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LE BOIS-DE-LA-ROCHE ET SES SEIGNEURS.

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De la voie ferrée de la Brohinière à Ploërmel on aperçoit, sur la droite, non loin de la gare de Néant, une importante construction féodale dominant le cours de l'Yvel. Ce sont les restes du Château du Boisdelaroche, érigé en bannière en 1451, puis en vicomté en 1510, pour la maison de Montauban, et en Comté en 1607 pour les de Volvire, ses successeurs.

Château du Bois-de-la-Roche en Néant-sur-Yvel (Bretagne).

D'après les lettres patentes d'érection en Comté, de février 1607, enregistrées au parlement de Bretagne le 23 juin 1609, sa juridiction s'étendait aux paroisses et trèves de Néant, Campénéac, Mauron, Guilliers, Tréhorenteuc et Saint-Brieuc-Mauron, avec, droits de soule, quintaine, four à ban, haute justice, avec auditoire, prison, seps, et colliers, fourches patibulaires à quatre piliers, et enfeux prohibitifs et chapelles dans l'église paroissiale de Néant et dans celle des Carmes de Ploërmel.

Deux dessins du XVIIIème siècle, conservés aux archives d'Ille-et-Vilaine, dont l'un a été édité en carte postale par M. Mignot, photographe à Mauron, nous donnent une idée de l'importance de l'ancienne demeure dont un quart à peine subsiste. Elle offrait une vaste cour close entourée à l'est, au nord et à l'ouest de bâtiments et fermée au sud-ouest par une muraille fortifiée. Au fond de la cour intérieure, au nord-est, un bâtiment précédé d'un perron à double escalier soutenu par trois arcades rondes, offrait au premier étage une porte arrondie entre deux fenêtres surmontées d'un fronton à trois ouvertures dominées par un oeil-de-boeuf et des toitures mansardées. Deux grosses tours crénelées encadraient extérieurement ce corps de logis et dominaient une terrasse à bastions commandant le pont sur l'Yvel. Le bâtiment du sud-est, partant de la tour nord-est, renfermait la chapelle et de vastes logements à toitures mansardées et terrasses à pic sur l'Yvel. Le bâtiment sud-ouest, à seize ouvertures de façade, comprenait un corps de logis avec porte fortifiée de deux tours et encadré de bâtiments moins élevés, aussi couverts à la Mansart. La porte fortifiée était défendue, au nord-ouest, par une seconde porte crénelée avec portillon encadré d'échauguettes. Au sud-ouest, un mur arrondi vers l'extérieur, pourvu au centre d'une entrée monumentale flanquée de pavillons, battait de ses feux l'esplanade précédant le château. Un puits monumental occupait le centre de la cour. Des douves sèches séparaient le château du village et de l'esplanade qui l'avoisinaient.

Les Révolutionnaires prirent ombrage d'une aussi imposante demeure, susceptible de tenir lieu de forteresse aux insurgés du pays, et en entreprirent la démolition partielle. Ses propriétaires aménagèrent au XIXème siècle ce qui en était resté.

Château du Bois-de-la-Roche en Néant-sur-Yvel (Bretagne).

Nous chercherons l'origine de cette demeure et ce qu'en furent les seigneurs, dont plusieurs ont laissé une trace brillante dans l'histoire.

Le plus anciennement connu est Guillaume du Breil, époux, dès 1283, de Denise d'Anast, dame du Bois d'Anast, du Boisbasset, de Vauvert et de Launay.

Il en eut Amicie du Breil, épouse, dès 1306, de Renaud de Montauban, chevalier, seigneur du Binio, du Couëdor et du Maz.

Jeanne de Montauban, leur fille, épousa, vers 1335, Geoffroy de la Planche, dit de Saint-Denoual, seigneur de la Planche en Hénanbihen.

Roland de la Planche de Saint-Denoual, leur fils, seigneur du Binio dès 1371, se qualifiait aussi, en 1386, seigneur du Boisdelaroche, du Boisbasset et de Vauvert. Il mourut le 23 mars 1398, père de Marie, fille et unique héritière, mariée vers 1415 à Robert de Montauban.

Ce Robert, chevalier, seigneur de Grenonville en Normandie, du chef de Jeanne de Malesmains, son aïeule paternelle, était fils puîné d'Olivier VI, sire de Montauban, et de Mahaud d'Aubigné. Il eut pour fils Guillaume de Montauban, seigneur du Boisdelaroche et de Binio, époux de Jeanne de Brochereul, fille de Robert de Brochereul, chancelier de Bretagne.

Leur fils, autre Guillaume, seigneur du Boisdelaroche et du Binio, épousa Jeanne de Keradreux, qui fut mère de Philippe de Montauban. Ce Philippe devait donner une nouvelle importance à son fief du Boisdelaroche, dont il reconstruisit le château non loin du précédent. Chancelier de Bretagne, gouverneur de Rennes, baron de Saint-Brice et de Sens, en Bretagne, et de Queneville et Grenonville en Normandie, il fut l'un des plus importants personnages de la cour de la duchesse Anne et ce fut sur son conseil qu'elle prit le sage parti d'épouser le roi de France. C'est en faveur de ce chancelier que fut érigé en vicomté le fief du Boisdelaroche, déjà érigé en bannière pour son père en 1451. Il mourut le 1er juillet 1514 et fut inhumé aux Carmes de Ploërmel où l'on voit encore le beau mausolée supportant sa statue tombale et celle d'Anne du Chastelier, son épouse.

Cette grande dame était veuve en premières noces de Gilles de Rieux, sire de Châteauneuf, et convola en troisièmes noces avec François de Voluire, baron de Ruffec en Angoumois.

Son troisième mari appartenait à une importante maison féodale, originaire de Velluire en Bas-Poitou, dont le nom devait s'orthographier par la suite de Vellure ou de Voluire ou Volluire, en Poitou et en Angoumois, et de Volvire en Bretagne. M. Eygun, dans son étude de la sigillographie poitevine, a rapporté plusieurs de ses sceaux dont le magnifique type équestre de Maurice de Voluire, seigneur de Chaillé en 1267.

Dès le XIVème siècle les de Voluire étaient possessionnés en Bretagne par le mariage d'Hervé, seigneur de Nieuil-sur-Autize, en Bas-Poitou, avec Eustache de Blain, dite de Pontchâteau, dame de Fresnay, au Comté Nantais, et de Rocheservière sur les marches poitevines.

Leur petit-fils, seigneur de Nieuil-sur-Autize, Péan, Châteauneuf-en-Gâtine, Chassenon et Rocheservière, en Poitou, de Fresnay, la Roche-Hervé, Bertais et Tentenio en Bretagne, contracta une riche alliance, en 1356, en épousant Aliénor dame baronne de Ruffec en Angoumois, mais dut abandonner le blason : d'or à la fasce fuselée de gueules de ses ancêtres pour adopter, en vertu de son contrat de mariage, le burelé d'or et de gueules de la maison de Ruffec.

Hauts barons, les de Voluire de Ruffec contractèrent de brillantes alliances et occupèrent en France et en Bretagne des charges de Cour importantes : deux chambellans du duc de Bretagne Jean IV, un chambellan du roi Louis XI et de Charles de France duc de Guyenne, et grand veneur des fiefs du duc de Bretagne en Poitou, un chambellan des rois Louis XII et François Ier, marié en premières noces à Jeanne, princesse légitimée de Guyenne, en secondes à Jeanne de la Rochefoucauld de Melleran, en troisièmes à Françoise d'Amboise, cousine du roi, veuve de Grisegonelle Frotier, baron de Preuilly et du Blanc, et en quatrièmes noces à Anne du Chastelier, veuve du chancelier de Bretagne Philippe de Montauban, vicomte du Boisdelaroche.

René de Voluire, baron de Ruffec et de Fresnay, son fils, avait épousé, en 1516, Catherine de Montauban, héritière du Boisdelaroche, fille du second mariage d'Anne du Chastellier, et se remaria ensuite à Perronne de Salignac, dame de Magnac en Limousin.

Il avait eu de Catherine de Montauban Philippe de Voluire, l'un des personnages les plus considérables de son temps.

Né en 1524, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi et capitaine de cent hommes d'armes de ses ordonnances, il fut blessé à Saint-Quentin, en 1557, à Jarnac et à Moncontour en 1563. Conseiller privé du roi en 1567, défenseur victorieux de la ville de Poitiers contre l'armée protestante de Coligny en 1569, ambassadeur en Allemagne en 1570, lieutenant général en Bretagne le 15 janvier 1571, il fut reçu chevalier du Saint-Esprit le 31 décembre 1582. En 1583 il était gouverneur de Guyenne, fut titré marquis de Ruffec en 1584 et nommé, la même année, lieutenant général en Angoumois, Saintonge, Aunis et à la Rochelle. Désigné, en 1585, pour être maréchal de France, il fut assassiné par les protestants, à Paris, le 6 janvier 1586, avant d'en avoir reçu le titre. Son corps fut solennellement inhumé, en février suivant, dans la cathédrale d'Angoulême, à la demande des habitants de cette ville qu'il avait défendue contre les protestants. Son corps, revêtu du costume des franciscains, y fut retrouvé intact en 1865 et réinhumé, le 26 mars, en présence de sa dernière descendante du nom de Voluire, la comtesse de la Messelière. Il avait épousé, le 2 mai 1558, Anne de Daillon du Lude, alliée à la maison royale de France, laquelle vécut, veuve, au Bois-de-la-Roche. Ce château, pris par les Ligueurs des sires de Lannion et de Camors, en février 1592, subit de grands dommages : incendie du parc et destruction des archives. Le baron de Camors occupa cette place forte jusqu'en 1598. Anne de Daillon y était revenue dès 1608 et y testa le 28 juin 1618, demandant à être enterrée aux Carmes de Ploërmel, dans la chapelle et enfeu des seigneurs du Boisdelaroche, ordonnant de mettre son coeur dans le même vase de plomb où elle avait toujours soigneusement conservé celui de son mari et de les porter dans l'église collégiale de Saint-André de Ruffec, où elle fonda une messe basse par semaine. Elle décéda peu après, ses entrailles furent déposées dans la chapelle du château de Saint-Brice-en-Coglez et son corps porté à Ploërmel. Le convoi fut assisté de ses enfants, de tous les gentilshommes voisins et d'un grand concours de peuple. Mgr. Guillaume Le Gouverneur, évêque de Saint-Malo, fit la cérémonie des funérailles et prononça l'oraison funèbre. Le comte du Boisdelaroche et le baron de Saint-Brice, enfants de la défunte, avaient fait faire des ornements de velours noir : chasubles, dalmatiques, chapes, parements d'autel et drap mortuaire qu'ils laissèrent aux religieux Carmes. Le corps fut déposé dans l'enfeu du Boisdelaroche, près de celui de Philippe de Montauban et autres seigneurs de cette maison.

Bois-de-la-Roche en Néant-sur-Yvel (Bretagne).

Philippe de Voluire et Anne de Daillon avaient eu entre autres enfants :

1° Philippe, marquis de Ruffec, capitaine de cinquante hommes d'armes des ordonnances du roi, mort le 19 août 1604 des suites d'un duel où il avait tué son adversaire. Il avait épousé Aymerie de Rochechouart-Mortemart, fondatrice, en 1638, du couvent des bénédictines de Civray. Le marquisat de Ruffec fut érigé en duché pour un de Rouvroy de Saint-Simon, leur descendant ;

2° Henri, comte du Boisdelaroche, qui suivra ;

3° Jean, d'abord tonsuré, pourvu en commende des abbayes de la Couronne et du Mas-d'Azil, bénéfices qu'il résigna pour épouser, en 1603, Marie de Lesmerie, dame de Saint-Vincent en Angoumois. Leur postérité forma les branches de Brassac, de Saint-Vincent et de Fontboué, en Angoumois et en Poitou, éteintes en la personne de Louise-Clémence de Voluire de Brassac, comtesse de la Messelière, dernière du nom de Voluire en 1845, décédée à Poitiers le 9 novembre 1872 ;

4° Jacques, baron de Saint-Brice et de Sens, époux de Jeanne d'Erbrée, dont la postérité masculine s'éteignit dès 1674.

Henri de Voluire ou de Volvire, né vers 1571, fut nommé par le roi Henri III et la duchesse de Savoie et obtint érection en comté de sa vicomté du Bois de la Roche par lettres royales de février 1607. Il présida, en 1616, les Etats de Bretagne assemblés à Ploërmel, était conseiller d'Etat et privé et capitaine de cinquante hommes d'armes des ordonnances du roi en 1618, maréchal de camp le 20 septembre 1627, et fut nominé, le 8 novembre de la même année, lieutenant du roi en Bretagne. En 1630 il était chevalier de Saint-Michel et nommé chevalier du Saint-Esprit, mais il ne fut pas reçu, ayant été enveloppé dans la disgrâce de M. de Marillac, et se retira dans ses terres de Bretagne. Il mourut au Bois de la Roche le 8 octobre 1645, son corps fut embaumé et exposé pendant huit jours dans la chapelle du château, où un service fut célébré tous les jours, à tour de rôle, par les recteurs et prêtres des paroisses voisines. Le lundi 16 le corps fut mis en un carrosse tiré par six chevaux, avec carrossier et postillon, et conduit à Ploërmel au milieu d'une grande affluence de prêtres et de peuple de tout rang. Reçu par les Carmes et tout le clergé de Ploërmel, il entra dans la ville par la porte de Haut et en sortit par celle de la Petite-Ville pour être mené à la chapelle ardente préparée dans le choeur de l'église des Carmes et toute tendue et illuminée et chargée d'écussons. Là eut lieu nn nouveau service suivi d'une oraison funèbre et de l'inhumation dans le tombeau et chapelle du Bois de la Roche situés à main droite dans ladite église des Carmes. Son oraison funèbre fut prononcée le même jour par le Révérend Père Basile de Saint-Jean et dédiée, l'année suivante, à sa veuve, Hélène de Talhouët de Kerservant, héritière du Dréors en Priziac, morte à l'Abbaye-aux-Bois, à Paris, en juillet 1663.

Charles de Volvire de Ruffec, leur fils aîné, fut comte du Bois de la Roche, vicomte de Loyat, seigneur du Rox, de Bédée, Binio, Châteautro, Saint-Guisnel, le Dréors, Pontsal et Kerguelen. Devenu chef de nom et d'armes de sa maison, par l'extinction de la branche de Ruffec, eu 1671, il vécut en Bretagne et mourut au Bois de la Roche ; il fut inhumé aux Carmes de Ploërmel le 27 février 1692. Eloigné de la Cour par la disgrâce de son père, il avait épousé, à Loc-Malo, le 22 septembre 1652, Anne de Cadillac de Ménauray, de noblesse modeste, mais leur fille aînée, Anne-Toussainte, née, le 1er novembre 1653, et décédée au Bois de la Roche, le 20 février 1694, mourut en odeur de sainteté et est encore si vénérée dans le pays sous le vocable de « la Sainte de Néant » qu'elle aurait suffi à illustrer le nom de sa maison.

Elle fut nommée par deux pauvres et offerte dès sa naissance à Dieu, comme premier enfant, suivant un antique usage de l'évêché de Saint-Malo. Elle fit sa première communion à Néant, le 24 mai 1664, et entra comme pensionnaire, en octobre suivant, aux Ursulines de Ploërmel, où elle reçut le sacrement de Confirmation et resta jusqu'en 1667. En 1670 elle fut à Paris où ses parents firent faire son portrait encore conservé, vers 1900, chez une paysanne du village du Bois de la Roche à laquelle il avait été donné en gage. A l'automne de la même année, au cours d'une partie de chasse, son cheval emballé la précipita dans un ravin sur les bords de l'Yvel. Retenue par les branches d'un arbre, elle fut si frappée de cet accident que, renonçant au monde, elle résolut de consacrer sa vie au service de Dieu. Après avoir vaincu les résistances de son père, qui, voulant la marier, s'opposait à cette vocation, elle fit une retraite à l'hospice de Ploërmel dont elle devint procuratrice. Elle continua ses études à la Visitation du Colombier, à Rennes, puis, en 1672 et 1673, à l'hôpital Saint-Yves de cette ville, où elle apprit la médecine. Revenue au Bois de la Roche, elle y fonda un hôpital en 1673 et une école pour les petites filles en 1674. En 1690 elle conduisit ses neveux au collège Louis-le-Grand, à Paris, eut une audience du roi Louis XIV et rendit visite au Révérend Père Victor, carme, frère de son père. Elle testa le 10 février 1694, léguant cinquante livres de rente à l'hôpital de Saint-Brieuc et un revenu de deux cents livres à celui de Ploërmel. Elle mourut en odeur de sainteté le 20 du même mois et ses funérailles furent célébrées le lendemain à Néant, au milieu d'une grande affluence.

Le cortège étant arrivé à l'entrée nord du bourg, les pauvres qui portaient le cercueil l'ayant déposé à terre pour se reposer, il jaillit au même endroit une source miraculeuse toujours vénérée. Selon sa volonté, elle fut inhumée au bas de la nef de l'église, en haut des fonts baptismaux, du côté vers minuit où est la piscine. Sa mère voulut reposer près d'elle après sa mort, en 1713.

Les nombreuses faveurs obtenues par son intercession attirèrent, à son tombeau des foules de pèlerins. Les évêques de Saint-Malo autorisèrent, dès la fin du XVIIème siècle, le clergé de Néant à entourer sa sépulture d'une grille et à la recouvrir d'un dais de dix pieds auquel a été substitué, au XIXème siècle, un monument de marbre blanc orné d'un médaillon à son effigie. Avant 1789 on avait enregistré quatre-vint-un miracles, obtenus par son intercession, sur les registres de la paroisse ; après 1802 les évêques de Vannes firent interdire ces enregistrements. La fontaine du chemin fut entourée de granit et tous les ans, au 15 août, depuis 1846, la procession s'arrête à cette fontaine. Un portrait à l'huile de « la Sainte de Néant », est conservé dans la sacristie. Après avoir prié à son tombeau et bu à la fontaine, les pèlerins se rendent à la chapelle de Kernéant où elle réussit à vaincre, en 1671, l'opposition de son père à sa vocation pieuse.

On l'invoque aussi pour guérir de la peur.

Joseph, marquis de Volvire, comte du Bois de la Roche, l'aîné des frères d'Anne-Toussainte, fut nommé à Néant, le 16 octobre 1654, par vénérable et discret Pierre Anezo, prêtre, âgé de cent-quatorze ans ; il fut inhumé aux Carmes de Ploërmel le 10 février 1715. Il eut de Magdeleine-Eisabeth de Baud de Saint-Frique, entre autres fils :

Joseph, marquis de Volvire de Ruffec, comte du Boisdelaroche, vicomte de la Gabetière, nommé à Néant, par deux paysans, le 10 mai 1681. Premier capitaine sous-lieutenant des gendarmes de la Garde du Roi, il eut l'honneur de commander toute la Maison du Roi au camp de Carency. Grièvement blessé à Malplaquet, le 11 septembre 1709, brigadier général des Armées du Roi dès 1711, maréchal de camp le 1er février 1719, gouverneur de Ploërmel et lieutenant général aux quatre évêchés de Rennes, Vannes, Dol et Saint-Malo, et au Comté Nantais dès 1730, il mourut au Bois de la Roche en juin 1731. Son coeur et ses entrailles furent inhumés dans l'église de Néant et son corps porté aux Carmes de Ploërmel le 21 du même mois. Il avait épousé, au château de Callac, en Plumelec, le 29 janvier 1711, très haute et puissante demoiselle Marie-Anne-Josèphe du Guémadeuc, qui mourut veuve, au couvent de la Trinité de Rennes, le 29 janvier 1755, ayant survécu à ses deux fils.

Le dernier de ceux-ci, Ingelelme-Joseph, avait ressuscité le prénom d'un prétendu Ingelelme vicomte de Voluire en 1032, présumé fils de Raoul vicomte de Thouars en 1005 et 1010, mais dont l'existence historique serait difficile à établir, bien que les sires de Voluire figurent avec les vicomtes de Thouars, leurs suzerains, dans les chartes poitevines dès 1149. Né en 1718, il mourut sans alliance dès 1747, colonel du régiment Dauphin-dragons, ayant porté les titres de marquis de Volvire et comte du Boisdelaroche pendant seize ans.

Ces titres furent relevés par Philippe-Auguste de Voluire, frère cadet de son père, né en 1683 et déjà marquis du Châtelet. Colonel d'infanterie, celui-ei servit pendant dix ans comme guidon des gendarmes de la Garde du Roi et fut nommé brigadier des armées du Roi et lieutenant de Sa Majesté en Haute-Bretagne, après son frère, en 1731. Il mourut, lui aussi, sans postérité, au Bois-de-la-Roche, et fut inhumé, le 25 juin 1751, dans l'église de Néant. Il avait épousé en premières noces Madeleine-Pauline de Gaudemil, morte en couches vers 1720, et en second mariage, le 2 décembre 1732, Marie-Henriette-Rébecca Le Mallier de Chassonville, morte religieuse bénédictine à Josselin et auteur d'une « relation de la Vie et des Miracles d'Anne-Toussainte de Volvire, dite la Sainte de Néant », tante de son mari.

Celle-ci avait pour soeur cadette Agathe-Blanche de Volvire, mariée, dans la chapelle du Bois-de-la-Roche, le 10 février 1691, à messire Sébastien de L'Olivier, seigneur de Lochrist, en Trébrivan, et comte de Saint-Maur, en Mernel, capitaine au régiment Royal-Cravate-Cavalerie, tué à Spire en 1703. Leur troisième fils avait épousé en premières noces, le 23 septembre 1723, Marguerite-Thérèse de Voluire, dame d'Aunac, en Angoumois, issue d'un cousin germain de René baron de Ruffec, époux de Catherine de Montauban ; et en secondes noces, en 1729, Louise-Françoise de Sanzay du Plessis-Peillac.

Ce fut la fille unique de Marguerite-Thérèse de Voluire, Marie-Philippe de L'Olivier de Saint-Maur, qui hérita des grands biens du seigneur du Bois-de-la-Roche. Née en 1725, elle périt sur l'échafaud révolutionnaire, à Paris, le 20 juin 1794, épouse de René-Célestin-Bertrand marquis de Saint-Pern et de la Hardouinaye, vicomte de Merdrignac, baron de Saint-Jouan-de-l'Isle, comte de Couëllan et, par sa femme, du Bois-de-la-Roche et d'Aunac.

Ils avaient eu douze enfants, ce fut la plus jeune de leurs filles : Anne-Félicité de Saint-Pern, née au château de Couëllan, en Guitté, le 19 juin 1764, qui eut en partage le Bois-de-la-Roche, où elle mourut le 14 février 1856. Elle avait épousé, à Guitté, le 25 janvier 1785, Adrien-Dominique Magon de la Balue, mort à Dinan le 28 avril 1819.

Adrien-Désiré-Jean-Baptiste Magon de la Balue, leur fils aîné, fut receveur des finances et mourut au Bois-de-la-Roche le 12 mai 1862. Anne-Marie Magon du Bos, sa veuve, se retira à Boulogne-sur-Seine, après la vente du Bois-de-la-Roche, et mourut en cette ville le 27 février 1889.

Leur fils Adrien-Jules-Marie Magon de la Balue, né au Bois-de-la-Roche, le 23 août 1835, avait dû vendre cette terre de famille peu après 1880 et mourut, lui aussi, à Boulogne-sur-Seine, le 10 décembre 1888.

Le château fut acquis par la famille Bossart qui le possède encore en 1943.

De l'antique forteresse, reconstruite par Philippe de Montauban à quelque distance d'un plus ancien château, il reste un grand corps de logis avec pavillons couverts en carène, de treize fenêtres de façade, flanqué de grosses tours cylindriques à machicoulis et chemins de ronde au nord-ouest et au sud-ouest, grande et belle demeure encore, mais de dimensions bien réduites à côté du château démantelé sous la Terreur. Une église tréviale, bâtie dans le village voisin, a remplacé la vaste chapelle castrale ; les pavillons de l'hémicycle fermant la cour sur l'esplanade ont été reportés à l'entrée de la propriété, sur le chemin du village, quatre des tours et les douves ont disparu, ainsi que la poterne avancée de l'ouest. Mais le site formidable demeure, à pic au-dessus de l'Yvel, la chapelle de Kernéant se voit encore à l'orée de l'ancien parc, les armes de Montauban décorent toujours la croix du cimetière de Néant et le souvenir d'Anne-Toussainte est très vif dans la contrée que, de son vivant et après sa mort, elle a comblé de ses bienfaits. Un de ses dévots, le Frère Turpin, de l'Institut de Ploërmel, réfugié à Josselin après les Lois Scélérates, consacra ses derniers travaux à une réédition plus complète de la Vie et des Miracles de la Sainte de Néant, écrite au XVIIIème siècle par la marquise de Volvire.

Cet épisode devait tenter les poètes. Un provençal, neveu de la comtesse de la Messelière, le baron de Meyronnet-Saint-Marc, ayant entendu conter l'histoire par elle, sa muse s'en inspira. Dans les légendes de Bretagne, Calman Lévy édita en 1879 cette improvisation qui contient, quelques anachronismes ; comme la mort anticipée de la mère de la sainte qui lui survécut dix-neuf ans, mais c'est une licence poétique en marge de l'histoire que les notes précédentes ont suivi de plus près.

Nous vous transmettrons telle quelle la poésie de La Fontaine de la Sainte, recueillie dans nos notes de famille et dédiée à ma grand'mère /

I
Dans ce noble pays où chaque pas rappelle
Tant de fameux combats et d'illustres aïeux,
En Bretagne, en un mot, auprès d'une chapelle,
Un vieux manoir dressait ses murs audacieux.


Le seigneur de Volvire habitait ce domaine
Avec sa fille, objet de son unique amour,
Depuis qu'un sort cruel ravit la châtelaine
Morte, bien jeune encore, en lui donnant le jour.


Anne, c'était son nom, ah ! comme elle était belle !
Aussi de toutes parts accouraient les seigneurs
Subjugués par l'éclat de sa noire prunelle
Dont le regard si doux attirait tous les cœurs.


II
La trompe annonce au loin que la chasse commence,
La charmante amazone en donne le signal,
Sur un fier palefroi sa taille se balance,
Les chasseurs sur ses pas s'élancent à cheval.


La foule des seigneurs autour d'elle s'empresse
Et par ses soins chacun espère l'emporter,
Un seul, marchant plus loin, en proie à la tristesse,
De ses brillants rivaux a semblé s'écarter.


Ah ! qu'ils s'aimaient tous deux, mais leurs cœurs, vierges encore,
Ignoraient la douceur des mutuels aveux,
Ils sentaient, sans connaître, une ardeur qui dévore...
D'où jaillira l'éclair qui trahira ces feux ?


III
Cependant. l'hallali dans la forêt résonne,
On court, on vole au but, franchissant les fossés,
Rien ne peut arrêter l'intrépide Bretonne
Qui parvient au galop près des chiens repoussés.


Un sanglier, sous bois, au vautrait faisait tête ;
En voyant près de lui l'amazone sans peur,
Il dédaigne les chiens, se recule et s'apprête
A renverser d'un bond ce nouvel agresseur.


Le cheval, effrayé, se retourne et s'élance,
Dans la sombre forêt il va précipiter
Un galop dont la peur double la violence,
Méconnaissant le mors qui voudrait l'arrêter.


Les chasseurs, alarmés, ont volé sur sa trace...
Que feront-ils ? L'abîme est bientôt sous leurs pas
Et plus rapide encore est son cheval de race,
Il bondit vers un gouffre, ils n'arriveront pas !


Et tout a disparu ! Des bords du précipice
On approche en tremblant ; de ce trou noir, affreux,
Des arbustes touffus recouvrent l'orifice
Et la paroi rugueuse impénétrable aux yeux.


Nul n'aurait jamais cru que l'on y pût descendre,
Mais celui qu'elle aimait, bravant tous les dangers,
Aux branches du tombeau s'apprête à se suspendre
Pour le vaincre avec elle ou pour le partager.


L'amour lui donnera la force, l'Espérance
Est la fille du Ciel et son coeur a la foi.
Il prie et disparaît... Un lugubre silence
L'entoure et le saisit d'un indicible effroi...


IV
Il reparaît bientôt avec sa fiancée
Au milieu de longs cris de joie et de bonheur.
Son père avec transport dans ses bras l'a pressée.
« Ma fille, lui dit-il, interroge ton coeur,
De ton fier chevalier couronne la tendresse,
Donne-lui cette main qu'il sut bien mériter »
.
« Il n'est plus temps, mon père, un autre a ma promesse
Et mes voeux au Seigneur seul doivent se porter.
Ah ! Je l'aimais, pourtant, et mon cœur l'aime encore,
Mais, s'il sauvait mes jours, j'ai juré qu'au Seigneur
Je me consacrerais, maintenant je l'implore
Pour que son amour seul puisse remplir mon coeur,
Je n'attendrai qu'aux Cieux ma future couronne,
Et toi, mon chevalier, prends ce cher souvenir,
C'est une Croix qu'enfant je portais, et pardonne,
Le Ciel, j'espère, un jour, pourra nous réunir »
.


V
Elle dut s'enfermer, comme en un monastère,
Dans un château désert aux donjons vermoulus,
Après plus de vingt ans d'une retraite austère
Le Très-Haut l'appelait au séjour des élus.


Mais, s'il avait permis qu'elle voilât sa vie,
Dieu voulut qu'à sa mort un prodige nouveau
Fit connaître à chacun cette âme au Ciel ravie,
Dont on portait le corps dans un sombre caveau.


Comme on était encor loin du champ mortuaire,
Le convoi fatigué s'arrêta. Les porteurs
Avaient, mêlé leurs voix à l'hymne funéraire,
Une morne tristesse envahissait les coeurs.


Une source jaillit tout à coup dans l'enceinte
Où le pieux cortège avait posé le corps,
On l'appela depuis : Fontaîne de la Sainte ;
On se rend de bien loin pour prier sur ses bords.

VI
Le soir du même jour où la sainte était morte,
Un pauvre pèlerin, brisé par la douleur,
En un couvent voisin vint frapper à la porte ;
Il portait sur ses traits l'empreinte du malheur.


Il prononça ses voeux dans l'antique chapelle
Et son âme vers Dieu bientôt prit son essor.
Quand on ensevelit sa dépouille mortelle
Ses deux mains sur son coeur pressaient une croix d'or.

(Vte. Frotier de la Messelière).

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