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Activité commerciale de Penmarc'h aux XVème et XVIème siècles.

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Les pêcheries et les sécheries constituaient, comme nous l'avons vu, la principale ressource des habitants de Penmarc'h. L'abondance de poissons dépassait les besoins de la consommation et le surplus ne trouvait pas un débouché suffisant dans les paroisses environnantes. Il fallait donc avoir recours à l'exportation pour absorber tout le produit de la pêche. Mais les communications étaient trop lentes et trop difficiles pour que le poisson pût être expédié sans avoir reçu une préparation ; de là la sécherie, la salaison et la fumure des poissons. Ce besoin d'exportation donna naissance à un service de cabotage qui prit encore un plus grand développement, lorsque les commerçants et les agriculteurs en profitèrent pour trafiquer de leurs marchandises et des produits de leurs terres. Cet échange commercial entre Penmarc'h et les ports du littoral ouest de France et d'Espagne fut pour le pays une source de grandes richesses.

C'est à Kérity-Penmarc'h que se trouvait le principal port de pêche du Cap-Caval. Un centre commercial ne tarda pas à se greffer sur ce centre de pêcheries. Les noms de place de Marché au blé et de rue des Orfèvres ou des Marchands prouvent l'existence de commerces qui ne pouvaient guère prospérer que dans une agglomération de caractère urbain. D'ailleurs plusieurs des habitants de cette ville étaient qualifiés marchands dans les actes de la baronnie ainsi que dans les actes commerciaux, entr'autres Guillaume Rouzault, Guillaume Pochin et Pierre Toulallan ; ce dernier du village de Kervily, faubourg occidental de Kérity.

Les plus grands navires pouvaient avoir accès dans le port, ainsi que le témoigne Toussaint de Saint-Luc, dans une description des côtes de Bretagne en date de 1664. « D'Audierne, on tourne la coste sans trouver aucun port ou ancrage considérable, jusques à la pointe de Penmarc'h sous laquelle il y a, l'espace de bien une lieue du costé du sud, des escueils et des roches fort à craindre ; mais du costé de l'est, on entre aussi seurement que facilement dans le hâvre de Kérity. Les plus grands vaisseaux peuvent y estre en toute marée sur dix brasses d'eau ». Une digue ainsi qu'une ceinture de rochers et en particulier le groupe des Etocs protégeaient contre les vents de l'ouest et du sud les navires ancrés au port.

Nous avons déjà dit que les bateaux de pêche du XVème siècle étaient d'un plus fort tonnage que ceux d'aujourd'hui, puisqu'ils pouvaient contenir jusqu'au delà d'une vingtaine d'hommes d'équipage. Les navires chargés du transport du poisson dans les ports lointains et surtout ceux dont le rôle était de protéger la marine marchande devaient être encore de dimensions plus considérables. Le service du cabotage avait déjà pris une grande extension dès la fin du XIVème siècle.

Il existe des états de recettes de la coutume dite de Royan ou de Bordeaux qui signalent les navires entrés dans la Gironde depuis cette époque jusqu'en 1483. Les rôles du XIVème siècle ne mentionnent pas le port de départ des bateaux, mais les noms des capitaines décèlent fréquemment leur origine bas-bretonne. D'après les comptes inscrits sur les registres des ports de Royan, de Bordeaux et de Nantes, nous pouvons nous faire une idée assez exacte de l'activité commerciale de Penmarc'h au XVème siècle.

Les Comptes de 1466 à 1470, et ceux de 1478 à 1483 nous montrent que dix-sept navires de Penmarc'h étaient entrés dans la Gironde après avoir payé des droits au port de Royan. Trois d'entr'eux, le Saint-Nonna, capitaine Jehan Geoffroy, la Sainte-Catherine, capitaine Henri Salaün et le Saint-Alor, capitaine Jouffre le Châtelain avaient comme cargaison quinze pipes de merlus. Les noms des autres capitaines bretons sont très défigurés dans les registres des sorties de Royan. Cependant on peut reconnaître les noms de Perrot Le Boudou, Prénonna Nobile, Yvon Quéré, A. Le Tanter, Guimarc'h Le Gouïffec, Guillaume Le Bris, Yvon Le Moal et J. Pierre de Penmarc'h.

Les registres de la Comptabilité de Bordeaux signalent également la présence de nombreux navires venus de Penmarc'h avec des cargaisons de blés et de poissons, et repartant avec des chargements de vins et de bois de construction. Ils nous donnent, avec les noms des bateaux, les noms des maîtres et des marchands et ils permettent d'établir que le port de Kérity faisait le cabotage en toute saison.

Du 1er octobre 1482 au 30 septembre 1483, nous trouvons vingt-sept caravelles de Penmarc'h sorties avec du vin du port de Bordeaux. Vers quelles villes étaient dirigées ces marchandises ? Les noms des marchands qui n'étaient autres que les propriétaires de la cargaison du bateau, nous autorisent à croire que ces tonneaux de vin étaient destinés aux différents ports de la côte ouest de la France, d'Espagne ou de Portugal, et quelques-uns à la région du Cap-Caval. Nous voyons que trois de ces caravelles avaient pour maîtres et marchands trois personnes de Penmarc'h. C'était Guénolé Christien, Guillaume Coulent et Yvon Le Bihan qui commandaient le Saint-Guénolé, la Marie et la Catherine. Ces marchands faisaient le commerce pour leur propre compte, ou peut-être agissaient au nom d'autres négociants de Penmarc'h ou des localités voisines. Les noms de Jehan de Salzédo qui avait frêté le Saint-Nonna dont était maître Yvon Le Broyer, de Jehan Fueilles et de Payes à qui appartenait la cargaison de la Marie et du Julien que commandaient Jacob Le Moullec et Jehan Brandin, nous semblent être d'origine espagnole ou portugaise. Plusieurs des autres marchands, tels que Gaillard de Bourguières, Jehan de La Perruque, Arnault de Barennes et Raphaël de Cassanne, n'appartenaient certes pas à des familles bretonnes.

Nous pouvons nous rendre compte de la cargaison des navires, ainsi que de la valeur des marchandises, d'après les taxes payées par les marchands à la sortie du port de Bordeaux. Les droits étaient de vingt sols tournois par tonneau de vin et de vingt-cinq sols, lorsque c'était du vin de « hault pays ». Le 14 décembre 1481, Guillaume Mahé paie « pour l'issue de deux tonneaux de vin, la somme de quarante solz, » et le 16 janvier 1482, Jehan Derrien « pour l'issue de deux tonneaux de vin de hault pays, » doit verser la somme de cinquante sols. Ceux qui étaient hors de l'obéissance des rois de France, devenus maîtres de la Guyenne, depuis la victoire de Charles VII à Castillon en 1453, payaient un droit supérieur à celui des marchands français et anglais. Ces derniers, toujours gens pratiques, avaient su, tout en perdant cette province, se réserver un traitement de faveur pour leurs transactions commerciales. Il ne payaient que six deniers par livre de marchandise, tandis que les Bretons et les autres étrangers étaient taxés à douze deniers. Le Saint-Nonna de Penmarc'h commandé par Yvon Le Broyer était sorti le 7 novembre 1482, du port de Bordeaux avec une cargaison de plus de 192 tonneaux de vin d'une valeur marchande d'environ 3.850 livres. Une dizaine d'autres navires avaient un chargement dépassant soixante tonneaux.

Le port de Nantes était encore plus fréquenté que celui de Bordeaux par la marine marchande de Penmarc'h. Les Registres du 1er octobre 1554 au 30 septembre 1555 nous signalent la sortie de trente-six bateaux de Penmarc'h dont quinze sont venus sur l'est ; les autres ont apporté du froment, de l'avoine, des harengs, sardines, merlus et maquereaux. Presque tous repartent avec du vin nantais ou, « du vin d'amont ». L'année suivante, nous ne comptons que douze navires de commerce de Penmarc'h entrés au port de Nantes. La pêche, sans doute, avait été moins fructueuse, ou bien les bateaux s'étaient dirigés vers un autre port. En 1556-1557, les bateaux de Penmarc'h sont au nombre de quarante et un. Loctudy en a vingt-quatre, Concarneau sept et Audierne, onze. M. Camille Vaillaux qui nous donne ces renseignements concernant le mouvement commercial du port de Nantes, ajoute qu'un seul bateau de plus fort tonnage porta en Ecosse 53 tonnes de vin et sept tonnes de pruneaux. Nous avons vu précédemment qu'une dizaine de navires du port de Bordeaux en 1482 étaient encore d'un tonnage supérieur.

Penmarc'h était donc avec Morlaix et Roscoff, l'un des plus importants ports de commerce de la Basse-Bretagne aux XVème et XVIème siècles. Ses transactions commerciales lui avaient apporté la richesse, et nombreuses y étaient les demeures opulentes construites par les armateurs et les négociants. C'est de la fin du XVème siècle et du commencement du seizième que datent toutes les églises de Penmarc'h, celle du bourg paroissial de Tréoultré, comme celles de Kérity, de Saint-Pierre, de Notre-Dame de la Joie, de Saint-Guénolé et de la Madeleine. Les navires sculptés sur leurs façades reproduisent les caravelles de l'époque et attestent d'une façon évidente que c'est aux bénéfices de la pêche et du commerce maritime que ces édifices ont dû leur construction. L'édification de ces splendides monuments religieux prouve, sans conteste, qu'à un moment donné de son histoire Penmarc'h a traversé une ère de prospérité inouïe. Il serait vain de prétendre, comme on l'a fait pour certaines cathédrales, que la foi a suffi pour remuer toute une population et la faire contribuer à titre gratuit à la construction d'édifices élevés à la gloire de Dieu et en l'honneur de la Vierge Marie. Alors, pas plus qu'aujourd'hui les églises ne sortaient elles-mêmes de terre ou ne descendaient du ciel portées sur les ailes des anges. Les églises de Penmarc'h n'ont été bâties que pour le service religieux des paroissiens, qui ont dû seuls subvenir aux frais énormes occasionnés par la construction et l'embellissement intérieur de ces édifices.

L'un des plus riches marchands de Penmarc'h était Guillaume an Argan, associé à Nicolas Coatanlem de Morlaix, dont l'oncle Jean Coatanlem avait commandé une escadre de René de Lorraine, comte de Provence, et était devenu amiral des flottes royales en Portugal. Ce marchand morlaisien avait obtenu du roi d'Angleterre des sauf-conduits pour trafiquer dans ses Etats. D'accord avex ses associés, Guillaume en Argan et d'autres marchands de Morlaix et de Pempoul, il fit transporter en Angleterre du vin de Gascogne et du sel de Brouage. Ces marchandises furent chargées sur des barques de Penmarc'h commandées par Guillaume Gantellet et Yves Le Moullec qui rapportèrent de la houille à destination de la Rochelle. Une grande partie des associés de Coatanlem, comme les Coatanlem de Kéraudy eux-mêmes, appartenaient à la petite noblesse. La profession d'armateur ou de marchand n'avait rien de contraire aux traditions des familles nobles de la province. Plusieurs gentilshommes furent heureux de pouvoir se livrer au commerce pour redorer leur blason. Nous voyons entr'autres, Pierre du Coing de Pont l'Abbé, issu d'une famille qui avait comparu aux réformations et aux montres de la noblesse de 1426, faire au port de Penmarc'h des spéculations si heureuses qu'il put acquérir en 1550 la belle seigneurie de Lescoulouarn en Plonéour-Lanvern.

Des étrangers, en particulier des Espagnols, résidaient à Kérity pour la facilité de leurs affaires. Ils s'y étaient sans doute établis comme négociants, trafiquant des produits de leur pays d'origine que les bateaux de Penmarc'h allaient prendre en Espagne. Ils avaient des relations d'intimité avec les armateurs de l'endroit, tels que les Sâl et les Flamanc. Le 8 mai 1601, au baptême de Paul Calloc'h fils de Paul et de Jeanne Flamanc, nous trouvons comme signatures sur les registres paroissiaux, celles de Sâl, parrain, V. Flamanc, Lorens et Garcia Desalidas (Référence. — Archives historiques du département de la Gironde, tomes I et L. — Inventaire sommaire des Archives départementales. Série B. — Revue historique de l'Ouest. La Marine bretonne aux XVème et XVIème siècles, Penmarc'h par C. Vallaux — Registres paroissienne aux Archives départementales). (F. Quiniou).

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