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Séjour de l'Escadre Pédriste dans la rade de Belle-Ile-en-Mer (18 Décembre 1831-28 Février 1832)

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Le 10 mars 1826, Jean VI, roi du Portugal, meurt sans laisser d’indication concernant sa succession. Le conseil de Régence choisit son fils aîné Pierre Ier du Brésil (dom Pedro Ier). Mais comme celui-ci ne peut pas régner à la fois sur le Brésil et le Portugal, il était prévu qu’il abdiquerait en faveur de sa fille Marie (Maria), âgée de sept ans, laquelle épouserait, le moment venu, son oncle Michel Ier. Pierre Ier octroie au pays une charte constitutionnelle moins libérale que la Constitution de 1822, conférant plus de pouvoirs au monarque (les pouvoirs exécutif et modérateur). Michel Ier jure fidélité à cette charte, qui lui permettait d’exercer la régence auprès de sa fiancée dès 1827. Michel Ier se fait acclamer roi par la population et les absolutistes soutenus par le clergé. Il prête serment à la charte mais finit par se proclamer roi (juillet 1828) et rétablir l'absolutisme. Cet acte marque le début de la guerre civile.

Jean VI, roi du Portugal.

Jean VI, roi du Portugal

Michel Ier, roi du Portugal.

Michel Ier, roi du Portugal

Séjour de l'Escadre Pédriste (de dom Pedro, duc de Bragance, ex-empereur du Brésil) et de l'armée libératrice du Portugal dans la rade de Belle-Ile-en-Mer du 18 Décembre 1831 au 28 Février 1832. Les opposants débarquent avec plusieurs navires à Terceira, aux Açores, territoire portugais qui a refusé de reconnaître Michel Ier. Un gouvernement y est même constitué autour de Pierre Ier, venu rétablir les droits de sa fille Maria. Le débarquement de l'armée libératrice a lieu en rade de Villa do Gonde, près de Porto le 7 juillet 1832. La guerre civile va durer de 1832 à 1834. Dona Maria da Glora, fille de dom Pedro (Pierre Ier), est finalement couronnée reine du Portugal le 22 septembre 1834 et dom Pedro Ier (Pierre Ier) obtient la Régence.

Pierre Ier, empereur du Brésil.

Pierre Ier, empereur du Brésil

Marie II, reine du Portugal.

Marie, fille de Pierre Ier, empereur du Brésil

 

Au cimetière du Palais, une plaque de schiste ardoisé placée à même le sol, dans l'herbe broussailleuse, précise la tombe d'une illustration locale.

La stèle étriquée qui la domine et que le temps a fait pencher, porte en exergue : Ici repose Louis-Marie-Ange Loréal, ancien officier de Marine, décédé le 20 juillet 1867 dans sa 78ème année. Priez pour lui.

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I.

En 1828, la reine de Portugal, dona Maria, ayant été chassée du trône par son oncle dom Miguel, son père dom Pedro, duc de Bragance, ex-empereur du Brésil, alors retiré à Paris, résolut de la rétablir au pouvoir. Il acheta une flotte, l'arma et la réunit en rade du Palais (18 décembre 1831). Elle portait pavillon français ; on la disait affectée au commerce.

Le consignataire chargé du soin de cette flotte à Belle-Ile, fut M. Louis Loréal, commerçant armateur, retraité de la Marine de guerre, dont on évoque ici le souvenir.

Son dossier, au service historique du Ministère de la Marine, se résume comme suit : Né à Auray, le 30 décembre 1789, du légitime mariage de Noble homme Louis Loréal, ingénieur, natif de Belle-Ile-en-Mer, et de Dame Elizabeth Hubert, native de Chantenay-en-Nantes.

ÉTAT DES SERVICES :
A l’Etat (à la mer) (en paix… 4 mois, 14 jours ; en guerre.... 90 mois , 9 jours)
A l'Etat (à terre) : dans les ports… 18 mois 16 jours.
Au Commerce : à la mer : en guerre .... 11 mois 26 jours.

Avec cette mention : « Il résulte de ces pièces (distinctions honorifiques, lettres de félicitation etc.) qu'il se dévoua à la cause du duc de Bragance contre dom Miguel, et qu'il aida de tous ses moyens les partisans portugais et anglais de la cause libérale dans la péninsule ibérique ».

Et ce quatrain décevant qu'on est surpris de trouver dans un dossier militaire : Loréal à Maria II rendit Patrie et Cour -  Mais quelle en fut sa récompense ? - La France et le Portugal en rougiront un jour - D'avoir manqué de reconnaissance.

Mousse en 1806, novice en 1808, aspirant de 1ère classe en 1813, il fut autorisé à naviguer au commerce en 1816. Dans l'intervalle il bouta l'Anglais comme il convient.

Et dans le civil, il fut : chef de Bataillon de la garde nationale, conseiller municipal, conseiller d'arrondissement.

Son portrait le représente en bourgeois de l'époque : col droit, cravate ample, gilet blanc, habit sur lequel se détachent la croix de la Légion d'honneur et la croix de la Concepcion de Villaviciosa.

La physionomie est expressive : des cheveux épars, des favoris ras, des yeux spirituels, une bouche fine et railleuse, le menton volontaire. L'ensemble dénote l'intelligence. En somme, quelqu'un.

Consignataire n'est pas une sinécure surtout d'une escadre hétéroclite qui comprenait des bateaux de toute forme : vaisseau, frégates, bricks, vapeurs, chargés d'équipages recrutés un peu partout (Anglais, Français, Polonais etc.) d'un loyalisme douteux et d'un sens de la discipline équivoque.

Il fallait renouveler les approvisionnements en vivres frais, pourvoir le gréement de ce qui lui manquait, assurer la subsistance et le logement des arrivants, payer les commerçants de ce qu'ils fournissaient etc.

Les Bellilois sympathisaient avec ceux que la fortune leur envoyait — et surtout les volontaires portugais si nombreux — mais il fallait l'ascendant d'un des leurs pour se démunir délibérément de leurs biens.

Et, cependant, l'histoire conte — le fait semble un peu exagéré — qu'un horloger, à lui seul, vendit trois cents montres.

Les proscrits qui combattaient pour une cause juste, puisqu'ils voulaient sauver leur patrie de l'arbitraire d'un tyran, trouvèrent, dans l'île, des partisans pour soutenir leur cause, et on en cite plus d'un qui s'embarquèrent pour la défense de la reine détrônée.

Dom Pedro arrive le 1er février 1832 en rade du Palais. Monté à bord de la frégate amirale, il fut salué par les siens d'une salve de 101 coups de canon lorsqu'il passa la revue de l'armée navale.

Le lendemain, il descendit à terre incognito pour y faire quelques visites indispensables. Il accepta toutefois à dîner chez M. Loréal qui le reçut dans sa maison de Port-Salio (la villa du manoir). On se sert à Belle-Ile, d'une expression plus commune, pour désigner cette maison ; on l'appelle Kerloréal ou — mieux — la campagne Loréal.

C'est une modeste habitation au milieu d'un paysage agreste qu'agrémente un jardin potager et un bois touffu.

Elle avoisine la mer et du haut de son belvédère, on découvre une grande partie de la baie. Ce jour-là le drapeau libérateur blanc et bleu y flottait.

Le propriétaire l'avait faite agréable, autant par l'exotisme de son ameublement, que par les essences dont il l'a entourée. Il a su créer, dans une île où les arbres sont rares, une oasis de paix et de quiétude que l'on ne peut qu'admirer — même aujourd'hui alors que tant d'hôtes s'y sont succédés. Et le monarque dut louer son hôte de la beauté d'un site qui lui rappelait — tant la végétation en est luxuriante — ce Brésil que l'ingratitude de ses sujets l'avait forcé à quitter.

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II.

L'histoire du Portugal, de 1822 à 1834, est marquée par une longue suite de troubles qui puisent leur origine dans les profondes divisions de la Maison régnante, divisions où s'affrontent non des haines de familles mais des conceptions antagonistes sur la politique intérieure : libéralisme contre absolutisme.

Le roi Jean VI, et son fils dom Pedro, bientôt empereur du Brésil, font figure de champions de la cause libérale, par sens politique plutôt que par sympathie vraie, contre la reine Charlotte, fille de Charles IV d'Espagne, et son fils l'infant Dom Miguel, généralissime du royaume, chef avéré du parti absolutiste.

La connaissance sommaire de ces grands évènements dans un petit royaume, est indispensable à l'intelligence de notre étude. Exposons-les rapidement.

Jean VI avait doté, en 1822, le Portugal d'une constitution libérale, puis, sacrifiant par force à l'esprit séparatiste du Brésil, il en avait accepté la proclamation d'indépendance sous le sceptre de son fils aîné dom Pedro.

Son second fils, dom Miguel, abolit, en 1823, la constitution de l'année précédente par un coup d'Etat militaire, et institua, dans le royaume, un régime de terreur. Il mit le roi son père en état d'arrestation dans la nuit du 30 avril 1824. Le corps diplomatique exigea la libération du souverain qui se réfugia en rade Lisbonne sur le « Windsor Castle », d'où il envoya Miguel « en voyage ». Le prince exilé se réfugia à Vienne, et Jean VI succomba le 10 mars 1826 aux attaques d'un mal mystérieux.

Dom Pedro, puisque c'était l'aîné, devait donc réunir sur sa tête les deux couronnes du Brésil et de Portugal.

Il ne convient pas de résumer ici les tractations diplomatiques avec Londres qui empêchèrent, conformément aux vues du cabinet Saint-James, la réalisation de cette prétention. Notons seulement le résultat de ces négociations.

Dom Pedro abdiqua ses droits à la couronne de Portugal en faveur de sa fille l'infante dona Maria da Glora, âgée de sept ans, qu'il déclara réserver en mariage à dom Miguel. Puis il donna au Portugal la charte de 1826, rédigée sous la double inspiration de la constitution brésilienne et de la constitution britannique, donc libérale, et il nomma dom Miguel régent du royaume, le 3 juillet 1827.

Ce prince prêta serment à la charte le 26 février 1828, puis il la déchira le 14 mars et se fit proclamer roi.

Il appliqua avec une vigueur encore plus grande les méthodes de violence de 1823-1824.

Les constitutionnels prirent les armes. Ils établirent un centre de résistance aux Açores d'où ils bravèrent l'usurpateur après leur victoire navale de l'île Terciera, le 11 août 1829. C'était, en somme, une affaire de politique intérieure à régler entre Portugais. Mais l'Espagne commit la faute d'encourager Miguel, sinon de lui prêter son appui d'une manière occulte. L'Angleterre libérale témoigna aussitôt les dispositions les plus favorables pour les Constitutionnels.

Puis la révolution de 1830, en France, l'arrivée des Whigs au pouvoir, en Angleterre, amenèrent un état d'esprit nouveau en vertu duquel la question du Portugal se plaça sur le plan des questions européennes.

L'empereur dom Pedro ne pouvait se désintéresser d'une révolution aussi préjudiciable aux intérêts de dona Maria sa fille ; et, quand les troubles de Rio le contraignirent à abdiquer, en juillet 1831, en faveur de son fils dom Pedro, il apparut, sous le nom de duc de Bragance, comme le juste champion de la cause libérale et des contrats de famille outragés.

Il gagna d'abord l'Angleterre et, avec le plein appui du cabinet de Saint-James, il y institua une véritable commission des finances ; il contracta des emprunts à Londres et en France. Le marquis de Palmela lui constitua une petite armée, dont un bataillon de volontaires aux ordres du colonel Hodger. Il acheta ensuite un vaisseau, deux frégates, trois bricks formant escadre sous le commandement du capitaine Sartorius [Note : Les documents locaux orthographient : Sertorius], promu plus tard vice-amiral. Il vint ensuite en France, au château de Meudon, et fit recruter un corps de volontaires français. Les frères Mallo, de Dunkerque, renforcèrent alors son escadre de deux vaisseaux en assurant la charge de l'entretien de tout l'équipage pendant la guerre.

Les volontaires (Polonais, Anglais etc) qui se joignirent aux nôtres et aux partisans portugais, constituèrent l'armée libératrice.

Le plan de campagne de Pedro était entièrement basé sur la réunion de ses forces avec celles des Constitutionels, et le premier acte des opérations exigeait la concentration à Terciera des Açores.

Son but ? La défaite de l'usurpateur.

Au Profit de qui ? Voici une question qui justifie le séjour de l'escadre Pédriste à Belle-Ile. Il y eut en effet une négociation diplomatique assez longue pour déterminer le titre à décerner à Pedro. L'Angleterre considérait son abdication comme définitive, en dépit de son ambition de revendiquer la couronne de Portugal. Bref, il fut arrêté qu'il s'intitulerait régent du royaume de Portugal au nom de sa fille et jusqu'à la majorité de cette dernière. C'est ce qu'il fit dès son arrivée à Terceira.

NOTA. — Il n'est pas dans le cadre de ce travail d'exposer les motifs qui ont porté l'ex Empereur à concentrer une partie de ses forces dans le Coureau de Belle-Ile. Ils peuvent, toutefois, se justifier par les considérations suivantes :  Politiques. — Tergiversations des gouvernements anglais et français sur le statut personnel du chef de l'expédition. Tactiques. — Sécurité absolue par la faculté qu'on avait de surveiller les abords de la baie, soit au Nord, soit au Sud, par les passes, pour éviter une surprise d'une escadre ennemie espagnole ou portugaise ; abri assuré contre les vents compris entre le sud et l'O. N. 0 prédominants en hiver ; Approches du continent et, surtout, de la baie de Quiberon dans laquelle une flotte peut, en toute quiétude, se garder de l'adversaire ; Possibilité relative, en raison de l'isolement insulaire, de conserver dans toute la mesure compatible avec les moyens d'investigation de l'époque, le secret d'une formation militaire. Locales. — Facilité de communication et, par suite, de ravitaillement, avec la Loire et le port de Nantes d'importance primordiale ; Utilisation, pour l'approvisionnement en eau, de l'aiguade Vauban qui contient une réserve de 765 mc ; Ressources de l'île en vivres frais ; Isolement des équipages et des volontaires éloignés de tout centre de perturbation ; Logements suffisants, au Palais, pour ses hôtes de passage. (COURAUD).

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III.

Le registre d'ordres de la Place donne de nombreux renseignements sur les faits historiques que nous venons d'esquisser.

Toute digression n'en vaut pas la teneur dans sa simplicité.

En voici les plus essentiels. Ils émanent du Colonel Clerget, Commandant d'armes, et sont adressés à son chef hiérarchique, le Général commandant la subdivision voisine.

20 décembre 1831. — Par lettre du 18 courant, j'ai eu l'honneur de vous annoncer l'arrivée de M. Sertorius, amiral de l'escadre de dom Pedro. Je vais vous donner la situation exacte des bâtiments et des équipages qui la montent :
La frégate le « Congrès » 8 officiers et 120 hommes (vaisseau amiral).
La frégate l' « Asia » 8 officiers et 92 hommes.
La gabare « La Juno » 4 officiers et 34 hommes.
« Lord Balagnez » (vapeur) 10 officiers ET 92 hommes.
M. l'Amiral, 1 officier.

Total : 31 officiers et 338 hommes.

Sur ce nombre, il a été renvoyé…… 87 hommes.
Reste, au 20,…… 31 officiers et 251 hommes.

Marins de Belle-Ile employés comme journaliers sur l'escadre…… 24 hommes.
charpentiers, calfats, peintres etc…… 8 hommes.

Par suite d'une espèce d'insurrection qui s'est manifestée dans l'équipage du « Congrès » (le vaisseau amiral) le capitaine commandant avait débarqué d'abord 40 des plus mauvais sujets pour les renvoyer à Déal (Ville maritime du Comté de Kent - Angleterre).

Ces hommes ont été embarqués sur deux chasse-marées du Palais pour se rendre à destination, mais comme les gros temps n'ont pas permis de mettre à la mer de suite, ils sont restés en ville quelques jours, y ont beaucoup bu, chanté, dansé et boxé.

Deux ont été frappés par les nommés Termino et Laloyer, ivrognes renommés du Palais. Deux ont été battus par deux soldats du 43ème qui sont du nombre de ces parasites s'attachant aux pas des individus ayant de l'argent.

Les patrouilles ont arrêté tous les délinquants et la police municipale n'a pas jugé à propos de prendre des mesures sévères contre les cabaretiers qui donnent à boire après la retraite bourgeoise.

Depuis le départ de tous ces hommes, la ville est aussi tranquille qu'auparavant. Cependant comme M. l'Amiral attend ici le reste de l'expédition et, incessamment, 800 hommes, nous recevrions avec plaisir et reconnaissance les deux compagnies du 43ème que vous avez le projet de nous donner.

J'ai beaucoup causé avec M. l'Amiral qui a bien voulu me faire l'honneur de diner chez moi dimanche dernier.

Le but de l'expédition est de faire une descente sur les côtes du Portugal. Sa Majesté dom Pedro doit venir à Belle-Ile lorsqu'on aura armé les bâtiments de guerre, et reçu les troupes de transport. Toute l'escadre partira ensemble. A la hauteur des côtes du Portugal, les bâtiments de guerre croiseront, et les transports seront dirigés sur les Açores où ils doivent rallier avec une autre flotte. La présence de cette escadre dans la rade, fait un grand bien aux habitants, principalement à ceux du Palais.

J'ai prié M. l'Amiral de restreindre autant que possible le nombre des marins qu'il envoie à terre pour y faire des vivres, et, surtout, de ne pas les envoyer en armes, parce que je ne le tolérerais pas ; il m'a promis et, jusqu'à présent, MM. Les officiers sont venus sans sabre. Lui seul a paru armé.

Les patrouilles organisées pendant la nuit, observent la rade, et maintiennent le bon ordre dans l'intérieur.

Au surplus, tous ces marins si mutins à bord, ont toujours montré la plus grande déférence et soumission à nos hommes de service.

Les trois bâtiments qui étaient venus sous pavillon français, ont arboré hier soir, savoir : le « Congrès », pavillon amiral blanc et bleu, que je n'ai pas trouvé dans la Légende ; l'« Asia », pavillon anglais ; la « Juno », gabare, néant, ainsi que le bâtiment à vapeur.

23 décembre 1831. — Aujourd'hui a mouillé, à midi et demi, dans la rade du Palais, le bateau à vapeur « Sir Edouard Banks », capitaine Isaac Morolle, ayant 9 officiers et 202 hommes d'équipage, venant de Londres, d'où il est parti le 10 courant.

26 décembre 1831. — Hier, à quatre heures de relevée, a mouillé dans la rade du Palais, le bateau à vapeur le « Superbe », capitaine William, venant de Londres, ayant à bord 3 officiers de bord et 203 hommes d'équipage.

30 décembre 1831. — Ce jour, est arrivé de Portsmouth d'où elle est partie le 16, la goëlette « Le Terceyre » (probablement « Terceira ») — portugais — capitaine da Cunha, ayant à bord 16 officiers, 60 hommes d'équipage tout compris. Ce bâtiment est armé.

M. l'amiral Certorius (pour Sartorius) m'a fait demander verbalement, par l'intermédiaire de M. Charles, fondé de pouvoir de la maison Ardouin, de Paris, s'il pouvait placer des vigies sur différents points de la côte de Belle-Ile, pour le prévenir à temps, par le moyen de signaux, de la présence d'une escadre espagnole ou portugaise.

Il m'a également demandé, s'il était obligé de se réfugier sous la Citadelle, dans le cas où il serait poursuivi par une escadre ennemie, si l'artillerie ferait feu pour le protéger.

J'ai répondu que, sans ordre, je ne pouvais tolérer l'établissement des vigies, ni promettre la protection du feu de la Citadelle.

Veuillez avoir l'extrême bonté, mon général, de me transmettre vos ordres relativement à ces deux questions.

2 janvier 1832. — D'après les renseignements fournis par M. Charles, le matériel de l'armement des bâtiments en rade doit se monter à 92 pièces d'artillerie environ, car M. l'Amiral a, jusqu'à présent, refusé de lui en donner une connaissance exacte en disant qu'il ne devait qu'à son Empereur des comptes de son matériel et de son personnel.

Le poste du hâvre a été augmenté de 2 caporaux et 4 fusiliers pour faire des patrouilles de jour et de nuit, et observer les mouvements de la rade.

Dès l'arrivée du « Congrès », j'ai suspendu les promenades militaires et j'ai rendu compte à M. le général Noëlgirard qui a approuvé cette mesure.

Quelques officiers anglais et presque tous ceux portugais, ont des logements en ville.

3 janvier 1832. — Aujourd'hui, à trois heures et demie de relevée, est arrivée en rade, le trois mâts « L'Edouard », de 850 tonnes — capitaine Molison — (2 officiers et 20 hommes d'équipage ; 8 officiers et 199 soldats de marine anglais), parti de Londres le 15 décembre dernier.

4 janvier 1832. — M. l'Amiral ayant armé les deux frégates « le Congrès » et l' « Asia », a renoncé à la demande qu'il avait faite d'établir des vigies sur les côtes de l'île, et à la protection des batteries de la Citadelle.

Sa Majesté dom Pedro, l'Empereur, doit arriver ici vers le 20 courant; un bateau à vapeur se rendra à Nantes pour le transporter à Belle-Ile. On espère que l'escadre pourra mettre à la voile vers le 25 courant.

6 janvier 1832. — La Douane a reçu l'ordre de favoriser les achats que l'encadre doit faire, et de la laisser transporter à bord sans frais ni droits ; cependant elle doit s'opposer au transport des marchandises dont l'exportation est défendue.

8 janvier 1832. — De nouveaux renseignements plus positifs portent l'armement
du « Congrès » à …… 52 canons ; de l' « Asia » à …… 48 canons ; de la « Juno » à …… 14 canons ; du « Terceyra » à ..... 6 canons : Total…… 120 canons.

9 janvier 1832. — Hier soir est arrivé sur un bâtiment du commerce, de Dunkerque, M. d'Almeida, major au service de Sa Majesté ; il a débarqué ce matin et doit faire partie des troupes de l'escadre. Il vient de Londres où son passeport a été visé par le Consul portugais.

10 janvier 1832. — M. le major d'Almeida Pimantel ne doit pas faire partie de l'expédition ; il a relâché ici par hasard ou par curiosité ; les officiers portugais ne le voient pas avec plaisir, présumant qu'il n'est pas de leur parti.

Il doit se rendre de sa personne à Sétubal, un peu au-dessous de Lisbonne. Il est décoré de la croix de l'ordre de la Légion d'honneur qu'il dit avoir obtenue à la bataille de Wagram.

11 janvier 1832. — J'ai reçu l'ordre de M. le Ministre de la guerre de protéger l'escadre anglo-portugaise, et de laisser établir des vigies, si M. l'Amiral le croit nécessaire pour éviter une surprise.

12 janvier 1832. — Le mystère que gardait M. le major Pimantel est enfin connu. Il s'est abouché avec M. l'Amiral, et vient pour faire partie de l'expédition.

.............................................

M. l'Amiral a donné un dîner, hier, à bord du « Congrès ».

MM. Trequesser, maire, Loréal, commandant la garde nationale, Bonnelle et Droual, capitaines, Fauchat, lieutenant, Thiery, chef de bataillon du 43ème, Sarrazin, capitaine adjudant major, Foucault, chef de bataillon du génie, de Miranda, président de la Commission [Note : Cette Commission, dont le président était M. Gonsalve de Miranda, avait pour membres à Belle-Ile, le duc d'Albukerque, le duc de Palmela, M. Mendez, le commandant Xavier, M. Cavello, l'Anglais Wilew et M. Louis Loréal. Son but était de centraliser et d'organiser les forces réunies dans la baie], et Charles, agent de la maison Ardoin, s'y sont rendus et sont revenus vers sept heures du soir.

Je n'ai pas accepté l'invitation de M. l'Amiral, attendu qu'un Commandant de Place ne peut quitter son commandement qu'en vertu d'une autorisation légale.

19 janvier 1832. — Hier, dans la journée, la goëlette « Le Terceyre » a appareillé et a fait des manœuvres jusqu'aux rochers désignés sous le nom de Beniguet [Note : Chaussée de Beniguet. Suite de rochers qui vont de l'île de Houat à la pointe de Quiberon] ; un coup de canon a été tiré à l'escadre (de la Citadelle) et ce bâtiment a viré de bord et rallié.

Je sais positivement que M. l'Amiral a le projet de faire manœuvrer son escadrille dans la rade de Belle-Ile et environs.

20 janvier 1832. — M. l'Amiral a donné, à bord du « Congrès », un goûter auquel ont assisté MM. Les Officiers supérieurs de la garnison, M. le Commandant, trois capitaines et un lieutenant de la Garde nationale.

Hier, il a donné un diner de 24 couverts auquel ont assisté cinq dames du Palais, les officiers supérieurs de la garnison, le commandant, deux capitaines et un lieutenant de la Garde nationale, plusieurs officiers anglais et portugais, ainsi que M. le Maire du Palais.

Des toasts ont été portés à la reine Dona Maria, aux rois de France et d'Angleterre, à l'Empereur dom Pedro, etc, etc.

Un Anglais de l'escadre vient d'être arrêté par la gendarmerie ; il est prévenu d'un vol de douze anneaux d'or chez un nommé Chevassus, horloger et bijoutier de cette ville. Demain, j'aurai l'honneur de vous en adresser le procès-verbal. Cet homme va être conduit à Lorient pour être traduit en jugement.

21 janvier 1832. — Est arrivé hier soir, avec la poste, M. Kodges, lieutenant-colonel anglais venant de Paris pour faire partie de l'expédition.

Un musicien anglais prévenu de vol de douze anneaux d'or chez le sieur Chevassus, horloger, a été arrêté hier et renvoyé, ce matin, à la police de l'escadre, par M. le Juge de paix du canton.

22 janvier 1832. — On a reçu ici la nouvelle officielle du départ de Paris de Sa Majesté dom Pedro ; il est fixé au 24 courant et son arrivée probable au 27 ou 28. On assure qu'il viendra par Nantes où un bâtiment à vapeur ira le prendre.

J'ai l'honneur de vous prier de me tracer la conduite que je dois tenir à son égard, de me dire quels honneurs qu'il y aura à lui rendre et si vous l'accompagnerez ou M. le Maréchal de camp du Morbihan.

24 janvier 1832. — J'ai l'honneur de vous adresser copie d'une lettre qui m'a été remise par M. Thiery, chef de bataillon au 43ème régiment d'infanterie de ligne, en garnison dans cette place, en vous priant de bien vouloir résoudre les questions qu'il pose :
« Hier, huit anglais de l'escadre se trouvant ivres, avaient été conduits au violon de la patrouille ; M. le Maire les a fait mettre à la prison de la ville. Dans l'état d'exaspération où ils étaient, ils ont démoli en partie la prison et en ont arraché les barreaux sans que la présence d'une sentinelle et deux gendarmes ait pu les empêcher. Vers sept heures du soir, je me suis vu forcé de les faire transférer à la Citadelle où ils ont été conduits par vingt-cinq voltigeurs commandés par M. Barciet, capitaine adjudant de Place, et enfermés dans une casemate voûtée qui a une porte en madriers solides ».

27 janvier 1832. — J'ai l'honneur de vous informer que les ordres précédemment reçus de M. le Lieutenant-général commandant la division, me défendent de rendre les honneurs sans une autorisation spéciale.

Je sais positivement qu'un bataillon du 12ème de ligne fait le service à Meudon, près de S. M. dom Pedro.

Si nous ne recevons par d'ordre, S. M. dom Pedro sera bien étonnée d'être moins bien accueillie à Belle-Ile que dans les environs de la capitale.

28 janvier 1832. — Au moment de fermer ma lettre, j'apprends que le bateau à vapeur « Le Duc-de-Wellington » doit partir dans la nuit pour se rendre à Nantes et y prendre à bord S. M. dom Pedro et sa suite.

30 janvier 1832. — M. de Miranda a reçu des dépêches qui lui annoncent l'arrivée de dom Pedro à Belle-Ile, pour jeudi prochain 2 février. M. l'Amiral l'attend demain. Lequel des deux a raison ? Je n'en sais rien.

Il paraît décidé que S. M. ira loger avec sa suite, chez Mme Poux, que ces Messieurs de la Commission iront se caser chez Mme Loréal.

La ville est tellement encombrée d'officiers qu'on ne sait plus où les loger et, cependant, on attend encore un transport de Brest.

30 janvier 1832. — J'ai l'honneur de vous informer que j'ai reçu les ordres relatifs aux honneurs à rendre à S. M. l'Empereur dom Pedro. Ils ont été adressés à M. le Général qui les a transmis directement.

Ils se bornent à des visites de corps, à une garde d'honneur de 50 grenadiers ; il n'y aura point de salves d'artillerie.

31 janvier 1831. — Je prévois que l'escadre ne pouvant prendre à bord tous les officiers, civile, militaires et ecclésiastiques, il va en rester un grand nombre au Palais dont plusieurs n'ont pas de ressources. Dans cette hypothèse, j'ai l'honneur de demander des ordres.

1er février 1832. — J'ai l'honneur de vous informer que le 28 du mois dernier, le bateau à vapeur le « Duc de Wellington » — capitaine Burhell, 10 hommes d'équipage — venant de Londres avec 4 officiers et 73 matelots anglais, est arrivé en rade. Ce bateau est parti pour Nantes dans la nuit du 28 au 29.

Du 26 janvier au 1er février inclus, sont arrivés au Palais, 112 officiers généraux supérieurs et autres, civils et ecclésiastiques, venant de Londres, Paris, Orléans, Rennes, Saint-Malo, Dinan et Nantes.

L'Empereur est attendu aujourd'hui ou demain.

2 février 1832. — J'ai l'honneur de vous annoncer l'arrivée de S. M. l'Empereur dom Pedro qui a rejoint l'escadre à trois heures après-midi, venant de Nantes sur le bateau à vapeur « Le Superbe ».

J'ai envoyé à bord, pour le complimenter, M. Verlaque, lieutenant au 43ème, remplissant par interim les fonctions d'adjudant de Place.

Le brick anglais le « Guillaume » — capitaine Vidler, six hommes d'équipage — venant de Falmouth avec 2 officiers et 84 soldats de marine anglaise, chargé de bagages des officiers anglais déjà en rade, est arrivé aujourd'hui à dix heures du matin ; il a mis à la voile le 16 janvier dernier. M. Verlaque est de retour du « Congrès » ; il a eu l'honneur d'être reçu d'une manière très gracieuse par Sa Majesté qui l'a chargé de me remercier de toutes les attentions dont MM. les Officiers de l'escadre ont été l'objet.

5 février 1833. — J'ai l'honneur de vous adresser l'état nominatif de MM. les Officiers portugais arrivés hier et aujourd'hui au Palais.

Les réfugiés de cette nation ont été classés en deux catégories : la première, de ceux qui doivent être attachés à l'escadre, la deuxième de ceux qui sont à terre et devront partir sur des transports, soit avec l'escadre ou après. Depuis hier, ceux de la deuxième catégorie reçoivent deux francs par jour.

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S. M. l'Empereur dom Pedro montre beaucoup d'empressement pour le départ de la flottille et ne paraît pas, jusqu'à présent, disposé à venir à terre.

M. l'Amiral voulant envoyer la « Terceyra » (Terceira) à Lorient, M. le Commissaire de la Marine, d'après les ordres supérieurs qu'il a reçus, a refusé le pilote.

6 février 1832. — J'ai l'honneur de vous informer que les personnes ci-après désignées faisant partie de la suite de l'Empereur dom Pedro sont arrivées au Palais le 2 février : MM. Masgno, ministre ; Freiré d'Andrade, général ; Lans, gentilhomme de la chambre ; de Laulé, sous-lieutenant, beau-frère de dom Pedro ; De Lastérie, petit-fils du général Lafayette ; de Saint-Léger, neveu de M. Hyde de Neuville, ancien ambassadeur ; de Mandizabal, banquier à Londres ; plus 4 généraux, 4 colonels, 2 lieutenants-colonels, 1 chef de bataillon, 2 majors, 15 capitaines, 12 lieutenants, 10 sous-lieutenants, 2 adjudants d Etat-major, 1 médecin, 6 négociants et bourgeois et un gentilhomme anglais [Note : On trouve à la Mairie du Palais — dossier I. 18 — une liste de 218 noms de personnalités politiques et d'officiers].

Je vous adresse le manifeste de S. M. dom Pedro. On ignore encore combien de bâtiments il emmènera avec lui, et combien d'officiers portugais il laissera en arrière.

7 février 1832. — S. M. dom Pedro passe aujourd'hui la revue des équipages et troupes de l'escadre ; elle a été saluée par l'artillerie des bâtiments de guerre.

Les vents sont favorables et l'on croit généralement que si toute l'escadre ne part pas bientôt, S. M. est décidée à mettre sous peu à la voile pour Terceira avec une ou deux frégates.

8 février 1832. — J'ai l'honneur de vous informer que, ce matin, vers huit heures et demie, S. M. l'Empereur dom Pedro est venue à terre pour parler à M. de Miranda, membre de la régence de la reine Dona Maria, et président de la Commission de l'expédition.

L'Empereur, en négligé du matin, s'est rendu au logement de Mme Poux d'où il est sorti de suite pour aller chez M. Loréal. Il est parti aussitôt après pour l'escadre et n'a pas voulu recevoir ni garde d'honneur ni visite.

Tous les ministres, les officiers généraux et quelques autres, ont reçu l'ordre de se rendre à bord et d'y faire transporter leurs effets.

M. le baron de Renduffe qui logeait chez moi, m'a assuré que l'intention de l'Empereur était de partir ce soir ou demain matin, avec les frégates la « Reine du Portugal », l'« Asia » ou la « Juno », le « Terceyra » et le bateau à vapeur le « Superbe », mais les vents sont au sud-est et pourront bien contrarier ses projets.

9 février 1832. — … M. l'Amiral m'a adressé une lettre (de remerciements) dans le même sens que S. M. dom Pedro.

Ce Souverain a, également, fait écrire à MM. Trequesser, maire de Palais et Thiery, chef de Bataillon commandant le 43ème ici, pour les remercier, ainsi que les Bellilois et les officiciers du corps, de l'accueil fait à tout ce qui compose l'escadre, et à messieurs les officiers portugais.

L'Empereur a envoyé à M. le Maire une somme de mille francs pour être distribuée aux pauvres.

11 février 1832. — J'ai l'honneur de vous rendre compte que S. M. dom Pedro est partie hier pour Terciera avec les frégates « La Reine de Portugal ou « Congrès » [Note : Les navires qui étaient arrivés en rade sous des noms d'emprunt, les changèrent avant leur départ, en noms plus précis], Dona Maria Seconda ou « l'Asia », la goëlette « Terceira » et deux trois mâts anglais, le « Tirian » et l' « Edouard ».

16 février 1832. — La « Juno » a 250 volontaires portugais à bord ; il existe en ville autant d'émigrés de la même nation qui sont commandés par M. Josa Julio de Carvalho, colonel.

M. le général Cabreira est attendu ici pour le commandement en chef.

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M. le colonel Josa Julio de Carvalho, par sa lettre d'hier, me prévient que M. Antonio de Mello, sous-lieutenant, vient d'arriver à Belle-Ile ; que la mauvaise conduite habituelle de cet officier rendant sa présence dangereuse et dans le cas de nuire à la réputation des émigrés portugais, il a voulu l'envoyer à bord de la « Juno ». Cet officier, très insubordonné, a refusé d'obéir, lui a déclaré qu'il ne voulait pas faire partie de l'expédition, et a même refusé les secours accordés à chaque émigré.

Nous sommes convenus avec M. le Maire du Palais, qu il fallait mander M. Antonio de Mello et lui signifier que, s'il n'est pas de l'expédition et ne veut pas obéir à l'autorité portugaise, il doit rejoindre sur le champ le dépôt auquel il appartient. Je le fais observer par la gendarmerie.

24 février 1832. — MM. Les officiers portugais commencent à embarquer ; déjà une partie s'est rendue aujourd'hui à bord des bâtiments qui sont en rade.

M. Clerjou a fait rapporter à Sauzon quelques gargousses pour servir la pièce qui défend l'entrée du port, dans le cas où un bâtiment suspect voudrait forcer la passe.

M. de Miranda a donné l'assurance que Messieurs les émigrés portugais embarqueraient tous lundi prochain.

27 février 1832. — On n'a que des éloges à donner à la belle conduite que tous ces Messieurs ont tenue à Belle-Ile. C'est un devoir bien doux pour moi de leur rendre service, et d'avoir l'honneur de vous en informer.

28 février 1832. — MM. les émigrés portugais se sont embarqués aujourd'hui à dix heures du matin, au nombre de… 309. Celui des équipages et soldats est de…… 633. 942 au total, non compris MM. Les généraux Pisaro et Cabreira, commandants en chef.

28 février 1832. — L'escadre a mis la voile à quatre heures de l'après-midi, et s'est dirigée vers la Pointe aux Poulains.
NOTA. — On ne peut que résumer, pour l'intelligence du texte, les péripéties d'une lutte qui va mettre aux prises les forces adverses :

22 juin 1832. — L'escadre Pédriste, forte de 42 voiles portant 7.500 hommes, dont 1.500 étrangers, quitte les Açores.

7 juillet. — Débarquement de l'armée libératrice en rade de Villa do Gonde, près de Porto.
Guerre civile de 1832 à 1834.
Miguel est battu à Almonter et à Asséma (1834).
Convention d'Evora Monte, du 29 mai 1834, qui mit fin à la guerre.
Miguel, banni, se réfugie à Gènes, puis à Rome.
Maria est couronnée le 22 septembre 1834.
Dom Pedro meurt quelques jours après (24 septembre 1834).

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IV.

M. Loréal, dit un certificat en date du 23 avril 1831, du Maire du Palais, n'était pas riche. Père de cinq enfants, il devait faire commerce pour vivre et élever sa famille. S'il s'associa à la cause de dom Pedro, ce fut par pur désintéressement et en conformité de ses opinions libérales. Ces opinions correspondaient, du reste, à la mentalité de l'époque.

Il reçut des louanges, mais peu d'argent.

Il existe à son dossier de nombreuses lettres parmi lesquelles nous retenons celles-ci :

Rade de Belle-Ile, le 8 février 1832.
Mon cher Monsieur, Je ne puis quitter ces parages sans vous exprimer dans les termes les plus vivement sentis, ma reconnaissance pour la manière aimable et hospitalière avec laquelle vous avez accueilli tous ceux qui faisaient partie de l'escadre sous mes ordres et des nombreux services que vous avez rendus à la cause de Sa Majesté et à celle de la liberté constitutionnelle, et pour le zèle actif et désintéressé que vous avez déployé en notre faveur. Croyez bien que je regarde comme étant de mon devoir de placer sous les yeux de Sa Majesté, mon opinion et mes sentiments à cet égard.
Je finis en vous priant d'agréer mes plus affectueux remerciements et mes vœux les plus sincères pour votre parfaite prospérité.
C'est avec ces sentiments, mon cher Monsieur, que vous me trouverez toujours votre bien obligé serviteur.
L'amiral commandant en rade, SERTORIUS.

A bord de la « Rhaina », le 9 février 1832.
Monsieur le Commandant, Je suis chargé par Sa Majesté Monseigneur le duc de Bragance, de vous faire connaitre combien elle se trouve flattée du noble empressement avec lequel Messieurs les Officiers et gardes nationaux sous vos ordres, se sont empressés d'accueillir tous les émigrés portugais. Sa Majesté appréciera toujours ce sentiment généreux digne du caractère français, ainsi que de l'esprit qui sait animer une milice citoyenne. Commandant XAVIER
.

Rade du Palais, 2 mars 1832.
Monsieur le Commandant, En votre qualité d'officier supérieur de la garde nationale de France, on devait bien s'attendre à l'accueil hospitalier et généreux dont vous nous avez donné le noble exemple, aussi bien envers les Anglais qu'envers les Portugais qui se sont rassemblés ici pour une expédition dont le but ranime d'espoir mon pays et frappe cette faction barbare qui l'a accablé et qui l'accable encore de tant de malheurs.
Mais vous, Monsieur, noble cœur, vous avez fait plus dans la position favorable où vous êtes placé, vous avez, par votre influence, écarté les obstacles qui pouvaient tout arrêter.
Dès le commencement, vous avez surveillé nos intérêts, vous avez mis en sûreté [Note : Ses connaissances techniques permettaient à M. Loréal, mieux qu'à tout autre à Belle-Ile, de situer, dans la rade aux fonds si variés, l'emplacement des navires de guerre et des transports] les éléments de notre force naissante, vous avec tenu en échec les agents de dom Miguel qui n'osèrent pas souiller de leur présence l'air libre et pur qu'on respire à Belle-Ile.
Vous avez rendu tant de services à la cause des Portugais, qu'il nous sera impossible de nous en acquitter jamais.
La reconnaissance la plus vive est tout ce que nous pouvons vous accorder avant de quitter la rade de cette île, pour remplir d'autres devoirs, je vous le témoigne en mon nom et en celui de mes compatriotes.
Nous portons dans nos cœurs le souvenir de vos bienfaits ; votre nom sera toujours cher, croyez-le bien, aux Portugais. Nous le transmettrons à nos enfants ; l'histoire, plus fidèle que la tradition, le rendra à jamais célèbre.
Sa Majesté impériale, Monseigneur le duc de Bragance, vous a déjà témoigné sa satisfaction pour les services signalés que vous avez rendus avant son départ à la cause de son auguste fille ; il est de mon devoir de porter à sa connaissance tout ce que Sa Majesté pourrait ignorer. Comptez que je vous donnerai des nouvelles de nos affaires qui sont devenues les vôtres ; vous nous accompagnerez de vos vœux, et votre cœur si généreux et si élevé, aura la récompense la plus douce lorsque la renommée lui apprendra que l'étendard de notre liberté flotte sur les tours de Lisbonne.
Je vous renouvelle mes adieux, Monsieur ; agréez l'expression de la plus vive reconnaissance et de la considération la plus distinguée avec laquelle je suis votre affectionné ami.
Georges de MIRANDA, Président de la Commission portugaise
.

4 avril 1832. Monsieur, J'ai reçu tant de bons et signalés services dans l'organisation des affaires de la 3ème division placée sous mes ordres et qui, grâce à vos soins, va pouvoir se rendre à Terceyra pour concourir à la défense du Portugal, que je serais le plus ingrat des hommes si je ne vous en témoignais pas ma plus vive reconnaissance pour tout ce que vous avez fait pour nous et qui a été fait avec un zèle, un dévouement et un empressement tels, qu'on aurait reconnu en vous le plus vrai, le plus chaud des patriotes portugais.
Mais vous êtes Français ; la cause que nous allons défendre est celle de la liberté ; n'est-ce pas en dire assez ? Vous êtes un modèle des patriotes de cette belle nation où l'hospitalité et tous les nobles sentiments sont des vertus indigènes qui la rendent la souveraine de tous les pays civilisés.
Je ne puis, Monsieur, vous donner d'autre preuve de ma gratitude et de celle que vous doit ma patrie infortunée, que de vous redire notre éternelle reconnaissance.
Croyez bien, cher Monsieur, que j'ambitionnerai toujours de conserver une place dans votre souvenir et dans celui de votre aimable famille. Un moment bien doux sera celui où je pourrai vous donner de nos nouvelles.
En attendant, recevez, Monsieur, la protestation de l'amitié la plus franche.
Le général FREIRE D'ANDRADE
.

La reconnaissance, dit un sceptique, est un mot. Cette assertion est contestable. Ceux d'entre nous qui n'ont pas oublié, se souviennent que les Portugais sont venus à notre aide alors que la Patrie était en danger.

La France, à défaut de gratitude, doit, il semble, un souvenir à celui de ses fils qui l'a su faire aimer.

(P. COURAUD).

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