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PAIMPOL DURANT LA GUERRE 1940-1944

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La fin de la guerre 1939-1944-1945 a manifesté une fois de plus, dans des jours tragiques, que la Protectrice de la cité ne pouvait tromper la confiance placée par les Paimpolais en Notre-Dame.

A partir du mois de juin 1944, la guerre se rapprocha de la Bretagne et de Paimpol. Or, les Allemands occupaient la ville et possédaient en bordure de l'agglomération deux camps retranchés dont l'un à Guilben et l'autre à Plounez, muni de 4 batteries d'artillerie de gros calibre. Ces défenses risquaient évidemment d'attirer les raids d'aviation et toutes les destructions qu'ils entraînent.

Le 2 juillet, au prône de la grand'messe, M. l'abbé Thos, curé-doyen depuis 1942, se tourna vers la Vierge.

« Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, dit-il, Puissante Patronne de Paimpol, comme nos aïeux nous vous aimons et nous avons confiance en vous. Et voilà pourquoi, au milieu de nos angoisses, nos regards s'élèvent vers vous... Etendez sur notre ville de Paimpol votre puissante protection. Déjà, en d'autres circonstances tragiques, vous avez écouté les prières ferventes des Paimpolais. Ayez encore pitié de nous. Nous faisons le voeu solennel de vous offrir ainsi qu'a votre Divin Fils, une couronne précieuse, si notre ville est préservée des bombardements et des destructions. Tous, sans exception, nous voulons y participer : les riches donneront leurs bijoux : les pauvres auront à coeur d'apporter leur obole, si modeste soit-elle ».

Une neuvaine suivit ce vœu ; matin et soir, les paroissiens en foule y prirent part dans une atmosphère d'extrême ferveur.

Puis les événements se déroulèrent.

Le 4 août, les Allemands, après avoir fait évacuer la population, détruisent leurs ouvrages, leurs munitions, et font sauter le môle et les deux écluses du port. Dans l'après-midi, ils quittent la ville. Mais, le 5 au matin, ils reviennent. Malgré un accrochage avec les Forces Française de l'Intérieur, qui avaient occupé Paimpol dans la nuit, les Allemands ne prennent aucune sanction et n'exercent pas de représailles. Ils se terrent à Guilben, Plounez et s'installent à nouveau auprès de l'église, dans l'école publique des garçons et l'école libre des filles. Le sanctuaire de Notre-Dame est bien exposé...

Le vendredi 11, de 6 à 7 heures du soir, quelques avions survolent Plounez, Guilben, Paimpol. Ils reviennent au nombre de 8, le lendemain.

Depuis le 4 août, les quelques habitants demeurés dans la ville vivent des jours d'angoisse, car les Allemands, malgré les offres répétées, refusent de se rendre aux Forces Françaises de l'Intérieur. Ils affirment qu'ils se battront dans les maisons, qu'ils arroseront l'agglomération de leurs lance-fusées incendiaires installés à Guilben, si les F. F. I. y pénètrent. En somme, si la guerre l'exige, ils n'hésiteront pas à raser Paimpol.

Le dimanche 13 août, où la grand'messe dut être supprimée par ordre du maire [Note : Une centaine de forteresses volantes devaient venir attaquer Paimpol. Différentes interventions réussirent à éviter ce bombardement qui aurait sans aucun doute anéanti toute l'agglomération], les avions commencent, à partir de 15 h. 45 à bombarder et à mitrailler les deux camps.

Dans la nuit du 14 au 15 août, les Allemands quittent les abords de l'église et se replient à Plounez. Les bombes tombent sur les paroisses avoisinantes. A Plounez, on compte des victimes civiles, un avion ayant lancé ses projectiles en plein bourg [Note : Ces bombes étaient, paraît-il, destinées à Paimpol, les aviateurs ayant confondu les renseignements : une école auprès d'un clocher, ce qui était le cas pour Paimpol et Plounez]. La terre paimpolaise ne reçut pas une seule bombe ; le 15 août on chante malgré tout une grand'messe avec diacre et sous-diacre devant une assistance très clairsemée. L'après-midi, la circulation est interdite dans la commune et aux alentours. Les Américains, en effet, opèrent à Lézardrieux. Le 16 août, à partir de 16 heures, leurs chars convergent sur Paimpol par les routes de Lézardrieux et de Plourivo. Dès leurs premières salves, M. Gloaguen, directeur de l'Ecole Saint-Joseph, sectionne le câble de transmission entre Guilben et Plounez [Note : M. Gloaguen avait préparé depuis plusieurs jours (en courant évidemment de grands risques dans le cas où les Allemands auraient contrôlé l'état de leurs communications) une tranchée de 1 m. 60 de profondeur pour mettre à nu le câble et intervenir au moment critique]. Toute coordination entre les deux groupes allemands est désormais impossible. Guilben tire encore deux coups dans la direction indiquée avant la coupure du câble et un seul vers Landebi, puis lance une fusée blanche ; Plounez répond par le même signal, pour indiquer sans doute la rupture de la communication téléphonique.

A 20 h. 30, les Forces Françaises de l'Intérieur s'installent sur différents points de l'agglomération. Dans les premières heures de la nuit, les Allemands de Plounez se rendent aux Américains qui le lendemain enlèvent dans la matinée presque sans coup férir la presqu'île de Guilben.

Paimpol sortait indemne de cette première quinzaine d'août qui aurait pu la détruire ou peut-être la transformer en une « poche » de résistance ennemie, vouée, par le fait même, à ne connaître la joie de la libération qu'au printemps de 1945 [Note : Il est à remarquer que Paimpol fut la dernière localité bretonne à être libérée dans le premier élan des Américains après la percée d'Avranches. Après le 17 août, tombera Brest détruite de fond en comble ; puis Lorient, Saint-Nazaire devront attendre la capitulation de l'Allemagne, le 8 mai 1945].

La population qualifia de « miracle » cette protection dont bénéficia la cité et, le dimanche 20 août, une splendide procession se déroula sur tout le pourtour de la ville comme une mystique muraille de prière reconnaissante envers la Protectrice, la Libératrice, la Dame de Bonne-Nouvelle qui, dans ses plus beaux atours, effectua, entourée d'une garde d'honneur des patriotes paimpolais avec leur fanion, sa visite solennelle et bénit les maisons qu'elle avait gardées et tous les Paimpolais recueillis en une gratitude unanime [Note : Au prône de la grand'messe, M. le Curé avait lu cet acte de reconnaissance publique : « Je voudrais, en votre nom à tous, chanter à Notre-Dame un hymne d'allégresse et d'actions de grâces ; je voudrais réunir tous les sentiments de reconnaissance qui jaillissent de vos coeurs : Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, notre Patronne et notre Mère, c'est en Vous que nous avions placé notre confiance. Une fois de plus, vous nous avez montré que nous avions eu raison. Vous êtes vraiment la Vierge puissante, la Vierge miséricordieuse, la Vierge fidèle : Virgo potens, Virgo clemens, Virgo fidelis, Vous êtes bien la source de notre allégresse : Causa nostrae laetitiae. Nous ne savons comment vous remercier de la protection insigne que Vous avez bien voulu accorder à notre ville. Vous avez merveilleusement préservé et nos personnes et nos maisons et nos biens. Et pourtant, par quelles angoisses nous avons passé ! Tout autour de nous, nous avons vu tomber les bombes ; pas une seule n'est tombée sur notre ville. On nous annonçait un bombardement par des forteresses volantes ; et nous savions trop bien les terribles dégâts qui en seraient résultés. Nous avons vu les bombes des lance-flammes qui commençaient à mettre le feu aux collines voisines de notre ville. Nous savions que l'ennemi sauvage et barbare en avait en réserve plusieurs centaines, et nous ne craignions qu'une chose : c'est qu'il eût dirigé son tir sur la ville pour tout réduire en cendres. Mais Vous étiez là, et Vous avez étendu votre manteau sur votre sanctuaire, sur nos maisons et sur nous tous. Merci, ô bonne et tendre Mère ! Nous n'oublierons jamais la protection dont vous nous avez entourés. Nous n'oublierons pas davantage la promesse que nous vous avons faite. Ce voeu, nous aurons à coeur de le remplir sans tarder ; et la couronne d'or et de pierres précieuses que nous vous offrirons sera le témoignage de votre puissance et de notre reconnaissance, Après cette messe solennelle d'actions de grâces, nous chanterons le Te Deum de la Libération, prélude du Te Deum de la Victoire. Et cet après-midi, après les vêpres chantées en votre honneur, votre statue vénérable sera portée autour de la ville de Paimpol que vous avez si bien gardée ; et tous vos Paimpolais, tous sans exception, seront là pour vous honorer, vous remercier, vous prier. Nos maisons seront pavoisées, nos rues seront décorées, mieux encore, tous nos coeurs vous chanteront notre inaltérable reconnaissance ».

Depuis le voeu du 2 juillet, avaient afflué les offrandes, or, argent, bijoux, joyaux, perles, etc... Rares sont les foyers qui n'ont rien donné. Il y eut des sacrifices bien inattendus [Note : Une personne a remis un anneau pastoral qui, d'après la tradition de sa famille, aurait appartenu à Bossuet] et des dons stupéfiants. Le feu purifiera l'or et Notre-Dame tiendra compte des générosités accomplies en ces temps de lucre.

C'est ainsi que non contents de considérer l'oeuvre réalisée jour après jour par leurs aïeux et par eux-mêmes, les Paimpolais désireux de poursuivre l'embellissement du sanctuaire de Notre-Dame, s'apprêtent à lui offrir une couronne d'or comme un ultime perfectionnement. Leur geste parachève les gestes des ancêtres. Ainsi, chaque génération paimpolaise prenant la place de celle qui la précédait se met dans la même attitude fervente de l'hommage et de l'offrande.

Ainsi que leurs devanciers ont offert, jadis, leurs présents à la Vierge, les paroissiens de 1946, avec leur coeur fidèle et reconnaissant, offrent à Notre-Dame, comme pour parfaire la majesté de son front royal, une couronne d'or paimpolais [Note : Après avoir obtenu de Rome l'autorisation du couronnement solennel, M. l'abbé Thos a fixé la solennité au 18 août 1946. Paimpol se prépare alors à célébrer ces solennités avec sa ferveur habituelle et à faire revivre la splendeur des fastes d'autrefois] (abbé Jean Kerleveo).

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