Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LE PAYS DE RAYS ET SES SEIGNEURS
Pendant la guerre de Cent ans (1341-1372).

  Retour page d'accueil       Retour "Ville de Machecoul"   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

De nos jours on écrit Retz. Cette orthographe remonte seulement au temps des Gondi à la fin du XVIème siècle. Bien que le nom du célèbre cardinal de Retz ait en quelque sorte consacré cette forme, il n'en est pas moins vrai qu'au XIVème siècle, elle constitue un anachronisme. La leçon ici adoptée est celle qu'on rencontre le plus souvent dans les textes du moyen âge, fertiles, on le sait, en variantes.

En Bretagne, la guerre de Cent ans ne s'est guère étendue au delà des dates qui figurent en tête de ce travail. Elle commence pour nous avec la mort du duc Jean III (30 avril 1341), qui marque l'ouverture de la guerre de la Succession de Bretagne.

Le récit des hostilités qui mirent aux prises, d'un côté la France et les partisans de Charles de Blois, de l'autre l'Angleterre et les adhérents bretons de Jean de Montfort, a fourni à Froissart des chapitres pleins d'intérêt. Mais le célèbre chroniqueur n'a pas, que nous sachions, raconté le moindre des épisodes qui s'accomplirent alors dans la partie de la Bretagne située au midi de la Loire, dont l'ancien pays de Rays occupe la plus grande portion.

Les historiens bretons n'ont, à notre connaissance, relaté qu'un seul fait d'armes accompli à cette époque dans la région dont nous parlons, et encore ne l'ont-ils fait qu'incidemment, sans même s'entendre sur la date précise à laquelle il aurait eu lieu. Il s'agit de la défaite de Maurice du Parc. Nous y reviendrons plus loin.

Ce travail est tiré, pour la presque totalité, de notre introduction au Cartulaire des sires de Rays, dont le premier volume a été publié en 1898 par la Société des Archives historiques du Poitou.

Il nous a donc paru intéressant de grouper les événements relatifs à la lutte dans le pays de Rays ou dans son voisinage immédiat. Quelques-uns sont fournis par le cartulaire des sires de Rays, d'autres par des documents empruntés au chartrier de Thouars, un certain nombre enfin par des pièces fort éparses, manuscrites ou imprimées.

I.

En juin 1342, Miles de Thouars, seigneur d'une partie de l'île de Bouin, autorisait les habitants à s'armer contre les « maliveas et autres gens de mer » qui les pillaient et à construire « une tour ou prison fremée » [Note : Cartul. de Rays, n° CLXXXII].

Dans le courant de 1342, les Espagnols abordèrent sur notre côte, où ils occupèrent le petit port du Collet au fond de la baie de Bourgneuf. Cette descente est attestée dans quatre comptes différents rendus à Girard de Machecoul par divers receveurs [Note : Chartrier de Thouars, Registre des comptes rendus à Girard de Machecoul, sgr de la Benate et de Bourgneuf, puis à Aliénor de Thouars, sa veuve (1341-1364)], qui notent des dépenses en vin « que les Espeignaux burent, » en pain et en poisson qu'on leur porta, une taille qui fut levée pour la circonstance. Malheureusement les receveurs n'indiquent point l'époque précise de cet événement ; mais nous savons, par les dates extrêmes des comptes, qu'il se produisit entre le 7 janvier et le 7 novembre 1342.

Il n'est pas douteux que c'est en alliés et non en adversaires que les Espagnols avaient pris pied au pays de Rays. On connaît assez, par les témoignages contemporains, l'appui que la flotte espagnole prêta au début de la lutte au parti de Charles de Blois dans lequel s'étaient rangés les Chabot, sires de Rays, et les Machecoul, seigneurs de la Benate. Nos comptes confirmeraient au besoin l'attitude des Espagnols en cette occurrence, en nous les montrant mêlés aux Bretons [Note : « Mise de vin... : I tonea que les Bretons burent »] et en nous faisant voir Girard de Machecoul venant s'entendre avec eux [Note : Recette d'avoine faite par Girard au Bois-Onain (à 3 kil. du Collet), « quant nous y fumes por les Espeigneux »].

Il est très probable que les bandes qui attérirent au Collet étaient celles que commandait Louis d'Espagne. La Chronique de Flandre nous montre ce capitaine gardant le port de Beauvoir, situé également dans la baie de Bourgneuf. Elle raconte même qu'un sanglant combat naval aurait eu lieu dans ces parages entre Louis d'Espagne et une flotte anglaise conduite par Robert d'Artois. Dans ses premières rédactions où il s'est davantage inspiré des Chroniques de Jean le Bel, Froissart, après avoir placé le théâtre de cette action à l'autre extrémité de la Bretagne, près de l'île de Guernesey, a fini, dans un travail plus personnel, par supprimer tout à fait le combat. Suivant les dernières informations du chroniqueur, Robert d'Artois serait descendu à Brest et à Hennebont sans coup férir, parce que les vents contraires avaient dispersé la flotte espagnole [Note : Chroniques de Froissart, 3ème rédaction, ms. de Rome, dans édit. Luce t. III, p. 208. On ne voit pas d'ailleurs pourquoi les troupes anglaises se seraient dirigées sur Beauvoir, loin du centre de la guerre, du moins dans les conditions marquées par la Chronique de Flandre]. Celle-ci finit par se rallier, mais après le débarquement des Anglais, « à le Bai en Bretagne » [Note : Froissart-Luce, 3ème rédact., t. III, p. 212]. C'est, à n'en pas douter, de la baie de Bourgneuf que Froissart veut parler ici, et nos comptes confirmeraient sa dernière revision.

Les Espagnols séjournèrent quelque temps dans la région, puisqu'il fut nécessaire d'imposer une taille sur les habitants pour subvenir aux frais de l'occupation. Ces faits, avons-nous dit, sont antérieurs au 7 novembre 1342.

Cependant une division anglaise assiégeait Nantes (novembre 1342). De leur côté, les gens du pays de Rays étaient obligés de prendre les armes [Note : « XLV sous que l'an li doit dou temps de la guerre, qui furent baillez ès bonnes gienz de l'oust » (Chartrier de Thouars, Reg. de comptes, compte de 1342-1343)] ; le fils de Girard de Machecoul dut s'équiper [Note : Dépens pour aller « querre le harnays nostre fiiz Loys » (Ibid., compte antérieur au 13 janvier 1343 n. s.)] et rejoindre l'ost [Note : « XV s. por les despans au valet nostre filz Loys qui garda les faucons quant monsor Loys ala en l’ost » (Ibid., compte antérieur au 23 mars 1343 n. s.)]. Mais, dès avant le 5 décembre 1342, les barons du Bas-Poitou, parmi lesquels les sires de Clisson, de Rays et de Machecoul, avaient été obligés de se soumettre. Ils se « sont renduz à nostre pées, » dit le roi Edouard, avec « lour villes et forcelettes qe sount droitement sour le fountz de Fraunce et de nostre duchée de Gascoigne » [Note : Lettre écrite à son fils, le 5 déc. 1342, par Edouard III alors au siège de Vannes (Robert de Avesbury, De gestis Eduardi III, édit. de 1889, p. 340)]. Qu'était-il advenu ? Les habitants du pays avaient sans doute subi un échec, car le roi d'Angleterre ajoute « Quele chose homme tient une graunt esploit à notre guerre ».

Les renseignements fournis par le document officiel sont pleinement confirmés par nos comptes. Dans la région de Bourgneuf qu'ils concernent, on voit alors les Anglais agir en maîtres, enlevant ici cinq charges de sel, là un setier de froment, ailleurs buvant le vin ou l'emportant « por la guerre ». Le mémoire du fournier de Bourgneuf présente cette particularité intéressante de fixer la date et la durée de l'occupation anglaise [Note : Par suite du chômage du four banal de Bourgneuf, on fit la remise au fournier de « IIII liv. por VIII semaenes que il dit que il choma pour la guerre des Englays, environ Noel l'an passé » (Compte rendu le 16 janvier 1343 v. s.)], date qui concorde parfaitement avec celle que fournit la lettre d'Edouard III.

La trêve de Malestroit (19 janvier 1343) ne fut guère respectée et le pays de Rays était si peu sûr que, dès cette année même (entre le 23 mars et le 28 novembre), Girard de Machecoul faisait mener son vin, à cause des « maufetors », de Frossay, bourgade ouverte, à Vue, petite place fortifiée [Note : Reg. de comptes].

Celle-ci ne tarda pas d'ailleurs à tomber au pouvoir de l'ennemi [Note : « Si tost comme la terre de Veuz, qui à present est occupée par annemis, poura estre delivrée » (Cartul. de Rays, n° COLII). Cette phrase se lit dans un contrat de partage non daté. Celui-ci n'est pas antérieur à la fin de 1344, mais il n'y a pas lieu de le reculer beaucoup au delà]. Comme Vue appartenait aux Chabot, sires de Rays, qui suivaient la bannière de Charles de Blois, les ennemis auxquels le texte fait allusion sont, à n'en pas douter, les partisans du comte de Montfort alliés aux Anglais, ou bien quelques-uns de ces « maufetors » qui faisaient cause commune avec eux.

C'était le moment où l'un de ceux-ci s'implantait dans le pays. Raoul le Caours, aventurier guérandais auquel Charles de Blois avait pourtant accordé, le 31 décembre 1344, des lettres de rémission à raison de ses excès pendant les guerres [Note : Arch. nat., JJ 75, n° 154 ; cf. Guérin, Trésor des chartes pour le Poitou, t. III, p. 27, n], s'était rangé de nouveau parmi les adversaires de Charles et, le 17 janvier 1347, Edouard III lui avait donné la lieutenance du pays de Rays [Note : « Capitaneum et locum nostrum tenentem in Pictavia ac in terra de Rays » (Rymer, Foedera, édit. 1740, t. III, part. I, p. 3)]. Par lettres des 4 juillet et 9 août 1348, le même monarque lui assignait une pension de mille livres sur les terres conquises ou à conquérir « tam de terra de Rayes in Britannia, quam in Pictavia » [Note : Rymer, loc. cit., p. 35 et 38].

D'ailleurs les places de la région étaient occupées par des partis divers. En août 1345, le roi Philippe VI faisait don à Jean de Laval et à Rasse son frère, à chacun de la moitié de la terre de Saint-Père-en-Rays appartenant au comte de Montfort [Note : D. Mor., Pr. I, 1452, et B. de Broussillon, La Maison de Laval, n° 649]. Pendant la captivité de Charles de Blois, l'intervention du roi de France se fit également sentir sur les domaines propres des seigneurs de Rays dont le représentant était alors en bas âge. Le 16 janvier 1350, Philippe VI gratifiait des terres de « Chastelmur et Deffens » son « amé et feal Louis de Machecoul, chevalier, pour consideration des grandes pertes et dommages que a soustenu pour nos ennemis à cause de nos guerres..., en la garde du chastel de Prugny qu'il a gardé et garde en nostre nom à ses despens » [Note : Hay du Chastelet, Hist. de Bertrand du Guesclin, p. 289]. La surveillance générale du pays était alors dévolue à Foulques de Laval, qui s'intitule « capitaine souverain du roy... à la garde des terres de Belleville et de Rays » dans une série de quittances qu'il baille à ce titre en septembre et novembre 1350 et en juin 1351 [Note : Bibl. nat., Pièces orig., vol. 1668, pièces 9, 10, 11, 13, 14, et Archives hist. du Poitou, t. XX, p. 272]. Foulques parait plusieurs fois à cette époque dans le cartulaire des sires de Rays comme tuteur de l'héritier de cette famille, son petit-neveu Girard V.

A la fin de 1351, un bourgeois de Nantes, Maciot de Mareuil, s'emparait de Noirmoutier dont il restait maître pendant deux années, sans qu'on sache trop s'il agissait pour le parti de Blois ou pour celui de son adversaires [Note : Guérin, Trésor des chartes pour le Poitou, t. III, p. 28, 105, 137].

Nous n'avons relevé, dans la région qui nous occupe, aucun fait de guerre qu'on puisse avec certitude attribuer aux années comprises entre 1352 et 1357. Un historien breton de la plus grande valeur croit que, de juillet 1357 à juin 1359, la Bretagne jouit d'un calme relatif ; il révoque même en doute l'assertion des chroniqueurs qui nous montrent la province livrée pendant cette période aux pillages des bandes [Note : A. de la Borderie, La guerre de Blois et de Montfort, dans Revue de Bretagne et Vendée, 1er sem. 1887, p. 342]. Pour ce qui est la Bretagne proprement dite, nous n'y contredisons point ; mais, pour la partie du duché située au sud de la Loire, il est certain que dès le milieu de 1358 elle eut beaucoup à souffrir.

Les comptes rendus à Aliénor de Thouars, veuve de Girard de Machecoul, dame du Loroux-Bottereau et du Bois-Onain (près Bourgneuf), sont formels à ce sujet. Si le château du Loroux, grâce aux nombreuses mesures de défense qu'on y prit [Note : « Despens de IIII Genevois demorans endit chasteau l'an LVIII, le mois de septembre, et pour lor valez ; » — instances auprès du duc pour que les gens « venisset au guet et garde ; » — réparations aux portes du château, murage de certaines ouvertures, achat de poudre pour les canons, etc. (Chartrier de Thouars, reg. de comptes)] et aussi sans doute à ce qu'il ne fut point attaqué, parvint à se soustraire à l'envahisseur, il n'en fut pas de même pour la région où se trouvait le Bois-Onain. En effet, les Anglais entrèrent à Bourgneuf [Note : Remise à un receveur pour le pâturage des animaux depuis « que les Anglais entrèrent en Bourcneuf » (Compte produit le 3 avril 1359)] et Aliénor dut se retirer d'abord à Fresnay, puis à la Garnache. En 1358 on ne put faire de sel [Note : « Ne compte pas de nous saux de l'an LVIII por ce que les ennemis estaent sur le païs » (Compte du 5 avril 1359)] ni en lever le cens [Note : « Ne conptet pas des cenz de sel de l'an LVIII por cause des ennemis qui sont sur le païs » Compte du 1er avril 1359)]. L'invasion dut se produire vers la mi-août ; du moins est-ce à partir de cette époque qu'un receveur ne put lever les dîmes [Note : « Ne compte de nullez desmez depuis la me aoust l'an mil IIIc cinquante e oyct, ne des nez qui hont chargé durant le temps que les Anglais estoiet sur le païs » (Compte du 12 juin 1359)].

L'occupation anglaise ne se fit pas d'ailleurs sans résistance. C'est à cette époque qu'on doit rapporter la défaite de Maurice du Parc dans le pays de Rays où il commandait une bande tenant pour Charles de Blois [Note : « Mauricius de Parcu, miles, cum aliquibus gentibus armorum fuerat per Anglicos in terra de Radesiis devictus » (Enquête pour la canonisation de Charles de Blois, Bibl. nat., ms. lat. 5381, t. 1er, f° 308, et D. Mor., Pr. II, 23). Dom Plaine (La guerre de la succession de Bretagne, dans Revue hist. de l'Ouest, II, 1886, p. 100) avait placé en 1363 ce fait d'armes, sans aucune date dans l'enquête qui le mentionne ; mais M. de la Borderie (La guerre de Blois et de Montfort, dans Revue de Bretagne et Vendée, 2° sem. 1887, p. 170, n. 2) le rapporte avec raison aux années qui précédèrent le traité de Brétigny]. Est-ce la défaite de Maurice du Parc qu'un document postérieur qualifie de combat de Prigny ? [Note : Transaction du 25 août 1389 entre le recteur et la prieure du Bourg-des-Moutiers au sujet d'une pièce de terre revendiquée par chacune des parties, laquelle terre était plantée en vigne « paravant la guerre de Pruigné » (Arch. L.-Inf., H 361)]. La chose n'est pas impossible. Quoi qu'il en soit, cette action était assez ancienne en 1389 pour qu'on pût dire que les biens en litige avaient été « longuement en gast par la guerre », et pour que les souvenirs des témoins fussent peu précis quant à l'ancien état des choses contestées.

Les suites de l'invasion, on les prévoit sans peine. Ce qui s'était produit en 1358 se renouvela l'année suivante. Pendant que les uns étaient emprisonnés [Note : En avril 1359, le receveur Giraut « estait en la prison des Anglais »], les autres, de force ou par système, abandonnaient le payse [Note : Décharge de sel « de l'an LIX, pour ce que celui an les gent dou païs n'y demoroiet point pour cause des anemis, e pour monsor Fougues de Laval qui, pour le temps que l'on devoit sauner, fit vuider le païs ». — Déficit de 47 liv. « de l'an LIX, lesquelles il n'a peu recevoir pour les ennemys qui estoient ou fort de Borcneuf, et estait tout le pays veude de gens » (Comptes des 13 et 16 février 1361)]. Bien que les terres restassent en friche et les salines « en gast », il fallait néanmoins payer les contributions de guerre [Note : « XIII liv. XIII s. au sire de Rays par cause de la ranson de sa terre » (Compte du 6 avril 1359) ; — « pour la ransson dou païs baillez ès Anglais à Borcneuf ; » — produit des sels « païez pour cause de la rançon dou Colet ; »« pour cause de la ransson Gautier Huet » (Comptes du 12 février 1361)].

Nous venons de citer en note le nom de Gautier Huet. C'est alors en effet que cet Anglais, mentionné fréquemment par Froissart et dans les actes du temps, fut institué capitaine du Collet. Puis bientôt et « à ce que led. chastel soit bien gardez et la ville faite forte de murs, » le roi d'Angleterre l'autorisa à lever des rançons sur une trentaine de paroisses de l'intérieur, ainsi que le pratiquait Randekyn de Herewane, alors que ces paroisses « estoient en sa main ». En même temps il investissait Gautier de pouvoirs étendus sur les ports de la baie de Bourgneuf [Note : Lettres d'Edouard III, du 20 mars 1361 (Rymer, Fœdera, édit. 1816, t. III, part. II, p. 642). Gautier Huet garda longtemps le Collet, dont le duc Jean IV lui confirma la possession le 14 novembre 1366 (Arch. L.-Inf., E 154 ; anc. Trés. des chartes, K. E. 15)].

Il ne sera peut-être pas sans intérêt, de donner ici les noms des localités énumérées dans les lettres d'Edouard III. Bien que quelques-uns soient un peu travestis sous la plume du scribe anglais, il n'est pas malaisé de les reconnaître tous, groupés comme ils sont dans le pays de Rays ou dans son voisinage immédiat : « Boaye (Bouaye), Seint Johan de Freyné (Fresnay), Pont Seint Martyn, Rosey (Rezé), Seint Lemme (St-Lumine-de-Coutais), Port Seint Piere, Seint Philberd de Grant Leu, Paleys (le Pallet), Eindre (Indret), Seint Piere de Bogoneys (Bouguenais), Seint Johan de Bogoneys (St-Jean-de-Boiseau), Pilryn (le Pellerin), Seint Pasene (Ste-Pazanne), Seint Illare de Chaleon, Brent (Brains), Egrefoill (Aigrefeuille), Seint Martyn de Verte (Vertou), Chastel Tebaud, deux paroches de Goloyne (Haute-Goulaine et Basse-Goulaine), le Larbotereu (le Loroux-Bottereau), Genetton, Seint Sebastian d'Eyne (St-Sébastien près Nantes), Roche Ballu (en Bouguenais), Aubynon (le Bignon), Pilon (en Cheix), le Coyn (anciennement St-Hilaire-du-Coin, puis St-Fiacre-du-Coin, (aujourd'hui St-Fiacre), Montaberd (Montbert), Valeys (Vallet), Pont Rosseu (Pont-Rousseau, en Rezé), Seint Leger, Chés (Cheix) ».

Quelques paroisses composèrent avec Gautier Huet et s'obligèrent envers lui pour diverses sommes. Un certain nombre de ces créances demeurées impayées figuraient à l'actif de sa succession, notamment les contrats et obligations de Bouaye, de St-Pierre et de St-Jean-de-Bouguenais, de St-Philbert-de-Grand-Lieu, mentionnés dans la liste précédente empruntée aux lettres du 20 mars 1362, et ceux des paroisses suivantes qui complètent cette liste : St-Cyr-en-Rays, Machecoul, St-Même, la Marne, Bouin, St-Aignan, la Chevrolière, St-Mars-de-Coutais. Toutes ces obligations, dont le total respectif n'est point spécifié, aussi bien que d'autres contractées par des particuliers envers le capitaine anglais, furent cédées, le 18 novembre 1390, au duc de Bretagne, moyennant 1300 fr. d'or, par Jean Perient, du pays de Carhaix, neveu et héritier de Gautier Huet, du chef d'Amete de Romme, femme de ce dernier [Note : Orig. (Arch. L.-inf., E 162 ; anc. Trés. des chartes E. E. 13)]. Nous aimons à croire que le duc Jean IV, qui s'intitulait alors seigneur de Rays et jouissait effectivement de la baronnie, n'agissait ainsi que pour éteindre les dettes de ses vassaux.

Les premiers excès passés, on adopta un modus vivendi avec l'étranger. Celui-ci partagea les impôts avec les seigneurs [Note : Sur le sel récolté en 1360 en diverses salines, la dame de Bourgneuf préleva 30 écus pour ses deux parts, « le tiers Gauter Huet osté » (C. du 16 février 1361). — Pour un sauvetage de sel, il « fut rebatu le tiers Gauter Huet et la part ès sauveurs » (C. du 10 janvier 1362)]. Aliénor de Thouars dut même abandonner les pieds d'arbres du Bois-Onain pour fortifier le Collets [Note : « VI escuz, V leons pour la vente des cymaux (extrémités des branches) dou bois dou Bois Onain vendez à plusors genz qui estoiet demorez ès Anglais, qui en orent les piés de nous pour porter au Colet à fere lor fort » (C. du 15 février 1361). — « Boays vendu des symaux dou Boays Oneign m » (C. du 16 février 1361)].

Alors on respira un peu, mais Dieu sait de quelles ruines toute la région était couverte ! A Bouin, le 24 septembre 1360, Girard V Chabot dégrevait partiellement un de ses vassaux d'une rente qu'il lui payait sur un moulin à vent, attendu que « led. moulin ayt esté ars et desolé pour le vymaire de la guerres ; » [Note : Cartul. de Rays, n° CLXXIV] dégrèvement ayant pour but de permettre de « redifier de rechef ung molin en lad. place ». A Bourgneuf, dans la ville, il fallait décharger un receveur « por les chouses qu'il dit que sont fructez et gastez » [Note : Compte du 7 janvier 1362]. A Noirmoutier, les religieux de la Blanche arrentent un emplacement vague, « in qua quedam platea condam fuerat domus que propter guerrarum turbines fuit concremata » [Note : Bail du 5 août 1365 (Titres de la Blanche de Noirmoutier, collect. Antonin Jacobsen)]. Par mandement du 13 décembre 1382, le duc Jean IV exempte d'impositions les religieuses, vu « que le prieuré et la ville de Bourc de Moustiers aient esté ars et degastez par les guerres et comme destruiz » [Note : Arch. L.-Inf., H 352].

Machecoul, la ville principale du pays, subit le sort commun et fut brûlée deux fois : « Tant... par le temps des guerres que par feu que la ville de Machecoul, apuis quarante anz, a esté arse par deux foiz et les moustiers abatuz ». Ce considérant était répété dans neuf lettres de même date (9 juin 1407), données par le duc Jean V en faveur d'une partie des abbayes (Buzay, la Chaume) et des prieurés (Pornic, les Moutiers, Chémeré, le Val-de-Morière, Quinquenavant, Saint-Philbert de Machecoul) du pays de Rays, qui avaient de la peine à produire leurs titres par suite de ces désastres [Note : R. Blanchard, Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne, n°s 720 à 727].

Malgré les traités, la confiance n'était point parfaite et, en 1363, on était obligé d'affermer les salines « par tel conduyçon que ce il estoit empesché par cause des guerrez, que il n'estoient tenuz à paier » [Note : Compte du 24 janvier 1364]. Comme preuve du défaut de sécurité nous citerons un trait.

Un lundi de Pentecôte (mai ou juin 1362-1365) [Note : M. Marchegay, en publiant cette pièce, la date de 1364 ou de 1365 ; il a peut-être raison. Toutefois Guillaume Felton ne devint pas sénéchal du Poitou en 1364 seulement, comme il le dit ; il fut pourvu de ce poste le 21 sept. 1361 (Guérin, Trésor des chartes pour le Poitou, t. III, p. XXX). La chevauchée peut donc-remonter à 1362, mais elle ne saurait être postérieure à 1365. Felton, il est vrai, ne fut tué qu'en mars 1367 ; mais, à la Pentecôte 1366, Gautier Huet guerroyait en Espagne avec les Grandes Compagnies sous la conduite de Du Guesclin (Froissart-Luce, t. VI, p. 188, 211, 356, 368)], Guillaume Felton, alors sénéchal du Poitou, à la tête d'une troupe où se trouvait Gautier Huet, le maire du Collet, chevauchait par le pays de Rays. Quatre hommes d'armes de Girard V, sur la foi des trêves, se rendaient tranquillement d'une place à une autre quand ils furent arrêtés et dépouillés par Felton. Pour se venger, les gens de Girard s'emparèrent à leur tour d'Edmond de Heimegrave, alors qu'il descendait au Collet, se saisirent de ses armes, de ses chevaux, de ses bagages, puis, de Prigny, ils écrivirent au Prince Noir lui demandant justice : ils rendraient ce qu'ils avaient saisi à condition d'être remis eux-mêmes en possession de leurs biens. Cette curieuse missive, dernier écho des luttes au pays de Rays, provient du chartrier de Thouars. Elle a été éditée par M. Marchegay [Note : Revue de Bretagne et de Véndée, 1er sem. 1879, p. 267-269].

Au lendemain de la mort de Girard V, dans la crainte d'un retour possible de l'ennemi, le roi, par lettres du 16 novembre 1371, retint messire Brumor de Laval « au nombre de dix hommes d'armes pour la garde du pays à la dame de Rays ». Au début de l'année suivante, Brumor voyait continuer sa commission [Note : Moranvillé, Etude sur la vie de Jean le Mercier, p. 253 et 260]. Proche parent de la dame de Rays, Brumor de Laval avait plus d'une fois fait ses preuves dans les guerres de cette époque.

Nous n'avons plus guère à signaler dans la région que des faits de représailles contre l'envahisseur et ses adhérents. Divers possesseurs de fiefs dans l'île de Bouin avaient pris parti pour l'Angleterre ; leurs terres confisquées par Charles V servirent à récompenser Jeanne Chabot, dame de Rays, à raison « des bons et agreables services » que Girard V son frère avait rendus au roi en ses guerres (3 novembre 1371) [Note : Deux actes de même date, l'un au cartulaire de Rays, n° CXXI, l'autre dans Guérin, op. cit., t. IV, p. 109-112]. Un autre profit retiré par Jeanne lui vint de la rançon de messire Jean le Boursier, un Anglais prisonnier du défunt sire de Rays : rançon fixée à dix mille francs. Toutefois Jeanne Chabot dut en partager le prix par moitié avec la veuve remariée de Girard, sauf l'indemnité revenant à la première pour les dépens du captif [Note : Cartul. de Rays, n° CCLX].

Les terres de Gautier Huet « ou terroueir de Rays » furent également confisquées. Charles V les avait données à Jacques et à Morelet de Montmort ; mais Pierre de Craon, époux de Catherine de Machecoul, les revendiqua comme créancier des Montmort [Note : Acte du 10 mai 1372 (Arch. L.-Inf., E 183 ; anc. Très. des chartes, V. D. 28)].

II.

A côté des faits que nous venons de relater et qui eurent le pays de Rays pour théâtre, il en est d'autres, plus ou moins étrangers à ce pays, mais auxquels furent mêlés ses seigneurs suzerains pendant la même période. L'histoire des fiefs est alors tellement unie à celle de ses possesseurs qu'il n'est guère possible de séparer l'une de l'autre.

Les auteurs bretons, qui n'ont connu les Chroniques de Froissart que dans leur première rédaction, ont ignoré de précieux détails sur les combats livrés dans notre province.
-99-
Grâce à l'édition de M. Siméon Luce, qui réunit les diverses revisions du chroniqueur, la participation du sire de Rays aux débuts de la guerre de la Succession de Bretagne est parfaitement mise en lumière.

Girard IV Chabot (1337-1344) détenait alors la baronnie. Lorsqu'éclata la lutte, Girard était à peine sorti de l'adolescence, puisqu'en 1338 il était encore pourvu d'un curateur : Olivier de Clisson, père du célèbre connétable [Note : Cartulaire de Rays, nos CLX et CV].

En 1341 (mai-juin), le seigneur de Rays est personnellement convoqué par Jean de Montfort, qui, sans retard, tenait à se faire reconnaître des grands feudataires ; mais, comme la plupart d'entre eux, Girard Chabot refusa d'obéir et fit au contraire garnir ses châteaux pour résister à ce prétendant [Note : Froissart-Luce. II, 270 et 291].

Pendant l'hiver de 1341-1342, Girard vient à Nantes rendre hommage à Charles de Blois [Note : Ibid., 32. avec la leçon corrompue Crais que M. Luce n'a pas hésité à exprimer par Retz (Ibid., XLIII)]. Au printemps de 1342, le sire de Rays tient la campagne avec les partisans de ce dernier. Il assiste notamment à la prise de Rennes et au siège d'Hennebont (mai et juin 1342) [Note : Froissart nomme encore le sire de Rays à quatre reprises différentes (ibid. 349, 364, 374 et 378)].

Le témoignage de Froissart est parfois erroné, mais on ne saurait le suspecter dans la circonstance : un document officiel nous faisant voir Girard IV prenant part aux guerres de ce temps. Nous avons déjà cité ce documents par ailleurs duquel il résulte que nombre de seigneurs du Bas-Poitou, parmi lesquels divers barons, entre autres les sires de Rays et de Machecoul, avaient été contraints de faire leur paix avec le roi d'Angleterre. Il ressort de la lettre d'Edouard III (5 décembre 1342) qui relate ce fait, et surtout des extraits de comptes que nous avons produits, que, cette fois, c'est sur ses propres domaines que Girard avait été obligé de lutter contre le parti de Montfort allié aux Anglais.

Girard épousa Philippe Bertrand, fille de Robert Bertrand, sire de Bricquebec, maréchal de France, et de Marie de Sully. Le guerrier français avait pu voir de près et apprécier les qualités du jeune baron de Rays. Le 21 novembre 1341, le maréchal était à Nantes, où, dans des lettres qui nous sont restées [Note : D. Morice, Pr. I, 1429], il s'intitule capitaine pour le roi en Bretagne. Or c'est à cette époque, avons-nous dit, que Girard vint dans cette ville rendre hommage à Charles de Blois, pour le compte duquel les troupes françaises étaient à Nantes. En 1342 (juin), Robert Bertrand et le sire de Rays se trouvèrent ensemble au siège d'Hennebont [Note : Froissart-Luce, II, 364. Il n'est même pas impossible que Girard ait fait la campagne de Flandre (juillet-septembre 1340) avec le duc de Bretagne Jean III, qui mourut en en revenant, campagne à laquelle prit part Robert Bertrand].

Il n'est point sans importance de fixer la date du décès de Girard IV Chabot. Au début de février 1344 il existait encore ; cela résulte d'un acte du 3 octobre de cette année [Note : Cartulaire de Rays, n° LXXIII], où il est question de sa fille, de sa veuve et de l'enfant que celle-ci portait dans son sein. Le baron de Rays était mort non seulement avant le 3 octobre, mais antérieurement au 15 septembre 1344. A cette date, Charles de Blois accordait une souffrance d'hommage à, son « amée cousine la dame de Rays, tant en son nom que come garde de ses enffanz » [Note : Arch. L.-Inf., E 148 ; anc. Trés. des chart. Q. E. 67]. Le 26 juillet 1345, les terres de Rays et de Machecoul étaient encore tenues en rachat sous Charles de Blois [Note : Ibid., E 151 ; ancien Q. F. 1], et, comme le rachat durait une année, il faut en conclure que Girard décéda entre le 26 juillet et le 15 septembre 1344. Ces conclusions sont d'ailleurs confirmées par un texte plus précis encore. Un compte rendu à Aliénor de Thouars le 3 février 1345 [Note : Chart. de Thouars, Reg. de comptes] note des levées faites « durant le rachat de Raes, » ou bien, ce qui est la même chose, durant le « rachat de Bretaigne : » [Note : C'est-à-dire durant le rachat levé au nom du duc de Bretagne par suite de la mort du sire de Rays] rachat qui partait de la Saint-Gilles. Or la Saint-Gilles arrivant le 1er septembre, c'est de la veille que devait être décédé le sire de Rays [Note : Pour faire cette hypothèse, nous nous basons sur un cas analogue et contemporain. Suivant son épitaphe, Girard de Machecoul, sgr de Benate, mourut le 31 octobre 1343 ; d'après des comptes, c'est de la Toussaint que courait son rachat].

La date de la mort de Girard IV, fixée en 1344 par un ensemble de témoignages aussi précis, réduit à néant l'assertion de tous les historiens anciens et modernes, qui, depuis Alain Bouchard, ont répété que le sire de Rays fut tué le 20 juin 1347 au combat de la Roche-Derrien. Ni Dagworth qui commandait les Anglais et a noté les principaux morts [Note : Robert de Avesbury, De gestis Edwardi III, édit. 1889, p. 389], ni les Grandes Chroniques de France, ni Guillaume de Saint-André, ni la Chronique de Saint-Brieuc ne citent les sires de Rays, de Rieux et de Machecoul parmi ceux qui succombèrent. Lobineau, qui rapporte ces trois noms et d'autres d'après la Chronique de Bretagne [Note : Hist. de Bretagne, I, 340. Nous ne savons quel texte Lobineau a ici en vue], déclare fausse, deux lignes plus bas, une assertion de la même chronique d'après laquelle les enfants de Charles de Blois se seraient alors rendus à Tanguy du Chastel. Il paraît certain qu'aucun des trois seigneurs susnommés ne perdit la vie à la Roche-Derrien.

A sa mort, Girard IV Chabot ne laissait qu'une enfant, Jeanne ; mais, peu après, sa femme donnait le jour à un fils qui fut Girard V. En attendant que celui-ci eût atteint l'âge de paraître sur la scène à la tête de ses vassaux, on le plaça sous la garde de sa mère et la tutelle de Raoul de Machecoul, doyen, puis évêque d'Angers, et sous celle de Foulques de Laval. Le premier, qui avait déjà, dix ans plus tôt, rempli l'office de curateur auprès de Girard IV, lors de son avènement, était un parent assez rapproché du mineur ; Foulques était doublement son grand-oncle : par sa sœur Catherine et par sa femme Jeanne Chabot, grand'mère et grand'tante de Girard V.

Pendant cette période si troublée par les guerres, c'est Foulques qui, sous l'autorité du roi de France et du duc Charles de Blois, veille à la sûreté des terres de son pupille. Il intervient tellement alors dans les affaires de ce pays, que plusieurs s'y sont trompés et en ont fait un seigneur de Rays.

Après avoir failli, en novembre 1343 [Note : On sait que le 29 de ce mois, dix gentilshommes bretons furent exécutés sommairement à Paris (Froissart-Luce, t. III, p. x, n. 1). Deux autres, dont Foulques était l'un, furent épargnés. Ils étaient prisonniers avec les précédents lorsque, le 11 novembre 1343, par ordre du roi, on tranféra ces douze seigneurs d'Angers à Paris (Bibl. nat.. col. Clairambault, vol. 68, pièce 41)], payer de sa tête son attachement au parti de Montfort, Foulques s'était franchement rangé dans le camp opposé. En 1350, il fut l'un des négociateurs d'une convention conclue, au nom de Philippe VI, avec un chef de bande, Raoul le Caours. Celui-ci devait opérer la remise de diverses places du pays : Bouin et Beauvoir en particulier [Note : Acte publié par MM. S. Luce, Hist. de Bertrand du Guesclin, p. 512-515, et Guérin, Trésor des chartes pour le Poitou, III, 26-32]. Nous avons vu plus haut, pendant les années 1350 et 1351, Foulques préposé à la garde des terres de Belleville et de Rays. En 1355-1356, Foulques de Laval a quitté notre région ; il est alors « capitaine général pour le roi ès comtés d'Anjou et du Maine ; » mais dans sa compagnie il a enrôlé un certain nombre d'écuyers du pays de Rays [Note : Voy une montre du 15 nov. 1356 reçue à. Paris (D. Morice, Pr. I, 1501), où figurent : Jean de la Clartière (en Machecoul), Jean de Chémeré, Jean de l'Auberaye (en Machecoul), Racachin de Fresnay, Girard Blanchard, (seigneur de la Blanchardais, en Vue), Pierre Goduz (châtelain de Machecoul en 1360). Grimaud et du Croizil sont également des noms du pays]. Fait prisonnier (décembre 1356), lors du siège de Rennes, Foulques ne tarda pas à recouvrer la liberté. En 1359 il était revenu sur les terres de son petit-neveu, alors fort foulées des Anglais. Nous avons cité un texte de cette année qui montre Foulques prescrivant l'abandon d'une partie du pays dont il était le chef effectif.

En même temps que Foulques de Laval, qui représente l'héritier mineur des Chabot, sires de Rays, paraissent au premier rang les Machecoul. Ces seigneurs étaient issus d'un puîné de Bretagne, Olivier, dit de Machecoul, pour avoir pendant quelque temps possédé cette châtellenie. Mais, à l'époque dont nous parlons, les descendants d'Olivier, tout en gardant le nom sous lequel celui-ci était connu, n'étaient plus les possesseurs de Machecoul passé aux Chabot. Toutefois, alliés par des mariages à plusieurs reprises avec leurs suzerains, ils occupaient après eux la première place parmi les seigneurs du pays de Rays. Leurs châtellenies du Loroux-Bottereau et de la Benate y confinaient, celle de Bourgneuf ou du Bois-Onain, du nom de son principal manoir, y était enclavée.

Aussi avons-nous vu Girard de Machecoul, petit-fils d'Olivier, jouer un rôle important comme chef de guerre dès la première levée de boucliers au pays de Rays. Nous avons relaté également que Louis, fils de Girard, laissant là ses faucons, envoya quérir son harnais de guerre et rallia l'armée.

A la mort de son père, en 1343, Louis avait l'âge d'homme. Commis à la garde de Prigny pour le roi de France, ses terres, pendant ce temps, avaient eu fort à souffrir En conséquence, le 16 janvier 1350, Philippe VI indemnisait son capitaine.

Bien que les 500 liv. de rente assignées à Louis sur Châteaumur et les Deffends par Philippe VI lui eussent été confirmées par son fils, il paraît que le seigneur de la Benate ne parvenait point à en être payé. D'autre part, comme il n'avait « oncques eu nuls gages ny profits » et avait entretenu à ses frais à la garde de Prigny « quantité de gens d'armes et de pied, » un pareil état de choses lui était devenu très onéreux. Finalement, Châteaumur et les Deffends ayant été rendus par le roi au sire de Laval, le gage de Louis de Machecoul se trouvait anéanti, sans compter que ce dernier avait dépensé 800 écus à la poursuite de ses droits. La requête où le seigneur de la Benate exprime ses doléances en exposant les faits qui précèdent, se terminait en demandant qu'on lui assignât sa rente sur la terre de la Garnache [Note : Hay du Chastelet, Hist. de Bertrand du Guesclin, p. 342]. Cette requête n'est pas datée, mais nous aimons à croire qu'elle ne précéda pas de beaucoup les lettres du 8 octobre 1355 par lesquelles le roi Jean II, rappelant les principaux traits de la supplique et faisant droit aux réclamations de son sujet, établissait la rente de 500 liv. sur les recettes d'Anjou, du Maine et du Poitou [Note : Bibl. nat., ms. fr. 28271, dossier 41276, pièce 2]. Cette fois du moins la faveur royale fut effective, car il nous est resté une quittance du 12 juin 1356 où Louis de Machecoul, qui s'y intitule « capitaine et gouverneur de la terre de Belleville, » reconnaît avoir reçu 250 liv. du receveur de Poitou [Note : Ibid., pièce 3].

La terre de Belleville dont le sire de la Benate était gouverneur appartenait aux Clisson ; mais elle était présentement confisquée au profit du roi de France. Il n'est pas douteux que Louis ne détint également alors, au même nom, la place de la Garnache, autre fief des Clisson. C'est là, en effet, que s'était retirée Aliénor de Thouars, la mère de Louis, pendant que les Anglais occupaient ses domaines de Bourgneuf.

Cependant Foulques de Laval et Louis de Machecoul avaient cessé de vivre. Girard V Chabot, seigneur de Rays, n'avait pas encore vingt ans qu'il se trouva mêlé aux graves événements de son temps. Comme son père, comme la plupart des hauts barons de Bretagne, il suivit le parti de Charles de Blois. Le 12 juillet 1363, il est compris parmi les otages donnés par celui-ci à son compétiteur lors du traité d'Evran. Le 24 février 1364, « monsour Girard, sires de Rays, » avec la plupart desdits otages, se trouvait à Poitiers où, en présence du prince de Galles, les deux prétendants au duché ne purent arriver à un accord [Note: Ar. L.-Inf., E 165 ; anc. Trés. des ch. O. C. 22 ; D. Mor., Pr. I, 1565-1566].

A la bataille d'Auray (29 septembre 1364), Girard était l'un des chefs du quatrième corps qui devait servir de réserve. Malheureusement, au lieu d'imiter la tactique de la réserve anglo-bretonne qui se portait, suivant le besoin, au secours des autres divisions, celle de l'armée franco-bretonne ne put ou ne sut pas agir de même. Elle fut bientôt mêlée aux diverses troupes de son parti, et c'est à côté de Du Guesclin, qui commandait le premier corps, que Girard fut fait prisonnier par Chandos, non sans avoir combattu avec un vrai courages [Note : « Messires Jehan Cambdos prist et flancha de sa main un baron de Bretaingne que on appelloit le seigneur de Rays, hardi chevalier durement.., et qui moult longuement se combatit à mgr Jehan Chandos » (Froissart-Luce t. VI, p. 339 et 341)]. Les seigneurs d'Angleterre envoyèrent leurs prisonniers de marque en divers lieux du Poitou : Saintes, Lusignan, Niort [Note : Ibid., p. 348-349]. C'est dans cette dernière ville que fut interné le sire de Rays. Là, le 18 janvier 1365, il se portait caution pour 20.000 fr. sur les 100.000 fr. auxquels Du Guesclin avait été rançonné par Chandos, son « maistre ». C'est ce qu'atteste une lettre du futur connétable, datée également de Niort, le 21 janvier suivant, lettre qui est une des pièces les plus précieuses du cartulaire de Rays [Note : N° XXI]. A combien montait la rançon de Girard, nous l'ignorons; mais ce que nous savons, c'est qu'en 1365 il versa lui-même à Chandos 1000 florins [Note : « Quictence baillée par le connestable d'Aquitaine (Chandos) au sire de Rays, de la somme de mil florins d'Aragon, pour causes de la ranczon du sire de Rays prins par led. connestable, en dabte de l'an mil troys cens soixante cinq » (Inventaire du XVIème s. non paginé, Ar. L.-inf., E 246 ; anc. Trés. des ch. V. B. 2)] : faible acompte sans doute, puisque deux ans plus tard il n'était pas encore libéré.

Cependant notre sire regagna ses foyers. Le 30 novembre 1366, dans un acte passé à. Nantes et où il se qualifie de chevalier — la première fois à notre connaissance — Girard nommait des procureurs pour suivre un procès contre les religieux de Saint-Serge d'Angers au sujet du prieuré de Chémeré [Note : Ar L.-Inf., H 206, pièce 18]. La même année, il faisait une fondation de trois messes en l'abbaye de Villeneuve [Note : Ibid., E 246, inventaire précité].

La mort de Charles de Blois à Auray avait mis fin aux guerres de Bretagne ; d'autre part, une paix relative entre la France et l'Angleterre régnait depuis le traité de Brétigny. Du Guesclin, racheté de bonne heure, avait entraîné les Grandes Compagnies en Espagne au secours d'Henri de Trastamare. Girard V, toujours prisonnier de Chandos sur parole, ne pouvait suivre Du Guesclin. Cependant le prince de Galles, pour soutenir le compétiteur d'Henri, s'apprêtait à passer les Pyrénées. Chandos marcha naturellement avec son souverain. Girard, pour se libérer, consentit à suivre le capitaine anglais son maître. Celui-ci, le 15 février 1367, au passage des défilés de Roncevaux, avait douze cents pennons sous ses ordres : « Là estoit li sires de Rays, bretons, qui servoit mgr Jehan Camdos à une quantité de gens d'armes en che voiaige, sur ses frès, pour se prise de devant Auroy » [Note : Froissart-Luce, t. VII, p 262. La première rédaction du chroniqueur fixe à trente lances la compagnie du sire de Rays (Ibid., p. 7)]. C'est sous la bannière de Chandos que Girard combattit à Navarette le 3 avril 1367 [Note : Ibid., p. 38 et 287], du même côté qu'Olivier de Clisson, tandis que dans le camp opposé Du Guesclin était vaincu et fait prisonnier.

Après le licenciement des contingents anglais en septembre 1367, Girard gagna Beaucaire. C'est là que, le 7 octobre 1367, le duc d'Anjou, qui se tenait alors en Languedoc, reçut l'hommage du sire de Rays pour sa terre d'Avrillé en Anjou [Note : Cartulaire de Rays, n° CCXLV]. De retour en Bretagne, Girard prêta serment de fidélité à Jean IV, seul duc légitime depuis le trépas de Charles de Blois à Auray ; les lettres du serment (20 février 1368 n. st.) sont encore scellées du sceau du baron de Rays [Note : Ar. L.-Inf., E 142 ; anc. Trés. des ch. X. A. 6]. Le 15 juin 1368 Girard était à Nantes ; son nom figure parmi ceux des témoins de lettres de Jean IV faisant à Gautier Huet l'assiette d'une rente de 400 livres [Note : Ar. L.-Inf., E 154 ; anc K. E. 16].

Le sire de Rays ne tarda pas à reprendre le chemin du midi. Les Compagnies étaient devenues un véritable fléau. Girard se mit à la tête d'une de ces bandes « pour mener et mectre hors du royaume certaines routes de gens d'armez bretons qui estoient en ycellui. ». En décembre 1368 il était aux environs de Toulouse ; mais ce ne fut pas sans dommage pour la région, ainsi qu'en témoigne un mandement du 13 de ce mois adressé par le duc d'Anjou au trésorier des guerres, lui enjoignant de payer sans délai cent francs au sire de Rays pour qu'il « ne convegne plus lesd. bretons demourer ne porter dommage sur le pays » [Note : Bibl. nat., ms. fr. 28911, dossier 54516, pièce 2].

Peu de temps après Girard avait gagné l'Espagne où nous le trouvons en compagnie de Du Guesclin. Le 4 février 1369, à Borja, il est témoin des lettres de l'hommage rendu au roi de Navarre par Bertrand [Note : Dom E. du Coëtlosquet, Chartes de Pampelune et de Soria relatives à du Guesclin, dans Revue hist. de l'Ouest, VI, 1890, p. 607-609]. Celui-ci resta au delà des monts jusqu'au milieu de 1370. Il en fut vraisemblablement de même pour Girard ; du moins n'avons-nous pas relevé de traces de sa présence en Bretagne pendant cette période. Rentré en France pour ceindre l'épée de connétable et lutter contre l'Anglais, Bertrand trouva encore à ses côtés le seigneur de Rays. Il fut des siens au glorieux combat de Pontvallain (4 décembre 1370) où Jean le Boursier, l'un des principaux lieutenants de Robert Knolles, devint le prisonnier de Girard [Note : L'assistance de Girard au combat de Pontvallain est attestée par Cuvelier (Chronique de B. du Guesclin, édit. Charrière II, vers 18313). L'assertion de ce chroniqueur, souvent suspect d'ailleurs, se trouve confirmée ici par la présence simultanée à Saumur de Girard et de Du Guesclin (voy. la note suivante). D'un autre côté, il est certain que Jean le Boursier a été le prisonnier de Girard ; sa rançon montant à dix mille francs n'était pas encore payée en 1377, époque à laquelle la veuve et la sœur de Girard en faisaient le partage (Cartul. de Rays, n° CCLX). Jean le Boursier n'était pas le premier venu ; le chiffre de son rachat le prouve d'ailleurs. En 1364, il combattait à Auray (Froissart-Luce, t. VI, p. 164 et 337). Froissart (Ibid., t. VII, p. 233, 406, 416), d'accord avec les documents anglais publiés par Rymer (cf. Froissart-Luce, t. VII, p. XCV), le signale comme un des principaux lieutenants dans la chevauchée de 1370 qui fut rompue à Pontvallain, et, quelques jours encore avant la bataille (26 nov. 1370), le roi d'Angleterre nommait « Johan Burghchier », en même temps que Robert Knolles et Thomas de Granson, l'un des conservateurs des trêves avec le roi de Navarre (Rymer, édit. 1740, t. III, part. II, p. 175). Froissart, il est vrai, n'indique pas J. le Boursier parmi les prisonniers du combat de Pontvallain, auquel n'assista point Knolles et où Granson tomba au pouvoir de l'ennemi ; mais le silence du chroniqueur ne saurait infirmer le document du cartulaire, et, d'autre part, la dislocation de l'armée d'invasion après la bataille ne permet pas de supposer la capture du chevalier anglais par Girard dans une action postérieure].

Quelques jours plus tard, Du Guesclin et notre baron chassant l'ennemi étaient à Saumur [Note : La présence du connétable y est signalée le 6 décembre (Froissart-Luce, t. VIII, p. VII, n. 1) ; celle de Girard le 7 décembre (Hay du Chastelet, Hist. de du Guesclin, p 336)].

Le 28 janvier 1371, « messire Girart, sire de Rays, chevalier banneret, » monté sur un « cheval noir gris, » se tenait à Blois, ayant sous ses ordres 10 chevaliers bacheliers et 76 écuyers, prêt à servir le roi en ces présentes guerres en compagnie du connétable [Note : Montre (Hay du Chastelet, op. cit., p. 343-344 ; D. Mor., Pr. I, 1645-1646)]. Après une chevauchée en Auvergne, marquée par une tentative contre Ussel (seconde quinzaine de février), Bertrand était de retour à Paris le 18 mars. A cette date, Girard est compris parmi les 120 hommes d'armes qui, sous la conduite de Du Guesclin, se préparent à accompagner le roi Charles V se rendant à Vernon pour une entrevue avec le roi de Navarre [Note : Montre (Hay du. Chastelet, op. cit., p. 347)]. Charles V se trouva en effet à Vernon les 24 et 26 mars [Note : Delisle, Mandements de Charles V, n°' 759, 760, 762]. Girard resta cantonné à Dreux où, le 10 avril, il faisait une montre et, le 16 avril, donnait une quittance de gages [Note : D. Mor., Pr. I, 1648 et 1659]. Le 22 avril, des lettres royales retenaient le sire de Rays pour servir en ces « presentes guerres en la compagnie et sous le gouvernement de mes. de Cliçon, pour luy banneret, 5 chevaliers et 34 escuiers » [Note : Moranvillé, Etude sur la vie de Jean le Mercier, p. 253].

Trois jours après, Charles V restituait à Girard et à sa mère les droits qu'ils pouvaient avoir dans la ville de Honfleur [Note : Lettres du 25 avril 1371 (L. Delisle, Mandements de Charles V, n° 771)]. Enfin, le 4 juin 1371, le seigneur de Rays délivrait au trésorier des guerres une quittance de 400 liv. dont il avait été gratifié « pour les bons et agreables services que nous avons faiz au roy nostre sire en ces presentes guerres, et espere que nous li facions ou temps avenir » [Note : Bibl. nat., ms., fr. 28911, dossier 54516, pièce 3]. Ce dernier acte, daté de Paris, prouve que notre baron resta sous les armes jusqu'à la fin. En effet, il ne tarda pas à mourir, non toutefois sans avoir fait un testament dans lequel sa femme n'était point oubliée [Note : Les lettres dudit testament sont visées dans l'acte du mariage contracté le 27 juin 1374 par la veuve de Girard. D'après cet acte, les legs et donations faits par le sire de Rays à son épouse entrèrent en ligne de compte dans la dot de celle-ci (Arch. nat., R2 2 ; imprimé par Baluze, Hist. de la maison d'Auvergne, t. II, Pr., p. 366-371)].

Le 3 novembre 1371, le sire de Rays avait cessé de vivre, ainsi qu'en témoignent deux lettres de Charles V octroyant à Jeanne, sœur et héritière de Girard, diverses terres confisquées sur des partisans de l'Angleterre, et ce en considération des services rendus par son frère, « en son vivant, en nos presentes guerres » [Note : Cartul. de Rays, n° CXXI, et Guérin, Trésor des chartes pour le Poitou, t. IV, p. 109-112]. Les historiens bretons, Hay du Chastelet et le récent auteur d'une monographie de notre personnage [Note : Gérard Chabot, sire de Rays, par S. de la Nicollière, dans Revue de Bretagne et Vendée, 2. sem. 1870, p. 384], se sont donc gravement mépris en faisant vivre Girard V jusqu'en 1377, trompés qu'ils ont été soit par les assertions d'un chroniqueur peu précis [Note : Cuvelier dans sa Chronique de Du Guesclin. M. Luce n'a pas craint de qualifier cet auteur de « rimeur romanesque » (Du Guesclin en Normandie, dans Revue des questions hist., t. LIII, 1893)], soit surtout par une confusion malencontreuse entre le sire de Rays et un sire de Rieux mentionné dans les montres militaires après le décès de notre Girard [Note : Cf. nos Observations sur quelques dates du cartulaire des sires de Rays (1877), p. 23-34, et la note du n° CCLXI du Cartulaire des sires de Rays].

(René Blanchard).

Note 1 : Ce travail est tiré, pour la presque totalité, de notre introduction au Cartulaire des sires de Rays, dont le premier volume a été publié en 1898 par la Société des Archives historiques du Poitou.

Note 2 : liste des seigneurs, barons et ducs ayant régné sur le pays de Retz durant la période de la guerre de Cent ans (1341-1372) : De avant 1225 à 1252 : Raoul III de Retz (1200-1252), fils du précédent ; de 1252 à 1265 : Eustachie « Aliette » de Retz (1228-1265), fille du précédent ; de 1244 à 1264 : Gérard (ou Girard) Ier Chabot dit Gérard Ier de Retz (1197-1264), mari de la précédente ; de 1264 à 1298 : Gérard II Chabot dit Gérard II de Retz (1245-1298), fils des deux précédents ; de 1298 à 1338 : Gérard III Chabot dit Gérard III de Retz « le Benoist » (1280-1338), fils du précédent ; de 1338 à 1344 : Gérard IV Chabot dit Gérard IV de Retz (1300-1344), fils du précédent et époux de Catherine de Laval ; de 1344 à 1399 : Gérard V Chabot dit Gérard V de Retz (1320-1399), fils du précédent ; de 1399 à 1406 : Jeanne Chabot dite Jeanne de Retz « la Sage » (1331-1406), fille du précédent, mariée d'abord à François de Chauvigné puis dès 1379 à Jean de Parthenay (décédé en 1427) ; de 1379 à 1406 : Jean de Parthenay (...-1427), deuxième ou troisième mari de la précédente ; de 1406 à 1415 : Guy II de Montmorency-Laval dit Guy de Laval-Retz.

Note 3 : En 1400, Jeanne Chabot, dite Jeanne de Retz la Sage, dernière héritière de la baronnie de Retz, désigne Guy de Laval comme seul héritier, à l'unique condition qu'il abandonne pour lui et ses descendants le nom et les armes de Laval, pour prendre les armes et le nom de Retz. Guy II hérite de ce fait des seigneuries de Machecoul, Saint-Étienne-de-Mer-Morte, Pornic, Princé, Vue, Bouin, qui forment la baronnie de « Rais », correspondant peu ou prou à l'actuel pays de Retz.

Note 4 : Les titres et biens de Jeanne sont convoités du duc de Bretagne Jean de Montfort qui multiplie pressions et malversations entre 1381 et 1383. Le Roi de France et le Parlement, saisis par Jeanne, trancheront par arrêt du 04/03/1396 en faveur des héritiers, jugement conforté par un arbitrage du duc de Bourgogne du 24/04/1399 ; Retz passe finalement à Jean de Parthenay mais à défaut de postérité passera aux descendants de Brumor de Laval après un accord matrimonial avec la famille de Craon, dont Jean de Craon fut l’ultime compétiteur.

Note 5 : En 1400, Jeanne Chabot, sans hoirs, désigne comme son seul héritier Guy II de Montmorency-Laval, dit « Guy de Laval-Blaison », son cousin issu de germain, arrière-petit-fils de Gérard III Chabot dit « Gérard III de Retz » à l'unique condition qu'il abandonne pour lui et ses descendants le nom et les armes de Laval, pour prendre les armes et le nom de Retz. Il hérite alors de ce fait des seigneuries de Machecoul, Saint-Étienne-de-Mer-Morte, Pornic, Princé, Vue, Bouin, qui forment la baronnie de Retz, correspondant à peu près à l'actuel Pays de Retz (ou Rays). Mais, par acte du 14/05/1402, Jeanne Chabot se dédit, et adopte pour héritière Catherine de Machecoul, sa cousine éloignée, arrière-arrière-petite-fille de Gérard II Chabot dit « Gérard II de Retz », ce qui déclenche un grand procès entre Guy II de Montmorency-Laval et le fils de Catherine de Machecoul, Jean de Craon (décédé en 1432). La querelle se termine par le mariage en 1404 de Guy II de Montmorency-Laval [fils de Guy Brumor de Montmorency-Laval (décédé en 1375) et Tiphaine de Husson] avec la fille de Jean de Craon, Marie de Craon (1387-1415), laquelle lui cède ainsi les prétentions qu'elle avait sur la baronnie de Retz. Leurs enfants sont : Gilles de Rais ou Retz ou Rays, surnommé Barbe-Bleue (1405-1440) qui épousera en 1422 Catherine de Thouars, et René de Rais (1414-1473), seigneur de la Suze-sur-Sarthe. Guy II de Montmorency-Laval quitte donc le nom et les armes de sa branche, et prend celles de Retz. En 1406, il devient ainsi le nouveau baron de Retz, ce qui fait de lui le doyen des barons de Bretagne, titre dont son fils aîné Gilles de Rais (1405-1440) héritera après.

© Copyright - Tous droits réservés.