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Etablissement des Pénitentes

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Au sortir de la rue des Caves, nous rencontrons en face de nous, l'établissement des Pénitentes. Son aspect triste et austère répond bien à son nom.

On en a attribué la fondation à un pieux et zélé missionnaire du diocèse, René Lévêque, fondateur de la communauté de Saint-Clément, né à Gorges en 1624, et mort à Paris en 1704. « Les Filles Pénitentes, dit Travers, doivent leur commencement au zèle du même missionnaire, Dom Lévêque » (Travers, T. III, 433). Ogée, l'abbé Tresvaux et d'autres auteurs venus depuis Travers, ont répété les mêmes renseignements.

L'époque à laquelle écrivait Travers lui permettait de découvrir plus exactement que nous ne pourrions actuellement le faire, les origines de cette fondation. En lui donnant René Lévêque pour auteur, il devait avoir de graves raisons. Il est cependant assez étrange que les Pénitentes dans les titres de leur maison, n'aient pas conservé un souvenir plus persistant de leur fondateur.

Voici, en effet, tout ce que nous trouvons dans une notice manuscrite de la première moitié du XVIIIème siècle, sur l'origine de cet établissement, « Feu madame Marguerite Lory, veuve de François Bienvenue, a commencé l'établissement de la maison de Sainte-Marie-Madeleine, dite des Pénitentes, dans l'année 1671, dans le même endroit où elle est actuellement établie. Elle prit leur conduite dans la même année. Il y eut beaucoup de difficultés et d'opposition pour cet établissement. Feu madame de Luigné et plusieurs des plus distingués de la ville, sollicitèrent. Feu Mgr. le duc de Chaune accorda sa protection à la dame de Bienvenu, et se trouva à toutes les assemblées de la Ville pour ce sujet. Après plusieurs délibérations, la Ville enterrina leur demande ».

La notice ajoute ensuite ces quelques détails sur la fondatrice.

« Feu Madame Bienvenu, veuve environ l'âge de 27 ans, se donna toute à la dévotion et aux bonnes oeuvres de charité. Elle s'était mise sous la conduite du P. de Gonelieux, Jésuite, et, après, du P. de Belleme, dès qu'elle étoit même dans le monde. Son attrait particulier étoit le salut des âmes dévoyées qui lui fit faire des actions héroïques. Sans m'arrêter à dire le merveilleux de la vie de feu Mme Bienvenu, qui pourrait passer pour des miracles de charité, de confiance en la Providence, et de faits dont ses premières filles ont été témoins et dont plusieurs ont été l'occasion, par des évènemens extraordinaires, etc.... Quand Mme Bienvenu a commencé cet établissement, elle avait 35 ans. Elle est décédée le 31 mars 1694, en odeur de sainteté, à la soixantième année de son âge ».

Cette ancienne notice que nous donnons d'après l'original, avec ses phrases incomplètes et incorrectes, ne fait comme on le voit, aucune allusion à René Lévêque. Parmi les directeurs spirituels de la fondatrice Marguerite Lory, veuve Bienvenu, elle ne cite que le P. de Gonnelieu, Jésuite, bien connu par la traduction de l'Imitation qui porte son nom, et le P. de Belleme.

Sans vouloir enlever à René Lévêque la gloire d'avoir contribué à la fondation de l'établissement des Pénitentes, nous avons cru devoir signaler cette absence de son souvenir dans les titres de la maison. Du reste, même en admettant que le pieux missionnaire ait été le fondateur des Pénitentes, il avait cessé longtemps avant sa mort d'en être le directeur. Cette qualité appartenait en 1684 à Math. Terrier, grand vicaire et official de Nantes et recteur de Saint-Denis.

Le nouvel établissement fut grandement favorisé par l'évêque de Nantes, Gilles de la Baume Le Blanc, désireux d'arracher au mal les malheureuses que la misère ou un instant d'aveuglement y avait entraînées. Les lettres patentes accordées aux religieuses par Louis XIV, et, datées de Saint-Germain-en-Laye, au mois d'août 1679, nous font ainsi connaître le zèle du Prélat :

« Les Directeur et Supérieur de la maison des Filles Pénitentes de la Magdelaine de notre ville de Nantes, nous ont très humblement fait observer que nostre amé et féal conseiller messire Gilles de la Baume Le Blanc, evesque de Nantes, ayant reconnu combien il seroit utile, pour l'édification du public et salut des filles débauchées, d'avoir un lieu de retraitte où elles puissent estre receues avecq charité et faire pénitence de leurs faultes, il avait pris un soin particulier de la maison où elles se trouvent actuellement et leur ayant dressé des statuts et prescript des règles pour une meilleure vie, elles les ont observées avec tant de soumission et dans une si exacte clôture qu'il y a lieu d'en espérer un heureux succès » [Note : L'original, muni de son sceau, est actuellement aux archives de l'Evêché enregistré à la Chambre des Comptes, Archives départementales, B. 86, p. 128, et à la mairie, Archives municipales, BB. 64].

Les religieuses de Sainte-Marie-Madeleine trouvèrent dans Gilles de Beauveau, successeur de Gilles de la Baume Le Blanc, la même bienveillance que dans son prédécesseur. Le dernier janvier 1684, le prélat unit à la maison des Pénitentes la chapellenie de Saint-Martin, avec ses fonds et revenus, consistant principalement dans la maison voisine où les religieuses avaient déjà établi leur chapelle.

Veillant sur le spirituel de la maison avec autant de soin que sur son temporel, Gilles de Beauveau donna aux religieuses des « règlements dans l'esprit des constitutions des religieuses de la Visitation, ayant particulièrement à coeur de les former à l'esprit intérieur d'humilité, de charité de saint François de Sales, sous des voeux simples de chasteté et d'obéissance ».

Bientôt ces voeux simples ne suffirent plus à la ferveur des pieuses religieuses : elles aspirèrent à en faire de solennels. « Pour cet effet, elles supplièrent feu M. l'abbé de la Bâte, vicaire général de ce diocèse et leur supérieur, de demander à feu Mgr de Sanzay, lors évêque de Nantes, de rédiger un corps de constitutions convenables à leur institut, sous la règle de saint Augustin, avec les voeux solennels d'obéissance, pauvreté et chasteté, et un 4ème de direction des Filles Pénitentes, et de les apuier par sa recommandation auprès de N. S. Père le Pape Benoît XIII, de sainte mémoire ».

Le Souverain Pontife exauça leurs désirs : le 23 juillet 1729, il leur accorda des bulles qui érigeaient leur maison en monastère de religieuses de Sainte Marie-Madeleine. L'original des bulles existe encore, muni de son sceau de plomb, aux archives de l'Evêché. Elles furent confirmées par des lettres patentes, enregistrées à la Chambre des Comptes en 1731 (Archives départementales, B 100, f° 180).

Le succès de plus en plus croissant du nouvel établissement forçait les religieuses à agrandir leur enclos. Elles acquirent, le 17 octobre 1701, un immeuble qui se trouvait entre leur maison et le Fort-Communeau. L'abbé Pierre François Monnier sieur de Bois-Foucaut, frère de Messire Joseph Monnier sieur de la Valtière, le leur céda au prix de 9.000 livres, bien qu'il valût davantage, en considération du bien que les religieuses avaient déjà fait et de celui qu'elles pouvaient encore faire. Sur les 9.000 livres, il n'en fut payé par argent comptant que 6.000. Quant aux 3.000 dont les religieuses devaient payer les rentes, « M. l'abbé de Boisfoucaut leur a fait remise par charité, de tous les intérêts, pendant plus de vingt ans qu'il a vécu ; et par son testament, il a fait la remise des trois mille livres qui lui étaient dues. La communauté s'est chargée, par le contract de vente de ladite maison, d'une fondation d'un Libera tous les lundis et vendredis : ladite maison fait partie du choeur, de la sacristie, tout le cloître » (Archives de l'Evêché).

Cette maison relevait du fief de la prieure de Saint-Cyr. Mais, « attendu que ladite maison est destinée à la gloire de Dieu et pour le bien publicq, par un sentiment de piété et de charité, afin de participer aux prières et oraisons qui s'y feront à l'advenir, la prieure fit remise auxdites Filles Pénitentes de ce qu'elles lui doivent pour les droits de lods et ventes de ladite maison par elles acquise, qui pouvaient monter à 150 livres, et fixa l'indemnité due pour bien de main-morte à 9 livres de rente foncière » (Archives départementales, H. 354).

Par suite de cette acquisition, les religieuses se trouvaient voisines du Fort-Communeau dont nous parlerons plus loin. Le 24 décembre 1701, elles adressaient à la ville une requête pour en obtenir la concession. Elles représentent dans cette requête que ce fort « sert de retraite à tous les vagabons et aux personnes débauchées. C'est là où ils cachent pendant la nuit leurs crimes et leurs désordres, et que par des viollances trop fréquentes ils rendent le voisinage de ce lieu très dangereux ».

Les maire et échevins les débarrassèrent de ce triste voisinage. Par délibération du 17 mars 1702, ils accordèrent aux religieuses, à la charge d'acquitter une redevance annuelle de 32 livres 9 sols, « l'usage d'un terrain inutile appelé le Fort Communeau, et qui était de la contenance de 148 pieds de longueur sur 9 pieds de largeurs ».

Les religieuses conservèrent l'usage de ce terrain jusqu'en 1757, où la ville le reprit, en grande partie, pour la formation de la place du Port-Communeau,. Cette diminution sensible de leur enclos les privait d'un jardin aussi nécessaire à leur santé qu'à celle de leurs pensionnaires qui se condamnaient à la clôture. Elles trouvèrent un nouveau terrain le long de la même rue ; mais elles durent le payer bon prix. « Le propriétaire, écrivait la supérieure en 1765, profite de notre triste position et veut nous vendre ce terrin cent sols le pied. En conséquence, il nous demande 20.000 livres pour 122 toises quarrées. C'est payer la convenance bien cher ». Elles durent se résigner cependant à payer cette somme sans réduction.

Nous avons vu que les Cordeliers avaient cédé leur terrain à la ville 6 sous et 25 sous le pied. Pour un terrain situé dans le même quartier et séparé seulement par la rue, la différence était grande. La ville rencontrait dans les Communautés des vendeurs plus accommodants.

Sans raconter dans le détail l'histoire de cet établissement, nous rappellerons, en passant, le souvenir d'une de ses principales bienfaitrices, Renée Haye, épouse de Claude de Cornulier. A la mort de son mari, elle se retira dans la maison voisine des Pénitentes, afin de s'associer plus facilement à leur vie de bonnes oeuvres et de prières. Elle mourut dans cette retraite le 27 avril 1718, et choisit la chapelle des Pénitentes pour lieu de son dernier repos (Voir Généalogie des Cornulier, p. 52).

Cette chapelle, accompagnée d'un petit cimetière, se trouvait sur la droite, en remontant de la place du Port-Communeau aux Cordeliers. Une vue du Palais de la Chambre des Comptes, reproduite par Guépin dans son Histoire de Nantes, montre à l'arrière-plan un petit clocher qui correspond à sa situation.

Il est certain qu'elle était construite en 1682 ; mais il est aussi certain qu'elle ne l'était pas avant 1671, année où s'établirent les Pénitentes.

Les Archives départementales conservent un plan qui passe pour antérieur à cette date. La chapelle des Pénitentes figurant sur ce plan, il est juste d'en rapprocher la date plus près de la fin du XVIIème siècle que de son commencement. Elle figure également sur le plan de Nantes, connu sous le nom de Fer et publié dans l'Histoire de Nantes de Guépin.

L'établissement des Pénitentes compta jusqu'à plus de 100 personnes. Outre la chapelle et son petit cimetière, il comprenait le cloître et toutes les salles nécessaires à la vie commune des religieuses, 95 chambres et le jardin. Par suite de ses agrandissements successifs, il s'étendait à la fin entre la place du Port-Communeau, la rue des Pénitentes, la maison du Bois-Jouan et la rue d'Enfer.

Les religieuses y restèrent jusqu'à l'époque de la Révolution. Comme les Ursulines et les Visitandines, elles refusèrent alors de prêter serment. Sur ce refus, le 23 septembre 1791, on leur intima l'ordre de renvoyer toutes leurs pensionnaires, âgées de moins de 25 ans. En février 1793, elles durent s'en aller elles-mêmes définitivement.

Leur maison conventuelle fut vendue comme bien national, pour 123.000 livres, le 23 frimaire an II. On vendit ainsi, pour 4.600 livres, une autre maison qui leur appartenait rue Garde-Dieu (Archives départementales).

La rue à laquelle l'établissement des Pénitentes a laissé son nom est ainsi désignée dans les anciens titres : « 1329, chemin par où l'on va du manoir des Cordeliers aux moulins Coutans. - 1402, rue et pavé qui conduit de l'église des Frères Mineurs au Port-Communal. — 1423, rue et chemin qui conduit de l'Ostel es Frères Mineurs de Nantes au Port-Communal, - 1424, chemin et pavé come len vait des Frères Mineurs au Port-Communau. — 1426, chemin par où len va de Saint-Jean au Port-Communau. — 1460, grand chemin et pavé qui descent de Saint-Jehan de l'Ospital au Port-Communau. — 1470, rue et pavé qui conduit de Saint-Jehan de Nantes au Port-Communau » (Archives départementales, H. 340).

Nous avons déjà dit ailleurs pourquoi nous ne croyons pas qu'on puisse identifier cette rue avec la rue Perdue, vicus perditus, dont il est question dans un titre qui concerne le premier établissement des Cordeliers sur le fief de l'Evêque. Le fief épiscopal ne s'étendait pas jusque-là.

A partir du XVIIème siècle, la rue des Pénitentes est souvent appelée rue des Cordeliers. Au XVIIème, elle porte tantôt ce nom, tantôt celui de rue des Pénitentes.

Le plan de Cacault la coupe en trois parties, à chacune desquelles il donne un nom différent. Il appelle rue des Cordeliers la partie qui va du carrefour Saint-Jean à la rue Garde-Dieu ; rue des Pénitentes, la partie qui va de la rue Garde-Dieu à la rue des Caves ; et rue Garde-Dieu la partie qui va de la rue des Caves au Port Communeau, et qui se confond avec la place du Port-Communeau. Aucun titre ne donne à une partie quelconque de cette rue ce nom qui était porté alors, et depuis longtemps, par la rue qui le porte encore aujourd'hui.

La rue des Pénitentes s'est appelée, de l'an III à 1816, rue Bacon. Ce nom a été illustré surtout par deux Anglais ; le célèbre moine Roger Bacon, à qui l'on a attribué l'invention de la poudre, et qui vécut de 1214 à 1294 ; et François Bacon, magistrat et philosophe, né à Londres en 1561 et mort en 1626.

En 1816, elle reprit son nom de rue des Pénitentes qu'elle porte encore actuellement.

La rue des Pénitentes séparait autrefois la VIIème section de la VIIIème. Elle sépare au début du XXème siècle les IIème et IIIème arrondissements (G. Durville).  

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