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| ORIGINE ET DESCRIPTION DE NANTES EN 1719. | 
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Après avoir considéré le peu d'étendue qu'avaient les anciennes villes, et avoir fait réflexion en même temps à la réputation, la force et les richesses de la plupart des Etats ou Républiques dont ces villes anciennes étaient le centre, on est porté à ne se pas éloigner de l'opinion de beaucoup de gens de lettres, qui prétendent que le mot civitas ne se doit pas entendre précisément d'un amas de maisons enfermées de murailles, mais d'un Etat ou d'une République, dont cet amas de maisons est le centre de réunion, où les honneurs se distribuent, où les emplois s'exercent, où les délibérations se prennent, où le conseil s'assemble, où les trésors sont gardés, etc.
En effet, toutes les villes que nous connaissons étoient fort peu de chose, dans les temps même où les états étaient florissans. Rome était déjà la maîtresse du monde, que son étendue était bornée par les murs dont Romulus l'avait ceinte, et Tacite nous apprend, au VIIIème livre de ses Annales, que Sylla fut le premier qui osa entreprendre de l'agrandir. Auguste, la trouvant encore trop resserrée, augmenta le circuit de ses murs ; et l'empereur Claude lui donna encore plus d'étendue qu'elle n'en avait eue sous Auguste. Paris, dans les temps même qu'on regardait cette ville comme la principale des Gaules, et que les empereurs y faisaient leur demeure ordinaire, n'était que le peu de maisons que nous voyons encore dans l'île du Palais.
Rennes (car il est inutile d'entrer dans une plus grande énumération hors de ce pays-ci) était si peu de chose, avant que Geoffroy le Bâtard, comte de cette ville, en eût augmenté l'enceinte dans le XIème siècle, que le Champ-Jacquet, la rue Neuve, la Baudrairie, et tout le reste jusqu'à la rivière, étaient hors de la ville. La ville de Nantes a eu le même sort. Sa première enceinte était fort bornée, puisqu'il est constant que tout le quartier de Sauvetout n'était pas anciennement de la ville. On voyoit autrefois au bas de la rue de Verdun, où est présentement la principale entrée des Pères Carmes, une porte qu'on nommait la porte Guérandoise, autrement dite l'Echellerie.
Il y a eu beaucoup d'anciennes villes qui, outre le nom de l'Etat dont elles étaient le centre, avaient encore un nom particulier. C'est ainsi que Rennes, outre le nom de Civitas Rhedonum, avait encore celui de Condate. Vannes s'apellait Bariorig, etc. La ville de Nantes a aussi eu son nom particulier dans l'antiquité, qui est Condivic.
Aucun auteur ancien ne nous a conservé le nom du fondateur de Condivic, et nous sommes là-dessus dans la même ignorance où l'injure des temps nous a laissés au sujet de l'origine de la plupart des autres villes. Car de s'imaginer que cette ville ait été bâtie par Namnès, fils de Galatheus le jeune, XXIIème roi des Gaules, qui régnait l'an du monde 2715, et que c'est pour cela qu'elle s'appelle Namnetæ, c'est faire trop d'honneur à de vieilles fables qui ne méritent aucune croyance.
Un auteur ancien, le premier qui ait commencé à débrouiller la géographie, mais qui était trop éloigné de ces pays-ci, pour en marquer les positions au juste, place les Nantois du côté du Perche, et fait occuper aux Samnites le pays qui est entre ceux de Vannes et la Loire, c'est-à -dire, ce qu'on appelle aujourd'hui le comté Nantais. Si cet auteur ne s'est point trompé (c'est Ptolémée), il faudrait dire que les Nantois (Nantais), quittant les cantons du Perche, auraient chassé les Samnites au-delà de la Loire dans la Saintonge, qui semble avoir retenu jusqu'à nos jours, une partie du nom des Samnites. Mais Ptolémée ne dit rien de ce déplacement [Note : D'après Dom Lobineau que suit ici Mellier à la piste, « la Ville principale des Nantois s'appeloit Condivic. Les Samnites ont occupé le même pays que les Nantais, entre ceux de Vannes et la Loire. Il est même à croire que les Nantais, que d'anciens géographes placent un peu plus loin entre l'orient et le septentrion, s'établirent depuis à Condivic et aux environs, et chassèrent les Samnites dans la Saintonge, dont le nom ne s'éloigne pas fort de celui des Samnites ». (Histoire de Bretagne, t. 1er, p. 2). Le même auteur trouve, quelques lignes après, que le Dieu Volianus, à qui les Nantais rendaient un culte particulier, n'est autre chose que Belenus ou le Soleil. Santones de Samnites et Volianus de Belenus ! voilà de ces analogies étymologiques qui, toute révérence gardée au père Lobineau, ressemblent fort à Alfana venant d'equus].
Ceux qui se plaisent aux étymologies prétendent que le nom de Namnetæ, latinisé par les Romains, vient de deux mots celtiques ou bas-bretons, Naoun-ced, qui signifient : disette de blé, nom qu'ils prétendent lui avoir été donné à cause que la plupart des terres de cet évêché sont en vignobles. La question serait de savoir s'il y avait des vignes dans le pays nantais, avant l'an de J.-C. 277, que l'empereur Probus, successeur de Tacite, selon le témoignage d'Eutrope, l. IX, permit aux Gaulois de planter des vignes. Du reste, il faut regarder ces étymologies comme des gentillesses, qui ne prouvent rien et ne méritent pas qu'on y fasse fonds.
Ce qu'il ya de sûr, c'est que les Nantais étaient Celtes et faisaient partie de la Gaule armorique. Ils avaient par conséquent même origine, même gouvernement et même religion que le reste des Gaules, du moins, que leurs voisins. Artémidore, cité dans Strabon, nous apprend que, dans une île qui étoit à l'embouchure de la Loire, il y avait un temple consacré à Bacchus, et que les ministres de la religion en ce lieu-là étaient des femmes qui ne permettaient l'entrée de leur île à aucun homme. Elles ne faisaient pas cependant profession d'une continence parfaite. Tout ce qu'on demandait d'elles sur ce sujet, était que l'île ne fut point profanée par leurs faiblesses. C'étaient de véritables Bacchantes, aussi furieuses que celles de la Grèce. En certain jour de l'année, animées de cette fureur qu'inspirait leur culte ou la vapeur du vin, elles découvraient leur temple, et chacune courait les champs, saisie de quelque pièce de cette couverture sacrée. Celle qui avait le malheur de laisser tomber à terre la pièce qu'elle tenait, était mise à mort et démembrée par les autres, qui recouvraient le temple le même jour.
L'inscription trouvée à Nantes dans les fossés, et placée depuis dans la galerie de l'Hôtel-de-Ville, qui a donné lieu au livre du père Bertault, prêtre de l'Oratoire, sous le titre de Ara Nannetensi, fait foi que l'on a adoré autrefois à Nantes le dieu Volianus.
NVMINIB. AVGVSTOR. - DEO VOLIANO - M. GEMEL. SECVNDVS ET C. SEDAT. FLORVS - ACTOR. VICANOR. PORTENS. TRIBUNAL CVM - LOCIS EX STIPE CONLATA POSVERVNT.
Le mot de tribunal détruit l'opinion du père Bertault, qui a pris cette inscription pour une inscription d'autel. Pour ce qui est du deus Volianus [Note : M. Dugast-Matifeux, dans sa notice sur Nicolas Travers, Nantes, 1857, in 8°, a résumé toutes les opinions qui se sont produites sur la lecture de ce mot, et proposé une interprétation qui paraît être la véritable. Mellier a vu aussi pendant longtemps sous ce nom celui du dieu Janus. (Note de M. L. Maitre, éditeur de l'œuvre de Mellier)], il y aura peut-être de ces demi-savants entêtés de leur découverte, qui s'imagineront que c'est Bacchus, le dieu de la treille, à cause qu'une treille se nomme vollier, en Bretagne et dans quelques autres provinces ; mais cette étymologie a quelque chose de si ridicule, qu'elle ne mérite pas que l'on s'y arrête. Dira-t-on que ce dieu Volianus est Belenus, nom que les anciens ont donné au soleil ? Mais d'où vient que ces deux officiers, M. Gemellus Secundus et C. Sedatius Florus, qui paraissent Romains et établis par les empereurs, à qui ils consacrent ce tribunal comme à des dieux, auraient plutôt mis Voliano, nom inusité, que Beleno ? Il ne faut pas s'imaginer qu'il y a peut-être Volcano, comme quelques-uns le prétendent. L'i de Voliano est fort bien gravé ; les autres c qui sont dans l'inscription sont d'une figure si différente de l'i de Voliano, qu'il n'y a pas lieu de donner les mains à cette conjecture [Note : Mellier a seulement, à notre avis, raison sur un détail, à savoir que Voliano n'est pas écrit par un c ; mais c'est d'un k, dont la forme est bien différente, et non d'un c, qu'il s'agit dans cette lecture. On prétend, et toutes les personnes exercées en épigraphie le reconnaissent clairement aujourd'hui, que ce nom est écrit et doit être lu Volkano, comme sur les médailles de Valérien et beaucoup d'autres monuments antiques. Voir au surplus notre dissertation sur cette curieuse inscription, dans la seconde partie de Nantes ancien]. Que sera-ce donc que ce dieu Volien ? Dirons-nous que c'était un dieu municipal ? C'est une découverte qu'il faut laisser à des antiquaires plus savants que nous.
Après la conquête que César fit de l'Armorique, il n'y a pas de doute que plusieurs Romains ne se soient établis à Nantes, soit par le moyen des garnisons, soit à l'occasion du commerce et des tributs. Il s'y établit aussi quelques colonies de Saxons, dans le VIème siècle, comme on le verra dans la suite. Les Bretons se rendirent maîtres du pays le IXème siècle après les Français ; et les Normands, après l'avoir ravagé pendant plus de cinquante ans, s'y établirent enfin par la permission des rois de France. Enfin, la conquête de la ville par Charles VIII et le mariage de la duchesse Anne, héritière du duché, ont ouvert de nouveau la porte de Nantes aux Français, et la liberté du commerce y a attiré beaucoup de nations étrangères, qui ont pris droit de naturalité ; en sorte qu'il n'y a guère de ville dans le royaume, où il y ait plus de gens d'origine différente, que celle dont nous entreprenons d'ébaucher ici l'histoire.
Nous suivrons l'ordre des temps pour marquer ce qui est arrivé de plus considérable dans la ville et dans tout le pays de Nantes ; mais il est expédient de commencer auparavant par la description de l'une et de l'autre.
La ville de Nantes est située sous dix-huit degrés trente-huit minutes de longitude, et quarante-sept degrés treize minutes de latitude. Elle s'étend dans une plaine un peu penchante vers les rivières de Loire et d'Erdre, qui l'embrassent : l'Erdre , du côté du nord, et la Loire, du côté du midi. Celle-ci, se divisant en plusieurs bras, coule entre les prairies et les petites îles qui sont de part et d'autre des magnifiques Ponts de Nantes. Le plus grand canal est celui qui est entre les prairies de Mauves et de la Madelaine, qui coule le long du faubourg de Richebourg, le bas de la motte Saint-Pierre, le château, le port Brient-Maillard, la ville et la Fosse ou port de Nantes, et se termine à la pointe de l'Hermitage, où tous les autres bras se rejoignent. La rivière d'Erdre, qui arrose la ville du côté du nord, prend son origine à l'étang de Joué, à six lieues de Nantes, et forme un grand lac d'eau dormante, rendu navigable dans l'espace de plusieurs lieues, par le moyen de la chaussée de Barbin, d'où l'Erdre coule jusqu'à la vieille tour qui fait l'angle septentrional du mur de ville, et de là tout le long de ce mur, derrière la Chambre des Comptes, jusqu'au port Commune-Eau, où se fait la décharge des blés, beurres, bois, charbons et autres denrées, dont cette rivière fournit la ville, dans laquelle elle entre un peu plus bas, passe sous les halles, la Casserie et le pont de l'Hôpital, et puis se jette dans la Loire, entre la poterne et la tour Barbacane.
Sur la ceinture de Nantes, il y a présentement quatre portes et trois fausses portes ou poternes qui sont :
La porte Saint-Pierre, ainsi nommée à cause qu'elle est proche de l'église cathédrale et contiguë à l'évêché, regarde l'orient et ouvre sur la motte Saint-Pierre, et les faubourgs de Saint-André, Saint-Clément et Richebourg. Elle est fortifiée d'un bon portail composé de deux grosses tours rondes, jointes en plate-forme, revêtues de casemates et entreportes, couverte d'un fort ravelin en ovale, défendue de deux ponts-levis, herse, barrière et fossés à fond de cuve. Elle bat le long de la courtine de la muraille, du côté du nord jusqu'à la grosse tour, dite du Papegay, et du côté du midi, jusqu'à la poterne du château, entre lequel et cette porte, il y en avait autrefois une autre près l'église de Saint-Laurent, qui s'appellait la porte de Saint-Laurent, ou autrement la porte Drouin-Lillard, et répondait sur les faubourgs de Richebourg, dont l'ancien pavé fut découvert lorsque la motte Saint-Pierre fut retranchée, du temps du duc de Mercœur.
La porte Poissonnière, autrement dite de Piremil, ainsi nommée à cause qu'elle donne sur les ponts de Piremil et la Poissonnerie, et l'île de la Sauzaie. Elle ouvre sur le midi, et est fortifiée d'un beau portail composé de deux grosses tours rondes jointes en plate forme, qui défendent d'un côté le long de la courtine de la muraille jusqu'à la poterne du port Brient-Maillard, et de l'autre jusqu'à la tour Barbacane qui fait l'angle occidental de la muraille.
La porte de Saint-Nicolas ou du port, ainsi appelée parce qu'elle est joignant l'église de Saint-Nicolas, et ouvre sur les faubourgs de la Fosse ou de St-Julien, et du Bignon-Letard. Elle est fortifiée de deux tours jointes en plate-forme, revêtues d'un fort et ample ravelin, avec ses entre-portes, ponts et herses, et fossés à fond de cuve. Elle défend la courtine de la muraille jusqu'à la tour Barbacane, d'un côté, et jusqu'à la tour de Sauvetour, de l'autre.
La porte de Sauvetour regarde le nord et ouvre sur les faubourgs de la Villeneuve ou le Marchix, et Saint-Sembin, place forte et élevée, qui commande au reste de la ville. Elle est fortifiée de deux grosses tours, en plate-forme, un bon ravelin, une grosse tour, de bons et profonds fossés, casemates, entre-portes, pont-levis, herses, barrières et autres ouvrages.
Les poternes sont :
La poterne Brient-Maillard, qui répond sur le port du même nom, qui est sur la rivière de Loire, derrière le couvent des Jacobins, et entre le château et la porte Poissonnière. Elle est revêtue d'un ravelin, sans pont-levis.
La poterne de la Sauzaie, sur la même rivière de Loire, près de la porte Poissonnière.
La poterne du port Commune-Eau, sur la rivière d'Erdre, près de la Chambre des comptes.
Le château de Nantes était anciennement le Bouffay, bâti, comme on le dit, par le duc Conan Ier. Les évêques de Nantes eurent aussi droit de château, pour se préserver des courses des Normands et autres nations barbares qui ravageaient la Bretagne. Pierre de Dreux, dit Mauclerc, bâtit la tour Barbacane ; mais à présent le château de cette ville, demeure la plus ordinaire des derniers ducs, est situé au bas de la ville, sur le bord de la Loire. Le donjon et la vieille ceinture furent bâtis par Jean IV, dit le Conquérant. Le château fut augmenté par le duc de Bourgogne, Philippe le Hardy, pendant la minorité du duc Jean V, dont il était tuteur ; mais il fut rebâti tout de neuf, comme on le voit à présent, par le duc François II, et par les rois et les reine de France : Charles VIII, Louis XII, François Ier, Anne et Claude. Il est situé entre les portes de Saint-Pierre et la poterne Brient-Maillard. Il a trois issues la principale porte donne sur la ville ; une moindre hors la ville, sur la motte Saint-Pierre, et une poterne sur la rivière de Loire. La façade du côté de la ville est composée d'un beau portail, avec deux grosses tours rondes, sur lesquelles et sur les murailles s'élèvent de beaux édifices, et l'horloge droit sur la porte. De part et d'autre se voient deux belles grosses et fortes tours rondes en plate-forme. Du côté de la ville, vers St-Pierre, est le donjon flanqué d'un bastion triangulaire qui couvre la poterne de la motte, avec son pont-levis, et joint la vieille tour nommée des Espagnols. Etplus bas, est une forte tour en ovale, nommée le Fer-à-Cheval, qui commande à toute la motte Saint-Pierre, au faubourg de Richebourg et à la rivière de Loire, et dont la muraille continue le long de l'eau jusqu'à une belle tour ronde, et de là conduit au bastion de Lorraine qui fait le coin ou angle méridional de la place. Les fossés, tant dehors que dedans la ville, sont à fond de cuve, et le plus souvent remplis d'eau par la rivière. Cette place est de très agréable séjour, et bien fournie de bâtiments ; il y a toujours garnison de mortepayes.
Les églises de la ville sont quinze en nombre :
1 ° Saint-Pierre, qui est la cathédrale, située au haut de la ville, très bel édifice, mais qui n'est pas achevé. Il n'y a que les tours et la nef de faites. Le chœur est de l'ancien bâtiment ; et cet ancien bâtiment est encore plus récent que l'église magnifique bâtie par saint Félix, évêque de Nantes, dont nous parlerons dans la suite ; de même que l'église achevée par saint Félix et commencée par saint Eumelius, son prédécesseur, était postérieure à la première église bâtie par les successeurs de saint Clair, premier évêque de cette ville. L'église bâtie par saint Félix n'avoit pu résister à quatre ou cinq incendies causés par les Normands. Après que Dieu eût apaisé la fureur de cette nation barbare, on en édifia une nouvelle, que les derniers ducs avaient commencé d'augmenter. L'ouvrage, par le changement de domination, est demeuré imparfait. Le chapitre de cette église, outre l'évêque, est composé d'un doyen, deux archidiacres, un trésorier, un chantre, un scolastique et un pénitencier ou théologal qui n'est pas chanoine, vingt-trois prébendes, le bas chœur et la psalette.
2° Notre-Dame, église collégiale, bâtie par le duc Alain Barbetorte, après qu'il eût chassé les Normands ; elle a été d'abord possédée par les moines de Landevenec, et puis érigée en collégiale. Le chapitre est composé d'un chevecier, un chantre, 19 prébendes, le bas chœur et la psalette.
Il y a dix cures ou paroisses dans la 
ville :
1º Notre-Dame, qui est vicariat.
2° Saint-Jean, en St-Pierre .
3° Saint-Laurent. 
4° Sainte-Radégonde. 
5° Saint-Denis. 
6° 
Sainte-Croix.
7° Saint-Saturnin.
8° 
Saint-Nicolas.
9° Saint-Vincent.
10° Et Saint-Léonard, autrefois St-Cy et 
Ste-Julitte.
Les monastères sont :
11° Les Jacobins, situés 
près du château, sur le bord de la Loire.
12° Les Cordeliers, près de la 
porte Commune-Eau, sur la rivière d'Erdre.
13° Les Carmes, au cœur de la 
ville, entre les rues de Verdun etdu Moulin.
14° Sainte-Claire, couvent 
de Cordelières, près de l'église paroissiale de Saint-Vincent.
15° Et les 
Carmélites Bérulines, en la rue et chapelle de Saint-Gildas.
Les chapelles sont : Saint-Martin, en Sainte-Croix ; Sainte-Catherine sur Erdre ; le collége de Saint-Jean ; Saint-Yves, près des Halles ; Notre-Dame de Toute-Joie, près de la maison de ville ; et Saint-Jean, près de la Chambre des comptes. La chapelle du Palais est desservie par les Jacobins, et celle de la maison de ville par les Carmes.
Les juridictions qui s'exercent en cette ville, sont : la Chambre des comptes qui est une cour souveraine composée de quatre présidents, dont deux servent par semestre, trois généraux des finances [Note : Le nombre de ces officiers a été depuis augmenté, dans le cours des dernières guerres], vingt-quatre maîtres, deux correcteurs, vingt-six auditeurs, un avocat-général et un procureur général, trois gardes du trésor et un greffier. Cette cour se tient dans le palais qui lui a été bâti derrière les Cordeliers, près de la porte Commune-Eau, sur la rivière d'Erdre.
Le siége présidial est composé d'un président, un sénéchal, un alloué, un lieutenant, quinze conseillers, un juge criminel, un enquêteur, deux avocats et un procureur du roi. L'auditoire de cette cour se tient dans un beau bâtiment, qui répond sur la place du Bouffay.
La prévôté s'exerce sur la plate-forme de la porte Poissonnière [Note : Elle s'exercera plus tard au palais situé sur la place du Bouffay].
Le Consulat ou juridiction des marchands, dont l'auditoire est en la maison de la ville. La mairie, ou juridiction du maire pour la police, s'exerce aussi en la maison de ville.
Les Regaires ou juridiction temporelle de l'évêque.
La communauté est régie par un maire, un sous-maire, quatre échevins, un contrôleur et un commissaire.
Il y a maréchaussée, composée d'un lieutenant-général et de dix archers ; un siége royal de l'amirauté ; la juridiction royale des traites, et plusieurs autres juridictions de seigneurs particuliers qui se tiennent à Nantes, comme les archidiaconés, celle du chapitre de Saint-Pierre, la commanderie de Saint-Jean, la sénéchaussée de Sainte-Julite et celle det Dervallières.
Il y a encore université, fondée en 1460, et un professeur d'hydrographie.
Les faubourgs de Nantes sont considérables.
Hors la porte Saint-Pierre, sont les faubourgs de Saint-André, avec la chapelle dédiée au même saint ; de Saint-Clément et de Richebourg, sur le bord de la rivière de Loire. Les paroisses sont : Saint-Clément et Saint-Donatien. Les monastères : les Chartreux, au bas du faubourg Saint-Clément, le collége des Pères de l'Oratoire, à l'entrée dudit faubourg (autrefois dit le collége de Saint-André). Les Ursulines et la Visitation, sur la motte Saint-Pierre, les Minimes et la chapelle de Saint-Antoine sur la même motte, près de Richebourg. Les chapelles sont : Saint-André sur Erdre, Sainte-Anne des Chartreux, Saint-Etienne près de Saint-Donatien, et l'aumônerie de Saint-Clément.
Hors la porte Poissonnière, sont les ponts de Nantes, et les faubourgs de Vertais, Pirmil et le pont Rousse-Eau ou de Saint-Eutrope, qui sont dans les paroisses de Sainte-Croix, Saint-Sébastien et Rezé. Les monastères sont : Saint-Jacques de Pirmil, qui est prieur claustral de l'ordre de Saint-Benoît, et les Récollets, bâtis à l'entrée de Vertais, dans une prairie, sur un bras de la rivière de Loire. Les chapelles sont : Notre-Dame de la Sauzaie, la Madeleine, l'aumônerie de Toussaints et Saint-Eutrope, au haut du pont Rousse-Eau. Sortant de la porte Poissonnière, on entre dans l'île de la Sauzaie, dans laquelle sont les poissonneries, tant de mer que d'eau douce, en deux diverses halles. Le pont contient une demi-lieue de long, depuis la ville jusqu'à la tour Bouchard, et est habité de peuple en trois divers endroits, et fermé au bout, d'une grosse tour et d'une petite forteresse, qu'on appelle communément la tour de Pirmil ou la tour ou Château Bouchard, à cause qu'elle fut, dit-on, bâtie par Alain Bouchard, amiral de Bretagne, par le commandement de Jean le Conquérant. Entre cette porte et le bourg Saint-Eutrope est le pont Rousse-Eau, sur la rivière de Sèvre qui vient de Clisson et se joint à la Loire dans cet endroit.
Hors la porte Saint-Nicolas, sont les faubourgs de la motte Saint-Nicolas, le Port-au-Vin, de Saint-Julien, du Bignon, de la Fosse, tous de la paroisse Saint-Nicolas. Les monastères sont : les Capucins, au milieu de la Fosse, les Capucins de la chapelle de l'Hermitage et les Bénédictines. Les chapelles sont : Saint-Julien, à l'entrée de la Fosse, et Saint-Roch, au bas de la Fosse,
Hors la porte Sauvetour, est la Villeneuve, commencée à fortifier à la moderne par le duc de Mercœur et qui contient les faubourgs du Marchix et de Saint-Sambin, le monastère de Sainte-Elisabeth, et les chapelles de Notre-Dame-de-Miséricorde et de Saint-Lazare.
Il y a dans l'évêché huit ou neuf villes et plusieurs bourgs.
Ingrande, gros bourg ou espèce de ville, situé sur la rivière de Loire, sur les confins de Bretagne et d'Anjou, où est le bureau de la traite foraine. Tout le bourg est en Anjou, jusqu'à la pierre qui sépare les deux provinces, communément appelée la Pierre d'Ingrande.
Ancenis, petite ville agréable, située quatre lieues plus bas qu'Ingrande, sur le rivage de la Loire. Elle était autrefois murée et avait un bon et fort château qui commandait la rivière, lequel fut démoli l'an 1627. La principale église, qui est la paroisse, est dédiée à Saint-Pierre. Il y a aussi un petit couvent de Cordeliers, où se voit la sépulture de Jean de Rieux, maréchal de Bretagne.
Oudon, autrefois ville, deux lieues au-dessous d'Ancenis, vis-à-vis Châteauceaux, la rivière entre deux. Il y a au bout de la ville, vers l'occident, une grosse et haute tour octogone, et au pied un petit château bâti autrefois par Jean de Malestroit, à qui le duc Jean V avait fait don des terres d'Oudon et de Coustay confisquées sur Ponthus, seigneur de la Tour-Landry, partisan de Marguerite de Clisson et de ses enfants, et complice de leur félonie .
Clisson, petite ville située sur la rivière de Sèvre, qui prend sa source en Poitou, coule entre cette ville et son faubourg de la Vallée, et se vient rendre dans la Loire au pont Rousse-Eau, près de Nantes. Cette place est limitrophe du Poitou, passablement murée, et ornée d'un très fort et beau château. Il y a une église collégiale, fondée vers l'an 1407, par le connétable de Clisson, qui destina, à cet effet, la châtellenie de Montfaucon, qu'il avait acquise du comte de la Marche, et la fondation fut amortie par Louis, fils de France, duc d'Anjou et comte du Maine, au mois d'octobre de l'an 1480. Au faubourg de la Vallée, il y a un couvent de Cordeliers et une ministrerie de Mathurins.
Machecoul, principale place du duché de Rais, ville champêtre, située en une plaine où il y a un beau et fort château, fortifié par Albert de Gondy, maréchal de Rais. Il y a deux paroisses : la Trinité de Machecoul et Sainte-Croix. Les monastères sont : l'abbaye de la Chaume, de l'ordre de Saint-Benoît, et le couvent des Capucins, où il y avoit autrefois des Feuillans. Près de cette ville est le grand cimetière de Machecoul, fermé de murailles, dans lequel on voit beaucoup de tombes élevées, entr'autres sept, qui sont de grosses pierres grises façonnées de feuillages, festons et autres ouvrages entrelacés de quelques caractères et lettres inconnues. Les uns disent que ces tombes sont de sept rois, qui, venant pour subjuguer la Bretagne, furent défaits et taillés en pièces dans cette plaine ; d'autres veulent que ce soient des tombes de princes et seigneurs de l'armée de Charles-le-Chauve, qui fut défaite en cette plaine par Nominoë, roi des Bretons. Il y a de l'apparence que ni l'un ni l'autre n'est vrai.
Bourgneuf, autre ville champêtre, au même duché de Rais, distante de deux lieues de Machecoul. Il y a un couvent de Cordeliers à la Grand'-Manche.
Couëron, gros bourg situé sur la rivière de Loire, à deux lieues au-dessous de Nantes, où les navires de grand port se tiennent à l'ancre. Autrefois, les ducs de Bretagne y avaient une maison de plaisance. Le dernier duc y mourut, l'an 1488.
Saint-Nazaire, beau bourg situé sur une pointe à l'embouchure de la Loire, à dix lieues au-dessous de Nantes. Il y avait autrefois un fort château, mais à présent il n'y en a plus.
Trois lieues plus bas est le Croisic, qui est un gros bourg avec un bon hâvre de sept brasses de fond, où l'on entre par le sud-ouest. Le bourg est de bonne grandeur, riche et de grand trafic sur mer. Autrefois, il y avait un château bâti par Nicolas Bouchard, amiral de Bretagne, sous Jean-le-Conquérant. Il y a un couvent de capucins, et, à une lieue de là, est la ville de Guérande, petite , mais bien murée par le duc Jean V et depuis par la reine Anne, mais les fossés ne sont pas profonds. Il y a une Collégiale, c'est l'église de Saint-Aubin, composée d'un doyen, onze prébendes, un théologal et le bas chœur. Ce fut en cette église que Gislard, évêque de Nantes, transféra son siége, lorsqu'Actard rentra en possession de l'évêché. Il y a un couvent de Jacobins en un de ses faubourgs et des Ursulines.
La Roche-Bernard, grosse bourgade et bon port sur la rivière de Vilaine.
Savenay, petite ville champêtre, distante de sept lieues de Nantes. Il y a un couvent de Cordeliers.
Blain, bourgade de bonne grandeur, accompagnée, à quelque distance, d'un ancien château bâti par le duc Alain Fergent, et augmenté par le connétable de Clisson. La plus grande partie a été démolie, et de neuf tours qu'il y avait il n'en reste plus que trois, mais ce qui en reste est encore d'une grande magnificence.
Châteaubriant, petite ville close, avec un beau château, distante de douze lieues de Nantes. C'est une des anciennes baronies de Bretagne, aussi bien qu'Ancenis, Rais et la Roche-Bernard, auxquelles, si l'on ajoute Pont-Château, baronie contestée, et Derval, érigée en baronie par le duc Francois Ier, il se trouvera que, dans le seul évêché de Nantes, de neuf baronies que l'on compte en Bretagne, il y en a six. A quoi, si l'on ajoute les deux duchés de Rais et de Coislin, érigés en 1634 et en 1663 ; sept marquisats : Goulaine, érigé en 1621, Fougerai, 1643, Bois-de-la-Musse, 1651, La Galissonnière, 1658, Blain, 1660, La Guerche, appartenant à M. de Bruc, et Château- Fremont, érigé en 1683, le comté de Rezé, érigé en 1672, le vicomté de Donges et le vicomté de Carheil, on trouvera qu'il y a plus d'honneurs et de titres dans l'évêché de Nantes que dans aucun autre de Bretagne. Il y a à Châteaubriant un couvent de Mathurins et un prieuré, jadis conventuel, de l'ordre de Saint-Benoît, appelé Saint-Sauveur de Beré, où sont maintenant des Ursulines. Il y a sept forêts aux environs et plusieurs châtellenies réunies, comme Bain, Teillé, Piré et autres. Monseigneur le prince possède Château-Briant.
Il y a huit abbayes dans l'évêché de Nantes, trois de Saint-Benoît, deux de Saint-Augustin et trois de Citeaux. Celles de l'ordre de Saint-Benoît sont : Saint-Gildas-des-Bois, dans le duché de Coislin ; la Chaume, près de Machecoul en Rais, et Blanche-Couronne, en la paroisse de Prinquiau, près de Savenay. Celles de Saint-Augustin sont : Geneston, près le lac de Grand-Lieu et Notre-Dame de Pornic, dans le duché de Rais. Celles de Citeaux sont : Buzé, en la paroisse de Vue ; Melleray, en la paroisse de ce nom, et Villeneuve, en la paroisse du Bignon. Il y a plusieurs prieurés conventuels, comme Saint-Martin de Vertou, prévôté dépendante de l'abbaye de Saint-Jouin de Marne, et Saint-Jacques de Piremil, de l'ordre de Saint-Benoît ; la Primaudière, près de Pouancé, ordre de Grammont ; la Regrippière et le Val de Morière, de l'ordre de Fontevraut. Les prieurés simples, la plupart en main séculière, sont en très grand nombre, et il est inutile de les nommer ici, de même que les paroisses de l'évêché.
La rivière d'Erdre et la Loire, depuis le lieu où l'Erdre s'y joint jusqu'à la mer, séparent l'évêché en deux archidiaconés. Ce qui est entre l'Erdre, la Loire et la Vilaine, s'appelle la Mée, en latin Media, et fait l'archidiaconé de la Mée, et le reste est de l'archidiaconé de Nantes, où sont compris le duché de Rais, les Marches communes de Bretagne, du côté du Poitou, et la châtellenie de Champtoceaux, qui est de l'évêché de Nantes pour le spirituel, et relève d'Anjou pour le temporel.
Du reste, l'évêché de Nantes est borné au nord par celui de Rennes ; à l'orient par celui d'Anjou et celui de La Rochelle ; au midi par celui de Luçon, et au couchant par celui de Vannes et par la mer.
(Gérard MELLIER, ancien maire de Nantes. Essai sur l'histoire de la ville et du comté de Nantes, manuscrit inédit, publié par M. Léon Maître, archiviste de la Loire-Inférieure, p. 1 à 17. Nantes, Forest et Grimaud, 1872, grand in 8°).
(Gérard MELLIER, ancien maire de Nantes. — 1719).
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