dans la brume, se jeter sur les rochers des côtes bretonnes. Le Saint-Michel-Archange, de Pont-l'Abbé, appartenant à Joseph Sébastien Hervé sieur du Penhoat, avocat à Saint Pol de Léon, était parti de Brest, escorté par un vaisseau du roi, le César-Auguste. Le capitaine, Jacques Guéguennou, pour éviter un corsaire anglais, voulut entrer au port de Penmarc'h, mais il fit échouer son navire sur les Etocs. Pendant qu'une chaloupe le conduisait au port de Kérity, les Anglais avaient visité son bateau abandonné et avaient fait main basse sur les agrès, les cartes marines et autres effets.

Si la cargaison des navires n'était guère respectée, les naufragés eux-mêmes ne recevaient pas toujours un accueil hospitalier de la part des populations riveraines. Est-ce à dire que les habitants avaient recours à des moyens répréhensibles pour faire échouer ces bateaux ? Attachaient-ils, comme l'ont prétendu certains auteurs, des torches enflammées aux cornes des boeufs pour indiquer leur route aux navigateurs et les attirer sur les écueils de la côte ?. « Les dossiers si nombreux que nous avons inventoriés, nous disent M. M. Lemoineet B. de la Rogerie, les déclarations des capitaines et les dépositions des témoins, nous permettent d'affirmer que ces crimes n'ont jamais été commis sur les côtes de Cornouaille depuis 1716 ». Antérieurement à cette époque, aucun document n'appuie cette légende que seuls, certains poètes et quelques historiens fantaisistes ont réussi à populariser.

La vue continuelle des larges horizons a doué les marins d'une acuité visuelle étonnante. Aussi est-il peu vraisemblable qu'ils aient pu confondre les mouvements d'un boeuf se promenant sur la plage ou sur les dunes, une lanterne ou une torche enflammée attachée aux cornes, avec les oscillations d'un fanal de navire ballotté par la tempête. Un ciel sombre ou brumeux n'eut pas permis d'apercevoir de loin cette lumière, et une nuit claire ou étoilée eut bien vite fait découvrir ce stratagème. La brume ou la tempête suffisaient à jeter les navires sur les récifs si nombreux dans les parages de Penmarc'h, sans qu'il soit nécessaire de recourir à une légende que rien ne justifie pour expliquer les naufrages si fréquents dont ont été témoins, au cours des siècles les Etocs de Kérity, les rochers de Saint-Pierre ou de Saint-Guénolé, et la pointe de la Torche.

Les pilleurs d'épaves ont existé à toutes les époques et sous toutes les latitudes. Les habitants du Cap-Gaval ne se sont jamais fait scrupule de s'emparer des marchandises que la tempête amenait à la côte et même de la cargaison des navires abandonnés par leurs équipages. Tous ces débris de naufrage, considérés comme des biens sans maître, constituaient une bonne aubaine pour le premier occupant. L'exemple d'ailleurs venait de haut. Les barons du Pont percevaient un droit sur ces épaves. Nous les voyons, en 1732, réclamer la valeur des objets sauvés, déduction faite des frais de justice.

La justice ducale et plus tard les tribunaux du roi avaient dû souvent intervenir pour réprimer ces vols accompagnés parfois d'actes criminels. Le 4 mai 1407, le duc Jean V prescrivit de restituer à des marchands de Guérande une nef qu'ils avaient prise aux Anglais et qui s'était brisée. « es-cotièrs de Penmarc'h », et en 1522, le roi de France donna l'ordre d'enquérir sur le pillage d'un navire espagnol échoué non loin de Kérity. Bien des naufrages donnèrent lieu à des scènes macabres et à des actes d'une cruauté révoltante.

Le 30 novembre 1716, les habitants de Penmarc'h virent un beau navire de Rotterdam de 400 tonneaux le Saint-Jacques venir échouer sur les rochers de la Torche. Trente-sept marins ou passagers avaient trouvé la mort dans ce naufrage. Leurs cadavres, rejetés sur la grève par les flots, furent immédiatement dépouillés de leurs vêtements et enfouis dans le sable du rivage. Le capitaine Thomas Cok parvint, quoique blessé, à gagner la côte. Les riverains commencèrent par lui enlever ses habits, voire même sa chemise, quelques louis d'or glissés en hâte dans ses poches et les boutons d'or qu'il avait au col et aux manches de son veston. Comment des gens, d'ordinaire d'un naturel si placide, avaient-ils pu se livrer à ces actes inqualifiables ? Leur âpreté au gain n'en est pas une explication suffisante. Les pièces du procès vont nous mieux éclairer sur ce point. Le navire avait une riche cargaison, et nombreux étaient les ballots de laine d'Espagne, les peaux de maroquin et surtout les barriques d'huile et de vin qui jonchaient les côtes de Penmarc'h, de Beuzec-Cap-Caval et de Plonéour, Les habitants, sans nul doute, s'étaient précipités tout d'abord sur les barriques de vin qu'ils défoncèrent et dont ils vidèrent rapidement le contenu. Grisés d'alcool, ils perdirent tout sentiment d'humanité, et n'eurent plus qu'une pensée, prendre chacun sa part dans ces débris de naufrage.

Les capitaines des paroisses riveraines tentèrent ou feignirent de tenter le sauvetage de ces marchandises et préposèrent des gardes pour les protéger ; mais ces gardiens ne tardèrent pas à faire cause commune avec leurs compatriotes et on les vit se chauffer avec les bordages et les débris du navire.

L'Amirauté de Cornouaille, sur les plaintes des armateurs et du capitaine ouvrit une enquête qui ne se termina qu'au bout de sept ans et demi. L'évêque du diocèse fit publier dans toutes les paroisses, depuis Beuzec-Conq jusqu'à Quimper et Pont-Croix, une ordonnance qui obligeait les témoins à déposer devant les tribunaux. Cette lettre resta sans effet dans les paroisses, comme Penmarc'h et Beuzec Cap-Caval, dont la plupart des habitants avaient pris part au pillage. Le recteur de Plomeur, pour ne pas s'attirer l'animosité de ses paroissiens, refusa même de publier les monitions épiscopales et s'abstint de prendre les noms des personnes qui désiraient être témoins dans cette affaire. L'Amirauté réussit cependant par découvrir quelques coupables qui furent condamnés à diverses amendes dont le total montait à 1.475 livres et à 9.706 livres de restitution. Le recteur de Plomeur avait cru pouvoir acheter aux pilleurs d'épaves de l'huile pour son usage personnel et pour la lampe du sanctuaire de son église.

S'il faut en juger d'après la somme que lui réclamaient les tribunaux comme dommages-intérets, et il dut faire sa provision d'huile pour plusieurs années. Nous serions plutôt porté à croire que son attitude dans le procès lui valut une augmentation de peine évalué à prix d'argent. Il dut payer 400 livres de restitution et 50 livres d'amende.

La paroisse de Penmarc'h avait un garde-juré dont le rôle équivalait à celui du garde champêtre d'aujourd'hui. Lors d'un naufrage, ce fonctionnaire était désigné pour garder les épaves, mais son autorité était souvent méconnue. Pouvait-il à lui seul s'opposer à une bande d'individus déterminés au pillage ? Il était du pays, en connaissait tous les habitants, et ne se risquait guère à signaler les coupables à la justice, de crainte de compromettre quelques membres de sa famille. Ce qui plus est, s'il eut voulu accomplir tout son devoir, il eut été, dans bien des circonstances, dans l'obligation de se dénoncer lui-même, car il n'avait pu assister, en témoin désintéressé, à l'enlèvement de tant de marchandises et d'objets de valeur.

Il savait par expérience ce qu'il en coûtait de s'acquitter en conscience de ses fonctions.

Au mois d'octobre 1736, la Demoiselle Marie d'Amsterdam, capitaine, Jacob Donnes, venait se briser sur les côtes de Penmarc'h. Le garde-juré, Jacques Adam vint sur les lieux et voulut s'opposer au pillage. Mal lui en prit. Bousculé et piétiné, il fut assez grièvement blessé pour qu'il dût garder le lit pendant plusieurs jours. Il porta plainte en même temps que les armateurs ; mais l'affaire d'abord assez rapidement menée fut ensuite abandonnée. Jean Cosquéric et quelques autres habitants de Saint-Guénolé étaient les principaux accusés ; mais ils avaient tant de complices qu'il fut difficile de trouver des témoins à charge.

Ce qui attirait particulièrement la cupidité des riverains, c'était le vin et l'alcool. Lorsque le 22 novembre 1737, le navire hollandais, le Jeune Paon, fit naufrage sur les Etocs, de nombreuses barriques de vin étaient venues échouer le long de la grève blanche. Une enquête faite les jours suivants ne put que constater la disparition de la plupart de ces tonneaux et en fit découvrir plusieurs au village de Lézhano en Saint-Pierre.

Les pilleurs d'épaves, assurés du silence et de la complicité de leurs compatriotes, voyaient venir sans inquiétude l'enquête prescrite par les tribunaux. Toutefois, lorsque la justice parvenait à saisir quelques coupables, elle prenait sa revanche de ses nombreuses déconvenues, et tenait à montrer qu'on ne se moquait pas toujours d'elle impunément. Elle avait même parfois la main un peu lourde.

Dans la nuit du 10 au 11 janvier 1754, le Jeune Brasseur d'Amsterdam échoua sur les rochers situés entre Kérity-Penmarc'h et le Guilvinec alors dépendant de Plomeur. Sa cargaison de vins ne tarda pas à être jetée par la tempête sur la grève. Les habitants étaient aux aguets, et l'on peut croire que devant un butin si alléchant, ils s'en donnèrent à coeur joie. Plus de cinquante barriques de vin furent mises au pillage. Les réclamations des amateurs et intéressés, Jean Couderc, Pierre Eymit, Escot etc... forcèrent les tribunaux à ouvrir une enquête qui, comme toutes celles de cette époque, dura assez longtemps pour permettre aux coupables de se soustraire à l'action de la justice. Les restitutions cependant atteignirent la somme de 681 livres 13 sols. Quelques-uns des accusés, comme Bargain, Marie Pochic, Hérvé Le Pape et sa femme Péronnelle Kerc'hrom etc..., nièrent toute participation au « bris de vin de Penmarc'h », mais la justice ne se contenta pas de leurs dénégations et finit par trouver parmi eux quelques coupables. La sentence définitive du procès déclara que Hervé Le Pape, procureur terrien de Plomeur, ayant pris en cette qualité la principale garde des vins échoués était convaincu d'avoir toléré le pillage de plus de cinquante barriques de vin, et même d'avoir participé au vol. Ce procureur, prévoyant sans doute que sa culpabilité allait être établie, eut soin de se cacher et demeura introuvable. Il fut condamné par coutumace à être pendu à une potence élevée sur la grève de Poulguen, aujourd'hui en Penmarc'h, en face du théâtre de ses exploits, et à payer cent livres d'amende. L'exécution de la sentence eut lieu le 7 juillet 1757, Jacques Le Glaouaer, exécuteur de la haute justice, fut chargé de pendre Hervé Le Pape en effigie. Cette opération lui rapporta quarante-cinq livres, sans compter dix-huit livres pour deux journées employées à dresser l'échafaud. La note de son aide ou valet montait à douze livres pour deux journées de travail et quinze livres « pour avoir attaché Hervé Le Pape ». Pendant que le mannequin se balançait à la potence de Poulguen, le vrai coupable vivait tranquillement dans le lieu de sa retraite.

Si l'instinct du vol et du brigandage dominait chez beaucoup d'habitants du Cap-Caval, il y en avait toutefois, pour l'honneur de la race, qui savaient se montrer honnêtes et héroïques au besoin. Nous voyons Michel Calvez de Kervellec en Penmarc'h déposer au greffe une bourse contenant de la poudre d'or et des piastres qu'il avait trouvées sur le cadavre du capitaine de la Société de Nantes.

Le goût de la rapine n'excluait nullement la bravoure et l'héroïsme. Un navire en danger trouvait toujours les marins prêts à affronter la tempête et à accourir à son secours, au péril même de leur vie. C'est le témoignage que leur rendent bien des capitaines, entr'autres les capitaines anglais A Robinson (1732), E. Coneurd (1754), French (1764) et d'Abbadie (1768). Tous déclarent que les marins n'hésitèrent pas à mettre leurs embarcations à l'eau et à accoster les navires en détresse pour sauver les passagers et l'équipage. Une fois sur terre, ils n'eurent qu'à se féliciter de la large hospitalité reçue chez les habitants. Un seul d'entr'eux, le capitaine d'Abbadie, commandant l'Espérance de Londres, après avoir vanté l'héroïsme de ses sauveteurs, se plaignit d'un vol commis à son bord. Son navire avait échoué à la pointe de la Torche, et la marée descendante l'avait laissé à sec sur le rivage. Les paysans des environs étaient accourus nombreux sur le lieu du sinistre. Ils n'avaient sans doute pas tous prit part au sauvetage, mais tous voulaient avoir leur part du butin. Ils grimpèrent à bord du bateau et réussirent, malgré la résistance de l'équipage, à s'emparer de l'or contenu dans le coffre-fort du capitaine.

Dans des circonstances identiques cependant, les riverains de la Torche avaient su, quelques années auparavant, faire preuve de sentiments plus honnêtes et plus généreux. Yves Calloc'h de Saint-Vio prodigua ses soins au capitaine Flamery et aux quinze survivants des 41 hommes qui composaient l'équipage du Saint-Florent de Nantes.

Les actes d'héroïsme et de générosité contrebalançaient amplement les actes de brigandage, et nous devons ajouter que les brutalités dont furent l'objet les marins et le capitaine Cok de Rotterdam en 1716, constituent un fait unique dans les annales des naufrages de Penmarc'h au XVIIIème siècle.

A toutes les époques, les sinistres maritimes ont été fréquents dans la péninsule du Cap-Caval. Les rochers si nombreux, qui encerclent les côtes de Penmarc'h, les protègent sans doute contre la fureur des vents du large, mais n'en sont pas moins un danger pour les navires que la brume égare ou que la tempête ballotte à leur proximité. Les bateaux du port de Kerity eux-mêmes, et ceux des ports voisins surpris par une bourrasque y sont venus parfois s'échouer.

A une date incertaine, et que l'on a fixée de façon assez arbitraire à la première moitié du XVIIème siècle, toute la flotte d'Audierne, à l'exception d'un seul navire, fut brisée en une nuit sur les récifs de Penmarc'h. Un chant populaire conserve encore le souvenir des deuils causés par cette catastrophe : Kant intanvez eus a Voaien - A gassas gantho kant lisser ven - Ac int o c houlen n'eil d'eben - « Ha ne peus ket guelet ma den. » - « Penaus zonj d'oc'h m'eus guelet o ten - Hag heon o tribi gant crankel melen ».

« Cent veuves d'Audierne portèrent avec elles cent draps blancs, et elles demandaient l'une à l'autre : « N'avez-vous pas vu mon homme (mari) ; » « Comment voulez-vous que j'aie vu votre homme ? Il sert de pâture aux crabes jaunes ». (Voir Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790 — Inventaire des fonds, de l'Amirauté de Morlaix et de Quimper etc..., rédigé par J. Lemoine, et H. Bourde de la Rogerie, tome III).

Nous ne pouvons clore ce chapitre sans mentionner le sinistre maritime du 23 mai 1925 qui a eu un si douloureux retentissement en Bretagne, et dans la France entière. Vingt-sept marins de Penmarc'h ont péri dans cette catastrophe.

Les barques de pêche étaient sorties de bon matin, par un temps relativement calme, lorsque vers midi le vent commença à souffler, et parurent à l'horizon les signes précurseurs d'une tempête toute proche. Les marins abandonnèrent leur pêche pour regagner en toute hâte l'abri du port. Deux barques furent surprises au large. Elles prenaient péniblement le chemin du retour, et allaient s'engager dans le chenal de la Jument situé en face du village de Kervily, à mi-chemin entre Saint-Pierre et Kérity, lorsque les flots agités, comme par les plus violentes tempêtes, les retournèrent, quille en l'air, et précipitèrent les équipages dans le gouffre formé par le remous du jusant. Douze hommes se trouvaient au fond de la mer, et ce n'est que plusieurs jours plus tard que l'on put en retirer leurs cadavres. Ces deux barques étaient de Saint-Pierre, l'une le Saint-Louis, patron Julien Dupuis, avait cinq hommes à bord, et l'autre le Berceau de Saint-Pierre, patron Vincent Larnicol, était montée par sept hommes.

De la côte, la population, prévenue par les canons d'alarme des ports, suivait anxieuse les péripéties de ce drame. Les équipages des canots de sauvetage, eux aussi, avaient vu le danger que couraient leurs camarades, et bientôt, tirant les avirons de toute la force de leurs bras habitués à la manoeuvre, luttant opiniâtrement contre les éléments déchaînés, allaient au secours des naufragés, à bord du Léon-Dufour de Saint-Pierre, patron Jean Berrou, et du Comte et Comtesse Foucher, de Kérity, patron Joseph Jégou, Mais ces deux canots eux-mêmes ne purent résister à l'extrême violence des vagues et furent roulés dans les brisants. Le Léon-Dufour se dressa verticalement sous la force d'une lame et déversa son équipage dans les flots. Quant au Comte et Comtesse Foucher, une vague l'aborda de flanc et précipita quatre à cinq marins à l'eau. Leurs camarades se portèrent aussitôt à leur secours ; mais immédiatement une nouvelle lame renversait le canot et projetait les marins à la mer. Quinze des vingt-quatre hommes composant le personnel de ces deux canots de sauvetage payèrent de leur vie leur acte de dévouement héroïque, Les neuf autres furent recueillis sur les flots par les barques, le Gérald Samuel, patron Eugène Le Gall, et par l'Arche d'Alliance, patron François Larnicol qui perdit dans ce naufrage son père âgé de soixante-sept ans, volontaire à bord du Léon-Dufour, ses deux frères et son beau-frère.

Le Gouvernement voulut récompenser le dévouement de ces braves en leur décernant la croix de la Légion d'honneur, avec les citations suivantes :

Au grade de chevalier de la Légion d'honneur :

MM. Eugène-Marie LE GALL, patron du côtre de pêche Gérald Samuel.

Au cours de la violente tempête du 23 mai 1925, étant déjà rentré au port, a fait rallier son équipage et a repris la mer avec son cotre de pêche et son annexe. A lutté contre les éléments avec un rare courage, son bateau étant désemparé après avoir talonné sur une roche. A réussi avec son annexe à porter assistance, au plus fort de la tourmente, aux équipages des bateaux de sauvetage de Kérity et de Saint-Pierre Penmarc'h qu'une lame énorme avait chavirés, alors qu'ils se portaient au secours des deux bateaux de pêche en perdition. A réussi, malgré une mer démontée, à sauver plusieurs vies humaines.

FRANÇOIS-JOSEPH-MARIE-LARNICOL, patron du canot de pêche Arche d'Alliance.

En rentrant de pêche le 23 mai, par le chenal de la Jument, a aperçu derrière lui un canot qui venait de sombrer dans les brisants. Malgré la tempête qui faisait rage, a viré de bord immédiatement pour se porter au secours des naufragés, Par deux fois, une partie de sa voilure est déchirée par le vent. Il la rétablit, et s'acharne à rejoindre les lieux du sinistre. Drossé par le courant, il lutte avec une rare énergie pour se porter vers les canots de sauvetage de Saint-Pierre et de Kérity, qu'une lame énorme avait chavirés, alors qu'ils se portaient au secours de deux bateaux de pêche en perdition. A réussi, malgré la tempête, à sauver plusieurs vies humaines. Bel exemple de devoir et de dévouement.

Ces deux marins sont en même temps titulaires d'une médaille de vermeil.

Ont reçu une médaille d'argent de 1ère classe, les hommes d'équipage suivants : MM. Louis-Marie GUÉGADEN, Pierre-Jean-Marie Riou, Jean-Louis-Alexandre LE GALL, Baptiste LE PAPE, du Gérald Samuel.

Guillaume-Marie GOURLAOUEN, Sébastien LE CORRE, Pierre GOURLAOUEN, François-Marie POCHIC, Thomas-Yves TANTER, Yves-Marie GOURLAOUEN, mousse, 15 ans, de l'Arche d'Alliance. Ce dernier a eu une médaille d'argent de 2ème classe.

Equipages des canots de sauvetage :

Médaille de vermeil : MM. Corentin COIC, sous-patron, Joseph Marie LE GARS du côtre Gérald Samuel, a reçu la même distinction.

Médaille d'argent de 1ère classe : MM. François GOURLAOUEN, Nonna-Marie STÉPHAN, Joseph KÉRISIT, Thomas STÉPHAN, Michel BOUGUÉON, Jean-Marie TANNEAU et Jean-Marie DREZEN.

Voici les noms des victimes de cette catastrophe :

Canot de sauvetage, Comte et Comtesse Foucher [Note : M. Corentin Coïc, sous-patron du « Comte Foucher » a également été promu au grade de chevalier de la Légion d'honneur] :

MM. Thomas CLOAREC, Henri KERLOC'H, François LE GARS, Henri JEZEIGABEL, Pierre TANNIOU, Yves STÉPHAN, Laurent COUPA.

Canot de sauvetage Léon Dufour :

MM. Jean BERROU, Jean LARNICOL père, Alain CALVEZ, Laurent CALVEZ, Jean L. HELGOUALC'H, Pierre CARVAL, Guillaume COSSEC et Vincent TANNIOU.

Equipage du Saint-Louis :

MM. Julien DUPUIS, Pierre LE FLOC'H, Henri TANTER, Corentin JACOB, Jean-Pierre LE LAY.

Equipage du Berceau de Saint-Pierre :

Vincent LARNICOL, Pierre-Jean LARNICOL, Jacques BIGER, Jean GUICHAOUA, Nonna SALAUN, Pierre STÉPHAN, Jacques BUANNIC.

Honneur à tous ces marins qui, pour gagner leur pain de chaque jour ou pour sauver la vie de leurs semblables, n'ont pas craint de risquer leur vie ! (F. Quiniou).

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