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LES ORIGINES DE LA PAROISSE DE PAIMPOL

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Les premières traces de vie religieuse dans ce terroir qui deviendra Paimpol appartiennent au domaine bien incertain de l'hypothèse.

Aucune preuve ne permet de croire que la population armoricaine de ce rivage (si tant est qu'il fût alors habité), plus ou moins romanisée si l'on en croit quelques bijoux et pièces de monnaie découverts dans la région [Note : Cf. Paimpol au temps d'Islande, tome I, p. 2. On aurait mis à jour en 1840 des fondations dans le port « ayant quelque rapport avec les constructions romaines ». Une route romaine, que l'on reconnaît encore en partie, semblait relier Paimpol à Lancerf], ait embrassé dans les premiers siècles de notre ère la religion du Christ.

Le christianisme vint-il de l'autre côté de la mer qui séparait Bretons et Armoricains, à la suite des échanges commerciaux qui probablement s'effectuaient entre les marins et les trafiquants ? Matelots et négociants se doublaient-ils d'apôtres ? Les transactions ouvrirent-elles la route au missionnaire ? L'Evangile entra-t-il avec la pacotille du marchand ?

L'Histoire rapporte qu'aux Vème et VIème siècles les Bretons, chassés de leur patrie par les Angles et les Saxons qu'ils avaient appelés à leur secours contre les Pictes et les Scots, émigrèrent vers l'hospitalière côte armoricaine des Gaules. Ainsi d'un rivage à l'autre, à travers l'étroite mer, la famille celte se reconstituait.

La tradition a gardé précieusement les noms antiques des chefs qui conduisirent vers les îles et les havres du pays paimpolais des débris de paroisses, des fractions de communautés religieuses ou des clans entiers.

Budoc, Maudez, Rion s'arrêtèrent dans les îlots pour y parachever avec leurs moines ou dans la plus absolue solitude l'oeuvre de leur sanctification. Ivy aborda la terre ferme comme Prébel qui se fixa à la pointe de la Trinité en Ploubazlanec [Note : Cf. Paimpol au temps d'Islande, tome I, p. 3, note 8. La statue désignée comme étant celle de saint Prébel dans la chapelle de la Trinité est une reproduction de l'Enfant Jésus].

La paroisse de Paimpol pourrait-elle se permettre de revendiquer l'honneur d'avoir accueilli Prébel ? Il ne semble pas. Sans doute y existe-t-il depuis des siècles reculés une venelle Prébel, mais ce serait le chemin des pèlerins se rendant au sanctuaire de Ploubazlanec.

Est-ce sous l'influence de Prébel que la Trinité fut de temps immémorial titulaire de l'église de Paimpol [Note : Selon une tradition consignée dans le cahier de paroisse de Ploubazlanec, Prébel avant de quitter l'Irlande (cette origine des Saints et des tribus de l'émigration bretonne étant désormais abandonnée, Prébel serait plutôt un gallois ou un cornouaillais) aurait promis de construire une chapelle en l'honneur de la Sainte Trinité sur la première terre qu'il toucherait. C'est l'origine du sanctuaire qu'il édifia sur une pointe de Ploubazlanec, qui elle-même a gardé cette dénomination, ou plus exactement encore la chapelle actuelle est bâtie sur la « vieille Trinité » (ar Goz Dreinded) par opposition à la « nouvelle Trinité » (an Dreinded Nevez) qu'un chapelain de Ploubazlanec, M. Cornic, tenta de construire à l'emplacement de la Croix des Veuves, avec les vieux matériaux. Son édifice ayant été détruit par la foudre au XVIIIème siècle, les matériaux servirent à la chapelle de Perros-Hamon] ?

En résumé, cette époque primitive garde ses secrets et le chercheur n'obtient pas plus de certitude lorsqu'il écoute la vague tradition lui affirmant que Winok, troisième fils de Juthaël, roi de la Domnonée, s'établit, au VIIème siècle, à Lanvignec, ce charmant coteau qui domine Paimpol. La chapelle dédiée à la Vierge, enclave de l'évêché de Dol, avait rang d'église paroissiale jusqu'aux premières années du XIXème siècle [Note : D'autres paroisses en Bretagne honorent saint Vignoc, telles Saint-Méen, en l'Ille-et-Vilaine, et Plouhinec, dans le Finistère. Par contre, Plouhinec, dans le Morbihan, aurait pour patron, Ithinuc ou Idinuc, et Pluvigner, du même diocèse, a pour fondateur saint Guigner (Histoire des paroisses du diocèse de Vannes, par M. le Chanoine LE MENÉ)].

Ce mot de Lanvignec venu de « Lan Winock », terre ou ermitage de Winock, marque-t-il l'emplacement d'un oratoire édifié par le prince avant de quitter la Bretagne pour la Flandre [Note : Cf. Un saint de la Flandre, Française, saint Winoc, abbé de Wormhoudt, patron de Bergues (vers 640-717). Abbé DE CROOCQ, extrait du tome XLIV des Annales du Comité flamand de France, 1944] ?

A part ces témoignages bien fragiles, on ne possède jusqu'à présent aucun renseignement sur Paimpol avant la fin du XIIème siècle où les chartes des abbayes de Saint-Rion et de Beauport apporteront quelque lumière.

Vers 1184-1190, Alain, fils de Henri, comte du Goëlo, en souvenir de son père et de sa mère Mathilde de Vendôme, « pour le salut de leur âme », fonde un monastère dans l'île de Saint-Rion au profit des chanoines réguliers de Saint-Augustin de Paris. Par une bulle de 1198, le Pape Innocent III confirme la concession des privilèges accordés.

En 1202, la maison de Goëlo reprend ses biens et en dispose en faveur des religieux prémontrés qui s'établirent dans l'anse de Beauport. Dès cette époque, le nom de « Penpol », « Penpul », revient dans les textes qui évoquent l'organisation fiscale des transactions dans la bourgade. En cette même année, un des frères d'Alain, nommé Conan, créa au profit de l'abbaye une foire annuelle « de trois jours en deçà de l'octave de la Pentecôte [Note : La fête spéciale de la Trinité, qui existe pourtant au XIIème siècle ne sera étendue à l'Eglise universelle qu'en 1334 par le Pape Jean XXII], à savoir le vendredi, le samedi et le dimanche, auprès de Beauport ». Comme Conan ne spécifie pas l'endroit, les moines eurent toute liberté pour choisir le lieu le plus favorable à cet établissement, c'est-à-dire Paimpol, qui a conservé « la foire de la Trinité », appelée « Foire aux moines » jusqu'à la Révolution.

Comme de nos jours encore en Bretagne, la foire est liée à la manifestation religieuse à cause du rassemblement humain que provoquent ces deux phénomènes d'ordre bien différent pourtant, l'un économique, l'autre cultuel.

Les moines obtenaient donc le droit de percevoir une taxe sur le mesurage des denrées qui s'échangeaient, le sel, le poisson, les céréales, les légumes, conformément à l'institution féodale des bénéfices.

En échange de ces redevances et d'autres avantages, on peut supposer sans présomption que les religieux assurèrent l'organisation paroissiale tant à Paimpol que dans les agglomérations avoisinantes et continuèrent l'oeuvre d'évangélisation entreprise par les saints bretons des V-VIème siècles et leurs disciples. L'abbaye de Beauport semble bien avoir rayonné sur tout le pays paimpolais en fournissant aux modestes centres religieux d'alors soit un desservant à demeure, soit un prêtre chargé du service divin les dimanches et fêtes.

Simple village de pêcheurs et de petits commerçants à cette époque, Paimpol a-t-il attendu que les moines le dotent aux XII-XIIIème siècles d'un sanctuaire dédié à Notre-Dame ? Y existait-il dès le Xème siècle un édifice religieux, une chapelle de dévotion ? L'absence de preuves ne permet pas de répondre à ces questions. Paimpol fait alors partie du domaine de la famille du Goëlo en qualité de châtellenie du Comte. Mais à la Révolution la seigneurie de Kerraoul en Plounez possède encore la partie méridionale de la ville.

Au point de vue ecclésiastique, elle se trouve rattachée à Plounez, à titre de trêve, on ne sait pas exactement à quelle époque. Peut-être, les moines de Beauport en abandonnèrent-ils le « desservice » lorsque le clergé de Plounez put assumer ces fonctions ? Ou plutôt le seigneur de Kerraoul, fondateur de l'église de Paimpol sur la parcelle de terre paimpolaise qui lui appartenait, ne confia-t-il pas de sa propre volonté ce bénéfice aux prêtres de Plounez ?

Quoi qu'il en soit de ces mystérieuses suppositions, il existe à Paimpol dès le XIIIème siècle un sanctuaire dans lequel saint Yves (1253-1303) vint porter la parole de Dieu à « une multitude de fidèles accourus de tous côtés », comme l'affirma en 1347, au procès de canonisation, Jean de Kergos, ami et précepteur du saint orateur. On peut déduire de cette affluence qu'il s'agit d'une église, d'un édifice assez vaste, d'autant plus que dans sa déposition le témoin cite Paimpol après Tréguier la ville épiscopale, sans désigner les autres paroisses où il a pu admirer le même spectacle.

Quelques années plus tard, « le jeudy avant Pâques fleuries de l'an 1322 », Jean Le Brun, chanoine de Saint-Brieuc, plus tard évêque de Tréguier, fonde une chapellenie, c'est-à-dire une série de messes à célébrer sur l'un des autels de la chapelle de Paimpol. Est-ce piété de la part de ce personnage important ou plutôt n'est-ce pas l'indice d'une certaine notoriété, dont jouit le sanctuaire paimpolais consacré à la Vierge ?

En 1325, en effet, Jean de Kerraoul, fidèle à la volonté de ses prédécesseurs, cède une parcelle de ses terres paimpolaises pour y ériger le cimetière de « Notre-Dame de Penn-Poull ». Henri, comte du Goëlo, baron d'Avaugour, et Jeanne de Harcoët, son épouse, dont Kerraoul est le vassal, ratifient la donation, « l'amortissement », c'est-à-dire selon la coutume féodale, régularisent et arrêtent les frais de l'abrégement de fief qui remontaient du vassal aux seigneurs successifs. C'est pourquoi le lundi de la Pentecôte 1325, leur fils Jean d'Avaugour, évêque de Saint-Brieuc, vient en personne bénir le cimetière et, ajoute le cahier de paroisse, consacrer l'église.

L'existence de ce cimetière indique déjà la relative importance de Paimpol, tant au point de vue religieux que démographique. Le cimetière suppose, en effet, un centre quasi paroissial, donc un lieu de culte pourvu d'une certaine indépendance. Selon toute vraisemblance, l'éloignement de Plounez, l'accroissement de la population et surtout l'existence d'un sanctuaire déjà très estimé ont entraîné la nécessité d'un cimetière, complément naturel de l'église.

Le culte de la Vierge s'est établi à Paimpol et si, « de temps immémorial », on a pu revendiquer pour l'église le titre de la Trinité, dès les débuts du XIVème siècle, le vocable de Notre-Dame apparaît comme prédominant.

Après saint Yves, au siècle précédent, l'illustre dominicain espagnol saint Vincent Ferrier (1355-1419), l'apôtre de la Bretagne, viendra prêcher à Paimpol, qui garde encore le souvenir de son passage.

Dès ces jours anciens, Paimpol dispose par conséquent d'établissements cultuels, et les guerres qui dévastent la Bretagne au XVème siècle ne les épargnent pas.

Par suite de pillages, peut-être de l'abandon et de la désertion, le sanctuaire de Notre-Dame dut subir de larges déprédations que nous décrit une concession d'indulgences de 1434, accordée par le Pape Eugène IV, à la demande de Hervé de Boisrobin, évêque de Saint-Brieuc, en vue d'engager les fidèles à relever les ruines [Note : DENIFLE, La Guerre de Cent ans et la désolation des églises, monastères et hôpitaux en France, tome I. Documents relatifs au XVème siècle, n° 288. Ed. Alphonse Picard et fils, 82, rue Bonaparte, Paris, 1899. « Ecclesia B. M. de Penpont cum multis vitreis, depictis aliisque ornamentis ruinosa. B. P. Cum in villa de Penpons Briocen, dioc. in finibus ducatus Britanie, quedam devota et grata et ampla capella ab antiquis temporibus constructa existat sub nomine et ad honorem B. Virginis Marie, multis vitreis fenestris picturis et ystoriis novi et veteris testamenti, et que nullos habet redditus aut proventus sibi assignatos, sed solis fidelium largitionibus sustentatur... ipsaque capella in suis structuris, edificiis, tectis et vitreolis fenestrarum, ac aliis reparacionibus necessariis non modicum sumptuosis magna indigeat subventione » (De indulgentiis cum eleemosynis) Concessum, B. Graden. Dat. Rome apud Sanctum Grisogonum, idus Maii, anno quarto. 1434, maii 15. Suppl. Eugène IV. N. 294, fol. 233 b].

Ce document affirme que « l'église de Notre-Dame de Paimpol », « belle et vaste chapelle », existe depuis des temps très reculés, sous le vocable de la bienheureuse Vierge Marie et en son honneur. Hélas ! les richesses dont pèlerins et paroissiens l'avaient dotée ont disparu : la toiture et les murs menacent de s'écrouler, les vitraux sont brisés. Or l'église ne possède ni revenus ni réserves. C'est sur les seules largesses des fidèles qui l'entretiennent qu'on devra compter pour effectuer les réparations. La piété paimpolaise et la dévotion des pèlerins ont donc permis jadis sa construction et assumeront pour l'avenir toutes les charges d'entretien. Cette concession d'indulgences avoue en même temps le renom de la Vierge de Paimpol et l'aisance des pieux donateurs.

Le terme de « Villa » dont le texte désigne Paimpol révèle peut-être [Note : C'est une pure hypothèse que le seul mot « Villa » ne suffit probablement pas à transformer même en probabilité. La Bretagne en effet n'a pas connu l'évolution municipale qui se manifesta dans d'autres régions de France aux XIème et XIIème siècles. Il faut arriver au XIIIème siècle pour trouver deux exemples de franchises : Saint-Aubin-du-Cormier, et Gâvre dans le diocèse de Nantes, qui d'ailleurs étaient des villes neuves, créées par Pierre de Dreux surnommé Mauclerc, duc de Bretagne de 1213 à 1237, date à laquelle il abdiqua pour prendre part à une croisade en 1238. Au siècle suivant, Saint-Malo tentera bien de se constituer en commune jurée. Mais l'hostilité de Philippe le Bel empêcha cette érection. Guingamp possède depuis 1380 un procureur des Bourgeois ; malgré cet exemple qui paraît unique, Nantes et Rennes, les deux principales villes du duché, n'ont guère que des embryons de corps municipal. Au XVème siècle, ces cités amélioreront sensiblement leur administration intérieure. Cf. DURTELLE DE SAINT-SAUVEUR, Histoire de Bretagne des origines à nos jours. 1936. Rennes, librairie Plihon, 5, rue Motte-Fablet. Paris, librairie Plon, 8, rue Garancière. Tome I, pp. 235-348] que l'ancien groupe quelque peu informe des habitants a acquis de son seigneur, à prix d'argent, comme le voulait alors la coutume féodale, un statut communal, certaines franchises, des prérogatives fiscales, des avantages administratifs, c'est-à-dire des privilèges juridiques, qui, même sans importance économique ou sans grande concentration humaine dans ses murs, différenciaient « la ville » de Paimpol du « plat pays » d'alentour.

Pour en revenir à l'église de Notre-Dame et à sa date de construction, peut-on croire, à la lumière de ce texte de 1434, que le rédacteur eût considéré comme « fort ancien » un édifice du XIVème siècle, de 1325, comme le pensent certains ?

Faut-il le faire remonter au XIIIème siècle et l'attribuer aux moines de Beauport ? En tout cas, les deux colonnes de pierre verdâtre, encore encastrées dans le vieux clocher, d'une facture très fruste, paraissent antérieures au XIVème siècle.

Pour risquées que soient ces supputations, il s'agit « d'une chapelle » par opposition à l'église paroissiale de Plounez. Elle se présente assez vaste pour mériter aussi le qualificatif d' « ampla » et même le nom d' « église ». Un nouvel édifice la remplacera en partie du moins, aux XVII-XVIIIème siècles qui conservera les arcades de la nef primitive. Celle-ci avait les proportions d'un assez important édifice et grâce à ces dimensions et à quelques modifications architecturales elle pourra servir d'église paroissiale jusqu'en 1914 [Note : Cf. Paimpol au temps d'Islande, t. I, fig. 1, p. 16, et t. II, fig. 49, p. 282].

Si, en 1434, l'église ne possède pas les revenus suffisants pour ses réparations, dès 1469 et probablement avant cette date [Note : Le plus ancien registre des fondations commence à la onzième, en date du 4 mars 1469] elle s'enrichit de fondations.

Dans le libellé, établi avec de très minutieuses précisions sur l'emplacement de leur future sépulture, les donateurs parlent toujours de l' « église » et rarement de « la chapelle de Notre-Dame de Paimpol ». A l'aide de ces renseignements funéraires, on voit que le sanctuaire comporte au Sud la chapelle de la Trinité et au Nord celle de la Vierge. C'est à ces endroits que vont les préférences des fondateurs, et Messire Roland Gautier lui-même, recteur de Plounez, qui demeure à Paimpol, retiendra le 18 novembre 1576, une tombe dans la « chapelle de la Trinité au côté de l'autel Saint-Antoine » (abbé Jean Kerleveo).

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