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PAROISSE SAINT-SIMILIEN (à Nantes)

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L'ancien Clocher et les anciennes Cloches de l'église Saint-Similien  

 

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LE CLOCHER

« Si l'église paroissiale a son histoire et est, comme le dit avec tant de vérité M. Stéphane de la Nicollière, dans l'une de ses notices historique et archéologique, remplie de charmes et de souvenirs pour tous les habitants de son territoire », le clocher, annexé au temple, faisant corps avec lui, et qui constitue l'un de ses traits caractéristiques, n'a-t-il pas aussi son passé ?  

Le vieux clocher de Saint-Similien, qui ne semblait remarquable que par sa bizarre construction, à peu près unique en son genre, et qui a vu passer bien des générations, ne mérite-t-il point un petit mot d'adieu au moment où la pioche du démolisseur en fait disparaître les derniers vestiges aux regards des paroissiens de Saint-Similien, heureux de ne pas voir tomber dans l'oubli le vieux clocher de leurs pères ?  

« Lorsqu'aux siècles passés, le voyageur arrivait à Nantes, soit par la ligne des Ponts, soit par la route de Paris ou celle de Bretagne, la masse grandiose de la Cathédrale, dominant les remparts crénelés, les toits aigus qui se pressaient à l'entour du temple, attirait ses regards. Monument de la libéralité des ducs et des habitants, elle atteste encore au loin leur piété et leur foi profonde. A côté de l'église majeure, " majoris ecelesiae ", s'élevait au-dessus de ces hautes tours, une flèche légère, svelte, élancée, qui, elle aussi, venait témoigner du zèle et de l'amour particulier des Nantais et de leurs souverains pour la Mère du Sauveur » (Note : Eglise royale et collégiale de Notre-Dame de Nantes, par S. de la Nicollière. Nantes était fière de sa royale collégiale de N.-D., et la plaçait au premier rang de ses beautés architecturale).

En dehors de ces deux églises, Nantes, ainsi que nous le lisons dans une notice, ne possédait point de beautès ès églises. Telle était à cette époque, l'aspect d'architecture religieuse qu'offrait la grande cité catholique, la Venise des Bretons, comme l'ont souvent appelée les poètes. 

Le clocher de Saint-Similien qui s'élevait sur les hauteurs du Martray, au milieu de la ville neuve du Marchix et des tanneries du Bourgneuf, dominait les maisons étagées aux flancs de la colline, et le batelier qui descendait la rivière de Barbin, chantant en un mouvement lent et cadencé, sa barcarolle armoricaine au caractère naïf, ne manquait jamais d'adresser un salut au vieux clocher de Saint-Similien. 

Le clocher surélevé de 1 m. 20 du niveau de la rue, avait une hauteur totale de 32 m. 43 qui se composait de : - 1° Une tour carrée soutenue par des contreforts ; elle avait une superficie de 30 mètres carrés et une hauteur de 17 m. 30. - 2° Un beffroi d'une hauteur de 3 m. 60. - 3° Un pavillon d'une hauteur de 6 m. 05. - 4° Une flèche d'une hauteur de 3 m. 48 que surmontaient une boule et une croix d'une hauteur de 2 m. - La hauteur totale était donc ainsi de 32 m. 43.

On accédait à la tour par plusieurs portes ; l'une d'elles était ogivale avec gorge et portait le cachet de la fin du XIIIème siècle ; l'encadrement de ces portes était en grison, les socles dataient de la même époque, seulement, le couronnement de deux portes paraissait avoir subi une transformation de l'ogive à l'anse de panier, ce qui leur donnait l'époque du XVème siècle ; au-dessus de l'une de ces portes, on voyait une fenêtre également ogivale. Six fenêtres ogivales de l'époque du XIIIème siècle éclairaient la tour à laquelle on montait par un escalier de quatre-vingt-dix-sept marches. A l'intérieur, on remarquait quatre nervures de voûte bien conservées et du XVème siècle. L'une des ogives était remplie par un appareil de moellons de pierres schisteuses, parfaitement ordonnées et qui attirait l'attention du visiteur. En somme, ce clocher dont on peut sans crainte faire remonter la construction à la fin du XIIIème siècle, a subi jusque vers ces derniers temps, de nombreuses modifications. 

Durant les siècles qu'il a traversés, le clocher de Saint-Similien, qui, par lui-même, n'était pas d'une hauteur prodigieuse, devenait, par sa situation, sur le coteau du Martray, l'un des plus exposés aux ouragans et aux tempêtes, qu'il essuya cent fois et auxquels, inébranlable, il résista victorieusement. Ainsi, la Revue des provinces de l'Ouest, tome IV, page 527, nous décrit en ces termes l'épouvantable ouragan de 1655 : « Le mercredy, 22 décembre 1655, environ les quatre à cinq heures du soir, il fist du tonnerre si espouvantable que l'on ne voyait qu'esclairs de tous côtés et particulièrement dans la soulaire qui semblait tout en feu, et avec un vent si impétueux et soufflant avec telle furie qu'il semblait que tout devait tomber et de fait, arracha grand nombre de gros arbres qui semblaient si forts en leurs racines qu'on eust jugé tout à fait une chose impossible qu'ils peussent estre renversés par la force des vents. Il prit une femme au Dosgarins (Note : Aujourd'hui, domaine du Douet Garnier), proche la chapelle de Miséricorde, paroisse de Saint-Sembin (Similien), la porta par dessus une perrière pleine d'eau, qui a bien cent pieds de large, laquelle se voyant en ce péril, eut recours au signe de la croix, ce qu'ayant fait, elle se trouva délivrée de ce danger ». Le clocher de Saint-Similien, voisin de la chapelle, résista sans fléchir à la tourmente.

A la page suivante de la dite Revue, on lit encore : « Le vendredy, après la feste de Toussaint, 3 novembre 1656, il fist un vent si furieux, sans tonnerre, que jamais homme vivant n'en a veu de plus grand, et qui fist un dommage inestimable tant sur la terre que sur les eaux. Il jeta à bas la croix avec la girouette qui estait sur le clocher de Notre-Dame de Nantes, brisa une vitre de l'église Saint-Nicolas et fist pencher le clocher de la dite église, emporta beaucoup de la couverture de l'hospital neuf, et il n'y a eu quasi aucun logis qui n'ait esté grandement incommodé dans sa couverture. Le clocher de l'église paroissiale de Saint-Hilaire-de-Riez, le plus beau de tout ce pays-là, fut jeté par terre, tout au ras de la tour de pierre qui le supportait. Cent soixante-huit navires furent trouvés à la côte deux ou trois jours après, grand nombre furent portés par l'eau et le vent sur la terre et bien avant. Enfin on ne peut dire le dommage que fist ce vent sur la terre et sur mer. Dieu, par sa saincte grâce, nous veuille préserver, s'il lui plaît, de tels orages. Ainsi soit-il ! »

D'autre part, M. de la Nicollière nous dit dans son Eglise royale et collégiale de Notre-Dame de Nantes, à la page 144 : « que le 8 août 1601, entre 7 et 8 heures du matin, le tonnerre, après avoir grondé pendant plus d'une heure sur la ville, tomba sur la collégiale, le long de la flèche du chœur, l'ouvrant de haut en bas. La foudre frappa également le monastère des Saintes-Claires. L'orage s'abattit encore sur la chapelle de Miséricorde où il brisa toutes les images d'icelle, excepté celle de la Vierge, qui demeura dans son entier ; puis s'élevant par le clocher de ladite chapelle, il en abattit le coupeau et la cloche » (Note : Voir également le Dictionnaire de Bretagne, par Ogée, tome III, page 230, imprimé en 1779). L'orage avait passé sur le clocher de Saint-Similien et l'avait épargné. 

Enfin, en 1706, nous dit Travers, dans le complément inédit de son Histoire de Nantes (1693-1717) « un ouragan terrible enleva un faiteau de plomb de la couverture de l'église cathédrale ; détaché et soutenu par le vent, on le vit voler en l'air comme un oiseau et aller, après avoir traversé la Motte Saint-Pierre, tomber à la porte de l'église de l'Oratoire ».

On pourrait encore citer de nombreux et semblables exemples, et nulle part, dans l'histoire de la région, on ne trouve trace que le clocher de Saint-Similien ait subi le moindre dommage.

Cependant l'orage ne respecta pas ce vieillard sur ses vieux jours. Le 15 juin 1885, la foudre s'abattit sur le clocher, mais n'occasionna que quelques dégâts d'ardoises. Le dommage fut insignifiant. On était aux premières vêpres de la fête de Saint Similien, et le saint patron avait encore gardé son vieux clocher.

Comme on vient de le voir, le clocher de Saint-Similien, ferme comme un roc, n'a jamais fléchi ; cependant, nombreux et terribles ont été les assauts qu'il a eu à subir, et qui viennent attester sa solidité à toute épreuve, ainsi que l'ont reconnu et proclamé, du reste, les ouvriers charpentiers qui étaient chargés de sa démolition.

Une petite aventure. — C'était le 10 avril 1814, jour de la belle fête de Pâques. Le vénérable M. Paty, curé de Saint-Similien, avait fait fermer son église, la veille au soir, de très bonne heure, et lui-même avait aussitôt gagné son presbytère de la rue Le Nôtre, pour n'en plus sortir que le lendemain, car toute la journée « des bruits sinistres s'étaient répandus, la fermentation des esprits était grande, l'inquiétude augmentait par les bruits qui se propageaient ; les craintes étaient telles que plusieurs boutiques de bijouterie étaient fermées ; la consternation était sur tous les visages, les conversations n'avaient pour objet que la triste situation de la patrie envahie sur tous les points ; enfin, tout le monde craignait l'anarchie » (Note : Commune et Milice de Nantes, par Mellinet, tome 12, pages 242 et 243).

Dès le matin de ce grand jour, 10 avril, au moment où six heures sonnaient au vieux beffroi du Bouffay, le bon recteur, qui partageait la crainte de ses concitoyens, se rendait à son église ; arrivé sur la place, il porte ses regards, suivant son habitude, sur la girouette du clocher, pour interroger le temps que faisait présager, pour la journée, la direction des vents ; tout à coup, il s'arrête, stupéfait ; un superbe drapeau fleurdelisé flottait au sommet de la flèche, caressant doucement le coq qui, dès l'aube, avait chanté l'alleluia de la Résurrection. M. Paty était un homme d'une extrême prudence et d'une très grande réserve pour tout ce qui touchait aux choses de la politique, aussi s'explique-t-on facilement le vif mécontentement qu'il manifesta tout d'abord, d'autant que les événements qui avaient amené l'abdication de l'empereur Napoléon et la venue du roi Louis XVIII lui étaient encore inconnus. Mais son déplaisir fut de courte durée ; tout s'expliqua bien vite. Un malicieux était venu chercher le pauvre sacristain, au milieu de son sommeil, et tous les deux, de concert, étaient montés au clocher, au point du jour, pour y placer le nouvel emblème de la nation, voulant ainsi faire un bon tour à leur recteur dont ils connaissaient la disposition d'esprit.

Durant toute la journée, le peuple, et tous les citoyens « se livrèrent à des transports d'allégresse, dit encore Mellinet, heureux de voir le rétablissement de la paix et du bonheur de la patrie », et le soir, les habitants de Saint-Similien préparèrent un feu de joie qui fut allumé par le curé qu'on alla chercher dans son presbytère.

1830 arriva, et le drapeau blanc fit place au drapeau tricolore. A ce moment, un drapeau peint sur tôle, comme le comportait l'époque, fut fixé au beffroi où il resta douze à quinze ans, lorsqu'un matin, on le trouva gisant sur le sol ; un violent ouragan l'avait renversé durant la nuit.

Pour la dernière fois, le 24 août 1877, le vieux clocher de Saint-Similien était magnifiquement paré ; d'élégantes oriflammes brodées aux armes de l'église et d'un prélat flottaient au vent, du beffroi au sommet de la flèche. Que se passait-il donc d'extraordinaire à la vieille église du Martray ? On célébrait le sacre d'un évêque,

Un sacre épiscopal était chose nouvelle,

Pour l'humble bâtiment, chose bien solennelle. 

(Tiré d'une poésie adressée à Mgr. Laborde, le jour de son Sacre, par M. l'abbé F. Galland).

L'ancien curé de Saint-Similien, devenu évêque de Blois, toujours si cher au coeur de ses anciens paroissiens, dont il avait su gagner l'affection par l'aménité de son caractère et le zèle apostolique, avait choisi son église préférée pour la célébration de son Sacre. Le digne prélat avait voulu aussi placer son entrée dans l'épiscopat sous la protection de Notre-Dame-de-Miséricorde, dont il avait, du reste, placé l'image bénie au centre de ses armes.

 

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LES CLOCHES

Puisque nous avons parlé du clocher de Saint-Similien, nécessairement nous devons parler des cloches, car la cloche, ainsi que le disait si bien le R. P. Maumus dans un discours qu'il prononçait, le 24 octobre 1882, à l'occasion de la bénédiction des cloches de la Basilique de Saint-Nicolas, est la voix du temple, qui ne parle que sur les hauteurs, pour nous rappeler que souvent l'homme doit élever ses regards vers le Ciel. Mais nous nous arrêterons là, laissant à d'autres plus compétents que nous, le soin de donner du vieil édifice religieux en entier une description complète au point de vue historique et archéologique.

Au commencement de la Révolution, le clocher de Saint-Similien possédait quatre cloches ; trois de ces cloches furent baptisées en 1754.

La première avait été refondue en 1705. M. Julien Gendron, alors recteur de Saint-Similien, qui mourut le 21 décembre 1705, avait légué à la Fabrique une somme de 1.010 livres pour refondre la cloche qui était fendue.

Voici le procès-verbal de trois cloches refondues et baptisées en 1754 « Le neuf octobre 1754, par Nous, recteur soussigné, ont été bénites trois cloches. La première, Agnès, nommée par Messire Claude-François de Sesmaisons, brigadier des armées de Sa Majesté et enseigne des gardes du corps (Note : En 1250, au retour de la Croisade, comme la famille de Sesmaisons ne s'était pas enrichie dans cette expédition, elle reçut en don la terre de la Sauzinière, en Saint-Similien. Porte : de gueules à 3 tours de maison d'or ; telles, au reste, qu'on vient de retrouver ces armes sur un chapiteau de l'église Saint-Similien, du XVème siècle), et dame Agnès O'Schiel, épouse de Messire de Stapleton, comte de Trèves et seigneur des Dervallières, pesante 1.544 livres. La seconde, Paule, du poids de 1.026 livres, nommée par Messire Augustin de la Pommeraye de Kerambard, seigneur du Breil, et dame Paule Dubourg, épouse de Messire Jacques Fouquier, seigneur de Kersallio. La troisième, Marie, du poids de 747 livres, nommée par Gaspard Lachaud, enseigne de milice bourgeoise, et Marie Segondy, épouse de André Galipeaud, tanneur, marguillier en charge. Signé M. GAULTIER, Recteur » (Registres de Saint-Similien, année 1754 - Archives municipales, série GG).

Ces cloches sonnèrent dans le clocher de Saint-Similien jusqu'au 11 Frimaire an II (1er Décembre 1793), époque de la fermeture des églises (Annales de la Société Académique, année 1853, tome XXIV, p. 73). Elles restèrent encore quelques mois dans le clocher sans se faire entendre, et le 19 mars 1794, elles furent descendues pour être conduites à la Monnaie, et ainsi subir le sort des cloches des Chartreux, des Minimes, de Saint-Laurent, de la collégiale Notre-Dame, de Saint-Denis, des Dominicains, de Sainte-Radegonde, de Saint-Vincent, des Carmes, de Saint-Léonard, des Cordeliers et des Grands Capucins, lesquelles, au nombre de quarante, avaient été portées en 1791 au dépôt de l'église Saint-Léonard, en attendant qu'elles fussent portées à la Monnaie, brisées et fondues.

Voici un extrait du procès-verbal de la descente des cloches de Saint-Similien : « L'an IIme, ce 22 du mois de Ventôse (12 mars 1794), nous, Alexis Marchais, architecte, demeurant rue Démosthènes, n° 3 (actuellement rue Saint-Clément), en ayant été requis par l'administration du district de Nantes, aux fins qu'il soit par nous, Marchais, fait et rapporté le procès-verbal d'estimation pour la descente des cloches des Eglises Saint-Similien... etc... etc..., suivant la commission qui nous a été délivrée par le Directoire du district à ce sujet. En conséquence de ladite réquisition, nous, Marchais, ayant pris pour adjoint, le citoyen Guibert, charpentier demeurant rue Démosthènes, n° 80, nous sommes transportés ce jour, 29 Ventôse dit an (19 mars 1794), sur les huit heures du matin à l'Eglise Saint-Similien, où nous avons continué notre commission comme suit : Etant montés au clocher, et ayant visité les quatre cloches, nous avons vu que ces cloches peuvent être descendues entières, que nous estimons valoir la somme de quatre-vingts livres » (Archives départementales, série Q. - Mobiliers des églises, enlèvement des cloches, saisies, bordereaux d'envois).

NOTA. - Les cloches de l'église Saint-Pierre, excepté celles servant de carillon, dont la descente fut jugée par trop coûteuse et risquable, furent cassées sur les lieux et descendues par morceaux.

D'après un procès-verbal de récolement des cloches à cette époque, constatant leur poids et leur nombre, il résulte que Saint-Similien possédait quatre cloches formant ensemble un poids de 3.450 livres. La plus grosse pesait 1.500 livres. Que devinrent les cloches de Saint-Similien ?

Il est probable qu'elles subirent le sort commun, c'est-à-dire qu'elles furent envoyées à la Monnaie, brisées et fondues. Cependant, une personne digne de foi affirme que durant tout le temps de la Révolution, elle a vu ces cloches dans la cour de la Monnaie, et que lors du rétablissement du culte, une paroisse du haut de la Loire les acheta. A cela, rien d'étonnant, car les cloches de l'Abbaye de Buzay furent bien transportées à la cathédrale de Chartres ; elles y restèrent jusqu'au 4 juin 1836, jour où un fatal et terrible incendie dévora la magnifique charpente de cette cathédrale et fit fondre toutes les cloches (Recherches historiques sur la Commune du Pellerin, par René Villechèze, p. 87, et Description de la Cathédrale de Chartres, par l'abbé Bulteau, p. 22).

De même la cloche qui appelait jadis les ouvriers du port de Rochefort et qui porte le nom de saint Jean, sonnait avant la Révolution dans le clocher de Bethléem, en Saint-Jean-de-Boiseau, (N.-D. de Bethléem, en Saint-Jean-de-Boiseau par S. de la Nicollière.— Revue de Bretagne et de Vendée, mai 1863, page 364).

Toujours est-il qu'au rétablissement du culte, le clocher de Saint-Similien se trouva dépourvu de cloches ; ce fut alors qu'un membre d'une honorable famille de la paroisse, M. Le Roux, qui avait été l'une des victimes de Carrier et avait fait partie des 132 Nantais, envoyés à Paris pour comparaître devant le Tribunal criminel révolutionnaire, fit l'acquisition de la cloche de la chapelle Saint-Yves et l'offrit à M. Letourneux, curé de Saint-Similien (Note : M. Le Roux était le père de M. l'abbé Julien Le Roux, mort curé de Saint-Jean-de-Boiseau). 

Un mot sur la chapelle Saint-Yves. Cette chapelle, située alors sur le territoire de la paroisse Saint-Similien, ferait aujourd'hui partie de la paroisse Saint-Nicolas ; elle était sur la rive droite de l'Erdre et avait son entrée dans la rue des Halles qui, à cette époque, se prolongeait en ligne droite jusqu'à la rue de la Boucherie, en traversant l'Erdre sur une chaussée (Plan de la ville de Nantes par Cacault). En 1440, Jean V, duc de Bretagne, fonda cette chapelle qui fut abandonnée en 1768 à la communauté des maîtres bouchers de la ville par le Recteur et le Général de Saint-Similien. Elle fut détruite en partie en 1880 (Manuel de Miséricorde de 1849, note 5, p. 75).

De 1803 à 1819, cette cloche fut la seule à appeler les fidèles aux offices, à sonner les victoires du grand conquérant et le retour du Roi. Elle porte l'inscription suivante : MM. TOUZÉ, BOULA, ALBERT, GUIGNARD, IVRE. CASSE M'A FAITE EN 1781.

Le 14 décembre 1819, Mgr. l'Evêque François d'Andigné, accompagné de MM. Bodinier, Gourdon et de Tréméac, vicaires généraux, et de M. Gély, chanoine, maître des cérémonies, se rendit à l'église Saint-Similien pour y faire la bénédiction d'une 2ème cloche.

Voici le procès-verbal de la bénédiction de cette cloche : « Le quatorze décembre mil huit cent dix-neuf, une cloche, sous l'invocation de sainte Anne, fut bénie en cette église par Monseigneur Louis-Jules-François d'Andigné, évêque de Nantes, dont fut parrain RENÉ, COMTE DE BROSSES, préfet du département, maître des requêtes au Conseil d'Etat, et marraine dame MARIE-ANNE DUBOIS, épouse de M. JOLIN, négociant, un des administrateurs de cette église, avec MM. MAILLARD-MORANDAIS, président de la Fabrique ; TRONSON, juge au tribunal de 1ère instance de cette ville ; MERCIER, propriétaire ; FOURÉ père ; DOULTREMER-DUMARGAT, inspecteur des loteries ; CHARLES BERTHOU, inspecteur des contributions directes ; CHAUVIERE, fabricant et trésorier de la Fabrique, et JEAN BITON, jardinier (Nota : Il était d'un usage constant dans la paroisse Saint-Similien, qu'il y eût un jardinier parmi les membre du Conseil de Fabrique) ». Suivent les signatures.

Une année ne s'était pas écoulée, lorsque la cloche récemment bénite reçut un coup qui, portant à faux, la fêla. Le Conseil de Fabrique se vit alors dans l'obligation de la faire refondre. Voici le procès-verbal de la deuxième bénédiction : « Le vingt-huit septembre mil huit cent vingt, le Conseil de Fabrique de cette paroisse, composé de MM. Jolin, négociant, président du Conseil, Chauvière, trésorier, Berthou, inspecteur des contributions directes, Jean Biton, jardinier, Des bois, Aubin. Louis Le Roux, propriétaires, Mathurin Fouré, fabricant, et Renaud, secrétaire, s'étant vus dans la nécessité de faire refondre la cloche qui, le quatorze décembre de l'année précédente, avait été bénite par Mgr Louis-Jules-François d'Andigné, évêque de Nantes, sous le vocable de Sainte Anne, et dont avait été parrain COMTE DE BROSSES, préfet du département, maître des requêtes au Conseil d'Etat, et marraine dame MARIE-ANNE DUBOIS, épouse dudit M. JOLIN, cette cloche fut bénite sous la même invocation de Sainte Anne, avait conservé le même parrain et la même marraine. Elle fut confectionnée par les soins de M. Jolin-Dubois, nommé commisraire par le Conseil de Fabrique pour surveiller. Signé : Chauvière, François Renaud, Le Roux, Desbois, Jolin, Paty, curé ».

La refonte de cette cloche fut payée avec les dons de généreux bienfaiteurs de la paroisse.

Quelques mois plus tard, l'église de Saint-Similien s'enrichissait d'une nouvelle cloche, don de M. J.-B. Le Faou de la Trémissinière, qui fut chanoine de la collégiale de Notre-Dame de Nantes du 19 février 1767 au 11 novembre 1790, passa en Angleterre en 1792, revint en France en 1803, où après avoir refusé tout canonicat à l'église cathédrale de Nantes, il fut attaché comme diacre d'office à l'église Saint-Similien, sans vouloir toucher d'honoraires. Il mourut rue du Refuge le 2 octobre 1820. Il était né dans la paroisse Saint-Saturnin le 22 avril 1742.

Voici le procès-verbal de la bénédiction de cette cloche, du poids de 1,360 livres : « Le vingt et un avril mil huit cent vingt et un, une cloche donnée par feu M. Le Faou de la Trémissinière, ancien chanoine de l'église collégiale de Notre-Dame de Nantes, a été bénite en cette église par nous, curé soussigné, avec la permission de Mgr. Louis-Jules-François d'Andigné, évêque de Nantes, sous l'invocation de saint Similien. Le parrain a été M. DE RUAYS, petit-neveu de M. de la Trémissinière, et la marraine, Madame DE RUAYS, sa nièce. Le Conseil était composé de MM. Jolin, négociant, président dudit Conseil, Chauvière, trésorier, Charles Berthou, inspecteur des Contributions directes, Jean Biton, jardinier, Des bois, Aubin, Louis Le Roux, propriétaires, Mathurin Fouré, fabricant, et Renaud, secrétaire. Signé : Chauvière, Desbois, Aubin, Biton, Guillard, vicaire, Hortion, vicaire, Brossaud, vicaire, Paty, curé ».

NOTA. - Ces deux cloches sortaient de la fonderie Sarrazin, établie dans l'ancienne collégiale de Notre-Dame de Nantes, aujourd'hui (fin XIXème siècle) la place Dumoustier.

Ces trois cloches, celles de 1781, de 1819, refondue en 1820, et de 1821, sont demeurées dans l'antique clocher qui vient de disparaître et qui les abrita, l'une durant près d'un siècle, et les autres pendant plus de 70 ans. Avant de prendre le chemin de la descente, elles sonnèrent pour la dernière fois, toutes les trois ensemble, le dimanche 8 juillet 1894, à l'heure des Vêpres, disant ainsi un dernier adieu à leur vieux clocher.

Et maintenant, pour terminer, répétons, avec l'un de nos plus illustres auteurs modernes, ces sublimes paroles qui, à elles seules, résument la vie du chrétien et qui, comme le dit encore le P. Maumus, « est comme liée de la manière la plus intime au son de la cloche » : « Laissons donc les cloches rassembler les fidèles, car la voix de l'homme n'est pas assez pure pour convoquer au pied des autels le repentir, l'innocence et le malheur. Quel coeur si mal fait n'a tressailli au bruit des cloches de son lieu natal, de ces cloches qui frémirent de joie sur son berceau, qui annoncèrent son avènement à la vie, qui marquèrent les premiers battements de son coeur, qui publièrent dans tous les lieux d'alentour la sainte allégresse de son père, les douleurs et les joies encore plus ineffables de sa mère. Tout se trouve dans les rêveries enchantées où nous plonge le bruit de la cloche natale, religion, famille, patrie, et le berceau et la tombe et le passé et l'avenir » (Chateaubriand).

(L.-C.) 

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