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PAIMPOL AU XVIIème SIECLE

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APPARITION DU VOCABLE NOTRE-DAME DE BONNE-NOUVELLE

 

Les Paimpolais se remettent à l'ouvrage bien qu'ils n'aient pas entrepris tout de suite de grandes réparations.

En 1602, on blanchit l'église à la chaux ; en 1607, on plante le cimetière de jeunes chênes. L'église reçoit à cette époque d'assez nombreuses aumônes en nature, du fil, du froment, du sel, et même trois cochons revendus respectivement 7, 6 et 4 sous !

Les processions de Ploubazlanec, Kérity, Plourivo continuent à venir prendre part à la fête de la Trinité, la principale solennité du calendrier paimpolais.

Les dépenses d'embellissement se poursuivent ; en 1616, on achète à « Lantréguier » 7 tableaux pour 32 sols ; en 1620, on peint les statues de saint André, saint Eutrope, saint Roch, saint Mathelin, saint Sébastien et de « la Magdelaine ». En 1623, les acquisitions se montrent plus considérables. Les marchands de Tréguier fournissent « des tableaux tant grands que petits iluminés ». C'est sans doute cette « enluminure » qui élève la dépense à 13 livres.

Les ornements proviennent aussi de la ville épiscopale : 9 aunes de camelot rouge pour une chape : 36 livres ; une bannière de « voulous » : 108 livres ou 36 écus d'or.

La vie religieuse des paroissiens reste cependant bien mystérieuse en ce début du XVIIème siècle ; un comptable de la Fabrique signale, en 1610, un événement si important qu'il le mentionne en marge de ses calculs budgétaires : « le 4e jour de mars... a prins son congé d 'avecques sa femme et sa fille, ses amis et parans de la ville de Painpoul pour aller visiter les Sainctes églisses basilliques de Romme et les églisses de Pallestine en Hiérusalem ».

Paimpol : Notre-Dame de Bonne-Nouvelle

On regrette la discrétion du chroniqueur qui n'a pas voulu confier à son cahier le nom du pèlerin.

Par ailleurs, le gardien de l'Ile Verte rassemble autour de la chaire, pendant le Carême, les paroissiens désireux d'entendre la bonne parole. Dom Jouhan Jan, « curé de l'église de Paimpoul », assure une messe matinale pour la somme de 12 livres par an.

Faute de renseignements, on ignore la situation financière des fonds de l'église. En 1624, un incident laisse deviner des négligences dans la comptabilité. Les fondations et altaristies ne sont pas versées régulièrement à la Fabrique. Il intervient à cette époque dans l'administration de celle-ci un personnage important : Yves Roquel, président du Parlement de Rennes, domicilié au château du Bourgblanc en Plourivo [Note : Dans le procès-verbal, Roquel prendra la qualité de fondateur de l'église de Paimpol. Sa famille a-t-elle acquis ce titre des Kerraoul par succession ou alliance ? En 1645, on se remettra à payer au Seigneur de Kerraoul, Rolland Lestic, la chefrente du cimetière, versée temporairement à Roquel, Seigneur du Bourgblanc]. Après avoir constaté que depuis 1602, nombre de rentes ne sont pas recouvrées, le magistrat met les fabriciens en demeure de les récupérer dans les 6 mois, soit une somme de 764 livres ! Il prévoit l'attribution de cet argent à l'église et à l'hôpital ; il faut reconstruire ce dernier immeuble, ses matériaux ayant servi à édifier ou à réparer la sacristie.

Peut-être ces soucis financiers engagent-ils le comptable, en 1630, à vendre au chiffonnier Jean Bachalo, pour 3 livres 6 sous, « la casse (boîte) de plomb où l'on disait estre le coeur de feu le sieur de La Tremblaye », mort en 1597 ?

Dans la première moitié du XVIIème siècle, les fabriciens ont à faire face à des dépenses inaccoutumées ; en 1640, ils payent 15 livres tournois « suivant l'ordonnance de sa Majesté, pour les armes et habits d'un soldat qu'auront esté cottisé les habittants dudit Paimpol ensemblement et en contribution avec les paroessiens de Kérity ».

Les paroisses devaient ainsi fournir à leurs frais des miliciens pour renforcer l'armée royale. L'élu des Paimpolais et Kéritiens, Prigent Le Chaponier, n'accepta pas d'un coeur ferme cet honneur que lui décernaient ses compatriotes. Il refusa de prêter serment et les administrateurs de la paroisse durent le faire emprisonner, payer sa « pention à la géolle » de Paimpol pendant trois jours à raison de 6 sous par jour, avec la participation de Kérity et assumer enfin les frais de plusieurs voyages à Saint-Brieuc pour enrôler de force ce récalcitrant.

Bien que sa population s'accroisse, Paimpol reste une trêve, dépendante de Plounez par des liens de subordination.

L'évêque de Saint-Brieuc y vient cependant administrer le sacrement de confirmation. Et l'on voit par exemple à cette occasion, en 1628, Levenez Le Goaster échanger son nom contre celui de Anne « présant pour parrain messire Sylvestre Guillemot à présant curé dudit Paimpol ».

Malgré cette sujétion, la trêve poursuit sa vie religieuse dans un régime de certaine autonomie. Les nombreuses fondations du XVIIème siècle redisent, comme au siècle précédent, le désir des fidèles de venir dormir leur dernier sommeil sous la garde maternelle de Notre-Dame.

La communauté tréviale mérite par son importance sans doute, et peut-être par sa ferveur, l'honneur de recevoir, dès 1632, le Père Maunoir dans la première mission qu'il prêche au diocèse de Saint-Brieuc.

La dévotion mariale des Paimpolais, dont seul, jusqu'ici, le titre de l'église nous donnait un témoignage, va grandir dès les premières années du XVIIème siècle. Depuis le 20 mai 1626, une Confrérie du Rosaire stimule ce culte. A cette date, le Frère Jean Thiénot, docteur en théologie, « faisant pour le Prieur de l'Ordre des Frères Prêcheurs au Couvent dit de Saint Martin, pour la plus grande gloire de la Bienheureuse Vierge Marie », délivre à l'église de Paimpol une bulle d'érection du Saint Rosaire. Celle-ci énumère les avantages que procure la Confrérie et vante l'excellence de cette dévotion. « Elle contribue tant à nous conduire au suprême degré de la perfection chrétienne qui consiste dans l'union des fidèles avec Jésus-Christ comme des membres avec leur Chef et dans celle des fidèles entre eux. Voilà sans doute les motifs qui ont sollicité votre zèle qu'on établît parmi vous et dans votre église de Paimpol la Confrérie du Rosaire ». Et le Frère Thiénot rend hommage à la piété paimpolaise : « c'est pourquoi, continue-t-il, vue votre dévotion particulière à la Sainte Vierge, j'érige parmi vous la Confrérie du Saint Rosaire ».

Pour remplir les conditions d'érection, les fidèles durent dédier à Notre-Dame une chapelle du Saint Rosaire avec un autel surmonté d'un tableau représentant les principaux mystères, saint Dominique et sainte Catherine de Sienne [Note : Ce tableau existe encore dans l'église, en 1945]. On y célébrera la messe du Rosaire (Salve Radix) suivie de la procession et du chant des litanies les jours suivants :

Fête de la Conception de la Vierge, 8 décembre.

Fête de la Nativité, 8 septembre.

Fête de la Purification, 2 février.

Fête de la Présentation, 21 novembre.

Fête de la Annonciation, 25 mars.

Fête de la Visitation, 2 juillet.

Fête de l'Assomption, 15 août.

La fête du premier dimanche d'octobre comporte les premières vêpres, la messe du jour suivie d'une procession solennelle et les secondes vêpres.

Mais là ne s'arrêtent pas les obligations de la Confrérie et, à chaque date rappelant un mystère du Rosaire (Nativité de N.-S., le dimanche dans l'octave de l'Epiphanie, dimanche de la Passion, le jour de l'Invention de la Sainte Croix, de la couronne de Notre-Seigneur au mois de mai, de l'Exaltation de la Sainte Croix en septembre, le dimanche de Pâques, Ascension, Pentecôte, Toussaint et autres semblables), les confrères devront, après avoir chanté la messe du jour, faire une procession solennelle où sera portée une bannière avec l'image du Rosaire. Au retour, « on chantera les collectes pour la prospérité de la Sainte Eglise, pour la conservation du Roi Très chrétien, et pour les autres nécessités ». Un sermon clôturera la cérémonie. L'entrée dans la Confrérie est absolument gratuite.

On disposera seulement « un thrésor » (tronc) pour recevoir les « aumônes des fidèles sans que personne puisse être contrainte de payer la moindre somme pécuniaire de peur que la dévotion ne dégénère dans un lucre honteux et que par ce moyen inique le pauvre et l'indigent ne soit privé des grâces attachées à ladite confrérie ». « Dans les processions qui se feront le premier dimanche de chaque mois et les jours de la Vierge, tous les frères et soeurs de la Confrérie porteront à la main un cierge allumé, avec un rosaire comme témoignage de leur croyance en Dieu et de leur dévotion à la Sainte Vierge ».

Par privilèges des Souverains Pontifes Léon X et Pie V, les confrères du Rosaire peuvent gagner les indulgences attachées aux stations de Rome, s'ils visitent 5 autels désignés à cet effet dans l'église en récitant chaque fois 5 Pater et 5 Ave [Note : En 1616, donc avant l'érection de la Confrérie, les Paimpolais avaient obtenu un bref d'indulgences].

Les Paimpolais acceptèrent toutes ces conditions et s'engagèrent à observer le règlement de la Confrérie. C'est pourquoi, le 21 mai 1628, Mgr Le Porc de la Porte en autorisa l'érection officielle à laquelle procéda, le 2 juillet 1628, le Procureur Jean Touhoat en présence des prêtres de Plounez et de Paimpol et des « plus notables du lieu ».

La Confrérie reçut, dès 1664, d'après le Sommier des fondations, des donations et des rentes, en contrepartie de messes et offices à dire et à réciter par les prêtres à des jours déterminés, généralement aux fêtes de la Vierge et à celle de saint Dominique ; la confrérie se charge aussi de faire célébrer des messes pour les « confraires » défunts.

Ces fondations se continueront jusqu'à la fin du XVIIème siècle. Ce sont des rentes sur des maisons ou des terres avoisinantes, situées en Lanvignec, Plounez, Kérity. Mais on relève aussi de modestes donations de quelques sols.

Le culte du Rosaire a donné une nouvelle impulsion à la dévotion mariale. D'autres indices permettent de s'en rendre compte. « L'apprécy » se fait toujours à la Chandeleur. Depuis 1625, une cloche chante dans la tour et porte ces simples mots : « Je fus fait pour N.-D. de Paimpou » [Note : Cette cloche se trouve encore, en 1945, dans le vieux clocher]. En 1686, elle aura une compagne. L'église compte un autel de Notre-Dame de Paimpol avec sa statue, un autel de Notre-Dame du Rosaire, un autre de Notre-Dame du Folgoat. C'est à ces autels et à celui de la Trinité que les fondations exigent des messes le samedi, jour consacré à la Vierge.

Pendant tout ce XVIIème siècle, les fidèles entoureront de leur sollicitude le sanctuaire de Notre-Dame de Paimpol. Malgré la négligence à percevoir certaines rentes entre 1602 et 1624, les finances de la Fabrique permettent la réparation de la sacristie, la reconstruction du reliquaire du cimetière en 1670, la réédification de l'hôpital.

Tous ces indices feraient facilement croire que Paimpol jouit de presque tous les privilèges d'une paroisse. Mais le statut d'une église tréviale n'est pas uniquement théorique. Il se manifeste dans la pratique. Il faut, par exemple, attendre 1635 pour obtenir de l'évêque, « sur une requête verbale du Général des habitans de Paimpol », l'autorisation de « faire dire à chant la grande messe en l'église Notre-Dame de Paimpol aux dimanches et fêtes chômables, faire procession et tous autres actes accoustumés aux églises tréviales avecque prosne ». C'est au cours de sa visite du 18 juin 1635 que l'évêque accorde cette permission à cause de la distance qui sépare Plounez de Paimpol « et pour le soulagement des habitans ».

Ce n'est que dix ans plus tard, en 1645, qu'on trouvera mention du premier mariage célébré à Paimpol (M. LE CHAPELAIN, feuilleton n° 16).

En 1651, l'évêque, Mgr Denis de la Barde, rédige dans les registres de la Fabrique une longue note. Il y ordonne l'achat de divers ornements, des réparations à faire à l'église ; il défend par la même occasion d'utiliser les ornements neufs dans des cérémonies autres que celles des dimanches et des fêtes.

Les trésoriers ont acheté en cette même année, à la foire de Tréguier, une magnifique bannière de 180 livres qui représente d'un côté la Trinité avec les quatre Evangélistes et de l'autre la Vierge entourée d'anges, le tout en velours rouge et vert avec des broderies d'or et d'argent.

L'inventaire de 1652, établi sur ordonnance de l'évêque et à la requête du recteur de Plounez, énumère toute la collection des objets de culte dont dispose Paimpol :

1 croix en argent, 1 en cuivre, 1 croix de bois argenté sur l'autel.

2 calices en argent.

1 ciboire en argent doré.

1 soleil en argent, acheté récemment à Paris pour 148 livres 15 sols.

3 bannières, dont une neuve.

7 ornements.

3 reliquaires dont un en argent, etc.

Si l'on en croit cependant la note manuscrite de l'évêque, en 1651, l'église tréviale ne dispose pas de tous ses fonds, bien que le prélat ait enjoint aux comptables d'effectuer la rentrée des reliquats de comptes non soldés par les précédents trésoriers.

A cette époque, le vicaire, Dom Yves Azenor, se contente de 15 livres « pour son année suivant l'ancienne coutume ». C'est son émolument pour une messe basse chaque lundi (M. LE CHAPELAIN, feuilleton n° 36). Le desservant s'est fait aider dans le ministère de la prédication par d'autres prêtres, sans doute les Cordeliers de l'Ile Verte encore, dont l'un « n'ayant trouvé aucune charité ce jour là » dîna aux frais de la Fabrique. Le comptable demanda en vain décharge des 36 sols déboursés à cette occasion.

Un côté de l'église menace ruine et le Sénéchal de Kerraoul exige 6 livres pour dresser un procès-verbal de l'état de ce mur. Il va sans dire que les frais incomberont pour partie aux paroissiens, pour l'autre aux desservants et aux personnes qui perçoivent des revenus sur l'église, en l'occurrence le Seigneur de Kerraoul.

En 1661, on place deux gros piliers de bois à la grande barrière du cimetière vers la fontaine Saint-Méen [Note : Cette fontaine aujourd'hui recouverte se trouvait sur la place de la Levée, devenue place Gambetta].

Depuis 1670 [Note : Les registres de la Fabrique manquent à partir de 1672], la nomination du comptable appartient au Général des habitants et au comptable sortant, alors qu'auparavant elle ressortissait à ce dernier seul.

On ne peut relever dans un cahier de comptes de la Fabrique de 1689 à 1691 que de rares allusions au culte religieux. Mais, par contre, on y trouve de nombreuses contestations sur la répartition des impositions, des conflits entre les « égailleurs ou répartiteurs des impôts pour l'établissement de l'égail », etc.

Si l'on en croit une réclamation en date du 9 octobre 1690, émanant du Sieur de Saint-Amant, gendre de « noble homme Vincent Le Bigot, bourgeois et marchand de cette ville », les protestations des contribuables se faisaient du haut de la chaire, « aux prônes dits et célébrés en l'église dudit Paimpol » [Note : Dans cette « remontrance » le sieur de Saint-Amant prétend « ne pas être colligé au rôle des tailles et fouages »].

D'autres contestations proviennent de l'ensemble des habitants. Vers 1690, un procès avec le recteur de Plounez leur vaudra une lourde amende de 600 livres, car les relations entre la paroisse-mère et sa filiale paraissent très tendues à cette époque. Le registre spécial des délibérations concernant l'administration de « l'hôpital ou maison de Dieu » se fait l'écho, dès 1689, d'un différend entre le Sénéchal de Plounez et celui de Paimpol. Ce dernier rappelle avec hauteur que l'hôpital « fondé, fourni et entretenu par les habitants et la Communauté de Paimpol, appartient aux habitants de Paimpol ». Les malades et pauvres des environs (surtout ceux de Plounez, chef-lieu paroissial ?), prétendirent sans doute bénéficier de la charité paimpolaise, sous prétexte que la trêve dépendait de Plounez. Ou bien se présenta-t-il trop de misères aux portes du bienveillant hospice ? Par leur attitude, les Paimpolais prouvent leur réelle indépendance à l'égard des ces prétentions et, en 1698, une décision stipulera qu'« on ne pourra recevoir à l'hôpital des pauvres d'autres paroisses que par avis du Général et du sieur Vicaire de Paimpol... nonobstant tous billets de particuliers ni juges qui y puissent prétendre [Note : En 1690, une femme, Jeanne Courson, est gardienne de l'établissement. En 1698, Jullien Pourdieu désignera Charles Le Disquay pour lui succéder dans la charge de « Gouverneur de l'hôpital »].

D'autres griefs viennent troubler les relations entre les Paimpolais et les Plouneziens. La totalité de l'amende de 600 livres ne semble pas encore versée au recteur et sa répartition donne lieu à de telles contestations que celui-ci déclarera se contenter « de ce qui lui a été versé ».

C'est dans les dernières années du XVIIème siècle que l'on trouve mention pour la première fois de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, vocable sous lequel les Paimpolais honorent maintenant la Vierge.

Au sujet d'une « rente d'un boisseau de froment, mesure de Paimpol, païable suivant l'apprécis de la Chandeleur, sur deux maisons situées au midy du Martray », le Sommier Général des biens de l'église, établi en 1780 [Note : « Livre A, appartenant aux Généraux de Paimpol, 1775, pour servir aux archives. C'est le Sommier Général des biens appartenant à l'église de Notre-Dame de Paimpol. Ecrit l'an 1780 », p. 188 et 246], transcrit une déclaration du 2 septembre 1726 faite par le sieur Jean Blaise, « bourgeois et marchand de la Ville de Paimpol ». Aux termes de ce document, « ledit Blaise et sa famille ont de tous temps deux tombes et enfeu en laditte église, joignants ensemble et outre joignants du côté du Nord à l'autel et balustre de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle ».

Sous le chapitre « Titres et pièces au soutient d'une rente d'un boisseau de froment sur une maison sise sur le Martray de la Ville de Paimpol, et ce pour deux tombes en la nef de ladite église de Paimpol sous le chantereau pour entrer au coeur », le Sommier reproduit deux déclarations :

La seconde, « la 22e du cahier de 16 rolles » [Note : Ce cahier a disparu], précise-t-on, a été fournie, le 23 février 1692, par Martin et Philippe Blaise, Pierre Lemay, époux de Marguerite Blaise ; Gilles Le Louédec, époux de Marie Blaise. Ils reconnaissent devoir à la Fabrique un boisseau de froment, mesure de Paimpol ; sur 2 maisons dont l'une sur le Martray et l'autre, une « grande maison appartenante à Demoiselle Yvonne Jacob, Dame de Kerhellou, et ce pour deux tombes étant en laditte église de Paimpol en la nef d'icelle donnant du bout du haut sur les balustres étant sous le crucifix et du Nord à l'autel et balustre de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle ». Cette seconde déclaration du Sommier prouve donc que, dès 1692, ce titre de la Vierge est connu des Paimpolais.

Mais ne pourrait-on remonter encore plus loin pour trouver trace de ce vocable ?

A la même page, en effet, et sous le même titre, dans la première déclaration, « 13e du cahier de 60 rolles », fournie le 22 juillet 1583, François Jacob fils « porte reconnaissance d'un boisseau de froment, mesure de Paimpol, sur une maison sur le Martray de cette ville de Paimpol... et ce pour deux tombes et enfeu en la nef de laditte église, sous le chantereau étante costé à costé, entre l'autier Notre-Dame et l'huis sous le chantereau pour entrer au coeur ». Ce texte de 1780 au moins reproduit bien l'original de 1583 qui se trouve dans un cahier de parchemins, sans titre, tenu par 0llivier le Chapponier, « procureur et administrateur des biens de laditte chapelle ». Lorsqu'il transcrivit cette déclaration de François Jacob, le 22 juillet 1583, oublia-t-il ou négligea-t-il de spécifier qu'il s'agissait de l'autel de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle au lieu de l'autel de Notre-Dame tout simplement ? Ce serait présumer trop audacieusement que sous prétexte qu'à deux siècles de distance on retrouve la même fondation, celle-ci devrait comporter les mêmes détails pratiques.

On peut, en tout cas, retenir de ces témoignages que le vocable de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle apparaît entre 1583 et 1692 [Note : De 1809 à 1813 et probablement avant cette époque, les comptes de la Fabrique de Plounez mentionnent dans la paroisse le culte de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle. Elle y a son trésorier attitré ; les offrandes et quêtes en beurre et lin lui sont spécialement réservées].

A la fin du XVIIème siècle, la Confrérie du Rosaire est très active. Tous les samedis, ses membres font précéder la messe de Notre-Dame d'une procession au chant des litanies de la Vierge. Ils renouvellent cette procession le premier dimanche de chaque mois et aux jours solennels de Notre-Dame. Une rente de 16 livres assure la messe du samedi. La Confrérie a fondé 6 autres messes le lendemain des fêtes de la Vierge (Conception, Nativité, Annonciation, Visitation, Assomption, Purification) et une messe le jour de la Saint-Dominique.

Ces obligations n'empêchent pas les confrères de faire célébrer des services pour les membres défunts.

Malgré la dévotion à la Sainte Vierge, les fidèles n'oublient pas les solennités de la Trinité. Pour rehausser l'éclat de la cérémonie, on y voit venir « Messieurs les Prieurs, Religieux de Beauport et Recteurs... avec leurs reliques ». Les frais d'ailleurs restent à la charge de la Fabrique qui, en 1684, par exemple, « sur ordre de M. le. Vicaire et le Recteur », verse 10 livres pour payer le déjeuner de ces notables pèlerins. Mais on ne signale plus par contre les processions de Kérity, Ploubazlanec à cette manifestation religieuse.

Les autres dévotions paimpolaises ne se démentent pas. On trouve mention des autels de saint François, saint Jean, saint Laurent, saint Yves, saint Michel, saint Antoine, Notre-Dame du Folgoat, de la chapelle saint Vincent, de l' « image de Notre-Dame de Pitié ».

Ces autels sont dotés de messes régulières à jours fixes, selon la volonté des fondateurs d'altaristies [Note : En dehors du service paroissial, assuré par le desservant titulaire, il existait autrefois dans les paroisses nombre de prêtres, prébendiers, chapelains, qui tiraient leur subsistance de ces charges pieuses]. Demoiselle Marguerite Lestic, par exemple, exigera, en 1650, deux messes par semaine, l'une sur l'autel de la Trinité le lundi, l'autre sur l'autel du Rosaire le mercredi. Cette seconde messe sera celle de l'office de la Sainte Vierge ou « de la fête qui se rencontrera ».

En 1662, une fondation dite de « Saint Vincent la Majeure » prévoit 4 messes basses par semaine, sauf les jours solennels, à la chapelle de saint Vincent :

le lundi, pour les défunts,

le jeudi, en l'honneur du Saint-Sacrement,

le vendredi, en l'honneur de la mort et de la Passion de Notre-Seigneur,

le samedi, en l'honneur de la Sainte Vierge.

Ces messes se célébreront « dans l'église de Paimpol, sur l'autel de la chapelle de Mr Saint Vincent, dépendant du lieu du Porzou ».

Par contre, le 27 mars 1680, une fondation envisage « une messe à chant » au maître-autel avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement, le jeudi de chaque semaine.

Une autre fondation de « Sainte Catherine la Majeure » comporte deux messes, l'une le mardi, l'autre le jeudi.

En 1698, le testament de Demoiselle Yvonne Jacob, dame douairière de Kerellou, stipule qu'elle charge de desservir sa fondation Messire Augustin Gautier. Elle précise ses volontés : 1 messe basse le jeudi de chaque semaine au maître-autel de l'église, 1 De Profundis à l'issue de cette messe, « 1 droit de banc qu'elle a, proche de l'autel de la Trinité et Ange Gardien [Note : On trouve en 1740 mention d'un autel de l'Ange Gardien] avis de l'Ecce Homo » [Note : Un texte de 1750 laisse supposer qu'à cette date l'Ecce Homo a disparu].

S'il est vrai que l'église compte plusieurs autels pour assurer ce service des fondations funéraires ou des altaristies, d'une façon générale, les préférences des fidèles vont à ceux de la Trinité, du Rosaire et de saint Vincent [Note : Il s'agit évidemment de saint Vincent Ferrier] (abbé Jean Kerleveo).

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