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LES GOUVERNEURS DE L’ILE D'OUESSANT |
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Dès que Sourdéac eût pris possession de l'isle d'Oixant, il la mit en état de défense, leva une compagnie de soldats pour le service de la place, la garnit de canons et autres armes de guerre. Les insulaires ayant trouvé les charges excessives demandèrent à Sourdéac à assurer par eux-mêmes la garde de leur île, à la condition d'être exemptés de la grande dixme. Le seigneur de Rieux accepta, et lors des diverses guerres qui suivirent, on vit les Ouessantins [Note : S. M. trouve bon que vous fassiez donner aux habitants de l'Isle de Molènes les 30 fusils qu'ils demandent avec quelque peu de poudre et des balles ; mais chargez-en quelqu'un qui puisse en rendre compte. Pour ce qui est de l'ordre qu'ils demandent pour donner à un d'eux le commandement sur les autres, en cas d'occasion, ils n'ont qu'à s'adresser à celuy qui commande dans la province qui le leur donnera. Signé : De Pontchartrain. 3 avril 1697] faire bravement leur devoir à côté des troupes royales envoyées dans l'île. En 1756, notamment, 200 hommes du régiment de Brie, sous les ordres du lieutenant-colonel de Vergons, y furent détachés. Le duc d'Aiguillon quitta le camp devant Saint-Malo et se rendit à Ouessant. Il emmena avec lui Jean-Adam Le Bœuf, brigadier des armées du roi, directeur des fortifications de la Flandre maritime depuis 1755 [Note : Décédé le 29 mai 1761, à l'âge de 63 ans, et enterré à Saint-Eloi de Dunkerque], et pria le commandant de la marine à Brest de lui expédier l'enseigne de vaisseau, Jacques de Boutier, sieur de La Cardonnie [Note : Né à Villeneuve-d'Agen, Lot-et-Garonne, en 1727, chef d'escadre 1784 décédé à Saint-Domingue, novembre 1791]. Ce dernier, dont l'embarquement sur l’Améthiste était prochain, écrivit au duc d'Aiguillon pour lui exprimer la contrariété que lui faisait éprouver le choix dont il avait été l'objet. Le duc répondit : ... mais je serais bien fâché que cette occupation momentanée vous empêchât de suivre une destination que je sais très bien que vous devez préférer. A tout égard, je suis convaincu que M. le comte du Guay — commandant de la marine — ne vous ôtera pas la place qu'il vous a donnée sur l'Améthiste, [Note : En 1757, étant sur l'Améthyste à la côte de Guinée, La Cardonnie attaqua avec deux chaloupes qu'il commandait, deux bâtiments de 14 canons et les enleva l'épée à la main. — Mazas, Hist. de l'ordre de Saint-Louis, t. III, P. 328], mais puisque vous le désirez, je lui écrirai avec le plus grand plaisir pour qu'il vous la conserve [Note : Lettre datée de Saint-Malo, 18 septembre 1756].
Ces officiers construisirent de nouvelles batteries. En effet, depuis le 17 mai, la guerre avait été déclarée à l'Angleterre et une sloop de cette nation n'hésitait pas à aller chercher un abri dans l'un des ports d'Ouessant.
« M. de Kerjeanmol, gouverneur de l'île, écrivait le commandant de la marine au ministre, m'informe que la sloop anglaise est toujours restée depuis huit jours dans son île ; je ne trouve rien de plus indécent qu'un pareil bâtiment nous bloquant le port de Brest et nous obligeant d'observer les vents pour nous assurer les communications avec cette île. Nos généraux (amiraux) n'ont pas encore trouvé de moyens de nous en débarrasser. Il faut espérer que la sloop y parviendra » [Note : Lettre du 18 juin 1756]. La sloop se nommait la Levrette, bâtiment construit sur la plage de Lanninon [Note : Sur cette même plage, qui va disparaître, et sous la direction de M. Bersolle, armateur de Brest et chargé du bureau de la poste, à ce.......moment Grande Rue, n° 73, se construisait l'Agathe, dont le commandement fut donné à Charles Cornic-Duchesne, né à Morlaix le 5 septembre 1731, et ensuite à son cousin Pierre-François Cornic-Dumoulin, né à Bréhat le 23 juillet 1731 ; il signait l’Aîné. Cornic-Duchesne prit ensuite le commandement du Prothée. Il eut des difficultés avec les armateurs et la lecture du mémoire du sieur Bersolle, en date du 6 juillet 1762, contre Cornic, Paris, chez P. G. Simon, imp. du Parlement, rue de la Harpe, à l'Hercule. 1762, présente Cornic, en ce qui concerne le désintéressement, sous un jour tout diffèrent de l'auteur de l'article de la Biog . Bretonne, t. II, P. 455] sur les plans et sous la direction de l'enseigne de vaisseau Villers de Grassi [Note : Pierre-Augustin, lieutenant de vaisseau, 17 avril 1757. Destitué et condamné par contumace à un an de prison. 6 février 1762]. Il en prit le commandement et laissa sur les chantiers un bâtiment semblable, nommé la Guirlande. A son retour de la mer, de Grassi prit le commandement de la Guirlande et celui de la Levrette passa à de Cours de Lussaignet, de Brest, autre enseigne de vaisseau [Note : Martin, lieutenant de vaisseau, cassé de son grade avec son commandant de Ruis et condamné à un an de prison, 16 mai 1763. — Soc. ac. de Brest, 1891-92, P. 31, renvoi n° 2]. Tous les deux firent à partir de ce moment la chasse aux Anglais qui, la nuit, venaient explorer la rade de Brest. Ils naviguent jusque dans les roches, dit une lettre du commandant de la marine.
En 1755, deux lieutenants de vaisseau anglais se firent recevoir comme ouvriers charpentiers au port de Brest [Note : B. de la Soc. Ac. de Brest, 1868-69, P. 417]. Ce fait, parait moins extraordinaire lorsque l'on songe qu'à l'époque on tolérait la présence dans les différentes villes des commerçants de nationalités avec lesquelles on se trouvait en guerre.
C'est pourquoi le duc d'Aiguillon écrivit au commandant du port, le comte du Guay : [Note : Lettre du 5 juillet 1756] « Je vais faire passer au plustôt 200 h. de troupe à Ouessant et j'espère que vous voudrez bien faire escorter les bateaux qui les transporteront afin qu'ils ne soient pas enlevés par la sloop qui rode dans cette partie ».
Revenons à Sourdéac. Pour administrer cette petite population, il choisit un ancien soldat. Sa nomination fut soumise à l'approbation royale et ses successeurs continuèrent jusqu'à l'année 1710. C'était le moment de la création d'une foule de charges nouvelles n'ayant d'autre but, pour la plupart d'entre elles, que de procurer des ressources au trésor public. On mettait à exécution les édits d'août 1696 et 1er décembre 1708, augmentant le nombre des officiers des places de guerre et en instituant dans des localités qui en avaient été exemptées jusqu'alors. Le ministre songea à Ouessant. Les Rieux étaient des gens à ménager : aussi de Pontchartrain, avant de statuer, s'adressa-t-il à l'intendant de la marine pour avoir son avis sur ses projets. Une longue correspondance s'établit à ce sujet.
« Je vois, écrivait de Pontchartrain, le 30 août 1710, que M. le marquis d’Ouessant prétend être propriétaire du gouvernement de cette isle et que ce titre lui donne le gouvernement ; c'est ce que je vous prie d'approfondir avec votre prudence ordinaire, car il se peut faire que cet avis soit sans fondement. Rendez-moi compte de ce que vous apprendrez ».
L'intendant répondit :
« Je n'ai pas connaissance, Mgr, que M. le marquis d'Ouessant prétende être propriétaire du gouvernement de l'isle, mais seulement qu'il en a la seigneurie et qu'il a le droit par conséquent d'établir des gens dans la dite isle pour y rendre la justice et d'y avoir pour cet effet un seneschal, un procureur fiscal et un greffier ; mais cela n'empêche pas que le roy puisse y établir un gouverneur et des officiers de l'état-major, attendu que tout ce qui regarde le service de S. M. dans la dite isle est très important aux intérest et au service de S. M., tant à cause de sa proximité qu'à cause qu'elle fournit beaucoup de bons matelots qui ont toujours servi utilement sur les vaisseaux du roi ». 5 septembre 1710.
Louise de Rieux, propriétaire de la seigneurie, avait eu avis que de Boutteville, de Brémoy et de Keroullas se proposaient d'acheter les charges de gouverneur, de lieutenant de roi et de major dans l’île d'Ouessant et qu'ils remplaceraient prochainement le gouverneur de la Sauldraye-Nizon, l'homme de son choix et agréé par le roi [Note : Demande d'une lettre de service faite en faveur de la Sauldraye-Nizon. 22 janvier 1710. — Refus. — 2 avril.]. Elle avait protesté, mais inutilement.
Aussitôt la réception de la lettre ci-dessus, le ministre écrivit à l'intendant :
« Ce que vous me marquez, touchant M. le marquis d'Ouessant me fait connaître qu'il n'a que la seigneurie de cette isle et que le gouvernement appartient au roy. C'est pourquoi je fais dire aux postulants de finir au plustôt ce qui concerne les charges de gouverneur, de lieutenant de roi et major, dont MM. Bouteville, Brémoy et de Kéroullas ont fait leur soumission » [Note : .... Quoique l’île d'Ouessant ne fût pas dans le cas de ces nouveaux gouvernements, attendu qu'il n'y a pas de château appartenant au roi ; qu'il n'y a ny ville, ny bourg, ny foyre, ny marché, ny passage de gens de guerre qui ont été les motifs de ces nouvelles créations. Arrêt du 9 mai 1717].
De La Sauldraye-Nizon dut en conséquence se retirer, non sans protester contre la mesure.
« Louise de Rieux poursuivit ses démarches et, le 9 mai 1717, elle obtint d'être maintenue et gardée dans tous les droits, honneurs et, prérogatives dont ses ancêtres, en la même qualité, ont joui ou dû jouir dans l'isle, aux offres par elle faites de faire, comme eux, la garde fidèlement et avec soin ; de nommer un gouverneur pour donner et recevoir les ordres et de rendre la justice gratuitement aux insulaires, ainsi que cela a été fait sous les trois derniers règnes ».
Par suite, de Bouteville, de Brémoy et de Kéroullas durent « vuider la place huitaine après la signiffication qui leur sera faite du présent arrest, à peine de despense et que pareillement S. M. ordonne, qu'après un mois, les dits sieurs de Boutteville, de Brémoy et de Kéroullas seront tenus de remettre ès-mains du sieur Taschereau de Baudry, mestre des requestes et du conseil des finances, les quittances de finance et de provisions, pour, sur son rapport, estre procédé au conseil à la liquidation de leurs offices en la manière accoutumée et ensuite estre pourvu par S. M. à leur remboursement [Note : Extrait du rôle de liquidation des finances des charges de gouverneur, de lieutenant de roi et major de lad. isle, du 9 août 1710, qui justifie que ces trois charges n'ont été vendues que 16,000 l. en billets de marine, 29 mai 1717] et faute par eux de représenter leurs titres, dans le dit tems et cela passé, qu'ils demeureront déchus de tout remboursement ».
Louise de Rieux réinstalla de Nixon dans ses fonctions.
De nouveaux empiètements du roi obligèrent le comte de Rieux, le 24 novembre 1723, à exiger le maintien des prérogatives de sa maison. A partir de ce moment, la nomination des gouverneurs s'accomplit paisiblement. En entrant en fonctions, le titulaire prêtait serment devant l'intendant de la marine qui, au préalable, avait reçu une commission spéciale du chancelier de France [Note : Copie collationnée de la commission de Mgr le chancelier de France à M. l'int. de la marine à Brest, expédiée le 21 janvier 1748, de recevoir le serment du sieur Kerjean-Mol, en qualité de gouverneur; ensuite la requête du gouverneur. — Demande faite pour la prestation de serment et l'acte de la prestation de serment]. Acte était rédigé de la prestation de serment.
Le gouverneur et le commandant de la Tour à feu — phare — étaient les seules personnes à la nomination du roi ou de ses délégués pendant l'administration des seigneurs de Rieux.
Lorsque l'île fut placée sous l'autorité royale, l'intendant de la marine eut mission de délivrer au titulaire de la fonction de gouverneur une commission [Note : Les provisions étaient lues au prône par le recteur... « Certifions, Nous, recteur et habitants de lad. isle, l'avoir reçu et d'une voix unanime, avec tout l'applaudissement général et requis, le reconnaissons pour notre gouverneur et seul juge sur tous nos différends, promettant de lui obéir en tout ce qu'il nous ordonnera pour le service du roi, la défense de notre île, les intérêts de Mgr le comte de Rieux et le bien public de ses habitants ». — 1761 — Suivent les signatures] enregistrée au contrôle, comme toutes celles remises aux agents du département. Toutes les fonctions [Note : Guérin Pilote, garde-magasin de la Tour à feu d'Ouessant, 31 août 1760. — Il y avait donc un commandant, un garde magasin et un gardien], même celles de l'ordre civil, comme les notaires par exemple, étaient soumises à l'agrément de l'autorité maritime [Note : 17 mars 1772. — Tual autorisé par l'intendant de Ruis-Embito à bâtir un sixième moulin à vent moyennant 7 l. de rentes payables à la seigneurie de la dite île].
Jean-Marie-Dominique Le Sein reçut commission la 1er octobre 1766, pour exercer l'emploi de notaire royal dans l’île ; il était encore en fonctions en 1783. A ce moment les insulaires s'en plaignirent par l'intermédiaire de l'évêque de Quimper. Le contrôleur de la marine Puissant de Molimont [Note : Bull. de la Soc. Ac. de Brest, 1891-92, P. 11, renvoi 3], chargé de l'enquête, écrivit à l'évêque : « M. le gouverneur se plaint comme vous, Mgr, comme d'un homme d'un esprit tracassier, avide d'indemnités, de taxes et qui exige des rétributions déplacées... Une autre considération décide à tenter le moyen de ramener ce notaire à ses devoirs ; c'est la difficulté de le remplacer. Vous n'ignorez pas, Mgr, la modicité de cette place ; elle ne ferait pas subsister un étranger. Elle ne peut convenir qu'à un insulaire possédant quelque bien et un établissement dans l'île. Stéphan, fils d'un ancien gardien de la Tour — phare — qui suit la pratique [Note : Qui étudie la procédure. L'orthographe primitive était pragmatique. — Je crois bien que du temps qu'on appelait les gens de justice pragmaticiens, en retenant l'origine du mot, les choses allaient autrement ; mais depuis qu'on a retranché une syllabe de leur nom, en les appelant praticiens, ils ont bien su se récompenser de ce retranchement sur les bourses de ceux qui n'en pouvaient mais. (H. Estienne.) Dictionnaire Larousse, t. XIII, P. 36, au mot Praticien], à Brest, pourrait peut-être le remplacer » [Note : Lettre du 21 juillet 1783].
Voici la liste des quatorze gouverneurs de l’ìle :
1° Du Pré.
2° Farcy.
3° De Valogne.
Ils sont mentionnés dans divers actes. — Vu... 4 extraits baptistaires tirés des registres de la paroisse d'Ouessant : 2 mars 1653, 24 février 1654, 15 novembre 1655, 30 novembre 1667, par lesquels il paraît que les sieurs du Pré et de Castres ont pris successivement la qualité de commandants pour le service du roy en cette isle, sous l'autorité du sieur de Rieux de Sourdéac.
4° De Castres. Il était en fonctions au 10 juin 1664. Par dépêche du 8 juin 1688, le ministre demanda quelques renseignements sur le sieur de Castres « qui fait les fonctions de gouverneur dans l'isle d'Ouessant et qui sollicite une commission de S. M. qui lui en donne le titre ».
« Je me suis informé, selon l'intention de Mgr, répondit l'intendant, de la manière de vivre et des qualités de M. de Castres, commandant à Ouessant ; j'ai appris qu'il est gentilhomme et qu'il a servi dans les troupes du roy, en Italie, qu'il y a 26 ans qu'il demeure à Ouessant et que personne ne s'en plaint » [Note : Lettre de l'intendant, 18 juin 1688].
Il vivait encore en 1691.
« Je lui envoie — à de Castres — de la poudre et de la mèche et la manière de faire les signaux, quand il verra les vaisseaux ennemis dont MM. du Conquet auront connaissance, pour nous le faire scavoir » [Note : Lettre de l'intendant, 9 juillet 1691].
Le service s'exécutait comme suit :
« L'on a tiré, après disné, 3 coups dé canon de Ouessant qui sont le signal de 10 vaisseaux ; l'on a répondu de St-Mathieu et ensuite de la batterie de Cornouaille et dans la batterie du Portzic » [Note : Lettre de l'intendant, 5 août 1697].
Il existait dans l’île pour assurer ce service 4 canons de 8 appartenant au roy.
5° Le Breton-Lavigne, Nicolas, — Voici son autobiographie dont nous respectons l'orthographe ; elle nous apprend que sous le gouverneur se trouvaient d'autres officiers.
« Jay qui soubsigne déclare et sertifie qu'il y a 10 ans que je fus estably par défuns M. le marquis de Sourdéac pour la conservation de l’isle d'Ouessant, en calité de sergent-major et de lieutenant soub 4 cappitaines ou gouverneurs et dans lesquelles charges je me suis acquitté avec honneur et depuis la mort du dernier, M. de Castres, l'on m'a donné le nom de commandans, calité qui m'est peu lucratiffe — 29 décembre 1700 — signé : Nicolas Le Breton-Lavigne ».
Le 10 juin 1664., de Castres avait donné permission au sus-nommé, lieutenant de la garnison, pour faire un voyage en Angleterre.
6° De la Sauldraye-Nizon, Barnabé, comte, seigneur de Nizon, gentilhomme de Bretagne, ancien capitaine [Note : Nous ferons ultérieurement le long récit des difficultés qu'il créa à l'administration du port].
Le maréchal de Chasteaurenault lui donna le commandement de l’île en 1704 ; il lui renouvela ses pouvoirs le 10 octobre 1705. Les Rieux lui donnèrent commission les 20 juin 1710 et 23 juillet 1712, époque à laquelle il dut faire place aux officiers, nommés par le roi.
7° Cadot de Boutteville de Sebville, Georges-François, nommé gouverneur en 1712, charge achetée et qu'il dut quitter, en vertu de l'arrêt du 25 mai 1717.
8° De la Sauldraye-Nizon, rétabli dans ses fonctions, en exécution des lettres-patentes octroyées le 9 mai 1717, à la demoiselle de Rieux. Le 26 mars 1720, le comte de Rieux se vit dans la nécessité de lui retirer le gouvernement de l'île. En 1735, de Nizan était lieutenant de la patache de la Ferme establye au port de Breveach — Aberwrach.
9° L'honoré de Trévignon, Yves, enseigne de vaisseau, ex-commandant de la Tour de Camaret [Note : La plate-forme portait onze canons. Lettre du commandant de la marine du 17 août 1739]. La confirmation royale se fit attendre jusqu'au 23 septembre 1723. « Notre très cher et bien amé cousin le comte de Rieux qui est à présent propriétaire de la dite île y avait nommé et présenté notre cher et bien amé le sieur L'honoré de Trévignon, commandant au château de Camaret, pour, au lieu et place du sieur la Sauldraye-Nizon, remplir la fonction de gouverneur, etc. ».
Les habitants de Camaret le virent sans doute partir sans regrets, ainsi que cela peut s'inférer des documents suivants :
« A l'égard du sieur Trévignon qui commande à Camaret et qui se plaint que les cabaretiers de ce lieu se refusent de lui rendre compte des gens qu'ils reçoivent chez eux, il est dans l'ordre que, lorsque les cabaretiers reçoivent chez eux des étrangers, ils en avertissent le sieur de Trévignon ; mais pour ce qui est des gens du pays qui vont chez eux, les cabaretiers ne sont pas obligés de les en avertir » [Note : Lettre du ministre du 17 août 1732. — J'ay vu avec le commandant les mesures à prendre pour obliger les cabaretiers de Camaret à rendre compte des étrangers qu'ils reçoivent dans leurs maisons. Int. de la marine, 2 septembre 1732].
N'étant encore que garde de la marine, L'honoré de Trévignon épousa vers 1709, Jeanne de Mathézou, décédée à Brest le 15 mars 1721 [Note : Jean Mathézou, seigneur de Querve, du Querneval, noble d'ancienne extraction, 22 mai 1669. Beauregard, Nobiliaire de Bretagne, P. 258]. Il n'avait pas été fait d'avancement dans la marine depuis 20 ans ; il y avait des gardes de la marine de 40 ans. Il n'y eut de nouvelle promotion que le 24 mars 1727 [Note : Brun, Guerres maritimes, t. II, P. 211]. L'honoré de Trévignon se maria ensuite à Marie de Carn [Note : Claude de Carn, seigneur de Kerinen, de la Pallue, de Kesnerezennec et Kerléan, noble d'extraction. Juridiction de Saint-Renan, 3 juillet 1669. Beauregard, Nobiliaire de Bretagne, P. 92] ; elle mourut à Brest le 6 octobre 1741, à l'âge de 55 ans. De son premier mariage, L'honoré de Trévignon [Note : Marie-Philippe-Joachim-Pierre-Jean L'honoré de Trévignon, frère de Yves, probablement, commissaire de la marine à Saint-Domingue, attaché au port de Brest le 19 mars 1760, aux appointements de 1,800 l., était commissaire général de la marine en 1764] eut deux fils René-Marie et Guénolé, nés à Brest, le 5 juin 1714 et le 19 septembre 1715.
10° De la Rue, seigneur de la Fresnaye, Guy-Nicolas, enseigne de vaisseau, fils de Gaspard-Etienne, seigneur de la Fresnaye, évêché de Troyes, en Champagne, et de Françoise Destang, époux 1° le 16 juin 1732 de Jeanne Deschampeaux, décédée à Brest, le 26 août 1738 ; 2° de Julienne-Michelle du Deffais ou Deffaix.
De la Rue, entré au service en qualité de garde de la marine en 1721, ancien enseigne de vaisseau, gouverneur d'Ouessant, fut nommé chevalier de Saint-Louis le 1er janvier 1742 [Note : Mazas. Hist. de l'ordre de Saint-Louis, t. II, P. 144]. Il eut deux fils : l'un né le 8 juin 1744 et Vincent-Marie, né le 8 août 1747 [Note : Registres des baptêmes de la paroisse Saint-Louis de Brest].
De la Rue ayant demandé de la poudre, de la mèche, du papier à cartouches et des pierres à fusil pour la défense de l'île, le ministre répondit à l'intendant :
« Je vous prie d'examiner si la fourniture de la poudre et autres ustensiles demandés ne doit pas être sur le compte de M. de Rieux : si c'est S. M qui y a cidevant pourvu, je trouverais bon, en ce cas, que vous lui envoyiez une petite provision » [Note : Dépêche du 5 octobre 1732].
Par lettre du 3 juillet 1739, le ministre concéda au gouverneur de la Rue neuf cordes de bois à brûler « l’isle n'en produisant pas ». Le bois à brûler était du reste fort rare à Brest et ses environs. « Il est certain, écrivait l'intendant, à la date du 5 octobre 1699, qu'on ne trouve plus de bois à brûler à 12 ou 15 lieues à la ronde ». Aussi les autorités du port étaient-elles heureuses de trouver quelques ressources dans la forêt du Cranou [Note : Ancienne propriété, du duc de Richelieu. vendue le 6 février 1684 à Pierre Valentin, receveur des traites à Ingrandes, et acquise par la marine, le 30 juin 1688. — Ar. Jean de Richelieu et sa première femme, Anne Poussart, vendirent le 1er août 1679 à Alexandre Lhuillier, « la coupe entière, à terre et haute et à raz de charbonnier, de la haute futaie, bois et forêt du Ninot (Nivot), dépendant de la vicomté du Faou, en Basse-Bretagne, contenant une lieue et demy de tour environ, pendant 10 années ». Jal. Dict., P. 1061, col. 1. Richelieu. Armand-Jean II de Vignerot du Plessis].
On continua à y puiser jusqu'en 1793. Le 13 janvier, la municipalité obtint le retrait de cette faveur. « L'ingérence de la municipalité ou plutôt de la Société Populaire, dont elle était le servile instrument, dans les affaires du domaine exclusif des autorités maritimes, se renouvelait chaque jour, et chaque fois elle donnait lieu aux félicitations du ministre .Monge, qui écrivait, le 12 décembre 1792, au commandant de la marine : continuez, serviteurs fidèles de la République, à seconder le zèle et le patriotisme des bons citoyens et des magistrats populaires de Brest. L'appui que ces bons citoyens, ces magistrats populaires prêtait à quiconque recourait à eux, avait pour effet d'annuler complètement l'autorité des chefs de corps, etc. » [Note : Levot. Hist. de la ville et du port de Brest. — La Terreur, P. 59. — Par décret impérial du 20 octobre 1869, le nom de Monge a été substitué à celui de rue de la Charonnière. « ...Que le nom de Monge, à titre de savant, eût été donné à une rue de sa ville natale, ou même à une rue d'une autre ville, nous l'eussions trouvé naturel et légitime, mais il était assez peu opportun, ce nous semble, de perpétuer à Brest le souvenir d'un ministre dont la faiblesse a été peu propre à y rétablir l'ordre ». Levot. — Le Directoire et le Consulat, P. 388. Appendices].
11° Kerjean-mol, Claude-Louis, enseigne de vaisseau, fils de Jean et de Marie de Carn, de la paroisse de Plouzané. Il commanda la tour de Camaret du 12 mars 1747 au 13 mars 1748 et prit le service à Ouessant le même jour. Il était parent du comte d'Orvilliers et avait épousé le 30 novembre 1747 Marguerite Aubry du Goutet, fille de Jean, lieutenant de vaisseau et de Marguerite Gélard, de Landerneau.
Kerjean-Mol exposa au ministre « la nécessité d'avoir un chirurgien entretenu dans cette ysle qui n'est remplie que d'un peuple de marins et que souvent l'on y manque de secours dans les plus extrêmes besoins par la difficulté qu'il y a en certains temps de faire venir des chirurgiens de Brest » [Note : Lettre du 30 juin 1748. — Mol ou Molff. Renan, seigneur de Kerjean, de Lesmonatech, de Langolian, de Queringaer, noble d'extraction. — Saint-Renan, 3 juillet, 1669. — Beauregard, Nobiliaire de Bretagne p. 267].
A cette communication, le ministre répondit :
« L'établissement d'un chirurgien de la marine à Ouessant me paraît tenir à l'humanité autant qu'à la convenance du service et j'approuve ce que vous me proposez d'y faire passer un élève-chirurgien de la marine qui y servira aux appointements de 50 livres par mois pour solde, nourriture et tous frais ; il sera relevé, chaque année, par un second chirurgien, et ce service sera compté pour l'entretien » [Note : Dépêche du 28 juillet 1748].
La situation pécuniaire de ce chirurgien ne s'était pas améliorée en 1775 et voici ce qu'écrivait le titulaire de la fonction à cette époque :
« Le sieur de Montigny, chargé de six enfants, dont deux garçons et quatre filles, étant dans l’île d'Ouessant depuis neuf ans, aux appointements de 600 livres, supplie humblement M. de Ruis-Embito — l'intendant — de vouloir bien lui accorder, par gratification, neuf cordes de bois à brûler... fait toutes les opérations chirurgicales gratis ; fait également les accouchements ..... de retour chez lui ne trouve pas de quoi se réchauffer ni préparer aucun médicament... outre, fait les fondions de syndic aux classes dans ladite île, gratis... demande que ses appointements lui soient payés tous les trois mois » [Note : Représentations faites le 3 mars 1775].
Le 10 août 1754, Kerjean-Mol obtenait une pension de 200 livres, dont le montant devait être reversé sur la tête de sa femme à son décès.
Depuis le 21 février de cette année, Mme de Kerjean-Mol et son fils, Michel [Note : Inscrit sur la liste des gentilshommes destinés pour être gardes de la marine], se trouvaient à Saint-Domingue, où ils présentaient au conseil de la colonie du Cap, des lettres délivrées le 12 janvier 1753 par le ministre de la marine Rouillé et demandaient en conséquence à jouir des droits et privilèges attribués en cette colonie [Note : Loix et Constitutions des colonies de l'Amérique. — Moreau de Saint-Méry, t. IV, P. 130].
Enfin, le 19 octobre 1756, Kerjean-Mol était nommé chevalier de Saint-Louis [Note : Mazas, Histoire de l'ordre de Saint-Louis, t, II, P. 168].
12° De Gouzillon-Kermeno, Michel, lieutenant de vaisseau, chevalier de Saint-Louis, le 8 mars 1752 [Note : Mazas, Histoire de l'ordre de Saint-Louis, t, II, P. 168], retraité le 23 janvier 1761, avec 400 livres de pension, nommé gouverneur le 26 avril 1763. Il était époux de Marie-Josèphe de Lesparler de Coatcaric [Note : Lesparler, François, seigneur de Coatcaric, de la Bouexière, de Queroza, noble d'extraction. Juridiction de Morlaix, 25 mai 1669. Beauregard, Nobiliaire de Bretagne, P. 238]. Il mourut le 17 novembre 1776, à l'âge de 66 ans, et sa veuve le 30 juillet 1781 ; elle était âgée de 69 ans.
Un autre Kermeno-Gouzillon, lieutenant de vaisseau, fut nommé chevalier de Saint-Louis le 8 mars 1777. Il émigra. Sa femme, qui résidait à Plouzané, fut arrêtée comme suspecte et conduite à Brest avec ses deux filles, Hyacinthe et Marie-Anne, âgées, la première de 16 ans, la seconde de 13, ainsi qu'une Anglaise, Clarisse Conglinger, âgée de 18 ans, indiquée comme vivant de la charité de la famille de Gouzillon Le district de Brest, dans sa séance du 27 vendémiaire an II, destitua Mme de Gouzillon de la surveillance et de l'administration de ses enfants auxquelles il devait être nommé un tuteur et qui devaient être placées à l'hospice civil de Brest [Note : Levot, La Terreur, P. 133].
Un dernier membre de cette famille, Jean-Guillaume-Michel, né à Brest. le 20 septembre 1741, fut retraité comme capitaine de frégate le 1er octobre 1814 avec 2,400 francs de pension.
13° De Carn, Bernard-Joseph, né à Porspoder, fils de Guillaume, seigneur de Lamotte Kerveatou et de Marie-Michelle-Louise de Kerjean, lieutenant de frégate en 1756, enseigne de vaisseau en 1761, lieutenant de vaisseau en 1772, fut fait chevalier de Saint-Louis le 30 décembre même année « estropié d'une fracture à l'omoplate qui le prive de l'usage d'un bras » [Note : Mazas, Histoire de Saint-Louis, t. III, P. 200]. Cette récompense lui fut accordée bien tardivement. En effet, le 9 mai 1763, l'autorité du port écrivait au ministre : « Le chevalier de la Galissonnière, qui a perdu un œil d'une blessure sur la tête et qui paraît bon sujet, ainsi que M. de Carn, qui a perdu son bras [Note : Accident survenu, croyons-nous, sur le Petit-Mars, naufragé en revenant d'une campagne aux Iles-du-Vent. Soc. Ac. de Brest, 1891-92. P. 61], espèrent que vous voudrez bien leur accorder, en peu, la croix de Saint-Louis, qu'ils méritent l'un et l'autre, pour des blessures aussi considérables ».
« M. de Gouzillon, gouverneur d'Ouessant, étant mort, écrivait le ministre, le 30 novembre 1776, j'ai jeté les yeux sur M. de Carn ».
De Carn quitta le service actif le 2 février 1777 avec 800 livres de pension sur la marine, en conservant deux autres pensions dont il jouissait, l'une de 200 sur le Trésor royal, l'autre de 300 sur les Invalides de la marine. Il fut nommé gouverneur le 8 février 1777 et mourut le 24 décembre 1789. Il avait épousé, le 10 novembre 1772, Laurence Gilonne de Moy, fille de Jean-Baptiste, seigneur du Chène Danitot, lieutenant de frégate, et de Marie-Claude Le Can.
Mme veuve de Carn résidait à Saint-Renan en 1793, lorsque le Directoire du département du Finistère rendit son arrêté du 11 février obligeant les personnes que les administrations locales jugeraient suspectes, à résider au chef-lieu de leur district et à se présenter deux fois par jour à l'autorité ; elle avait un fils sur la Ferme, vaisseau faisant partie avec la Calypso, le Maréchal de Castries et la Légère, d'une division aux ordres de Rivière qui, revenant de la station des Antilles, avait conduit ces bâtiments dans les ports d'Espagne. Nous ne savons quel était le grade de ce de Carn : Louis-François était lieutenant de vaisseau en 1781 ; Louis-Philibert, né le 30 janvier 1774 — paroisse de Saint-Renan — était élève de la 2ème classe depuis le 3 octobte 1789. Mme veuve de Carn fut arrêtée comme incivique et ayant un fils sur la Ferme, en conséquence de l'ordre donné par le représentant du peuple Bréard de mettre à exécution les décrets des 5 et 17 septembre 1793 sur les suspects. Elle fut mise en liberté en novembre 1794, en vertu de l'arrêté du comité de sûreté générale du 29 brumaire (11 novembre). Elle eut à subir une nouvelle détention, lorsque parut l'arrêté du 9 messidor, pris par les représentants en mission dans le Morbihan, Topsent, Guezno, Guermeur et Brüe, relativement aux pères, mères, frères, sœurs, femmes et enfants d'émigrés, à la suite du débarquement à Carnac. Cet arrêté, transmis à Brest par courrier extraordinaire, fut exécuté le lendemain. Enfin, Mme veuve de Carn fut mise en liberté sept jours après la première nouvelle des succès de Hoche [Note : Levot, Hist. de la ville et du port de Brest. La Terreur. PP. 131, 132, 205, 297, 416].
14° Du Laurens de Montbrun, Guénolé-Marie, ancien capitaine de vaisseau, chef des classes à Saint-Malo, cessa ses fonctions à la date du 24 décembre 1789. Il avait été nommé gouverneur d'Ouessant dès le 25 janvier de cette même année, mais il ne rejoignit pas son poste.
Le 2 septembre 1789, le ministre recevait de l'intendant de Brest la communication ci-après :
« D'après les rapports qui me sont parvenus que l'île d'Ouessant commence à se ressentir des mouvements qui ont lieu dans presque tout le royaume, j'ai cru, Monseigneur, qu'il était nécessaire que M. de Montbrun, qui en a été nommé gouverneur, fit une apparition pour s'y établir, afin d'y assurer l'ordre et la tranquillité ».
Le 12 février 1790, le ministre répondit : « M. du Laurens de Montbrun ayant satisfait à ce qui est exigé pour le paiement du marc d'or, [Note : Droit prélevé sur tous les offices à chaque changement de titulaire. Il fut établi par Henri III, en remplacement du droit, qu'on prenait pour la prestation de serment. Larousse, t. X, P. 1130 — pour subvenir aux frais des appointements des Chevaliers du Saint-Esprit. — Edit d'octobre 1578 donné à Fontainebleau, droit de serment avant d'obtenir les provisions — édit de décembre 1656 portant que tous les officiers de justice, finances, police ou autres, sont sujets au droit de marc d'or, comme un hommage au roi, lorsqu'ils sont pourvus de leurs offices. — Edit qui réunit au domaine le droit de marc d'or. Janvier 1720 [note à voir : Administration de la régie générale des aides et droits y réunis. — Marque et contrôle d'or et d'argent comprenant un régisseur général, un directeur général, un receveur principal, un receveur au bureau de L'Argue, rue Saint-Denis, vis-à-vis Saint-Chaumont, un procureur au Parlement et un procureur à l'élection. Alm. royal, 1790, PP. 572 et 578]. — Arrêt du conseil qui règle le marc d'or à payer pour certains offices, commissions et emplois militaires, et en dispensent ceux ci-après, etc., 13 avril 1775. — Présidents et conseillers au Parlement de Bretagne, dispensés comme nobles du paiement du droit de mare d'or, 6 septembre 1775. Recueil général des anc. lois françaises de 420 à 1789, par Jourdan, Isambert, Decrussy, t. XV P. 350, t. XVI P. 337, t. XXII P. 177, t. XXIV PP. 151 et 238], je ne doute pas que ses provisions de gouverneur ne lui aient été délivrées et qu'il ne soit passé dans l’île ».
Le soin de la délivrance de ces provisions incombait à l'intendant qui, le 15 juin, exposa dans les termes suivants l'embarras dans lequel il se trouvait :
« J'ai l'honneur de vous faire part, Monseigneur, que d'Ouessant même, se ressent un peu de la fermentation des esprits qui règne sur notre continent. Peut-être que l'expédition des Patentes de ce gouvernement en le mettant à même d'aller s'y faire reconnaître et recevoir, parviendra à calmer les esprits ; peut-être, en la retardant, se mettront-ils en tête de n'avoir point de gouverneur ».
Enfin, le 22 août 1792, Gaspard Monge, ministre de la marine depuis le 12 du même mois, fit cesser toute hésitation par la décision qui suit :
« M. du Laurens de Montbrun, absent de Ouessant sans permission, est censé avoir donné sa démission ».
Du Laurens de Montbrun avait épousé en 1778 Marie-Renée-Gilette de Portzmoguer ; elle habitait Saint-Renan lorsqu'elle fut arrêtée comme incivique et femme de l'émigré de Montbrun, en exécution des décrets des 5 et 17 septembre. Son mari avait cependant apporté [Note : Du 4 de ce mois (décembre) à midi, jusqu'à 6 heures du soir. Bulletin de Brest, 1789, t. II, P. 636] une paire de boucles d'argent à la caisse patriotique ouverte chaque jour à l'hôtel de ville, à Brest ; à partir du 28 novembre 1789 [Note : 15,213 l. 13 s. 7 d. recueillis. Levot, Histoire de Brest, t. III, P. 210] suivant décision du conseil général des ville et sénéchaussée de Brest [Note : Bulletin de Brest, 1789, t. II, P. 601. Instructions du ministre à de La Porte Vezins, commandant P. I. en date du 5 octobre 1789. Lettre de ce dernier à Hector, comme titulaire en congé, au château de Lézérassien].
« L'un des membres a observé que les habitants de plusieurs districts de Paris et de différentes villes du royaume, s'étaient empressés d'imiter l'Assemblée nationale [Note : Séance du 20 novembre 1789. — Assemblée nationale. — L'abbé Grégoire, offre, au nom d'un citoyen de Paris, 1,152 l. Introduction d'une députation d'Issoudun... enfin la même ville offre 115 marcs d'argent provenant des boucles, etc... Motion de Dailly, de décréter que tous députés donneraient leurs boucles, Approbation de l'Assemblée. Gazette nationale ou le Moniteur universel du 18 au 20 novembre 1789, P. 376] en faisant don à l'Etat de leurs boucles d'argent. Il a proposé de suivre à l'instant ce généreux exemple de patriotisme…. [Note : MM. les membres du conseil général et permanent des ville et sénéchaussée de Brest ont remis toutes leurs boucles d'argent. Bulletin de Brest, t. II, P. 608]. Il a ensuite été arrêté unanimement qu'aucun n'en porterait de semblables, jusqu'à ce que la consommation des grands et utiles travaux de l'Assemblée nationale n'ait consolidé l'édifice de la félicité générale et n'ait ramené dans le royaume la paix et l'abondance. Fait et arrêté au Conseil les dits jour et an. Signé : Branda, Président, Demontreux, Le Bronsort, Cavellier, Marec, Siviniant, Secrétaires ».
(A. Kerneis).
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