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La fondation de la paroisse Sainte-Madeleine de Nantes

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La paroisse de Sainte-Madeleine, sur les Ponts de Nantes, ne fut fondée qu'en 1844. Son nom lui vient évidemment de la chapelle qui se dressa, durant huit siècles, à l'extrémité septentrionale du pont de la Madeleine, là où commence le quai Magellan. Un dessin de M. Petit, exposé au musée archéologique, nous a conservé l'image de cette modeste chapelle rebâtie au XVème siècle. 

Cette chapelle, en 1844, était l'ultime vestige d'un prieuré du XIIème siècle. Le duc de Bretagne d'alors, Conan le Gros, fils du croisé Alain Fergent et de la Comtesse Ermengarde, avait créé ce prieuré en 1118 et l'avait donné à l'abbaye de Toussaint d'Angers : celle-ci y entretenait un chapitre qui joignait, à l'office, de la prière, celui de l'enseignement. — Il est permis de se demander comment l'une des rues voisines du pont de la Madeleine, porte le nom de Conan Mériadec et non celui de Conan le Gros. 

Le prieuré fut fermé par la Révolution ; mais la chapelle ne fut détruite qu'en 1865 : on la voyait donc encore au temps où l'on bâtissait, sur l'autre côté du fleuve, l'église qui lui a emprunté son nom. 

Ce nom lui-même fut discuté lors de la fondation en 1844 : la chapelle de la Madeleine, en effet, n'était pas sur le territoire de la nouvelle paroisse, mais sur celui de Sainte-Croix, comme l'est encore la Chaussée de la Madeleine. Une autre chapelle au contraire, celle de Toussaint, se voyait rue de Grande-Biesse. C'était la chapelle d'une Aumônerie célèbre, fondée par Charles de Blois en 1362, tant pour soigner les lépreux que pour héberger les voyageurs pauvres. La chapelle de Toussaint avait été bénite le 11 mai 1367 par Simon de Langres, évêque de Nantes. 

Bien que l'Aumônerie eût été annexée à l'Hôtel-Dieu en 1656, la chapelle de Toussaint demeura comme succursale de l'église Sainte-Croix jusqu'en 1790. Vendue alors et désaffectée, elle fut démolie en 1846. On comprend que le curé-fondateur de la paroisse, M. Yviquel, ait désiré le vocable de Toussaint pour son église ; n'ayant pu l'obtenir, il voulut du moins que la Toussaint fût chez lui fête patronale secondaire et le nota soigneusement dans l'acte de fondation. 

Tout vestige de l'aumônerie de Toussaint est disparu. Toutefois, en creusant le sol, la pioche rencontre encore les tombeaux du cimetière de l'Institution. Sur la maison qui porte le n° 43 de la rue de Grande-Biesse, M. Léon Maître a fait placer l'inscription suivante : « Passant, rappelle-toi l'Aumônerie de Toussaint où, pendant trois cents ans, les pauvres et les malades trouvèrent un abri, 1362-1656 ».

Des dessins de Louis Petit, enfin, nous offre l'extérieur et l'intérieur de la chapelle de Toussaint, et le musée lapidaire de Nantes conserve les sablières ornées de chimères de ce modeste monument. 

Pour patronner la nouvelle paroisse, on aurait pu penser aussi à saint Bonaventure : en 1802, en effet, il fut question de créer une paroisse sur les Ponts : la chapelle des Récollets, dont l'un des autels était dédié à ce saint, eût servi d'église paroissiale. Le projet n'eut pas de suite, car ce fut la chapelle des Bénédictins de Saint-Jacques, en Pirmil qui devint alors le centre paroissial nouveau. 

Les Récollets s'étaient établis en Petite-Biesse en 1617 : Hercule de Rohan, duc de Montbazon, grand-veneur de France, avait largement contribué à cet établissement. La chapelle de ces Religieux avait été consacrée, le 6 mai 1632, par Raoul de la Guibourgère, ancien maire de Nantes entré dans les Ordres et devenu évêque de Saintes. Cette chapelle, brûlée en 1795, est disparue : les bâtiments claustraux, livrés à un imprimeur d'Indiennes au XIXème siècle, demeurent encore visibles au n° 3 de la rue des Récollets. 

La nouvelle paroisse, créée en 1844, porterait donc le vocable de Sainte-Madeleine. 

Son territoire fut facile à délimiter : La Loire, en amont du Pont de la Vendée, se divise en deux bras qui vont se rejoindre en face de l'escalier de Sainte-Anne : l'île enserrée entre ces bras, longue de quelque quatre kilomètres, large de cent à mille mètres, formait le domaine paroissial. Trois prairies principales s'y trouvaient groupées, les prairies de Grande-Biesse, de Petite-Biesse et de Vertais : deux ruisseaux, nommés Boire de Toussaint et Boire des Récollets, séparaient ces prairies. Une chaussée les traversait du nord au sud, du pont de la Madeleine à celui de Pirmil. C'est le long de cette chaussée que s'étaient établis trois villages portant le nom des trois prairies. 

Grande-Biesse, tout près du pont de la Madeleine, formait une importante agglomération. Petite-Biesse n'était qu'un ramassi de quelques masures. Mais Vertais présentait l'aspect d'un bourg industriel ; des maisons bourgeoises, de riches villas s'y mêlaient aux industries prospères des chamoiseurs et des imprimeurs sur toile. Le maire de Nantes, M. Ferdinand Favre, y avait sa coquette demeure. 

Ainsi constituée, la nouvelle paroisse, dite Sainte-Madeleine, était fille de la paroisse Saint-Jacques et petite-fille à la fois de la paroisse Sainte-Croix et de la paroisse Saint-Sébastien. 

Avant la Révolution, en effet, la paroisse Sainte-Croix s'étendait jusqu'à la Boire de Récollets : elle comprenait donc les prairies de « Grande-Bièce » et de « Petite-Bièce ». Sur le pont des Récollets, une croix marquait le commencement de la paroisse Saint-Sébastien : celle-ci comprenait donc la prairie de Vertais et se continuait au sud du bras de Pirmil. 

En 1791, fut fondée la paroisse schismatique de Saint-Jacques, comprenant, avec le quartier de Pirmil, les trois prairies de Grande-Biesse, Petite-Biesse et Vertais. Le desservant fut le dernier aumônier de Toussaint, M. Tiret. En 1802, le Concordat reconnut cette paroisse. 

C'est donc totalement de la paroisse Saint-Jacques que fut tirée la paroisse Sainte-Madeeine en 1844.

Celle-ci fut préparée dès 1840 par deux imprimeurs d'indiennes, MM. Pellontier et Cibot, dont les ateliers occupaient les environs de la gare de l'Etat actuelle. Sur leur terrain, en Grande-Biesse, l'architecte Théodore Nau avait commencé d'édifier une église. Le roi Louis-Philippe, sollicité, avait signé le 29 juin 1841 l'Ordonnance d'érection de la nouvelle paroisse. L'évêque de Nantes, Mgr de Hercé, procéda enfin à son érection canonique en mars 1844 et nomma les premiers membres du Conseil de Fabrique. 

Le premier curé nommé fut M. l'abbé François Yviquel, précédemment curé de La ,Chapelle-Heulin. Né à Férel, dans le Morbihan, en 1803, M. Yviquel avait donc alors quarante et un ans ; il régie la paroisse pendant vingt-cinq ans. Son installation fut faite le 10 mars 1844, par Mgr de Hercé, assisté de ses vicaires généraux, en présence du préfet de la Loire-Inférieure, des autorités municipales et de tous les curés de Nantes, celui de Saint-Jacques excepté. 

L'église ne comprenait que le choeur, le transept et une travée de la nef ; elle n'était ni voûtée ni carrelée. C'est que les paroissiens n'avaient contribué que modestement à sa construction : leur souscription s'était élevée à la somme de 7.000 francs. Dans les Biesses on était pauvre, et le « bourg de Vertais » voyait d'un mauvais oeil la nouvelle église placée plus loin, pour eux, que n'était leur église Saint-Jacques. 

Quant aux paroissiens, ils étaient ceux de nos banlieues actuelles, « deshérités de la foi et des pratiques religieuses », notait M. Yviquel. Lors de la Première Communion, en 1844, le curé fut « écoeuré par la mauvaise tenue, pour ne pas dire l'impiété d'un grand nombre... ». C'est qu'aussi bien, en dehors des pêcheurs de Loire et des bouviers des îles, une bonne part de la population était d'importation étrangère. En revenant de leur exil en Suisse, les chamoiseurs et les imprimeurs sur toiles, de religion protestante, avaient amené leur personnel protestant et de langue allemande, au XVIIIème siècle. Beaucoup de ces gens, peu à peu, avaient oublié tout principe religieux !. En 1794, ils avaient levé parmi eux cette légion germanique dont le nom figure sur la stèle funéraire, rue des Martyrs. Tout était à faire près d'eux en 1844. 

Bravement, M. Yviquel se mit à l'oeuvre : l'église fut carrelée de granit, voûtée de plâtre, garnie de meubles indispensables achetés ou empruntés ; la cloche — de vingt-cinq kilos — n'était qu'un prêt, de même que la chaire empruntée à la chapelle de la Retraite et le missel prêté par le séminaire de Philosophie. 

Dès le mois de septembre 1844, M. Yviquel avait entrepris le presbytère sur un terrain donné par MM. Pelloutier et Cibot : il y engloutit 16.000 francs qui ne furent payés que lentement. 

Ainsi munie, du moins, la nouvelle paroisse pouvait vivre : elle a vécu, en effet, toujours pauvre, mais fièrement isolée dans son île, délimitée par des fossés de quelque trois cents mètres de largeur. Balayée par les vents, inondée par les crues, enfumée par les usines, elle porte allègrement quand même les cent ans d'existence qu'elle atteindra bientôt. 

J.-B. Russon, curé de Sainte-Madeleine - 1941

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