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Entre Saint-Pierre et Saint-Guénolé, sur les bords de la mer, est située la chapelle de Notre-Dame de la Joie, lieu célèbre de pèlerinage des pays bigouden et glazik. « Cette chapelle, dit Fréminville, n'a rien de remarquable que son nom qui indique effectivement une substitution du christianisme dans un lieu consacré jadis au culte d'une divinité païenne. Toutes les églises ou chapelles qui portent le nom de N.-D. de la Joie, de N.-D. de Liesse ou autres synonymes sont construites sur des lieux où les Celtes rendaient hommage à une divinité qui réunissait les attributions de la Cybèle et de la Vénus des anciens Grecs ».

Nous ne savons si, dans les temps reculés, les habitants du Cap-Caval étaient coupables de tous les crimes et turpitudes dont les accablent les amateurs de la préhistoire ; mais ce que nous croyons plus volontiers, c'est que la chapelle de la Joie doit son origine à un tout autre motif que celui de remplacer un temple dédié à l'Agriculture et à l'Amour. Rien n'établit d'ailleurs qu'il y ait eu à cet endroit un monument païen.

De tout temps, la mer dans ces parages a menacé de franchir le frêle rempart qui la sépare de la terre et d'envahir l'espace qui s'étend au loin, sans le moindre accident de terrain pour l'arrêter dans sa course. Devant ce danger sans cesse menaçant, nos ancêtres, hommes de foi, ont cru qu'il était de leur intérêt, de poster en face de la mer une sentinelle vigilante et en même temps assez puissante pour pouvoir dire à la mer en furie : « On ne passe pas ». La Vierge, Mère de Dieu, qui dispose à son gré du pouvoir de son Fils, avait les meilleurs titres pour monter cette garde, et l'on comprend que cette chapelle construite au ras des flots ait été érigée en son honneur.

Cependant il est dit : « Aide-toi, le Ciel t'aidera ». Si l'on veut que cette chapelle reste debout, il est de toute nécessité, maintenant plus que jamais, depuis que le dernier raz de marée a ébranlé le sol qui la soutient, de l'entourer d'un mur de protection. 

Cette chapelle, de la fin du XVème siècle, possède un curieux clocher à deux baies entre deux petites tourelles rondes reliées par une petite balustrade. Du côté de la mer, il existe plusieurs meurtrières. Sur les côtés, deux belles portes latérales dont l'une est actuellement condamnée. Le chevet se termine par deux riches cornières.

La chapelle, à l'intérieur, est de grandes dimensions. L'autel est joliment ouvragé. De chaque côté, contre les murs, de beaux panneaux en bois sculpté forment une décoration grandiose. Ces panneaux proviennent du choeur de l'église paroissiale.

Les marins ont une grande vénération pour Notre-Dame de la Joie. Ils l'invoquent pour obtenir une bonne pêche, et surtout aux jours de tempête. De nombreux ex-voto, en général des navires sculptés par les marins eux-mêmes, sont suspendus à la voûte ou posés contre les murs de la chapelle, témoignages reconnaissants des faveurs reçues par l'intercession de Notre-Dame. Cette dévotion à la Reine du Ciel met du moins un peu de joie et d'idéal dans la vie rude de ces marins tout absorbés par le souci du pain quotidien qu'il leur faut souvent gagner au péril de leur vie.

Tout près de la chapelle se voit un gracieux calvaire de 1588, dont la base supporte une statue en pierre de Notre-Dame de Pitié.

Le grand pardon de la Joie se célèbre le 15 août de chaque année, en la fête de l'Assomption, fête joyeuse de la Vierge. Le service paroissial consiste à y célébrer tous les dimanches, en dehors du temps pascal, une messe basse à huit heures, et à y chanter la messe, aux principales fêtes de la Vierge. (F. Quiniou).